Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

CHAPITRE V.

LES ARABES.

-------

L'histoire des Arabes, qui forme un contraste si frappant avec celle des Juifs, mais qui est, comme la leur, remplie de singularités, a été prédite en termes précis et clairs.

C'est d'Ismaël qu'il est dit (24) : « Il sera semblable à un âne sauvage ; il lèvera la main contre tous, et tous lèveront la main contre lui, et il dressera ses tentes aux yeux de tous ses frères. »
« Je le ferai croître et multiplier très abondamment ; je le ferai devenir une grande nation. »

Le sort d'Ismaël est, on le voit dans ce passage, identifié avec celui de ses descendants ; et la marque distinctive de l'un est aussi celle qui sert à caractériser les autres. La vérité de l'histoire, la tradition universelle, les prétentions des Arabes eux-mêmes, la conservation d'un rite primitif à eux transmis par celui qu'ils prétendent être le premier homme de leur race, tout tend à prouver qu'ils sont les véritables descendants d'Ismaël.
L'accomplissement de la prophétie est évident. Gibbon lui-même, parlant de l'indépendance dans laquelle les Arabes se sont constamment maintenus, et cherchant, par des exceptions qu'il spécifie, à atténuer les conséquences de ce fait, admet que ces exceptions ne sont que temporaires et locales ; que le corps de la nation s'est soustrait au joug des plus puissants empires, et que les armes de Sésostris et de Cyrus, de Pompée et de Trajan ne purent jamais effectuer la conquête de l'Arabie. En supposant même que les exceptions de Gibbon fussent bien fondées et qu'elles ne perdissent pas toute valeur par le commentaire dont l'auteur les fait suivre, elles n'ôteraient rien à la vérité de la prophétie.

L'indépendance des Arabes était chose proverbiale autrefois ainsi que maintenant, et l'existence actuelle de cette nation toujours libre et indépendante, de ce peuple dont l'origine est si reculée, suffirait par elle-même à prouver que jamais il n'a été complètement soumis comme l'ont été bien certainement tous les peuples dont il était entouré, et que jamais « il n'a dressé ses pavillons qu'aux yeux de ses frères. »
Mais ce serait peu d'établir ce fait, si l'on ne pouvait encore reconnaître les descendants d'Ismaël aux traits distinctifs et inaltérables qui leur sont imprimés par le Prophète : « Ce sera un homme sauvage ; il lèvera sa main contre tous, et tous lèveront la main contre lui. »

Selon Gibbon, dont l'expression semble calquée sur celle de la Bible, les Arabes sont « un peuple armé contre le genre humain. » Le pillage est leur profession. Nul ne recherche leur alliance, car nul ne la pourrait obtenir ; et tout ce que les Turcs, les Persans ou leurs autres voisins leur demandent, c'est une neutralité chèrement achetée. Les Anglais eux-mêmes, qui ont des établissements dans presque tous les pays du monde, n'ont pénétré sur le sol des descendants d'Ismaël que pour s'en retirer, après y avoir opéré la destruction d'une forteresse qui les inquiétait. Il n'est pas vrai de dire que leurs moeurs et leur caractère soient le résultat nécessaire de la nature de leur pays. On ne les voit pas croître en civilisation, ou renoncer à leur état d'hostilité envers le reste des hommes pendant les 300 années qu'ils furent les maîtres de contrées d'une nature essentiellement différente de celle des montagnes de l'Arabie. Dans leurs conquêtes se trouvait comprise la plus grande partie de la zone tempérée ; elles s'étendaient depuis les Indes jusqu'à l'Océan atlantique et couvraient un plus vaste espace de territoire que n'en possédèrent jamais les Romains, ces prétendus maîtres du monde.
La durée de leur domination et l'étendue de leurs conquêtes auraient altéré les moeurs de tout autre peuple ; mais au pays de Shinar ou dans les vallées de l'Espagne, sur les bords du Tigre ou sur ceux du Tage, dans l'Arabie heureuse ou dans l'Arabie pétrée, les enfants d'Ismaël ont toujours conservé le caractère que leur donnent les prophètes ; ils ont toujours été un peuple nomade sinon « sauvage ; leur main a été levée contre tous. »

Les marques frappantes de la vérité de la prophétie ne sauraient être mieux présentées que dans ce passage d'un voyageur judicieux qui venait de visiter un camp arabe :
« En calculant au plus bas, dit Porter, il doit y avoir aujourd'hui plus de 3000 ans que ce peuple a les mêmes moeurs et les mêmes usages ; vérifiant ainsi en tous points ce qui avait été prédit à Ismaël le jour de sa naissance, qu'il serait dans sa postérité un homme farouche, et que ses descendants ne perdraient jamais ce caractère, quoique habitant pour toujours en présence de leurs frères (25). Qu'un peuple spirituel et actif, environné depuis tant de siècles de nations policées et qui jouissent de toutes les douceurs et de tout le luxe de la civilisation, soit encore de nos jours tel qu'il s'est montré dès sa formation, un peuple sauvage, habitant à la vue de tous ses frères (car nous pouvons donner ce nom à ses voisins) ; que rien n'ait pu ni le subjuguer ni le changer ; il y a là en effet un miracle permanent, un de ces faits mystérieux qui établissent la vérité de la prophétie (26). »

Des découvertes récentes ont aussi révélé l'existence et la conservation miraculeuse d'une race moins nombreuse, mais non moins intéressante, et formant un peuple distinct des Arabes ; d'une plante qui s'est élevée à l'ombre du majestueux cèdre d'Israël, mais qui était destinée à fleurir longtemps après que cet arbre orgueilleux aurait été renversé sur la terre (27).
« Ainsi a dit l'Éternel des armées, le Dieu d'Israël : il n'arrivera jamais qu'il n'y ait quelqu'un appartenant à Jéhonadab, fils de Réchab, qui assiste devant moi tous les jours (28). »
Les Beni-Réchab, enfants de Réchab, existent encore et forment un peuple distinct et facile à reconnaître. Ils se glorifient de leur descendance de Réchab, professent le judaïsme pur et savent tous l'hébreu. Cependant ils vivent dans les environs de la Mecque, principal siège du mahométisme, et l'on porte leur nombre à soixante mille. Ce qu'en a rapporté Benjamin Tudela, au douzième siècle (29) a été récemment confirmé par M. Wolf ; et, ainsi qu'il l'a vu lui-même, ainsi que le lui a dit un intrépide cavalier réchabite : « Il y a toujours quelqu'un qui assiste devant le Seigneur comme fils de Réchab. »


(24) Genèse, XVI, 12 ; XVII. 20.

(25) Les Juifs, les Édomites, les Moabites, les Amalékites et les Ammonites étaient en réalité les frères des Arabes, puisqu'ils descendaient comme eux d'Abraham ainsi que toutes les nations \voisines.

(26) Sir R. K. Porter, t.1, p. 304.

(27) Quarterly Review, n° 75.

(28) Jérémie, XXXV, 19.

(29) Hist. de Basnage.
Chapitre précédent Table des matières Chapitre suivant