Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



LA VIGILANCE.

Jean le Cointe
Pasteur de l'Église de Genève et Bibliothécaire.
 1815

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Sur ces paroles de l'Evang. de St. Matthieu, Chap. XXIV. v. 42 :
Veillez, puisque vous ignorez à quelle heure votre Seigneur doit venir.

TELLE est, M. F., l'exhortation qu'adressait à ses disciples le Sauveur du monde, et dont la faible humanité doit faire usage pour se soutenir dans la pratique de ses devoirs ; c'est par des exemples simples populaires, que Jésus leur montre la nécessité de la vigilance :
Ce qui arriva, leur dit-il, au temps de Noé, arrivera aussi à l'avènement du Fils de l'Homme, car comme avant le déluge, les hommes mangeaient et buvaient, se mariaient et mariaient leurs enfants jusqu'au temps où Noé entra dans l'arche, et qu'ils ne pensèrent au déluge que lorsqu'il survint, et qu'il les fit tous périr, il en sera de même à l'avènement du Fils de l'Homme ; alors de deux hommes qui seront dans un champ, l'un sera pris et l'autre sera laissé ; de deux femmes qui moudront à un moulin, l'une sera prise et l'autre sera laissée ; Veillez donc puisque vous ignorez à quelle heure, votre Seigneur doit venir !

Cette exhortation de notre grand Maître nous explique déjà, ce qu'est le devoir de la vigilance, et quels sont les motifs qui nous engagent à le remplir ; suivons le plan que nous tracent ces paroles, développons d'abord ce qu'est la vigilance, pressons ensuite les motifs de notre texte ; la certitude de la venue du Seigneur ; et l'incertitude de ce moment.
Accordez-nous, M. F., une attention religieuse ; et puisse cette méditation produire en vous des fruits de sagesse et de sainteté ! Amen !

Qu'est-ce que la vigilance, et quels sont les devoirs qu'elle renferme ?
Le mot veiller suppose, comme le dit le Sauveur, dans le verset qui suit mon texte, suppose quelque défiance, quelque crainte dans l'âme, quelques ennemis à combattre, ou à éviter, quelques précautions à prendre pour résister à leur force et n'être pas séduit par leurs artifices.
Si le père de famille était averti de l'heure à laquelle le voleur doit venir, il ne laisserait pas percer sa maison ; Et dans un sens moral, qu'est-ce que la vigilance ? Elle est moins un devoir particulier, que le moyen de remplir tous nos devoirs ; « Elle est cette attention d'esprit, cette activité du chrétien, qui lui fait prendre toutes les précautions, pour se détourner du mal, et persévérer dans la piété, dans la vérité. »

Sa vie sur la terre, est comparée à une carrière où il doit fournir ; et la plus scrupuleuse attention est nécessaire pour prévenir des chutes, conserver le fruit de ses efforts précédents, pour s'avancer avec constance vers le but proposé, et saisir les prix qui l'attendent !
Sa course ne doit point se ralentir, parce qu'il rencontre des obstacles, des ennemis qui veulent le surprendre. Si la fatigue abat son courage, il porte ses regards sur la couronne, qui l'attend après la victoire ; et son ardeur se soutient, se renouvelle !
Ces idées sont générales, choisissons quelques-uns des devoirs particuliers que renferme la vigilance ; entrons dans quelque détail.

1.° Et d'abord, M. F., la vigilance chrétienne suppose une connaissance exacte de ses devoirs ; « J'ai bien des choses à apprendre ; » disait le plus grand des anciens philosophes, et ce langage est chaque jour celui du chrétien qui désire perfectionner sa sainteté, ses vertus ; sans doute.
M. F., il n'est aucun de ceux qui m'écoutent, qui n'ait été instruit de la religion et de ses devoirs ; mais cette étude, faite dans la jeunesse, n'a-t-elle point été vague et superficielle, a-t-elle été continuée, approfondie ? Est-elle assez solide, pour diriger constamment vos pas dans les sentiers de la sagesse ?
Hélas ! qu'il est à craindre que cette connaissance de vos devoirs, au milieu du tumulte du monde, des affaires, des plaisirs, par défaut de réflexion, ou par votre indolence ; qu'il est à craindre que cette connaissance de vos devoirs ne se soit effacée, ou tout au moins affaiblie, que vous ne vous soyez formé des illusions sur le rang, ou l'importance de chacun d'eux !

