Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



SERMON SUR LA MANIÈRE D'ÉTUDIER LA RELIGION.

Jaques SAURIN

Pasteur à La Haye

 1762

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Celui qui aura regardé attentivement dans la Loi parfaite, qui est celle de la Liberté, et qui aura persévéré, n'étant point un Auditeur qui oublie, mais mettant en effet l'Oeuvre, celui-là sera, heureux en ce qu'il aura fait.


Mais celui qui aura plongé les regards dans la loi parfaite, la loi de la liberté, et qui aura persévéré, n'étant pas un auditeur oublieux, mais se mettant à l'oeuvre, celui-là sera heureux dans son activité. Jacques I. 25.

SAINT JACQUES nous fournit dans les paroles que vous venez d'entendre un moyen pour repousser une des difficultés les plus odieuses, qui puisse être opposées à la Religion.

Depuis que nous sommes au monde, on nous donne de grandes idées de la doctrine, qui est contenue dans nos Livres saints. Les hommes inspirés en font les éloges les plus magnifiques. Ils nous la représentent comme la source de la félicité : Ils nous disent, qu'elle restaure l'Âme (Ps. XIX. 8-11) : qu'elle donne la sagesse au simple : qu'elle est plus désirable que l'or : qu'elle est plus douce que le miel : qu'elle est propre à instruire, à convaincre, à corriger, à rendre accompli l'Homme de Dieu (II Tim. III. 16-17). Ils nous attestent que ce ne sont pas là de simples idées, destituées de sens et de vérité. Ils nous assurent, qu'ils connaissent cette vertu par leur propre expérience : que quand ils ont fait de cette doctrine l'objet de leur méditation, ils ont été rassasiés comme de graisse et comme de moelle (Ps. LXIII. 6.) : qu'ils y ont trouvées sources intarissables de plaisirs et de bon conseil : qu'elle les a rendus plus sages que les anciens : qu'elle les a fait passer en prudence ceux qui les avaient enseignés (Ps. CXIX. 24. 99-100).

Lorsque nous montons dans cette Chaire, nous ramassons tous ces éloges. Nous étalons tous ces exemples. Nous pressons tous ces motifs. Nous nous en servons pour nous concilier votre attention, et pour échauffer votre zèle. Nous vous promettons de la part de Dieu, que si vous méditez la Parole, elle éclaircira vos doutes : elle fixera vos pensées flottantes : elle dissipera vos ténèbres : elle adoucira vos amertumes. - Vous n'êtes, ni insensibles à ces promesses, ni immobiles à ces exhortations. Vous lisez cette parole dans vos maisons. Vous Tenez en entendre l'explication dans ces Temples. Et cependant vous vous trouvez toujours misérables : toujours dans le doute : toujours enveloppés de ténèbres : toujours livrés à des pensées flottantes : toujours privés de ces ineffables douceurs qu'on vous avait fait attendre.
N'est-ce pas de quoi rendre suspecte la Religion ? N'est-ce pas de quoi décrier notre ministère ?

Non, dit St. Jacques. Ce défaut ne vient pas de la Parole qu'on vous prêche, mais de ceux à qui elle est prêchée. Ce n'est point à des idées vagues des vérités qu'on vous annonce, que nous promettons ces avantages ; ce n'est point à une étude légère : ce n'est point à quelques réflexions, qui s'offrent à l'esprit véritablement, mais qui ne font aucune impression sur le coeur, et qui n'ont aucune influence sur la vie. C'est à une profonde connaissance ; c'est à une étude infatigable ; c'est à un retour continuel de réflexions : surtout c'est à une pratique confiante, que ces prérogatives sont attachées. Celui qui aura regardé attentivement dans la Loi parfaite, qui est cette de la liberté, et qui aura persévéré, n'étant point un Auditeur qui oublie, mais mettant en effet l'Oeuvre, celui-là sera heureux en ce qu'il aura fait.

Entrons plus avant, M. F., dans le dessein de notre Apôtre. Et, pour bien entendre sa pensée, attachons de justes idées à ses expressions.
Celle qui a le plus grand besoin d'être expliquée, c'est celle-ci : la Loi parfaite, qui est celle de la Liberté.

Cette Loi, c'est la Religion, ou, pour parler avec plus de précision encore, c'est l'Évangile. L'Évangile est bien nommé une Loi, une Loi parfaite, une Loi de liberté.

I. C'est une Loi. Malheur à celui qui ne l'envisage que comme une science de simple spéculation. C'est une science pratique : c'est une science même, dont tout se rapporte à la pratique. St. Jacques le dit immédiatement après notre Texte : La Religion pure et sans tâche envers notre Dieu et Père, consiste à visiter les Orphelins et les Veuves dans leurs afflictions, et à se garder de ce monde sans en être souillé (Jacq. I. 27).

Tous les dogmes que cette science nous apprend, tous les préceptes qu'elle nous impose, toutes les promesses qu'elle nous fait, toutes les menaces dont elle se sert pour nous atterrer, tout cela est destiné à nous rendre sages.
Mais, si l'Évangile est une Loi, c'est aussi une Loi parfaite. Formez-vous l'idée d'une Loi parfaite. Elle doit émaner d'un pouvoir légitime. C'est là le caractère de l'Évangile. Les préceptes qu'il nous impose, viennent de notre Souverain, qui a droit de nous commander comme à ses serviteurs et à ses créatures. Les vertus suprêmes qu'il possède, le rendent infiniment digne de notre obéissance et de notre soumission. Notre vie, notre mouvement, notre Être (Actes XVII. 28), tout ce que nous possédons, émane de ses bontés, tout nous dit qu'il est notre Maître.
Bien plus. Les Lois de l'Évangile ont une justice intrinsèque, essentielle, et indépendante de celui qui nous les donne. En sorte que, quand il n'y aurait ni révélation céleste, ni ordre venu d'en-haut, les lumières de la Raison, le dictamen (sentiment) de la Conscience, devraient nous porter à nous y soumettre. Entrez dans votre propre coeur. Écoutez cette voix intérieure qui vous parle.

Examinez ces pensées, qui vous accusent, ou qui vous excusent, et que l'Auteur de votre être a comme gravées dans la substance de vos âmes. Vous verrez qu'elles ont un rapport intime avec les Lois de l'Évangile.

Une Loi parfaite doit être praticable. C'est là le caractère de l'Évangile. En vain le Portique se vante-t-il de faire descendre la Sagesse du plus haut des Cieux, et de la porter sur la Terre. L'esprit est ébloui de ces idées, mais il n'en est point éclairé. Le coeur se sent accablé d'un fardeau, dont le poids surpasse ses forces. Mais les Lois de L'Évangile sont praticables. Il est vrai qu'elles nous proposent la perfection pour but, et l'Être parfait pour modèle. Cependant, elles sont accompagnées de tant de support, de tant de charité, de tant de condescendance, qu'elles sont toujours proportionnées à notre faiblesse.

Une Loi parfaite doit être soutenue de grands motifs. C'est encore là le caractère de l'Évangile. Craignez-vous la haine des hommes ? Mais si vous n'obéissez pas aux Lois de l'Évangile, vous attirez sur vous la colère fulminante de ce Souverain législateur, qui peut sauver, et qui peut perdre (Jacq. IV. 12.)

