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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



ESQUISSE ÉVANGÉLIQUES

L. BURNIER

 1854


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N° 1

LE CHRISTIANISME FACILE.

Commençons par écouter sur ce sujet les déclarations de Jésus-Christ et de ses apôtres. Je les prends comme elles s'offrent à moi dans la suite des livres du Nouveau Testament, et je les livre à l'attention de mes lecteurs sans les accompagner d'aucun commentaire ; car s'il en est qui aient une certaine obscurité, elle me paraissent, dans leur ensemble, d'une clarté parfaite.

Nous avons d'abord le sermon de la Montagne où nous lisons ces paroles bien connues :
« Entrez par la porte étroite ; car elle est large la porte, et il est spacieux le chemin qui mène à la perdition, et il y en a beaucoup qui y entrent ; mais elle est étroite la porte, et il est resserré le chemin qui mène à la vie, et il y en a peu qui le trouvent. »

Puis, quelques lignes plus loin :
« Ce ne sont pas tous ceux qui me disent : Seigneur, Seigneur, qui entreront dans le royaume des cieux, mais celui qui fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux. Beaucoup de gens me diront en ce jour-là : Seigneur, n'avons-nous pas prophétisé par ton nom ? et n'avons-nous pas chassé des démons par ton nom ? et n'avons-nous pas fait par ton nom beaucoup d'actes de puissance ? Et alors je leur dirai ouvertement : Je ne vous ai jamais connus : retirez-vous de moi.... (
Matt. VII, 21-23) »

Dans l'Évangile selon saint Luc, au chapitre
IX, verset 23:
« Or il disait à tous : Si quelqu'un veut venir après moi, qu'il se renonce lui-même et qu'il prenne sa croix chaque jour, et qu'il me suive. »

À quelque temps de là, notre Seigneur, suivi de grandes foules, se tourna vers elles et leur dit :
« Si quelqu'un vient à moi, et ne hait pas son père et sa mère, et sa femme et ses enfants, et ses frères et ses soeurs, et jusqu'à sa propre vie, il ne peut être mon disciple. Et quiconque ne porte pas sa croix en venant après moi, ne peut être mon disciple. Car qui est celui d'entre vous qui, voulant bâtir une tour, ne s'assied premièrement et ne calcule la dépense, pour voir s'il a de quoi l'achever ? De peur qu'après qu'il aura posé le fondement et qu'il n'aura pu achever, tous ceux qui le verront ne se mettent à se moquer de lui, en disant : Cet homme s'est mis à bâtir et n'a pu achever. Ou quel est le roi qui, partant pour faire la guerre à un autre roi, ne s'assied premièrement et n'examine s'il peut, avec dix milliers, aller à la rencontre de celui qui vient contre lui avec vingt milliers ? Car autrement, pendant que celui-ci est encore loin, il envoie une ambassade et demande les conditions de la paix. Ainsi donc, quiconque d'entre vous ne prend pas congé de tout ce qu'il a, ne peut être mon disciple. (Luc
XIV, 23-33) »

Dans ce même Évangile enfin, chap.
XVI, verset 16, nous entendons Jésus s'exprimer en ces termes :
« La loi et les prophètes jusqu'à Jean ; depuis lors la bonne nouvelle du royaume de Dieu est annoncée, et tout homme y entre par violence. »

Après le Maître, les disciples. Animé de l'Esprit du Seigneur et ayant fait par lui-même l'expérience de la vérité, Paul dit à ses frères de Corinthe :
« Moi donc je cours, mais non comme à l'aventure ; je frappe du poing, mais non comme déchirant l'air ; mais je meurtris mon corps et le réduis en servitude, de peur qu'après avoir prêché à d'autres, je ne sois moi-même réprouvé ; (
1 Cor. IX, 26, 27) ; et à ses frères de Philippe : « Je ne pense pas quant à moi avoir saisi le prix ; mais voici, oubliant les choses qui sont derrière, et tendant avec effort à celles qui sont devant, je poursuis vers le but, pour le prix de l'appel céleste de Dieu dans le Christ Jésus (Philip. III, 13, 14).

Écoutez enfin ce que proclame un homme qui, après avoir un moment renié son Sauveur, apprit de la grâce divine à le confesser à la fois avec humilité et persévérance :
« Si c'est avec peine que le juste est sauvé, celui qui est impie et pécheur, où paraîtra-t-il (
1 Pierre IV, 18) ? »

En regard de ces déclarations solennelles, je place maintenant le Christianisme facile que tant de personnes substituent au vrai christianisme, et tout premièrement le christianisme des honnêtes gens qui ne croient pas en Jésus-Christ...

I
Le christianisme de ceux qui ne croient pas en Jésus-Christ !

