Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

III.

Bible.

 À la loi et au témoignage ! Esaïe, VIII, 20.



 Je vous conseille avant tout, mon cher lecteur, de vous procurer une Bible (1). Sans ce précieux volume, vous serez complètement impuissant pour découvrir et comprendre la vérité chrétienne. Tant que vous ne pourrez recourir à ce témoignage irrécusable, vous serez également désarmé pour repousser l'erreur qui s'est glissée dans le christianisme traditionnel et pour accepter, avec une entière confiance, la vérité qui domine dans le christianisme vraiment évangélique.
Croyez-moi, sans l'étude de la Bible, vous resterez dans le vague et dans l'incertitude sur la grande question religieuse, sinon dans une déplorable et stupide ignorance.
Possesseur de la Bible, ayez soin de vérifier les diverses citations que nous empruntons au texte sacré.

II est dit de la Bible qu'elle est divinement inspirée (2 Tim., III, 16.), c'est-à-dire que les écrivains des divers livres qui la composent n'ont point été abandonnés aux inspirations de leur propre génie, ni livrés aux incertitudes de leur mémoire d'homme ; mais que l'Esprit de Dieu était en eux, leur dictant ce qu'ils avaient à transmettre aux âges futurs, et donnant à leurs écrits la forme la plus propre à faire comprendre à tous sa suprême pensée.
C'est par le Saint-Esprit qu'ils ont rappelé, avec une entière certitude, les événements cachés dans les ténèbres du passé et ceux que l'avenir recèle dans son sein ; c'est par le Saint-Esprit qu'ils ont rendu témoignage avec une admirable simplicité de ce qu'ils avaient vu et entendu eux-mêmes ; c'est par le Saint-Esprit qu'ils ont proclamé le conseil de Dieu, les promesses de sa grâce, les vérités émanées de la sagesse suprême.

La Bible est composée de soixante-six livres, répartis en deux groupes importants. L'Ancien Testament, ou livre de l'alliance de la loi, en contient trente-neuf, qui ont pour but de nous transmettre les faits qui se sont accomplis et les vérités qui ont été révélées avant la venue de Jésus-Christ au monde. Le Nouveau Testament, ou livre de l'alliance de grâce, en contient vingt-sept, qui nous rapportent l'histoire de Jésus-Christ, les actes des apôtres et les dogmes et préceptes caractéristiques du christianisme.

Les livres de l'Ancien Testament sont :
HISTORIQUES, savoir : la Genèse, L'Exode, le Lévitique, les Nombres, le Deutéronome, Josué, les Juges, Ruth, deux livres de Samuel, deux livres des Rois, deux livres des Chroniques, Esdras, Néhémie et Esther ;

MORAUX : Job, les Psaumes, les Proverbes, l'Ecclésiaste, le Cantique de Salomon ;

PROPHÉTIQUES : Esaïe, Jérémie, les Lamentations de Jérémie, Ezéchiel, Daniel, Osée, Joël, Amos, Abdias, Jonas, Michée, Nahum, Habacuc, Sophonie, Aggée, Zacharie et Malachie.

Les livres du Nouveau Testament sont :
HISTORIQUES : les quatre Évangiles rédigés par saint Matthieu, saint Marc, saint Luc et saint Jean, et le livre des Actes des apôtres rédigé par saint Luc ;

MORAUX OU DOGMATIQUES : les Épîtres, ou lettres, aux Romains, deux aux Corinthiens, aux Galates, aux Éphésiens, aux Philippiens, aux Colossiens, deux aux Thessaloniciens, deux à Timothée, à Tite, à Philémon, aux Hébreux, de saint Jacques, deux de saint Pierre, trois de saint Jean, de Jude ;

PROPHÉTIQUE : l'Apocalypse de saint Jean.

Ces livres forment ce qu'on appelle le canon des saintes Écritures, ce qui signifie qu'ils constituent la règle ou la loi sur laquelle les chrétiens fondent leur foi, leur conduite et leurs espérances.