L'ignorance est donc le premier ennemi que nous avons à combattre. Dans combien d'erreurs, (si vous osez être sincères avec vous-mêmes) cette ignorance ne vous a-t-elle pas plongés ? N'a-t-elle pas été souvent la triste cause de vos fautes ? Combien de fois vous avez éprouvé des regrets amers, lorsque par de nouvelles réflexions, vous avez soulevé le voile qui vous cachait la vérité, lors qu'après un mûr examen, vous avez vu que des idées fausses ou relâchées sur vos devoirs, vous ont entraîné dans le péché ? Que vous vous êtes ainsi rendus criminels, sans vouloir l'être ! Que vous êtes devenus coupables, sans le savoir ! Il fallait, il est vrai, pratiquer ces choses, mais sans omettre celles-ci, et vous vous êtes fait une morale de tempérament ou de circonstance ; ou bien, à celle de l'Évangile vous avez substitué celle du monde ;

Vous savez que l'aumône est un devoir ; mais n'avez-vous point oublié, que vous devez réprimer votre orgueil, vos passions, votre avarice ?
Vous savez, que vous devez rendre à chacun ce qui lui est dû ; mais n'avez-vous point oublié, que la charité n'est point soupçonneuse, qu'elle ne croit point le mal avec légèreté ?
Et dans combien d'égarements, n'avez-vous pas été entraînés par l'exemple de la multitude, par vos penchants ; parce que vous n'étiez pas assez fermes dans vos principes, parce que vous n'aviez pas médité sur vos différents devoirs, et déterminé l'ordre dans lequel vous deviez les pratiquer !

Voulez-vous suivre le précepte que le Sauveur vous donne dans mon texte ? Recherchez l'instruction, gardez-la, alimentez votre foi et votre piété, tous vos devoirs sont essentiels ; Veillez pour n'en omettre aucun, interrogez souvent votre conscience, sondez les écritures, prévenez ainsi les chutes et les erreurs que cause l'ignorance, aussi funeste pour l'esprit que les ténèbres sont nuisibles dans une route dangereuse !


2.° Mais est-ce assez de connaître exactement nos devoirs ?
Non sans doute ! La vigilance chrétienne cherche à connaître les obstacles qui peuvent nous en détourner, les ennemis que nous avons à combattre pour leur résister, elle se forme à l'art de les vaincre ! Qui peut exactement connaître leur nombre et leur force ! Ils nous enveloppent, nous assaillent par mille endroits, il faut défendre à la fois tous les côtés, opposer à tous leurs efforts de puissantes barrières ;

Hélas, M, F. ! pour vous faire sentir la nécessité de la vigilance, et les dangers auxquels vous êtes exposés, je n'aurais qu'à vous rappeler quelques circonstances de votre vie. Vous, vous désiriez sincèrement vous attacher à la vertu, mais vous n'avez pas veillé avec soin sur votre coeur, le monde trompeur et frivole l'a captivé, ses honneurs l'ont ébloui, et l'orgueil, qui marche presque toujours à la suite de l'ambition satisfaite, s'est emparé de votre âme ; votre coeur s'est élevé, et vous avez presque oublié votre Dieu ! Vous, séduit par l'appât des richesses, vous avez donné tous vos soins à les acquérir, vous avez cédé au désir d'entasser, d'accumuler, et peut-être avez-vous été peu délicat sur les moyens d'élever l'édifice de votre fortune. Vous, vous avez été enchanté par l'attrait des plaisirs, vous vous y êtes livré sans mesure, vous les avez recherché avec ardeur, est-il étrange qu'ils vous aient détourné des occupations de la piété, et de l'amour de vos devoirs ?

Tantôt votre foi a été ébranlée par les maximes relâchées du monde ; tantôt les mauvais exemples vous ont entraîné ; le poison de la prospérité a corrompu votre coeur, en fournissant aux passions mille facilités pour se satisfaire ; les coups de l'adversité qui devaient vous changer, vous ramener à Dieu, n'ont peut-être produit que de l'impatience et des murmures, non des fruits salutaires d'amendement et de justice ! Celui-ci se laisse égarer par son amour-propre ; une funeste présomption, une fatale confiance en ses forces, est devenue l'écueil de sa vertu ! Cet autre, dont l'esprit est obscurci par des préjugés, ne marche qu'avec incertitude, flotte au gré de ses passions !
Hélas ! trop souvent notre propre coeur, d'intelligence avec nos ennemis, ne résiste que faiblement, et cède bientôt une victoire facile ! Au milieu de tant de dangers, auxquels, plus d'une fois peut-être, vous avez succombé, pourriez-vous être trop attentifs, trop circonspects, trop sur vos gardes ?
Vos ennemis sont puissants et pleins de ruses, si votre vertu sait repousser quelques-uns de leurs efforts, ne sera-t-elle pas trop faible contre leurs efforts réunis ?
Les discours des impies, ne peuvent ébranler votre foi, ne mourra-t-elle point sous les traits de la plaisanterie ou du ridicule ; ne sera-t-elle point vaincue par la fausse honte ; ne cédera-t-elle point à l'attrait d'un plaisir séducteur ? Qu'une seule brèche soit ouverte, votre défaite est certaine !
Ce que je dis, je. le dis à tous, veillez !