Êtes-vous sensibles aux plaisirs ? Mais si vous obéissez aux Lois de l'Évangile, vous irez par le chemin des peines et des tribulations au torrent des délices éternelles.
Êtes-vous prenables par les Grandeurs, par les Royaumes du monde, et par leur gloire ? (Matth. IV. 8) Les Lois de l'Évangile vous promettent, que vous jugerez le monde ( I Cor. VI. 2), que vous serez Rois et Sacrificateurs (Apoc. I. 6) L'Évangile est donc une Loi, c'est une Loi parfaite. Mais c'est aussi une Loi parfaite, qui est de Liberté. Cela parait d'abord opposé.
La Loi et la Liberté semblent directement contraires. Être asservi à des lois, et être dans l'esclavage, c'est souvent une même chose. Ici au contraire, la Loi et la Liberté sont réunies.
Être asservi aux lois de l'Évangile, et être affranchi de l'esclavage, ce n'est qu'une même chose, selon ce beau mot de l'Évangile, vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous affranchira (Jean VIII. 32). Si le monde croit, que c'est de l'abandon aux passions criminelles que doit naître la liberté, il se trompe. Le péché est un Tyran. Les passions tiennent leurs adorateurs à la chaîne. Je suis convaincu que la vengeance appartient à Dieu, et je ne puis m'empêcher d'acquiescer à cette voix Divine : À moi appartiens la vengeance, et je rendrai, dit le Seigneur (Rom. XII. 19.). Cependant, je sens je ne sais quelle chaleur dans mon sang, je ne sais quelle fougue qui m'emporte, et qui veut que je me venge.
N'est-ce pas là un véritable esclavage ?
Je sens que je suis formé pour l'éternité ; et cependant mon coeur, mon faible coeur, penche toujours vers cette terre qui m'a trompé tant de fois, et qui va me tromper encore, N'est-ce pas là un véritable esclavage ? Je sens que je suis mortel ; je sens même que ce serait pour moi le comble des malheurs que de traîner sans cesse une vie, qui semble ne prolonger ma durée que pour prolonger ma misère : et cependant je crains la mort dans le temps même que je déplore ma vie ; je suis las de vivre, et je n'ai pas le courage de mourir. N'est-ce pas là un véritable esclavage ?

La Loi de l'Évangile, au contraire ; est une Loi de Liberté. Elle nous affranchit du joug, sous lequel nos passions nous faisaient gémir. Elle permet à notre âme de chercher dans ces grands objets qu'elle nous propose, de quoi remplir sa capacité. Elle accorde nos lumières avec nos penchants. Et s'il reste encore quelque corruptiondans notre coeur, qui barre, pour ainsi dire, le chemin du Ciel, et qui en rétrécisse la porte, les réflexions, la prière, vont faire évanouir ces difficultés, et nous rendre nos devoirs faciles.

L'Évangile est donc bien nommé une Loi, une Loi parfaite, une Loi de Liberté. C'est ce que vous sentiriez beaucoup mieux encore, si nous opposions l'Économie Évangélique à celles qui l'ont précédée, à la Religion Naturelle, qui n'était pas une Loi parfaite, à l'Économie Lévitique, qui ne saurait être envisagée comme une Loi de Liberté.
Mais s'engager ici dans des discutions de ce genre, ce serait substituer des vérités étrangères à celles que notre Texte nous appelle à vous mettre devant les yeux. Hâtons-nous de venir au grand dessein de St. Jacques. Il me semble qu'il caractérise quatre sortes d'hommes, qui, vivant sous la Loi parfaite de la Liberté, et étant en quelque sorte à la source de la félicité, sont pourtant toujours misérables. Ou, pour approcher encore de plus près nos idées des moeurs de notre siècle, on dirait que l'Apôtre a caractérisé quatre sortes de nos Auditeurs.

1. L'Auditeur, qui s'arrête à l'écorce de la Religion.
2. L'Auditeur, qui se lasse dans les travaux qu'il entreprend pour l'étudier et pour la connaître.
3. L'Auditeur, dont les idées s'effacent incontinent après qu'il les a reçues.
4. Et l'Auditeur qui néglige de les mettre en pratique.

À ces quatre dispositions d'esprit, St. Jacques oppose quatre devoirs, à l'observation desquels la véritable félicité est annexée.

1. Une connaissance profonde : celui qui aura regardé attentivement dans la Loi parfaite, qui est celle de la Liberté.
2. Une étude infatigable : celui qui aura persévéré.
3. Un retour continuel de réflexions : celui qui n'aura pas été Auditeur qui oublie.
4
. Une pratique confiante : celui qui aura mis en effet /'Oeuvre. Celui qui aura regardé attentivement dans la Loi parfaite, qui est celle de la Liberté, et qui aura persévéré, n'étant point un Auditeur qui oublie, mais mettant en effet l'Oeuvre, celui-là sera heureux en ce qu'il aura fait.

Quatre idées, que nous allons ramener tour à tour. C'est tout ce qu'il nous reste à vous proposer.

II y a des Auditeurs qui s'arrêtent à l'écorce de la Religion.
Pour tirer de nos Écritures le fruit que nous pouvons en attendre, il faut en avoir une confiance profonde. Il faut regarder avec attention dans la Loi parfaite. Le mot de l'Original est singulier : il signifie se courber, ou se pencher. C'est le même que celui qui est employé par l'Apôtre St. Pierre, qui dit que les Anges se courbent sur nos Mystères, (1 Pier. I. 12) pour les pénétrer jusqu'au fonds. Celui qui aura regardé attentivement ; celui qui se sera courbé pour voir dans le fonds de la Loi parfaite, qui est de Liberté ; c'est celui qui fera heureux dans ce qu'il aura fait.

Mais, qu'est-ce que s'arrêter à l'écorce de la Religion ?
S'arrêter à l'écorce de la Religion, c'est ramener, sous le masque de la Réformation, les principes de la Communion de Rome : c'est supposer, qu'en venant au monde, on est logé au centre de la vérité : c'est négliger de rechercher pourquoi l'on croit qu'il y a un Dieu au Ciel ; pourquoi l'on adhère au Christianisme, plutôt qu'à la Religion des Juifs, ou à la Secte de Mahomet : c'est se contenter d'avoir certaines preuves superficielles des grands principes sur lesquels roule tout le Système de la Religion. Une connaissance si légère ne saurait rendre un homme heureux. Celui qui ne connaît la Religion que de cette manière, sentira sa foi chanceler à la première objection de l'Incrédule. Pour puiser une félicité solide dans la Religion, il faut y regarder avec attention. Il faut examiner, autant qu'on en est capable, ces belles démonstrations, sur lesquelles elle est appuyée. Il faut la comparer avec les ouvrages de la Nature, avec la voix de la Conscience, avec ce concours unanime de Peuples, qui divisés sur tant d'articles, semblent s'être réunis pour admettre l'existence d'un premier Être, la nouveauté du monde, une différence essentielle entre le juste et l'injuste, des peines et des récompenses dans une autre vie.

