Si nous pouvons quelque chose, c'est pour la vérité et non contre la vérité. 2 Cor., XIII, 8.
L'auteur de cet écrit n'est point un
controversiste qui discute, ni un théologien
qui délibère, ni un docteur qui
décide ; simple croyant, il professe sa
foi ; simple observateur, il l'expose. Il lui
a semblé bon de rappeler aux protestants le
principe de leurs croyances et la raison de leurs
pratiques, afin qu'ils se sentent confirmés
dans leur foi, justifiés dans leurs actes,
et plus fortement intéressés à
leur culte. Il importe que les fils de la
Réforme deviennent de plus en plus de bons
protestants.
Cet ouvrage a encore un autre but, à notre
avis, très avouable : il peut servir
à éclairer ceux qui, sans être
nés dans notre sein, nous accordent
cependant un fraternel mais vague
intérêt. La lumière commence
à se faire en France à l'endroit du
protestantisme. Sous le régime de la loi,
les protestants partagent tous les droits de
citoyens français comme ils partagent leurs
charges ; enfants de la commune patrie, ils
ont part pour leur culte à une protection
égale à celle qui est assurée
à toute autre religion reconnue par
l'État. L'opinion publique leur devient
chaque jour plus favorable.
Toutefois, il existe encore à leur
égard, même chez les meilleurs
esprits, de déplorables
préjugés. Ceux-là même
qui les défendraient, au besoin, les
méconnaissent encore étrangement,
voyant en eux bien plutôt des
chrétiens niant des erreurs et repoussant
des superstitions, que des chrétiens
affirmant des vérités, acceptant
l'Évangile du salut, et s'efforçant
de marcher sur les traces de Jésus-Christ.
Ils s'associent de coeur à la courageuse
persistance que les protestants ont mise à
démolir l'édifice élevé
dans les ténèbres du moyen âge,
et ils méconnaissent l'oeuvre lente,
persévérante, énergique,
difficile que les enfants de la Réforme
s'efforcent d'accomplir en rétablissant la
vérité positive du pur christianisme
pour l'instruction et la
régénération du monde.
À ces esprits bienveillants mais
peu éclairés, nous
offrons la rapide exposition de nos affirmations
chrétiennes, de nos pratiques positives.
Notre ouvrage peut aussi, au besoin, servir
à nous défendre contre les attaques
de ceux qui, après avoir établi une
théorie protestante imaginaire, après
nous avoir prêté des croyances
qu'aucun de nous ne saurait accepter, se donnent la
facile et complaisante satisfaction de nous
réfuter et de nous combattre.
Ce n'est point avec l'arme meurtrière et
quelque peu rouillée de la controverse que
nous désirons repousser leurs attaques, mais
par la voie plus patiente, plus humaine et plus
chrétienne de l'apologie.
« Peut-il sortir quelque chose de bon de
Nazareth
(Jean,
1, 46.) ? »
disait Nathanaël à ceux qui lui
parlaient pour la première fois du Sauveur
des hommes. « Viens et
vois, » lui répondit
Philippe ; et Nathanaël vint, il vit, il
crut, il adora.
Venez et voyez ! dirons-nous aussi
à ceux qui nous condamnent sans nous
connaître.
Ce fut d'abord à Antioche que les disciples furent nommés chrétiens. Actes, XI, 26.
Un nom, chez nous Français, est une
puissance, soit pour éclairer, soit pour
obscurcir la vérité. Ce nom peut
avoir été donné par
l'histoire, il devient alors une date ; il
peut renfermer une injure, alors il nourrit un
préjugé ; celui qui le porte
peut se l'être donné à
lui-même, alors il devient un engagement ou
une dette ; il peut renfermer l'expression
d'un principe, alors il demande surtout à
être bien compris.
Quelle que soit l'origine des noms par lesquels on
nous désigne d'ordinaire, il importe de leur
donner leur valeur véritable.
