Il est
écrit: TA PAROLE EST LA VERITE (Jean 17.17) Cela me suffit... |
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écrit: TA PAROLE EST LA VERITE (Jean 17.17) Cela me suffit... |
et L'ENFER SERMON PRÊCHÉ EN PLEIN AIR DEVANT UN AUDITOIRE DE DOUZE MILLE PERSONNES, PAR
LE RÉV. C.-H. SPURGEON
TRADUIT DE L'ANGLAIS. TOULOUSE, SOCIÉTÉ DES LIVRES RELIGIEUX. Dépôt: Rue des Balances, 35, hôtel Sans. 1859 Bien
que le nom du Révérend C.-H. Spurgeon ait déjà acquis en France
une certaine célébrité, cependant, comme quelques-uns de nos
lecteurs pourraient ne pas le connaître, nous croyons devoir dire
ici quelques mots touchant l'éminent prédicateur, dont la parole
saisissante et originale cause depuis quelques années en Angleterre
une si profonde sensation. La doctrine de M. Spurgeon, comme on le verra dans les pages suivantes, est nette, précise, fortement accentuée. Quel frappant contraste ne présente-telle pas avec les spéculations vagues, nuageuses, insaisissables, de la moderne théologie! L'inspiration des Ecritures, la corruption radicale de l'homme, la divinité de Jésus-Christ , l'expiation par son sang, la nécessité de la régénération, en un mot, toutes les grandes vérités qui ont fait dans le passé et qui feront jusqu'à la fin des âges la force de l'Église de Dieu, — toutes ces vérités, disons-nous, M. Spurgeon y adhère de la manière la plus complète, la plus absolue, la plus rigoureuse. C'est justement par cette raison, nous ne le cachons pas, que nous avons éprouvé le désir de faire passer dans notre langue quelques-uns des discours du prédicateur anglais. Le favorable accueil que le public religieux de France a accordé aux excellents Traités de Ryle, en nous prouvant une fois de plus qu'il sait apprécier la netteté dans la doctrine, nous fait espérer que la voix si profondément évangélique de Spurgeon saura également exciter ses sympathies. Si notre espoir n'est pas déçu, le sermon dont nous publions aujourd'hui l'imparfaite traduction sera bientôt suivi, Dieu voulant, par d'autres sermons du même auteur. Nous plaçons notre humble travail sous la puissante protection de notre Dieu. lui demandant de ne pas regarder à la faiblesse de l'ouvrier, mais de bénir abondamment l'œuvre elle-même, pour la gloire de son grand Nom, pour le triomphe de la vérité et pour le salut des âmes! LE TRADUCTEUR. Toulouse, septembre 1858.
LE
CIEL ET L'ENFER
I
Je
vous dis que plusieurs viendront d'Orient et d'Occident et seront
assis à table, au royaume des cieux, avec Abraham , Isaac en Jacob;
et les enfants du royaume seront jetés dans les ténèbres de
dehors: il y aura là des pleurs et des grincements de dents. Ce
soir, mes chers auditeurs, j'espère vous encourager à chercher le
chemin du ciel. Ce soir aussi j'aurai à exprimer devant vous de très
rudes vérités concernant le sort de ceux qui seront jetés dans
l'abîme de la perdition. Les versets que je vous ai lus renferment deux idées. La première est d'une douceur infinie, et je me plais à y arrêter mon esprit; la seconde est terrible au plus haut degré; mais l'une et l'autre étant également vraies, l'une et l'autre doivent être prêchées. La première idée de mon texte est contenue dans ces mots: Je vous dis que plusieurs viendront d'0rient et d'0ccident et seront assis à table, au royaume des cieux, avec Abraham , Isaac et Jacob. L'autre, sombre, menaçante, effroyable, est ainsi formulée: Les enfants du royaume seront jetés dans les ténèbres de dehors: il y aura là, des pleurs et des grincements de dents. Reprenons