S'arrêter à l'écorce de la Religion, c'est avoir un respect superstitieux, un zèle sans connaissance (Rom. X. 2), pour ce Livre sacré, dans lequel Dieu a déposé ses Oracles. C'est le vénérer avec le même esprit de préjugé, qui a concilié tant de vénération à l'Alcoran (Le Coran). Une connaissance si légère ne saurait suffire à rendre un homme heureux. Celui qui ne connaît la Religion que de cette manière, se trouvera toujours en bute aux railleries du Libertin, et aux instances du Sophiste.
Pour tirer de nos Écritures la félicité que nous pouvons en attendre, il faut regarder attentivement dans la Loi parfaite, qui est celle de la Liberté. Il faut apercevoir ces caractères de Divinité, qui y brillent de toutes parts, cette supériorité de lumière, cette sublimité d'idées, cette pureté de morale, cette force de motifs, cette harmonie des Auteurs, qui ont vécu dans des lieux et dans des temps différents, et qui ont tous prêché la même Doctrine.

S'arrêter à l'écorce de la Religion, c'est se contenter de savoir les vérités générales qu'elle enseigne : c'est borner les vues du St. Esprit : c'est croire qu'il suffit de parcourir nos Écritures pour découvrir toutes les vérités qu'il a parsemées dans ce Livre. Une connaissance si légère ne saurait suffire à rendre un homme heureux. Celui qui ne connaît la Religion que de cette manière, se dérobe à lui-même mille délices. C'est celui qui regarde attentivement dans la Loi parfaite, qui est celle de la Liberté, qui y découvre ces beautés divines qu'elle renferme. Il est rempli d'admiration, quand il voit la Divinité travaillant depuis la chute de l'homme à le relever. Il est rempli d'admiration, quand il voit ce Rédempteur promis à la misérable postérité d'Adam, entrant dans tous les plans que Dieu a formés à l'égard de l'homme. Il est rempli d'admiration quand il voit l'Économie Légale préparant les esprits à l'Économie Évangélique, et toutes les Nations de l'Univers venant rendre hommage à ce JÉSUS, qui devait avoir pour son héritage les Nations, et pour sa possession les bouts de la terre. (Ps. II. 8.)

S'arrêter à l'écorce de la Religion, c'est se contenter de savoir les Lois générales qu'elle nous prescrit. C'est être prévenu de cette pensée, que toutes les questions de morale sont aisées à résoudre, que tous les cas de Conscience s'éclaircissent sans peine. Une connaissance si légère ne saurait suffire à rendre un homme heureux. Celui qui ne connaît la Religion que de cette manière, commettra souvent sans scrupule les plus grands crimes, et se verra exposé ensuite aux justes reproches des Casuistes (Théologiens) éclairés, qui lui viendront dessiller les yeux. Pour tirer de la Religion le fruit que nous en pouvons attendre, il faut regarder attentivement dans la Loi parfaite, qui est celle
de la Liberté. Il faut examiner en détail jusqu'à quel degré vont les engagements du Chrétien, quel temps on peut donner à Dieu, quel temps on peut donner au monde , quel temps aux exercices publics de - la Religion, et aux dévotions particulières, quel temps à la Société, quel temps aux soins de la vie. Il faut examiner en détail combien il est permis de dépenser pour la bienséance de sa condition, combien en charité et en aumônes. Il faut examiner jusqu'à quel degré il est permis de s'attacher à la terre, et jusqu'à quel degré l'on est obligé de s'en détacher.
C'est cet examen qui peut procurer une félicité solide. Un homme qui est entré dans ce détail, peut marcher avec fermeté. Il est au dessus des doutes, des incertitudes, des scrupules. Celui qui aura regardé attentivement dans la Loi parfaite, qui est celle de la Liberté, celui-là sera heureux en ce qu'il aura fait.

Pour acquérir cette profonde connaissance, il faut une profonde application, une étude confiante et infatigable. St. Jacques, après avoir combattu l'Auditeur qui s'attache à l'écorce de la Religion, combat celui qui se lasse dans les travaux qu'il entreprend pour la connaître. Celui, dit-il, qui aura regardé attentivement dans la Loi parfaite, qui est celle de la Liberté, et qui aura persévéré, celui-là sera heureux en ce qu'il aura fait. Ce fera notre seconde Réflexion.
Pour vous donner une idée plus particulière de cette persévérance, il faut vous la montrer réduite en acte, il faut vous tracer une vie, dans laquelle, à l'aide d'un génie heureux, secondé d'une bonne éducation, on aura persévéré dans l'étude de la Religion. Il est vrai, que peu de personnes se trouvent dans les circonstances que nous supposons dans l'homme que nous allons dépeindre. Cependant, cette supposition vous fera sentir ce qui manque à votre éducation, et vous engagera à y suppléer. Elle pourra même servir de direction à chacun de vous, selon les circonstances où il se trouve, pour l'instruction de ses Enfants. Qu'il me soit donc permis de supposer, que je fuis appelé à former à la connaissance de la Religion un enfant bien né. Voici comment je ferai le partage de ses méditations.

1. Dès ses plus tendres années, je tâcherai de lui faire ouvrir les yeux sur les misères des hommes. Je le rendrai attentif aux mortifications qu'il essuie, aux larmes qu'il répand, aux douleurs auxquelles il est exposé.
Je lui ferai comprendre, que les peines et les tourments ne sont pas des apanages de l'enfance, particuliers à un certain âge, mais des suites nécessaires de la Nature.
Je lui ferai sentir, que les personnes d'un âge avancé, que celles d'une condition plus relevée, que ses maîtres, que ses aïeux, ont eu leurs afflictions et leurs amertumes. Surtout, je lui dirai, que tous les hommes sont mortels, et je lui donnerai pour première leçon, ou plutôt je poserai pour principe et pour fondement de toutes mes leçons, cette Sentence, prononcée à chacun des enfants d'Adam : Tu es poudre, et tu retourneras en poudre. (Genèse III. 19.)

2. Après lui avoir parlé de ses misères, je l'entretiendrai de ses ressources et de son bonheur. Je lui dirai, que quand j'entreprends de lui enseigner la Religion, j'entreprends par cela même de le munir contre tous ces malheurs, dont je lui ai fait la triste énumération : je lui dirai, que je viens l'armer contre les frayeurs de la mort, et le conduire à une vie plus heureuse que celle dont il commence à sentir lui-même les travers. Je me servirai de ces promesses, pour me concilier son attention, sa docilité, et son amour.

3. Je préviendrai les mauvais effets que pourrait produire dans son âme une trop grande préoccupation en ma faveur. Je lui dirai, que s'il doit être attentif à mes Discours, il ne doit pourtant pas les écouter comme des Oracles : que s'il doit me témoigner de la docilité, il ne doit pourtant pas me regarder comme infaillible ; que s'il doit m'aimer, il ne doit pourtant pas s'imaginer que c'est en moi que la souveraine félicité réside. Je tâcherai de lui donner ainsi les premières semences de cette vertu sans laquelle on ne sera jamais, ni de bons Philosophes, ni de bons Chrétiens ; cette vertu, qui fait que l'on n'admet que des idées claires, que l'on suspend son jugement sur les choses obscures, qu'on ne se rend qu'à l'évidence, ou aux décisions de l'Être infaillible.

