LE SALUT DE DIEU
FEUILLE CONSACRÉE À
L'ÉVANGÉLISATION
VOL. I
PREMIÈRE ANNÉE 1873-4
FAIRE UNE CHOSE FAITE
Une foule de personnes ne connaissent pas de plus sûr moyen
d'attirer sur elles la faveur de Dieu que de lui rendre un
culte et de faire de bonnes oeuvres. On pense que Dieu doit
tenir compte du zèle que l'on met à assister aux offices,
aux messes, vêpres ou sermons ; et si, aux actes du
culte public, on ajoute encore d'autres actes, d'autres
oeuvres réputées bonnes, oh ! alors, il semble
impossible que des choses si excellentes n'aient pas devant
Dieu la plus grande efficace, et n'attirent pas sa faveur
sur ceux qui les font. Tel est le moyen généralement connu
et employé pour « faire son salut, » comme on
dit ; pour sauver son âme, et naturellement on aime à
croire qu'il réussira. Toutefois (chose remarquable !)
nul n'atteint le but de manière à pouvoir dire avec
certitude : Maintenant je suis assuré que la
faveur de Dieu est sur moi ; je sais que je
n'ai rien à redouter de sa justice, je sais que je
suis sauvé. Nul n'exprime ce désir si naturel à celui qui sait
que le ciel est son partage :
« II me tarde de déloger. » Au contraire, tous
craignent la mort qui est pour eux le roi des terreurs,
l'avenir est pour eux plein de ténèbres, car ils sont là ne
sachant ni s'ils seront sauvés, ni s'ils seront
perdus : ils passent leur vie jusqu'au bout à chercher
la faveur de Dieu et meurent sans aucune certitude de
l'avoir trouvée ! Malheureuse position, en
vérité ! Terrible incertitude, qui ne fait que
s'accroître avec les années, et qui devient d'autant plus
insupportable qu'on devient plus sérieux !
La Parole de Dieu seule, cher lecteur, nous explique ce
contraste, et nous apprend fort bien pourquoi ceux qui
déploient un grand zèle religieux et font beaucoup de bonnes
oeuvres, dans la pensée de se rendre Dieu favorable, ne peuvent
jamais parvenir à l'assurance du salut, ne peuvent
jamais goûter la douce consolation qu'il y a dans une
telle assurance. C'est tout simplement parce que ce moyen de
salut auquel on s'attache est faux, étant seulement le fruit
de la pensée et de l'imagination de l'homme. Vous allez en
juger.
Les oeuvres que vous faites et le culte que vous rendez à
Dieu, dans la pensée de vous sauver, témoignent d'une vérité
très-importante, savoir, que vous vous reconnaissez pécheur.
Vous sentez plus ou moins fortement que vous avez
offensé Dieu, que vous êtes coupable à ses yeux, que vous
avez péché ; et quelque chose aussi vous dit que cette
culpabilité, ces offenses, ces péchés ne peuvent pas
rester impunis. Cette conviction de péché, hélas ! trop
peu profonde,me donne cependant de l'espoir
à votre sujet, car cette conviction est de Dieu, c'est
lui qui l'a produite et qui la garde dans le fond de votre
conscience. Si vous n'aviez, à aucun degré, ce sentiment de
péché, vous seriez véritablement tout à fait aveuglé. Car la
Parole de Dieu, qui ne peut être anéantie, déclare
« que tous les hommes, Juifs et Gentils, sont
sous le péché, — qu'il n'y a pas de juste, pas même un seul,
— qu'ils se sont tous détournés du droit chemin et que tout
le monde est coupable devant Dieu » (Rom.
III, 9-20).
Vous êtes donc pécheur, qui que vous soyez ; je
n'insiste pas davantage sur une vérité aussi évidente,
écrite dans la Bible et dans votre conscience. Mais prenez
garde à ceci, c'est que, d'après l'Écriture, le péché vous sépare
nécessairement du Dieu du ciel, Dieu « trois fois
saint, » qui a les yeux trop purs pour voir le mal. Ni
injustes (et il n'y a pas de juste), ni fornicateurs, ni
idolâtres, ni adultères, ni efféminés, ni ceux qui
commettent le péché contre nature, ni avares, ni ivrognes,
ni outrageux, ni ravisseurs, n'hériteront point du royaume
de Dieu (1
Cor. VI, 9, 10). La part de ceux-là et de tous les
menteurs sera dans l'étang brûlant de feu et de soufre qui
est la seconde mort (Apoc.
XXI, 8). « Car les gages du péché, c'est la
mort » (Rom.
VI, 23).
Ainsi tous les hommes sont sous une sentence de mort
éternelle, car « tous ont péché. » Le coeur de
l'homme a beau se révolter contre cette vérité ; cela
ne l'anéantit point. La première leçon qu'un pécheur ait à
apprendre,c'est qu'il est perdu ;
leçon humiliante, mais nécessaire ; car nul ne dira
avec joie : Je suis sauvé ! qu'auparavant
il n'ait dit : Je suis perdu ! Tel est,
cher lecteur, votre état ; ce n'est point manquer à la
charité que de vous dire : Vous êtes perdu, car Dieu
vous le dit dans sa Parole. Au fait, vous admettez vous-même
cette vérité ; au moins dans une certaine mesure,
puisque vous faites des oeuvres et rendez un culte pour vous
sauver. Or, nous allons examiner ce moyen de salut
que vous avez choisi. Je vous ai dit qu'il est
faux ; et je veux vous le prouver, non pas en
raisonnant avec vous, car ce sont précisément les hommes qui
n'ont pour guide que leur raison, qui s'imaginent qu'on peut
acheter le salut par des oeuvres, comme on achète un
champ avec de l'or ; et mériter la faveur de
Dieu par des cérémonies, comme on mérite celle des hommes
par des actions qui leur plaisent ! C'est rabaisser
Dieu au niveau de l'homme et le faire semblable à
nous ! Mais une chose est certaine, Dieu restera Dieu,
malgré les folies des hommes ; et le bon sens et
l'Écriture me disent « qu'autant les cieux sont élevés
par-dessus la terre, autant ses pensées sont élevées
au-dessus de nos pensées et ses voies au-dessus de nos
voies » (Ésaïe
LV, 8, 9). Je décline donc complètement la
responsabilité de vous proposer un moyen de salut inventé
par moi au par aucun homme faillible ; je me borne, sur
une affaire de cette importance, à vous faire entendre la Parole
de Dieu : lisez, réfléchissez et jugez. !