Depuis le seizième siècle et en tout
pays on nous appelle protestants. L'origine
de ce nom remonte à la grande et solennelle
protestation dénoncée par les princes
de l'Allemagne contre l'inique oppression que
Charles V s'arrogeait sur la conscience des peuples
soumis à son empire.
Ce nom a été conservé aux
chrétiens qui s'élèvent contre
l'autorité du pape et contre les erreurs et
les pratiques superstitieuses introduites de
siècle en siècle au sein même
du christianisme.
Nous sommes protestants à ce titre que nous
nous séparons ouvertement des
hérésies, des traditions fabuleuses,
des commandements d'hommes qui altèrent et
défigurent la sainte religion de.
l'Évangile.
Nous nous appelons aussi réformés ; c'est
même le titre que la loi nous reconnaît
en France. En portant ce nom nous allons plus loin
qu'une simple protestation ; car il indique
que non seulement nous nous séparons de
l'erreur contraire à l'Évangile, mais
encore que nous voulons revenir à la
vérité positive et sacrée que
ce même Évangile nous enseigne.
Par la suite des siècles et en
conséquence de l'ignorance et des passions
humaines, la sainte religion de
Jésus-Christ avait été déformée : nous nous
efforçons de la reformer. Notre
religion n'est donc pas nouvelle, puisqu'elle est
un retour au christianisme-primitif. Il est vrai
que la grande Réformation a
éclaté il n'y a que trois
siècles.
Ce n'est que lorsque les abus sont arrivés
à leur terme extrême que le
protestantisme se manifesta d'une manière
éclatante et générale. Mais
ceux qui étudient l'histoire de
l'Église savent bien que dans tous les
siècles, à mesure que l'erreur se
mêlait à la vérité, les
vrais enfants de Dieu protestaient contre elle.
Ainsi, devenir protestant réformé, ce
n'est pas, comme quelques-uns le disent sans
réflexion, abandonner la religion de ses
pères, c'est au contraire y revenir. Ou pour
parler plus exactement, c'est abandonner la
religion de nos pères oublieux ou
infidèles pour revenir à la religion
de nos grands-pères chrétiens
fidèles et primitifs.
Quand on veut boire de l'eau saine et limpide, ce
n'est pas à l'embouchure d'un fleuve qu'il
faut la chercher, mais bien à la source
même où les premiers filets commencent
à sourdre de la roche vive.
Nous pouvons nous appeler catholiques : ce mot signifie
universel. En
réclamant ce titre, nous prétendons
appartenir à l'Église universelle.
Cette Église est celle qui a
été fondée
par Jésus-Christ en qui nous croyons. Elle
s'appelle universelle, parce qu'elle est
répandue en tous lieux, qu'elle se manifeste
en tous temps, qu'elle ne tient fatalement et
exclusivement à aucun pays particulier,
à aucune époque spéciale,
à aucune institution politique, civile ou
locale.
Ceux qui la composent sont chrétiens, non parce qu'ils
adorent Dieu en telle langue,
sous telle forme ; non parce qu'ils se
rattachent à telle organisation, à
tel clergé, à telle circonstance
historique, à telle cérémonie,
à telle Église de pierre, mais par le
fait seul qu'ils croient sincèrement en
Jésus-Christ, seul chef de l'Église,
seul médiateur de la nouvelle alliance, seul
intercesseur entre Dieu et les hommes, seul Sauveur
et juge souverain.
Aussi, notre titre de catholique nous porte-t-il
à tendre une main fraternelle à tous
les vrais chrétiens, à quelque
Église particulière qu'ils se
rattachent d'ailleurs, quels que soient les points
secondaires de croyance ou de pratique qui puissent
encore les séparer de nous, assurés
que ces divergences d'un ordre inférieur
disparaîtront un jour pour ne laisser
subsister dans l'Église de Dieu qu'un seul
bercail, un seul troupeau, sous la direction d'un
seul céleste berger.
