COMME CHRIST
PREMIER JOUR
COMME CHRIST
Parce que nous demeurons en lui.
« Celui qui dit qu'il
demeure en lui, doit aussi marcher comme il a
marché
lui-même. »
1 Jean 2 : 6.
Demeurer en Christ et marcher comme
Christ : voilà les deux
grâces qui nous sont
présentées ici dans leur intime
union. Le fruit d'une vie en Christ est une vie
semblable à celle de Christ.
La première de ces deux paroles :
demeurer en Christ, ne nous est pas
nouvelle. L'admirable parabole du cep et des
sarments accompagnée de ce
commandement : « Demeurez en moi,
et moi je demeurerai en vous »
(Jean 15 : 4), nous a souvent
été une source d'instruction, et de
force ; et quoique nous n'ayons que bien
imparfaitement appris à demeurer en Christ,
nous avons pourtant goûté
déjà quelque chose de la joie
donnée à toute âme qui peut
dire : Seigneur, tu sais toutes choses, tu
sais que je demeure en toi ! Et Jésus
aussi sait combien de fois s'adresse encore
à lui cette prière : Seigneur,
donne-moi de demeurer en toi complètement et
sans interruption !
Cette autre parole : marcher comme Christ
n'a pas moins d'importance que la
première. Elle nous est une promesse de la
puissance merveilleuse que doit produire en nous le
fait de demeurer en Christ. C'est là le
fruit de notre entier abandon au Seigneur. Sa vie
opère alors si puissamment en nous, que
notre marcher c'est-à-dire
l'expression extérieure de notre vie
intérieur en devient semblable à la
sienne. L'une et l'autre de ces
vérités sont inséparablement
liées. Toujours il faut commencer par
demeurer en Christ pour pouvoir marcher comme lui,
quoique marcher comme Lui soit le but qui nous
engage à demeurer en lui et qui nous en fait
pleinement sentir le besoin ; alors seulement
le Seigneur a toute liberté de nous accorder
la plénitude de sa grâce, parce qu'il
voit que l'âme est préparée
à en user selon sa destination. Plus d'un
croyant découvrira là pourquoi il n'a
pas réussi à demeurer en
Christ ; il comprendra que c'est parce que son
but n'était pas de marcher comme Christ. Les
paroles de Jean nous engagent à
considérer ces deux vérités
dans leur rapport vital et leur dépendance
l'une de l'autre.
La première chose qu'elles nous enseignent
est que celui qui cherche à demeurer en
Christ doit nécessairement marcher comme
Christ a marché lui-même. Chacun sait
que le sarment porte un fruit de
l’espèce du cep auquel il appartient.
La vie du cep et celle du sarment sont si bien une
même vie, que le produit de cette vie ne peut
en différer. Quand le Seigneur Jésus
nous a rachetés par son sang et qu'il nous a
présentés au Père
revêtus de sa justice, il ne nous a pas
laissés à notre ancienne nature pour
servir Dieu de notre mieux. Non, en lui
réside la vie éternelle, la vie
sainte et divine du ciel, et tous ceux qui
demeurent en lui, reçoivent de lui cette
même vie éternelle avec toute sa
puissance sainte et divine. De là, rien de
plus naturel que d'attendre de tout homme qui
demeure en Christ et reçoit sa vie, qui
marche aussi comme Christ a marché
lui-même. Cette vie de Dieu dans notre
âme n'agit pourtant pas comme une force
aveugle qui nous ferait marcher comme Christ
involontairement et à notre insu. Nous ne
pouvons au contraire marcher avec Christ qu'en
vertu de notre libre choix, qu’après
l’avoir voulu, désiré et
cherché. C'est pour cela que notre
Père céleste nous a montré par
la vie terrestre de Jésus ce que peut
être ici-bas la vie du ciel quand elle est
soumise aux conditions et aux circonstances
terrestres de nôtre vie humaine. C'est pour
cela aussi que notre Seigneur Jésus, en nous
communiquant sa vie et en nous invitant à
demeurer en lui, nous donne pour modèle sa
propre vie sur la terre, et nous rappelle que c'est
pour nous faire marcher comme lui qu'il nous
communique cette vie nouvelle. « Comme
moi, de même vous aussi ». Dans
cette parole du Maître se résume toute
sa vie terrestre ; elle en fait tout
naturellement notre règle de conduite. Si
nous demeurons en Jésus, nous ne pourrons
pas agir autrement que Lui. « Comme
Christ » nous donne donc en deux mots la
règle de la vie du chrétien. Il doit
penser, parler et agir comme Jésus l’a
fait. Ce que Jésus a été, il
doit l'être aussi.