la première de ces idées. — Voici une glorieuse promesse: Plusieurs viendront d'0rient et d'Occident et seront assis à table, au royaume des cieux, avec Abraham, Isaac et Jacob. J'aime ces paroles, parce qu'elles me disent ce qu'est le ciel, parce qu'elles m'en laissent entrevoir les charmes. Elles m'apprennent, tout d'abord, que c'est un lieu où je serai assis, c'est-à-dire où je me reposerai. Quelle douce pensée! Qu'elle est douce surtout pour le travailleur, pour celui qui mange son pain à la sueur de son visage! Souvent, en essuyant son front humide, il se demande avec tristesse s'il n'aura jamais ni trêve ni relâche. Ou bien , le soir, en se jetant brisé sur sa couche, son cœur laisse échapper ce cri d'angoisse : « N'y a-t-il donc point un lieu où je pourrai me reposer, où mes membres fatigués ne seront plus contraints d'agir , où je trouverai enfin la paix après laquelle je soupire? » Oui, enfant du travail et de la peine, oui, il est un heureux séjour où peine et travail sont inconnus. Au-delà de la voûte azurée, il est une cité belle et radieuse: ses murs sont de jaspe, sa lumière est plus éclatante que le soleil. Là, les méchants ne tourmentent plus personne, et ceux qui ont perdu leur force se reposent. Là habitent des esprits immortels qui sont pour jamais à l'abri de la fatigue. Ils ne sèment ni ne moissonnent; ils n'ont plus ni rude labeur, ni tâche excessive à accomplir. Que l'homme de loisir se plaise à envisager le ciel comme un lieu où son activité trouvera un constant aliment, je le conçois, et je suis persuadé qu'il ne sera pas déçu dans son attente. Mais pour le travailleur, — et par ce mot j'entends tout homme qui travaille, soit de son intelligence, soit de ses mains, — quelle délicieuse, quelle consolante perspective que celle d'un éternel repos! O bonheur! bientôt cette voix, si souvent épuisée par de longs efforts, pourra se taire; bientôt ces poumons fatigués ne s'exerceront plus au-delà de leur pouvoir; bientôt ce cerveau excité ne sera plus harcelé par des pensées sans nombre; bientôt, paisiblement assis au banquet de Dieu, je me reposerai de mes travaux... Oh! fils et filles d'Adam qui fléchissez sous le poids de la vie, prenez courage! Au ciel, vous n'aurez plus à tracer de pénibles sillons dans un sol infertile; vous n'aurez plus à vous lever matin, à vous coucher tard et à manger le pain de douleur; vous n'aurez plus ni fardeau, ni souci, ni agitation; tous vous serez paisibles, riches, heureux. Les mots de labeur, de fatigue, de souffrance n'existent même pas dans la langue du ciel. Et remarquez dans quelle illustre société les élus se trouveront. Ils seront assis, nous est-il dit, avec Abraham, Isaac et Jacob. Ces paroles me semblent réfuter de la manière la plus positive l'opinion de certains chrétiens qui pensent que dans l'autre vie on n'aura pas la faculté de se connaître. En effet, puisqu'il nous est déclaré ici en toutes lettres que nous serons assis avec Abraham , Isaac et Jacob, ne devons-nous pas nécessairement en conclure que nous connaîtrons ces patriarches et par conséquent aussi les autres habitants du ciel? On raconte qu'une digne chrétienne, avancée en âge, demanda à son mari, au moment de mourir: «Mon ami, penses-tu que tu me reconnaisses quand tu viendras dans la gloire? — Si je te reconnaîtrai? répondit celui-ci; ne t'ai-je pas toujours connue ici-bas? et crois-tu donc qu'au ciel je serai moins clairvoyant?» Ce raisonnement me paraît sans réplique. De même que nous avons connu ici-bas, de même