Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

ÉVIDENCE DES PROPHÉTIES.

CHAPITRE 1er.

PROPHÉTIES CONCERNANT NINIVE.

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Après avoir retracé en peu de mots la création du monde antédiluvien et la dispersion du genre humain après le déluge, l'Ancien-Testament passe à l'histoire des Hébreux, embrassant un espace de quinze cents ans depuis les jours d'Abraham jusqu'à l'ère des derniers prophètes. Ainsi la partie historique des Écritures nous offre l'histoire du monde à partir de son origine, et les prophètes nous donnent une vue anticipée des événements à venir, qui nous conduit jusqu'à sa fin. Et une chose bien digne de remarque, c'est que l'histoire profane ne devient claire et authentique que vers l'époque même où se termine l'histoire sacrée, et où commencent à s'accomplir ces prophéties qui se rapportent à plusieurs nations autres que les Juifs.

Ninive, capitale de l'empire d'Assyrie, fut pendant une longue suite de siècles une grande et populeuse cité ; ses murailles, selon quelques historiens profanes, avaient 100 pieds de haut et 60,000 de circuit ; elles étaient flanquées de 1,500 tours, dont chacune avait 200 pieds d'élévation. Il paraît que, quoiqu'elle fût le sujet de quelques-unes des premières prophéties, et quoique ce fût elle qui subit la première le sort prédit, cependant un historien profane, en racontant sa prise et sa destruction, fait de fréquentes allusions à une ancienne prophétie qui y avait rapport.
Diodore de Sicile rapporte que le roi d'Assyrie, après la défaite de son armée, se confia en une vieille prédiction qui disait que Ninive ne serait prise que lorsque la rivière deviendrait l'ennemi de la ville (1), et qu'après un siège inutile de deux ans la rivière, grossie par des pluies continuelles, inonda la ville, renversa une partie de la muraille et ouvrit un chemin à l'ennemi, et qu'alors le roi, désespéré et ne doutant plus de l'accomplissement de la prédiction, fit élever un immense bûcher, y mit le feu ainsi qu'à son palais, et fut consumé, lui, toute sa maison et toutes ses richesses (2).

Le livre de Nahum contenait des prophéties très claires relatives à la destruction de Ninive, et il y est écrit : « Les portes des fleuves sont ouvertes, et le palais s'est fondu. » - « Ninive a été comme un vivier d'eau. » - « Il s'en va passer comme un débordement d'eau, il réduira son lieu à néant (3). »
Le même historien rapporte encore des faits qui prouvent l'entier accomplissement des autres paroles du prophète. Il raconte que le roi d'Assyrie, orgueilleux de ses précédentes victoires, et ignorant la révolte des Bactriens, s'était abandonné à la plus honteuse inertie, qu'il avait ordonné une réjouissance publique, et qu'il avait fait distribuer aux soldats du vin en grande abondance ; que, pendant la fête même, le général ennemi, averti par des déserteurs, attaqua à l'improviste l'armée des Assyriens qui, ayant bu avec excès, ne furent plus en état de se défendre ; il fit passer la plupart d'entre eux au fil de l'épée, et força les autres à se réfugier dans la ville (4).

Que dit encore le prophète ? « Étant entortillés comme des épines, et ivres comme des gens ivres, ils seront entièrement consumés comme la paille sèche (5). »
Le prophète promet aussi une grande dépouille à l'ennemi : « Pillez l'argent, « pillez l'or, car il y a un luxe sans bornes, magnifique en tous meubles précieux (6). » Et l'historien assure qu'une quantité prodigieuse d'or et d'argent fut emportée à Ecbatane (7).
Selon Nahum, la ville devait être réduite en partie par l'eau, et en partie par le feu (8), et Diodore rapporte qu'il en fut ainsi.

L'entière destruction et la désolation perpétuelle de Ninive avaient été prédites. « L'Éternel réduira son lieu à néant ; la détresse n'y retournera pas une seconde fois, qu'elle soit toute vidée et revidée, même tout épuisée. » - « Il étendra aussi sa main sur l'Aquilon, et il détruira l'Assyrie, et mettra Ninive en désolation, en un lieu aride comme un désert. » - « Comment a-t-elle été réduite en désert pour être le gîte des bêtes (9) ? »

Au second siècle, Lucien, originaire d'une des villes au bord de l'Euphrate, assure que Ninive avait entièrement disparu, qu'il n'en restait aucun vestige, et que personne n'en pouvait indiquer l'ancien site. Ce témoignage rendu par Lucien et l'intervalle de plusieurs siècles, pendant lesquels on ne sut pas même quelle avait été la position de Ninive, nous font un peu douter si les ruines d'une ancienne capitale, vis-à-vis de Mosul, sont bien, comme le pensent des voyageurs modernes, les ruines de Ninive. Probablement elles sont les restes de la ville qui succéda à Ninive, ou ceux d'une ville persanne du même nom, que les Persans bâtirent sur les bords du Tigre, 230 ans après le commencement de l'ère chrétienne, et que les Sarrazins démolirent en 632 (10).

Le prophète Nahum, en comparant l'opulence et la splendeur de Ninive, à son époque, avec la ruine qui devait inévitablement fondre sur elle, parle ainsi :
« Qu'on s'amasse comme les grillons ; amasse-toi comme les sauterelles. Tu as multiplié tes négociants en plus grand nombre que les étoiles des cieux ; les grillons s'étant répandus ont tout ravagé, et ils se sont envolés. Tes princes sont comme des sauterelles, et tes capitaines comme de grandes sauterelles qui campent dans les haies au temps de la fraîcheur, et qui, lorsque le soleil est levé, s'écartent, de sorte qu'on ne connaît plus le lieu où elles ont été (11).

