LE
SALUT DE DIEU
FEUILLE CONSACRÉE À
L'ÉVANGÉLISATION
VOL. II
SIXIÈME
ANNÉE 1879
CORRESPONDANCE.
Question. - Quel est le
« péché à la
mort », pour lequel la prière
n'est pas enjointe ? Voyez
1 Jean V, 16-17.
Réponse. - II est question, dans tout
le passage, de la confiance pratique en Dieu,
confiance qui s'exerce en vue de tous nos besoins
ici-bas, de tout ce que nous avons à coeur
de demander à Dieu. Nous savons qu'il nous
écoute toujours pour tout ce que nous
demandons selon sa volonté
(vers. 14). Précieux
privilège ! Le chrétien ne
désirerait pas même que quelque chose
lui fût accordé qui fût
contraire à la volonté de Dieu. Il
nous accorde la grâce d'intercéder
auprès de Lui en amour pour les autres.
Si un frère pêche, et que Dieu le
châtie, on peut demander pour ce
frère, et la vie lui sera rendue
(vers. 16). Le châtiment tend
vers la mort du corps [comparez
Job XXXIII et
XXXVI, et
Jacques V, 14, 15) ; nous
prions pour le coupable, et il est
guéri ; sinon la maladie a son
cours.
« Toute iniquité est
péché, et il y a tel
péché qui n'est pas à la
mort »
(vers. 17). « Il y a un
péché à la mort »
(vers. 16) : Ce n'est pas ici,
ce me semble, un péché particulier,
mais tout péché qui a un
caractère tel qu'au lieu de réveiller
la charité du chrétien, il
réveille son indignation.
Ainsi Ananias et Sapphira ont commis un
péché à la mort
(Actes V). Ils avaient dit un
mensonge, mais un mensonge accompagné de
telles circonstances, qu'il excitait l'horreur
plutôt que la compassion. Cela se comprend
facilement dans d'autres cas. Comparez
I Corinthiens XI, 30-32.
(ÉTUDES SUR LA PAROLE DE DIEU.)
LA SAINTETÉ DANS LA MARCHE
CONSÉQUENCE DE NOTRE RELATION
PERSONNELLE AVEC DIEU.
I
Le salut que Dieu, dans sa grâce infinie,
révèle au pécheur, n'est pas
simplement une doctrine à saisir par
l'intelligence ; c'est, avant tout, la
connaissance d'une personne, et cette personne,
c'est le FILS DE DIEU.
Telle était la pensée du
vénérable Siméon, lorsque,
dans le temple, il prit entre ses bras le petit
enfant Jésus, et bénit Dieu et
dit : « Maintenant, Seigneur, tu
laisses aller ton esclave en paix selon ta parole,
car mes yeux ont vu TON SALUT, lequel tu as
préparé devant la face de tous les
peuples... »
(Luc II, 25-32).
La connaissance personnelle de Dieu par
Jésus-Christ répond seule à
l'état du pécheur. En effet, le poids
de ses péchés ne permet pas à
un homme dont la conscience est
réveillée et qui n'a pas cette
connaissance de Dieu, d'approcher de Celui qu'il ne
voit que comme un juge juste et inexorable dont il
redoute la présence ; et, d'un autre
côté, il se trouve privé, par
ces mêmes péchés, de la
communion avec Dieu.
Ainsi pour nous, pécheurs, il faut non
seulement que nos péchés soient
pardonnés et effacés, mais il faut
encore que nous soyons amenés auprès
de Dieu dont nous étions
éloignés.
Cette vérité, infiniment
précieuse pour nous, mais, en même
temps, solennelle, est
constamment présentée dans la parole
de Dieu, ainsi que les deux conséquences qui
en découlent : - le jugement du
péché, d'un côté ;
et, de l'autre, la grandeur de la
délivrance.
