Saints en Christ
QUATORZIÈME JOUR
Le Saint de Dieu
C'est pourquoi
aussi le Saint
(petit enfant),
qui aura été engendré, sera
appelé Fils de Dieu.
(Luc 1, 35. Version de Lausanne.)
Et pour nous, nous avons cru et nous avons connu
que tu es le Christ, le Saint de Dieu.
(Jean VI, 69. F. Godet.)
« Le Saint de
l'Éternel »
(Ps. CVI, 16), cette expression ne se
trouve qu'une fois dans l'Ancien Testament. Elle
est employée pour parler d'Aaron en qui la
sainteté, pour autant qu'elle pouvait alors
être révélée, avait
trouvé sa plus complète
personnification. Ce titre a attendu son
accomplissement en Celui qui seul, dans sa personne
divine, pouvait parfaitement manifester la
sainteté de Dieu sur la terre, Jésus,
le Fils du Père.
1° En lui nous voyons en quoi consiste
l'incomparable excellence de la nature divine.
« Tu aimes la justice et tu hais la
méchanceté, c'est pourquoi Dieu, ton
Dieu, t'a oint d'une huile de joie par
privilège sur tes
collègues ».
(Ps. XLV, 8). La haine infinie de
Dieu pour le péché, et le soin avec
lequel il maintient le droit, la justice,
pourraient sembler n'avoir qu'une petite valeur
morale, comme étant une
nécessité de sa nature. Dans le Fils
nous voyons la sainteté divine mise à
l'épreuve. Il est éprouvé et
tenté ! « Il souffre
étant tenté », et il prouve
que la sainteté a vraiment une valeur
morale ; elle est prête à faire
tous les sacrifices, même jusqu'à
donner sa vie, cesser d'être, plutôt
que de consentir au péché.
Jésus, en se livrant lui-même à
la mort plutôt que de céder à
la tentation, en acceptant la mort afin que le
juste jugement du Père soit honoré, a
prouvé que la justice est un
élément de la sainteté divine
et que le Saint est sanctifié par la
justice.
Mais ceci n'est qu'un côté de la
sainteté. Le feu qui consume est aussi le
feu qui purifie : il fait participant de sa
belle nature lumineuse tout ce qui est capable
d'assimilation. Par conséquent, non
seulement la sainteté divine maintient sa
propre pureté, mais encore elle la
communique. En cela Jésus se montra
véritablement le Saint de Dieu, c'est qu'il
n'a jamais dit : « Retire-toi, car
je suis plus saint que toi ». Sa
sainteté s'est montrée être
l'incarnation même de Celui qui a dit :
« J'habite dans les lieux
élevés et dans la sainteté,
mais je suis avec l'homme contrit,
humilié ». C'est en lui qu'on a pu
voir l'affinité qu'il y a entre la
sainteté et tout ce qui est perdu,
impuissant, pécheur. Il a montré que
la sainteté n'est pas seulement cette
énergie qui dans une sainte indignation se
sépare de tout ce qui est impur, mais
qu'elle est aussi cette puissance qui, dans son
saint amour, sépare pour lui-même,
même ce qui est le plus coupable, le plus
pécheur, afin de le sauver et de le
bénir. En lui nous voyons comment la
sainteté divine est l'harmonie de la Justice
infinie avec l'Amour infini.
2° Tel est le divin aspect du caractère
de Christ lorsqu'il fait voir sous une forme
humaine ce qu'est la sainteté de Dieu. Mais
il y a un autre aspect, non moins
intéressant et non moins important pour
nous. Non seulement nous désirons savoir
comment Dieu est saint, mais aussi comment l'homme
doit s'y prendre pour être saint comme Dieu
est saint. Jésus est venu pour nous
enseigner qu'il est possible d'être homme et
d'avoir en même temps la vie de Dieu habitant
en nous. Nous pensons ordinairement que la gloire
et la perfection infinies de la divinité
sont les seuls cadres dans lesquels la
beauté de la sainteté peut être
contemplée ; Jésus a
prouvé la parfaite adaptation et la parfaite
capacité de la nature humaine pour
manifester ce qui est la gloire essentielle de la
divinité. Il a montré comment, en
choisissant et en accomplissant la volonté
de Dieu, en faisant de cette volonté la
sienne propre, l'homme peut vraiment être
saint comme Dieu est saint.