 Voilà vraiment une étrange rencontre de mots. Autant vaudrait parler d'oiseaux qui volent sans ailes et de poumons qui fonctionnent sans air à respirer.
Peut-être même trouverez-vous qu'il est tout aussi difficile de concevoir des honnêtes gens qui ne croient pas en Jésus-Christ, comme s'il se pouvait qu'un coeur honnête et bon ne se sentît pas attiré par l'Évangile.

Mais je prends ici le mot
honnête dans l'acception qu'on lui donne communément ; et sans examiner si l'honnêteté morale, en ses éléments les plus essentiels, se rencontre au milieu des peuples païens, je dois convenir qu'elle forme le caractère assez général des peuples à qui la Parole de Dieu est parvenue.
Entre eux sans doute, il existe à cet égard de notables différences, suivant le plus ou le moins de pureté dans laquelle cette Parole leur est enseignée ; mais, sous l'influence de la Bible, il s'est formé chez les nations qu'on appelle chrétiennes une connaissance du bien et du mal, une notion du devoir, une force de la conscience auxquelles on obéit sans le vouloir.
De là vient qu'en dehors même du christianisme vivant, il y a, parmi nous, une certaine éducation morale d'où l'on sort homme d'honneur, homme de probité, homme de toute manière propre à la vie civile, c'est-à-dire honnête homme.

Eh bien ! soit, dira-t-on ; mais la qualité par excellence à laquelle prétendent les honnêtes gens, et ils ont raison, c'est la droiture, la loyauté. Or comment se fait-il qu'un homme d'honneur s'arroge le nom de chrétien sans qu'il croie en Jésus-Christ ?

C'est que ce nom a pris une signification qu'il n'avait pas dans l'origine.
D'abord il n'appartint qu'à ceux qui, au sein de populations toutes païennes ou juives, se posaient franchement en disciples de Jésus-Christ, qui se consacraient au service de Jésus-Christ, qui souffraient pour le nom de Jésus-Christ (
Act. XI, 26 ; XXVI, 28 ; 1 Pierre IV, 15, 16).
Mais lorsque des peuples entiers renoncèrent à l'idolâtrie par la prédication de l'Évangile, on fut conduit à les appeler chrétiens pour les distinguer du reste des gentils ; et, de nos jours, on entend par la chrétienté, les deux cents millions d'êtres humains qui ne sont ni païens, ni juifs, ni mahométans.
À ce fait inévitable et, sous plus d'un rapport, assez légitime, sont venues se joindre des institutions et des moeurs qui, ayant eu des siècles pour s'établir et s'enraciner, ont tellement mêlé l'ordre extérieur et temporel avec l'ordre intérieur et spirituel, que, sauf en un seul pays de la chrétienté, pays non moins chrétien que les autres au fond malgré tout ce qu'on peut lui reprocher, la qualité de chrétien est devenue inséparable de celle de citoyen, et qu'il suffit d'être honnête homme pour s'envisager comme bon chrétien.

Aux États-Unis d'Amérique, on voit des gens en grand nombre qui fréquentent les assemblées religieuses pour y chercher l'instruction évangélique, tout en avouant qu'ils ne sont pas convertis ; dans notre vieille Europe, à ses propres yeux si chrétienne, on compte par mille milliers ceux qui ont ouvertement rompu avec tout culte, qui à l'occasion ne dissimulent pas leur haine pour l'Évangile, mais qui se gardent bien de répudier le nom de chrétiens et tiennent pour une insulte la prétention que nous avons de le leur contester.
Et si, dans cette fausse position, l'on a d'ailleurs les caractères de l'homme de bien, si l'on jouit de l'estime publique, on en vient à s'envisager soi-même comme plus chrétien que les chrétiens.

Vivre pour le Seigneur et en vue de l'éternité, scruter les motifs secrets de sa conduite, se proposer sincèrement la perfection pour terme, lutter par l'Esprit contre les affections et les convoitises du vieil homme, c'est ce que ne saurait faire un non-croyant ; il n'y songe pas même. Cependant, grâce à la morale tout humaine qu'il prend pour guide, il n'a pas de peine à convertir ses défauts mêmes en vertus et à ne voir chez les chrétiens que des vices ; il dirait volontiers comme cet honnête homme qu'un serviteur de Dieu pressait de se convertir : « Je fais mieux que de croire à l'Évangile, je le pratique. »
Or, mes frères, si c'est là du christianisme, il faut convenir que c'est un christianisme facile, un christianisme que Jésus-Christ et ses apôtres n'ont pas connu.