nous connaîtrons là-haut. Pour ma part, j'ai la douce assurance que lorsque, par la grâce de Dieu, je poserai mon pied sur le seuil du ciel, les bienheureux amis qui m'y ont précédé viendront me prendre par la main et me diront: « Salut, bien-aimé! te voici enfin.» Les proches retrouveront leurs proches; les amis leurs amis. Tu retrouveras ta pieuse mère, toi, mon cher auditeur, qui pleures encore sur elle, si toutefois tu marches sur les traces de Jésus: il me semble la voir venant à ta rencontre à la porte du paradis, et quoique sans doute les liens de la nature auront perdu beaucoup de leur force, je ne puis me défendre de la pensée que son visage brillera d'une joie nouvelle lorsque, s'avançant vers le Seigneur, elle lui dira: Me voici, moi et les enfants que tu m'as donnés. — Mari, tu reconnaîtras ta femme. Mère, tu reconnaîtras ces chers petits êtres dont tu suivis avec angoisse la longue agonie et sur lesquels tu entendis tomber, avec les froides mottes de terre, ces terribles paroles: L'argile à l'argile, la cendre à la cendre, la poudre à la poudre. Oui, tu les retrouveras; tu entendras encore leurs voix chéries; tu sauras que ceux que tu as tant aimés, Dieu les a aimés mieux encore que toi. Qu'il me semblerait triste et glaçant le monde à venir, si je ne devais ni connaître ni être connu! En vérité, il n'aurait pour moi que bien peu d'attraits! Mais quelle douceur, au contraire, dans la pensée que le ciel est la réalisation parfaite de la communion des saints, et qu'entre les croyants de tous les temps et de tous les pays, il s'établira pour l'éternité des relations étroites et personnelles! Souvent, je me plais à anticiper sur le bonheur que j'éprouverai à connaître Ésaïe; il me semble qu'à peine arrivé à la cité céleste, je demanderai à le voir, parce qu'il a parlé de Jésus plus qu'aucun autre prophète. Il me semble aussi que je m'empresserai de chercher au milieu de la foule George Whitefield, ce grand serviteur de Dieu, qui avec un zèle digne d'un esprit angélique, dépensa toute sa vie en prêchant le salut. Oh! oui, nous aurons une société choisie dans le ciel. Et cependant toute distinction humaine sera abolie: riches et pauvres, savants et ignorants, ministres et laïques, nous fraterniserons tous ensemble. J'ai ouï raconter qu'une dame, visitée sur son lit de mort par un ministre de l'Évangile, lui posa cette étrange question: «Ne
pensez-vous pas qu'il existe dans le ciel deux lieux bien distincts
pour les différentes classes de la société? J'avoue que je ne
pourrais endurer l'idée de vivre éternellement en compagnie de ma
servante.» Il
disait vrai. Non, l'orgueil n'entrera pas dans le ciel. Il faut que
nous nous abaissions nous-mêmes, que nous voyions dans tout homme un
frère, que nous sentions qu'aux yeux de Dieu nous sommes tous égaux,
avant de pouvoir espérer d'être admis dans la gloire. Quant à moi,
je bénis mon Dieu de ce qu'au banquet céleste il n'y aura qu'une
seule table. Le Juif et le Gentil s’assoiront côte à côte; le
grand et le petit paîtront dans le même pâturage: tous, nous
serons assis avec Abraham , Isaac et Jacob. J'avoue qu'un ciel aussi mesquin m'est antipathique, et j'aime au contraire à lire dans les Écritures qu'il y a plusieurs demeures dans la maison de mon Père. De ce qu'il est écrit dans l'Évangile: La porte est étroite et le chemin est étroit qui mène à la vie, et il y en a peu qui le trouvent, on en a souvent conclu que le ciel sera moins peuplé que l'enfer. Cette opinion me semble inadmissible. Comment!