Nous sommes apostoliques, c'est-à-dire que nous acceptons
pour
vraies toutes les doctrines
prêchées par les apôtres, et que
nous désirons nous conformer autant que
possible aux moeurs et aux institutions des temps
apostoliques.
Les apôtres nous ont laissé un
monument de leurs enseignements dans l'histoire de
leurs actes rédigée par saint Luc,
dans leurs épîtres
rédigées par saint Paul, saint
Pierre, saint Jacques, saint Jude, saint Jean,
comme les évangélistes avaient
consigné dans leurs quatre livres l'histoire
du Sauveur.
Ces livres, rédigés sous
l'inspiration du Saint-Esprit, étant les
bases de notre foi, tant que nous serons
fidèles à leurs enseignements, nous
aurons le droit de nous dire apostoliques, appartenant à la
succession spirituelle
et morale de ces envoyés du Seigneur.
Luther, Calvin, et les autres grands
réformateurs, ont rendu au monde un
inappréciable service en rétablissant
dans l'Église le principe de
l'autorité souveraine de la Parole de Dieu,
les droits de la conscience humaine, et la doctrine
capitale de la justification des pécheurs
par la foi en Jésus-Christ ; mais tout
en reconnaissant la valeur de ce service, nous ne
sommes point les disciples de ces illustres
docteurs ; nous ne nous disons ni
luthériens, ni calvinistes : nous
relevons directement de Jésus-Christ et de
ses apôtres, et de ces derniers
seulement en tant qu'ils ont
été les fidèles
prédicateurs de son Évangile.
Nous sommes catholiques, apostoliques... mais non romains.
La Parole de
Dieu ne
nous dit nulle part que l'Église de Rome
doive être distinguée des autres
Églises, ni qu'elle ait aucun droit sur les
rachetés de Jésus-Christ.
L'Église de Jésus-Christ ne
relève pas plus de Rome que de Paris ou de
Londres.
Elle cesserait d'être catholique ou universelle si
elle était
localisée dans une ville ou dans une secte.
Au point de vue national, nous sommes
Français et non Italiens ; au point de
vue religieux, nous sommes du règne de
Jésus-Christ et non de l'évêque
de Rome.
Mais de tous les noms qu'on emploie pour nous
désigner, celui que nous portons de
préférence, celui que nous
désirons le plus de justifier par notre foi
et par notre conduite, est celui de chrétiens évangéliques.
Chrétiens, c'est-à-dire
disciples, imitateurs, adorateurs de
Jésus-Christ.
Évangéliques, c'est-à-dire chrétiens, non
à la manière de tant d'hommes qui
prétendent l'être et qui ne le sont
que d'apparence et de nom, selon leur vaine
imagination, d'après les inspirations d'une
foi ignorante, sans conscience d'elle-même,
commandée par une
autorité redoutée
ou imposée par l'entraînement ou
l'habitude... mais chrétiens
éclairés par les magnifiques et
infaillibles enseignements de l'Évangile,
prenant l'Évangile, et l'Évangile
seul, pour base de leur foi, pour règle de
leur vie, puisant dans l'Évangile
l'assurance de leur salut et de leur gloire
à venir.
Je vous parle comme à des personnes intelligentes, jugez vous-mêmes de ce que je dis. I Cor., X, 15.
L'autorité et la liberté sont deux éléments
constitutifs
de notre vie morale. On les retrouve dans toutes
les conditions : dans la nation, dans la
famille, dans les relations de chef à
ouvrier, de maître à domestique.
Il faut la liberté pour conserver à
chacun sa responsabilité individuelle.
Il faut l'autorité pour que notre
liberté ne nous devienne pas fatale à
nous-mêmes.
Le protestantisme possède ces deux
éléments dans leur plus grand
développement.
L'autorité religieuse, je veux dire l'objet,
la source de la foi, la règle souveraine de
la conduite, le but suprême de toute
aspiration, se trouve, pour le protestant, en Dieu
et en Dieu seul.