II
Les incrédules immoraux ont aussi leur christianisme à eux

 Les incrédules immoraux ont aussi leur christianisme à eux, et souvent un christianisme plus semblable au vrai que celui des incrédules honnêtes gens. Tandis que ceux-ci fissent par se donner une paix orgueilleuse que les chrétiens ne leur envient pas, mais qui ne laisse pas d'être aussi douce qu'elle est funeste, les autres, aiguillonnés par leur conscience, ont des gémissements, des détresses, des remords qui valent mieux que la dureté du coeur. Ils ne vont pas tête levée à la rencontre du dernier jugement, et le compte qu'ils auront à rendre se présente quelquefois à leur esprit épouvanté ; au lieu que les précédents, se faisant honneur d'être sans dette à l'égard de Dieu comme à l'égard du prochain, se disent prêts à comparaître dès la première sommation. C'est pourquoi, chargés de leurs péchés, les incrédules immoraux parleront de la miséricorde divine plus volontiers que les autres. Voilà ce qu'ils prennent à l'Évangile, mais ils n'en continuent pas moins leur vie immorale.

Ils la continuent parce que c'est une vie de dissipation, de plaisirs, de jouissances parfois très vives, et que leur grande maxime est que l'homme n'a rien de mieux à faire dans ce monde qu'à s'amuser le plus possible. Tant s'en faut, néanmoins, qu'ils se sentent heureux. Aussi ne les voit-on pas, dans leurs mauvais jours, repousser les paroles de l'Évangile, aussi absolument que le font, la plupart du temps, les honnêtes mondains.
Malades, ils ne craignent pas qu'on prie pour eux et avec eux ; dans le deuil, on les voit avides des consolations chrétiennes, et quand ils entendent quelque prédication puissante par le Saint-Esprit, ils sortent de là tout sérieux. Ce sont des Agrippas qui disent : « Tu me persuades presque d'être chrétien ; » mais ils n'en continuent pas moins leur vie immorale.

Il arrive même aux pécheurs de ce caractère de déployer en certaines circonstances un zèle que ne connaissent guère les incrédules honnêtes gens. Par exemple, ils ne pensent pas que le salut de leurs enfants soit, dans tous les cas, chose certaine. Ils savent trop par leur expérience qu'on peut avoir reçu le baptême et l'instruction religieuse de rigueur qui en est la suite, et vivre esclave de ses passions. Dans cette conviction sans doute ils ne donneront pas à leurs enfants ce qu'ils ne possèdent pas eux-mêmes ; je ne dis pas non plus qu'ils prieront pour eux, car ils ne savent pas prier ; mais ils sont heureux de leur sentir une mère pieuse ; s'ils peuvent choisir le catéchiste de leur famille, ils ne prendront pas le plus relâché, et ils iront pleurer à l'église le jour où leur fils sera solennellement admis à la Cène, jour qui réveille en eux tant de souvenirs.
Moyennant ces émotions passagères, de crainte, d'espérance, de sérieux, ils se croient chrétiens : christianisme facile assurément, mais est-ce le vrai christianisme ?

III
Le christianisme des oeuvres

 Un troisième christianisme non moins facile et non moins éloigné du vrai, c'est le christianisme des oeuvres.
Il faut se sauver ; c'est chose entendue, et sur ce point on est d'accord avec la Bible. Cela signifie que nul n'a la vie éternelle de plein droit, mais qu'il y a quelque chose a faire pour l'obtenir. Ce quelque chose, c'est de se bien conduire, de remplir ses devoirs, de se rendre digne du ciel, d'y mériter une place, de se concilier sinon la justice de Dieu, du moins sa miséricorde, par une vie convenablement ordonnée et utilement remplie.

Quelques-uns de mes lecteurs s'étonneront, j'espère, que je puisse appeler cela un christianisme facile. Gagner la vie éternelle par ses oeuvres ! Mais il faudrait n'avoir jamais péché ou ne plus pécher désormais. Et encore, pour effacer les péchés commis, il faudrait faire à l'avenir plus de bien qu'on ne doit : car on n'acquitte pas ses dettes en payant désormais, au fur et à mesure, tout ce qu'on dépense !
Gagner la vie éternelle par ses oeuvres ! Mais il faudrait aimer Dieu de tout son coeur, de toute son âme, de toutes sa pensée et de toute sa force, et son prochain comme soi-même ; il faudrait avoir triomphé de toutes ses passions, dompté tous ses mauvais désirs, réformé toutes ses habitudes.....

Ce n'est pas ainsi que l'entendent ceux qui ont la prétention de se sauver par leurs oeuvres. Ils ne portent pas leurs vues si haut et il leur suffit de se sentir de bonnes intentions. Ils voudraient faire le bien, je leur rends ce témoignage ; ils ne demanderaient pas mieux que d'être sans défauts ; ils espèrent de jour en jour quelque amélioration dans leur vie, et ils ne s'opposent pas à ce qu'on leur parle morale et religion ; toujours est-il que leur sainteté ne dépasse pas le simple désir : elle n'a rien de réel, rien d'effectif.