Le premier grand type de la rédemption que
nous trouvons dans les saintes Écritures,
c'est la délivrance du peuple d'Israël
hors du pays d'Égypte. Ils avaient
été longtemps retenus là dans
un dur esclavage, sous le poids duquel ils
gémissaient et poussaient des soupirs qui
montaient jusqu'à Dieu ; alors Dieu
leur prépara un libérateur dans la
personne de Moïse.
La commission que Dieu donne à Moïse
lorsqu'il l'envoie vers le peuple d'Israël,
fait ressortir non seulement ses desseins en faveur
de ce peuple, mais aussi le caractère moral
de leur délivrance. Dieu voulait accomplir
ce qu'il avait promis par serment aux
ancêtres de ce peuple, à Abraham,
Isaac et Jacob, - savoir, de leur donner un pays
découlant de lait et de miel, où
Lui-même les bénirait d'une
manière digne du Dieu tout-puissant.
Mais toutes les bénédictions
temporelles préparées en si grande
abondance pour ce peuple selon la faveur de Dieu,
tendaient à un but moral d'une beaucoup plus
grande importance ; c'était l'exercice
de leur coeur en la présence du Dieu qui les
bénissait, et auprès de qui ils
avaient à apprendre l'obéissance.
Ce côté des voies de Dieu est
développé dans le livre du
Deutéronome. Citons seulement un passage
(chap. V, 33), au milieu d'une
quantitéd'autres qui
proclament la même chose :
« Vous marcherez dans TOUTE la
voie que l'Éternel votre Dieu vous a
prescrite, afin que vous viviez et que vous
prospériez et que vous prolongiez vos jours
au pays que vous posséderez, »
La communion avec Dieu, des paroles duquel ils
devaient vivre
(Deutéronome VIII, 3),
n'était que le résultat
immédiat du grand principe de leur
délivrance, que Dieu Lui-même
énonce lorsqu'il envoie Moïse pour
délivrer le peuple
(Exode III,8). L'Éternel dit
à son serviteur : « J'ai
très bien vu l'affliction de mon peuple qui
est en Égypte, et j'ai ouï le cri
qu'ils ont jeté à cause de leurs
exacteurs, car j'ai connu leurs douleurs, c'est
pourquoi JE suis DESCENDU pour le
délivrer. ». Mettre fin au
pénible esclavage sous lequel Israël
gémissait en Égypte, n'était
qu'une oeuvre subsidiaire, quoique
nécessaire pour l'accomplissement des
desseins de Dieu de l'introduire dans le bon pays
de Canaan. Mais le point capital, ce qui devait
surtout agir sur le coeur du peuple, c'est que Dieu
était intervenu LUI-MÊME, d'une
manière personnelle, pour opérer la
délivrance : « JE SUIS
DESCENDU », dit-Il.
Si, d'une part, ce grand fait donnait l'assurance
qu'aucune difficulté, aucune puissance ne
pourrait mettre obstacle à ce que l'oeuvre
se fît et s'achevât, - puisque le Dieu
tout-puissant était venu Lui-même pour
l'accomplir, - le peuple devait comprendre, en
même temps, qu'il avait affaire avec Dieu,
et, par conséquent, être en
règle avec Lui au point de vue de la
sainteté.
C'est ce dont nous avons une image dans le
buisson tout en feu, et qui ne se consumait point,
la grande vision que vit Moïse au
désert
(Exode III). Le buisson ne se
consumait pas à cause de la
présence même de DIEU. C'est la
grande leçon tant de fois
répétée dans les rapports
variés de Dieu avec son peuple. Dieu ne peut
pas changer de caractère ; II ne peut
pas rabaisser le niveau de sa sainteté en
faisant entrer un peuple pécheur en relation
avec Lui. Il ne peut pas supporter le
péché, mais II veut agir en
grâce pour prendre à Lui le peuple. Il
ne tient pas le coupable pour innocent, mais II
peut pardonner et déployer sa grâce,
parce qu'il trouve moyen d'ôter
l'iniquité, la transgression et le
péché, qui, sans cela, feraient
condamner le pécheur. (Voyez
Exode XXXIV, 6, 7.)