la part de Christ serait moins grande que celle du diable? Satan
l'emporterait sur Christ? Courage donc, pauvre pécheur, qui que tu sois; courage, âme craintive et timorée, ouvre ton cœur à l'espérance! Il n'y a pas sur la terre d'âme vivante dont on puisse dire qu'elle soit en dehors de la grâce de Dieu. Il est, il est vrai, quelques infortunés qui, ayant commis le péché irrémissible, sont abandonnés de Dieu; mais à part cette exception, je me plais à le proclamer, la souveraine miséricorde embrasse l'humanité tout entière. Plusieurs
viendront et seront assis à table, au royaume des cieux, avec
Abraham, Isaac et Jacob. Mais outre ce sens naturel et que j'appellerai géographique, les paroles qui nous occupent me semblent avoir un sens figuré et spirituel. Selon moi, cette expression, l'Orient et l'Occident, désigne moins les points les plus reculés du globe, que cette classe d'âmes qui, en apparence, est, pour ainsi dire, aux antipodes du royaume de Dieu. Il y a tels pêcheurs dans le monde, du salut desquels chacun désespère. On
se dit: «A quoi bon raisonner avec eux? Vous
souvient-il d'un remarquable incident du ministère du grand
Whitefield? Un jour, prêchant devant un nombreux auditoire, il dit
que «Jésus-Christ était prêt à sauver même les rebuts du
diable, c'est-à-dire les âmes que Satan lui-même trouvait à
peine assez bonnes pour lui.» Le service fini, son amie, lady
Huntingdon, fit comprendre à l'éminent prédicateur que cette
hardiesse de langage ne lui avait point semblé tout à fait
convenable. À peine venait-elle de hasarder cette remarque,
lorsqu'on vint dire à Whitefield que quelqu'un désirait lui parler.
Il y va, et remonte un instant après. — Madame , dit-il à lady
Huntingdon, devinez qui m'attendait en bas! C'était une pauvre
femme, tombée au dernier degré de l'abjection. — Oh!
M. Whitefield, m'a-t-elle dit, vous nous avez assuré que Jésus
recevrait les âmes même qui sont comme les rebuts du diable,
et moi je suis une de ces âmes !... » — Que
personne ne trouve donc mauvais si les serviteurs de Christ
s'adressent aux péagers et aux gens de mauvaise vie.
J'ai été
accusé, je le sais, d'attirer autour de moi «la vile multitude.» À
cela, je réponds: Que Dieu la bénisse, cette «vile multitude,»
que Dieu la sauve par mon moyen, et je serai trop honoré! Trouvez-moi donc le dernier, le plus vil des pécheurs, je ne dédaignerai point de lui prêcher l'Évangile, car je sais que son âme immortelle est susceptible de salut, et de plus, je me souviens de cet ordre de mon Maître: Va, dans les chemins et le long des haies, et presse d'entrer ceux que tu trouveras, afin que ma maison soit remplie. — Plusieurs viendront d'Orient et d'Occident, et seront assis à table au royaume des cieux, avec Abraham, Isaac et Jacob. Il
y a un mot encore dans ce beau passage sur lequel je désire attirer
votre attention, avant de passer outre. Observez qu'il n'est pas dit:
Ils pourront venir, ou: Ils viendront peut-être,
mais:
Ils VIENDRONT. Oh! que j'aime ces affirmations si pleines, si
