Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

CHAPITRE X.

PROPHÉTIES CONCERNANT AMMON.

-------

Ce pays, situé à l'est de la Palestine, anciennement peuplé par les Ammonites, et appartenant maintenant partie aux Arabes et partie aux Turcs, fut pendant plusieurs siècles une des plus populeuses et des plus fertiles contrées de l'Asie.

Les Ammonites faisaient de fréquentes invasions sur les terres d'Israël, et même, s'étant alliés une fois avec les Moabites, ils tinrent pendant dix-huit ans les Israélites sous leur joug. Jephté non seulement les délivra de leurs oppresseurs, mais s'empara de vingt villes des Ammonites.
Ils continuèrent cependant leurs attaques ; mais enfin David assiégea leur capitale et réussit à rendre leur pays tributaire. Ils reconquirent plus tard leur indépendance et la conservèrent jusqu'à ce que Jotham, roi de Juda, les ayant subjugués, exigea le paiement annuel de la somme de 100 talents et 30,000 mesures d'orge et de blé.
Ils ne tardèrent pas à recommencer la lutte avec leurs anciens ennemis, et se réjouirent des malheurs qui vinrent fondre sur eux, lorsque Nabuchodonosor se rendit maître de Jérusalem et emmena captifs ses habitants. Plus tard, quoique soumise successivement au joug des Chaldéens, des Égyptiens et des Syriens, lorsque les Romains se rendirent maîtres de toutes les provinces de la Syrie, la terre d'Ammon fut encore considérée comme riche et fertile, et plusieurs des dix cités dont se composait la célèbre Décapole se trouvèrent

Lors de la première invasion des Sarrazins, ce pays, ainsi que celui de Moab, s'était enrichi par le commerce, était défendu par une ligne de forteresses et par plusieurs villes fortes et populeuses (42). Volney dit que, dans les immenses plaines de Hauran, on rencontre des ruines presque à chaque pas, et que ce que l'on dit de sa fertilité s'accorde parfaitement avec l'idée qu'en donnent les livres hébreux (43).
Son ancienne fécondité est attestée par tous les voyageurs qui l'ont visitée ; et Burckhardt, qui y était il n'y a que quelques années, observe qu'il fallait bien que dans ce pays l'agriculture fût poussée à un haut point de perfection, pour qu'on y pût nourrir les habitants de tant de villes dont aujourd'hui on ne voit plus que les débris (44).

Ainsi donc, tandis que la fertilité du pays d'Ammon, et l'état de prospérité et de puissance dont il a longtemps joui, nous sont clairement prouvés par le témoignage de l'histoire et par des preuves encore existantes, les recherches de plusieurs voyageurs modernes, qui ont visité ces régions uniquement dans un but d'études géographiques, nous ont fait connaître le triste état de désolation de cette partie de la Syrie.

« Fils de l'homme, dit la prophétie contre Ammon, dresse ta face contre les enfants d' Ammon et prophétise contre eux. Je livrerai Rabba pour être le repaire des chameaux, et le pays des enfants d'Ammon pour être le gîte des brebis. Voici, j'étendrai ma main sur toi, et je te livrerai pour être pillée parmi les nations ; je te retrancherai d'entre les peuples, et je te ferai périr d'entre les pays, en sorte qu'on ne fera plus mention des enfants d'Ammon parmi les nations. - Rabba sera réduite en un monceau de ruines. Ammon sera un lieu de désolation à jamais. - Les enfants d'Ammon seront comme Gomorrhe, un lieu couvert d'orties, et une carrière de sel et de désolation à jamais (45). »

