À la loi et au témoignage ! Esaïe, VIII, 20.
Je vous conseille avant tout, mon cher lecteur, de
vous procurer une Bible (1). Sans
ce précieux volume,
vous serez complètement impuissant pour
découvrir et comprendre la
vérité chrétienne. Tant que
vous ne pourrez recourir à ce
témoignage irrécusable, vous serez
également désarmé pour
repousser l'erreur qui s'est glissée dans le
christianisme traditionnel et pour accepter, avec
une entière confiance, la
vérité qui domine dans le
christianisme vraiment
évangélique.
Croyez-moi, sans l'étude de la Bible, vous
resterez dans le vague et dans l'incertitude sur la
grande question religieuse, sinon dans une
déplorable et stupide ignorance.
Possesseur de la Bible, ayez soin de
vérifier les diverses citations que nous
empruntons au texte sacré.
II est dit de la Bible qu'elle est divinement inspirée (2
Tim., III, 16.),
c'est-à-dire que les écrivains des
divers livres qui la composent n'ont point
été abandonnés aux
inspirations de leur propre génie, ni
livrés aux incertitudes de leur
mémoire d'homme ; mais que l'Esprit de
Dieu était en eux, leur dictant ce qu'ils
avaient à transmettre aux âges futurs,
et donnant à leurs écrits la forme la
plus propre à faire comprendre à tous
sa suprême pensée.
C'est par le Saint-Esprit qu'ils ont
rappelé, avec une entière certitude,
les événements cachés dans les
ténèbres du passé et ceux que
l'avenir recèle dans son sein ; c'est
par le Saint-Esprit qu'ils ont rendu
témoignage avec une admirable
simplicité de ce qu'ils avaient vu et
entendu eux-mêmes ; c'est par le
Saint-Esprit qu'ils ont proclamé le conseil
de Dieu, les promesses de sa grâce, les
vérités émanées de la
sagesse suprême.
La Bible est composée de soixante-six
livres, répartis en deux groupes importants. L'Ancien Testament, ou
livre de l'alliance
de la loi, en contient trente-neuf, qui ont
pour but de nous transmettre les faits qui se sont
accomplis et les vérités qui ont
été révélées
avant la venue de Jésus-Christ au monde. Le Nouveau Testament,
ou
livre de l'alliance de grâce, en
contient vingt-sept, qui nous rapportent l'histoire
de Jésus-Christ, les actes des apôtres
et les dogmes et préceptes
caractéristiques du christianisme.
Les livres de l'Ancien Testament
sont :
HISTORIQUES, savoir : la Genèse,
L'Exode, le Lévitique, les Nombres, le Deutéronome,
Josué,
les Juges, Ruth, deux livres
de Samuel, deux livres des Rois, deux livres des
Chroniques, Esdras, Néhémie et Esther ;
MORAUX : Job, les Psaumes, les Proverbes,
l'Ecclésiaste, le Cantique de Salomon ;
PROPHÉTIQUES : Esaïe,
Jérémie, les Lamentations de
Jérémie, Ezéchiel, Daniel,
Osée, Joël, Amos, Abdias, Jonas,
Michée, Nahum, Habacuc, Sophonie,
Aggée, Zacharie et Malachie.
Les livres du Nouveau Testament
sont :
HISTORIQUES : les quatre Évangiles
rédigés par saint Matthieu, saint
Marc, saint Luc et saint Jean, et le
livre des Actes des apôtres rédigé par saint
Luc ;
MORAUX OU DOGMATIQUES : les
Épîtres, ou lettres, aux
Romains, deux aux Corinthiens, aux Galates, aux
Éphésiens, aux Philippiens, aux
Colossiens, deux aux Thessaloniciens, deux à
Timothée, à Tite, à
Philémon, aux Hébreux, de saint
Jacques, deux de saint Pierre, trois de saint Jean,
de Jude ;
PROPHÉTIQUE : l'Apocalypse de
saint Jean.
Ces livres forment ce qu'on appelle le canon des saintes
Écritures, ce qui signifie
qu'ils constituent la règle ou la loi
sur laquelle les chrétiens fondent leur foi,
leur conduite et leurs espérances.