positives de mon Dieu! Surpris, remué dans sa conscience, l'incrédule écoute, et Dieu touche son cœur à salut. En sortant, il était un nouvel homme. L'impie se retira pour prier; le railleur alla verser des larmes de contrition. Celui qui était entré dans la maison de Dieu par manière de passe-temps, retourna chez lui, pressé de rechercher la communion de son Créateur. Le sceptique devint croyant; le pécheur devint un saint. — Et la transformation qui s'est produite chez cet homme, peut se produire également chez tous. La grâce divine, je le répète, n'a pas besoin de votre consentement préalable: elle saura vous donner la volonté et l'exécution selon son bon plaisir. Du cœur le plus rebelle qui s'écrie dédaigneusement: «Je n'ai que faire de l'Évangile,» elle peut, quand elle le veut, faire surgir cette humble supplication: «Seigneur, sauve-moi, ou je péris!» Mais peut-être pensez-vous que vous pouvez vous convertir sans que votre âme subisse l'action prévenante de la grâce de Dieu. Erreur, erreur funeste, mes amis. Supposons qu'en cet instant même Jésus-Christ se présentât au milieu de nous, quel accueil pensez-vous que lui ferait le plus grand nombre? «Nous le couronnerions roi,» me répondez-vous. Hélas! je n'en crois rien; et je suis persuadé, au contraire, que la plupart d'entre vous le crucifieraient de nouveau, s'ils en avaient l'occasion. Oui, se tînt-il là, devant vous, et vous dît-il: «Me voici, je vous aime,» pas un de vous, abandonné à sa propre volonté, ne répondrait à ses avances. Fixa-t-il sur vous un de ces puissants regards capables de dompter les lions eux-mêmes; vous parlât-il avec cette voix d'où se sont échappés des flots d'une incomparable éloquence, pas un de vous, laissé à lui-même, ne deviendrait son disciple. Ce qu'il faut, pour fléchir les résistances de notre cœur, c'est la puissance de la grâce, c'est l'influence du Saint-Esprit. Nul ne peut venir à moi, a dit Jésus-Christ, si le Père qui m'a envoyé ne l'attire. Mais d'une fois que de pauvres pêcheurs ont éprouvé ces attraits divins, oh! alors, ils viennent, ils accourent de l'Orient et de l'Occident. Que le monde s'agite, que le monde se moque, il n'empêchera pas le Fils de Dieu de recueillir le fruit de ses souffrances et de sa mort. Si, parmi vous, il est des âmes qui le rejettent, d'autres l'accepteront; s'il en est qui seront perdues, d'autres seront sauvées. Quoi qu'on dise et quoi qu'on fasse, Jésus-Christ se verra de la postérité, il prolongera ses jours et le bon plaisir de l'Éternel prospèrera dans sa main. Quand le ciel, la terre et l'enfer se ligueraient ensemble, ils ne sauraient retenir loin de Jésus une seule des âmes que le Père lui a données!
Et maintenant, toi, mon frère, qui te reconnais le premier des pêcheurs, écoute-moi: je suis chargé d'un message pour toi de la part de Jésus. Il y a une âme dans cette assemblée qui se juge la plus indigne qui ait jamais existé. Il y a une âme qui se dit à elle-même: «Je ne suis pas digne que Christ m'appelle à lui...» Âme! c'est toi que j'appelle! Toi, vile, souillée, misérable, aujourd'hui, en vertu de l'autorité que j'ai reçue de Dieu, je te presse d'aller à mon Sauveur! Il t'invite par ma voix, il te cherche, il veut te sauver. Hâte-toi donc. Jette-toi à ses pieds. Touche le sceptre de sa miséricorde, afin que tu vives. Va, essaie de mon Sauveur, essaie de mon Sauveur, te dis-je! Que s'il te rejette après que tu l'as cherché, publie en enfer qu'il a failli à ses promesses! Mais non, cela ne sera pas, cela ne peut pas être! Jamais Dieu ne mettra dehors celui qui vient à lui, car ce serait déshonorer son alliance de grâce. Il ne repoussera pas un seul pécheur repentant, aussi longtemps qu'il sera écrit dans sa Parole: Plusieurs viendront d'Orient et d'Occident et seront assis à table, au royaume des cieux, avec Abraham, Isaac et Jacob.
