Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

CHAPITRE IV.

PROPHÉTIES CONCERNANT L'ÉGYPTE.

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L'Égypte était un des plus anciens et des plus puissants royaumes de la terre, et encore aujourd'hui les voyageurs s'occupent à découvrir les monuments sans pareils de son antique splendeur. Jamais nation, ancienne ou moderne, ne parvint à élever des monuments aussi grands et aussi impérissables. Tandis que l'on ne reconnaît la grandeur des autres royaumes qu'aux ruines de leurs villes et qu'aux vestiges de leur magnificence, les pyramides d'Égypte s'élèvent semblables à des monts impérissables, sans date qui serve à reconnaître leur fondation, et elles ont défié les ravages des siècles. Le royaume d'Égypte est le plus ancien de tous. Aucune nation de l'antiquité n'eut une aussi longue succession non interrompue de rois. La science des Égyptiens a passé en proverbe ; le nombre de leurs villes et la population de leur pays, selon ce qu'en rapportent les anciens historiens, étaient presque incroyables (17). La nature semblait se réunir à l'art pour faire de l'Égypte la contrée la plus fertile de la terre ; on l'appelait le grenier du monde ; elle était divisée en plusieurs royaumes, et sa puissance s'étendait sur plusieurs pays voisins (18). Cependant la connaissance de toute cette grandeur et de toute cette gloire n'empêchèrent pas le prophète juif de déclarer que « l'Égypte deviendrait le plus bas des royaumes, et qu'elle ne s'élèverait plus auprès des nations. »

L'Égypte fut le sujet d'un grand nombre de prophéties qui ont reçu autrefois leur accomplissement, et le temps n'a pu effacer encore les marques par lesquelles les prophéties ont caractérisé la destinée qui l'attendait.

« Ils seront un royaume abaissé. Il sera le plus bas des royaumes, et il ne s'élèvera plus par dessus les nations, et je le diminuerai afin qu'il ne domine plus sur les autres nations (19). »
« L'orgueil de sa force sera renversé, et ils seront désolés parmi des pays désolés, et ses villes seront parmi des villes rendues désertes. »
« Je désolerai le pays et tout ce qui est par la puissance des étrangers. Je livrerai le pays entre les mains des gens méchants, des étrangers. Moi, l'Éternel, j'ai parlé. Il n'y aura plus de prince du pays d'Égypte (20). »

L'Égypte fut subjuguée par les Perses 536 ans avant l'ère chrétienne ; elle le fut ensuite par les Macédoniens, et gouvernée pendant plus de trois siècles par les Ptolémées, jusqu'à ce que vers l'an 30 avant l'ère chrétienne elle subit le joug des Romains.
Elle leur fut soumise pendant plusieurs siècles ; d'abord tributaire de Rome et ensuite de Constantinople.
L'an 641 de l'ère chrétienne, elle tomba au pouvoir des Sarrazins.
En 1250, les Mameloucks secouèrent l'autorité de leurs chefs et s'emparèrent du gouvernement de l'Égypte. Ils établirent la plus singulière forme de gouvernement qui ait jamais existé. Tous les gouverneurs étaient élevés successivement au rang suprême, de l'état d'esclave ou d'étranger ; jamais le fils du souverain précédent ou un Égyptien de naissance ne posséda la royauté ; mais le chef était choisi, d'entre une race d'esclaves nouvellement importée.

Lorsqu'en 1517 l'Égypte fut tombée entre les mains des Turcs, les Mameloucks possédèrent encore beaucoup d'autorité, et chaque pacha fut un tyran et un étranger : Pendant le cours de tous ces siècles, toute tentative de délivrance a échoué, et on a vainement essayé de placer sur le trône un prince originaire du pays d'Égypte.

Nous allons laisser parler Volney et Gibbon ; leurs témoignages réunis viendront à l'appui de ces faits, qui du reste sont assez communs dans l'histoire du monde ; les incrédules ne sauraient rejeter l'autorité d'hommes qui certes ne cherchaient pas à établir la vérité du christianisme sur des bases larges et solides.