La collection des écrits de l'Ancien Testament a été formée et arrêtée par les Juifs, qui en avaient été chargés spécialement par l'ordre de Dieu (2), et celle des livres du Nouveau Testament par le consentement général des premiers chrétiens, au milieu desquels le Saint-Esprit agissait d'une manière si puissante pour leur donner le discernement des esprits (3).
C'est donc par une double tradition qui se contrôle elle-même et qui se complète, que nous possédons la Bible. Toutefois, ce n'est point en aveugles que nous acceptons cette tradition : elle a été étudiée, critiquée, jugée avec un soin extrême. Le caractère et les bornes de ce petit ouvrage ne nous permettent pas de donner même le plus léger aperçu de ces immenses travaux ; qu'il suffise de dire que toutes les Églises. chrétiennes s'accordent à reconnaître pour divinement inspirés les écrits dont j'ai donné les titres ci-dessus.

On trouve, dans quelques éditions de la Bible, des livres non compris dans ce catalogue. On les nomme livres apocryphes. Quelque intérêt que ces ouvrages puissent présenter au point de vue historique et moral, nous les rejetons avec soin des éditions en usage dans nos Églises, parce qu'ils sont étrangers à la Parole divine à laquelle il est défendu de ne rien ajouter.
Ni les Juifs, chargés de conserver les oracles de Dieu, ni la primitive Église ne les ont acceptés pour inspirés (4). Jésus-Christ ne les a jamais cités, et lorsqu'il parle des livres de l'Ancien Testament il nous en donne le catalogue complet en se bornant à la loi de Moïse, les Prophètes et les Psaumes. Ils portent en eux-mêmes le caractère évident de leur origine tout humaine.
L'auteur des Maccabées s'excuse auprès de ses lecteurs s'il a tenu un langage peu élevé ou s'il s'est écarté de la vérité. Il admet dans ses ouvrages des erreurs et des contradictions patentes ; il y préconise le suicide, comme nous voyons l'approbation du mensonge dans Tobie.

Telles sont, en abrégé, les raisons qui ont décidé les protestants à ne point admettre les apocryphes au rang des livres inspirés de Dieu, et à conserver le livre divin pur de tout alliage, comme le faisaient les chrétiens des premiers âges.

Quant à la vraie et complète Parole de Dieu contenue dans les livres canoniques de l'Ancien et du Nouveau Testament, les protestants se font un devoir de la posséder dans leurs familles et de la répandre autour d'eux. C'est leur droit, c'est leur devoir. Nous avons des éditions du saint Livre pour tous, pour les pauvres comme pour les riches, pour les vieillards dont la vue est affaiblie et même pour les aveugles.
Lorsque nos jeunes gens font leur première communion, l'Église leur donne un Nouveau Testament. Lorsque nous bénissons des mariages, nous remettons aux époux un exemplaire de la Bible ; nous la lisons dans nos Églises, nous la lisons dans le secret de notre cabinet, nous la lisons chaque jour dans l'assemblée de la famille, nous pouvons la lire en voyage ; car nos sociétés bibliques l'ont fait imprimer sous un très petit format portatif ; nous avons des lecteurs de la Bible qui vont de lieu en lieu lisant la Bible au pauvre peuple illettré, dans les chaumières et dans les champs, et jusque dans les bivouacs et sur les vaisseaux. Cacher la Bible ou l'ensevelir dans le silence serait pour nous un péché. « On n'allume point une lampe pour la mettre sous un boisseau, disait le Maître, mais on la pose sur un chandelier, afin qu'elle éclaire tous ceux qui sont dans la maison (Matth., V, 15). »

Nous lisons la Bible avec un saint respect : c'est la Parole de notre Dieu. Nous la lisons avec humilité ; qui sommes-nous pour avoir été les objets d'une si grande faveur ? Nous la lisons dans un esprit de prière, demandant à Dieu qu'il nous donne, par son Esprit, une claire intelligence de sa révélation, et surtout qu'il pénètre notre coeur de ses saints préceptes ; nous la lisons avec diligence et en appliquant à cette étude toutes nos connaissances déjà acquises, toutes les facultés intellectuelles et morales dont Dieu nous a doués. Nous la lisons avec foi ; car Dieu ne peut nous tromper, et nous sommes sûrs que, si nous nous en tenons à l'intelligence simple et naturelle de l'enseignement de Dieu, nous marcherons dans la voie de la vérité.
On a dit que chaque protestant avec sa Bible était un pape ; on voulait se moquer en parlant ainsi ; toutefois, il y a aussi quelque chose de vrai et de sérieux dans cette parole plaisante. Le chrétien simple de coeur, mais peu instruit, pourra facilement se tromper dans l'explication des passages obscurs ou contestés ; mais sûrement il ne s'égarera point sur ce qu'il y a de fondamental et de salutaire pour son âme dans la révélation de Dieu. « Sondez diligemment les Écritures, disait Jésus-Christ ; car vous estimez avoir par elles la vie éternelle, et ce sont elles qui rendent témoignage de moi (Jean, V, 39). »