4. Je lui enseignerai d'abord, mais d'une manière historique seulement, et sans exiger avec tyrannie qu'il croie aveuglément tout ce que je vais lui proposer ; je lui enseignerai d'abord les principaux Points de la Religion. Je lui dirai, la Religion Chrétienne contient tels et tels Articles. La Communion, dans laquelle vous êtes né, se distingue par tel et tel dogme, de cette autre Communion. Mais je lui proposerai ces choses, non pas comme des vérités qu'il doit croire sans autre examen, et sans autre discussion, mais comme des propositions, à la discussion desquelles une partie de ses jours doit être destinée, et qu'il doit examiner avec application, à mesure que son esprit viendra à se développer, et que ses talents augmenteront.

5. Je lui ferai comprendre, que dans cette Religion, dont le plan vient de lui être tracé, il y a des choses qui sont à sa portée, et d'autres qui font au-dessus de sa portée.
À l'égard de celles qui sont à sa portée, telles que sont l'existence d'un premier Être, la droiture de certains sentiments, et de certaines actions, je lui en alléguerai les preuves, et je cultiverai ainsi cette vertu, dont je lui avais donné les premières semences ; cette vertu, qui fait que l'on ne se rend qu'à l'évidence et à la lumière. Je lui ferai comprendre, que l'examen des vérités, qui sont au-dessus de sa portée, doit être réservé à un temps où son esprit aura plus d'étendue.

6. Après avoir ainsi divisé toutes les vérités de la Religion en deux Classes, la Classe des vérités, dont les preuves sont à la portée de mon Élève, et la Classe des vérités, dont les preuves sont au-dessus de sa portée, la Classe des vérités qu'il doit croire, parce qu'il en sent les preuves, et la Classe des vérités qu'il ne doit retenir que d'une manière historique, parce qu'il n'a pas encore la faculté de connaître si elles font bien fondées, j'observerai avec soin les progrès de son esprit. Je verrai si une nouvelle année l'aura rendu plus capable que les précédentes d'examiner les preuves de ces vérités, qui ne lui avaient d'abord été proposées que d'une manière historique. Je proportionnerai ainsi sa Foi à ses talents. Je le ferai croître en connaissance et en lumière, à mesure qu'il croîtra en âge et en force de génie. Je continuerai cette méthode jusqu'à ce que je doive abandonner cet homme à lui-même.

7. Quand il fera parvenu à cet âge, où l'on n'a plus d'autre Docteur que soi-même, je lui déclarerai, que je ne prétends point lui avoir donné toutes les lumières qu'il doit avoir. Je lui ouvrirai un nouveau champ d'étude et de connaissances. Je lui dirai, que c'est à lui maintenant d'examiner par ses propres yeux, si j'ai abusé de son enfance, ou si je l'ai formé avec prudence et avec ménagement. Je lui dirai, que c'est à lui de peser de nouveau des arguments, qui lui ont peut-être fait illusion, lorsqu'il était encore dans ses plus tendres années : que c'est à lui maintenant de voguer sur ce vaste Océan de vérités et de lumières, dont je ne lui ai montré que les bords.
Un homme, qui suivra ces principes, persévérera dans l'étude de la Religion. Mais aussi un homme, qui suivra ces principes, sera heureux. Celui qui aura regardé attentivement dans la Loi parfaite, qui est celle de la Liberté, et qui aura persévéré, celui-là sera heureux en ce qu'il aura fait.

Un homme qui suivra ces principes, aura l'esprit juste : il ne donnera point dans les puérilités, et dans les minuties, qui défigurent la Religion, et qui la décrient.
Un homme qui suivra ces principes, fera toujours de nouveaux progrès : à mesure qu'il apprendra, il sentira croître le désir d'apprendre encore.
Un homme qui suivra ces principes, goûtera des délices dans le cabinet, dans le recueillement, et dans le silence.
Un homme qui suivra ces principes, trouvera au milieu de ses plus grandes afflictions, de puissantes consolations dans cette douce habitude, qu'il se sera formée de méditer sur la Loi de Dieu.
Un homme qui suivra ces principes, soupirera souvent de ce qu'il ne peut connaître que si imparfaitement ce Dieu, qui est le grand objet de ses méditations et de ses études. Il verra avec des transports de joie, approcher cette période qui doit tirer tous ces voiles, qui lui cachent tant d'objets ravissants, et qui lui dérobent la connaissance de tant de vérités intéressantes.

Le troisième ordre d'Auditeurs, que l'Apôtre combat ; ce sont les Auditeurs qui oublient. Et la troisième chose qu'il demande de ceux qui veulent retirer du fruit de la Parole, c'est qu'ils en conservent les impressions. Celui qui aura regardé attentivement dans la Loi parfaite, qui est cette de la Liberté, n'étant point un Auditeur qui oublie, celui-là fera heureux en ce qu'il aura fait.

On peut donner deux sens à cette expression, l'Auditeur qui oublie.
Par un Auditeur qui oublie, on peut entendre celui qui s'attache véritablement à l'étude de l'Évangile, à consulter les Ouvrages qui ont été faits pour en faciliter l'intelligence, à écouter les Discours que l'on prononce pour l'expliquer et pour l'inculquer ; mais qui, par un défaut de mémoire, perd incontinent les idées des vérités qui ont été l'objet de son attention et de ses lectures.
Celui qui oublie de cette manière, est quelquefois moins coupable que malheureux. Il ne doit pas même se faire des idées trop mortifiantes de son malheur. Il n'est pas en nôtre pouvoir de posséder certains talents. L'Auteur de nôtre être distribue ses grâces comme il lui plaît. Il ne dépend pas de nous de naître avec un esprit pénétrant, avec une conception aisée, avec une mémoire fidèle. Il y a des hommes, que Dieu destine avant leur naissance à de grandes choses, au maintien de l'État, au commandement des Armées, à l'édification de l'Église. Il proportionne l'étendue des grâces qu'il leur communique, aux actions auxquelles il les a destinés. Mais le défaut d'une faculté naturelle, si nous n'y contribuons pas par nôtre faute, ne doit point nous abattre. Quand nous ne sommes des Auditeurs qui oublient parce que Dieu n'a pas jugé à propos de nous accorder cette faculté, nôtre état est plutôt un sujet d'humilité, que de douleur. J'ai pourtant quelques Avis à donner à ceux, qui font des Auditeurs qui oublient dans ce premier sens.

Voici le premier Avis. Exercez vôtre mémoire. La mémoire est une des facultés qui a le plus besoin d'être cultivée. Si elle s'affaisse, quand elle est chargée d'un trop grand poids, elle se perd et s'évapore quand elle est sans exercice.
Voici le second. Proportionnez le retour des réflexions au peu de facultés que vous avez pour les retenir. Une simple méditation et une simple lecture ne peuvent vous suffire : employez plus de temps à lire et à méditer.
Voici le troisième. Au défaut d'une mémoire de mots, faites-vous une mémoire de choses. Accoutumez-vous, quand vous lisez un Livre de Religion, accoutumez-vous à en tirer le suc et la substance.