Ammon devait être « livrée pour être pillée par les nations » ; elle devait être détruite, et un lieu de désolation à jamais.
Toute cette contrée, autrefois si peuplée et si florissante, est changée aujourd'hui en un vaste désert (46). On n'y rencontre que des monceaux de ruines. Le pays est partagé entre les Turcs et les Arabes, et ces derniers en ont la partie la plus considérable. Les extorsions des uns et les brigandages des autres le tiennent « dans une désolation permanente, et en font la proie des nations ».
La plus grande partie en est entièrement inhabitée ; on n'y rencontre que des Arabes vagabonds, et les villes et les villages ne sont que des ruines (47). À chaque pas on trouve des vestiges d'anciennes villes, des restes de temples, d'édifices publics et d'églises grecques ; les villes sont désertes (48). Un grand nombre de ces ruines n'offrent rien d'intéressant ; ce sont des murs d'habitations particulières, des tas de pierres, des fondations d'édifices publics, et quelques citernes comblées ; et quoiqu'il ne reste rien d'entier, à en juger par les fragments énormes dont se composent ces débris, il paraît que le mode de construction alors en usage était d'une grande solidité. Dans le voisinage d'Ammon est une plaine fertile semée de petites éminences, dont la plupart sont couvertes de ruines (49).

Dans ce pays ainsi nu et désolé, on trouve ça et là quelques vallées verdoyantes qui servent de retraite aux Bédouins, et où ils font paître leurs chameaux et leurs moutons (50). Sur toute la route que nous suivîmes, dit Seetzen, nous vîmes des villages ruinés, et nous rencontrâmes nombre d'Arabes avec leurs chameaux.

M. Buckingham, en décrivant un bâtiment aux environs des ruines d'Ammon, dit : Il était évidemment composé de divers matériaux appartenant à des ruines de quelques anciens édifices. En y pénétrant par le côté du sud, nous arrivâmes dans un carré ouvert, entouré de chaque côté par des renfoncements voûtés, tournés vers les quatre points cardinaux.
Ces renfoncements, du côté des murs du nord et du sud, formaient jadis des corridors, et avaient des ouvertures vis-à-vis les unes des autres ; mais nous trouvâmes la première complètement fermée, et la seconde n'ayant qu'un passage très étroit par lequel les bergers arabes font entrer leurs troupeaux pour y passer la nuit.
Il raconte encore qu'il se coucha au milieu des troupeaux de brebis et de chèvres, et que pendant la nuit il put à peine prendre un instant de sommeil à cause des bêlements des moutons (51).
Ainsi, il est littéralement vrai, quoique Seetzen, Burckhardt et Buckingham ne fassent point allusion aux prophètes, et qu'ils n'aient point voyagé dans l'intention d'en vérifier l'accomplissement, que « la principale ville des Ammonites est le repaire des chameaux et le gîte des brebis. »

« On ne fera plus mention des enfants d'Ammon parmi les nations. »
Les Juifs, longtemps leurs ennemis héréditaires, quoique dispersés parmi toutes les nations, sont toujours aussi distincts et aussi séparés que jamais ; partout on peut les reconnaître, tandis qu'il ne reste aucune trace des enfants d'Ammon. Ils existèrent cependant longtemps encore après que leur destruction eut été prédite, car ils conservaient leur nom et formaient encore, selon un ancien auteur chrétien, un peuple nombreux dans le second siècle de l'ère chrétienne (52).
« Cependant ils ont été retranchés d'entre les peuples. Ammon a péri d'entre les « pays, il est détruit. » Aucun peuple n'est attaché à son sol, aucun peuple ne le regarde comme sa patrie, on ne porte plus son nom, et « on ne se souvient plus des enfants d'Ammon parmi les nations. »

