Maintenant , mes Frères, je vous recommande à Dieu et à la parole de sa grâce. Act. XX, 32.
C'est un grand Apôtre ,
c'est Saint Paul qui, près de laisser en
d'autres mains le soin d'un troupeau chéri ,
prononça ces paroles. Elles font partie de
ce beau discours dans lequel il rappelle aux
Pasteurs d'Éphèse, comme jadis
Moïse, Josué, Samuel aux enfans de
Jacob , le cours de ses travaux au milieu d'eux. Vous
savez, leur
disait-il
(Act.
XX,
18-31), vous
savez
de quelle manière je me suis conduit
pendant tout le tempsque
j'ai été avec vous,
servant le Seigneur en toute humilité et
avec beaucoup de larmes parmi les épreuves
que j'ai eu à soutenir. Je ne vous ai rien
caché de ce qui pouvait vous être
utile; je n'ai point négligé de vous
l'annoncer et de vous en instruire en public et en
particulier. C'est pourquoi je vous déclare
aujourd'hui que je suis net du sang de vous tous ,
parce que je n'ai point évité de vous
annoncer tout le dessein de
Dieu.......
Prenez-donc
garde
à vous-mêmes....... et veillez , vous
souvenant que je n'ai point cessé nuit et
jour d'exhorter avec larmes chacun de
vous.
Qu'il est noble et touchant, mes chers
Frères, ce tableau du ministère d'un
illustre serviteur de Dieu ! Heureux , mille fois
heureux le Pasteur qui pourrait trouver dans sa
conduite le droit de s'en appliquer quelques traits
! Hélas ! que nous sommes loin d'un pareil
modèle! Et combien, dans cette
vocation dont l'amour fait la
vie, ceux même qui ont le plus aimé
doivent s'humilier et rougir, en fixant leurs
regards sur ces premiers Pasteurs !
Il est du moins un passage du discours de Saint
Paul qui ne sera point messéant (malséant)
dans notre bouche malgré notre
indignité. Nous oserons emprunter les voeux
qu'il forme pour l'Eglise, objet particulier de ses
soins.
Oui, Chrétiens, en quittant ce
ministère, accompagné d'une
responsabilité terrible, et qui nous appela
plus d'une fois à vous faire entendre des
vérités sévères , nous
aurons la douceur à cette heure de vous
adresser uniquement le langage de la tendresse et
les souhaits de l'affection. Écoutez-les
avec le sentiment qui les inspire, et Dieu veuille
les accomplir !
Maintenant,
mes
Frères, je vous recommande à
Dieu. Ah! qu'il
est
naturel, qu'il est doux ; comme il soulage le
coeur, ce mouvement par lequel
nous recommandons au Tout-Puissant ceux qui nous
sont chers, et les plaçons sous sa
garde!
Dans tous les temps, sans doute, un Pasteur doit
s'élever à lui, implorer son secours
en faveur des brebis qu'il dirige: il ne doit
n'en attendre que de lui seul. Mais lorsque,
forcé par l'âge et les
infirmités, il dépose, après
l'avoir gardée long-temps, cette houlette
pastorale, prise avec tant de joie, portée
avec tant de sollicitude, oh, comme alors son coeur
s'agite au-dedans de lui ! Avec quelle inexprimable
émotion il s'adresse pour eux au Souverain
Arbitre des événemens! Comme il
voudrait, par l'ardeur de ses voeux et
l'énergie de ses désirs,
suppléer à tout ce qu'il ne leur dira
plus, à ce qu'il ne fera plus pour eux, et
mettre toute son âme dans ses derniers
discours! Avec quel sentiment il
répète ces paroles:
<Mes
Frères,
je vous recommande à Dieu !
Oui, mes chers Frères, nous
vous recommandons à Dieu.