Soit que ces paroles signifient que le site même de Ninive serait inconnu ou incertain, soit qu'elles veuillent prédire que chaque vestige des palais de ses monarques, de la grandeur de ses princes et de l'opulence de ses négociants disparaîtrait entièrement, la vérité de la prédiction, dans les deux interprétations, ne peut être contestée ; l'ignorance que l'on avoue hautement par rapport à ce qui regarde Ninive, et l'oubli dans lequel elle est restée pendant bien des siècles, joints à la pauvreté des renseignements que l'on a pu obtenir, nous font bien voir que son emplacement même a été longtemps inconnu, et que maintenant on peut à peine le distinguer.
« Où sont-ils ces remparts de Ninive, dit Volney, Ninive dont le nom seul subsiste à peine ? Que dit-on du seul endroit qui porte encore son nom, ou qui puisse être considéré comme son ancien site ? Que dit-on de tout ce qui reste d'une des plus grandes capitales du monde, de la riche métropole de l'Assyrie (12) ? »

Les principaux monceaux qui subsistent encore ne ressemblent ni à des briques, ni à des pierres ; mais en beaucoup d'endroits ils sont recouverts d'herbes, et offrent le même aspect que les restes de retranchements et de fortifications des camps romains. On rencontre de ces ouvrages et de ces ruines sur une étendue de dix milles ; on les prendrait pour les débris d'anciens édifices (13). Ainsi on ne découvre aucun monument royal, aucune trace de l'antique splendeur des souverains de Ninive ; on ne sait pas même où pouvaient être ces édifices ; c'est une destruction, une désolation totale.
« Elle a été vidée, revidée ; et même épuisée ; » les ruines même ont péri. Telle a été sa complète désolation, et telle est la vérité de la parole de notre Dieu (14).


(1) Diod. Sic, liv. II, p. 83, 83. Edit. Wessel, 1793.

(2) Ibid. II, 84.

3) Nahum, I, 8 ; II, 6, 8. - Voir Les Dissertations de l'évêque Newton. Ninive, qui la première emmena Israël en captivité, fut aussi la première des villes des gentils qui vit s'accomplir le sort que les prophètes lui avaient prédit.
Les prophéties qui touchent Ninive sont toutes renfermées dans le livre si succinct de Nahum et dans trois versets de Sophonie.
Leur entier accomplissement était un fait trop remarquable pour passer inaperçu par les contemporains des premiers temps de notre ère.

Josèphe, après une courte description du règne de Jotham, rapporte que « dans ce temps vivait un prophète nommé Nahum qui avait prédit la désolation de Ninive en ces mots : Ninive sera comme un vivier d'eau, etc. ( II, 8, 13.) ; et il ajoute que le prophète avait également prédit diverses autres choses qu'il croit inutile d'indiquer et qui toutes s'étaient accomplies après l'espace de 115 ans » (Ant. liv. IX, ch II, &3).

Jérôme (A. D. 392), dans sa préface au livre de Jonas, rapporte que cette chute est constatée à la fois par des auteurs hébreux et par des historiens grecs (t. VI, c. 399, 390, édit. Venet., 1768).
Et dans son commentaire sur Nahum, il revient à chaque instant sur la prise et le sac de cette ville par les Chaldéens ou les Babyloniens (Ibid., c. 534, 555, etc.).

C'est ainsi que Cyrile d'Alexandrie (A.D. 412), dans son commentaire sur la même prophétie, commentaire cité par Bochart, non seulement décrit la destruction de Ninive, mais nous en peint l'entière désolation en traits aussi énergiques que ceux de Lucien.

Sans faire mention de plusieurs autres auteurs postérieurs à ceux-ci et qui traitèrent également ce sujet, Béchard, Marsham et Poole, au dix-septième siècle, s'appuyèrent du témoignage de Diodore de Sicile, qui est depuis longtemps la seule autorité que l'on invoque sous ce rapport, bien que Strabon, Tacite, Pline, etc. soient entrés dans les mêmes détails que lui au sujet de la magnificence de Ninive et de sa destruction.
Les auteurs du dernier siècle qui se sont occupés de la chute de Ninive et des prophéties de Nahum et de Sophonie, dont elle est la preuve et le commentaire, sont Prideaux ( A. D., 1715 ) et Rollin dans son Histoire ancienne (A. D. 1730).
L'auteur du présent ouvrage s'est également servi de l'Histoire universelle (A. D. 1747) et des Dissertations sur les prophéties de l'évêque Newton (A. D., 1752).
Il renvoie encore le lecteur, comme il l'a fait dans les éditions précédentes, à la dernière de ces dissertations qu'il considère aussi comme la meilleure. L'édition de Diodore de Sicile, où l'auteur a puisé les faits et les citations auxquels il a eu recours, fut publiée 40 ans après le dernier des ouvrages dont on vient de parler. Ces faits sont, comme les prophéties, en petit nombre. Ils ne tiennent que quelques pages, et elles sont indiquées dans l'index qui se trouve dans toutes les éditions de son ouvrage.

(4) Diod. Sic, II, p. SI, 84.

(5) Nahum, I, 10

(6) Ibid., II, 9. 

(7) Diod., II, 87.

(8) Nahum, III, 15.

(9) Ibid., I, 8, 9 ; II, 10. - Soph., II, 13, 15.

(10) Marsham, chron., sect XVIII, p. 600, édit. Francq, 1696.

(11) Nahum, III, 16.

(12) Ruines, ch. II, IV.

(13) Voyage de Buckmgham en Mésopotamie, t II, p. 49, 51, 52.

(14) Voyez les dissertations de Bishop, Newton.
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