Si jamais il y eut une ville qui semblât
devoir donner un défi à toutes les
prophéties qui annonçaient sa ruine,
c'était la ville de Babylone ; pendant
longtemps elle fut une des merveilles
du monde (15). Ses
murailles semblaient
plutôt des fortifications naturelles que le
résultat des efforts de l'art
(16).
Le temple de Bélus, haut de 600 pieds (env.
183 m.) ; ses jardins suspendus, dont les
terrasses s'élevaient au niveau des
murailles ; les quais de l'Euphrate ; les
100 portes d'airain, et le lac artificiel, dont le
circuit était de plus de 100 milles et la
profondeur de 35 pieds au moins (env. 10,5
m.) ; tant de merveilles réunies sur un
seul point offraient les monuments les plus
imposants de la puissance de l'homme
(17).
Cependant ce fut lorsque Babylone eut atteint la
plénitude de son pouvoir, et 160 ans avant
qu'aucun ennemi eût
pénétré dans son enceinte,
que, selon le calcul chronologique le plus exact,
la voix de la prophétie vint annoncer
hautement le sort inévitable qui
l'attendait. Une décadence progressive la
réduisit en poussière, et les
Écritures nous marquent dans le plus grand
détail chaque progrès de cette
décadence et sa désolation finale et
complète. Ce fut lorsqu'une magnificence
sans bornes entourait Babylone la superbe que la
plume du prophète
décrivait Babylone la détruite dans les termes
mêmes que les voyageurs
emploient aujourd'hui. Nous pouvons suivre la
chaîne de ces prophéties depuis le
commencement jusqu'à la fin de leur
accomplissement.
L'immense fertilité de la Chaldée,
qui conserva encore le nom de Babylonie
jusqu'à l'ère chrétienne
(18),
répondait à la grandeur de Babylone.
C'était la plus riche contrée de
l'Orient (19).
La Babylonie n'était qu'une vaste
étendue de plaines arrosées et
enrichies par l'Euphrate et le Tigre ; de
nombreux canaux s'étendaient d'une
rivière à l'autre ; l'eau
était ainsi distribuée sur tous les
champs par la main de l'homme et par des machines
hydrauliques
(20),
ce qui,
dans ce doux climat et sur ce sol fertile,
occasionnait une richesse de productions sans
égale dans les temps anciens ou
modernes.
Hérodote dit qu'il ne sait comment
décrire cette étonnante
fertilité, qu'il fallait en être
témoin oculaire pour y ajouter foi ; et
quoique Grec lui-même, et écrivant
dans la langue d'un pays célèbre par
sa richesse, il ne s'attend pas à ce que
l'on puisse croire la description qu'il fait
d'après ses observations personnelles ;
et selon lui, et selon Strabon et Pline, les trois
meilleures autorités que nous puissions
citer, la Babylonie était la contrée
la plus riche en blé, le sol ne produisant
jamais moins qu'aux deux
centuples, ce qui nous parait presque
incroyable ; et cependant Strabon, le plus
ancien des géographes, s'accorde avec le
père de l'histoire pour assurer que le sol a
même rapporté aux trois centuples, le
grain étant en outre d'une grosseur
prodigieuse
(21).
Après avoir été soumis au joug
persan, la Chaldée fut encore
considérée comme un des gouvernements
les plus importants de l'empire
(22) ; cette
province, non seulement dut
fournir des chevaux pour le service militaire du
royaume, mais encore dut entretenir 17,000 chevaux
pour l'usage particulier du souverain. Sans parler
des subsides mensuels, le tribut que la
Chaldée payait pour les besoins du roi et de
son armée faisait le tiers de tout le revenu
du royaume de Perse, qui s'étendait alors
depuis l'Hellespont jusqu'aux Indes.
Hérodote dit en passant qu'il y avait quatre
grandes villes dans le voisinage de Babylone.
Et telle était la grandeur de la
Chaldée qu'une première
conquête ne suffit pas pour la
détruire ; elle survécut
même à la destruction de sa capitale,
et lorsque « la gloire des
royaumes » eut succombé, une
nouvelle capitale succéda à l'autre,
et ne tarda pas à s'élever dans le
pays de la Chaldée.
La célèbre ville de Séleucie
fut fondée et construite par Séleucus
Nicanor, roi d'Assyrie, un des successeurs
d'Alexandre-le-Grand, 293 ans avant
Jésus-Christ, et trois siècles
après la prédiction faite par
Jérémie.
Dans le premier siècle de l'ère
chrétienne, elle contenait 600,000 habitants
(23). Les
rois
des Parthes transportèrent le siège
du gouvernement à Ctésiphon, sur la
rive opposée du Tigre, en
firent leur séjour d'hiver, et cette ville,
d'abord simple village, devint riche et florissante
(24).
Six siècles après la dernière
prophétie, la Chaldée pouvait se
vanter de posséder encore d'autres grandes
villes, telles qu'Artémise et
Sitacène (25). Lors
de l'invasion de Julien, dit
Gibbon, « c'était un pays
agréable et fertile, » et au
septième siècle, sous le règne
de Chosroès, la Chaldée
présentait le plus magnifique tableau.