Par condescendance pour notre faiblesse, Dieu a
rendu cette autorité accessible, humaine, en
Jésus-Christ. Et comme Jésus-Christ
n'a pas voulu perpétuer son règne
d'une manière visible sur la terre, il a
consigné l'expression de sa
vérité et de sa volonté dans
la sainte Écriture, de laquelle un de
ses apôtres a dit « qu'elle est
tout inspirée et propre à enseigner,
à corriger, à convaincre et à
former l'homme à la justice
(2
Tim., III, 16). »
Dans l'origine les prophètes et les
apôtres proclamèrent de vive voix la
Parole de Dieu ; mais Dieu, qui connaît
les faiblesses de notre infidèle
mémoire et les écarts de notre
imagination mensongère, a voulu laisser au
milieu de ses enfants un monument
inaltérable de sa vérité en la
confiant à des écrits qui ont
été transmis d'âge en âge
sans aucune altération importante. Ces
écrits s'appellent la Bible ou le
Livre, la sainte Écriture. Ils se
composent, comme chacun sait, de l'Ancien
Testament, contenant la première
alliance donnée à Israël, ancien
peuple de Dieu, et le Nouveau
Testament, contenant les
conditions de la nouvelle alliance de grâce
donnée au peuple chrétien, qui est
aujourd'hui le véritable Israël du
Seigneur.
Il y a bien aussi une tradition vivante de la
vérité ; je veux dire que dans
tous les âges il y a eu de vrais
chrétiens qui annoncent la pure
vérité par leur parole et par leur
vie, et qui se succèdent, non par la
génération naturelle, non par un
ordre politique ou sacerdotal, mais par une
filiation spirituelle, c'est-à-dire parce
qu'ils croient aux mêmes
vérités et sont enfants du même
Père suprême, et frères dans la
même grande famille ; mais comme il nous
faut une règle pour discerner cette voix de
la vraie Église de Jésus-Christ et
pour la distinguer de tant de voix humaines qui
retentissent autour de nous, comme il nous faut une
pierre de touche pour séparer l'or pur de
tant de métaux sans valeur, comme il nous
faut une loi suprême entre tant
d'interprétations de la pensée de
Dieu, le Seigneur nous a donné le Livre auquel nous pouvons
en référer
pour savoir où est la vérité
salutaire.
Cette règle, cette loi suprême, cette
autorité irrécusable, c'est la
Parole de Dieu.
Aussi, lorsqu'on nous demande quel est le chef qui
nous gouverne dans notre religion, nous
répondons : Jésus-Christ, unique
et divin Fils de Dieu, expression
de la présence et de l'amour de Dieu, est
notre seul chef. Et quand on nous demande où
nous pouvons nous instruire de ses volontés
et de ses promesses, nous
répondons :
La Bible, Toute La Bible, Rien Que La Bible
(1).
Voilà notre autorité : nous n'en
voulons point d'autres. Qu'on examine nos croyances
et nos pratiques à l'aide de cette
règle souveraine. Si l'on nous prouve que
nous nous sommes égarés, soumis
à l'autorité de la Parole de Dieu,
nous ne craindrons point de nous
rétracter ; mais tant que nous pourrons
justifier notre foi, la Bible à la main,
nous marcherons avec assurance dans notre voie, et
nous persisterons à croire que nous sommes
dans la vérité
évangélique et dans le bon et
sûr chemin de la vie éternelle.
Mais afin que cette autorité produise sur
ses enfants une influence salutaire, moralisante,
Dieu nous donne la liberté,
c'est-à-dire qu'il nous
propose la vérité ; mais il ne
nous l'impose pas ; il veut notre soumission,
non par crainte, mais par amour ; il veut
régner, non sur des esclaves, sur des
cadavres, mais sur des âmes vivantes qui se
donnent le voulant et le sachant.