La valeur de cet aspect de l'incarnation
dépend de notre manière de
réaliser parfaitement la vraie
humanité de notre Seigneur. La
séparation solennelle et l'opération
purificatrice qui se poursuit incessamment dans la
fournaise ardente de la sainteté divine,
consumant et s'assimilant sans cesse ce qui en nous
doit être consumé et est assimilable,
nous nous attendons à la voir en Lui dans
les luttes d'une volonté vraiment humaine.
Car la sainteté, pour être vraiment
humaine, doit être non seulement un don, mais
une acquisition. Venant de Dieu, elle doit
être acceptée par l'individu qui doit
se l'approprier personnellement, par l'abandon
volontaire de sa part de tout ce qui n'est pas en
conformité avec elle. Jésus ayant
très positivement fait le sacrifice de sa
propre volonté, et ayant accompli et
souffert la volonté du Père, nous
avons en lui la révélation de ce
qu'est la sainteté humaine, et comment
l'homme, par l'union de sa volonté avec
celle de Dieu, peut vraiment être saint comme
Dieu est saint.
3° Mais à quoi servirait-il que nous
ayons vu en Jésus qu'un homme peut
être saint ? Son exemple serait une
ironie s'il ne nous montrait pas le moyen et ne
nous donnait pas le pouvoir de devenir semblables
à lui. Nous apporter ce moyen, nous donner
ce pouvoir, voilà certainement l'objet
suprême de cette incarnation. La nature
divine de Christ ne s'est pas bornée
à rendre son humanité participante de
sa sainteté, le laissant, lui, n'être
rien de plus qu'un simple homme. Mais sa
divinité a donné à la
sainteté humaine qu'il a manifestée,
à la sainte nature humaine qu'il a
amenée à la perfection, une valeur
infinie et une puissance de communication. Avec lui
une vie nouvelle, la vie éternelle, a
été greffée sur le tronc de
l'humanité. Pour tous ceux qui croient en
lui, il s'est sanctifié, afin qu'eux aussi
soient sanctifiés par la
vérité. Parce que sa mort a
été le grand triomphe de son
obéissance à la volonté du
Père, elle a brisé pour toujours la
domination du péché ; elle a
expié notre iniquité, et elle a
acquis auprès du Père, pour le Fils,
le pouvoir de rendre ses rachetés
participants de sa propre vie et de sa
sainteté. Dans sa résurrection et
dans son ascension la puissance de cette vie
nouvelle et son droit à une domination
universelle ont été rendus
manifestes ; et maintenant, il est en
vérité le Saint de Dieu, tenant en
ses mains comme Chef la puissance de la
sainteté, divine et humaine tout à la
fois, afin de la communiquer à chacun des
membres de son corps.
En parlant du mystère de la sainte
trinité, nous avons vu comment Christ tient
le milieu entre le Père et le Saint-Esprit,
comme point d'union dans lequel ils se rencontrent.
Dans le Fils, « l'empreinte de sa
personne »
(Héb. I, 3), nous avons la
révélation objective de la
divinité, la sainteté divine
personnifiée et rapprochée de nous.
Dans le Saint-Esprit nous avons cette même
révélation subjectivement, la
sainteté divine entrant dans notre
être intérieur et s'y
révélant. Lorsque le Saint-Esprit
prend de la sainteté qui est de Christ pour
nous la communiquer, son oeuvre est bien
réellement de révéler et de
glorifier Christ comme le Saint de Dieu. Il nous
montre que tout est en Christ, et que Christ est
tout pour nous ; que nous-mêmes nous
sommes en Christ, et que comme un Sauveur vivant,
Christ, par son Saint-Esprit, nous prend et nous
garde à sa charge, nous et notre vie de
sainteté. Il fait vraiment de Christ pour
nous le Saint de Dieu. Mon frère,
veux-tu être saint ? Veux-tu
connaître la voie de Dieu pour la
sainteté ? Apprends à
connaître le Christ comme le Saint de Dieu.
Tu es en lui, « saint en
Christ ». Tu as été
établi en Christ par un acte de la puissance
divine ; et cette puissance t'y maintient,
planté, enraciné dans cette
plénitude divine de vie et de
sainteté qui est en lui. Sa sainte
présence et la puissance de sa vie
éternelle t'entourent de toutes parts ;
que le Saint-Esprit te le
révèle ! Le Saint-Esprit est en
toi comme la puissance même de Christ et de
sa vie. Secrètement, silencieusement, mais
puissamment, si tu veux regarder au Père
pour cette oeuvre de l'Esprit en toi, le
Saint-Esprit te fortifiera dans cette foi :
que tu es en Christ, et que la vie divine
qui t'enveloppe ainsi de tous côtés
entrera en toi et prendra possession de tout ton
être. Prie et étudie-toi à
croire et à réaliser que c'est bien
en Christ, comme en Celui qui est le Saint
de Dieu, en Christ, dans lequel la
sainteté de Dieu est préparée
pour toi sous la forme d'une nature sainte et d'une
vie sainte, que toi tu es et que tu peux demeurer
désormais.