Sa demeure favorite à Artémise, ou
Destagered, était située
au-delà du Tigre, soixante milles au nord de
Ctésiphon, la capitale. « Les
pâturages voisins, dit Gibbon, étaient
couverts de troupeaux ; le paradis ou parc
abondait en faisans, en paons, en autruches et
daims, et en sangliers sauvages ; et
quelquefois même on lâchait des lions
et des tigres pour animer la chasse : on
conservait 960 éléphants et 12,000
grands chameaux pour l'usage du roi ; 18,000
plus petits servaient à transporter ses
tentes et ses bagages, et l'écurie royale
contenait 6,000 chevaux et mulets ; 6,000
soldats montaient la garde devant la porte du
palais, et le service des appartements se faisait
par 12,000 esclaves. Les trésors en or,
argent, pierreries, soieries, aromates,
étaient déposés dans 100
caveaux
(26). »
Dans le huitième siècle, les villes
de Samorah, d'Horounieh et de Djasserik ne
formaient, pour ainsi dire, qu'une longue rue qui
s'étendait à 28 milles
(27). La
Chaldée était donc, avec son riche
sol et son doux climat, le dernier pays du monde
qu'on eût pu croire destiné à
une désolation totale ; car encore
aujourd'hui il n'y a pas le moindre doute que, si
l'on prenait les mesures
nécessaires, cette
contrée ne pût être facilement
cultivée
(28).
Les prophéties relatives à la terre
de Chaldée et à Babylone sont fort
nombreuses, et le long intervalle qui s'est
écoulé depuis qu'elles ont
été prononcées n'a servi
qu'à en rendre l'accomplissement plus
complet.
Les jugements du ciel ne sont pas sujets au hasard,
ils sont sûrs ; ils ne sont point
arbitraires, mais justes ; et ils furent
rendus contre les habitants de Babylone à
cause de leur idolâtrie, de leur tyrannie, de
leur orgueil, de leur avarice, de leur ivrognerie,
de leur astuce et de leur
méchanceté.
Leur idolâtrie était tellement
brutale, ou plutôt ils faisaient tellement
servir la religion d'instrument à leurs
passions, que les rites les plus abominables
étaient usités parmi eux et formaient
même une partie de ce culte, dont les auteurs
païens parlent avec indignation et avec
horreur. Quoique enrichis des dons de Dieu, les
Chaldéens ne cherchaient pas sa gloire, et
maintenant toute cette gloire qui s'étendait
sur la plaine de Shinar n'est que désolation
et ruine. Voici comment la parole de Celui qu'ils
méprisaient annonça leurs
malheurs :
« Prédiction contre Babylone
révélée à Esaïe,
fils d'Amos : Il y a aux montagnes le bruit
d'une multitude, tel que celui d'un grand peuple,
un bruit d'un son éclatant, des royaumes,
des nations assemblées. L'Éternel des
armées fait la revue pour la guerre.
L'Éternel et les instruments de son
indignation viennent d'un pays
éloigné, du bout des cieux, pour
détruire tout le pays. »
« Voici, la journée de
l'Éternel qui vient est cruelle ; elle
n'est que fureur et ardeur de colère, pour
réduire ce pays en désolation, et il
en exterminera les
méchants. »
« Il en sera de Babylone, la noblesse des
royaumes, et la gloire de l'orgueil des
Chaldéens, comme quand Dieu renversa Sodome
et Gomorrhe. Elle ne sera jamais
rétablie ; elle ne sera habitée
en aucun temps ; les Arabes n'y dresseront
plus leurs tentes et les bergers n'y parqueront
plus. Mais les bêtes sauvages des
déserts y auront leurs repaires, et leurs
maisons seront remplies de fouines ; les
chats-huants y habiteront, et les chevreuils y
sauteront ; et les bêtes sauvages des
îles et les dragons hurleront, se
répondant les uns aux autres dans ses
palais, dans ses maisons de plaisance
(29).