La vigilance vous fera connaître le nombre, les forces de vos ennemis, de votre propre faiblesse, quand ils vous seront bien connus, vous saurez aussi les moyens de les combattre avec plus de succès, vous apprendrez à faire usage de vos armes, et le secret de les vaincre !
Quelle force vous donnera contre les tentations cette idée habituellement présente à votre esprit : « Mon Dieu me voit, ses regards sont fixés sur ma conduite ! »
Cette idée habituelle dans l'âme de Joseph, lui dicta ces paroles : comment ferais-je un si grand mal, et pécherais-je contre Dieu !
Ah ! Celui qui se propose l'Éternel devant soi, qui le voit à sa droite, ne sera point ébranlé !

La vigilance, M. F., vous fera connaître quelle est la manière différente, de combattre les tentations différentes, lorsqu'elles émeuvent les sens, enflamment la cupidité, qu'elles ébranlent l'âme par une force impérieuse et secrète, ce n'est pas le moment de hasarder un combat, il faut fuir !
Des amis, ou plutôt des ennemis perfides, essayent par leurs sollicitations redoublées, de détruire vos principes, ils cherchent par de dangereux sophismes à tranquilliser votre conscience, à calmer les craintes qu'excite chez vous l'idée de commettre une faute légère, ils vous pressent, vous êtes ébranlés, fuyez, fuyez ces lieux où votre innocence va faire un triste naufrage, la fuite vous donnera la victoire ; et s'il y a de la honte, ah ! ce n'est pas à vous à éprouver ce sentiment pénible, c'est à ceux qui en voulant vous corrompre, ont dévoilé leur corruption !
Mais si la tentation vous attaque dans votre faiblesse ; si, pour vous détourner de remplir des devoirs importants, notre imagination ou notre indolence nous font craindre des travaux, des difficultés insurmontables ; si elles cherchent à nous effrayer par les sacrifices, auxquels notre vertu sera exposée, qu'elle devra consommer, alors armez-vous de courage, alors il faut prendre sur soi, la fuite serait une lâcheté, une défaite, vous êtes vaincu, parce que vous avez cessé de combattre !

Sans doute malgré toutes les précautions de votre vigilance, vous serez quelquefois surpris par le péché, la faiblesse humaine ne peut pas tellement asseoir sa vertu sur le roc, qu'elle ne soit jamais ébranlée ; mais ces fautes mêmes vous deviendront utiles ; elles vous apprendront à éviter, et ces objets qui vous ont séduit, et ces compagnies qui ont attaqué vos principes, ou corrompu vos moeurs ; vous chercherez par le repentir, à réparer vos égarements, et la vertu vous deviendra plus précieuse, quand vous aurez éprouvé que la paix et le bonheur s'enfuient avec elle ! alors vous écarterez toutes ces idées, qui par leur vivacité, troublent l'imagination, émeuvent les sens ; tous ces désirs, qui faibles dans leur naissance, ne paraissent point dangereux, mais dont la force s'augmente chaque instant, et qui causent enfin les orages et les tempêtes.

Ne présumez pas trop de vous-mêmes, la présomption prépara la chute de Saint Pierre, et elle n'est que trop vérifiée par l'expérience cette maxime, celui qui aime le danger, périra dans le danger ; la tentation augmente ses forces, tandis que les nôtres se consument, elle gagne, si je peux le dire, le terrain que nous avons perdu, elle nous presse, nous enveloppe, et triomphe bientôt de notre faible et fragile raison !
Hélas, M. F., il n'est que trop vrai, nos erreurs et nos chutes, nous font assez sentir l'importance de ce devoir !