« Tel est, dit Volney, l'état de l'Égypte. Enlevée depuis 23 siècles à ses propriétaires naturels, elle a vu successivement s'établir dans son sein des Perses, des Macédoniens, des Romains, des Grecs, des Arabes, des Géorgiens, et enfin cette race de Tartares connue sous le nom de Turcs Ottomans.
Les Mameloucks, achetés comme esclaves et introduits comme soldats, usurpèrent bientôt le pouvoir et s'élurent un chef. Si leur premier établissement fut un fait singulier, leur perpétuation en est un autre qui n'en est pas moins bizarre ; ils se sont régénérés par des esclaves transportés de leur pays originel.
Leur système d'oppression est méthodique. Tout ce que le voyageur voit et entend lui rappelle qu'il est dans une terre d'esclavage et de tyrannie (21). »

« Il serait impossible d'imaginer une forme de gouvernement plus absurde que celle qui condamne les naturels originaires d'un pays à une servitude perpétuelle sous une domination arbitraire d'étrangers et d'esclaves. Cependant tel a été l'état de l'Égypte depuis 500 ans.
Les sultans les plus illustres des dynasties baharite et borgite sortaient des rangs des esclaves tartares et circassiens, et les 24 beys ou commandants militaires ont toujours eu pour successeurs non leurs fils, mais leurs esclaves (22). »

Voilà les paroles de Volney et de Gibbon ; voyons quelle est la prédiction des prophètes ?
« Je désolerai le pays et tout ce qui y est par la puissance des étrangers ; moi, l'Éternel, j'ai parlé. Il n'y aura plus de prince du pays d'Égypte. »
Et elle ajoute encore :
« Il sera le plus bas des royaumes. Ils seront un royaume abaissé. »

Après un intervalle de 2,400 ans, un incrédule, mais témoin oculaire des faits, en parlant de ce pays, le décrit ainsi : « En Égypte il n'y a ni classe moyenne, ni noblesse, ni clergé, ni négociants, ni propriétaires de terres. L'étranger qui arrive est frappé d'un aspect général de ruine et de misère ; tout ce que l'on voit, tout ce que l'on entend annonce que l'on est dans le pays de l'esclavage et de la tyrannie ; c'est l'ignorance profonde de la nation qui, aveuglant les esprits sur les causes de ces maux et sur leurs remèdes, les aveugle aussi sur les moyens d'y remédier ; cette ignorance répandue dans toutes les classes étend ses effets sur tous les genres de connaissances morales et physiques. On ne parle que de troubles civils, que de misère publique, que d'extorsion d'argent, que de bastonnades et de meurtres. La justice même verse le sang sans formalité »

D'autres voyageurs encore parlent de la profonde dégradation morale du peuple égyptien et de sa complète corruption. On ne trouve plus que des cabanes et des huttes au milieu des ruines des palais et des temples. Toute l'Égypte est environnée des territoires des Turcs et des Arabes, et la prophétie qui annonce sa désolation a été littéralement accomplie : « Ils seront désolés parmi des pays désolés. Et ses villes seront désertes au milieu des villes désertes. »