DIEU EST AMOUR (Épître
de Jean IV, 8, 16).
« Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils
unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse point,
mais ait la vie éternelle. Car Dieu n'a pas envoyé son Fils
pour juger le monde, mais afin que le monde soit sauvé par
lui. — Car à tous ceux qui l'ont reçu (ce Fils), il leur a
donné le droit d'être enfants de Dieu, savoir à ceux qui
croient en son nom » (Évang.
de Jean I, 12 ; III,
16-18).
« En ceci a été manifesté l'amour de Dieu pour nous,
c'est que Dieu a envoyé son Fils unique au monde, afin que
nous vivions par lui ; en ceci est l'amour, non en ce
que nous ayons aimé Dieu, mais en ce que lui nous aima et
qu'il envoya son Fils pour être la propitiation pour nos
péchés. Nous l'aimons parce qu'il nous aima le
premier » (1
Jean IV, 9, 10, 19).
Dieu est amour !
« Dieu a constaté son amour, à Lui, envers nous, en ce
que lorsque nous étions encore pécheurs, Christ est mort
pour nous » (Rom.
V, 8). « Christ nous a aimés et s'est livré
lui-même pour nous comme offrande et sacrifice à Dieu en
parfum de bonne odeur » (Éph.
V, 2).
« Dieu était en Christ, réconciliant le monde avec
Lui-même, ne leur imputant point leurs offenses... car celui
qui n'a pas connu le péché, il l'a fait péché pour nous,
afin que nous devinssions justice de Dieu en Lui »
(2
Cor. V, 19-21).
« II est mort pour nos offenses et ressuscité pour
notre justification » (Rom.
IV, 25). —
« Lui-même a porté nos péchés en son corps sur le
bois... Car aussi Christ a souffert une fois pour les
péchés, le juste pour les injustes, afin qu'il nous amenât à
Dieu » (1
Pierre II, 24 ; III,
18).
« Or il était navré pour nos forfaits, et froissé pour
nos iniquités ; le châtiment qui nous apporte la paix a
été sur lui, et par sa meurtrissure nous avons la
guérison » (Ésaïe
LIII, 5). — DIEU EST AMOUR !
« Sachez donc, hommes frères, que par lui (Christ) vous
est annoncée la rémission des péchés, et que, de tout ce
dont vous n'avez pu être justifiés par la loi de Moïse,
quiconque croit est justifié par lui. Tous les prophètes lui
rendent témoignage que, par son nom, quiconque croit en lui
reçoit la rémission des péchés. Car aussi il n'y a point
d'autre nom sous le ciel, qui soit donné parmi les hommes,
par lequel il nous faille être sauvés. — Crois au Seigneur
Jésus, et tu seras sauvé » (Actes
IV, 12 ; X,
43 ; XIII,
38 ; XVI,
31).
« En lui nous avons la rédemption par son sang, la
rémission des péchés selon les richesses de sa grâce »
(Éph.
I, 7). Car « le sang de Jésus-Christ, son Fils,
nous purifie de tout péché » (1
Jean I, 7). « II n'y a donc maintenant aucune
condamnation pour ceux qui sont dans le Christ Jésus »
(Rom.
VIII, 1).
« Jésus nous a été fait sagesse de la part de Dieu,
justice, sanctification et rédemption » (1
Cor. I, 30). « Quand la bonté de notre Dieu
Sauveur et son amour envers les hommes sont apparus, il nous
a sauvés, non sur le principe des oeuvres accomplies en
justice que nous eussions faites, mais selon sa propre
miséricorde » (Tite
III, 4, 5).
« Sachant que l'homme n'est pas justifié sur le
principe des oeuvres de loi, ni autrement que par la foi en
Jésus-Christ, nous aussi, nous avons cru au
Christ Jésus, afin que nous fussions justifiés sur le
principe de la foi en Christ, et non sur le principe des
oeuvres de loi : car, sur le principe des oeuvres de
loi, nulle chair ne sera justifiée » (Gal.
II, 16). « DIEU EST LUMIÈRE. DIEU EST
AMOUR. »
J'arrête ici mes citations de l'Écriture ; celles qui
précèdent ne seraient-elles pas suffisantes, cher lecteur,
pour vous montrer que Dieu a envoyé son Fils au monde pour
sauver les pécheurs ; que Dieu nous aime, non
parce que nous l'aimons, nous ; non à cause de nos
oeuvres ou de notre culte ; mais parce qu'il est
amour ? Ne verrez-vous pas et ne comprendrez-vous pas
que, pour que nous puissions aimer Dieu, il faut d'abord
« que nous ayons connu et cru l'amour que Dieu a pour
nous, » car nous l'aimons parce qu'il nous a
aimés le premier ? Pourquoi voulez-vous
renverser les choses de Dieu en nourrissant la pensée que
c'est à vous à aimer le premier ? Car c'est
bien là ce que vous faites, en cherchant à vous rendre Dieu
favorable « par des oeuvres ; » vous
agissez comme s'il ne vous aimait pas encore, comme
s'il n'aimait pas le premier ; vous donnez un
démenti à l'Écriture ! Et pourquoi donc cette
répugnance à croire que Dieu vous aime ? Ne vous a-t-il
pas donné la preuve la plus éclatante de son amour ?