3.° La vigilance va plus loin encore, non seulement elle nous apprend à fuir le mal ; elle nous apprend à faire le bien, à donner à nos vertus plus de force et d'étendue. O vous dont l'âme est pure et droite, dont le coeur est honnête et bon, qui désirez vous perfectionner, qui aspirez à croître en sagesse devant Dieu ; savez-vous quel est le moyen d'accroître votre sainteté, de la porter au point le plus élevé, où la faible humanité puisse parvenir ?
Veillez sur vous-mêmes, interrogez votre coeur, après la pratique de quelques-uns de vos devoirs ; réfléchissez sur la manière dont vous vous en êtes acquittés ; N'auriez-vous point pu les remplir avec plus de zèle, plus d'empressement, plus d'exactitude ?
Cette prière que vous avez adressée à Dieu, a-t-elle été précédée de toutes les dispositions nécessaires, pour qu'elle soit agréable à notre Père céleste et utile à vous-mêmes ? N'auriez-vous point par le recueillement, pu prévenir des distractions importunes, répandre votre âme devant Dieu avec plus de ferveur et de piété ?
Ce service que vous avez rendu à votre frère, n'auriez-vous pas pu en augmenter encore le prix par des manières plus douces, plus obligeantes, par une plus grande promptitude, par des égards plus délicats, et souvent plus précieux que le bienfait même ?

Et vos vertus, vos vertus ne sont-elles pas encore mélangées de quelque grossier alliage ? Ont-elles pour base unique ce principe pur qui les ennoblit toutes, l'amour de Dieu ?
Tout ce que vous faites
, le faites-vous de bon coeur, comme pour le Seigneur, et non pour les hommes ?
Recherchez-vous toutes les occasions d'avancer dans la carrière de la sainteté et du salut ? Ah ! c'est ainsi que la vigilance chrétienne, par de fréquents, par de sincères retours sur nous-mêmes, nous apprend à nous connaître, à distinguer les vertus réelles des illusions de l'amour-propre, à rectifier nos idées et nos sentiments ; c'est ainsi quelle rend l'homme, de Dieu accompli en toutes sortes de bonnes oeuvres !

4.° Et chez celui qui pratique ce devoir, la vigilance produira d'autant plus certainement ces bons effets, qu'elle lui rappelle sans cesse le but de sa vocation. Il combat ici-bas pour obtenir le salut, pour posséder l'héritage des Saints qui sont dans la lumière ; le triomphe est sans doute difficile, mais sa foi lui montre cette palme immortelle qui sera le prix de ses victoires ; il la défend contre les assauts de ses ennemis qui veulent la lui ravir, et serait-il possible, que soutenu par cette noble espérance, il se détournât de sa route, que son courage se ralentît, qu'il se laissât enlever cette récompense glorieuse ?
Ah ! si une couronne de laurier corruptible, si de vains applaudissements, si les yeux des Juges fixés sur les athlètes des jeux olympiques, les enflammaient d'ardeur ; si pour la remporter cette fragile couronne, ils se soumettaient à de longs et pénibles sacrifices, de quel zèle ne brûlera pas celui qui ambitionne une couronne incorruptible, celui qui a les intelligences célestes, son Sauveur pour témoin de ses efforts, de ses succès, et son Dieu pour rémunérateur !
Pompeuses misères de la Terre ! brillantes vanités ! sacrifices auxquels la religion expose, qu'êtes-vous pour un homme appelé à conquérir le Ciel, qui doit vivre avec Dieu pendant l'éternité !

Mais c'est assez vous avoir présenté les différents devoirs que renferme la vigilance, il est temps de presser les motifs de mon texte, la certitude de la venue du Seigneur et l'incertitude du moment auquel il paraîtra ; Veillez puisque vous ignorez à quelle heure votre Seigneur doit venir.

MOTIFS À LA VIGILANCE.

1.° Notre Seigneur doit venir !
Vérité incontestable, M. F., l'homme n'a pas été jeté au hasard sur cette Terre, pour vivre au gré de ses désirs, de ses penchants, de ses passions !
Les excellentes facultés dont il est doué lui sont données pour un certain but ; la raison est une lumière qui lui fait discerner le bien du mal, la vertu du vice ; sa conscience par ses terreurs ou ses jouissances lui annonce que le Maître qui l'a placé ici-bas lui demandera compte des talents qui lui ont été confiés ; et l'Évangile qui lui manifeste tous ses devoirs, met dans la plus grande évidence cette rétribution future, que les remords ou la paix de son âme lui font entrevoir.

