Saints en Christ
HUITIÈME JOUR
Sainteté et habitation
Ils me feront
un sanctuaire, et j'habiterai au milieu d'eux.
(Ex. XXV, 8.)
Je me rencontrerai là
avec les enfants d'Israël, et ce lieu sera
sanctifié par ma gloire. J'habiterai au
milieu des enfants d'Israël, et je serai leur
Dieu.
(Ex. XXIX, 43, 45.)
La présence de Dieu
rend saint, même alors qu'elle ne descend que
pour un peu de temps, comme ce fut le cas en Horeb
dans le buisson ardent. Combien plus cette
présence doit-elle rendre saint le lieu
qu'elle habite en permanence ! Il en fut
tellement ainsi que le lieu que Dieu habita fut
appelé le lieu saint, « le lieu
saint des tabernacles du
Très-Haut ». (Ps. XLVI).
Tout ce qui entourait cette sainte demeure
était saint ; la sainte cité, la
montagne de la sainteté de Dieu, sa maison
sainte, jusqu'à ce que nous entrions
au-delà du voile, dans le lieu très
saint, le saint des saints. C'est en sa
qualité de Dieu qui habite, de Dieu
demeurant chez les siens, au milieu de son peuple,
qu'il sanctifie sa maison, qu'il se
révèle en Israël comme le Dieu
saint et qu'il nous sanctifie. Parce que Dieu est
saint, la maison qu'il habite est sainte
aussi. C'est là le seul attribut de Dieu
qu'il puisse communiquer à sa maison ;
mais cet attribut il le communique. Parmi les
hommes il existe un lien très intime entre
le caractère d'une maison et ceux qui
l'occupent.
Lorsqu'il n'y a pas d'obstacles qui s'y opposent,
la maison reflète inconsciemment la
ressemblance du maître. La sainteté
n'exprime pas tant un attribut comme elle exprime
l'essence même de Dieu dans ses perfections
infinies ; et sa maison rend témoignage
à cette vérité que là
où Dieu habite, là doit être la
sainteté, que son habitation dans un lieu
quelconque rend ce lieu saint. Lorsque pour la
première fois Dieu commanda à son
peuple de lui édifier un lieu saint, il leur
fit distinctement comprendre que c'était
pour en faire sa demeure au milieu d'eux.
L'habitation de Dieu dans cette demeure devait
être le type de l'habitation de Dieu au
milieu de son peuple. La maison avec sa
sainteté nous conduit ainsi à la
sainteté de son habitation au milieu de ses
rachetés.
Le lieu saint, habitation de la sainteté de
Dieu, était le centre même de toute
l'oeuvre de Dieu pour sanctifier Israël. Tout
ce qui touchait au lieu saint était saint.
Les sacrificateurs, l'autel, les sacrifices,
l'huile, le pain, les vases, tout était
saint, parce que tout appartenait à Dieu. De
la demeure sainte deux voix se faisaient
entendre : l'une était l'appel de Dieu
à être saint, l'autre, la promesse de
Dieu de sanctifier. Le droit de Dieu se manifestait
sous la forme d'exigences de purification,
d'expiation, de sainteté de tous ceux qui
s'approchaient de lui, sacrificateurs aussi bien
qu'adorateurs. Et la promesse rayonnait du saint
lieu ; Dieu sanctifiant par l'autel, par le
sang et par l'huile sainte. Le lieu saint
personnifiait les deux aspects de la
sainteté : celui qui repousse ou
effraie, et celui qui attire, celui qui condamne et
celui qui sauve. Ici en tenant le peuple à
distance ; là en l'invitant, en le
rapprochant ; la maison de Dieu était
le grand symbole de sa propre sainteté. Il
s'était approché afin de demeurer
même au milieu d'eux ; et cependant, il
ne leur était pas permis de s'approcher,
d'entrer dans le lieu secret de son tabernacle, de
sa sainte présence.
Toutes ces choses ont été
écrites pour notre instruction. C'est en
tant qu'il habite au milieu de son peuple que Dieu
est en même temps pour ce peuple Celui qui le
sanctifie : une présence permanente
seule peut sanctifier. Cela ressort avec une
évidente clarté si nous remarquons
que plus la présence de Dieu était
immédiate, plus était
élevé le degré de
sainteté. Parce que Dieu habitait au milieu
d'eux, le camp était saint ; toute
souillure devait en être
éloignée avec soin. Mais la
sainteté du parvis entourant le tabernacle
était plus grande ; des souillures
tolérées dans le camp ne pouvaient
l'être dans le parvis. Puis le lieu saint
était encore plus saint, parce qu'il
était plus près de Dieu. Enfin le
sanctuaire intérieur, où la
présence de Dieu habitait sur le
propitiatoire, était le lieu très
saint, le lieu le plus saint. Et ce principe est
ferme : la sainteté se mesure par la
proximité de Dieu ; plus sa
présence est réelle, plus la
sainteté est vraie ; une habitation
parfaite de Dieu dans un lieu, dans un
coeur, communiquera à ce lieu, à ce
coeur une parfaite sainteté. Personne n'est
saint sinon le Seigneur ; il n'y a de
sainteté qu'en lui. Il ne peut se
séparer d'une partie de sa sainteté
et nous la communiquer séparément de
sa personne divine ; seulement nous avons
d'autant plus de sainteté que nous avons
Dieu habitant en nous. Et pour l'avoir lui,
vraiment, pleinement, nous devons l'avoir comme
Celui qui habite en nous par la foi.