Tu te moqueras ainsi du roi de Babylone, et tu lui
diras : Comment l'exacteur se
repose-t-il ? Comment se repose celle qui
était toute d'or ? On a fait descendre
ta magnificence dans le sépulcre, avec le
bruit de tes instruments ; tu es couché
sur une couche de vers, et la vermine te
couvre ; tu as été jeté
loin de ton sépulcre comme un tronc
pourri. »
« J'abolirai le nom de Babylone, et ce
qui y reste, le fils et le petit-fils, dit
l'Éternel. Je la rendrai la demeure du
butor, et je la réduirai en marais d'eaux et
je la balaierai d'un balai de destruction, dit
l'Éternel des armées
(30). »
« Elle est tombée, elle est
tombée, Babylone, et toutes les images
taillées de ses dieux ont été
brisées et jetées par terre
(31). »
« Ainsi a dit l'Éternel, qui dit
à l'abîme : Sois
desséché, je tarirai tes
fleuves ; qui dit de Cyrus : Il
accomplira toute ma volonté ;
j'ôte la force aux rois afin qu'on ouvre les
portes devant lui, et qu'elles ne soient point
fermées. »
« Bel est tombé sur ses genoux
(32) ! »
« Descends, sieds-toi sur la
poussière, vierge, fille
de Babylone, sieds-toi à terre ; il n'y
a plus de trône pour la fille des
Chaldéens ; car on ne parlera plus de
ta mollesse et de ta
délicatesse. »
« Sieds-toi dans le silence et entre dans
les ténèbres, fille des
Chaldéens ; car tu ne seras plus
appelée la souveraine des
royaumes. »
« Tu as dit : Je serai reine
à toujours ; maintenant donc
écoute ceci, toi, voluptueuse, qui habites
en assurance, et qui dis en ton coeur : C'est
moi, il n'y en a point d'autre que moi ; je ne
demeurerai point veuve, et je ne saurai point ce
que c'est que d'être privée de mes
enfants. C'est que ces deux choses t'arriveront en
un moment, en un même jour, la privation
d'enfants et le veuvage ; elles viendront sur
toi dans tout leur entier, à cause du grand
nombre de tes enchantements et de la multitude de
tes enchanteurs ; car tu t'es confiée
dans ta malice, etc., etc.
C'est pourquoi le mal viendra sur toi, et tu ne
sauras pas quand il arrivera ; et une
affliction tombera sur toi que tu ne pourras point
détourner, et une désolation que tu
n'auras pas prévue viendra subitement sur
toi
(33). »
« Je ferai la punition de Babylone et du
pays des Chaldéens que je réduirai en
des désolations éternelles. Et
j'exécuterai sur ce pays-là toutes
mes paroles que j'ai prononcées contre lui,
toutes les choses qui sont écrites dans ce
livre, lesquelles Jérémie a
prophétisées contre toutes ces
nations. Car de grands rois aussi et de grandes
nations les assujettiront, et je leur rendrai selon
leurs actions et selon l'oeuvre de leurs mains
(34). »
« La parole que l'Éternel
prononça contre Babylone et contre le pays
des Chaldéens par le moyen
de Jérémie le prophète :
Faites savoir parmi les nations, et publiez-le, et
élevez l'enseigne, publiez-le, et ne le
cachez point ; dites : Babylone a
été prise, Bel est rendu
honteux ; Mérodac est
brisé ; ses idoles sont rendues
honteuses, et ses dieux infâmes sont mis en
pièces. Car une nation est montée
contre elle de devers l'Aquilon, elle mettra son
pays en désolation, et il n'y aura personne
qui y habite ; les hommes et les bêtes
s'en sont fuis ; ils s'en sont allés
(35). »
« Car voici, je m'en vais susciter et
faire venir contre Babylone une multitude de
grandes nations, du pays de l'Aquilon ; elles
se rangeront en bataille contre elle, de sorte
qu'elle sera prise. Leurs flèches seront
comme celles d'un homme puissant, qui ne fait que
détruire et qui ne retourne point à
vide. Et la Chaldée sera abandonnée
au pillage, et tous ceux qui la pilleront seront
assouvis, dit l'Éternel.
Elle sera toute la dernière entre les
nations, elle sera un désert, un pays sec,
une lande. Elle ne sera plus habitée
à cause de l'indignation de
l'Éternel ; elle ne sera tout
entière que désolation ;
quiconque passera près de Babylone sera
étonné, et lui insultera à
cause de toutes ses plaies
(36). »
« Ses fondements sont tombés, ses
murailles sont renversées ; car c'est
ici la vengeance de l'Éternel ;
vengez-vous d'elle ; faites-lui comme elle
vous a fait. Retranchez de Babylone celui qui
sème et celui qui tient la faucille au temps
de la moisson ; que chacun s'en retourne vers
son peuple, et que chacun s'enfuie vers son pays
à cause de l'épée qui
désole tout
(37). »
« Monte sur la terre des rebelles ;
monte contre eux, contre les
habitants destinés à la
Visitation ; tue et détruis à la
façon d'interdit ceux qui sont après
eux : l'alarme est au pays et une grande
calamité.
Comment est mis en pièces et rompu le
marteau de toute la terre ?
Comment Babylone est-elle en étonnement
parmi les nations ? Je t'ai tendu des filets,
et aussi as-tu été prise, ô
Babylone ! et tu n'en savais rien ; tu as
été trouvée et même
atteinte, parce que tu t'en es prise a
l'Éternel. L'Éternel a ouvert son
arsenal, et en a tiré les armes de son
indignation, parce que le Seigneur,
l'Éternel des armées, a une
entreprise à exécuter dans le pays
des Chaldéens.