Pour être juste aussi, je dois convenir qu'ils l'ont certains efforts vers le but ; mais c'est là tout leur christianisme. Or, s'efforcer de se repentir, ce n'est pas se repentir ; s'efforcer de croire, ce n'est pas croire ; s'efforcer d'aimer, ce n'est pas aimer ; et celui qui prend l'effort pour l'oeuvre est semblable à un petit enfant qui, s'appuyant de tout son pouvoir contre un grand bloc de marbre, s'imagine que le marbre recule parce que le pied lui manque à lui-même. Vos efforts, ô mes chers lecteurs, sont ceux de l'incapacité. Mieux vaut sans doute s'efforcer à faire le bien, que de se laisser entraîner par le mal ; mais il est tout à la fois absurde et fort commode de se persuader qu'on vit dans les bonnes oeuvres parce qu'on s'épuise en efforts improductifs.

Et encore, de quel côté dirigent-ils leurs forces ceux qui appartiennent à ce christianisme des oeuvres ? Ou bien c'est du côté des grands devoirs à l'exclusion des petits, ou du côté des petits devoirs à l'exclusion des grands. Ce qui revient à dire que, se sentant réellement incapables d'accomplir la loi de Dieu, ils se font, chacun selon leurs convenances, une classification tout à fait arbitraire de leurs obligations morales.
Pour l'un, les devoirs de la famille iront avant tout ; pour l'autre, ceux de son commerce ou de son industrie. Là, ce seront les pratiques de la dévotion ; ici, les bienséances de la politesse. Vous en verrez dont toute la morale est dans la probité en affaires ou dans l'opiniâtreté d'un travail incessant....

Quoi qu'il en soit, mes frères, et renonçant à épuiser ce sujet, le christianisme des oeuvres est le christianisme de l'orgueil : car, sous une forme ou sous une autre, c'est toujours vouloir être l'auteur de son propre salut. Ce christianisme aussi, malgré les apparences, n'est rien moins qu'une école de sainteté ; voilà pourquoi j'ai pu l'appeler facile, quoiqu'au fond il soit impossible.
Flattant la passion primordiale de nos coeurs naturels, il est attrayant autant qu'illusoire ; mais ce n'est certainement pas le vrai christianisme, car avec lui comme avec les précédents on se passe entièrement de Jésus-Christ.

IV
Le christianisme de ceux qui invoquent le nom de Christ, mais dont le coeur est partagé entre Jésus et le monde.

 Par une transition moins brusque qu'elle ne le paraît à première vue, j'arrive au christianisme de ceux qui invoquent le nom de Christ, mais dont le coeur est partagé entre Jésus et le monde.

Ici, j'ai affaire avec des personnes qui n'hésitent pas à reconnaître qu'elles ont commis des péchés et peut-être beaucoup de péchés. Elles admettent la vérité de la Parole de Dieu et ne sauraient la lire ou l'entendre exposer sans se sentir émues dans la meilleure partie de leur être. Elles sont convaincues du prix de leur âme, et ce n'est pas en vain que cette parole du Seigneur est parvenue à leurs oreilles : « Que servira-t-il à un homme de gagner le monde entier s'il se détruit ou se perd lui-même (
Luc IX, 25) ? » Ces personnes enfin ne contestent nullement la nécessité de la foi pour être sauvé.
Il y a donc en elles une certaine foi et certains besoins religieux. Elles en cherchent la satisfaction, non dans leurs oeuvres proprement dites, dont elles n'ont pas une assez haute opinion, mais dans la prière faite avec quelque fréquence et avec quelque ferveur ; dans la société des fidèles, recherchée plutôt qu'évitée ; dans la lecture assez régulière de la Bible, des journaux religieux et d'autres bons livres, si d'ailleurs ils sont intéressants ; puis, ce qui va sans dire, c'est que ces personnes fréquentent assidûment le culte chrétien, et que plus il est édifiant plus elles l'aiment ; quant à la Cène du Seigneur en particulier, elles ne sauraient s'en passer aux époques accoutumées.

Mais avec tout cela ce sont des coeurs que le monde remplit. Extérieurement et pour les grandes choses, on a rompu avec lui.

On prend en pitié les vaines joies par lesquelles il s'amuse, ou plutôt s'abuse, se dissipe et se perd ; ce qui n'empêche pas qu'à l'occasion l'on ne se plaise à voir du moins comment il se divertit.

On déplore la futilité et l'immoralité des livres dont tant de gens font leur pâture ; ce qui n'empêche pas que, sans vocation aucune, on ne se tienne au courant de la littérature du jour, qu'on n'en fasse le sujet de ses entretiens les moins futiles et qu'on ne vive ainsi tout entier dans le monde.

On accorde qu'il n'y a rien de plus dangereux que de vouloir régler sa vie sur les opinions si mobiles et sur les maximes si fausses de la multitude ; néanmoins, au lieu de chercher essentiellement l'approbation de Dieu, l'on brigue quelquefois au prix de son devoir l'estime et les suffrages des hommes.