Bien que la grâce de Dieu se
déployât dans sa plénitude,
elle ne tolérait cependant pas la moindre
indifférence au sujet du
péché. Dieu voulait un peuple saint.
Or, il trouvait un peuple pécheur, qui avait
besoin d'être sanctifié. Il
était « descendu » pour
le délivrer, non pour le consumer ;
mais le Dieu qui était ainsi
« descendu » était
« un feu consumant »
(Deutéronome IV, 24 ;
IX, 3), en sorte qu'il leur
dit : « Gardez donc mes
commandements et faites-les : Moi, je suis
l'Éternel. Et ne profanez pas le nom de ma
sainteté, car je serai sanctifié
entre les enfants d'Israël : Je suis
l'Éternel qui vous sanctifie, et qui vous ai
retirés d'Égypte pour vous être
Dieu : Moi, je suis
l'Éternel »
(Lévitique XXII,
31-33).
« Moi, je suis
l'Éternel » ; voilà le
point de départ, la raison suprême de
toutes les ordonnances données au peuple
d'Israël. Dieu se glorifie en se
révélant comme le Libérateur
et le Sauveur de son peuple.
Le récit frappant et intéressant des
voies de Dieu avec le peuple d'Israël n'est
cependant pas simplement une histoire d'où
l'on peut tirer des leçons morales. Il fait
partie des grands principes du gouvernement de
Dieu, et nous fait voir sur quel pied Dieu peut
nous faire entrer en relation avec Lui. La vision
du buisson tout en feu pose les bases de ces
principes au point de vue de la sainteté de
Dieu.
Si Dieu délivrait le peuple par son
intervention directe, le peuple avait affaire
à Lui personnellement, en sorte que Dieu dut
faire connaître comment cette relation
personnelle pouvait être une chose possible.
Le buisson était bien propre à
cela : rien ne brûle plus rapidement
qu'un buisson d'épines dans le
désert ; le feu y était ;
néanmoins le buisson n'était pas
consumé. Quelque merveilleux que cela puisse
paraître, il en est ainsi de nous lorsque
Dieu nous fait entrer en relation avec Lui. C'est
le fait de sa présence qui nous garantit de
la destruction qui serait la juste
conséquence de notre péché et
de notre rébellion ; car Dieu est
souverain en grâce, tout en étant
juste et saint. Puisque Christ a porté les
péchés et leur jugement de la part de
Dieu, Dieu peut maintenant montrer sa justice en
justifiant celui qui croit en Jésus.
QUAND PARAÎTRAI-JE DEVANT LA
FACE DE DIEU ?
Est-ce avec une bonne conscience, cher lecteur,
avec un coeur débarrassé de toute
crainte dans l'assurance divine que Dieu est POUR
VOUS, que vous pouvez vous approprier ces
paroles : « Mon âme a soif de
Dieu, du Dieu vivant ; quand viendrai-je et
paraîtrai-je devant la face de
Dieu ? »
(Psaume XLII, 2.) Ou bien est-ce que
la conviction intérieure d'être
obligé de comparaître devant Dieu
remplit votre âme
d'inquiétude ?
Il y a ici une nécessité
à laquelle nul ne saurait se
soustraire ; Dieu, dans sa parole, a
dit : « II FAUT »
(2 Corinthiens V, 10) :
« II FAUT que nous soyons tous
manifestés devant le tribunal de Christ,
afin que chacun reçoive les choses
accomplies dans le corps, selon ce qu'il aura fait,
soit bien, soit mal. »
« Dieu ordonne maintenant que tous, en
tous lieux, se repentent, parce qu'il a
établi un jour auquel il doit juger en
justice la terre habitée par l'homme qu'il a
destiné à cela, de quoi il a
donné une preuve certaine à tous,
l'ayant ressuscité d'entre les
morts »
(Actes XVII, 31).