II
La
seconde partie de mon texte est navrante! Que
penseriez-vous de moi, mes amis, si, voyant une maison en flamme, je
disais avec affectation: «J'estime que l'opération de la combustion
s'accomplit ici près?» Ne devrais-je pas bien plutôt crier de
toutes mes forces: «Au feu, au feu!» de manière à être compris
par tout le monde? De même,
lorsque la Bible parle des ténèbres du dehors, de la perdition
éternelle, moi, prédicateur de l'Évangile, dois-je jeter un voile
sur cette effrayante vérité, dois-je chercher à l'adoucir par des
formes de langage? A Dieu ne plaise! Les
enfants du royaume seront jetés dans les ténèbres du dehors; il y
aura là des pleurs et des grincements de dents. Et d'abord, qui sont ces enfants du royaume? En
second lieu, ces mots: Enfants du royaume, peuvent
s'appliquer
à ceux qui ont joui de grands privilèges spirituels, et plus
particulièrement aux enfants de parents chrétiens. Peut-être
même tel d'entre vous a-t-il brisé le cœur de celle qui lui donna
le jour. Oh! qui pourrait dire ce qu'elle a souffert, cette tendre
mère, pendant les nuits de débauche du fils de ses prières? Pour ma part, je crois que s'il y a un damné parmi les damnés , ce sera le fils rebelle qui descendra dans l'abîme, poursuivi par le souvenir des prières de son père et le front encore humide des larmes de sa mère. Jeunes gens et jeunes filles qui m'écoutez, il en est très probablement parmi vous (ô désolante pensée!) dont le sort sera tel; il en est qui, des ténèbres du dehors où ils seront précipités, apercevront leurs parents dans la gloire et rencontreront leur regard de reproche qui semblera leur dire: «Après tout ce que nous avons fait pour vous, comment êtes-vous tombés si bas?» Enfants
du royaume! vous que Dieu a véritablement traités comme des
fils
privilégiés, puisqu'il vous a entourés dès votre berceau de
moyens de grâce et de salut, ne vous flattez pas d'être sauvés par
cela seul que vous avez reçu une éducation chrétienne, contracté
certaines habitudes religieuses , respiré dans votre famille une
atmosphère de piété. Elle rêva que le jour du jugement était
venu. Les grands livres sont ouverts. Toute l'humanité est devant
Dieu. Elle-même, entourée de ses enfants, se tient debout au milieu
de la grande assemblée. Tout à coup, la voix du Seigneur Jésus se
fait entendre: «Séparez la balle du froment, s'écrie-t-il. Placez
les brebis à ma droite et les boucs à ma gauche!» Jeune
homme, jeune fille, qui vivez loin de Dieu, qu'éprouverez-vous, je
vous le demande, si ce songe devient jamais pour vous une affreuse
réalité? En vérité, en vérité, je vous le dis, enfants du royaume, les mangeurs et les buveurs, les péagers et les gens de mauvaise vie vous devancent au royaume de Dieu! De grands criminels, qui auront pleuré sur leurs péchés au pied de la croix de Jésus, seront sauvés; des impies, des blasphémateurs, des pécheurs scandaleux, convertis par la grâce de Dieu, seront sauvés; tandis que plusieurs d'entre vous seront jetés dehors, simplement parce qu'ils n'auront pas voulu donner leur cœur au Seigneur Jésus-Christ, ni accepter franchement son Évangile. Et
ne sera-ce pas pour vous la douleur des douleurs , le supplice des
supplices , l'enfer de l'enfer, que de voir le premier des pécheurs
couché dans le sein d'Abraham , tandis que vous, enfants du royaume,
fils aîné de la maison , que Dieu avait fait naître , pour ainsi
dire , au
seuil même du ciel, serez au nombre des réprouvés? Jésus-Christ
nous dit qu'ils seront jetés dans les ténèbres du dehors; là,
il y aura des pleurs et des grincements de dents. Je
me représente un enfant du royaume, un hypocrite,
un
formaliste, arrivant à la porte du ciel. La souveraine justice, le
reconnaissant à l'instant, ordonne à un ange de le saisir et de
l'envoyer en son lieu. Et
que signifie cette expression: les ténèbres du dehors? Y
a-t-il un homme vivant qui ait cessé d'espérer? Je ne le pense pas. Sur chaque chaîne de l'enfer sont gravés ces mots: POUR TOUJOURS! Le feu de l'enfer inscrit de toutes parts en caractères flamboyants, ces mêmes mots: POUR TOUJOURS!Les yeux des damnés sont comme brûlés par la vue de ce fatal arrêt qui renouvelle incessamment leur désespoir: POUR TOUJOURS! Oh! si je pouvais vous annoncer aujourd'hui que l'enfer serait un jour détruit, que ceux qui y sont détenus seraient finalement sauvés, il me semble que les régions infernales tout entières tressailleraient d'allégresse! Mais non, je ne le puis pas. Je dois vous dire, au contraire, que les enfants du royaume seront jetés pour toujours dans les ténèbres du dehors. Mais j'ai hâte d'en finir, car quel est l'homme qui aurait le courage d'entretenir longtemps ses semblables sur de tels sujets?... Cependant, il faut que je poursuive ma tâche jusqu'au bout. Que
fait-on en enfer? Mais
en voilà assez. Détournons nos yeux de cet épouvantable spectacle.