On reconnaît en théorie « qu'une seule chose est nécessaire, (
Luc X, 42) » et, non content de porter aux affaires du présent siècle l'attention légitime qui leur est due, on se préoccupe avec passion des intérêts matériels et politiques où s'absorbent, hélas ! tant de gens. Ajouterai-je un dernier trait ?

On admet que « le monde est plongé dans le mal (
1 Jean V, 19) », on a, ou plutôt on croit avoir le mal en horreur (Ps. XXXVI, 5) ; et parmi les pensées et les conversations pour lesquelles on éprouve un attrait d'autant plus vif qu'il est secret, sont bien souvent en première ligne celles qui roulent sur les scandales de la société.

Tout cela, j'y insiste, s'allie chez un grand nombre de soi-disant chrétiens avec des convictions et des habitudes religieuses, et tout cela constitue
le christianisme mondain : christianisme difficile, en ce sens qu'il n'est pas aisé d'associer deux services aussi contraires que le service de Dieu et celui de Mammon, mais christianisme attrayant et facile, en ce qu'il satisfait à la fois la conscience et la concupiscence.
La conscience a sa part dans l'aveu que vous faites de vos péchés, dans l'assentiment que vous donnez à l'Évangile de la grâce de Dieu, dans les pratiques de dévotion que vous cultivez ; et la concupiscence, savoir « la convoitise des jeux, la convoitise de la chair et l'orgueil de la vie (
1 Jean II, 16), » reçoit aussi la sienne dans l'affection que vous conservez pour ce monde et ses attraits.
Mais ce christianisme est si loin du vrai christianisme, qu'il est plutôt une insulte à Jésus-Christ, car c'est vouloir que Jésus-Christ s'asseye sur un même trône avec Satan.
Ce christianisme mondain, à ne l'envisager que sous le côté religieux, repose, semble-t-il, sur une très grande foi. C'est ce qu'on voit particulièrement dans l'église romaine.

Là, il est de principe que l'eau du baptême régénère,
- et on le croit ; que celui qui communie, même indignement, mange et boit le corps réel et le sang de Jésus-Christ,
- et on le croit ; qu'après s'être confessé au prêtre et avoir obtenu de lui l'absolution, l'on est réellement pardonné devant Dieu,
- et on le croit ; que si l'on reçoit sur un lit de mort l'extrême-onction, l'on est réconcilié avec l'Église et avec Dieu, lors même que, déjà privé de ses facultés mentales, on n'a pu y consentir ; et ceux qui entourent le mourant croient cela dévotement.

On croit donc, dans l'église romaine, que « le sacrement agit par sa vertu propre, et qu'il est un gage de salut conféré par l'attouchement d'objets sensibles, avec des formules consacrées. »
J'emprunte ces paroles à un catholique même, et je dis que voilà une très grande foi ; mais cette foi aux objets sensibles, que ce soient l'eau du baptême et les éléments de la Cène, ou des images, de saintes médailles et des crucifix, c'est ce qu'on appelle de la superstition, et il est bien plus facile d'être superstitieux que croyant.

De telles erreurs, grâce à Dieu, ne sauraient plus nous séduire ; du moins, il ne le semble pas ; mais pourquoi y a-t-il foule, quatre fois l'année, en des temples protestants si souvent presque vides, et pourquoi ne peuvent-ils contenir tous ceux qui s'y portent un certain dimanche surtout ?

Ah ! c'est qu'il y a quatre communions et un jour de jeûne.
Pourquoi, ces jours-là, plus de gravité dans le maintien, plus d'efforts pour tourner son âme vers Dieu, et quelque suspension de ses habitudes mondaines ?
Parce que ce sont des jours qu'on estime particulièrement solennels, et qu'à les solenniser de la sorte on pense avoir fait acte de vrai chrétien, acte effaçant les péchés antérieurs, bien qu'on ne le dise pas, et servant de brevet pour en commettre de nouveaux, bien qu'on n'ose pas se l'avouer en ces termes.

Pourquoi tant de gens se scandalisent-ils à la pensée qu'on puisse se réunir pour le culte dans une maison particulière et y prendre la Cène du Seigneur sous la présidence d'un ministre sans costume ou sous celle d'un laïque ?
Pourquoi ce scandale est-il plus vivement senti par les hommes qu'on appelle religieux que par des incrédules déclarés ?
N'est-ce pas parce qu'ils attachent une vertu particulière, une vertu sanctifiante, une vertu d'édification et de salut aux murs d'un temple consacré, à la voix d'un homme consacré, aux habits consacrés par l'usage et aux formules d'une liturgie également consacrée ?

Je pourrais multiplier les pourquoi, mais on me répondrait que de telles superstitions s'effacent de jour en jour, et l'on opposerait à ces protestants, plus papistes qu'ils ne le croient, les protestants vraiment évangéliques, ou autrement les protestants d'élite.