Venez contre elle des bouts de la terre ;
ouvrez ses granges, foulez-la comme des
javelles ; détruisez-la et qu'elle
n'ait rien de reste
(38). »
« Que personne n'échappe ;
rendez-lui selon ses oeuvres, car elle s'est
élevée avec fierté contre le
saint d'Israël. La superbe bronchera et
tombera, et il n'y aura personne qui la
relève ; j'allumerai aussi le feu
à ses villes, et il dévorera tout
autour d'elles
(39). »
« L'épée est sur les
Chaldéens, dit l'Éternel, et sur les
habitants de Babylone, sur ses principaux et sur
ses sages ; l'épée est
tirée contre ses devins, ils seront reconnus
insensés ; l'épée est sur
ses hommes forts, et ils seront
éperdus ; l'épée est sur
ses chevaux et sur ses chariots, et sur tout l'amas
de diverses sortes de gens qui sont au milieu
d'elle, et ils deviendront comme des femmes ;
l'épée est sur ses trésors, et
ils seront pillés. La sécheresse sera
sur ses eaux et elles tariront, car c'est le
pays d'images taillées, et ils sont fous
après leurs idoles monstrueuses. C'est
pourquoi les bêtes sauvages des
déserts avec celles des
îles y habiteront, et les
chats-huants y habiteront aussi, et elle ne sera
jamais plus habitée, et on n'y demeurera
point en quelque temps que cela soit. Il n'y
demeurera personne, a dit l'Éternel, et
aucun fils d'homme n'y habitera, comme dans la
subversion que Dieu a faite de Sodome et de
Gomorrhe et de leurs lieux circonvoisins ;
voici, un peuple et une grande nation vient de
l'Aquilon, et plusieurs rois se réveilleront
du fond de la terre. Ils prendront l'arc et
l'étendard ; ils sont cruels et ils
n'auront point de compassion ; leur voix
bruira comme la mer, et ils seront montés
sur des chevaux ; chacun d'eux est
rangé en homme de guerre contre toi, fille
de Babylone.
Voici, il montera comme un lion à cause du
débordement du Jourdain, vers la demeure
forte, et en un moment je les ferai courir sur
elle ; et qui me déterminera le
temps ? et qui sera le pasteur qui tiendra
contre moi ? et qui est semblable à
moi ?
C'est pourquoi, écoutez la résolution
que l'Éternel a prise contre Babylone, et
les desseins qu'il a faits contre le pays des
Chaldéens ; si les plus petits du
troupeau, dit-il, ne les traînent pas par
terre, et si on ne réduit pas en
désolation leur pays sur eux
(40) ! »
« J'enverrai contre Babylone des vanneurs
qui la vanneront et qui videront son pays ; et
les blessés à mort tomberont au pays
des Chaldéens. Babylone est tombée en
un instant, et a été
brisée ; hurlez sur elle ! prenez
du baume pour sa douleur, peut-être qu'elle
guérira. Nous avons traité Babylone,
et elle n'est point guérie ;
laissons-la, et nous en allons chacun en son
pays ; car son procès est parvenu
jusqu'aux cieux, et s'est
élevé jusqu'aux nues
(41). »
« L'Éternel a
réveillé l'esprit du roi de
Médie, car il a résolu de
détruire Babylone. »
« Tu étais assise sur plusieurs
eaux, abondante en trésors ; ta fin est
venue et le comble de ton gain
déshonnête. L'Éternel des
armées a juré par soi-même, en
disant : « Si je ne te remplis
d'hommes comme de sauterelles, et s'ils ne jettent
pas des cris pour s'encourager contre toi
(42) ! »
« Voici, j'en veux à toi, dit
l'Éternel, montagne qui détruis, qui
détruis toute la terre ;
j'étendrai aussi ma main sur toi, et je te
roulerai en bas du haut des rochers, et je te
réduirai en une montagne
embrasée. »
« Levez l'enseigne sur la terre ;
sonnez de la trompette parmi les nations,
préparez les nations contre elle ;
convoquez contre elle les royaumes d'Ararat, de
Minni et d'Asckénaz. Préparez contre
elle les nations, les rois de Médie, ses
gouverneurs et tous ses magistrats, et tout le pays
de sa domination. Et la terre en sera
ébranlée et en sera en travail, parce
que tout ce que l'Éternel a résolu a
été exécuté contre
Babylone, pour réduire le pays en
désolation, tellement qu'il n'y ait personne
qui y habite.
Les hommes vaillants de Babylone ont cessé
de combattre, ils se sont tenus dans les
forteresses, leur force a manqué, et ils
sont devenus comme des femmes ; on a
brûlé ses demeures, et les barres de
ses portes ont été rompues. Il
viendra courrier sur courrier, et messager sur
messager, pour annoncer au roi de Babylone que sa
ville est prise par un bout, et que ses quais sont
surpris ; car ainsi a dit l'Éternel des
armées, le Dieu d'Israël : La
fille de Babylone est comme l'aire, il est temps
qu'elle soit foulée ;
le temps de sa moisson viendra bientôt
(43). »
« Je dessécherai sa mer, et je
ferai tarir sa source, et Babylone sera
réduite en monceaux, en demeure de dragons,
en étonnement et en opprobre, sans que
personne y habite. Je les ferai échauffer
dans leurs festins, afin qu'ils dorment d'un
sommeil perpétuel, et qu'ils ne se
réveillent plus. »
« Comment celle qui était
célèbre par toute la terre a-t-elle
été saisie ?