Remarquez-en les points essentiels : découvrez-en les idées principales. Faites les passer et repasser souvent dans vôtre esprit. Si les expressions vous échappent, les choses vous resteront.
En voici un quatrième. Ne passez pas, incontinent d'un exercice tout temporel à un exercice de Religion. Il serait à souhaiter, qu'avant de venir dans ce Temple, on fit quelque réflexion sur ce que l'on se propose en y entrant. Il serait à souhaiter que l'on eut dégagé son âme d'une partie des objets, dont elle est remplie. Au sortir d'une Conférence politique, au sortir d'une partie de jeu, au sortir de la discussion d'un intérêt de famille, l'on est peu en état de donner aux vérités de la Religion cette profonde application, qui les imprime dans la mémoire.
Voici le cinquième. Qu'il y ait quelque intervalle entre l'exercice de Religion auquel vous venez de vaquer, et les exercices temporels, auxquels vous devez vaquer encore.

Cet Avis est important. Taxez-nous tant qu'il vous plaira d'être des Déclamateurs, quand nous voulons mettre des bornes à vôtre cupidité ; quand nous vous représentons, que certains lieux, où la mondanité est sur le trône, conviennent peu à un Chrétien. Mais, du moins, n'entreprenez pas de soutenir les Paradoxes les moins soutenables. Vous vous plaignez de l'infidélité de vôtre mémoire, et vous joignez l'art à la nature pour la rendre beaucoup plus infidèle encore. Dès qu'on vous a donné quelque légère impression de la Parole de Dieu, vous allez dans le bruit et dans le tumulte. La méditation, le silence, le recueillement, sont les suppléments de la mémoire.

Enfin, le dernier Avis, c'est de redoubler son amour pour la Religion.
On oublie difficilement les choses auxquelles on prend un grand intérêt. Si nous vous donnions dans ces Temples des règles pour augmenter vos revenus, pour grossir vos capitaux, pour illustrer votre famille ; les personnes qui se plaignent le plus de l'infidélité de leur mémoire, retiendraient sans peine une partie de nos Discours. Disons-nous donc souvent à nous-mêmes, que la Religion est notre véritable bien, notre trésor, nôtre tout. Embrasons notre amour pour elle : elle se gravera dans nôtre cerveau : et nôtre coeur rappellera notre mémoire.

Mais, on peut donner un deuxième sens à ce mot d'oublier, qu'emploie ici nôtre Apôtre. Par un Auditeur qui oublie, on peut entendre un homme, qui agit dans sa conduite comme s'il avait oublié les vérités de la Religion : non qu'il les ait oubliées en effet, mais, parce qu'à juger de sa mémoire par ses actions, on dirait que toutes ses idées sont effacées. C'est le sens qu'on donne souvent à ce terme dans la Société. C'est ainsi qu'on dit à un homme, qui est devenu insolent depuis qu'il est sorti de la bassesse où il avait été élevé, vous avez oublié vôtre première condition : parce qu'à juger de lui par le faste qu'il étale, on dirait qu'il a oublié en effet son extraction et son origine. C'est ainsi qu'on dit à un homme, qui fait de grands projets pour cette vie, vous oubliez que vous êtes mortel : parce qu'à juger de lui par des desseins, dont l'exécution suppose une longue suite d'années, On dirait qu'il a oublié que la mort va bientôt souffler sur tous ses projets. C'est ainsi que Dieu disait à l'ancien Peuple : Tu as oublié le Dieu fort qui t'a formé, et le Rocher qui t'a engendré. C'est ainsi que l'Auteur du Psaume CVI. disait des Israélites : Ils oublièrent le Dieu fort leur Libérateur, qui avait fait de grandes choses en Égypte, des choses merveilleuses au pays de Caïn, et des choses terribles sur la mer rouge. Et c'est ainsi que nous pouvons dire avec trop de raison de la plupart de nos Auditeurs, qu'ils oublient les vérités qu'on leur annonce, parce que s'ils y sont attentifs, si elles leur inspirent quelques bonnes résolutions, ils agissent comme s'ils n'avaient eu aucune attention, comme s'ils n'avaient formé ni voeux, ni résolutions, ni promesses.

Il me semble, mes Frères, que ce dernier sens est précisément celui de l'Apôtre. Ce qui nous le persuade, c'est que St. Jacques oppose à l'Auditeur qui oublie, non l'Auditeur qui se souvient, mais l'Auditeur qui agit ; Celui, dit-il, qui n'aura pas été un de ses Auditeurs qui oublient, mais qui aura mis en effet l'Oeuvre, celui-là sera heureux en ce qu'il aura fait.

Nous trouvons cette même opposition dans les versets qui précèdent. Là St. Jacques représente, sous une image bien singulière, un homme qui connaît la Religion, et qui refuse d'en faire la règle de sa conduite. Voici ce Texte :

Si quelqu'un écoute la parole, et ne la met point en effet, il est semblable à un homme, qui considère dans un miroir sa face naturelle. Car, s'étant considéré soi-même., et s'en étant allé, il a aussitôt oublié quel il était. (Jacq. I. 23-24.)

Ce sont là des paroles concises, qu'on ne saurait bien expliquer, si l'on n'y supplée quelques expressions. Il faut les paraphraser de cette manière. Un homme qui a appris ses devoirs dans la Religion, et qui les néglige, est semblable à un homme, qui s'étant regardé dans un miroir, pour examiner s'il y a quelque impureté sur son visage, l'aurait vu tout couvert de boue, mais qui après avoir perdu cet objet de vue, aurait négligé de se laver. Cette image est le meilleur Commentaire que nous puissions vous proposer dans nôtre dernier article, où nous devons combattre l'Auditeur qui néglige de pratiquer.

Vous venez dans ce Temple, pour apprendre à vous connaître vous-mêmes. La Parole de Dieu est un miroir. Nous vous présentons ce miroir. Nous vousproduisons vous-mêmes à vous-mêmes. Vous voyez vos difformités : vous en êtes épouvantés. Mais si, contents d'avoir vu ce que vous êtes, vous ne travaillez à vous réformer, vous êtes semblables à cet homme, qui regarde dans un miroir sa face naturelle, qui y voit mille impuretés, mais qui s'en va, et qui oublie aussitôt ce qu'il était.

Vous entassez monceaux sur monceaux. Vous gardez avec sordidité des biens, que vous avez acquis avec avidité, peut-être même avec injustice. Vous venez dans ce Temple pour apprendre si vous êtes en état de grâce. La Parole de Dieu est un miroir, dans lequel vous pouvez découvrir ce que vous êtes. Nous vous présentons ce miroir. Nous vous disons, que les Avares n'hériteront point le Royaume des Cieux. (I Cor. VI. 10.)
Nous vous disons, que votre terre crie contre vous, et que vos sillons gémissent. (Job XXXI.)
Nous vous disons, que les pierres de vos maisons crient d'entre la paroi, et que la travaison (la charpente) leur répond d'entre le bois. (Hab. II. 11.)

Nous vous disons, avec les Prophètes : Malheur à celui qui assemble ce qui ne lui appartient point ! Il entassera de la boue. (Hab. II. 6.)

Nous vous crions avec nôtre Apôtre. Riches, pleurez ; heurlant (hurlant) pour vos misères. Vos richesses sont pourries, et vos vêtements sont rongés : votre or et vôtre argent sont rouillés, et leur rouillure vous sera en témoignage, et mangera vôtre chair comme le feu. Le salaire des Ouvriers, qui ont moissonné vos champs, duquel ils ont été frustrés par vous, crie : leurs cris sont entrés aux oreilles du Seigneur des Armées. (Jacq. V. 1- 6.)