Eh ! bien, chez eux encore se retrouve, mais sous un autre aspect, le christianisme facile dont je parle. Pour eux, tous les dimanches sont de saints jours. En conséquence, ils les consacrent tous au culte du Seigneur dans le repos des occupations terrestres ; mais n'est-il pas vrai qu'ils entendent bien souvent la chose comme si c'était le dimanche qui sanctifie l'âme et non pas l'âme qui sanctifie le dimanche ?
Pour eux, la Parole de Dieu et la Sainte-Cène, dans une chambre ou dans une chapelle, quelque habit que porte le prédicateur et quelle que soit la main qui leur rompe le pain, n'en demeurent pas moins la Parole de Dieu et la Cène du Seigneur. Mais n'est-il pas vrai qu'ils s'envisagent souvent comme des chrétiens d'élite par cela seul qu'ils fréquentent ces réunions particulières, à leurs yeux l'infaillible chemin du ciel ?
Bien plus, ces protestants d'élite, n'importe l'église à laquelle ils se rattachent, que font-ils, par exemple, de la prière d'intercession ? « Priez pour moi, » disent-ils à leurs frères ou à leur pasteur ; « priez pour moi, car j'en ai grand besoin ! » et ils emportent tout joyeux la bonne réponse qu'on leur a faite ; puis, les voilà qui, se confiant aux prières d'autrui, négligent eux-mêmes de prier.

Que font-ils du culte domestique ?
Une fois par jour au moins, assemblés avec leur famille, ils ouvrent la Bible, en lisent un chapitre, qu'ils font suivre d'une prière ou d'un chant de cantique. Chose excellente assurément ; mais c'est là tout leur culte pour toute la journée : point de prières secrètes et du coeur dans son cabinet, point d'élévation de l'âme à Dieu ; un train de vie semblable à celui du monde honnête, avec cette différence qu'on s'est abrité sous le culte domestique contre l'oeil de la conscience.
« La plaie de nos églises, » disait un pasteur fidèle de l'église d'Écosse, il peut y avoir vingt ans, alors que ce pays renaissait à la vie religieuse, « la plaie de nos églises, c'est le culte domestique.
Pas une maison où l'on ne prie en famille ; mais c'est là tout notre christianisme, et comment dire à des gens qui lisent la Bible chaque jour, qu'ils ne sont ni plus ni moins que des morts ? »

La Bible, la lecture de ce saint livre, faite même en particulier, n'est-elle pas pour plusieurs protestants d'élite une espèce de talisman qui rappelle les amulettes et les médailles, et les croix d'or ou d'argent qu'on porte ailleurs sur sa personne en guise de christianisme ?
Dans l'effroi que cause un orage, on prend sa Bible et on la lit comme pour éloigner le danger ; on la tient sur sa table ou peut-être sous son chevet pour être gardé et béni par elle, et je m'étonne que personne encore n'ait demandé qu'on plaçât une Bible dans son cercueil, superstition protestante qui ne serait que le couronnement de toutes les autres !

Il y a donc chez les protestants aussi, même chez les protestants évangéliques, un christianisme
formaliste, un christianisme superstitieux et en quelque sorte magique, un christianisme de l'opus opératum, comme disent les théologiens, un christianisme où les choses religieuses sont supposées agir par leur vertu propre, et conférer les grâces du salut par le fait seul qu'on se met avec elles en communication matérielle.
Christianisme facile, qui est une nouvelle insulte à Jésus-Christ, car c'est dire qu'on peut être chrétien sans penser à lui proprement, sans se nourrir de son Esprit, sans vivre de sa vie ; c'est vouloir se sauver par des oeuvres qui sont les plus excellentes de toutes quand elles sont faites spirituellement, mais qui sont de toutes les plus funestes quand on s'en tient à leur côté matériel.

VI
Le christianisme
ultra-spiritualiste.

 Voici enfin un christianisme qui semble tout l'opposé du précédent, et qui l'est en effet dans son point de départ : c'est le christianisme ultra-spiritualiste.
Il est des chrétiens, de vrais chrétiens au fond, qui, mettant l'Esprit dans une absolue indépendance des formes, même de celles que le Seigneur a instituées, vont jusqu'à prétendre que toute forme nuit à l'action de l'Esprit.
Pour eux, le ministère, les sacrements, la Parole écrite sont de simples formes. Tandis que, par spiritualisme, les uns refusent de reconnaître l'autorité pastorale des docteurs les mieux qualifiés et que d'autres, mais non pas au milieu de nous, tiennent de plus le baptême et la sainte Cène pour abolis, il existe une école de plus en plus nombreuse, aux yeux de qui la Parole de Dieu n'est qu'une lettre morte, bien inférieure à l'Esprit qui l'explique intérieurement, la développe, l'étend, la complète, la rectifie dans la conscience de chaque fidèle.