Comment Babylone a-t-elle été
réduite en désolation parmi les
nations ? La mer est montée sur
Babylone, elle a été couverte de la
multitude de ses flots ; ses villes ont
été réduites en
désolation, en une terre sèche et de
landes, en un pays où personne ne demeure,
et où il ne passe pas un fils d'homme.
Je punirai aussi Bel à Babylone, et je
tirerai de sa bouche ce qu'il avait englouti, et
les nations n'aborderont plus vers
lui-même ; la muraille de Babylone est
renversée. »
« Des nouvelles viendront une
année, et après cela d'autres
nouvelles une autre année, et la violence
sera dans le pays, et un dominateur
succédera à un autre dominateur.
C'est pourquoi voici, les jours viennent que je
punirai les images taillées de
Babylone ; tout son pays sera rendu honteux,
et tous ses blessés à mort tomberont
au milieu d'elle
(44). »
« J'enivrerai donc ses principaux et ses
sages, ses gouverneurs et ses magistrats, et ses
hommes forts ; ils dormiront d un sommeil
perpétuel, et ils ne se réveilleront
plus, dit le roi dont le nom est l'Éternel
des armées. Il n'y aura aucune muraille de
Babylone, quelque large qu'elle soit, qui ne soit
entièrement rasée, et ses portes qui
sont si hautes seront
brûlées ; ainsi
les peuples auront travaillé pouf
néant, et les nations pour le feu, et elles
s'y seront lassées. »
« Et sitôt que tu auras
achevé de lire ce livre, tu le lieras
à une pierre, et tu le jetteras dans
l'Euphrate, et tu diras : Babylone sera ainsi
plongée ; elle ne se relèvera
point du mal que je m'en vais faire venir sur elle
(45). »
Toutes ces prédictions sur les ennemis de
Babylone, sur la frayeur de ses habitants, sur la
manière dont la ville fut prise, et toutes
les circonstances remarquables qui
accompagnèrent ce siège, sont
annoncées par les prophètes comme les
faits nous ont été racontés
depuis par les auteurs anciens.
« Hélamites, montez ;
Mèdes, assiégez
(46) ! »
« L'Éternel a
réveillé l'esprit des rois de
Médie, car il a résolu de
détruire Babylone. »
Les rois de Médie et de Perse,
poussés par un intérêt commun,
formèrent une alliance contre Babylone, et
confièrent le commandement de l'armée
alliée à Cyrus
(47),
parent
des deux princes, et plus tard possesseur des deux
royaumes ; mais la prise de Babylone ne dut
pas être l'oeuvre de ces deux nations
seules.
« Levez l'enseigne sur la terre ;
sonnez de la trompette parmi les nations,
préparez les nations contre elle, convoquez
contre elle les royaumes d'Ararat, de Minni, et
d'Asckénaz. Car voici, je m'en vais susciter
et faire venir contre Babylone une assemblée
de grandes nations du pays
d'Aquilon. »
Cyrus subjugua les Arméniens qui
s'étaient révoltés contre les
Mèdes ; il épargna leur roi, les
fit rentrer de nouveau sous le joug, plutôt
par la douceur que par la force,
et incorpora leur armée dans la sienne
(48). Il
reçut les Hyrcaniens, qui avaient
secoué le joug des Chaldéens, au
nombre des alliés et des
confédérés des Mèdes et
des Perses
(49).
Il
maîtrisa les forces réunies des
Chaldéens et des Lydiens, prit Sardes,
s'empara de Crésus et de tous ses
trésors, lui épargna la vie lorsqu'il
était déjà sur le
bûcher, le rendit à sa famille et
à sa maison, le reçut au nombre de
ses conseillers et de ses amis, et prépara
ainsi les Lydiens, jadis les alliés de
Babylone, à monter contre elle
(50). »
Il renversa les Phrygiens et les Cappadociens, et
réunit leurs armées à ses
troupes victorieuses
(51).
Ainsi,
par des alliances et des conquêtes
successives, par une politique sage et
modérée, par une grande
générosité et par une
habileté sans pareille, il changea dans
l'espace de vingt ans en
confédération contre le roi de
Babylone une ligue que celui-ci avait formée
contre les Mèdes et les Perses
eux-mêmes. C'est ainsi que
« l'enseigne fut levée parmi les
nations contre Babylone ; ainsi elles furent
convoquées, assemblées contre elle,
et même une assemblée de grandes
nations de l'Aquilon. »
C'est-à-dire, Ararat et Minni, ou la petite
et grande Arménie, et Asckénazou la
Phrygie, selon Bochart, « furent
suscitées contre Babylone. » Sans
leur aide, et avant qu'elles fussent soumises
à sa puissance, Cyrus avait essayé en
vain de se rendre maître de Babylone, et
même lorsqu'il eut
« assemblé et
préparé » toutes ces
nations, sa conquête fut le résultat
plutôt de la ruse que de la force.
