(1). Guillaume
Neel, de
Rouen, avait appartenu
à l'Ordre des Augustins.
« Après que le Seigneur lui
eût fait la grâce de connaître sa
vérité, il ne cessa par tous moyens
à lui possibles d'enseigner la doctrine de
l'Évangile. » En passant à
Nonancourt, il entra dans une auberge pour y
prendre son repas. Il y trouva plusieurs
prêtres, qui tinrent devant lui des propos
peu convenables. Il les reprit sur leur conduite et
sur leurs doctrines. L'un d'eux, doyen d'Illiers,
le fit arrêter sur l'heure et conduire
à Évreux, dans la prison de
l'évêque. Il y fut interrogé
par le pénitencier de
l'évêché, Simon Vigor,
« homme de quelque science, »
dit Bèze, « mais de très
petite conscience (2), » qui
avait lu les écrits des Réformateurs, mais que
« l'ambition et l'avarice »
avaient empêché d'embrasser
ouvertement leurs doctrines.
Désireux de sauver la vie de Neel, il
essaya de tirer de lui quelques concessions en
matière de doctrine, mais il n'y
réussit pas. Le prisonnier obtint la
permission de mettre par écrit un
résumé de sa foi sur les principaux
points qui séparent les
réformés de l'Eglise romaine. Crespin
nous a conservé cette confession de foi.
Condamné à être
dégradé de sa prêtrise, il en
appela vainement au Parlement de Rouen, qui
confirma l'arrêt de la Cour
épiscopale. « Peu de temps
après ces mystères de
dégradation, » dit Crespin,
« il fut condamné à
être brûlé vif et être
bâillonné en la bouche pour
l'empêcher de parler au peuple. Il endura
avec une débonnaireté admirable tous
les tourments qu'on lui voulut faire, et ne parla
point jusqu'à ce qu'au plus fort de la
flamme ardente, le bâillon étant
tombé de sa bouche, il fut entendu crier au
Seigneur, tellement que le bourreau lui donna d'un
crochet sur la tête et l'accabla du tout. Le
peuple s'écria contre le bourreau, et
nonobstant que naguère il eût en
horreur et exécration la venue de ce saint
personnage, ayant vu néanmoins sa grande
constance en la mort si cruelle, eut opinion qu'il
était homme de bien et qu'il était
mort vrai martyr.
Les femmes pleuraient et disaient qu'il
avait gagné le pénitencier. Bref, sa
mort fit un fruit inestimable au pays
d'Évreux et aux environs. »
Parmi les martyrs de cette année 1553, il
convient de mentionner Simon Laloé,
de Soissons, lunetier. Comme il revenait de
Genève, il fut arrêté à
Dijon, comme suspect d'hérésie. Il
confessa fidèlement sa foi, refusa de
dénoncer ses frères et fut
condamné au bûcher.
Quand le bourreau vint le prendre pour le
conduire à la mort, Laloé lui dit en
souriant : « Mon ami, je n'ai vu de
ce jour d'hui homme qui me fût plus
agréable que toi. »
L'exécuteur en fut tout ému et
« à grand regret procéda
à son exécution. » Avant de
mourir, Laloé pria avec
véhémence pour ses ennemis, puis
« il endura le martyre bien
allègrement. » Le bourreau Jacques Sylvestre,
« qui, » dit Bèze,
« pleurait en l'exécutant
(4), »
n'eut dès lors aucun repos qu'il n'eût
connu la religion qui apprenait à mourir de
la sorte, et il se retira. peu après
à Genève, où il vécut
« selon la réformation de
l'Évangile. »
Étienne le Roi exerçait
l'office de notaire à Saint-Georges-sur-Eure,
près de Chartres. Il avait
séjourné quelque temps à
Genève, « où il avait fort
profité en la Parole de Dieu, tellement
qu'il faisait valoir le talent que Dieu lui avait
confié, en enseignant les ignorants et
reprenant les blasphèmes. » Ce fut
sans doute lui qui amena à la foi Pierre
Denocheau, qui l'assistait en qualité de
clerc. Cette étude de notaire, où
l'on ne se bornait pas à dresser des actes
de vente et des testaments, mais d'où
l'Évangile rayonnait sur la contrée,
attira l'attention des prêtres, et le notaire
et son clerc furent arrêtés et
conduits dans la prison de l'évêque de
Chartres. « Là, étant
détenus et interrogés de leur foi,
ils rendirent ample témoignage sans
aucunement varier ni fléchir. »
Denocheau écrivit en prison sa confession de
foi, que Crespin a publiée, après
l'avoir, dit-il, « tirée comme du
milieu du feu
(6). »
Étienne Le Roi composa en prison des
« chansons spirituelles, » qui
renfermaient l'expression de sa foi et de son
espérance chrétiennes. « Il
s'esjouissait en prison en les
chantant, » dit Crespin, « et
magnifiant les bontés non pareilles du
Seigneur. »
Les deux amis furent exécutés
à Chartres, en 1553.