Puis souviens-toi aussi que le Christ est ton
Sauveur, le plus patient, le plus compatissant des
pédagogues. Étudie la sainteté
la clarté de sa face, en ayant les regards
arrêtés sur lui. Il est venu du
ciel dans le but unique de te rendre saint. Son
amour et sa puissance dépassent infiniment
ta stupidité et ta culpabilité.
Apprends à penser à la
sainteté comme à un héritage
préparé pour toi, comme la puissance
d'une vie nouvelle que Jésus ne demande
qu'à te communiquer. Penses-y comme à
une chose qui se trouve toute en lui, et pense
à la possession de cette chose comme
à une chose qui dépend de la
possession de Christ lui-même. Et de
même que les disciples, quoiqu'ils
comprissent à peine ce qu'ils confessaient,
ou qu'ils sussent à peine où le
Seigneur les conduisait, devinrent ses saints, ses
bien-aimés, en vertu de leur attachement
à sa personne, de même tu trouveras
qu'aimer Jésus avec ferveur et lui
obéir simplement est le plus sûr
chemin pour la sainteté et pour la
plénitude du Saint-Esprit.
« Soyez saints, car je suis
saint ».
O Dieu très saint !
je te bénis de ce que ton Fils
bien-aimé, que tu as sanctifié et
envoyé dans le monde, est maintenant pour
nous le Saint de Dieu.
Fais que je le connaisse comme la
révélation de la sainteté,
l'incarnation en une nature humaine, même
jusqu'à la mort, de ta haine incomparable et
infinie contre le péché, comme aussi
de ton amour ineffable pour le pécheur.
Remplis mon âme d'une crainte salutaire en
toi et d'une foi parfaite en tes promesses.
O mon Père ! il t'a plu de faire
habiter en ton Fils toute plénitude. En lui
sont cachés tous les trésors de la
sagesse et de la connaissance ; en lui sont
les insondables richesses de la grâce et de
la sainteté. Je t'en supplie,
révèle-le à mon
âme ; révèle-le en
moi ; que je ne me satisfasse pas de
pensées et de désirs sans
réalité, mais que dans la puissance
d'une vie sans fin je puisse le connaître et
être connu de lui, le Saint de Dieu.
Amen.
1° Dans la sainteté de Jésus
nous voyons ce que doit être la
nôtre : une justice qui hait le
péché et qui donne tout pour qu'il
soit détruit ; un amour qui cherche le
pécheur et qui donne tout pour qu'il soit
sauvé. « Quiconque ne pratique
point la justice n'est point issu de Dieu non plus
que celui qui n'aime point son
frère ».
2° C'est une pensée bien solennelle que
celle-ci : nous pouvons étudier
sérieusement pour arriver à savoir ce
qu'est la sainteté, et cependant en avoir
fort peu, parce que nous avons peu de Jésus.
C'est une pensée bienfaisante que
celle-ci ; un homme peut s'occuper fort peu
directement de la pensée de la
sainteté, et cependant en avoir beaucoup,
parce qu'il est rempli de Jésus.
Jésus est le Saint de Dieu ; l'avoir
véritablement, l'aimer avec ferveur, se
confier en lui et lui obéir, être en
lui, voilà ce qui rend, saint.
3° Votre sainteté est donc
conservée précieusement dans ce
Sauveur puissant et divin ; il n'y a par
conséquent rien à craindre qu'il ne
soit pas prêt à nous rendre saints, ou
qu'il n'en soit pas capable.
4° Avec, un pareil Sauveur qui sanctifie,
comment se fait-il que plusieurs de ceux qui font
profession de chercher la sainteté
échouent misérablement et connaissent
si peu les joies d'une vie sainte ? Je suis
assuré que pour un grand nombre la cause en
est en ce qu'ils cherchent à se saisir de ce
Christ avec leurs propres forces, ignorant qu'ils
doivent attendre le Saint-Esprit au dedans d'eux,
afin qu'il vienne révéler à
leurs coeurs cet Être divin, le Saint de
Dieu.
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