Riches! Pleurez et gémissez, à cause des malheurs qui viendront sur vous. Vos richesses sont pourries, et vos vêtements sont rongés par les teignes. Votre or et votre argent sont rouillés; et leur rouille s'élèvera en témoignage contre vous, et dévorera vos chairs comme un feu....le salaire des ouvriers qui ont moissonné vos champs, et dont vous les avez frustrés, crie, et les cris des moissonneurs sont parvenus jusqu'aux oreilles du Seigneur des armées.

Vous êtes effrayés de vôtre état. Mais, si vous gardez ce bien mal acquis, vous êtes semblables à cet homme, qui considère dans un miroir sa face naturelle, mais qui s'étant considéré soi-même, et s'en étant allé, a aussitôt oublié quel il était.
Vous vivez dans la mollesse : vous raffinez sur (vous allez vers...) les plaisirs ; et dans ces tristes temps, où un si grand nombre de gens de bien souffrent, dans ces tristes temps où tant de personnes illustres, qui se sont exposées mille et mille fois à la mort avec intrépidité pour vôtre sûreté, et ont fait de leurs têtes comme des remparts autour de cet État, manquent de pain, pour soutenir cette vie qu'ils vous ont tant de fois sacrifiée, vous augmentez vos équipages, vous élevez de superbes maisons, vous consumez (dépensez) des sommes immenses en ameublements, en riens, en puérilités. Vous venez dans cette maison, pour apprendre si vous êtes en état de grâce.

La Parole de Dieu est un miroir, dans lequel vous pouvez découvrir ce que vous êtes. Nous vous présentons ce miroir. Nous vous montrons ces déclarations réitérées de l'Écriture contre la mondanité, contre le faste, contre les plaisirs du siècle : nous produisons ces préceptes pressés, entassés, qui vous recommandent la charité. Nous vous disons de la part de Dieu, que celui qui a pitié du pauvre prête à l'Éternel, qui lui rendra son bienfait (Prov. XIX. 17), que ce qui aura été fait à un de ces plus petits (Matt. XXV. 45), Dieu le tiendra fait à lui-même : que si quelqu'un, qui a des biens de ce monde, voit son frère en avoir besoin, et lui ferme ses entrailles, la charité de Dieu n'est point en lui : (I Jean III. 17) que J. Christ. dira un jour en la présence des hommes et des Anges, à ceux qui auront manqué de charité, Allez, allez maudits, au feu éternel, qui est préparé au Diable et à ses Auges. Car j'ai eu faim, et vous ne m'avez pas donné à manger : j'ai eu soif, et vous ne m'avez pas donné à boire. (Matt. XXV. 41 et suiv..)
Vous êtes effrayés de vôtre état. Mais, si vous n'arrêtez le cours de ces cruelles dépenses, si vous n'employez en charité ce que vous consumiez (dépensiez) en faste et en mollesse, vous êtes semblables à cet homme qui considère dans un miroir sa face naturelle ; mais qui s'étant considéré soi-même, et s'en étant allé, oublie aussitôt quel il était.

Vous nourrissez des haines et des animosités implacables : vous les soufflez à vos enfants : vous souhaiteriez les communiquer à tous ceux qui vous approchent : vous feriez volontiers descendre le feu du Ciel sur cet homme, que vous regardez si impatiemment sur la terre : vous voudriez lui abréger l'économie de la patience et de la longue attente ; et, dut (par) une mort prématurée lui enlever tous les moyens de conversion, vous désireriez déjà de le voir sans mouvement et sans vie. Vous venez dans ce Temple, pour apprendre si vous êtes en état de grâce. La Parole de Dieu est un miroir, où vous pouvez découvrir ce que vous êtes.
Nous vous présentons ce miroir. Nous vous disons de la part de J. Christ : À ceci connaîtra-t-on, que vous êtes mes Disciples, si vous vous aimez les uns les autres. (Jean XIII. 35.) Jugement sans miséricorde sera exercé contre ceux qui n'auront point usé de miséricorde. (Jacq. II. 13.) Si vous ne pardonnez aux hommes leurs offenses, votre Père qui est aux Cieux, ne vous pardonnera point aussi les vôtres. (Mat. VI. 15.)

Vous êtes épouvantés de vôtre état. Mais, si vous ne déracinez ces sentiments affreux, vous êtes semblables à cet homme, qui considère dans un miroir sa face naturelle. Car s'étant considéré soi-même, et s'en étant allé, il a aussitôt oublié quel il était.

Mes Frères, ne soyons pas ingénieux à nous tromper nous-mêmes. Bien loin que la volonté de Dieu connue puisse contribuer à nôtre salut, lorsqu'elle n'est pas réduite en pratique, elle ne servira qu'à nous attirer de plus sévères jugements : Celui qui me rejette, disait J. Christ, et ne reçoit point mes paroles, il a qui le juge :la parole que j'ai portée, c'est celle qui le jugera. (Jean XII. 48.)
Oui, cette Parole que nous vous portons, c'est elle qui vous jugera : c'est elle qui sera le Ministre des vengeances divines, si vous ne la mettez en pratique.

Elle fera naître de violents remords dans vôtre Conscience.
Elle empoisonnera vos plaisirs.
Elle aggravera vos douleurs dans vos maladies.
Elle vous bourrellera (tourmentera) dans vôtre lit de mort.
Elle irritera contre vous dans l'éternité ce ver qui ne mourra point, (Marc IX. 48.) et elle donnera de l'activité à ce feu qui ne doit jamais s'éteindre.

Pour puiser la félicité dans cette Parole, il faut connaître et pratiquer. Il faut joindre l'action à la lumière : Vous êtes bienheureux si vous savez ces choses, et si vous les faites. (Jean XIII. 17.) Bienheureux celui qui lit, et ceux qui entendent les paroles de nôtre Prophétie, et qui gardent les choses qui y sont écrites. (Apoc. I. 3.)
Celui qui aura regardé attentivement dans la Loi parfaite
, qui est celle de la Liberté, et qui aura persévéré, n'étant point un Auditeur qui oublie, mais mettant en effet l'Oeuvre, celui-là sera heureux en ce qu'il aura fait.

Les vérités que nous venons de proposer, portent leur preuve avec elles.
Mais St. Jacques nous fait entendre que quelques Chrétiens de son temps étaient ingénieux à les obscurcir. Si leurs Prédicateurs les instruisaient, s'ils mettaient ces vérités dans un jour où il n'était plus possible de ne pas les apercevoir, ces Chrétiens faisaient sortir les ténèbres du fonds de leur corruption : à mesure qu'on faisait des efforts pour les détromper, ils travaillaient à s'aveugler et à se tromper eux-mêmes : Mettez en effet la Parole, leur dit cet Apôtre, et ne l'écoutez point seulement, en vous trompant vous-mêmes par de vains discours. (Jacq. I. 22.)