Pierre Serre, du Languedoc, avait
été prêtre. S'étant
converti à l'Évangile, il se
réfugia à Genève, pour y
professer librement sa foi
évangélique et, voulant gagner
honorablement son pain quotidien, il y apprit le
métier de cordonnier. Mais, comme tant
d'autres réfugiés, il ne sut pas
résister au désir de revoir la
France, au risque d'y trouver la mort. Il avait un
frère marié au pays de Couserans en
Guyenne, et il désirait vivement lui faire
partager sa foi et le décider à le
suivre à Genève. La femme de son
frère accueillit fort mal ses ouvertures et
en parla à une voisine, qui en parla
à d'autres. Arrêté par l'ordre
de l'Official du diocèse, il fut
livré entre les mains de l'inquisiteur de la
foi de Toulouse, qui le condamna, comme ancien
prêtre, à la dégradation
ecclésiastique et le livra au bras
séculier. Le juge des appels civils de la
sénéchaussée de Toulouse, qui
était aussi juge des cas
d'hérésie, le condamna à faire
amende honorable, à demander pardon à
Dieu, au roi et à la justice, puis à
avoir la langue coupée et à
être brûlé vif.
Serre en appela à la Cour du
Parlement de Toulouse, devant laquelle Il confessa
sa foi avec intrépidité. Il
déclara à ses juges qu'il en avait
appelé à leur
juridiction, non pour sauver sa vie, n'ayant aucun
espoir de ce côté-là.
« J'en appelle, » dit-il,
« de la sentence qui m'a condamné
à demander pardon au roi, lequel je n'ai pas
offensé, non plus que la justice. Quant
à Dieu, je suis tenu et tout prêt de
lui demander pardon. J'en appelle aussi de ce qui a
été dit que j'aurais la langue
coupée ; car, attendu que le Seigneur
me l'a donnée pour le louer il m'est avis
que l'on ne me doit ôter le moyen de le
pouvoir faire sur le dernier point de ma
vie. » La sentence du premier juge fut
confirmée par la Cour, sauf en ce qui
concernait l'amende honorable et l'ablation de la
langue, à condition, toutefois, qu'il
s'abstiendrait de parler contre la religion
romaine.
Comme on le menait au lieu du supplice, en
passant devant le collège de Saint-Martial,
le juge lui montra une image de la vierge Marie et
lui dit qu'il lui demandât pardon, Pierre
répondit qu'il n'en ferait rien, car il ne
l'avait pas offensée, que de plus ce
n'était pas là la vierge Marie, mais
une idole de pierre. Cela dit, le juge lui commanda
de bailler la langue, ce qu'il fit sans
délai, et endura paisiblement qu'elle
fût coupée. De là il fut
attaché au poteau pour être
brûlé vif. Il leva les yeux au ciel,
et les tint là fixés jusqu'à
la mort, tellement que, malgré l'ardeur et
véhémence du feu, il ne remua pas
plus que s'il eût été
insensible. »
Guillaume d'Alençon, natif de
Montauban, après avoir été
prêtre, était devenu l'un de ces
humbles ouvriers de la Réforme qui la
propageaient en colportant de lieu en lieu la
sainte Écriture. Arrêté
à Montpellier, il fut condamné
à mort. Le jour de son exécution, on
lui adjoignit un tondeur de draps, qui, pour
échapper au bûcher, avait consenti
à faire amende honorable. Dans le but de lui
inspirer une salutaire terreur, on l'obligea
à assister au supplice de Guillaume. Mais le
courage de celui-ci, qui chantait des psaumes en
allant à là mort, et les exhortations
qu'il lui adressa, firent rougir de sa faiblesse le
tondeur de draps, qui revint sur sa
rétractation et ne tarda pas à
être, à son tour, envoyé au
bûcher.
Quant à Guillaume d'Alençon,
heureux d'avoir été l'instrument du
salut d'un pauvre frère tombé,
« il s'élança, »
raconte un témoin oculaire, « sur
le bûcher et s'assit au milieu. »
Le bourreau lui lia les bras au corps et alluma le
bûcher après y avoir jeté les
livres apportés de Genève. Le martyr
restait paisible, les yeux tournés au ciel.
Au moment où le feu atteignit les livres, le
bourreau tira la corde qu'il avait passée
autour du cou du patient ; la tête
s'inclina sur la poitrine. Dès lors
d'Alençon ne fit plus un seul mouvement, et
son corps fut réduit en cendres
(9). »
RICHARD LE FÈVRE (10).