Il en est encore qui, fort à l'inverse, mais toujours par spiritualisme, estiment qu'on peut, sans danger pour son âme, se plier à toutes les formes. Reconnaître l'autorité religieuse du Pape ou des gouvernements civils, aller à la messe ou suivre un culte liturgique sans vie, entendre chaque dimanche une prédication rationaliste ou ne jamais entendre de prédications : qu'est-ce que cela fait, pourvu que le coeur soit avec Dieu ? tout n'est-il pas pur pour ceux qui sont purs ?

Je vais plus loin, et je dis avec une douleur croissante que, parmi ces spirituels, on en voit qui estiment qu'on peut se livrer au monde et au péché sans souiller son âme, qui osent même prétendre qu'on doit savoir, pour la gloire de Dieu, faire violence à ses goûts de retraite et de sainteté, en sorte qu'ils parviennent à vivre mondainement et à commettre des fautes graves, en toute tranquillité de conscience.

C'est parmi les chrétiens spirituels que vous trouvez des personnes qui prient pour la conversion des âmes, mais qui ne prononcent jamais devant qui que ce soit une parole de conversion, heureux encore s'ils n'envisagent pas comme une infirmité de la foi ce qu'on fait pour le salut du monde.

C'est encore parmi eux que vous rencontrez des hommes pieux qui ne sanctifient pas le dimanche, par la raison, disent-ils, que tous les jours sont saints ; et d'autres qui voient dans la Bible un livre dont la moindre partie seulement est destinée aux enfants de Dieu de la nouvelle alliance.

Pour plusieurs, ce christianisme si subtil et si varié, repose sur des principes que je ne veux pas discuter, mais simplement exposer. Ils pensent que Jésus-Christ « nous ayant purifiés de tout péché par son sang (
1 Jean I, 9) » nous n'avons plus besoin de nous purifier nous-mêmes en retournant chaque jour, pleins de notre misère, nous laver et nous plonger dans la grâce du Seigneur ;
- que, devenus les temples du Saint-Esprit et conduits par sa lumière (
1 Cor VI, 19 ; Rom. VIII, 14), les fidèles n'ont pas à chercher d'autres conseils, d'autres directions, d'autres lois que l'impulsion secrète de cet Esprit ; impulsion irrésistible autant qu'infaillible, impulsion telle que tout ce qu'ils disent, font et pensent, leur vient d'en Haut ;
- que, gardé par la puissance de Dieu, par la foi, gardé en son coeur et en ses pensées dans le Christ Jésus (
1 Pierre I, 5 ; Philip. IV, 7), l'élu du Seigneur insulterait la puissance comme à la fidélité de l'Éternel, s'il éprouvait jamais la moindre sollicitude sur son âme ;
- enfin, que régénérés, par là ne péchant plus et ne pouvant plus pécher (
1 Jean V, 18 ; III, 9), nous n'avons désormais rien à craindre de nos inclinations naturelles, car nous pouvons dire, quand nous faisons le mal, que ce n'est pas nous qui le faisons (Rom. VII, 20).

Tous ces principes, on le voit, se fondent sur quelque passage de la Sainte Écriture, et c'est ce qui leur ouvre l'entrée de coeurs néanmoins chrétiens. Je devrais les réfuter, en expliquant les déclarations d'où on les déduit par d'autres déclarations non moins catégoriques et tirées des mêmes portions de la Parole de Dieu. Je devrais dire avec St. Jean : « Quiconque a cette espérance en Lui se
purifie, comme lui est pur ; »
- et encore : « Celui qui a été engendré de Dieu se
garde lui-même et le Méchant ne le touche point, »
- et « si nous disons que
nous n'avons point de péché, nous nous égarons nous-mêmes et la vérité n'est point en nous (1 Jean III, 3 ; V, 18 ; I, 8, 10.). »

Je devrais recueillir dans les épîtres de Paul, qu'on n'accusera pas d'avoir manqué de spiritualisme ni d'avoir méconnu la grâce de Dieu, ce nombre si considérable de passages où il exhorte les fidèles à l'activité personnelle, au travail de leur sanctification et à la lutte contre les tendances mauvaises du vieil homme, tendances par lesquelles nous sommes accessibles aux passions qui règnent dans le monde.

Mais encore une fois, je ne veux pas discuter. Je me borne au tableau que je viens de faire, non pas de la généralité des chrétiens, tant s'en faut, encore moins du vrai spiritualisme, et, m'adressant à la conscience de tous et au bon sens le plus vulgaire, je demande si ce christianisme peut être le vrai christianisme ?
Grâce à Dieu, ceux qui le professent ne le mettent pas universellement en pratique, parce qu'il y a eu chez eux antérieurement une conversion réelle et que l'erreur réside dans leur entendement plus que dans leur coeur ; mais il n'est pas douteux que cet ultra-spiritualisme, mélange de mysticité et d'antinomianisme, ne soit encore plus que les deux précédents une insulte à Jésus-Christ, dont il fait en définitive un ministre du péché (
Gal. II, 17). Après avoir été chrétien à la manière des incrédules honnêtes gens, ou des incrédules immoraux ou des pharisiens à propre justice, si l'on ne cherche pas expressément, comme quelques-uns, à concilier le service de Dieu avec celui du monde, ou, comme d'autres, à se sauver par des formes de dévotion, l'on revient au point de départ par un détour qui n'est ni trop long, ni trop difficile.