La seconde leçon à retirer des deux
vérités qui font le sujet de notre
étude, complète la
première : Celui qui désire
marcher comme Christ, doit demeurer en
lui.
Il importe de bien comprendre ceci pour pouvoir
suivre l’exemple de Christ. Quelques croyants
font de sérieux efforts pour y parvenir,
mais ils ne comprennent pas qu’il est
impossible de ressembler à Christ sans
demeurer en Lu ; ils échouent donc dans
leurs tentatives parce qu'ils cherchent à
obéir sans en avoir la force,
c'est-à-dire sans posséder la vie en
Christ. Chez d'autres on trouve l'erreur
opposée : connaissant leur propre
faiblesse, ils déclarent qu’il est
impossible de marcher comme Christ. Soit les uns,
soit les autres doivent apprendre que pour marcher
comme Christ, il faut demeurer en Lui et que celui
qui demeure en Lui a le pouvoir de marcher comme
Lui, non de lui-même, non par ses propres
efforts, mais en Jésus dont
« la force s'accomplit dans la
faiblesse ».
(2 Cor. 12: 9) - C'est
précisément quand je sens le mieux
mon incapacité absolue et que j'accepte
entièrement Jésus et sa vie, que sa
puissance opère en moi et qu'alors je puis
être dans ma vie bien au delà de ce
que je serais par mes propres forces. Je vois alors
que demeurer en Christ n'est pas seulement une
grâce de courte durée ou qui ne me
serait accordée que de temps en temps, mais
que j'ai là une source abondante de vie,
d'où je puis continuellement et sans
interruption, tirer toute ma vie chrétienne.
J'ose donc prendre réellement Christ pour
mon modèle en toutes choses, puisque j'ai la
certitude que cette communion de vie avec lui
amènera toute ma conduite à
ressembler à la sienne.
Cher lecteur ! Si Dieu nous fait la
grâce, dans le cours de ces
méditations, de bien saisir le sens de ce
qu'il nous dit par ce texte, de bien comprendre ce
qu'est une vie vraiment conforme à celle de
Christ, nous nous trouverons plus d'une fois en
présence de cimes et de profondeurs qui nous
obligeront à nous écrier :
comment ces choses peuvent-elles se faire ?
Quand le Saint-Esprit nous aura
révélé la céleste
perfection de l'humanité de notre Seigneur,
comme « étant l'image du Dieu
invisible »
(Col. 1:15) et qu'il nous aura dit
« Comme » oui
« Comme lui-même a
marché, vous devez aussi
«marcher », nous sentirons
aussitôt à quelle distance nous sommes
de lui. Nous serons même sur le point de
désespérer et de nous écrier
avec tant d'autres : Inutile d'essayer !
Jamais je ne pourrai marcher comme
Jésus ! Mais alors voici ce qui sera
notre force : « Celui qui demeure en
lui doit et peut marcher comme il a marché
lui-même ». La parole du
Maître prenant un sens nouveau,
« Celui qui demeure en moi et en qui
je demeure porte beaucoup de
fruits ». (Jean 15 : 5), nous
sera la promesse d'une force suffisante.
Demeurez donc en lui, frère ! Tout
croyant est en Christ, mais chacun ne demeure pas
en lui, ne s abandonne pas à lui
volontairement, joyeusement, entièrement et
avec pleine confiance. Vous savez ce que signifie
« demeurer en Christ ». C'est
consentir de toute notre âme à ce que
Jésus soit notre vie, c’est compter sur
Lui pour nous inspirer tout ce qui compose notre
vie. C'est lui remettre absolument toutes choses
pour que lui-même dirige et fasse toutes
choses en nous. C’est le repos qui
résulte de la pleine assurance qu'à
chaque instant, il opère en nous tout ce que
nous devons être, et qu'ainsi lui-même
nous fait persévérer dans cet entier
renoncement qui lui laisse la liberté
d’accomplir en nous sa volonté. Que
tous ceux donc qui veulent marcher avec Christ,
reprennent courage à la pensée de ce
qu'il est pour eux et de ce qu’Il fera en eux
s’ils se confient en Lui. C'est lui qui est
« le vrai Cep ».