Il est encore écrit que « Dieu
amènera toute oeuvre en jugement, touchant
tout ce qui est caché, soit bien, soit
mal »
(Ecclésiaste XII, 14).
Devant ce jugement rien ne sera oublié., car
le Seigneur Jésus a dit :
« Je vous dis que de toute parole oiseuse
qu'ils auront dite, les hommes rendront compte au
jour du jugement ; car par tes paroles tu
seras justifié, et par tes
parolestu seras
condamné »... « C'est de
l'abondance du coeur que la bouche
parle »
(Matthieu XII, 34-37).
Tout est enregistré devant Dieu, et ceux qui
seront jugés devant le grand trône
blanc le seront « d'après les
choses qui sont écrites dans les livres,
selon leurs oeuvres »
(Apocalypse XX, 12).
Qu'elle est donc heureuse et bénie, la part
du croyant dont les péchés sont
effacés par le précieux sang de
Christ ; car Jésus a dit :
« En vérité, en
vérité, je vous dis que celui qui
entend ma parole et qui croit Celui qui m'a
envoyé, a la vie éternelle et ne
vient pas en jugement, mais il est passé de
la mort à la vie »
(Jean V, 24).
Cher lecteur encore inconverti, quand
sera-ce que vous, vous écouterez
la voix du Sauveur et que, plein de joie et de
reconnaissance, vous prendrez votre place avec ceux
qui invoquent son nom ?
« L'ÉTERNITÉ,
C'EST TROP LOIN POUR MOI »
Voilà, lecteur, les paroles que j'ai
entendues sortir de la bouche d'une personne dont
je m'efforçais de diriger les pensées
vers les choses de Dieu, vers ces
réalités qui ne se voient pas, il est
vrai, des yeux de la chair, mais qui n'en
subsistent pas moins, et qui, tandis que tout le
reste passe, demeurent et « sont
éternelles »
(2 Corinth. IV, 18).
Tous n'expriment pas d'une manière aussi
crue et aussi effrayante ce qu'il y a dans leur
coeur au sujet de l'avenir, mais combien qui, s'ils
voulaient être sincères, seraient
forcés d'avouer qu'au fond ils ont la
même pensée.
Vous-même, lecteur, en lisant ces paroles,
vous avez peut-être été
choqué, mais, soyez, vrai, ne vivez-vous pas
comme si l'éternité était si
loin, si loin de vous, que vous n'avez guère
besoin d'y penser, que ce sera pour un autre
moment, quand vous en aurez le loisir ?
L'éternité, cela gène,
en effet ; c'est une pensée qui
embarrasse pour la poursuite et la jouissance des
choses de la terre. On n'a pas trop de tout son
temps, n'est-ce pas, pour nourrir soi et sa
famille, s'occuper de ses affaires et s'amuser un
peu ? Venir jeter ce grand mot à la
traverse, cela ne peut qu'entraver dans ce que l'on
a à faire. Laissons donc cela pour le
moment, pense-t-on, c'est trop loin pour nous.
Très bien ; mais, parce que vous en
éloignez la pensée de votre esprit,
cela détruit-il la réalité et
la proximité de la chose ? Ah !
lecteur, si vous agissiez ainsi vous seriez
semblable à cet oiseau qui, poursuivi par le
chasseur, croit qu'en cachant sa tête il se
dérobe au danger.
L'éternité existe, quelle
qu'elle soit, et, à moins de supposer que
vous êtes comme les bêtes qui
périssent absolument quand leur souffle
s'est éteint, rappelez-vous que, quand les
scènes fugitives de cette vie si courte
auront pris fin, les périodes sans fin de
l'éternité se dérouleront pour
vous, - vous ne cesserez pas d'exister.
Qu'y aurait-il sans cela pour vous quand vous aurez
rendu le dernier soupir, quand vous serez un froid
cadavre prêt à être rendu
à la poussière, la proie de la
corruption ? Le néant ?
c'est-à-direrien ?