« Ils prendront l'arc et
l'étendard ; ils seront montés
sur des chevaux. » Quarante mille
cavaliers perses furent équipés par
les nations que Cyrus avait subjuguées, et
beaucoup de chevaux
furent aussi distribués parmi les
alliés. Cyrus monta contre Babylone avec une
grande multitude de chevaux, et avec une grande
multitude d'archers, « de gens qui
tendaient l'arc et la javeline
(52). »
À peine Cyrus fut-il arrivé devant
Babylone avec les nations qu'il avait
rassemblées que, dans l'espoir de trouver
quelque endroit accessible, il fit le tour de ses
murailles, accompagné de ses principaux
officiers et de ses amis, et les examina de tous
les côtés, ayant déjà
à cet effet placé son armée
« tout autour » de la ville
(53).
« Rangez-vous en bataille contre
Babylone, mettez-vous tous à l'entour
d'elle. » Déçu dans son
attente, ne trouvant pas dans toute la
circonférence des murailles un seul point
attaquable, voyant qu'il lui était
impossible de se rendre maître de ces murs si
élevés et si forts, et craignant que
son armée ne fût trop exposée
aux attaques des Babyloniens sur une ligne aussi
étendue, Cyrus, debout au milieu de son
armée, commanda aux corps pesamment
armés de se diriger en sens opposé
des extrémités au centre. La
cavalerie et l'infanterie légère
s'avancèrent en première ligne ;
la phalange étant ainsi doublée et
resserrée, les troupes les plus braves
occupèrent l'avant et
l'arrière-garde, et les troupes
inférieures se trouvèrent au centre
de l'armée
(54).
Cette disposition de l'armée, selon
Xénophon, lui-même
général fort habile, était
admirablement calculée pour combattre et
pour empêcher la fuite. Mais le
chrétien voit encore ici l'accomplissement
d'une prophétie ; car lorsque
l'armée, quoique formée de tant de
nations, se tenait ainsi autour de la ville en bon
ordre, et non comme une masse indisciplinée,
« ces nations se rangeaient en bataille
contre elle. »
« Chacune d'elle rangeait ses hommes de
guerre contre Babylone. »
On creusa une tranchée tout autour de la
ville, on éleva des tours, on partagea
l'armée en douze corps, qui devaient
être successivement, et pendant un mois
chacun, de garde autour de la ville : ce fut
ainsi que, sans s'en douter lui-même, Cyrus
accomplit le commandement de l'Éternel des
armées : « Que personne
n'échappe. »
« Les hommes vaillants de Babylone ont
cessé de combattre, ils se sont tenus dans
leurs forteresses ; leur force a
manqué, et ils sont devenus comme des
femmes. »
Babylone avait été le marteau de
toute la terre, elle avait brisé les nations
et détruit les royaumes ; ses hommes de
guerre avaient porté la terreur de son nom
jusqu'aux contrées les plus
lointaines ; mais « l'alarme fut au
pays, » comme l'avait prédit la
parole de Dieu, lorsque les habitants de Babylone
virent toutes ces nations étrangères
se ranger contre elle. Ce fut de cette frayeur
même, si clairement annoncée, que se
plaignirent ses ennemis qui essayèrent en
vain de les provoquer au combat. Cyrus défia
même leur monarque en combat singulier, mais
également sans succès ;
« car les mains du roi de Babylone
étaient devenues
lâches. »
Le prince et son peuple avaient perdu courage, et
personne ne fit un effort pour délivrer son
pays, ou pour chasser les assaillants loin des
murailles. On ne fit aucune sortie contre l'ennemi,
on n'essaya point de le couper, même lorsque
la vaste étendue de sa ligne offrait pour
cela la plus grande facilité. Toutes les
portes restèrent fermées, et chacun
se tint « dans sa
forteresse. »
Ne parvenant donc point à réveiller
leur courage ou à les décider
à combattre en rase campagne, se voyant
également dans l'impossibilité de
démolir la moindre partie
de leurs fortes murailles, ou de forcer leurs
portes d'airain, Cyrus se persuada que plus leur
nombre était considérable, plus il
lui serait facile de les réduire par la
famine et de les forcer à se rendre par ce
moyen, puisqu'ils ne. voulaient pas en venir aux
armes. Ce fut là pendant deux ans son seul
espoir de succès ; mais Babylone, si
longtemps « marteau du monde, »
se laissa tranquillement assiéger. Elle
possédait des champs fertiles et un abondant
approvisionnement pour vingt ans ; ainsi
renfermée dans ses inexpugnables murailles,
elle défiait toute la puissance de Cyrus.