N'a-t-il pas envoyé son Fils unique dans le monde tout
exprès pour vous sauver ? Jésus n'est-il pas mort pour
vous, sur la croix ? Et ne verrez-vous pas que,
par la foi en ce Jésus mort « pour
vous, » TOUS avez un salut entier et parfait,
puisque Lui, seul, est le moyen de salut ? ne
verrez-vous donc pas que, persister à vouloir vous sauver
par vos oeuvres, c'est nier la miséricorde de Dieu ;
c'est nier son amour ; c'est fouler aux pieds sa
justice, pour établir la vôtre propre ; c'est ne tenir
aucun compte de l'oeuvre de Christ, de sa mort, de sa
résurrection ; c'est prétendre que vos oeuvres et vos
justices souillées auront plus d'efficace, devant Dieu, que
le sang de Son Agneau ; c'est, en un mot, vouloir être
plus sage que Dieu, et entreprendre, follement, de FAIRE UNE
CHOSE que Dieu seul peut faire, et QU'IL A DÉJÀ FAITE :
votre salut !
Dieu veuille, cher lecteur, vous donner de connaître et de
croire l'amour que Dieu a pour vous, et tout ce que
cet amour a fait pour vous sauver. ALORS, et seulement alors,
vous ferez de vraies bonnes oeuvres et
rendrez un vrai culte à Dieu. Vous agirez parce
que vous êtes aimé et sauvé ; non pour être
aimé et sauvé : vous adorerez non un Dieu irrité, mais
un Père qui vous chérit : c'est le caractère d'un véritable
adorateur (Jean
IV, 22, 25).
F.
AVEZ-VOUS LEVÉ L'ANCRE ?
Figurez-vous la situation désespérée de deux matelots ivres
qui voulaient traverser un bras de mer en Écosse. C'était
par une nuit sombre. Le détroit n'était pas large, et en
temps ordinaire vingt minutes suffisaient pour le traverser.
Au moment dont je parle, les deux matelots étaient fort
pressés de rentrer chez eux. Arrivés au bord de l'eau, ils
montèrent dans leur embarcation et se mirent à ramer de
toutes leurs forces, espérant atteindre l'autre rive plus
vite que d'habitude. Cependant, malgré tous leurs efforts,
jamais le trajet ne leur avait paru si long. En vain
ramaient-ils à coups redoublés, le bateau restait toujours
en pleine eau et l'on ne sentait jamais le léger choc de la
proue lorsqu'elle touche la plage. Il n'y avait pas de
courant dans le petit détroit ; mais nos deux matelots,
toujours sous l'effet de la boisson, s'imaginaient que la
marée leur était contraire. Ils redoublèrent donc d'énergie,
ils rassemblèrent toute leur vigueur pour faire de nouveau
force de rames ; néanmoins ils n'atteignaient pas le
bord. Ils étaient hors d'eux. Certes, se disaient-ils, le
bateau est ensorcelé, ou bien nous le sommes
nous-mêmes ! — Les heures s'écoulaient, l'aube du jour
commençait déjà à luire sur l'horizon, enfin la lumière
croissante de l'aurore vint révéler à nos matelots,
maintenant désenivrés, la cause de leur malheur. — Hé !
camarade, s'écria l'un d'eux, en regardant vers l'avant du
bateau, nous n'avons pas levé l'ancre ! C'était en
effet vrai ; maintenant ils savaient pourquoi toutes
leurs peines avaient été inutiles.
La sottise des deux matelots vous fait rire ; il y a de
quoi, mais combien d'âmes sont dans le
même cas ! Maint pauvre pécheur s'est efforcé de croire
(quelque étrange que cela puisse paraître), mais tous ses
efforts ont été vains : la paix du coeur est aussi
éloignée que jamais. Tous les moyens de grâce n'ont apporté
aucun secours ; la prière n'a amené aucune réponse de
joie. L'âme malheureuse, poussée au désespoir, jette la
faute sur le diable, sur une chance fatale, sur n'importe
quoi ; et quant à la véritable cause de son état, elle
n'y songe pas, cela ne lui vient pas même à l'esprit.
Le coeur se cramponne à des espérances fondées sur une
propre justice qu'on ne veut pas lâcher ; — il nourrit
secrètement les choses qui le retiennent sous la puissance
de la mort ; — il ne veut pas se laisser aller avec une
confiance enfantine dans les bras de Jésus.
Et vous, cher lecteur, où en êtes-vous ? Avez-vous
levé l'ancre ? Avez-vous fait l'abandon de
vous-même ? Si non, tous vos efforts sont vains, vos
prières inutiles. Levez donc votre ancre ;
détachez-vous de toute fausse confiance en tout ce qui vous
a retenu jusqu'ici ; jetez-vous, tel que vous êtes,
sans rames ni gouvernail, dans les bras de Jésus ; et
là vous éprouverez pour vous-même la réalité de cette
parole : « Je ne mettrai point dehors celui qui
vient à moi. »
À celui qui ne fait pas des oeuvres, mais qui croit en celui
qui justifie l'impie, sa foi lui est imputée à justice (Rom.
IV, 5).
F. L.
LES DEUX MAISONS
J'ai connu une fois un homme riche qui résolut de se faire
bâtir une très-grande et belle maison. Il acheta une pièce
de terrain dans un beau quartier de la ville, et se donna
beaucoup de peine pour que sa maison fût construite dans le
meilleur goût. Il y avait plusieurs chambres spacieuses et
de vastes salons. Elle était établie de manière à être
chaude en hiver et fraîche en été. Aucune dépense ne fut
épargnée pour la rendre aussi confortable que possible, à
tous égards. Sans aucun doute, il s'attendait à jouir
pendant plusieurs années 'de sa nouvelle et élégante
demeure.
Tout en construisant cette grande maison pour lui et pour sa
famille, il en faisait élever une autre. Il y avait une
grande différence entre ces deux maisons ; car la
seconde n'avait qu'une petite chambre pour toute la famille,
et cette chambre était souterraine. Elle avait cependant de
fortes murailles de marbre, mais pas de fenêtres et
seulement une petite porte de fer. Ces deux maisons étaient
pourtant pour les mêmes personnes. L'une était pour la
famille vivante, l'autre pour la famille morte. Car la
maison petite et basse était la voûte dans laquelle leurs
corps devaient être placés, quand, l'un après l'autre, ils
seraient retirés de cette vie.