Je parle non-seulement en mon nom , mais au nom du
Pasteur que vous venez de perdre (1)
, et qui me
cède aujourd'hui la douceur d'exprimer nos
sentimens communs, de porter la parole à sa
place, et de vous bénir pour tous
deux. Nous vous recommandons à Dieu de
toutes les puissances de notre âme : nous
implorons sur vous toutes ses
bénédictions. Veuille ce Dieu tout
bon conserver votre santé, vos forces ,
protéger vos familles, bénir vos
travaux, fertiliser vos champs, vous envoyer les
rosées bienfaisantes et les saisons
propices! Veuille ce Dieu tout bon vous conserver
ces Magistrats zélés, ces notables
bienfaisans auxquels vous devez, comme moi, tant de
reconnaissance, qui secondent puissamment, et
soutiennent vos Pasteurs par leur exemple
etleur affection ! Puisse-t-il
ramener dans nos campagnes cette
prospérité qui nous a fuis, et dont
l'avenir qui s'ouvre à nos regards, semble
nous permettre d'espérer le retour!... J'ai
besoin de m'arrêter à cette douce
pensée.
Quel heureux contraste, mes Frères, entre
les temps qui se préparent et ceux qui les
ont précédés! Hélas !
durant les trente-trois ans que nous venons de
passer ensemble, nous avons eu peu de jours
sereins.
Dès les commencemens, nous vîmes la
discorde civile allumer ses torches, et lancer
jusqu'à nous ses feux. Puis vint cette
aisance passagère et perfide qui n'a fait
qu'amollir nos âmes , effacer les
précieux restes des anciennes moeurs, et
s'est ensuite évanouie comme un songe
brillant qui rend le réveil plus amer.
Tourmentés bientôt par les agitations
d'un grand peuple, trop voisin pour ne pas nous
faire ressentir la contagion de ses maux et
l'ébranlement de ses convulsions terribles,
nous nous sommes vus confondus
avec lui, précipités avec lui dans
l'abîme. Nous avons vécu pendant seize
ans sous un joug oppresseur et sinistre, qui, plus
pesant chaque année, ne nous a plus
laissé goûter d'autre douceur que
celle que nous donnait votre affection, et ne nous
permettait d'autre consolation terrestre que la
triste consolation de souffrir avec vous.
Enfin, nous avons vu l'Europe indignée se
lever tout entière, et des torrens de
guerriers traverser notre paisible territoire,
ému d'un spectacle si nouveau. Nous avons
dû concourir à l'oeuvre commune, et
c'est au prix de mille dangers qui
menaçaient notre frêle nacelle, c'est
au prix d'un périlleux dévouement que
Genève a retrouvé l'honneur et
regagné l'estime des nations.
Maintenant, Chrétiens, de cette crise
redoutable le Seigneur a fait sortir l'ordre et la
paix. Tout se ranime; tout renaît. Au lieu de
ce Gouvernement qui se nourissait de votre
substance, de votre sang, vous
voyez au-dessus de vous un Gouvernement paternel
qui désire votre bonheur , protège
vos propriétés, favorise vos travaux
; et si le malheur a produit chez vous la sagesse,
si vous savez enfin renoncer aux dépenses
ruineuses de la vanité, revenir enfin
à cette simplicité si
nécessaire et si bienséante à
l'homme des champs, vous pouvez espérer une
grande amélioration dans votre sort : on
verra de nouveau, grand Dieu, veuille accomplir ce
présage ! on verra de nouveau la
sécurité, l'aisance, habiter vos
humbles demeures.
Mais quoi! bornerions-nous là nos voeux? ne
nous occuperions-nous ici dans ce temple, sous les
yeux de l'Eternel, ne nous occuperions-nous que du
bien-être présent, d'une
prospérité qui finit?
Et comment ne recommanderions- nous pas surtout au
Seigneur vos âmes immortelles ! ces
âmes objet de tant de sollicitudes, de tant d
inquiétudes vives et
pressantes ! ces âmes qui, durant tant
d'années, s'offraient à nous
tantôt comme un dépôt redoutable
dont nous frémissions d'être
chargés, tantôt comme notre couronne,
notre gloire, le prix de nos efforts !
Ah ! sans doute , mes chers Frères , nous
les
recommandons à
Dieu ces âmes qui nous sont si chères
: nous les recommandons à l'efficace de sa
parole,à la
parole de sa grâce.