Or, voici ce que nous avons trouvé dans la Bible :




IV.

Dieu.


  Un seul Dieu et Père de tous. Éph., IV, 6.



 Nous croyons en un Dieu personnel, tout-puissant, éternel, infini, invisible, présent partout, spirituel, indépendant, souverain, tout sage, saint, juste, bon, miséricordieux, fidèle et parfait en toutes choses.

La Bible nous donne de Dieu les idées à la fois les plus élevées et les plus accessibles lorsqu'elle dit que Dieu est esprit, Dieu est lumière, Dieu est vérité, Dieu est amour.

Dieu est unique dans son essence. Dans sa personnalité, il s'est manifesté dans le Père, dans le Fils, dans le Saint-Esprit ; souveraine et adorable trinité qui est un mystère comme tout ce qui se rapporte à la nature et à l'essence de Dieu, pour l'exposition de laquelle les expressions manquent, que nous connaissons mieux par son oeuvre dans nos coeurs que dans son principe céleste, et qu'un apôtre a révélé dans son action sur les chrétiens, quand il les représente comme élus, selon la prescience de Dieu le Père, par l'Esprit sanctifiant, pour obéir à Jésus-Christ et pour obtenir l'effet de l'aspersion de son sang (1 Pierre, I, 2.).

« L'Écriture sainte nous enseigne, dit notre antique confession de foi, qu'en cette seule et simple essence divine que nous avons confessée, il y a trois personnes : le Père, le Fils et le Saint-Esprit.
Le Père, première cause, principe et origine de toutes choses ; le Fils, sa Parole et sa science éternelle ; le Saint-Esprit, sa vertu puissante et efficace. Le Fils éternellement engendré du Père, le Saint-Esprit procédant actuellement de tous deux : les trois personnes non confuses, mais distinctes, toutefois non divisées, mais d'une même essence, éternité, puissance et égalité. »

Approchons-nous de l'abîme, non pour en sonder témérairement les profondeurs, mais pour pénétrer nos âmes d'un saint respect ; approchons-nous de la montagne sainte, non pour en franchir avec audace les cimes inaccessibles, mais pour nous reposer à son ombre et pour nous appuyer sur ses bases inébranlables ; approchons-nous de Dieu, non pour le « voir et mourir, » mais pour nous pénétrer de son amour et l'adorer !

Nous croirions pécher contre ce Dieu en lui prêtant nos passions, notre partialité, nos haines, nos injustices. Nous croirions lui faire injure en faisant de sa glorieuse personne des images peintes ou taillées, en le trompant par un culte de forme où notre coeur serait étranger et distrait, en attentant à des droits souverains par des actes d'oppression et de violence contre ceux qui ne croient point en lui ou qui blasphèment son nom, en réduisant la religion à des pratiques stériles ou à une foi d'apparence et de paroles, en substituant à ses commandements des commandements d'Églises, c'est-à-dire des ordonnances d'hommes.




V.

La Providence.


  Je ne vous abandonnerai point. Héb., XIII, 5.