La collection des écrits de l'Ancien
Testament a été formée et
arrêtée par les Juifs, qui en avaient
été chargés
spécialement par l'ordre de Dieu
(2), et
celle des
livres du Nouveau Testament par le consentement
général des premiers
chrétiens, au milieu desquels le
Saint-Esprit agissait d'une manière si
puissante pour leur donner le discernement des
esprits (3).
C'est donc par une double tradition qui se
contrôle elle-même et qui se
complète, que nous possédons la
Bible. Toutefois, ce n'est point en aveugles que
nous acceptons cette tradition : elle a
été étudiée,
critiquée, jugée avec un soin
extrême. Le caractère et les bornes de
ce petit ouvrage ne nous permettent pas de donner
même le plus léger aperçu de
ces immenses travaux ; qu'il suffise de dire
que toutes les Églises.
chrétiennes s'accordent à
reconnaître pour divinement
inspirés les écrits dont j'ai
donné les titres ci-dessus.
On trouve, dans quelques éditions de la
Bible, des livres non compris dans ce catalogue. On
les nomme livres apocryphes. Quelque
intérêt que ces ouvrages puissent
présenter au point de vue historique et
moral, nous les rejetons avec soin des
éditions en usage dans nos Églises,
parce qu'ils sont étrangers à la
Parole divine à laquelle il est
défendu de ne rien ajouter.
Ni les Juifs, chargés de conserver les
oracles de Dieu, ni la primitive Église ne
les ont acceptés pour inspirés
(4).
Jésus-Christ ne les a jamais cités,
et lorsqu'il parle des livres de l'Ancien Testament
il nous en donne le catalogue complet en se bornant
à la loi de Moïse, les Prophètes
et les Psaumes. Ils portent en eux-mêmes le
caractère évident de leur origine
tout humaine.
L'auteur des Maccabées s'excuse
auprès de ses lecteurs s'il a tenu un
langage peu élevé ou s'il s'est
écarté de la vérité. Il
admet dans ses ouvrages des erreurs et des
contradictions patentes ; il y
préconise le suicide, comme nous voyons
l'approbation du mensonge dans
Tobie.
Telles sont, en abrégé, les raisons
qui ont décidé les protestants
à ne point admettre les apocryphes au rang
des livres inspirés de Dieu, et à
conserver le livre divin pur de tout alliage, comme
le faisaient les chrétiens des premiers
âges.
Quant à la vraie et complète Parole
de Dieu contenue dans les livres canoniques de
l'Ancien et du Nouveau Testament, les protestants
se font un devoir de la posséder dans leurs
familles et de la répandre autour d'eux.
C'est leur droit, c'est leur devoir. Nous avons des
éditions du saint Livre pour tous, pour les
pauvres comme pour les riches, pour les vieillards
dont la vue est affaiblie et même pour les
aveugles.
Lorsque nos jeunes gens font leur première
communion, l'Église leur donne un Nouveau
Testament. Lorsque nous bénissons des
mariages, nous remettons aux époux un
exemplaire de la Bible ; nous la lisons dans
nos Églises, nous la lisons dans le secret
de notre cabinet, nous la lisons chaque jour dans
l'assemblée de la famille, nous pouvons la
lire en voyage ; car nos
sociétés bibliques l'ont fait
imprimer sous un très petit format
portatif ; nous avons des lecteurs de la
Bible qui vont de lieu en lieu lisant la Bible
au pauvre peuple illettré, dans les
chaumières et dans les champs,
et jusque dans les bivouacs et
sur les vaisseaux. Cacher la Bible ou l'ensevelir
dans le silence serait pour nous un
péché. « On n'allume point
une lampe pour la mettre sous un boisseau, disait
le Maître, mais on la pose sur un chandelier,
afin qu'elle éclaire tous ceux qui sont dans
la maison
(Matth.,
V, 15). »
Nous lisons la Bible avec un saint respect :
c'est la Parole de notre Dieu. Nous la lisons avec
humilité ; qui sommes-nous pour avoir
été les objets d'une si grande
faveur ? Nous la lisons dans un esprit de
prière, demandant à Dieu qu'il nous
donne, par son Esprit, une claire intelligence de
sa révélation, et surtout qu'il
pénètre notre coeur de ses saints
préceptes ; nous la lisons avec
diligence et en appliquant à cette
étude toutes nos connaissances
déjà acquises, toutes les
facultés intellectuelles et morales dont
Dieu nous a doués. Nous la lisons avec
foi ; car Dieu ne peut nous tromper, et nous
sommes sûrs que, si nous nous en tenons
à l'intelligence simple et naturelle de
l'enseignement de Dieu, nous marcherons dans la
voie de la vérité.