Qui voudrait le contempler plus longtemps? Vos
cheveux blancs sont-ils pour vous une couronne d'honneur, ou bien
avez-vous attiré sur eux le mépris et la risée de tous? Celui
qui vous parle n'est, il est vrai, pour les années que comme un
enfant auprès de vous; toutefois, souffrez qu'en cet instant il vous
arrête et vous supplie de réfléchir. Déjà le bâton qui vous
soutient ne rencontre plus de point d'appui; la terre cède sous vos
pieds..... Oh! avant qu'il soit trop tard, rentrez en vous-mêmes et
considérez vos voies! Que soixante-dix années passées dans le
péché se dressent devant vous. Et
vous, hommes de l'âge mûr, vous n'êtes pas en sûreté non plus.
Pour vous aussi, les ombres du soir approchent à grands pas. D'un
instant à l'autre, la mort peut vous frapper. Il y a quelques jours
à peine, je fus mandé de grand matin auprès du lit d'un mourant:
c'était un homme dans la force de l'âge, naguère encore plein de
vigueur et de santé. Je me rendis en toute hâte à sa demeure; mais
lorsque j'entrai, je ne trouvai plus qu'un cadavre. Un
mot à vous aussi, jeunes gens et jeunes filles. À entendre les hommes, on dirait, en vérité, qu'ils peuvent se repentir quand il leur plaît. Ah! la véritable repentance n'est pas une œuvre si facile; c'est Dieu qui doit la produire en nous, et malheur à celui qui laisse passer le jour de sa visitation! Au lieu donc de répéter avec une présomptueuse confiance: «Je me convertirai à telle ou telle époque,» que le langage de votre cœur soit celui-ci: «Je veux aller à Dieu aujourd'hui même et lui demander de faire son œuvre en moi, de peur que je ne meure dans mon impénitence.» Que
vous dirai-je encore, mes chers auditeurs? Or,
qu'est-ce que croire? Et
de même que Jésus avait dit à Pierre: «Viens, marche sur la mer,
n'aie point de peur;» de même, il te dit, pauvre pécheur: Il
me souvient du temps où, moi qui vous parle, je me rencontrai, pour
la première fois, face à face avec mes iniquités. Je me crus le
plus grand des pécheurs, le plus maudit des hommes. Je n'avais pas
commis, il est vrai, ce que le monde appelle des fautes criantes;
mais je me souvenais qu'ayant plus reçu que les autres, il me serait
aussi plus redemandé. Vous
tous les bouts de la terre, regardez vers moi et soyez sauvés.
Puis, se tournant de mon côté, comme s'il m'eût distingué au
milieu de la foule, il répéta par trois fois, d'une voix
impressive, ce mot: Regardez, regardez, regardez! Oui,
regarder à Jésus, voilà, pécheur, ce qu'est le salut. Et
maintenant, mes chers auditeurs, laissez-moi vous supplier en
finissant, comme je l'ai déjà fait en commençant, de peser
attentivement mes paroles.
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