Sous cette apparence de christianisme quintessencié, l'on continue à faire sa volonté propre, et, dans la vie ordinaire, on marche d'une façon toute semblable à celle des honnêtes gens du monde, jusqu'à ce que d'énormes péchés, fruits d'une coupable présomption et de l'abus qu'on faisait des doctrines de la grâce (
2 Pierre III, 16), viennent comme effacer la différence même qu'on avait mise entre soi et les incrédules les plus dégradés.

Le christianisme ultra-spiritualiste n'aurait pas les tendances immorales dont on ne saurait le disculper, que nous devrions nous en défier par la seule raison qu'il est décidément trop facile.

Se croire sauvé, n'est pas en fait plus difficile que de se persuader qu'on n'a pas besoin de l'être ;
- se croire infailliblement conduit par le Saint-Esprit, n'est pas plus difficile que de s'estimer infailliblement conduit par sa conscience ;
- se reposer sur la connaissance qu'on a de la doctrine du salut, n'est pas plus difficile que de se confier en ses lumières naturelles.

Au fond, rien n'est changé, sinon l'adoption, toujours facile, de principes évangéliques dénaturés parce qu'ils sont incomplets, et l'affiliation à quelque société religieuse avec laquelle on sympathise d'autant plus volontiers que ses institutions et ses formules dogmatiques nourrissent les illusions dont on se repaît.

Ah ! certainement, le christianisme, le vrai christianisme, ou, pour me servir enfin d'une expression bien préférable, la foi en Jésus-Christ, la foi vivante et l'union qu'elle établit entre notre âme et lui, seule voie possible de salut, est une voie à tout prendre facile.
Là, nous trouvons, pour nos péchés, une expiation tellement parfaite, que nous n'avons rien, absolument rien a y ajouter ;
- là, nous entrons en possession de la plénitude de la grâce de Dieu, par laquelle se commence et s'achève toute l'oeuvre de notre rédemption, la sainteté comme le pardon, et la gloire céleste comme la sainteté ;
- là, nous nous chargeons, il est vrai, d'un fardeau et d'un joug, mais c'est un fardeau léger et un joug aisé (
Matt. XI, 29, 30) ;
- là est un chemin étroit, mais uni et plein de charmes, quand on le compare à la route large du mondain ;
- là, pour tout dire, est une fin paisible, car aucun de ceux qui vécurent en Jésus-Christ ne s'en repentit à son lit de mort.

Et pourtant, si vous relisez les déclarations de Jésus-Christ et de ses apôtres que j'ai inscrites en tête de cette méditation, vous conclurez avec moi qu'il est difficile de devenir chrétien, et peut-être encore plus de vivre en chrétien.

Le croyez-vous, vous qui lisez ces lignes ? L'avez-vous éprouvé ?
Si j'adressais ces questions à ceux que les difficultés de la foi ont rebutés, je sais bien ce qu'ils me répondraient ; mais c'est à vous, à vous qui pensez appartenir à Jésus-Christ, que je les adresse.

En croyant qu'il est difficile de devenir et encore plus de demeurer chrétien, vous ne faites que rendre hommage à la vérité des Écritures, si expresses sur ce point ; mais en cela même vous me donnez l'espérance que vous êtes passés de la mort à la vie, et cette espérance sera plus vive et plus solide encore, si vous me dites que vous avez fait, que vous faites tous les jours par vous-mêmes, l'épreuve de ces difficultés.

Je ne nie pas qu'il n'y ait des âmes privilégiées, qui, converties sans grandes secousses, marchent tranquillement et d'un pas égal dans la voie du salut ; mais c'est l'exception, et j'en reviens toujours à ceci : « Le juste est sauvé difficilement (
1 Pierre IV, 18). »
La vie présente n'est pas pour nous le temps du repos et du triomphe, mais, par la grâce de Dieu, celui du travail et de la lutte, d'un travail opiniâtre en vue de la perfection, et d'une lutte à mort contre le péché.
Tout christianisme qui ne se propose pour but prochain que l'apaisement de la conscience et non la sanctification de la vie entière, est un christianisme facile, mais ce n'est pas le vrai christianisme. - « Ce qui est dans la bonne terre, » a dit notre Sauveur, « ce sont ceux qui, d'un coeur honnête et bon, ayant entendu la parole, la retiennent, et portent du fruit avec persévérance (
Luc VIII, 15) ; » et ailleurs il est écrit :

SOYEZ SAINTS PARCE QUE JE SUIS SAINT
(
Lévit. XI, 44, cité 1 Pierre I, 16).
 

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