La voûte fut bientôt terminée, elle fut prête longtemps
avant la grande maison. Et dans laquelle des deux
pensez-vous que le riche propriétaire
alla d'abord habiter ? Quelque étrange que cela puisse
paraître, il fut prêt pour la voûte, avant que la belle
demeure fût prête pour lui ; et, bien des mois avant
que les vastes salles de la maison neuve fussent habitables,
son possesseur était couché dans l'étroit, sombre et froid
appartement, qu'il ne quittera pas avant que la terre rende
ses morts au dernier jour.
Ceci est un fait qui devrait attirer votre attention, cher
lecteur. Bien des choses dans la vie peuvent sembler gaies
et brillantes et promettre de grandes jouissances, en sorte
que vous en oubliez la fin, ou que vous vous imaginez
qu'elle est trop éloignée pour y penser. La maison des
vivants est si grande et si belle, qu'elle éclipse à
vos yeux la maison des morts. Mais souvenez-vous
que, comme le personnage dont je vous ai parlé, vous pouvez
être couché dans le tombeau avant que vous soyez entré dans
les plaisirs de la vie que vous attendez. Le Sauveur
dit : « JE SUIS LA RÉSURRECTION ET LA VIE :
CELUI QUI CROIT EN MOI, ENCORE QU'IL SOIT MORT, VIVRA ;
ET QUICONQUE VIT ET CROIT EN MOI NE MOURRA JAMAIS. »
Cela est vrai dans tous les sens. Le vrai croyant, dont les
péchés sont pardonnés, et qui est accepté en Christ, a la
promesse d'une maison qui n'est pas faite de mains, mais qui
est éternelle ; non dans ce monde périssable, mais dans
les cieux ; et le passage de cette vie-ci à celle-là
n'est pas mourir, comme dit le monde, mais
s'endormir sur la terre pour se réveiller auprès de Dieu.
LE PARADIS PERDU ET LE PARADIS
RETROUVÉ.
CHAPITRE I.
LE JARDIN D'EDEN
« Or l'Éternel Dieu avait formé l'homme de la poudre
de la terre, et il avait soufflé dans ses narines une
respiration de vie ; et l'homme fut fait une âme
vivante. Aussi l'Éternel Dieu avait planté un jardin en
Éden, du côté d'orient, et y avait mis l'homme qu'il avait
formé. Et l'Éternel Dieu avait fait germer de la terre
tout arbre désirable à la vue et bon à manger, et l'arbre
de vie au milieu du jardin, et l'arbre de la connaissance
du bien et du mal...
« L'Éternel Dieu prit donc l'homme et le mit dans le
jardin d'Éden pour le cultiver et pour le garder. Puis
l'Éternel Dieu commanda à l'homme, en disant : Tu
mangeras librement de tout arbre du jardin ; mais
quant à l'arbre de la connaissance du bien et du mal, tu
n'en mangeras point ; car dès le jour que tu en
mangeras, tu mourras de mort...
« Or Adam et sa femme étaient tous deux nus, et ils
ne le prenaient point à honte.
« Or le serpent était le plus fin de tous les animaux
des champs que l'Éternel Dieu avait faits, et il dit à la
femme : Quoi ! Dieu a dit : Vous ne
mangerez point de tout arbre du jardin ? Et la femme
répondit au serpent : Nous mangeons du fruit des
arbres du jardin ; mais quant au fruit de l'arbre qui
est au milieu du jardin, Dieu a dit : Vous n'en
mangerez point, et vous ne le toucherez point, de peur que
vous ne mouriez. Alors le serpent dit à la femme :
Vous ne mourrez nullement ; mais Dieu sait qu'au jour
que vous en mangerez, vos yeux seront ouverts, et vous
serez comme des dieux, connaissant le bien et le
mal. » (Gen.
II, 7 —III,
5.)
C'est en remontant à l'origine des choses que l'on apprend
à les connaître sous leur vrai jour. Nos pensées sont
souvent faussées par la tradition, ou par une certaine
manière d'envisager les choses sans qu'on y prenne beaucoup
garde. On se fait ainsi illusion quant au présent et quant à
l'avenir. Dieu a cependant fait en sorte qu'il reste au
dedans de nous une certaine voix qui, de temps à autre, se
fait entendre, et nous dit la vérité malgré tout ce qui s'y
oppose dans le cours naturel. Cette voix de la conscience
nous dit que la vie de l'âme ne finit pas avec le dernier
souffle de la vie terrestre ; — qu'il faut, en outre,
comparaître devant le Dieu vivant, pour lui rendre compte de
nos actions, de nos paroles, voire même de toutes les
pensées qu'on aura caressées dans le coeur.
Il y a certains FAITS qui demeurent là devant nous, dans
toute leur épouvantable réalité, — faits que tous les
raisonnements des hommes incrédules de ce monde ne
réussissent pas à annuler. Je puis accepter ou contester des
opinions selon l'idée que je me fais de leur valeur ;
mais je suis aveugle de propos délibéré si je ferme les yeux
vis-à-vis des faits.
Dans ma vie mondaine, où je ne cherche que le plaisir, la
satisfaction de mon égoïsme, ma volonté propre, il y a des
faits qui viennent me troubler de bien des manières. De ma
nature, je n'aime pas y regarder de près, je les mets de
côté, je ne veux pas qu'on m'en parle, et je me tranquillise
en disant : Ce ne sont là que des niaiseries,
des contes de vieilles femmes ; alors je cherche des
distractions dans le monde, je me dissipe encore plus ;
puis cette voix intérieure résonne et me dit : Cela ne
va pas, tu sais que tu n'es pas en règle avec Dieu ; il
te demandera raison de tout ton passé. Je me trouve ainsi de
nouveau en face de ces vérités contre lesquelles j'ai lutté
et je lutte encore, et auxquelles je résiste de toutes mes
forces ; je m'appuie sur les raisonnements des hommes
qui jettent du doute sur toutes ces vérités pour tâcher de
faire taire la conscience. Puis vient de nouveau cette voix
qui me dit : Et pourquoi te donnes-tu tant de peine
pour résister à ce qui n'existe pas ? Voudrais-tu
battre le vent, ou anéantir le néant ? Ne vois-tu pas
que la lutte même que tu engages est la meilleure preuve au
dedans de toi de la vérité écrasante de ces faits que tu
repousses ? Oui, ils sont réels, et que tu le veuilles
ou non, il faut que tu les reconnaisses comme tels.