La parole de Dieu , l'Évangile, qui vous est
prêché dans ce temple , voilà
le don le plus précieux que le Ciel
pût faire au monde. C'est le remède
à tous les maux, la ressource de toutes les
misères , la véritable source des
plaisirs les plus purs, le secret du bonheur pour
la vie présente et pour la vie future. C'est
l'Évangile qui purifie, éclaire,
console, sanctifie. C'est l'Évangile qui
nous apprend tout ce que nous avons besoin de
savoir, et que par nous-mêmes nous n'aurions
jamais pu connaître. C'est
l'Evangile qui, nous découvrant l'ensemble
de nos destinées , nous montrant
au-delà du tombeau cette existence sans fin
qui seule en mérite le nom , nous enseigne
à travailler
pour l'aliment qui dure jusque dans la vie
éternelle
(Jean
VI,
27).
C'est l'Évangile qui, nous donnant deux
grands commandemens auxquels toute la loi se
rapporte, et nous promettant cet esprit de vie qui
nous rend capables de les observer, nourrit notre
coeur des sentimens les plus délicieux , et
nous assure une paix , une félicité
indépendante des événemens de
la terre. C'est l'Evangile enfin qui nous annonce
un Rédempteur mort pour nos offenses et
ressuscité pour notre justification. Rom.
IV, 25 C'est l'Évangile qui charme nos
peines par la pensée que Jésus a
souffert, et que, si
nous souffrons avec lui, nous régnerons avec
lui (2
Tim. II, 12).
C'est l'Evangile qui calme
notre âme à l'heure
de la mort, nous fait ouïr alors cette voix
consolante : Votre
foi
vous a sauvés : allez en paix ; vos
péchés vous sont
pardonnés
(Luc,
VII
, 48), et
nous présente notre
Sauveur adorable rayonnant de gloire dans les
demeures célestes où il nous attend,
nous appelle, où il est allé nous
préparer
une place
(Jean,
XIV,
2).
Il est dans vos maisons cet Évangile, mes
Frères; vous avez désiré
posséder cette parole de grâce :
à ceux qui en étaient
dépourvus, on a distribué cette manne
qui nourrit les âmes. Puissiez- vous
éprouver enfin son efficace salutaire !
Puissiez-vous apprendre à puiser dans ce
trésor qui ne tarit jamais, et paraît
s'enrichir à mesure qu'on y puise!
Ici je sens encore un heureux espoir
s'élever dans mon âme. Naguère
toutes les circonstances extérieures vous
éloignaient de la piété;
maintenant tout vous y ramène.
Éclairés par les leçons de
l'infortune, à peine tirés du gouffre
où le démon de
l'incrédulité conduit ses victimes ,
frappés des grandes choses que
l'Éternel a faites , les peuples sont
revenus à sa loi, les chefs des nations se
sont prosternés devant son Oint. Il semble
que les anciens prodiges se renouvellent.
Jésus ouvre les coeurs à sa parole
comme dans les premiers jours de l'Eglise. Nos
Livres Saints sont répandus partout ;
partout ils sont reçus avec l'émotion
de la piété; ils
pénètrent jusque dans les climats les
plus sauvages, jusque chez les nations les plus
ennemies du Rédempteur. Les sectateurs de
Mahomet, et les Juifs eux-mêmes veulent
connaître l'Évangile.
Un mouvement secret, une impulsion qui vient
d'en-haut se fait sentir en tous lieux. Dieu semble
préparer ces temps où tous les
habitans de la terre fléchiront
le genou devant son
Christ (Philip.
II,
10). Partout
l'arbre de la foi reverdit
et porte des fruits de vie. Partout les principes
religieux se raniment.
Et vous, mes Frères, dams l'âme
desquels ils ne furent jamais éteints,
resteriez-vous en arrière? ne sentiriez-vous
pas ce beau feu? votre coeur ne
s'échaufferait - il pas, ne s'attacherait-il
pas enfin pour toujours au Dieu qui vous a fait
tant de grâces et vous prodigue tant de
secours.
Parmi ces grâces et ces secours il en est un
plus direct, il est une faveur plus
particulière et plus touchante encore , s'il
est possible que je ne saurais passer sous silence,
c'est l'heureux choix du Conducteur qui vous est
donné.
Vous avez regrette ce jeune Pasteur né parmi
vous et qui désirait d'y vivre toujours
(2).