Non, lecteur, tout votre être
intérieur proteste contre cette idée
qui vous assimile à une bête. Vous
savez très bien qu'après la
mort il y a quelque chose, et c'est
l'éternité.
Dieu, qui vous a placé sur cette terre, n'a
pas voulu vous laisser dans l'ignorance à
cet égard, et, quelles que soient les
pensées des hommes présomptueux et
enflés de leur vaine science, vous comprenez
qu'il est digne de la sagesse et de la bonté
du Créateur de donner à sa
créature intelligente la connaissance de ce
qui lui importe le plus.
Eh bien, ce Dieu, dans la Bible, sa parole, vous
apprend que si l'homme, quant à son corps, a
été tiré de la poudre de la
terre, son âme, l'être qui anime le
corps et qui comprend l'intelligence et les
affections, est le souffle même de Dieu
(Genèse II, 7).
Croyez-vous que le souffle de Dieu puisse
être anéanti ? Aussi, quand il
est question de ce que deviennent à la mort
ces deux parties qui composent l'homme, il est
dit : « La poudre retourne en la
terre comme elle y avait été, et
l'esprit retourne à Dieu qui l'a
donné »
(Ecclésiaste XII, 9). L'esprit
perd-il là son existence ? Non, car
notre Seigneur Jésus-Christ,
répondant aux Sadducéens, ces libres
penseurs de son temps qui voulaient aussi bannir
l'éternité de leurs pensées,
leur dit, en leur parlant de ceux qui
étaient morts depuis longtemps :
« Dieu n'est pas le Dieu des morts, mais
des vivants, car pour lui tous vivent »
(Luc XX, 38). Ainsi, lecteur,
l'éternité existe,
non seulement en
elle-même, comme un fait abstrait qui ne nous
toucherait pas, mais elle existe pour chacun de
nous, pour vous qui, vivant maintenant, vivrez
toujours. « Les uns s'en iront dans les
tourments éternels et les justes dans
la vie éternelle »
(Matthieu XXV, 46) ; mais pour
les uns et les autres, ce sera
l'ÉTERNITÉ, et la vie, l'existence
pendant l'ÉTERNITÉ.
Maintenant, j'en reviens à ces paroles qui
remplirent mon coeur, en les entendant, de douleur,
et, je puis le dire, me firent frissonner :
« L'éternité, c'est
trop loin pour moi. » -
« Qu'est-ce donc que votre vie ? Car
elle n'est qu'une vapeur paraissant pour un peu de
temps et puis disparaissant »
(Jacques IV, 14). « Toute
chair est comme l'herbe et toute sa gloire comme la
fleur de l'herbe »
(1 Pierre I, 24). Quelles images
frappantes de la fragilité du fil qui nous
retient à la vie présente, et de la
brièveté de cette existence !
Bien loin que l'éternité soit
éloignée de vous, vous êtes sur
le seuil ; un moment suffit pour vous le faire
franchir. Combien de centaines, à l'instant
même où vous lisez ces lignes, entrent
dans ce lieu d'où l'on ne revient pas et
où tout est fixé à jamais,
bonheur ou malheur. (Lisez
Luc XVI, 19-31.) Votre tour va
venir ; pussiez-vous le reculer jusqu'aux
dernières limites de la vie humaine, il faut
passer cette porte qui sépare le temps de
l'éternité, et qu'est-ce que vingt,
trente, cent ans, devant le mot TOUJOURS, AUX
SIÈCLES DES SIÈCLES ? Mais si la
fin est certaine, le moment, je le
répète, est tout ce qu'il y a de plus
incertain.