Voilà les FAITS dont il nous est parlé en tête de cet
article ; cher lecteur, ils nous condamnent vous et
moi, et tout homme quel qu'il soit. On retrouve ici, dans le
livre de Dieu, ce qui s'accorde parfaitement avec tout ce
qu'on voit autour de soi dans ce monde où règne tant de
misère : l'on voit que ce que Dieu a écrit comme en
lettres de feu : « LE PÉCHÉ EST ENTRÉ DANS LE
MONDE, ET PAR LE PÉCHÉ LA MORT, » n'est que trop vrai.
(Voyez Rom.
V, 12.)
Oui, cela n'est que trop vrai ; ne le dit-on pas à tout
moment : il faut mourir une fois ou l'autre ?
« Personne ne pourra en aucune manière racheter son
frère, ni donner à Dieu sa rançon pour faire qu'il vive
encore et qu'il ne descende point dans la fosse ; car
on voit que les sages meurent, pareillement que le fou et
l'abruti périssent et qu'ils laissent leurs biens à
autrui. » (Ps.
XLIX, 7-10.)
Les philosophes se donnent beaucoup de peine pour expliquer
ce phénomène. Dieu nous en donne une raison bien
simple : « Le péché est entré dans le monde, et
par le péché la mort. »
Oui, le péché est entré. Il y eut un temps où il
n'était pas connu. Alors toute la création jouissait d'un
repos parfait ; elle venait d'éclore dans toute sa
beauté primitive, sortant de la main de son Dieu créateur.
Partout régnait la paix, et un ordre divin. Dieu lui-même
regarda son ouvrage, et voilà qu'il était très-bon ;
rien n'y manquait.
Au milieu de toute cette beauté, il y avait un endroit plus
beau que tout le reste : un lieu particulièrement
favorisé par l'Éternel Dieu, — un jardin qu'il avait
lui-même planté et arrangé. Là, il plaça l'homme, le
chef-d'oeuvre de la création, — le seul être raisonnable et
libre, — le seul qui fût capable de jouir de la communion de
Dieu.
L'homme ne reçut pas la vie de la même manière que les
autres créatures. Celles-ci sortirent vivantes de la terre
ou des eaux par l'effet de la parole du Créateur. L'homme,
quand il fut formé, n'était qu'un cadavre sans vie, jusqu'à
ce que Dieu soufflât dans ses narines une respiration de
vie. Ce souffle-là, venant de Dieu lui-même, c'est l'âme
qui dans son essence, est immortelle ; quoi qu'il lui
arrive, elle ne peut s'éteindre ni s'anéantir.
Formé de la poussière de la terre et vivifié par l'Éternel
Dieu, l'homme ne put par ses propres forces garder la belle
position que Dieu lui avait faite en l'établissant comme
chef et seigneur de la création terrestre. Pour y être
maintenu, il fallait une dépendance continuelle de celui qui
l'avait créé. C'est là une vérité positive : pourtant
aucune ne nous offusque davantage, — et pourquoi ?
Parce qu'on aimerait vivre pour soi-même dans ce monde,
dégagé de toute responsabilité vis-à-vis de Dieu ; on
voudrait être indépendant, on est lent de coeur à comprendre
que le véritable bonheur de la créature dépend de l'harmonie
parfaite qui subsiste entre elle et son Créateur. La
condition essentielle de cette harmonie, c'est que la
créature soit soumise, en toutes choses, à la volonté du
Créateur. L'autorité souveraine du Dieu créateur avait
imposé une seule loi, une seule défense qui suffit à mettre
à l'épreuve l'obéissance de l'homme. Aussi longtemps qu'il a
obéi, la communion de Dieu était son glorieux privilège et
son bonheur, car il était parfaitement heureux dans la
présence de son Créateur ; aucun mal n'abordait son
esprit, rien n'interrompait le cours de sa vie calme et
paisible, rien, n'empêchait sa jouissance de toutes les
beautés de cette demeure bienheureuse, rien n'entravait son
intimité avec son Dieu. Dans son état d'innocence,
le mal ainsi que la honte étaient pour lui choses inconnues.
Le commandement de Dieu était clair et positif :
« Tu mangeras librement de tout arbre du jardin ;
mais quant à l'arbre de la connaissance du bien et du mal tu
n'en mangeras point ; car dès le jour que tu en
mangeras, tu mourras de mort. » Le principe de
l'obéissance, c'est que l'on garde le commandement sans
raisonner. On le garde, parce que c'est le commandement. Il
n'y avait rien dans l'apparence extérieure du fruit défendu
qui montrât qu'on ne devait pas le toucher tout comme les
autres fruits, il était agréable à la vue, et bon à
manger. » Mais la loi du Dieu souverain avait fait la
défense : « Tu n'en mangeras point. » C'était
là, pour l'homme, la pierre de touche de son
obéissance ; c'était la condition essentielle de son
bonheur.
Or, l'épreuve ne se fit pas longtemps attendre. Satan, dont
le vieux nom de « serpent » est rappelé dans le
dernier livre de la Bible (Apoc.
XII, 9), s'adressa à la femme comme étant le plus
faible des deux êtres qui jouissaient ensemble du paradis.
Il soulève dans le coeur d'Eve un doute, quant à la bonté
illimitée du Dieu suprême, la femme lui répond avec
complaisance, en lui exposant à son point de vue à elle leur
position vis-à-vis de Dieu. Il était vrai, en effet, qu'ils
n'osaient pas manger librement de tous les arbres.