Quel but, quel détestable but, M. F., que celui de vouloir se tromper soi-même ! Quel contraste, quand le Prédicateur s'épuise, pour trouver des Démonstrations propres à faire tomber ce funeste bandeau, qui cache la vérité à la plupart des hommes, et que ces hommes à leur tour s'épuisent, pour rendre ce bandeau plus épais et plus impénétrable ! Mais, à quels excès tes Siècles passés se sont-ils portés, que nous n'en trouvions des exemples dans nôtre Siècle ? J'entends de tous côtés de ces Discours, que l'on prononce pour se tromper soi-même. Mais, que sont-ils ces Discours ?
Nôtre Apôtre les a bien qualifiés : ce sont de vains Discours. Mettez en effet la parole, et ne l'écoutez point seulement, en vous trompant vous-mêmes par de vains Discours.
Et il faut que vous nous donniez encore quelque instant d'attention, afin que nous vous fassions voir l'injustice de quelques-uns de ces prétextes, qu'on nous allègue, pour se dispenser des devoirs que nous avons marqués. Il faut que nous examinions quelques-uns de ces Discours, et que nous en montrions la vanité, afin de justifier ce mot sentencieux de nôtre Apôtre : Mettez en effet la parole, et ne l'écoutez point seulement, en vous trompant vous-mêmes par de vains Discours.

Premier prétexte. Nous avons nos occupations : nous avons une vocation à remplir, et nous manquons de temps pour vaquer à l'étude de la Religion.
Prétexte frivole : Vain Discours. Qu'appelez-vous vos occupations ? Quelle idée vous formez-vous de vôtre vocation ? Est-ce d'être attachés jour et nuit à augmenter vos revenus ? Est-ce de chercher sans cesse les moyens de satisfaire vôtre ambition ou vôtre avarice ? Mais c'est là la vocation de vôtrecupidité, c'est la vocation du monde, c'est la vocation du démon.
Vôtre grande affaire, vôtre véritable vocation, la seule chose nécessaire, c'est de vous employer à votre salut avec crainte et avec tremblement (Philip. II. 12.) : c'est de vous sanctifier et de vous instruire. Il est permis, il est ordonné même, de travailler pour son entretien, et de contribuer au maintien de la Société. Je suis même très convaincu que Dieu aura de l'indulgence pour des indigents, pour un misérable Père de famille, qui ayant été obligé de gagner son pain, et celui de ses enfants, à la sueur de son visage, n'aura mis que peu de temps à l'étude de la Religion. Mais, qu'une femme mondaine, dont l'occupation ordinaire est de se produire et de se répandre : que ces personnes oisives, qui consument leur vie à fouler nos rues, et qui semblent avoir pris à tâche de distraire ceux qui font un meilleur usage de leur temps : que des personnes de ce caractère allèguent leurs affaires, pour excuser leur ignorance sur la Religion, c'est une injustice que Dieu punira des derniers supplices.

Second prétexte. Les vérités de la Religion sont des vérités de sentiment. Il suffit de les proposer, pour en faire apercevoir l'évidence.
Frivole prétexte encore : Vain discours. J'avoue que le Système de la Religion peut se prouver par sentiment. Un homme qui a naturellement l'esprit droit et le coeur bon : un homme, qui ayant fait de sérieuses réflexions sur lui-même, reconnaît que le monde entier ne saurait le satisfaire, que ses promesses sont fausses, que ses plaisirs sont vuides (vides), que ses appâts sont trompeurs ; un tel homme trouvera tant de rapport entre les préceptes de l'Évangile, et ces lois d'équité, qui sont gravées dans sa conscience, entre les désirs de son coeur, et les biens que la Religion lui fait espérer, qu'il ne pourra s'empêcher de reconnaître, que c'est là précisément la Religion dont il avait besoin. Mais ces dispositions sont rares. Il y a très peu de gens assez revenus des vanités de la vie, pour connaître la Religion par la voie de sentiment.
La plupart des hommes sont enfoncés dans la matière. Bien (Si) loin qu'ils (ne) se laissent (pas) prévenir en faveur d'une Religion qui choque leurs passions et leurs préjugés, ils sont portés à se révolter contre elle. Ils ont besoin qu'on les conduise par la main, qu'on les fasse remonter jusqu'aux premiers Siècles de l'Église, qu'on leur fasse voir que ceux qui ont prêché cette Religion qui leur prescrit des devoirs si pénibles, ont été autorisés par des miracles sensibles, qui mettent leur mission au-dessus de toute difficulté.

Troisième prétexte. La Parole de Dieu est mal prêchée.
Les Sermons n'ont pas toute la justesse, toute la profondeur qu'il est nécessaire pour inculquer la Religion. Vain Discours encore. La Parole de Dieu est mal prêchée, dites-vous. Mais vous, qui vous donnez la licence de juger des Sermons en dernier ressort, avez-vous, pour la plupart, des idées saines de la Prédication ? Savez-vous distinguer ce que c'est que bien prêcher, et ce que c'est que mal prêcher ?

Des gens qui n'ont ni principe, ni éducation ; des gens nourris d'illusions, et de préjugés ; des gens qui ne connaissent nos Sermons, que par l'ennui qu'ils leur ont causé ; des gens qui ont l'esprit rempli d'objets grossiers et matériels ; des gens qui n'apportent à nos exercices qu'une attention superficielle,et qui sont plus occupés, en nous écoutant, de cette partie de jeu qu'ils viennent de quitter, et de celle qu'ils s'apprêtent à lier (à faire), que des vérités qu'on leur annonce ; des gens de cet ordre savent-ils ce que c'est que bien prêcher ? Est-ce à des gens de cet ordre de déterminer, si un homme raisonne avec précision, ou s'il se perd dans les espaces des généralités et des idées vagues ; s'il cite avec exactitude, ou s'il forge lui-même des autorités ; s'il enseigne selon l'Analogie de la Foi, ou s'il débite ses propres chimères ? (Rom, XII. 6)

La Parole de Dieu est mal prêchée. Mais entrez dans vôtre conscience : rappelez le souvenir des Sermons qui vous ont paru les moins supportables, et qui étaient en effet les moins réguliers ; en avez-vous entendu quelques-uns qui ne put vous être utile ? En avez-vous entendu quelques-uns qui ne fut propre à vous inspirer de sérieuses réflexions sur vous-mêmes, si vous l'aviez écouté dans le dessein de vous connaître et de vous corriger ?

La Parole de Dieu est mal prêchée. Ah ! si cette Manne, dont vous êtes si dégoûtés, parce qu'elle tombe tous les jours à vos portes, si cette Manne était accordée à ces pauvres Reformés, qui éprouvent l'effet de la menace que Dieu faisait autrefois à l'ancien Peuple : Je leur enverrai une famine, non pas une famine de pain, mais une famine d'ouïr la Parole de Dieu ! (Amos VIII. 11.)
Si le moindre de ces Sermons, dont vous êtes si las, était adressé à nos pauvres frères ! Si le plus petit de ces Pasteurs qui vous prêchent, était envoyé à ces Brebis égarées de la Maison d'Israël, qui ont été arrachées du bercail du Seigneur, et qui n'y rentreront peut-être jamais, qu'elles regarderaient avec d'autres yeux le Ministère dont vous jouissez ! (Matt. XX. 24.)