Richard Le Fèvre, natif de Rouen,
compagnon orfèvre, avait appris à
connaître le pur Évangile à
Londres, puis à Genève, où il
séjourna une dizaine d'années et fut
en rapport avec Calvin. Pendant un voyage qu'il fit
en France, il fut arrêté, mis en
jugement à Lyon et condamné à
mort, après avoir subi de longs
interrogatoires. Pendant sa captivité, il
écrivit à Calvin pour lui demander
conseil sur quelques points de doctrine, sur
lesquels on avait essayé de l'embarrasser.
La réponse de Calvin montre avec quelle
attention et quelle sympathie il suivait les
confesseurs de l'Évangile dans leurs
souffrances
(11).
« Quant est de répondre aux arguments, lui écrivit-il, vous faites bien de répondre en toute simplicité, parlant selon la mesure de votre foi, comme il est écrit : « J'ai cru, pourtant je parlerai. » Vrai est que toutes les subtilités qu'ils cuident avoir ne sont que sottises ridicules ; mais contentez-vous de ce que Dieu vous a départi de sa connaissance pour rendre pur témoignage et sans feintise à sa vérité. Car quelque risée qu'ils en fassent, ce leur sera comme une foudre à leur confusion, quand ils n'entendront que ce qui est fondé en Dieu et en sa parole. Au reste, vous savez qui est celui qui a promis de donner bouche et sagesse aux siens, à laquelle tous les siens ne pourront résister ; demandez-lui qu'il vous conduise selon qu'il connaîtra être bon. Ils ne laisseront pas pour cela de vous tenir convaincu d'hérésie, mais autant en a-t-il été fait à tous les apôtres et prophètes et à tous les martyrs. Le greffier n'écrira sinon ce qui lui viendra à plaisir, mais votre confession ne laissera pas d'être enregistrée devant Dieu et ses anges, et il la fera profiter aux siens selon qu'il est à désirer. »
Après avoir donné à Le Fèvre quelques éclaircissements sur la justification, l'intercession des saints et la transsubstantiation, Calvin ajoute :
« Si les ennemis de vérité combattent par ambition, de votre part montrez qu'il suffit, de donner gloire à Dieu contre leurs ruses et sophisteries. Contentez-vous d'avoir pour votre bouclier une simple confession de ce que Dieu a imprimé en votre coeur. Tant moins vous faut-il tourmenter s'ils usent de calomnies impudentes contre moi ou contre d'autres, puisqu'ils ont licence de médire sans raison ni propos. Portons patiemment tous les opprobres et vilenies qu'ils nous jetteront dessus, car nous ne sommes pas meilleurs que S. Paul qui disait qu'il nous faut cheminer par blâmes et par vitupères.
» ... Or cependant consolez-vous en notre bon Dieu, qui nous a fait la grâce de nous conjoindre totalement avec son Fils, et que tous les diables d'enfer et tous les iniques du monde ne nous en peuvent séparer. Réjouissez-vous en ce que vous soutenez sa querelle en bonne conscience, espérant qu'il vous donnera la force pour porter ce qu'il lui plaira que vous souffriez. Nous avons telle souvenance de vous en nos prières, comme nous devons, en suppliant ce bon Dieu, puisqu'il lui a plu vous employer à maintenir sa vérité, qu'il vous donne tout ce qui est nécessaire à un office tant honorable, qu'il vous fortifie en vraie persévérance, qu'il vous donne vraie prudence spirituelle pour ne chercher sinon l'avancement de son nom, sans avoir égard à vous, et qu'il se montre tellement votre protecteur, que vous le sentiez à votre consolation, et que les autres aussi l'aperçoivent pour être édifiés.
» Tous les frères de par-deçà vous saluent en notre Seigneur, se réjouissant qu'il a besogné si puissamment en vous, ayant aussi compassion fraternelle de votre captivité, et désirant qu'il plaise à ce bon Dieu déployer sa bonté et merci sur vous.
» Votre frère en notre Seigneur,» Jean CALVIN.
De Genève, ce dix-neuvième de janvier MDLI. »
Le Fèvre en appela, devant la Cour du
Parlement de Paris, de la sentence qui le
condamnait à mort. Pendant le trajet de Lyon
à Paris, il fut délivré,
pendant la navigation sur la Saône, par des
gens masqués et inconnus, qui, le menant
dans les bois, lui indiquèrent son chemin,
en le recommandant à la garde de Dieu
(12). Quelques-uns de ses
frères en la foi, supposant que cette fuite
avait été préparée
entre lui et ses sauveteurs, la
désapprouvèrent, trouvant que
« ce n'était pas le moyen par
lequel il faut défendre la parole de Dieu
(13). » Le Fèvre
prouva, par la suite, qu'il ne reculait pas devant
le martyre.