Ils possédaient le jardin, mais non pas d'une manière pleine
et entière. Ils en jouissaient, mais leur jouissance n'était
pas sans bornes. C'en était assez. Dès que le moindre doute,
quant à la parfaite bonté de Dieu, se fut élevé dans le
coeur de la femme, son adversaire ne tarda pas à en
profiter. Il s'enhardit, il jette du doute sur la parole
même de Dieu ; il va jusqu'à dire que Dieu a trompé ses
créatures. « La mort, » dont Dieu avait parlé
n'était qu'un épouvantail pour les retenir dans l'esclavage.
Bien plus, c'était cet arbre-là qui seul pouvait les
affranchir du joug de la servitude ; s'ils en
mangeaient, ils seraient égaux de Dieu lui-même, connaissant
le bien et le mal.
La femme écouta les paroles de Satan ; elle se laissa
séduire.
(À suivre, D. V.)
JÉSUS AU PUITS DE SICHAR
(Jean
IV, 5).
Voyez-le, cet étranger solitaire, assis là et se reposant
de la fatigue du chemin. Il demande à boire. Vous avez
chez vous des fontaines et des pompes; il n'a pas, Lui, de
chez soi. (Luc
IX, 58.) Il est si pauvre qu'il lui faut emprunter
un verre d'eau. Je dis : emprunter, car il ne
prend jamais sans rendre. Il était riche ci-devant;
il a vécu dans la pauvreté, afin que par sa pauvreté
nous fussions enrichis. (2
Cor. VIII, 9.) Croyez-vous cela ? Celui qui
emprunte un verre de cette eau qui n'étanche que
momentanément la soif, est là pour vous donner
l'eau qui désaltère à jamais.
La source des vanités humaines, à laquelle vous puisez
depuis longtemps peut-être, vous a-t-elle une seule fois rafraîchi
? Combien de fois, au contraire, après un jour ou une
nuit de plaisir mondain, votre coeur atterré, desséché,
n'a-t-il pas dit : Encor » Votre
expérience a donc confirmé ces parole : Celui
qui boit de cette eau-ci aura encore soif »
Vous les avez trouvées vraies sans les croire;
si vous les eussiez crues d'abord, vous vous
fussiez épargné de nombreux et de douloureux mécomptes.
Jésus dit (verset
10 : Si tu connaissais le DON de 'Dieu,
et QUI est celui qui te dit : Donne-moi à
boire » tu lui eusses demandé et il t'eût donné de
l'eau vive » Vous avez là devant vous, le Dieu
véritable et la vie éternelle » dans la même Personne.
(1
Jean II, 24 ; V,
20.) C'est du ciel qu'il est descend ; c'est
pour vous qu'il est là. Il vous cherche pour vous faire part
du don qu'il apporte. Voulez-vous vous laisser aborder?
Pourquoi le fuiriez-vous lorsqu'il vous appelle ?
C'est quand l'homme eut mauvaise conscience, eut péché,
qu'il se cacha à la voix de son Dieu. (Gen.
III, 10.) Mais ce n'est pas en se cachant qu'on ôte
le péché; les gages du péché, c'est la
mort » (Rom.VI
23 ); et pour ôter le péché, c'est la mort de
l'Agneau de Dieu qu'il a fallu.
Seigneur, auprès de qui nous en irions-nous? Tu as
les paroles de la vie éternelle » (Jean
VI, 68.)
LES CITERNES
CREVASSÉES
ET
LA SOURCE DES EAUX VIVES
Cieux, soyez étonnés de ceci; ayez-en de l'horreur et
soyez extrêmement asséchés, dit l'Éternel. Car mon peuple
a fait deux maux : ils m'ont abandonné, moi qui suis la
source des eaux vives, pour se creuser des citernes, des
citernes crevassées qui ne peuvent point contenir d'eau. (Jér.
II, 12, 13.)
Le désir du bonheur est un sentiment naturel et
universel : il est facile de le constater parmi les
hommes de tous rangs et de toutes condition s; et j'ose
affirmer sans hésitation que, qui que vous soyez, cher
lecteur, vous désirez vous-même être heureux, soit dans ce
monde-ci, soit dans l'autre. Je dis, de plus, qu'afin de
satisfaire ce désir, vous recherchez avec persévérance
toutes les choses qui, selon vous, peuvent contribuer à
votre bonheur, et que vous fuyez toutes celles qui peuvent
vous occasionner du chagrin et de la douleur. Et nul ne peut
vous blâmer d'agir ainsi, (Mi' il est raisonnable que vous
cherchiez à satisfaire un désir qui, en soi, n'a rien de
mauvais, bien qu'il soit la preuve évidente que l'homme
n'est pas heureux dans son état actuel, puisqu'il cherche
encore le bonheur. On ne désire plus, on ne cherche
plus ce que l'on a déjà trouvé : on en jouis.
L'homme n'a pas trouvé le bonheur, mais il le cherche; on
conviendra qu'il est de la plus haute importance de ne pas s'égarer
dans cette recherche et de ne pas demander le bonheur
à des choses qui ne peuvent pas le
donner.
Examinons donc un peu quelle est la source à laquelle les
hommes s'abreuvent pour apaiser leur soif, et quelles sont
les choses qu'ils recherchent et poursuivent généralement
comme pouvant leur procurer la félicité. Ceux-ci placent le
bonheur de l'homme dans la satisfaction de ses passions
charnelles, de ses appétits grossier : boire, manger,
se parer, se divertir et s'abruti : voilà ce qu'ils
font, ou voudraient faire, pour apaiser leur soif. Voilà la
source où ils boivent : c'est leur citerne !