On a dit que chaque protestant avec sa Bible
était un pape ; on voulait se moquer en
parlant ainsi ; toutefois, il y a
aussi quelque chose de vrai et de
sérieux dans cette parole plaisante. Le
chrétien simple de coeur, mais peu instruit,
pourra facilement se tromper dans l'explication des
passages obscurs ou contestés ; mais
sûrement il ne s'égarera point sur ce
qu'il y a de fondamental et de salutaire pour son
âme dans la révélation de Dieu.
« Sondez diligemment les
Écritures, disait Jésus-Christ ;
car vous estimez avoir par elles la vie
éternelle, et ce sont elles qui rendent
témoignage de moi
(Jean,
V, 39). »
Or, voici ce que nous avons trouvé dans la
Bible :
Un seul Dieu et Père de tous. Éph., IV, 6.
Nous croyons en un Dieu personnel, tout-puissant,
éternel, infini, invisible, présent
partout, spirituel, indépendant, souverain,
tout sage, saint, juste, bon,
miséricordieux, fidèle et parfait en
toutes choses.
La Bible nous donne de Dieu les idées
à la fois les plus
élevées et les plus accessibles
lorsqu'elle dit que Dieu est esprit, Dieu est
lumière, Dieu est vérité, Dieu
est amour.
Dieu est unique dans son essence. Dans sa
personnalité, il s'est manifesté dans
le Père, dans le Fils, dans le
Saint-Esprit ; souveraine et adorable
trinité qui est un mystère comme tout
ce qui se rapporte à la nature et à
l'essence de Dieu, pour l'exposition de laquelle
les expressions manquent, que nous connaissons
mieux par son oeuvre dans nos coeurs que dans son
principe céleste, et qu'un apôtre a
révélé dans son action sur les
chrétiens, quand il les représente
comme élus, selon la prescience de Dieu
le Père, par l'Esprit sanctifiant, pour
obéir à Jésus-Christ et pour
obtenir l'effet de l'aspersion de son sang (1
Pierre, I, 2.).
« L'Écriture sainte nous enseigne,
dit notre antique confession de foi, qu'en cette
seule et simple essence divine que nous avons
confessée, il y a trois personnes : le
Père, le Fils et le Saint-Esprit.
Le Père, première cause, principe et
origine de toutes choses ; le Fils, sa Parole
et sa science éternelle ; le
Saint-Esprit, sa vertu puissante et efficace. Le
Fils éternellement engendré du
Père, le Saint-Esprit
procédant actuellement de
tous deux : les trois personnes non confuses,
mais distinctes, toutefois non divisées,
mais d'une même essence,
éternité, puissance et
égalité. »
Approchons-nous de l'abîme, non pour en
sonder témérairement les profondeurs,
mais pour pénétrer nos âmes
d'un saint respect ; approchons-nous de la
montagne sainte, non pour en franchir avec audace
les cimes inaccessibles, mais pour nous reposer
à son ombre et pour nous appuyer sur ses
bases inébranlables ; approchons-nous
de Dieu, non pour le « voir et
mourir, » mais pour nous
pénétrer de son amour et
l'adorer !
Nous croirions pécher contre ce Dieu en lui
prêtant nos passions, notre
partialité, nos haines, nos injustices. Nous
croirions lui faire injure en faisant de sa
glorieuse personne des images peintes ou
taillées, en le trompant par un culte de
forme où notre coeur serait étranger
et distrait, en attentant à des droits
souverains par des actes d'oppression et de
violence contre ceux qui ne croient point en lui ou
qui blasphèment son nom, en réduisant
la religion à des pratiques stériles
ou à une foi d'apparence et de paroles, en
substituant à ses commandements des
commandements d'Églises, c'est-à-dire
des ordonnances d'hommes.
Je ne vous abandonnerai point. Héb., XIII, 5.