Aucun cep ne fit jamais pour ses sarments tout ce
que Jésus veut faire pour nous. Nous n'avons
pour cela qu'à consentir à être
des sarments. Honorez-le donc de votre joyeuse
confiance, considérez-le avec adoration
comme « le vrai Cep » qui vous
soutient par sa force toute-puissante et qui vous
nourrit de sa plénitude infinie. Dès
que votre foi regardera ainsi à Lui, plus de
soupirs, plus de chutes, mais l'accent de là
louange, mais l'action de grâces de la foi.
Grâces à Dieu, celui qui demeure en
lui, marche réellement comme il a
marché lui-même. Grâces à
Dieu, je demeure en lui, je marche donc comme il a
marché ! Oui, grâces à
Dieu, dans la vie du racheté ces deux choses
sont inséparables : demeurer en Christ
et marcher comme Christ.
Tu sais, ô mon Sauveur, que souvent je t'ai
dit : Je demeure en toi ! Et pourtant
souvent encore je manque de la joie et de la force
qui se trouvent en toi. Ta parole me rappelle
aujourd'hui quelle en est la raison. Je cherchais
à demeurer en toi pour ma propre jouissance,
plutôt que pour ta gloire. Je n'avais pas
encore bien saisi que le but de mon union avec toi
devait être ma parfaite conformité
avec toi, et que celui-là seulement, qui se
consacre à obéir au Père et
à le servir aussi complètement que tu
l'as fait, peut recevoir pleinement tout ce que
l'amour divin veut faire pour lui. J'en entrevois
quelque chose à présent. La
volonté de renoncer à moi-même
pour vivre et pour travailler comme toi, doit
précéder l'expérience de la
puissance merveilleuse de ta vie en moi. Seigneur,
je te rends grâces de me l'avoir fait
découvrir. De tout mon coeur je voudrais
répondre à ton appel et marcher en
toutes choses comme tu as marché. Que
l'unique désir de mon coeur soit de te
suivre en tout ce que tu as été, en
tout ce que tu as fait sur la terre.
Seigneur ! celui qui veut sincèrement
marcher comme tu as marché, recevra la
grâce de demeurer en toi. O mon Dieu, me
voici pour marcher comme Christ ! C'est
pour cela que je me consacre à toi, que je
veux demeurer en Christ ! Et pour le
pouvoir, je me confie en toi avec la pleine
assurance de la foi. Daigne perfectionner en moi
ton oeuvre !
Chaque fois que je méditerai sur le sens de
ces mots : « marcher comme
Christ », veuille ton Saint-Esprit me
faire comprendre qu'aussitôt que je demeure
en Christ, je possède par là
même la force de marcher comme Christ.
Amen.
DEUXIÈME JOUR
COMME CHRIST
Lui-même nous y appelle.
« Je vous ai donné
un exemple, afin que vous fassiez comme je vous ai
fait. »
Jean 13 : 15.
C'est Jésus-Christ, le Rédempteur
de notre âme, qui parle ainsi. Il venait de
s'abaisser à faire le service d'un esclave,
il venait de laver les pieds de ses disciples. Par
là, dans sa charité, il avait rendu
au corps le service voulu pour que chacun d'eux
pût prendre place à la table du
souper. Par là il avait aussi
symbolisé son oeuvre de purification pour
l'âme. Par là, il avait
résumé, à la veille de les
quitter, toute l'oeuvre de sa vie, tout ce qu'avait
été son ministère et pour le
corps et pour l'âme. Puis en se remettant
à table il leur dit : « Je
vous ai donné un exemple, afin que vous
fassiez comme je vous ai fait ». Tout
ce qu'ils lui ont vu faire, tout ce qu'ils ont
reçu de lui, devient ainsi la règle
de leur vie : comme je vous ai fait,
faites-le, vous aussi.
Cette parole de notre adorable Sauveur s'adresse
à nous. À chacun de ceux qui se
savent lavés par Jésus, s'adresse ce
même commandement, d'autant plus impressif et
plus touchant qu'il est une des dernières
paroles de celui qui allait mourir pour nous.
Faites comme je vous ai fait.
Jésus-Christ demande réellement
à chacun de nous de l'imiter. Ce qu'il a
fait pour nous, ce qu'il fait encore chaque jour
pour nous, nous devons le faire aux autres. Son
amour plein de support, de pardon et du
désir de sauver les hommes est notre
modèle, et chacun de nous doit être la
fidèle image du Maître.