Ceux-là cherchent les richesses : posséder, posséder
encore, ajouter une somme à une autre, une propriété à une
autre, voilà ce qui leur semble être le plus sûr moyen de
parvenir au bonheur ; c'est là l'eau qu'ils ont
choisie, c'est leur citerne! D'autres encore choisissent la
gloire : c'est en se faisant un nom par leur science,
par leur pouvoir, par leur vertu, par leur bienfaisance, ou
même par leurs crimes, qu'ils supposent arriver à la vraie
félicité; c'est là leur eau; c'est leur citerne, toutes ces
citernes-là sont des CITERNES CREVASSÉES; l'eau de la vie et
du bonheur ne s'y trouve point ; elles ne peuvent
renfermer qu'une eau boueuse et corrompue qui, au lieu
d'apaiser la soif, ne fait que la trompe ; et qui, au
lieu de rafraîchir une âme d'homme, ne lui procure à la fin
que du tourment ! Il y a dans l'Écriture un exemple
très-frappant de la vérité de ce que j'avance ici :
c'est celui du roi Salomon : laissons-le parler
lui-même sur ce sujet.
Voici comment il s'exprime:
Je me suis fait des choses magnifiques:
je me suis bâti des maisons; je me suis planté des vignes.
Je me suis fait des jardins et des vergers, et j'y ai planté
des arbres fruitiers de toutes sortes. Je me suis fait des
réservoirs d'eau pour en arroser le parc planté d'arbres.
J'ai acquis des hommes et des femmes esclaves; et j'ai eu
des esclaves nés en ma maison, et j'ai eu plus de gros et de
menu bétail que tous ceux qui ont été avant moi dans
Jérusalem. Je me suis amassé de l'argent et de l'or, et des
plus précieux joyaux qui se trouvent chez les rois et dans
les province s; je me suis acquis des chanteurs et des
chanteuses, et les délices des hommes, une harmonie
d'instruments de musique, même plusieurs harmonies de toutes
sortes d'instruments. Je me suis agrandi et je me suis accru
plus que tous ceux qui ont été avant moi dans Jérusalem, et
ma sagesse est demeurée avec moi. Enfin je n'ai rien refusé
à mes yeux de tout ce qu'ils ont demandé, et je n'ai épargné
aucune joie à mon coeur; car mon coeur s'est réjoui de tout
mon travail; et c'est là tout ce que j'ai eu de tout mon
travail. Mais ayant considéré toutes mes oeuvres que mes
mains avaient faites, et tout le travail auquel je m'étais
occupé en les faisant, VOILA, TOUT EST VANITÉ ET RONGEMENT
D'ESPRIT » (Eccles,I,
14.)
Qu'est-ce que tout cela signifie, sinon que toutes ces
choses que Salomon a recherchées, et que les hommes aiment
et recherchent, NE PEUVENT PAS rendre heureux, et qu'au
contraire, plus on s'y attache, plus aussi la déception est
amère?
Et Dieu veuille, mon cher lecteur, que vous soyez
puissamment convaincu de cette vérité, afin que si jusqu'à
présent vous avez cherché le bonheur dans ces choses-là,
dans ces citernes crevassées, vous les abandonniez sans
retard et sans regret pour vous tourner vers la
« source des eaux vives. » Réunissez, par la
pensée, sur votre tête, tout ce que l'homme le plus
ambitieux peut désirer de richesses, de sagesse, de
puissance, de science et de gloire, jusqu'à avoir tous les
royaumes du monde et leur gloire, et plus encore... et
maintenant dites-moi, la main sur la conscience :
est-ce là le bonheur ?...
Oh !... si à la mort, qui frappe le puissant comme le
faible, le riche comme le pauvre, si à la mort tout était
fini, je vous dirais : Rassasiez-vous d'un tel
bonheur ! Mangeons, buvons, car demain nous
mourrons ! Mais, ô homme, tu n'es pas une brute !
Pourquoi t'avilirais-tu toi-même jusqu'au point d'étouffer
la voix de la conscience et d'oublier qu'il y a un Dieu,
juste juge, grand, saint et redoutable, avec lequel il
faut nécessairement que tu aies à faire ?
Oublierais-tu que tu as une âme immortelle ?
T'imaginerais-tu follement qu'en détournant tes pensées de
Dieu, de la mort, du jugement qui la suit, de l'éternité, du
péché qui est en toi, ces choses-là seront anéanties ?
Si tu perds de vue ces choses, sache qu'elles n'en seront
pas moins là, toujours là, réelles, terribles, et qu'un jour
cette réalité te sera clairement démontrée et te remplira
d'épouvanté, si tu n'y avises promptement ! Oh !
cher lecteur, je vous en supplie, veuillez donc, dès
aujourd'hui, donner toute votre attention à cette
parole du Seigneur : Que profitera-t-il à un homme
s'il gagne le monde entier et qu'il fasse la perte de son
âme ; ou que donnera l'homme en échange de son
âme ? (Matth.
XVI, 26.) Vous abreuver aux citernes crevassées, c'est
marcher à votre ruine, à la perte de votre âme
précieuse ; venez donc sans délai à la source des eaux
vives.
Quelle est donc cette source, me demanderez-vous, et où
est-elle ? La réponse à cette importante question se
trouve déjà dans le passage de l'Écriture qui est en tête de
ces lignes ; c'est l'Éternel qui parle par la bouche de
Jérémie et qui dit : Moi QUI SUIS LA SOURCE DES EAUX
VIVES. Ailleurs, il est écrit : « Oh ! vous
tous qui êtes altérés, venez aux eaux, et vous qui n'avez
point d'argent, venez, achetez et mangez ; venez,
dis-je, acheter sans argent et sans aucun prix du vin et du
lait. Pourquoi employez-vous l'argent pour des choses qui ne
nourrissent point et votre travail pour des choses qui ne
rassasient point ? Écoutez-moi attentivement, et vous
mangerez de ce qui est bon, et votre âme jouira à plaisir de
la graisse. Inclinez votre oreille et venez À MOI ;
écoutez et votre âme vivra. » (Ésaïe
LV, 1-3.) Et ailleurs encore : « En la
dernière journée, la grande journée de la fête, Jésus se
tint là, et cria, disant : « Si quelqu'un a soif,
qu'il vienne, A MOI, et qu'il boive. » (Jean
VII, 37.) Tel est, cher lecteur, la source des eaux
vives : c'est le Dieu bienheureux ; c'est Jésus le
Fils de Dieu, et il n'y en a pas d'autre :
s'abreuver ailleurs c'est aller aux citernes crevassées.