Quand l'homme riche se couchait le soir dans la
joie de son coeur d'avoir de si amples
récoltes et se berçait de rêves
d'un avenir tranquille et enrichi de
bien-être, pensez-vous qu'il se doutât
que c'était pour la dernière fois sur
la terre, et qu'il n'ouvrirait plus jamais les yeux
sur ses richesses ? Mais la parole
irrévocable lui fut adressée, parole
pour lui pleine de terreur :
« Insensé, CETTE NUIT
MÊME ton âme te sera
redemandée »
(Luc XII, 20).
Quand Ananias et Saphira venaient mentir devant
Pierre pour conserver, sous une apparence hypocrite
de piété, quelques misérables
biens terrestres, combien ils étaient loin
de s'imaginer que la mort était là
qui allait leur ravir tout, en les introduisant
dans l'éternité !
0 mon lecteur, l'éternité n'est pas
loin ; quelque chose d'aussi mince, d'aussi
fragile qu'une toile d'araignée que le vent
brise et emporte, vous en sépare. Et si elle
s'ouvrait pour vous aujourd'hui, en ce moment,
où iriez-vous ? Êtes-vous
fixé, bien au clair à cet
égard ?
Il ne sert à rien d'en chasser la
pensée, de chercher à
s'étourdir, ou de se persuader qu'on aura
toujours bien le temps, « Que donnera
l'homme en échange de son âme ?
Que lui servira-t-il de gagner tout le monde s'il
fait la perte de son âme ? »
Voilà la question solennelle.
Il n'y a qu'un moyen, un seul de n'avoir ni doute,
ni anxiété ; de n'avoir plus
envie de repousser l'éternité, mais,
au contraire, d'être heureux de savoir
qu'elle est près, oui, tout
près.
Ce moyen, c'est de connaître Celui qui donne
la vie éternelle. Ceux qui la
possèdent voient s'ouvrir devant eux une
éternité de gloire, de
félicité, de bonheur sans fin. (Lisez
Apoc. XXII, 1-5.)
Cher lecteur, le témoignage de Dieu est
celui-ci : « Dieu nous a
donné la vie éternelle, et cette vie
est dans son Fils »
(1 Jean V, 11). « Celui qui
croit au Fils a la vie éternelle »
(Jean III, 36). Oh !
puissiez-vous venir à Lui et jouir de ce qui
vous rendra à jamais heureux !
SAUVÉ À LA
ONZIÈME HEURE
Les conversions au lit de mort sont pour la
plupart douteuses. Ce n'est pas que je veuille
limiter la grâce de Dieu ; il se peut
que le brigand crucifié, qui avait
péché toute sa vie ouvertement contre
Dieu, ne soit pas l'unique exemple d'une âme
qui, ne pouvant plus pécher comme elle
l'avait fait, se soit tournée vers le
Seigneur, ait reçu par grâce le pardon
de toutes ses fautes, et soit passée du
temps dans l'éternité, lavée
dans le sang de l'Agneau, pour se joindre au choeur
bienheureux des rachetés.
Mais, je le répète, ces conversions
sont douteuses, très douteuses. Dieu, qui
voit les coeurs, sait s'il y a
réalité, mais l'Écriture est
là qui dit : « Vous les
reconnaîtrez à leurs fruits.
- » On court risque, à de pareils
moments, de prêter la main au diable quand on
y pense le moins. Ceux qui s'occupent des
âmes ont à reconnaître, à
leur confusion, que si telle personne était
morte quandtout espoir de
guérison semblait loin, ils auraient rendu
grâces à Dieu d'avoir sauvé au
dernier moment un grand pécheur. Mais le
malade, contre toute attente, recouvre la
santé, et, avec elle, reprend toutes ses
vieilles habitudes de péché et de
légèreté. Et pourtant cet
homme avait écouté avec
avidité ce qui lui était dit de
l'amour de Dieu, qui a donné son Fils unique
pour des pécheurs tels que lui. Il semblait
avoir saisi pour lui-même que l'oeuvre
parfaite que Christ a accomplie sur la croix
répondait aux besoins de son âme, et
il donnait son assentiment à cette
vérité que le sang de
Jésus-Christ purifie de tout
péché. Il professait s'appuyer sur
ces grandes vérités fondamentales, et
attendait avec calme le moment de son
départ.