Le système d'oppression, de spoliation et de rapine qui règne depuis si longtemps, et le prix que doit payer à la Porte, à son avènement, chaque pacha, ont également contribué à « désoler le pays » et tout « ce qui y est ; » et c'est ainsi que s'est littéralement accomplie la prophétie : « Le pays sera désolé par la puissance des étrangers, et je le livrerai entre les mains des gens méchants. »
Où trouver des paroles plus claires et plus précises ? quels événements semblaient moins probables ou moins possibles que ceux que les prophètes annonçaient en ces termes ? La longue suite des rois d'Égypte avait conservé sa puissance sans interruption depuis les premiers âges du monde, et cependant la prophétie annonce sa fin. La tentative faite par les incrédules pour prouver d'après les chroniques des rois d'Égypte, et d'après la durée de leurs règnes, que ce pays existait comme royaume avant l'époque que Moïse assigne au déluge, ne sert qu'à relever la nature extraordinaire de ces prédictions.
Le fait même que depuis 2000 ans l'Égypte n'avait jamais été sans roi, semblait devoir rendre impossible l'accomplissement de la prophétie, et l'expérience de 2000 ans n'a servi qu'à la vérifier. Quoiqu'elle se fût souvent rendue maîtresse de la Judée et des contrées adjacentes, cependant les prophètes juifs n'hésitèrent pas à déclarer que « le sceptre s'en irait d'entre ses mains, » et que le pays des rois (titre que lui avait mérité la longue suite non interrompue de ses monarques) n'aurait « plus de prince qui fût de son pays, » et qu'elle serait désolée à son tour par la puissance des étrangers.
Ils prédirent qu'elle serait abaissée, le plus bas des royaumes ; qu'elle serait désolée au milieu de la désolation, et qu'elle ne s'élèverait plus au milieu des nations.
Ils parlèrent de sa bassesse, de sa dégradation complète, quoique son état actuel ne ressemble pas plus à sa grandeur primitive que les cabanes et les huttes de ses habitants d'aujourd'hui ne ressemblent à ses palais et à ses pyramides. De telles prophéties accomplies d'une manière aussi remarquable ne prouvent-elles pas bien clairement qu'elles n'étaient qu'une révélation faite par Celui qui gouverne l'univers ?

En passant en revue les prophéties relatives à Babylone, à Ninive, à Tyr, à l'Égypte, comment ne pas reconnaître comme un fait certain que le sort de toutes ces villes et de toutes ces contrées démontre la vérité des prophéties ?
Comment ne pas reconnaître que toutes ces prophéties ainsi confirmées par les événements fournissent la preuve la plus décisive de la divinité de la religion chrétienne ? - Toutes ces désolations furent l'oeuvre des hommes ; les ennemis du christianisme en furent les instruments, et elles auraient également eu lieu, quand même la parole des prophètes ne les eût pas annoncées.
C'est la prédiction de ces faits, avec tant de circonstances et de détails hors de la portée de toute prévoyance humaine, qui est et qui ne peut être que la parole de Dieu. Et la ruine des empires, tout en démontrant la vérité de ces prophéties, devient par-là une confirmation miraculeuse et une preuve de l'inspiration des Écritures.

Par quelle fatalité se fait-il donc que les infidèles, comme s'ils eussent voulu mettre en évidence la faiblesse de leur cause, aient choisi pour leur champ de bataille ces contrées même où ils auraient pu lire à chaque pas l'accomplissement des oracles sacrés ? Car plus ces ruines sont grandes, plus elles confirment la vérité des Écritures ; et ce n'est pas sur cette forteresse de la foi que les incrédules peuvent arborer leur bannière.
Parmi les faits rapportés par Volney, il n'en est pas un seul qui ne soit une protestation contre son système ; il se condamne de sa propre bouche. Est-il un aveuglement plus déplorable que celui d'un auteur qui, dédaignant ou feignant d'oublier ces prophéties, essaie de tirer ses arguments contre le christianisme des faits mêmes qui en attestent l'accomplissement et en établissent ainsi la divine autorité ? Quelle évidence serait plus claire et plus décisive que celle qui ressort d'un examen détaillé des prédictions et de leur parfait accomplissement ?


(17) Vingt mille. Hérodote, 1. II, ch. CLXXVII.

(18) Marsham, Can. chron., p. 239-242.

(19) Ezéchiel, XXIX, 14, 15.

(20) Ibid., XXX, 6, 7, 13, 15.

(21) Voyage de Volney en Égypte et en Syrie, vol. I, ch. VI-VII.

(22) Gibbon, vol. VI, p. 109-110, édit. Dublin, 1789.
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