Six cents ans avant Christ, Jérémie avait écrit : « Rabba (Rabba Ammon, la principale ville d'Ammon) sera détruite en un monceau de ruines. »
Il y avait plusieurs siècles qu'elle existait ; située sur les bords d'une grande rivière, au milieu d'une contrée fertile, défendue par son assiette naturelle, et fortifiée par l'art, rien ne paraissait justifier le soupçon, rien ne pouvait faire présager que la ville royale d'Ammon dût être tellement détruite et changée, et devenir un jour un monceau de ruines. Il y avait déjà plusieurs siècles qu'elle jouissait d'une prospérité non interrompue lorsque les prophètes d'Israël annoncèrent son sort, et maintenant un laps de temps non moins long a confirmé la vérité des paroles prophétiques, et Ammon n'est plus qu'un monceau de ruines, qu'une désolation continuelle. Les Arabes conservent encore l'ancien nom de Rabba, et la place qu'elle occupait est couverte de débris d'habitations particulières dont il ne reste que les fondations et quelques jambages de portes. Toutes les parties des édifices exposées à l'action de l'atmosphère sont en ruines (53). Les édifices publics qui jadis servaient à fortifier ou à embellir la ville sont maintenant déserts, et les ruines les mieux conservées, dégradées par les spoliations continuelles des Arabes errants, ne sont plus propres qu'à être des étables de chameaux.
Mais ces palais ruinés, ces débris sans forme et sans beauté, peuvent concourir à un plus noble but que bien des monuments magnifiques, puisqu'ils rendent témoignage de la vérité des Écritures et de l'immutabilité de la parole de notre Dieu.

Il ne sera donc peut-être pas sans intérêt d'entrer dans plus de détails.
Seetzen, que son ardeur infatigable porta à parcourir le premier, malgré tous les dangers de la route, les contrées à l'est du Jourdain, et à l'est et au sud de la Mer Morte, autrement les pays d'Ammon, de Moab et d'Edom, dit : Ammon était la résidence de beaucoup de rois, ville antique et florissante, longtemps avant le temps des Grecs et des Romains, et même avant celui des Hébreux (54). Quoique cette ville soit détruite et abandonnée depuis plusieurs siècles, j'y ai trouvé encore quelques ruines remarquables, qui attestent son ancienne splendeur. Je citerai,
1° un édifice carré dont les ornements sont d'une richesse extraordinaire, et qui a peut-être été un lieu de sépulture ;
2° un grand palais ;
3° un magnifique amphithéâtre ayant un péristyle de colonnes corinthiennes ; 4° un temple païen avec de très belles colonnes ;
5° une grande église bâtie par les chrétiens, peut-être le siège d'un évêque, du temps des empereurs grecs ;
6° les ruines d'un temple entouré de colonnes d'une grosseur prodigieuse ;
7° quelques portions des anciennes murailles et plusieurs autres édifices (55).

Burckhardt, qui visita plus tard le même site, décrit avec plus de détails ce qu'il a vu sur l'emplacement de Rabba. Il donne un plan de ces ruines et parle des restes de plusieurs temples, d'une église très spacieuse, d'un mur circulaire, d'un pont dont les arches sont très élevées, des bords et du lit d'une rivière encore pavée dans quelques endroits, d'un vaste théâtre, de majestueuses colonnades, d'un château très ancien et jadis très fort, de plusieurs citernes, d'une plaine jonchée de ruines d'édifices particuliers (56), et de monuments d'une grandeur passée, qui s'élèvent au milieu d'un monceau de désolation.


(42
) Gibbon, vol. V.

(43) Volney.

(44) Burckhardt, p. 357.

(45) Ezéch., XXV, 2, 5, 7, 10 ; XXI, (27) 32. - Jér. XLIX, 2. - Soph., II, 9.

(46) Seetzen, p. 34.

(47) Ib., p. 87.

(48) Burckhardt, p. 27, 36, 44.

(49) Burckhardt, p. 355, 357, 364.

(50) Buckingham, p. 329. 

(51) Ibid., Voyages parmi les tribus arabes, p. 72-73, etc. 

(52) Justin, Martyrs, p. 392.

(53) Burckhardt, p. 359. 

(54) Courte description des pays voisins du lac de Tibériade, du Jourdain et de la Mer Morte, par M. de Seetzen, conseiller d'ambassade de S. M. l'empereur de Russie, p. 35 et 36. 

(55) Seetzen, p. 35-36. 

(56) Burckhardt, p. 358, etc. 
Chapitre précédent Table des matières Chapitre suivant