Il peut donc y avoir un assentiment donné
à ces vérités ; il peut y
avoir une apparence de paix, sans que la conscience
ait été vraiment atteinte, et sans
que la question du péché ait
été posée entre l'âme
coupable et le Dieu saint. Or, ce calme trompeur ne
peut être autre chose que la puissance de
Satan se tenant auprès de l'homme mourant et
lui disant : « Paix,
paix », quand il n'y a pas la vraie paix.
Plus d'un, hélas ! sont morts convertis
seulement en apparence au dernier moment. Et
combien n'y en a-t-il pas qui se sont
rétablis pour s'enfoncer plus avant que
jamais dans le péché !
Lecteur, vous n'êtes peut-être pas
sauvé : ne risquez pas le salut de
votre âme en attendant, comme plusieurs le
font, jusqu'à la
onzièmeheure. Elle
pourrait venir sans vous apporter aucune offre de
grâce.
Mais, direz-vous, n'est-il pas parlé de ceux
qui furent appelés à la
dernière heure et qui vinrent ? Oui,
mais vous oubliez que ces hommes répondirent
au PREMIER appel du Maître. Personne,
jusqu'alors, ne les avait engagés
(Matth. XX, 7).
Pouvez-vous dire la même
chose ?
Mais le brigand ne fut-il pas sauvé à
la onzième heure ? Autant que nous le
savons, il saisit la première
occasion qu'il avait jamais eu de
reconnaître, comme Seigneur et Roi,
Jésus de Nazareth, le rejeté et le
méprisé des hommes, en disant :
« Seigneur, souviens-toi de moi quand tu
viendras dans ton royaume. »
Vous ne trouverez pas, dans la Bible, un seul
exemple d'un homme qui, pendant sa vie, a
rejeté tout appel à la repentance,
toute sollicitation de se décider pour
Christ, - qui a ainsi toujours
résisté au Saint-Esprit, - et qui,
à la onzième heure, ait saisi le
salut et soit mort en paix.
Ne vous jouez donc plus de Dieu, de votre âme
et de l'éternité.
« ELLE NE PEUT VOUS
COMPRENDRE. »
« L'entrée de tes
paroles illumine, et donne de l'intelligence aux
simples ».
(Psaume CXIX, 130.)
Dans l'été de 1874, je me trouvai
conduit avec un ami à B., où nous
commençâmes à prêcher
l'Évangile, visitant aussi journellement les
âmes chez elles. Je fus amené, une
après-midi, à entrer dans une petite
maison située au centrede
la ville. Une femme qui avait déjà
dépassé l'âge moyen de la vie,
m'introduisit dans une chambre où se
trouvait assise dans un coin une jeune fille
d'apparence chétive, et dont le visage
était aussi pâle qu'un linge.
Après m'être entretenu avec la
personne qui m'avait reçu et pour laquelle
les paroles qu'il me fut donné de lui dire,
furent en bénédiction, je me tournai
vers la jeune fille pour lui parler.
« C'est inutile, Monsieur », me
dit madame B., « elle ne peut vous
comprendre, elle a eu des convulsions depuis son
enfance, et son intelligence est
loin. »
Mais ayant déjà vu auparavant la
puissance du Seigneur qui, dans un cas semblable,
avait fait pénétrer sa parole dans le
coeur d'un pauvre idiot, je répétai
lentement à la jeune fille, en les lui
faisant redire mot après mot, ces
paroles : « Le sang de
Jésus-Christ, son Fils, nous purifie de tout
péché. »
Je revins plusieurs fois ; la mère, qui
avait été amenée à se
réjouir dans le Seigneur par la connaissance
du salut parfait qui se trouve en Christ,
s'intéressait d'autant plus à
l'âme de son mari et de son enfant. Chaque
fois je répétais à celle-ci le
même verset, lui faisant redire les mots
après moi, jusqu'à ce qu'un jour, je
lui demandai : « Que fait le sang de
Jésus, Fanny ? »
D'un ton ferme et avec un regard où brillait
l'intelligence, elle répondit :
« II me purifie de tout
péché. »
« Je crois, » dis-je à
la mère, « que la
paroleentre dans l'âme de
votre fille, et que son esprit s'ouvre »,
et vraiment, il en était ainsi.