Rien ne put d'ailleurs diminuer la
méchanceté et la fausse
sécurité de ses habitants ; ils
vivaient dans la débauche, abandonnés
au plaisir, mais ils ne retrouvèrent plus
leur force ; et Babylone la grande ne fit pas
un seul effort pour se délivrer de son
ennemi, ou pour reconquérir sa
liberté.
Après avoir perdu beaucoup de temps, et la
prise de la ville n'étant pas plus
avancée que le premier jour, Cyrus se trouva
dans un grand embarras ; il était dans
une position en effet fort difficile, quand on lui
proposa de détourner le cours de
l'Euphrate ; expédient extraordinaire
qu'il adopta avec joie. Mais ce travail
était loin d'être facile : le
fleuve était large d'un quart de mille et
profond de 12 pieds ; et selon quelques-uns de
ses officiers la ville était encore plus
forte par sa rivière que par ses murailles.
On fit à la hâte de grands
préparatifs pour exécuter ce projet
à l'insu des Babyloniens, et la grande
tranchée faite ostensiblement pour en former
le blocus fut creusée tout autour des murs
afin d'y faire couler les eaux de l'Euphrate, dont
le lit servirait ensuite de chemin pour arriver
dans le centre de la ville qu'il traversait.
« Mais, dit Hérodote, si les
assiégés avaient eu la
moindre idée du dessein de
Cyrus, ou s'ils s'en étaient aperçus
avant l'exécution, ils auraient pu s'en
servir eux-mêmes pour détruire toute
son armée ; ils n'auraient eu
qu'à fermer les petites portes qui
conduisaient vers le fleuve, et garnir de troupes
les quais, et les Perses auraient été
pris dans un filet hors duquel il leur aurait
été impossible d'échapper
(55). »
Cyrus se tint autant que possible sur ses gardes
contre une pareille catastrophe, et il choisit pour
l'exécution de son projet l'époque
d'une grande fête annuelle des Babyloniens,
pendant laquelle selon leur coutume « ils
s'abandonnaient à la débauche toute
la nuit. »
Tandis que les habitants se livraient ainsi
à la danse et à la joie, la
rivière fut subitement
détournée ; elle remplit le lac,
les tranchées et le canal ; et
dès que le lit du fleuve se trouva à
sec, les troupes perses, infanterie et cavalerie,
profitèrent du chemin qu'il leur ouvrit pour
pénétrer avec leurs alliés
dans la ville
(56).
« Ainsi dit l'Éternel, qui dit
à l'abîme : Sois
desséché ; je tarirai tes
fleuves. »
On porta un détachement de troupes à
l'entrée du fleuve dans la ville et un autre
à sa sortie
(57),
et
« courrier vint sur courrier, et messager
sur messager pour annoncer au roi de Babylone que
sa ville est prise par un bout, et que ses
gués sont surpris. »
La ville fut prise, dit Hérodote,
« par surprise, et son étendue
était telle que les habitants
eux-mêmes assurent que ceux qui demeuraient
dans les faubourgs furent faits prisonniers avant
que le moindre bruit arrivât au centre de la
ville
(58) »
où était le palais du roi : pas
une seule des portes de la ville ne fut ouverte, on
ne démolit pas une seule pierre.
Mais « je t'ai tendu des filets et aussi
tu as été prise, ô
Babylone ! et tu n'en savais
rien ; tu as été trouvée
et même surprise parce que tu t'en es prise
à l'Éternel. Comment celle qui
était célèbre par toute la
terre a-t-elle été saisie ? car
tu t'es confiée en ta malice. Ta sagesse et
ta science est celle qui t'a séduite ;
c'est pourquoi le mal viendra sur toi, et tu ne
sauras point quand il sera près
d'arriver ; et le malheur qui tombera sur toi
sera tel que tu ne le pourras point
détourner ; il n'y a personne qui te
délivre. »
« Je les ferai échauffer dans
leurs festins, et je les enivrerai afin qu'ils se
réjouissent, et qu'ils dorment d'un sommeil
perpétuel, et qu'ils ne se réveillent
plus, dit l'Éternel. Je les ferai descendre
comme des agneaux à la tuerie, etc. etc.
J'enverrai donc ses principaux et ses sages, ses
gouverneurs et ses magistrats, et ses hommes
forts ; ils dormiront d'un sommeil
perpétuel. »
À mesure que la nuit s'avançait,
Cyrus encourageait ses troupes à
pénétrer dans la ville, parce que,
dans cette nuit de débauche, beaucoup de
gens devaient sommeiller, d'autres devaient
être ivres, et la confusion devait être
générale. Après avoir
traversé la ville sans obstacle, les Perses,
tout en massacrant quelques personnes, et en
mettant d'autres en fuite, arrivèrent au
palais, avant qu'aucun messager y fût parvenu
pour annoncer au roi la prise de sa capitale. Les
portes du palais, fortifiées avec soin,
étaient fermées ; les gardes
bivouaquaient autour d'un grand feu lorsque les
Perses fondirent sur eux ; des cris
élevés, mais non plus des cris
joyeux, parvinrent aux oreilles du prince et une
lueur vive vint éblouir ses yeux et lui
annoncer une oeuvre de destruction dont il ignorait
encore la cause.