Il n'y a pas d'union aussi intime, aussi
réelle, aussi parfaite que celle d'une vie
qui vient habiter en nous. Voyez la vie qui circule
dans un arbre vigoureux et fertile. Comme elle en
pénètre et en remplit toutes les
parties ! Comme elle unit d'une manière
inséparable tout l'ensemble aussi longtemps
qu'elle existe réellement ! Cette vie
est la vie de la nature, la vie de l'Esprit de Dieu
qui réside et agit dans la nature. C'est la
même vie que celle qui anime nos corps,
l'esprit de la nature, pénétrant
toutes les parties de celle-ci de la puissance de
sentir et d'agir.
L'habitation de l'Esprit qui produit cette vie
nouvelle par laquelle Dieu fait du croyant sa
demeure n'est pas moins intime. Que dis-je ?
Elle est plus merveilleuse et plus réelle si
possible. Et c'est lorsque cette habitation devient
une question de foi ardente et comme une sainte
passion que l'âme obéit au
commandement : « Ils me feront un
sanctuaire et j'habiterai au milieu
d'eux », et qu'elle expérimente la
vérité de cette promesse :
« Ce lieu sera sanctifié par ma
gloire, j'habiterai au milieu des enfants
d'Israël ». C'est comme celui qui
habite au milieu de son peuple, que Dieu se
révéla en son Fils, qu'il a
sanctifié et qu'il a envoyé dans le
monde. Plus d'une fois le Seigneur a insisté
là-dessus : « Croyez-moi que
je suis dans le Père et que le
Père est en moi ; le Père
qui demeure en moi est Celui qui fait les
oeuvres ». C'est spécialement
comme temples de Dieu que les croyants sont souvent
appelés saints dans le Nouveau
Testament : « Le temple de Dieu est
saint, et vous êtes ce
temple ». — « Votre corps
est le temple du Saint-Esprit qui est en
vous ». — « Tout
l'édifice bien coordonné
s'élève pour être un temple
saint au Seigneur ». C'est, ainsi
que nous le comprendrons mieux plus tard, parce que
c'est par l'Esprit que le coeur est
préparé à l'habitation de
Christ en nous, et que cette habitation est
effectuée et maintenue, que l'Esprit prend
d'une manière toute spéciale
l'attribut de saint. L'Esprit qui vient
habiter en nous c'est le Saint-Esprit. La mesure
dans laquelle il habite en nous, ou plutôt
dans laquelle il nous révèle
l'habitation de Christ en nous, voilà la
mesure de la sainteté.
Nous avons vu quels étaient les
différents degrés de la
proximité de la présence de Dieu en
Israël. Ces divers degrés se retrouvent
aujourd'hui. Il y a des chrétiens qui
demeurent dans le camp, mais qui savent peu ce que
c'est que de s'approcher du lieu saint. Puis, il y
a les chrétiens qui appartiennent au parvis
extérieur ; ils soupirent après
le pardon, la paix ; ils reviennent sans cesse
à l'autel des expiations ; mais ils ne
connaissent que peu ou point la vraie
proximité de Dieu, la sainteté, leurs
privilèges de sacrificateurs d'entrer dans
le lieu saint. D'autres, qui savent que c'est
là leur sainte vocation, qui désirent
ardemment entrer, et qui cependant; comprennent
avec peine la hardiesse qu'ils ont d'entrer
dans le lieu très saint et d'y demeurer.
Heureux sont ceux à qui ce secret : de
l'Éternel a été
révélé ! Ils
savent ce que signifie le voile du temple
déchiré du haut en' bas, et ce qu'est
l'accès à la présence
immédiate du Saint. Le voile a
été ôté de leur
coeur ; ils ont compris que le secret de la
vraie sainteté est dans l'habitation du
Saint en nous, du Dieu qui est saint et qui
sanctifie. Croyant ! le Dieu qui t'appelle
à la sainteté est le Dieu qui apporte
la vie à l'âme qui le reçoit.
Le tabernacle en est le type ; le Fils nous le
révèle ; l'Esprit nous le
communique ; la gloire éternelle le
manifestera pleinement. Et vous pouvez en faire
vous-même l'expérience. En tant que
croyants, c'est notre vocation d'être de
saints temples de Dieu. Oh ! livrez-vous sans
réserve à cette parfaite habitation
de Christ en vous. Ne cherchez pas la
sainteté d'abord en ce que vous êtes
ou en ce que vous faites, mais cherchez-la en Dieu.