La mère fut frappée
d'étonnement ; « c'est un
miracle », disait-elle ; et, en
effet, c'en était un, car toute vraie
conversion est un miracle ; seulement, dans ce
cas, ce qu'il y avait de plus, c'est qu'un
remarquable degré d'intelligence avait
été rendu à la jeune
fille.
Mon ami s'intéressa aussi à elle, et,
comme elle pouvait maintenant comprendre, il
l'amena à voir que non seulement Christ
était mort pour ses péchés et
que le sang de Jésus l'avait
purifiée, mais encore qu'elle était
morte avec Christ dans sa mort, cette mort ayant
été appliquée à sa
nature. Elle sembla bien saisir aussi son
acceptation « dans le
Bien-Aimé », de sorte que, lorsque
je la revis quelques mois plus tard, je fus surpris
de voir combien de progrès elle avait fait
dans la connaissance de Christ. Elle apprit aussi
à attendre le retour du Seigneur, et
à le désirer ardemment.
Je pense que ce fut l'année suivante qu'elle
exprima le désir de prendre sa place
à la table du Seigneur. Comme elle
n'était pas en état de venir au local
où se tenaient les réunions,
quelques-uns d'entre nous vinrent chez sa
mère et nous passâmes là
ensemble quelques moments particulièrement
bénis, la présence du Seigneur se
faisant sentir d'une manière manifeste au
milieu de nous.
Lorsque la coupe lui fut passée, Fanny se
leva tout d'un coup et dit d'une voix distincte
etavec un accent solennel :
« Je prends cette coupe en souvenir de la
mort du Seigneur jusqu'à ce qu'il
vienne. » Tous pleuraient ; nul de
ceux qui étaient là présents
n'oubliera ce jour.
Elle s'affaiblissait graduellement et ses
accès devenaient plus fréquents. Sa
mère lui disait : « Fanny,
combien Dieu a été bon de te soutenir
encore dans cette crise », et elle
répondait : « Ma mère,
attendez le Seigneur ; oui, je vous le dis,
attendez le Seigneur. »
Si les étrangers entraient et lui
demandaient : « Comment allez-vous,
Fanny ? » -
« Bien »,
répondait-elle ; mais quand ils s'en
allaient, elle disait : « Je
voudrais qu'ils fussent aussi heureux que je le
suis maintenant, attendant le moment où le
Seigneur viendra me chercher pour être
toujours avec Lui. »
Elle disait à sa mère :
« Maman, si j'arrive la première
à la maison, quel bonheur de te voir quand
tu y viendras aussi ; mais il nous faut
attendre le moment du Seigneur. »
Elle mourut dans une de ses crises ; elle ne
pouvait parler, mais elle prit la main de sa
mère, regarda vers le ciel et sourit ;
c'est ainsi que s'endormit, en pleine
sécurité dans les bras de
Jésus, Fanny, pauvre d'intelligence aux yeux
de la chair, riche en Dieu par un miracle de sa
grâce exercée envers son âme et
son corps. Ainsi Dieu se sert des choses folles de
ce monde pour confondre les sages, et des choses
faibles pour confondre les fortes, afin que nulle
chair ne se glorifie devant Dieu. (Voyez
1 Corinthiens I,
27-29.)
Veuille le Seigneur se servir de ce simple
récit pour sa gloire. « Le
témoignage de l'Éternel est
assuré, donnant la sagesse an
simple. »
A.-P. C.
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