Aussitôt nous éprouvons ce
regret : Hélas ! que j'ai peu
vécu ainsi ! Que j'ai même peu
compris que je devais vivre ainsi ! Et
pourtant Jésus est mon Seigneur et mon Dieu,
il m'aime et je l'aime. Je ne puis donc admettre la
pensée de vivre autrement qu'il ne l'attend
de moi. Que puis-je faire, sinon ouvrir mon coeur
à sa parole, et regarder à lui comme
à mon modèle, jusqu'à ce que
sa puissance divine m'amène à
m'écrier : Seigneur, je veux, moi
aussi, faire ce que tu as fait !
La puissance de l'exemple dépend soit de
l'attrait même de cet exemple, soit de
l'influence individuelle de celui qui donne
l'exemple. De quelle puissance est ici l'exemple de
notre Seigneur ! Et pourtant y a-t-il vraiment
un si grand attrait dans l'exemple de notre
Seigneur ? Je le demande sérieusement,
parce « qu'à en juger par la
conduite d'un grand nombre de ses disciples, on
pourrait croire que non. Oh ! veuille le
Saint-Esprit nous ouvrir les yeux et nous faire
voir toute la céleste beauté du Fils
de Dieu !
Nous savons qui est le Seigneur Jésus. Il
est le Fils du Dieu de gloire, il est un avec le
Père, soit par sa nature même, soit
par sa gloire et sa perfection. Quand il
était sur la terre, on pouvait dire de
lui : « Nous vous
annonçons la vie éternelle qui
était avec le Père et qui s'est
manifestée à nous ».
(1 Jean 1:2). En lui, nous voyons
Dieu. En lui, nous voyons comment Dieu agirait
à notre place sur la terre. En lui, tout ce
qui est beau, aimable et parfait dans le monde
céleste nous est révélé
dans l'exemple d'une vie terrestre. Si nous voulons
savoir ce qui est noble et glorieux dans le ciel,
si nous voulons voir ce qui est réellement
divin, nous n'avons qu'à contempler
Jésus, car dans tout ce qu'il fait se
révèle la gloire de Dieu.
Mais quel aveuglement chez les enfants de
Dieu ! Pour plusieurs d'entre eux, cette
beauté céleste n'a aucun
attrait : « Il n'y a rien en lui
à le voir qui le leur fasse
désirer ».
(Esa. 53 : 2).
L'influence d'un roi de la terre et de sa cour se
fait sentir dans tout son royaume. Tous ceux qui
appartiennent à la noblesse et aux classes
élevées s'empressent d'imiter
l'exemple donné en si haut lieu, mais pour
l'exemple du roi des cieux qui est venu habiter un
corps de chair et nous enseigner à vivre
ici-bas d'une vie divine, hélas, qu'il
trouve peu d'imitateurs ! Quand nous
considérons Jésus, son
obéissance à la volonté du
Père, son abaissement jusqu'à se
faire le serviteur de tous, son amour allant
jusqu'au plus entier dévouement, jusqu'au,
sacrifice de lui-même, nous voyons là
ce que le ciel a de plus merveilleux, de plus
glorieux à nous montrer. Dans le ciel
même nous ne verrons rien de plus grand, de
plus resplendissant. Un exemple aussi attrayant ne
devrait-il pas nous engager à le
suivre ? N'y a-t-il pas là de quoi
émouvoir à sainte jalousie tout ce
qui a vie en nous, et nous faire accueillir avec
joie cette parole de Jésus :
« Je vous ai donné un exemple,
afin que vous fassiez comme je vous ai
fait ! »
Ce n'est pas tout. La force de l'exemple ne
dépend pas seulement de son excellence
intrinsèque, mais aussi des rapports
personnels qui s'établissent entre celui qui
le donne et celui qui le reçoit.
Jésus n'avait pas lavé les pieds
à d'autres devant ses disciples. C'est
après leur avoir lavé les pieds
à eux-mêmes qu'il dit :
« Comme je vous ai fait, vous devez
aussi faire de même ». C'est
donc la certitude d'être en relation directe
avec Christ qui m'impose l'obligation de faire ce
qu'il a fait. C'est l'expérience de ce que
Jésus a fait pour moi qui me donne la force
de faire de même aux autres. Jésus ne
me demande pas de faire plus qu'il n'a fait pour
moi, mais je ne dois pas faire moins non
plus : « Comme je vous ai
fait ». Il ne me demande pas de
m'abaisser plus bas que lui comme serviteur, et
pourtant il n'eût pas été
étrange qu'il le demandât d'un pauvre
ver comme moi ; mais non, il veut seulement
que je sois et que je fasse
précisément ce que lui, le roi, a
été et a fait. Il s'est
abaissé aussi bas que possible pour m'aimer
et me bénir, et il a trouvé là
son plus grand honneur, son plus grand bonheur.