Aussi Jésus-Christ disait-il à ses
apôtres : « Je ne vous appelle
plus serviteurs, car l'esclave ne sait ce que son
maître fait, mais je vous appelle mes
amis, parce que je vous ai enseigné tout
ce que j'ai appris de mon Père
(Jean,
XV, 15). »
Et cette contrainte que Dieu ne veut pas exercer
sur nous, à plus forte raison
n'autorise-t-il aucun homme à l'exercer sur
ses semblables. Aussi, laissant au milieu de nous
sa Parole, il nous a donné la liberté
de la lire, de l'étudier, de la sonder, afin
que notre conviction soit fondée sur une
connaissance personnelle, sentie, approfondie de la
vérité même. C'est pourquoi les
prophètes et les apôtres ont
rédigé les saints livres en langue
vulgaire, c'est-à-dire dans les langues le
plus généralement comprises de leur
temps : l'Ancien Testament en hébreu,
le Nouveau en grec. Voilà aussi pourquoi les
réformateurs les ont traduits dans les
langues parlées dans les pays où ils
voulurent propager ces saintes
vérités ; Luther les traduisit
en allemand pour les Allemands,
Wiclef en anglais pour les hommes de son pays,
Calvin en français pour notre patrie ;
et voilà pourquoi la grande Société biblique, qui embrasse
le monde entier dans sa propagande
chrétienne, a fait traduire et imprimer la
Bible en près de deux cents langues
différentes.
Cacher la Bible au peuple, c'est l'asservir ;
c'est substituer aux élans d'une foi libre,
spontanée, cordiale, les influences
énervantes d'une religion de vaines
pratiques et d'obscurantisme.
Cacher la Bible au peuple, c'est faire injure
à l'humanité en lui dérobant
un privilège que Dieu lui a
conféré ; c'est faire injure
à la religion qui, au lieu de repousser la
lumière, doit l'appeler et la
répandre, et qui n'a le droit de se cacher
que lorsqu'elle a peur, c'est-à-dire
lorsqu'elle a tort ; c'est faire injure
à Dieu en doutant de la clarté, de
l'efficacité, de la suffisance de sa Parole
pour convaincre et sauver ; c'est
élever le commentaire au-dessus du texte, la
tradition au-dessus de la loi écrite,
l'oeuvre de l'homme au-dessus de l'oeuvre de Dieu,
le prêtre au-dessus de
Jésus-Christ.
Nous reconnaissons, il est vrai, que la Parole de
Dieu renferme encore des obscurités et des
mystères ; et où n'en
trouve-t-on pas ? Les interprétations
de ceux qui s'annoncent pour
infaillibles en sont-elles donc exemptes ?
Nous reconnaissons aussi que sous le régime
de la liberté les chrétiens pourront
interpréter l'Écriture sainte de
diverses manières ; et peut-on
l'empêcher, et les interprètes qui se
donnent pour infaillibles sont-ils donc à
l'abri de toutes variations ?
Mais nous estimons que fermer le Livre ou le
soustraire aux yeux de ceux qui ont le droit de le
lire et de l'étudier n'est point un moyen
d'atténuer ces difficultés. S'il est
des révélations obscures, remarquez
qu'elles le sont surtout pour ceux qui ne cherchent
pas à s'en instruire ; la Bible
sera-t-elle plus claire pour les Français
parce qu'ils ne la liront qu'en latin, ou parce
qu'on ne leur permettra d'en lire que des
fragments ?
La Bible contient des obscurités ; mais
ces obscurités touchent à l'essence
de Dieu qui est mystérieuse par
elle-même, et faut-il, à cause de ces
ombres, se priver des clartés, des
enseignements simples et accessibles dont elle
abonde et qui font à la fois du Livre divin
la nourriture saine et substantielle des esprits
élevés, le lait léger et doux
des enfants et des hommes simples ? fleuve,
comme le dit un chrétien des premiers
âges, assez profond en certains lieux pour
permettre à un éléphant d'y
nager, et pas assez ailleurs pour qu'un petit
agneau ne puisse le traverser à gué.
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