L'histoire des Arabes, qui forme un contraste si
frappant avec celle des Juifs, mais qui est, comme
la leur, remplie de singularités, a
été prédite en termes
précis et clairs.
C'est d'Ismaël qu'il est dit
(24) : « Il
sera semblable
à un âne sauvage ; il lèvera la main
contre tous, et tous lèveront la main contre lui,
et il
dressera ses tentes aux yeux de tous ses
frères. »
« Je le ferai croître et multiplier
très abondamment ; je le ferai devenir
une grande nation. »
Le sort d'Ismaël est, on le voit dans ce
passage, identifié avec celui de ses
descendants ; et la marque distinctive de l'un
est aussi celle qui sert à
caractériser les autres. La
vérité de l'histoire, la tradition
universelle, les prétentions des Arabes
eux-mêmes, la conservation d'un rite primitif
à eux transmis par celui qu'ils
prétendent être le premier homme de
leur race, tout tend à prouver qu'ils sont
les véritables descendants
d'Ismaël.
L'accomplissement de la prophétie est
évident. Gibbon lui-même, parlant de
l'indépendance dans laquelle les Arabes se
sont constamment maintenus, et cherchant, par des
exceptions qu'il spécifie, à
atténuer les conséquences de ce fait,
admet que ces exceptions ne sont que temporaires et
locales ; que le corps de la nation s'est
soustrait au joug des plus puissants empires, et
que les armes de
Sésostris et de Cyrus, de Pompée et
de Trajan ne purent jamais effectuer la
conquête de l'Arabie. En supposant même
que les exceptions de Gibbon fussent bien
fondées et qu'elles ne perdissent pas toute
valeur par le commentaire dont l'auteur les fait
suivre, elles n'ôteraient rien à la
vérité de la prophétie.
L'indépendance des Arabes était chose
proverbiale autrefois ainsi que maintenant, et
l'existence actuelle de cette nation toujours libre
et indépendante, de ce peuple dont l'origine
est si reculée, suffirait par
elle-même à prouver que jamais il n'a
été complètement soumis comme
l'ont été bien certainement tous les
peuples dont il était entouré, et que
jamais « il n'a dressé ses
pavillons qu'aux yeux de ses
frères. »
Mais ce serait peu d'établir ce fait, si
l'on ne pouvait encore reconnaître les
descendants d'Ismaël aux traits distinctifs et
inaltérables qui leur sont imprimés
par le Prophète : « Ce sera
un homme sauvage ; il lèvera sa main
contre tous, et tous lèveront la main contre
lui. »
Selon Gibbon, dont l'expression semble
calquée sur celle de la Bible, les Arabes
sont « un peuple armé contre le
genre humain. » Le pillage est leur
profession. Nul ne recherche leur alliance, car nul
ne la pourrait obtenir ; et tout ce que les
Turcs, les Persans ou leurs autres voisins leur
demandent, c'est une neutralité
chèrement achetée. Les Anglais
eux-mêmes, qui ont des établissements
dans presque tous les pays du monde, n'ont
pénétré sur le sol des
descendants d'Ismaël que pour s'en retirer,
après y avoir opéré la
destruction d'une forteresse qui les
inquiétait. Il n'est pas vrai de dire que
leurs moeurs et leur caractère soient le
résultat nécessaire de la nature de
leur pays. On ne les voit pas croître en
civilisation, ou renoncer à leur état
d'hostilité envers le reste
des hommes pendant les 300
années qu'ils furent les maîtres de
contrées d'une nature essentiellement
différente de celle des montagnes de
l'Arabie. Dans leurs conquêtes se trouvait
comprise la plus grande partie de la zone
tempérée ; elles
s'étendaient depuis les Indes jusqu'à
l'Océan atlantique et couvraient un plus
vaste espace de territoire que n'en
possédèrent jamais les Romains, ces
prétendus maîtres du monde.
La durée de leur domination et
l'étendue de leurs conquêtes auraient
altéré les moeurs de tout autre
peuple ; mais au pays de Shinar ou dans les
vallées de l'Espagne, sur les bords du Tigre
ou sur ceux du Tage, dans l'Arabie heureuse ou dans
l'Arabie pétrée, les enfants
d'Ismaël ont toujours conservé le
caractère que leur donnent les
prophètes ; ils ont toujours
été un peuple nomade sinon
« sauvage ; leur main a
été levée contre
tous. »
Les marques frappantes de la vérité
de la prophétie ne sauraient être
mieux présentées que dans ce passage
d'un voyageur judicieux qui venait de visiter un
camp arabe :
« En calculant au plus bas, dit
Porter, il doit y avoir aujourd'hui plus de 3000
ans que ce peuple a les mêmes moeurs et les
mêmes usages ; vérifiant ainsi en
tous points ce qui avait été
prédit à Ismaël le jour de sa
naissance, qu'il serait dans sa
postérité un homme farouche, et que
ses descendants ne perdraient jamais ce
caractère, quoique habitant pour toujours en
présence de leurs frères
(25).
Qu'un
peuple spirituel et actif, environné depuis
tant de siècles de nations policées
et qui jouissent de toutes les douceurs et de tout
le luxe de la civilisation, soit
encore de nos jours tel qu'il s'est montré
dès sa formation, un peuple sauvage,
habitant à la vue de tous ses frères
(car nous pouvons donner ce nom à ses
voisins) ; que rien n'ait pu ni le subjuguer
ni le changer ; il y a là en effet un
miracle permanent, un de ces faits
mystérieux qui établissent la
vérité de la prophétie
(26). »
Des découvertes récentes ont aussi
révélé l'existence et la
conservation miraculeuse d'une race moins
nombreuse, mais non moins intéressante, et
formant un peuple distinct des Arabes ; d'une
plante qui s'est élevée à
l'ombre du majestueux cèdre d'Israël,
mais qui était destinée à
fleurir longtemps après que cet arbre
orgueilleux aurait été
renversé sur la terre
(27).
« Ainsi a dit l'Éternel des
armées, le Dieu d'Israël : il
n'arrivera jamais qu'il n'y ait quelqu'un
appartenant à Jéhonadab, fils de
Réchab, qui assiste devant moi tous les
jours
(28). »
Les Beni-Réchab, enfants de Réchab,
existent encore et forment un peuple distinct et
facile à reconnaître. Ils se
glorifient de leur descendance de Réchab,
professent le judaïsme pur et savent tous
l'hébreu. Cependant ils vivent dans les
environs de la Mecque, principal siège du
mahométisme, et l'on porte leur nombre
à soixante mille. Ce qu'en a rapporté
Benjamin Tudela, au douzième siècle
(29) a
été récemment confirmé
par M. Wolf ; et, ainsi qu'il l'a vu
lui-même, ainsi que le lui a dit un
intrépide cavalier réchabite :
« Il y a toujours quelqu'un qui assiste
devant le Seigneur comme fils de
Réchab. »
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