Vous
l'aimiez ce
jeune Pasteur qui s'était mis à votre
tête avec tant de joie , d'amour,
d'espérance, et que les besoins de
l'Église, le voeu de ses Supérieurs,
disons mieux encore, les ordres de la Providence,
auxquels il n'a pas dû résister,
malgré le
déchirementde son
âme , vont éloigner de vous,
après un si doux et si court
ministère. Le Seigneur vous donne à
sa place un autre lui-même, l'ami de son
coeur, un homme puissant
dans les
Écritures
(Act.,
XVIII,
24), qui
parle avec autorité
comme son Maître , et reçût de
lui le don précieux d'élever et
d'émouvoir; un homme enfin dont l'âme
ardente ne s'attachera pas à vous
faiblement, qui sera le digne organe de la parole
évangélique, et vous l'adressera dans
toute sa pureté, dans toute sa
sublimité (3).
Il vient
à
vous ce nouveau Pasteur , comme celui qui l'a
précédé , dans les heureux
jours de la vie : il vous apporte les
prémices de ce beau talent dont le foyer est
dans son âme, et de cette sensibilité
noble et pure qu'alimente une foi vive.
Chrétiens, il faut que je le dise, ce choix,
objet de nos secrets désirs, mais que la
jeunesse de notre frère ne
nous avait point permis
d'espérer, ce choix nous a paru le signe de
la protection du Ciel sur ce troupeau.
Profondément ému à cette
pensée, nous lui avons rendu grâces
avec transport. Oui , Seigneur, en ce moment
douloureux où se rompent pour nous des liens
si forts et si tendres, tu n'as pas voulu nous
laisser sans consolation : tu nous as
préparé la plus efficace de toutes
dans la nomination d'un successeur si cher,
à qui nous pouvons remettre avec une
heureuse, une parfaite confiance, le
dépôt dont nous étions
chargés.
Mes chers Frères, je n'en veux point douter.
Vous saurez mettre à profit de si grands
bienfaits. Les négliger, ne pas entendre
avec empressement la parole qui sortira d'une telle
bouche , ce serait amasser
des charbons de feu sur votre
tête
(Rom.,
XII,
20); ce
serait vous préparer un
jugement terrible pour le jour des
rétributions, Mais, loin de moi cette
crainte; vous répondrez
sans doute par votre docilité, votre
zèle, aux faveurs signalées de la
Providence.
Que la pensée de cette Providence qui vous a
conduit près d'eux , vous anime et vous
fortifie, mon cher Frère, mon cher Fils ,
puisque vous m'avez permis ce doux nom ! Qu'elle
relève votre courage quand , plein de cette
défiance de vous-même qui est la
compagne de la vertu chrétienne , vous
sentez votre coeur se troubler à l'aspect de
votre grande tâche. C'est Dieu qui vous
appelle; c'est lui qui vous soutiendra. Il vous dit
comme à l'un de ses serviteurs : Ne
crains
rien ; je
suis avec Toi
(Jos.,I,
9). Il vous a
choisi comme Samuel,
malgré votre jeunesse, et vous a
donné la garde d'une portion de son
héritage , lorsque vous ne songiez encore
qu'a vous préparer de loin aux fonctions du
ministère. Vous attendrez tout de lui seul :
vous en recevrez la force et le
succès.
Aimez ces brebis qu'il vous confie. Ne l'oubliez
jamais, la vocation particulière qu'il vous
adressa en vous choisissant contre votre attente,
est un lien puissant qui doit vous attacher
à elles.
Aimez ce troupeau que j'ai tant chéri, et
qui sait payer de tant d'affection le
dévouement qu'on lui témoigne.
Aimez-le comme il vous aimera : aimez-le comme nous
l'avons aimé, comme nous l'aimerons
toujours. Dans ce moment, leurs coeurs
s'élèvent au Ciel avec le nôtre
pour implorer sur vous toutes ses
bénédictions. Puissiez- vous, plus
heureux encore que ceux qui vous ont
précédé, goûter dans
toute sa plénitude la joie la plus pure , la
seule joie réelle pour un Pasteur, celle
d'amener des âmes à Jésus.