Elle est impossible ici-bas cette rétribution, la nature des biens terrestres, la fragilité, la vanité de tous les avantages du monde, la brièveté de la vie ne permettent pas qu'elle s'exécute ; c'est donc au-delà du temps qu'elle s'accomplira ; la mort qui termine l'oeuvre de l'homme est le moment de la venue du Seigneur ; alors son compte se dresse, le livre s'ouvre ; son Seigneur qui fut Législateur se montre Juge, et lui fait entendre cette voix « Rends compte de ton administration ! »

La mort, non ! elle n'est point l'anéantissement de notre être, pour celui qui a supporté les combats et les veilles, elle est un sommeil doux et tranquille ; alors il se repose de ses travaux, ses oeuvres le suivent ; il attend le réveil de la gloire et de l'immortalité !

La mort, elle est certaine pour chacun de nous, nous n'avons reçu la vie que sous la condition de la perdre, chaque heure, chaque instant en abrège la durée, nous approche du tombeau !
Nous serons tous la proie du sépulcre, la scène de cet Univers sera fermée à nos yeux, le soleil s'éteindra, la lune perdra sa clarté, et la balance impartiale du Seigneur pèsera nos oeuvres !
Au sortir de la vie se prononce le jugement de Dieu, jugement qui sera solennellement confirmé dans ce jour auguste, où les morts sortiront de leurs sépulcres, où les nations, les hommes de tous les temps comparaîtront devant le Trône souverain !

Homme vertueux ! qui veilles sans cesse sur ton coeur, en observes tous les mouvements, réprimes ses désirs déréglés, qui offres à Dieu mille sacrifices invisibles, pour conserver ton intégrité et obtenir son approbation ; homme vertueux ! qui fais de tes devoirs tes plaisirs, qui résistes aux tentations avec courage, avec constance, et repousses les séductions du monde, c'est là que ta vigilante vertu recevra la récompense qui lui est due !
Ne crains point, la gratuité de ton Maître se déploiera sur toi ! ton exemple confondra le serviteur infidèle, fera rougir le serviteur indolent, ton exemple détruira les calomnies qu'ils osaient élever contre la Loi de ton Dieu, et si l'on chercha sur la Terre à ridiculiser ta vertu, brillante alors du plus vif éclat, on sera forcé de l'admirer dans le Ciel, de lui rendre hommage !

2.° Votre Maître viendra ! vous ignorez l'heure à laquelle il doit venir ; le jour du Seigneur vous surprendra comme un larron dans la nuit.
Cette incertitude qui doit exciter chez vous une terreur salutaire, par quelle fatalité devient-elle la cause de votre indolence et d'une sécurité funeste ?
Quoi ! les cordages de la mort sont constamment tendus autour de vous, et vous ne vous occupez point de l'état de votre coeur, et vous vivez comme s'il y avait un intervalle immense entre le moment présent et votre heure dernière ! Qu'y a-t-il de plus fragile que votre existence, votre santé, votre vie ? Elle est une ombre qui passe, une vapeur oui se dissipe, un fleuve oui précipite ses eaux !
La mort ne nous saisit-elle pas à tout âge ? À tout âge ne devient-on pas sa victime ? La santé la plus affermie, le tempérament le plus robuste ne succombent-ils pas bientôt sous ses traits ?
Allez sur les tombeaux de ceux qu'elle a immolés, levez cette terre qui les couvre, percez ce cercueil qui les enveloppe. Ah ! si cette cendre pouvait se ranimer, si ces ossements épars pouvaient se rejoindre, si cette bouche condamnée à un éternel silence pouvait le rompre, de toutes parts vous entendriez cette voix : « Pense à ta fin, sois vigilant ! »
La mort a saisi l'un, tandis qu'il était plongé dans le sommeil ou le relâchement. L'autre, pendant que son coeur était en proie à la haine, à la colère, à la vengeance, à toutes ces passions funestes qui font la guerre à l'âme. Celui-ci, elle l'a immolé pendant qu'il était en possession d'un interdit, fruit de son injustice et de son excessive cupidité ! Celui-là, au milieu de ses honteux plaisirs ; tous ont été retranchés, pendant qu'ils vivaient.

M. F., comme vous vivez aujourd'hui, c'est-à-dire, négligeant de s'instruire de leurs devoirs, de fuir ou de combattre les ennemis intérieurs et extérieurs qui cherchaient à les séduire, à envelopper leur vertu, négligeant de perfectionner leur sainteté, de tendre vers la perfection, de s'occuper de cette fin dernière, terrible ou sublime, pour laquelle Dieu nous forma ! Ils vivaient, comme vous vivez aujourd'hui, M. F., sans penser à mettre ordre aux affaires de leur conscience, se contentant de jeter sur leur conduite un coup-d'oeil vague et superficiel, plaçant les devoirs de la piété après ceux de la société, de convention de bienséance, après de vaines occupations et de plus vains plaisirs !