Ce fut donc le roi lui-même, qui, sans se
douter de la présence de l'ennemi, se
réveilla le premier de sa
léthargie, et commanda
à ses courtisans de s'informer de la cause
de tout ce tumulte. (On sait qu'il avait
déjà été interrompu
dans sa débauche par une main qui
traçait devant lui, sur la muraille, des
caractères mystérieux.)
Ainsi fut accomplie la parole de celui qui dit de
Cyrus : « Il accomplira toute ma
volonté ; je délie les reins des
rois, afin qu'on ouvre devant lui les portes, et
que les portes ne soient point
fermées. »
Dès que les Perses virent les portes du
palais s'ouvrir, ils s'y
précipitèrent avec fureur.
« Le roi de Babylone en ouït le
bruit, l'angoisse se saisit de lui, et il fut
massacré, lui et tous ceux qui
l'entouraient. Dieu avait calculé son
règne et y avait mis fin ; son royaume
fut divisé et donné aux Mèdes
et aux Perses ; cette même nuit, ses
principaux, et ses sages et ses gouverneurs
dormirent d'un sommeil perpétuel, et ils ne
se réveillèrent plus
(59). »
« Les gens d'élite tomberont dans
les places, et on fera perdre la parole à
tous ces gens de guerre en ces
jours-là. »
Cyrus envoya des troupes de cavalerie dans les rues
et places, avec l'ordre de passer au fil de
l'épée tous ceux qui s'y
trouveraient ; et il fit une ordonnance en
langue syrienne, par laquelle il commandait
à tous les habitants de rester dans leurs
maisons sous peine de mort. On obéit
à ces ordres
(60).
« Si je ne te remplis d'hommes comme de
grillons ! »
L'armée perse pénétra dans la
ville avec autant de facilité que des
grillons, et ses nombreuses cohortes semblaient
vérifier la comparaison faite par le
prophète. Après la prise de la ville,
Cyrus déploya toute la force de sa cavalerie
devant les Babyloniens, au centre de leur
capitale ; quatre mille
gardes se tenaient devant les portes du palais, et
deux mille de chaque côté. Ceux-ci
s'avancèrent comme l'avant-garde de Cyrus,
et deux mille lanciers le suivaient. À ces
derniers succédèrent quatre corps de
cavalerie, composés de 10,000 hommes chacun,
et à ceux-ci on réunit encore la
cavalerie des Mèdes, des Arméniens,
des Hyrcaniens, des Caduriens et des Sariens,
« tous montés sur des chevaux et
rangés en hommes de guerre contre elle
(61). »
Le cortège se terminait par des files de
chariots, quatre de front, qui formèrent
l'arrière-garde de cette multitude. Cyrus
passa plus tard en revue, à Babylone, toute
sa puissante armée, qui consistait en
120,000 hommes de cavalerie, 2000 chariots et
600,000 hommes d'infanterie.
(62)
Ainsi
Babylone, qui jamais n'était tombée
au pouvoir d'un ennemi, fut emportée par
surprise, et « remplie d'hommes comme de
sauterelles. »
Les Saintes Écritures ne racontent nulle
part la manière dont Babylone fut prise, et
elles ne font jamais allusion à
l'accomplissement des prophéties ; mais
il y a presque dans tous les détails un
accord parfait entre les prédictions des
prophètes et les faits racontés par
Hérodote et par Xénophon.
Selon qu'il avait été prédit,
dès que Cyrus se fut rendu maître de
Babylone
(Esaïe,
XLV, 1, 4)
(63), il
prit
possession de ses trésors cachés.
Jamais avant lui aucun ennemi n'avait osé se
présenter devant elle. Il ne semblait pas
qu'un homme pût s'emparer de la grande
Babylone ; mais elle fut une conquête
facile pour le « pasteur du
Seigneur. » Et de même
qu'aujourd'hui on peut reconnaître que le
Seigneur est l'Éternel, par
la parfaite concordance des
descriptions des prophètes avec celles de
tous les voyageurs qui visitent aujourd'hui les
restes de cette Babylone toute
désolée et détruite ; de
même alors Cyrus, qui contemplait depuis deux
ans les murailles extérieures de Babylone,
et désespérait de la réduire
même par la famine, put s'assurer que
« le Dieu d'Esaïe, qui l'appelait
par son nom, était l'Éternel, par les
trésors cachés et les richesses
secrètement gardées, »
qu'il lui remit ainsi entre les mains.
Lors donc que l'heure de la destruction eut
sonné, Babylone fut prise ; et lorsque
l'époque prescrite pour la durée de
la captivité des Juifs se fut
écoulée, Cyrus accomplit encore la
volonté de l'Éternel et devint leur
libérateur.
« Ainsi a dit l'Éternel à
son oint, à Cyrus, duquel j'ai pris la main
droite, afin que je terrasse les nations devant
lui. »
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