Maintenant il m'invite à prendre part
à ce même honneur, à ce
même bonheur, en aimant et en servant comme
lui. En vérité, si je comprends bien
de quel amour il m'enveloppe, et par quelle
humiliation cet amour a dû passer pour
m'atteindre, si je comprends quelle est la
puissance de purification qui m'a lavé, rien
ne saurait m'empêcher de
m'écrier : Oui, mon Sauveur ! Ce
que tu as fait pour moi, je veux le faire
aussi ! La céleste beauté de
l'exemple donné, la divine beauté de
celui qui donne l'exemple se réunissent ici
pour donner à cet exemple un attrait
irrésistible.
N'oublions pas qu'il ne s'agit pas seulement ici du
souvenir de ce que Jésus a fait une fois
pour nous, mais que c'est l'expérience de ce
qu'il est à présent même pour
nous qui nous donnera la force d'agir comme lui. Ce
n'est qu'en réalisant moi-même par le
secours du Saint-Esprit ce que Jésus fait
pour moi, et comment il le fait, et que c'est bien
lui qui le fait, qu'il me devient possible de faire
pour les ; autres ce qu'il fait pour moi.
« Que vous fassiez comme je vous ai
fait ». Quelle précieuse
parole ! Quelle glorieuse perspective !
Jésus veut manifester en moi le divin
pouvoir de son amour pour que je puisse à
mon tour le manifester à d'autres. Il me
bénit pour que je puisse être en
bénédiction à d'autres. Il
m'aime pour que je puisse aimer les autres. Il se
fait mon serviteur pour que je devienne le
serviteur des autres. Il me sauve et me sanctifie,
pour que je puisse en amener d'autres à
être également sauvés et
sanctifiés. Il se donne entièrement
pour moi et à moi, pour que je puisse me
donner entièrement aussi pour d'autres et
à d'autres. Je n'ai qu'à faire pour
les autres ce qu'il fait pour moi, rien de plus, et
c'est précisément parce qu'il le fait
en moi que je puis le faire aussi. Ce que je fais
n'est donc pas autre chose que le reflet, que la
manifestation de ce que je reçois de
lui.
Quelle grâce d'être appelé
à suivre le Seigneur dans ce qui constitue
sa plus grande gloire ! Quelle grâce que
celle qui, en nous appelant à faire ces
choses, nous donne en même temps le
nécessaire pour les accomplir, puisque c'est
Jésus qui opère avant tout en nous ce
que nous devons être à notre tour pour
les autres ! De tout notre coeur ne
répondrons-nous pas à son appel par
un joyeux : Oui, Seigneur, ce que tu as fait
pour moi, je veux aussi le faire pour d'autres.
Dieu de grâce, que puis-je faire sinon te
louer et t'adorer ? Mon coeur ne peut suffire
à saisir l'offre merveilleuse que tu me fais
de me révéler tout ton amour, toute
ta puissance, si je veux consentir à les
faire passer de moi à d'autres. J'en suis
écrasé, et si c'est avec crainte et
tremblement, c'est pourtant aussi avec gratitude et
adoration, avec joie et confiance que je voudrais
accepter ton offre et te dire : Me voici.
Montre-moi combien tu m'aimes et je le montrerai
aux autres en les aimant de même.
Mais pour que je le puisse, ô mon Dieu,
accorde-moi par ton Saint-Esprit une plus ample
connaissance de ton amour pour moi. Oui, que je
puisse savoir combien tu m'aimes, savoir que tu
prends plaisir à m'aimer et à faire
en moi tout ce que je devrais faire. Accorde-le
moi, Seigneur. Je saurai alors comment aimer les
autres, et vivre pour les autres, ainsi que tu le
fais pour moi.
Accorde-moi encore, chaque fois que je me sens si
peu d'amour pour mes semblables, de bien comprendre
que ce n'est pas par le faible amour de mon
misérable coeur que je puis accomplir ton
commandement d'aimer comme toi, mais uniquement par
ton amour venant en moi. Ne suis-je pas ton
sarment, ô mon divin Cep ? C'est donc la
plénitude de ta vie et de ton amour qui doit
se répandre en amour et en
bénédiction sur ceux qui m'entourent.
C'est ton Esprit qui me révèle ce que
tu es pour moi, et qui me donne la force
d'être pour les autres ce que je dois,
être en ton nom. Voilà ce qui me
permet de dire : Amen, Seigneur, ce que tu
fais pour moi, je le ferai aussi. Oui, amen.
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