Ne la cherchez pas même comme un don
de Dieu, cherchez-la en Dieu, dans sa
présence habitant en vous.
Adorez-le dans la beauté de sa
sainteté, comme Celui qui habite dans les
lieux hauts et saints. Et quand vous l'adorez,
écoutez-le vous dire :
« Ainsi parle le Très-Haut, dont
la demeure est éternelle et dont le nom est
saint ; j'habite dans les lieux
élevés et dans la
sainteté ; mais je suis avec l'homme
contrit et humilié, afin de ranimer les
esprits humiliés, afin de ranimer les coeurs
contrits ».
(Esaïe LVII, 15).
C'est dans la mesure où l'Esprit nous
fortifie puissamment dans l'homme intérieur,
tellement que Christ habite dans nos coeurs par la
foi, et que le Père vient et fait sa demeure
avec Christ en nous, que nous sommes
véritablement saints. Oh ! que, aussi
complètement que le tabernacle ou le temple
était consacré à la demeure du
Très-Haut, l'habitation de sa
sainteté, nous nous livrions absolument
à lui par une entière et vraie
consécration ! Une maison remplie de la
gloire de Dieu, un coeur rempli de toute la
plénitude de Dieu, voilà la promesse
de Dieu, voilà notre portion, notre
héritage. Qu'avec foi nous demandions,
acceptions, retenions fermement cette
grâce : Christ, le Saint de Dieu, venant
au nom de son Père, entrer dans notre
âme et en prendre possession. Alors la foi
apportera la solution de toutes nos
difficultés, la victoire par laquelle nous
triompherons de toutes nos chutes, et par laquelle
aussi nous verrons l'accomplissement de tous nos
désirs. Le secret
révélé de la vraie
sainteté, le secret de la joie ineffable,
c'est Christ habitant dans le coeur par la foi.
« Soyez saints, car je suis
saint ».
Nous fléchissons les
genoux devant le Père de notre Seigneur
Jésus-Christ, pour qu'il nous accorde, selon
les richesses de sa gloire, ce qu'il nous a
enseigné à lui demander. Nous ne
demandons rien moins que ceci, savoir que Christ
habite dans nos coeurs par la foi. Nous
désirons ardemment cette habitation
bénie, permanente, consciente du Seigneur
Jésus dans notre coeur, habitation
qu’il a clairement promise comme le fruit de
l'effusion du Saint-Esprit. O Père !
nous te demandons ce que ton Fils entendait quand
Il disait : « Je
l’aimerai et je me ferai connaître
à lui. Nous viendrons à lui,
et nous ferons notre demeure chez
lui ». Oh ! accorde-nous
cette habitation de Christ dans nos coeurs par la
foi ! Et veuille, en conséquence, nous
t'en supplions, nous accorder d'être
puissamment fortifiés par ton Esprit dans
l'homme intérieur.
O Dieu très bon ! entends notre
prière, notre supplication. Nous nous
prosternons humblement à tes pieds. Nous
faisons valoir devant toi les richesses de ta
gloire. Nous te louons, Ô notre Dieu !
toi qui es puissant pour faire au delà de ce
que nous osons demander ou penser. Nous nous
attendons à toi. Que ce ne soit plus nous
qui vivions, mais Christ en nous ! Nous te le
demandons au nom de ton Fils. Amen.
1° L'habitation de Dieu au milieu
d'Israël était le grand fait central
auquel étaient subordonnés comme
préparatoires tous les commandements
concernant la sainteté. De même,
l'oeuvre du Saint-Esprit a son point culminant dans
l'habitation personnelle de Christ en nous. Ayez,
cela en vue, et attendez-le.
(Jean XIV, 12,
23 ;
Eph. III, 16, 17).
2° Le tabernacle avec ses trois divisions
était, comme pour d'autres
vérités spirituelles, l'image de la
triple nature de l'homme. Notre esprit est le lieu
très saint, où Dieu veut habiter, et
où le Saint-Esprit est donné. La vie
de l'âme, avec sa puissance de sentir, de
savoir et de vouloir, est le lieu saint. Et la vie
extérieure du corps, la conduite, l'action,
est la cour ou le parvis extérieur.
Commencez par croire que l'Esprit demeure dans le
sanctuaire le plus intime, où son action est
secrète et cachée. Honorez-le, en
vous confiant en lui pour le travail, en vous
livrant à lui dans une silencieuse adoration
devant Dieu. De l'intérieur, il prendra
possession de vos pensées, de votre
volonté ; il remplira même le
parvis extérieur, le corps, de la
sainteté de Dieu. « Le Dieu de
paix lui-même vous sanctifiera tout entiers,
et tout ce qui est en vous, l'esprit, l'âme
et le corps, sera conservé
irrépréhensible pour
l'avènement de notre Seigneur
Jésus-Christ. Celui qui vous a
appelés est fidèle, et il le
fera ».
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