Hélas ! ils ont été emportés ces hommes comme par une ravine d'eau au milieu de leurs projets de conversion, de leurs résolutions inefficaces !
Et vos projets, M.F., vos projets aussi légers que les leurs, ne seront pas couronnés d'un plus heureux succès ! Si dans ce moment les Cieux s'ouvraient, si perçant les voûtes de ce Temple le Fils de l'homme s'offrait à vos regards, si porté sur la nuée qui sera son Trône, il vous demandait compte de votre administration, quelle terreur vous causerait cette surprise !
Quelle conscience ne redouterait l'arrêt qu'il aurait à prononcer !
Ah ! que vous voudriez avoir du temps pour réparer vos erreurs, régler vos voies, vous préparer à bien mourir pour saisir la couronne des justes !
Ce n'est qu'une supposition, je le sais, mais un jour elle sera une terrible réalité, et si ce n'est pas aujourd'hui le jour de la venue du Seigneur, votre surprise quand il viendra sera la même que s'il paraissait aujourd'hui !
Et vous ne mettriez pas la main à l'oeuvre, et vous ne reviendriez pas à Dieu de tout votre coeur, et vous ne veilleriez pas, vous ne travailleriez pas avec zèle dans ce temps qui vous est encore donné, à assurer vos plus grands intérêts, votre salut, et vous ne chercheriez pas à mériter cet éloge, Heureux le serviteur que le Maître à son arrivée trouvera faisant son devoir !

Malheur, malheur à vous, si vous vous bercez de la trompeuse espérance de prévoir le moment de la venue du Seigneur ! Il l'a confondue cette illusion fatale. Vous aussi, tenez-vous prêts, s'écrie-t-il, car le Fils de l'homme viendra à l'heure que vous n'y penserez pas !
Osez après cela languir dans vos vices, persévérer dans vos égarements, votre indolence, votre tiédeur, votre infidélité !
Que dis-je ? infortunés ! vous ne vous nourrissez que de perfides chimères, le jugement s'approche, votre Maître viendra, vous ne savez à quelle heure !
Ah ! si vous êtes jaloux de votre bonheur, si votre propre félicité vous touche, si les délices de l'immortalité ont encore du prix à vos yeux, veillez, puisque vous ignorez à quelle heure votre Seigneur doit venir !
Ah ! n'abusez pas des trésors de sa patience, de sa longue tolérance. Vous entendez sa voix, prenez garde que votre coeur ne s'endurcisse ; n'oubliez jamais, que s'il est un temps où le Seigneur se trouve, il en est un auquel on ne le trouve plus ; sa miséricorde épuisée fait place à sa justice, et tremblez à l'ouïe de ces paroles de notre adorable Maître : Vous me chercherez, vous ne me trouverez plus, et vous mourrez dans votre péché !

De si puissantes considérations n'auraient-elles pas pénétré vos âmes d'une frayeur salutaire ? Que je voudrais que la crainte de cette mort dans le péché, vous engageât à briser toutes les chaînes qui vous lient au monde ; à triompher de vos passions, de vos habitudes criminelles, et vous animât d'une noble ardeur, d'un invincible courage pour repousser tout ce qui peut vous détourner de la vertu, et pour vous attacher fermement au bien !
Car en doutez-vous, M. F., pour plusieurs d'entre nous, le jour du Seigneur est proche, dès cet instant, disposons-nous à le recevoir, dès cet instant ; qui attend le lendemain pour commencer la réforme de ses moeurs, attend le lendemain, au jour suivant ; et dans celui-ci, renvoie encore à un autre, et le jour du Seigneur le saisit, avant que celui de la conversion ait paru !
Aujourd'hui donc, aujourd'hui réformons nos moeurs, veillons sur nous-mêmes, nous avons une âme immortelle à sauver, éloignons d'elle l'ignorance et l'erreur, purifions-la de ses souillures, empressons-nous à l'orner de toutes les vertus ; revenons à notre Dieu, écoutons sa voix qui nous crie : Qu'on fasse la paix avec moi ! Celui qui aura été fidèle dans les petites choses, je lui en confierai de plus grandes !
Venez, dira-t-il au serviteur vigilant, venez vous placer sur mon trône, et prendre part à ma gloire ; c'est ce que je vous souhaite, Amen !


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