Nous appelions Providence le tendre soin que Dieu
prend de toutes ses créatures et
particulièrement de ses enfants sur la
terre. Il s'est montré souverain dans la
création ; dans la Providence, il se
montre à nous surtout sous les traits d'un
père.
La Parole de Dieu, depuis la première
jusqu'à la dernière page, abonde en
passages qui dépeignent la tendresse de
notre Créateur sous les aspects les plus
touchants : c'est un berger qui conduit,
nourrit, défend son troupeau ; c'est un
agriculteur qui prodigue ses soins à sa
vigne ; c'est un ami qui se tient à
côté de son ami pour l'encourager, le
consoler, l'instruire ; c'est une mère
qui enlace son fils de ses bras protecteurs, qui le
réchauffe dans son sein ; c'est un
père qui s'irrite, mais qui pardonne, qui
éprouve, châtie, mais qui le fait par
amour pour corriger et sauver ; c'est le Dieu
bon, pitoyable, lent à la colère,
abondant en grâces, qui soutient le monde,
qui défend ses
élus, et qui « fait luire son
soleil sur les justes et sur les injustes...
(Matth.,
V, 45.). »
Notre Dieu s'appelle le Dieu vivant, parce
qu'il n'est pas relégué dans le
silence et l'inaction ; mais il nous enceint
de sa présence ; il agit sans cesse
autour de nous et pour nous. Il fît autrefois
des miracles pour établir l'Évangile,
c'est-à-dire son dessein d'amour et de
miséricorde qui est son plus grand miracle,
et s'il n'en fait plus de nos jours, c'est qu'ils
ne sont plus nécessaires, c'est que la
vérité parle d'elle-même, c'est
qu'il veut que nous marchions par la foi et non par
la vue, ce qui est un progrès de plus dans
la vie spirituelle et morale ; ce n'est pas
qu'il cesse d'agir ou qu'il se soit
éloigné de nous : bien au
contraire, il agit sans cesse, il agit en nous, il
veut faire de notre coeur son temple.
Pensée bien douce, pleine de
consolation ; pensée grande et terrible
aussi, qui remplissait le coeur de David quand il
s'écriait :
« Où irai-je loin de ton Esprit,
où fuirai-je pour me soustraire à ton
regard ? Si je monte aux cieux, tu y es ;
si je me couche dans le sépulcre, t'y
voilà. Si je prends les ailes de l'aube du
jour et que je me loge au delà de la
mer, là même ta main
me conduira. Si je dis : Au moins les
ténèbres me couvriront !... la
nuit même sera une lumière autour de
moi ; même les ténèbres ne
me cacheront point à toi et la nuit
resplendira comme le jour, et les
ténèbres comme la lumière
(Ps.
CXXXIX,
7-12.) ! »
Et c'est parce que nous croyons à la
Providence, que nous ne croyons point au hasard et
que nous ne le craignons point ; c'est parce
que nous croyons à un gouvernement du Dieu
fidèle et vrai que nous chassons la
superstition qui enseigne à craindre un
pouvoir inconnu ; c'est parce que nous croyons
que Dieu nous entend et qu'il veut nous
répondre, que nous le prions ; c'est
parce que nous savons qu'il nous voit, que nous
marchons avec précaution et avec
crainte ; et c'est enfin parce que nous
croyons à sa tendresse et à son
amour, que nous marchons avec confiance et avec
courage.
Il est vrai que nous voyons trop souvent le
méchant prospérer sur la terre
(Job,
XXI, 7 -14.), que les
afflictions nous assaillent et des accidents de
tout genre nous menacent ; que nous
rencontrons à chaque pas la tentation et
l'épreuve
(Jacq.,
I, 13, 14.)... Mais ces
accidents appartiennent à un ordre de
choses où Dieu veut
laisser les hommes se développer dans la
liberté, s'instruire par l'affliction,
s'améliorer par le combat. La vie
présente est un temps de préparation
et d'épreuve. Dieu gouverne, mais il ne
contraint pas ; il nous propose la
vérité, mais il ne l'impose
pas ; sa prescience n'est point un
fatalisme ; sa providence n'est point un
despotisme : Dieu veut le coeur de ses
enfants, mais il veut que ce coeur se donne
librement, joyeusement, sincèrement.
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