Arrêté de nouveau en 1554,
à Grenoble, il fut jeté dans les
basses fosses de la prison de Porte-Troine,
« où il demeura, »
dit-il, « environ douze jours avec deux
brigands qu'on dévalait le soir, et qui
lui faisaient grande
fâcherie par leurs méchants
propos. » Après avoir subi divers
interrogatoires devant le vi-bailly du
Grésivaudan, et maintenu fermement sa foi,
il fut transféré à Lyon,
où fut confirmée sa première
sentence. Pendant les derniers jours de sa vie, il
écrivit à Calvin une lettre
touchante, où il lui disait :
« Très-cher et parfait ami Monsieur Calvin, - La présente est pour vous faire savoir que j'espère aller faire la Pentecôte au royaume des cieux et aller aux noces du Fils de Dieu, si plus tôt je ne suis appelé de ce bon Seigneur et Maître, auquel je suis prêt d'obéir à sa voix (14)»
Richard Le Fèvre composa aussi dans sa prison, à la veille du supplice, deux admirables prières, qui sont parmi les plus beaux monuments de la foi et de la piété de nos martyrs. Nous en avons déjà cité un fragment (15). Voici la fin de la seconde :
« Pour le moins, ô mon Dieu, si je suis mis à mort sortant de cette prison, je ne serai exécuté comme meurtrier ou brigand ; mais pour la même querelle pour laquelle sont morts tant de martyrs de ton Fils Jésus-Christ. Que si j'ai commis quelque grand maléfice, par lequel j'avais bien mérité la mort (comme le moindre péché du monde est digne de mort), tu l'as caché et couvert, afin que ma mort fût réservée à sceller par mon sang la doctrine de l'Évangile. Que vaut de tant languir ? Aussi bien faudrait-il mourir une fois. Le tourment n'est pas si long ni si grand, d'être dépêché en une heure, que de languir trois mois en un lit. Ne vaut-il pas mieux mourir allègrement pour mon Seigneur Jésus-Christ ? O Dieu éternel, que tu me fais un grand honneur, de ce qu'il te plaît me faire boire à la coupe de ton Fils bien-aimé Jésus-Christ, et de me préparer le même breuvage que lui-même a bu. Je n'ai donc plus que faire de la lumière du monde, puisque tu m'appelles, ô mon Dieu, pour me donner la lumière éternelle, à laquelle veuille-moi maintenant conduire par ton Fils Jésus, qui, en l'unité du Saint-Esprit, vit et règne avec toi éternellement. »
Les détails manquent sur la fin de Richard Le Fèvre. Nous savons seulement qu'il subit le supplice du bûcher, après avoir eu la langue coupée, le 7 juillet 1554.
Quelques mois après, en cette même
année 1554, un prêtre, devenu
colporteur et évangéliste, Denis
Le Vair, fut arrêté dans un
village de la côte normande. Il revenait de
l'île de Guernesey, chassé par la
réaction catholique qui avait suivi
l'avènement de la reine Marie. Mais il
n'échappait à la tyrannie des Tudors
que pour tomber sous celle des Valois.
Dénoncé par la charge de livres
saints qui l'accompagnait, il fut mené, de
prison en prison, jusqu'à Rouen, où
il fut condamné à
« être brûlé vif et
surhaussé par trois fois sur le
feu. » On voulait le soumettre à
la question extraordinaire, pour lui faire
dénoncer ceux qui partageaient sa foi. Il
répondit à ses juges « que
tous les chrétiens amateurs du Saint
Évangile étaient de son parti, dont
était la plus saine partie du royaume de
France, sans excepter le Parlement de
Rouen. » Il déclara d'ailleurs
« que ni torture ni tourments ne lui
feraient dire autre chose ni être cause de
mettre quelqu'un en fâcherie ; et que,
s'il advenait qu'il mourût à la
torture, Il ne mourrait pas au feu. »
Devant cette fermeté, on jugea
inutile de lui appliquer la question, et on le
conduisit au supplice. Le long du chemin, il
exhorta le peuple à suivre la Parole de
Dieu. L'un des officiers commanda au bourreau de
lui couper la langue, ce qui fut fait. Le moine qui
l'accompagnait voulut mettre une petite croix de
bois entre ses mains étroitement
liées, mais il se refusa à la prendre
et lui tourna le dos ; sur quoi, le moine cria
au peuple : « Voyez, mes amis, voyez
le méchant qui refuse la
croix ! » On l'amena devant
l'église de Notre-Dame pour faire amende
honorable ; mais, dit Crespin, « le
patient montrait et des mains et des yeux, et par
tous signes à lui possibles, qu'il fallait
adorer un seul Dieu, détournant sa face de
leurs idoles. » On devait le plonger
trois fois dans le feu, mais l'ardeur des flammes
ne permit pas au bourreau d'exécuter cette
clause de la sentence, et le feu, « plus
humain que les bourreaux, » pour parler comme
Bèze
(17), -
abrégea les souffrances du martyr.
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