La Parole de Dieu est mal prêchée. Et que (pourquoi) ne faites-vous chacun vos efforts pour qu'elle soit prêchée avec plus de force ? Que (pourquoi) ne destinez-vous au saint Ministère ceux de vos enfants, en qui vous trouvez les talents propres à le remplir avec édification et avec éclat ? Que (pourquoi) n'avez-vous de la vénération pour un Emploi, que votre Rédempteur et vôtre Dieu n'a pas dédaigné lui-même d'exercer ? Que (pourquoi) ne formez-vous des établissements pieux, en faveur de ceux, qui voulant se vouer à cette charge, manquent de facultés pour fournir aux frais de l'étude ?

La Parole de Dieu est mal prêchée. Et c'est parce qu'elle est mal prêchée, si elle l'est de cette manière, c'est pour cela même, que vous devez travailler avec plus de persévérance à acquérir des connaissances et des lumières, afin que vous soyez en état d'agiter vous-mêmes ces Questions, auxquelles vous êtes si intéressés.
Est-ce la Parole de Dieu, ou est-ce la Parole de l'homme qu'on me prêche ? Est-ce la Doctrine de J. Christ qu'on m'annonce, ou est-ce la Doctrine du Prédicateur ?

Quatrième prétexte. La Doctrine des Prédicateurs est obscurcie par leur vie.
La gloire des bons exemples est enlevée au Ministère Évangélique, comme la gloire des Miracles.
Frivole prétexte : Vain Discours encore. Ha ! Dieu veuille déployer ses plus riches miséricordes envers nous, et nous faire grâce sur ce qu'il y a de bien fondé dans ces reproches ! Dieu veuille nous donner de marcher nous-mêmes à la tête des Chrétiens dans cette carrière de vertus que nous leur traçons ! Dieu veuille qu'à l'exemple du Chef et du Consommateur de nôtre foi, nous puissions dire en parlant de vous : Pour eux je me sanctifie, afin qu'eux aussi soient sanctifiés ! (Jean XVII. 19.) Mais cependant, si nous reconnaissons avec confusion et avec amertume ce qu'il y a de bien fondé dans ce reproche, ce ne fera point au Tribunal de vos calomnies et de vos médisances, que nous serons jugés. De ce Tribunal d'Iniquité nous appellerons au Tribunal de Vérité, devant lequel nous paraîtrons tels que nous sommes en effet, et non tels que vous aimez à nous dépeindre. Là, nous serons disculpés de tant de pensées extravagantes que vous nous attribuez, de tant de tours empoisonnés que vous donnez à nos Discours, de tant de sinistres interprétations que vous avez la barbarie de donner à nos actions. Là, dans le temps que nous frapperons nos poitrines, dans le temps que nous gémirons sur nos péchés, dans le temps que nous crierons : 0 Dieu ! à toi est la justice, et à nous la honte et la confusion de face. (Dan. IX. 7.) O Dieu ! si tu prends gardes aux iniquités, qui est-ce qui subsistera ! (Ps. CXXX. 3.) 0 Dieu ! n'entre point en compte, ni en jugement avec ton serviteur (Ps. CXLIII: dans ce temps, nousserons pourtant reconnus tels que nous sommes en effet, charmés du Système de la Religion, plus zélés pour vôtre bonheur, que vous ne sauriez l'être pour nous perdre : vous portant dans le fonds de nôtre coeur, et présentant à Dieu les Prières les plus sincères et les plus ferventes pour vos âmes.

La Doctrine des Prédicateurs, dites vous, est obscurcie par leur vie, et la gloire des bons exemples semble être enlevée au Ministère Évangélique, avec la gloire des miracles. Mais, des Discours pleins de vérité ne changeraient pas de nature, quand celui qui les prononce serait faible et corrompu.
Si vos Prédicateurs se perdent, ne vous perdez point avec eux. Les tourments des enfers ne seront pas plus supportables, si vous les partagez avec ceux qui ont eu la fureur de s'y plonger, lorsqu'ils vous exhortaient à les éviter. Fils de l'homme, disait Dieu à un Prophète, si tu n'as pas averti ce pécheur il mourra ; mais je demanderai son sang de ta main. Ezéch. III. 12.) Voilà la destinée, et du Prédicateur infidèle, et de l'Auditeur infidèle. Si nous n'avons pas assorti nôtre Doctrine avec nos actions, et que vous ayez suivi nos actions au lieu de suivre nôtre Doctrine, nous mourrons, il est vrai, mais vous mourrez avec nous : Ce pécheur mourra, mais je demanderai son sang de ta main.

Cinquième prétexte. Si l'on voulons remplir tous les devoirs qu'exigent les Prédicateurs, il faudrait être toujours dans la peine, toujours dans l'agitation, toujours dans de nouveaux tourments. Ce ne serait pas jouir de la vie, ce serait anticiper sur les angoisses de la mort.
Frivole prétexte encore : Vain discours, le plus vain même et le plus odieux de tous les Discours. Oui, ce dont nous sommes le plus jaloux pour la Religion, c'est de cette paix qu'elle procure à ceux qui la connaissent ; c'est de cette joie, dont elle inonde ceux qui ont le bonheur d'y faire tous les jours de nouveaux progrès. Et ce qui est le plus capable d'exciter tour à tour l'indignation et la pitié, c'est d'entendre les mondains, qui osent comparer, qui osent même préférer leur état à celui d'un Chrétien, qui a continuellement devant les yeux et dans le coeur les vérités que nous vous avons annoncées.
Quoi ! vivre comme les mondains ; s'aveugler, s'étourdir continuellement ; n'oser jamais penser à ce qu'on est, À ce qu'on doit devenir ; chercher dans le bruit et dans le tumulte du monde des secours pour oublier qu'on est mortel, et qu'on va mourir dans quatre jours : se sentir agité de mille frayeurs, dès que l'on sent la moindre douleur dans la tête, la moindre altération dans la santé : croire voir partout alors des messagers de mort, croire entendre de toutes parts des voix qui crient, rend compte de ton administration (Luc XVI. 2.) : regarder la mort comme un objet d'horreur et de désespoir, et n'avoir d'espérance que pour ces quatre jours de vie, pour cette fumée, pour cette vapeur, est-ce là ce que vous appeliez être heureux ? Est-ce là vivre ?
Mais, connaître la Religion, l'étudier, y découvrir ces ravissantes lumières qui y brillent de toutes parts : faire tous les jours de nouveaux progrès dans le chemin de la vertu : remporter tous les jours sur soi-même de nouveaux triomphes : être en droit de s'appliquer ces consolantes vérités, dont l'Évangile est parsemé : pouvoir se dire à soi-même, c'est pour moi que font ces assurances de grâce, c'est pour moi que sont ces trésors de miséricorde, que J. Christ annonce au pécheur pénitent : avoir sans cesse devant les yeux une éternité bienheureuse, l'espérer, la posséder par anticipation, et fournir dans ces sentiments et dans cette attente le reste de sa carrière : voilà ce que j'appelle vivre, voilà ce que j'appelle être heureux. Dieu veuille, mes chers Auditeurs, que vous soyez remplis de ces idées, et pénétrés de ces sentiments ! Amen. À Dieu soit gloire à jamais. Amen.



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