 Nous appelions Providence le tendre soin que Dieu prend de toutes ses créatures et particulièrement de ses enfants sur la terre. Il s'est montré souverain dans la création ; dans la Providence, il se montre à nous surtout sous les traits d'un père.
La Parole de Dieu, depuis la première jusqu'à la dernière page, abonde en passages qui dépeignent la tendresse de notre Créateur sous les aspects les plus touchants : c'est un berger qui conduit, nourrit, défend son troupeau ; c'est un agriculteur qui prodigue ses soins à sa vigne ; c'est un ami qui se tient à côté de son ami pour l'encourager, le consoler, l'instruire ; c'est une mère qui enlace son fils de ses bras protecteurs, qui le réchauffe dans son sein ; c'est un père qui s'irrite, mais qui pardonne, qui éprouve, châtie, mais qui le fait par amour pour corriger et sauver ; c'est le Dieu bon, pitoyable, lent à la colère, abondant en grâces, qui soutient le monde, qui défend ses élus, et qui « fait luire son soleil sur les justes et sur les injustes... (Matth., V, 45.). »

Notre Dieu s'appelle le Dieu vivant, parce qu'il n'est pas relégué dans le silence et l'inaction ; mais il nous enceint de sa présence ; il agit sans cesse autour de nous et pour nous. Il fît autrefois des miracles pour établir l'Évangile, c'est-à-dire son dessein d'amour et de miséricorde qui est son plus grand miracle, et s'il n'en fait plus de nos jours, c'est qu'ils ne sont plus nécessaires, c'est que la vérité parle d'elle-même, c'est qu'il veut que nous marchions par la foi et non par la vue, ce qui est un progrès de plus dans la vie spirituelle et morale ; ce n'est pas qu'il cesse d'agir ou qu'il se soit éloigné de nous : bien au contraire, il agit sans cesse, il agit en nous, il veut faire de notre coeur son temple.
Pensée bien douce, pleine de consolation ; pensée grande et terrible aussi, qui remplissait le coeur de David quand il s'écriait :
« Où irai-je loin de ton Esprit, où fuirai-je pour me soustraire à ton regard ? Si je monte aux cieux, tu y es ; si je me couche dans le sépulcre, t'y voilà. Si je prends les ailes de l'aube du jour et que je me loge au delà de la mer, là même ta main me conduira. Si je dis : Au moins les ténèbres me couvriront !... la nuit même sera une lumière autour de moi ; même les ténèbres ne me cacheront point à toi et la nuit resplendira comme le jour, et les ténèbres comme la lumière (Ps. CXXXIX, 7-12.) ! »

Et c'est parce que nous croyons à la Providence, que nous ne croyons point au hasard et que nous ne le craignons point ; c'est parce que nous croyons à un gouvernement du Dieu fidèle et vrai que nous chassons la superstition qui enseigne à craindre un pouvoir inconnu ; c'est parce que nous croyons que Dieu nous entend et qu'il veut nous répondre, que nous le prions ; c'est parce que nous savons qu'il nous voit, que nous marchons avec précaution et avec crainte ; et c'est enfin parce que nous croyons à sa tendresse et à son amour, que nous marchons avec confiance et avec courage.

Il est vrai que nous voyons trop souvent le méchant prospérer sur la terre (Job, XXI, 7 -14.), que les afflictions nous assaillent et des accidents de tout genre nous menacent ; que nous rencontrons à chaque pas la tentation et l'épreuve (Jacq., I, 13, 14.)... Mais ces accidents appartiennent à un ordre de choses où Dieu veut laisser les hommes se développer dans la liberté, s'instruire par l'affliction, s'améliorer par le combat. La vie présente est un temps de préparation et d'épreuve. Dieu gouverne, mais il ne contraint pas ; il nous propose la vérité, mais il ne l'impose pas ; sa prescience n'est point un fatalisme ; sa providence n'est point un despotisme : Dieu veut le coeur de ses enfants, mais il veut que ce coeur se donne librement, joyeusement, sincèrement.


(1) On verra plus loin, dans le chapitre intitulé la Bibliothèque des protestants, comment on peut se procurer des Bibles de tous formats et à tous prix.

(2) Rom., III, 2. Les oracles de Dieu leur ont été confiés. Ils nous les ont transmis avec une scrupuleuse fidélité que nulle Église chrétienne n'a jamais révoquée en doute.

(3) Actes, II, 17. Vos fils et vos filles prophétiseront. - 1 Cor., XIV, 32. Les esprits des prophètes sont soumis aux prophètes.

(4) Parmi les Pères les plus illustres, nous citerons Méliton, Justin Martyr, Origène, Tertullien, Eusèbe, Jérôme, Athanase, Hillaire, etc., auxquels il faut ajouter les décisions expresses du concile de Laodicée (A. D. 364).
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