Puissiez- vous achever ce que nous avons
commencé, faire ce que nous n'avons pas
fait, obtenir ce que nous n'avons pas obtenu
!
Pasteurs et Troupeau , bénissons , adorons
ensemble cette Providence qui nous unit et nous
sépare, nous afflige et nous console, qui
dirige pour le plus grand bien tous les
événemens de notre vie.
Efforçons-nous d'entrer dans ses vues,
d'accomplir ses desseins sur nous.
Recommandons-nous à sa grâce les uns
les autres.
Il est un point sur lequel je suis plus heureux que
Saint Paul : je ne suis pas réduit à
vous dire, comme il disait aux
Éphésiens : Vous
ne verrez plus mon
visage (Act,
XX,
25). Je ne
m'éloigne point de ces
lieux si chers : tous mes voeux sont d'y rester, ou
d'y revenir; mais l'avenir n'est point à
nous : si, malgré mes désirs, il me
séparait de vous, ah! soyez-en certains, je
ne cesserais point d'implorer pour vous le
Souverain Arbitre de nos destinées : et
jamais cette heure consacrée au Seigneur ,
jamais cette heure solennelle,
durant laquelle j'avais tant de plaisir à
vous parler des choses du Ciel, jamais elle ne
s'écoulera sans que je sollicite en votre
faveur toutes ses bénédictions.
Priez aussi pour vos anciens Pasteurs, qui
réclament vos prières. Demandez
à Dieu, pour nous en particulier, qu'il nous
donne, si c'est sa volonté , de finir en
paix notre course ; qu'il nous donne surtout de
faire servir encore à sa gloire nos forces
défaillantes, d'achever en nous, durant la
dernière saison de la vie , l'oeuvre de la
sanctification, et de nous préparer ainsi
pour la grande époque qui s'avance.
Pasteurs et Troupeau , soyons unis ensemble des
noeuds de cette charité , le
plus parfait de tous les
liens (Coloss.
III,
14).
Aimons-nous pendant cette vie
mortelle. Aimons-nous encore au-delà.
Aimons-nous en Dieu pour nous aimer plus
parfaitement. Aimons-nous en ce Dieu
qui nous aima le premier (Jean.
IV, 19).
Aimons-nous en ce Dieu dans le sein duquel nous
nous retrouverons un jour; et nous serons
réunis à jamais , si nous le servons
ici-bas avec fidélité. Or, à
ce grand Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit,
soient la gloire et l'adoration aux siècles
des siècles !
Amen.
O Notre
Créateur
et notre Père ! Nous nous réunissons
dès le matin pour t'invoquer. Nous venons te
consacrer l'usage des forces et des facultés
que tu nous as rendues. Nous venons te bénir
de ce que tu as daigné veiller sur nous
pendant que le sommeil fermait nos yeux, et les
rouvrir à la lumière.
O Seigneur qui nous appelles à des travaux
assidus et quelquefois pénibles,
préserve-nous du murmure, de l'envie et de
toute injustice. Apprends-nous à être
contens de l'état où tu nous as
placés, Toi, qui sais mieux que nous ce qui
nous convient, Toi, qui nous aimes mieux que nous
ne nous aimons nous-mêmes !
Soutiens nos forces et notre
courage. Bénis l'oeuvre de nos mains ; mais
surtout élève vers le Ciel, vers les
biens à venir, nos désirs et nos
coeurs. Qu'en travaillant pour fournir à
notre subsistance, nous pensions toujours que nous
avons une autre tâche à remplir, que
nous avons une âme à sauver ! Que nous
songions sans cesse que nous sommes sous tes yeux ;
et que le sentiment de ta présence nous
préserve du mal, nous anime à faire
le bien ! Que ton Esprit, sans lequel nous ne
pouvons rien , nous fortifie contre les tentations,
nous aide à vivre dès aujourd'hui ,
comme nous désirerons avoir vécu, o
notre grand Rédempteur, dans ce jour
solennel où tu viendras juger la terre et
récompenser tes fidèles
serviteurs!