Mais je le sais bien (et il faut aussi que vous le
sachiez) : entre cette source bénie et vous, il y a un
mur que vous ne pouvez ni franchir, ni renverser ;
entre Dieu et vous, il y a votre souillure, vos péchés que
vous ne pouvez pas ôter vous-même, quoi que vous fassiez
pour cela. Vos péchés vous séparent réellement de
Dieu ; II est saint, et vous êtes souillé ; II est
juste, et vous êtes injuste (car il n'y a pas de juste, pas
même un seul) ; II est lumière, et vous êtes ténèbres.
Or, il est écrit : « Quelle participation y a-t-il
entre la justice et l'iniquité, ou quelle communion y a-t-il
entre la lumière et les ténèbres ? » (2
Cor. VI, 14.)
Cet obstacle n'est point imaginaire, cher lecteur ; il
est incontestable que Dieu est saint, et il n'est que trop
certain que l'homme est pécheur, souillé; et si Dieu ne peut
pas cesser d'être ce qu'il est ; et si l'homme, de son
côté, ne peut pas, par lui-même, se débarrasser de
sa souillure, il en résulte qu'à moins qu'ira AUTRE ne
renverse le mur, n'ôte le péché, n'abolisse la souillure,
l'homme est pour toujours condamné à être séparé de Dieu, la
source de la vie.
Eh bien, cher lecteur, voici la bonne nouvelle,
l'Évangile : ce que l'homme pécheur ne pouvait pas
faire, UN AUTRE l'a fait pour lui. Dieu a tant aimé le monde
qu'il a donné son Fils unique et l'a envoyé pour être la
propitiation pour nos péchés. C'est dans le but spécial de
renverser le mur, d'ôter le péché, d'abolir l'iniquité et de
prendre l'homme par la main pour le
conduire à la source de la vie que Jésus, le Fils de Dieu,
est venu dans ce monde. Il fut chargé, delà part de Dieu,
d'accomplir cette OEUVRE-LÀ. C'est pourquoi Jean-Baptiste
disait à ceux qui l'entouraient, en leur montrant
Jésus : « Voilà l'Agneau de Dieu qui ÔTE le péché
du monde. » (Jean
I, 29.)
Or, cette oeuvre que Christ, dans sa grâce, a entreprise,
cette oeuvre EST TERMINÉE, et c'est lui-même qui le déclare,
disant à son Père : « J'ai achevé l'oeuvre que tu
m'as donnée à faire. » (Jean
XVII, 4.) Aussi est-il écrit que Christ A FAIT par
lui-même la purification de nos péchés ; — qu'IL A ÉTÉ
manifesté une fois pour l'abolition du péché par le
sacrifice de lui-même ; qu'IL A ÉTÉ offert une fois
pour porter les péchés de plusieurs ; — qu'IL A ÉTÉ
manifesté, afin qu'il ôtât nos péchés. (Hébr.
I, 3 ; IX,
26-28 ; 1
Jean III, 5» Ainsi l'oeuvre EST FAITE, car Christ est
déjà venu ; il est déjà mort pour nos
offenses, et ressuscité pour notre justification ; il a
déjà porté nos péchés en son corps sur le
bois ; il a déjà souffert, lui, le juste, pour
les injustes, afin qu'il nous amenât à Dieu ; oui,
l'oeuvre EST FAITE, le sang déjà répandu de
l'Agneau de Dieu purifie de tout péché, et quiconque croit
en lui ne périra point, mais IL A LA VIE ÉTERNELLE.
Le chemin de la source des eaux vives étant ainsi ouvert,
tout pauvre pécheur, quel qu'il soit, est invité à
s'approcher et à prendre gratuitement de l'eau. Cette
invitation vous est adressée en ce moment, cher lecteur, de
la part de Dieu lui-même. N'avez-vous pas
entendu comment il vous presse de VENIR ? VOUS avez
besoin, avant tout, de grâce et de pardon, puisque vous êtes
pécheur ; venez réclamer cette eau précieuse, mais
venez au nom de Jésus-Christ, dans la foi au Fils de Dieu
qui vous a aimé et s'est livré pour vous.
Christ est seul le chemin : nul ne vient au Père que
par Lui. Venez ! et vous direz bientôt avec David, avec
Paul, et avec tous les croyants : « Bienheureux
celui dont la transgression est pardonnée ! Bienheureux
celui dont le péché est couvert ! » (Ps.
XXXII, 1-6; Rom.
IV, 6-8.) Vous commencerez alors à être
heureux, et vous expérimenterez ensuite la vérité des
paroles de Jésus : « Celui qui boira de l'eau que
je lui donnerai, moi, n'aura plus soif à jamais. » (Jean
IV, 14.) Mais venez jusqu'à la source.
« Si quelqu'un a soif, qu'il vienne À MOI et qu'il
boive. »
Ne vous arrêtez pas à moitié chemin. Prenez garde de ne pas
tomber dans un piège dangereux. Il ne s'agit point
d'abandonner un système religieux pour en prendre un
autre ; il ne s'agit point, par exemple, de vous faire
grec, ou catholique, ou protestant, ou autre chose ; ne
demandez pas de l'eau vive à un système, ni à des
cérémonies, ni à des hommes, car ce sont là aussi des
citernes crevassées ; venez à Dieu par Jésus, par
Jésus, SEUL MÉDIATEUR ENTRE DIEU ET LES HOMMES (1
Tim. 2, 5) ; mettez-vous ainsi en communication immédiate
avec la Source, « et vous puiserez des eaux avec
joie des fontaines de cette délivrance. » (Ésaïe
XII, 3.)
F.
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