O Dieu qui nous as rassemblés dans une
même demeure , et unis par les plus tendres
liens, que nous travaillions de concert au bonheur
les uns des autres! Que les maîtres soient
bons et indulgens ; les serviteurs,
zélés et
fidèles; les pères, tendres et
vigilans, les enfans, reconnaissans et soumis ! Que
l'on voie dans cette maison la paix, la douce
harmonie, les vertus d'une famille
Chrétienne; ces vertus qui feraient adorer
la religion de Jésus , si elles
régnaient sur la terre !
Nous te prions pour nos parens, pour nos amis, pour
nos concitoyens, pour tous les hommes, et surtout
pour ceux sur lesquels ta main s'appesantit.
Conduis-les tous à toi, Seigneur! Fais
servir à notre salut et a ta gloire tous les
événemens de notre vie , toutes les
dispensations de ta Providence ! Qu'en toute
circonstance nous t'offrions un coeur soumis et
reconnaissant! Nous te demandons toutes ces
grâces au nom et par les mérites de
ton Divin Fils, et nous finissons nos
prières par celle qu'il nous a
lui-même enseignée. Notre Père
qui es...
Le Dimanche
matin on
pourrait ajouter ce qui suit :
O Dieu tout bon, qui daignes donner aujourd'hui du
relâche à nos corps et nous ouvrir
l'entrée de ton sanctuaire, que nous
sachions nous prévaloir d'un si glorieux
privilège ! Que nous allions avec joie
t'offrir nos religieux hommages, et prêter
l'oreille aux paroles de la vie éternelle!
Inspire-nous toi-même les sentimens
d'humilité, de foi , d'amour,
nécessaires pour te rendre un culte digne de
ta grandeur, et qui te soit agréable par
Jésus-Christ!
O Dieu , notre Créateur et notre
Rédempteur ! Avant de nous livrer au sommeil
, nous venons tous ensemble te bénir,
implorer tes grâces, célébrer
tes perfections et tes bienfaits.
O Dieu si fort élevé au-dessus de
nous chétifs vers de terre! se peut-il que
tu aies fait pour nous de si grandes choses?
Non-seulement tu nous conserves, tu nous
protèges, tu ouvres ta main chaque jour pour
nous donner la nourriture, mais tu nous as
rachetés par un sacrifice d'un prix immense,
par le sang précieux de ton Fils; tu ne
cesses de veiller sur nos âmes; chaque jour
tu nous fais entendre ta voix; tu frappes à
la porte de nos coeurs; tu nous inspires des
pensées salutaires, d'heureux
mouvemens.
Hélas! Seigneur! avons-nous
été fidèles à les
suivre pendant cette journée? N'avons-nous
pas vécu pour la terre plus que pour le
Ciel, pour le monde plus que pour
l'éternité, trop occupés de
vains amusemens ou de soins et de soucis
terrestres, comme s'il n'y avait point d'autre vie
après celle-ci? Si le Fils de l'homme, si
Jésus-Christ venait cette nuit redemander
notre âme, serions- nous prêts à
comparaître ?
Ah! nous détestons toutes nos fautes,
puisqu'elles nous éloignent de toi.
Plutôt mourir que de t'offenser
désormais. Soutiens-nous par ta grâce.
Apprends-nous à ne chercher que Toi,
à n'espérer qu'en Toi, à ne
vivre que pour Toi.
Tu es le bon Pasteur qui prends dans tes bras la
brebis égarée pour la ramener au
bercail. Que dès demain, si tu prolonges
notre carrière, nous commencions une vie
nouvelle, nous commencions à nous corriger
et à te servir avec un nouveau
zèle.
Dès ce moment dispose
notre âme, afin que nous
nous endormions dans le sentiment de la paix. Que
notre coeur se tourne vers Toi pendant les heures
paisibles de la nuit ! O Seigneur, que pendant
notre sommeil ton amour veille pour nous !
Veille sur cette maison où ton nom est
adoré, où celui de ton Fils est
réclamé. Éloignes-en cette
nuit tout danger, tout malheur; garde tous ceux qui
sont affligés et qui t'invoquent. Jette sur
eux un de ces regards qui sont la délivrance
même.
O Dieu! sanctifie-nous,.protège-nous,
sauve-nous, par Jésus-Christ en qui nous
mettons toute notre confiance!
Notre Père , etc.
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