Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

CHAPITRE XII.

PROPHÉTIES CONCERNANT EDOM OU L'IDUMÉE.

suite

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L'aridité du sol et la désolation de la ville, près de laquelle aucun être vivant n'habite, semble vérifier la malédiction prononcée contre elle. « O toi qui habites dans le creux des rochers, et., Edom sera réduite en désolation (28). »

Parmi les ruines de Pétra, les mausolées et les tombeaux sont ce qu'il y a de plus remarquable ; ils attestent le long règne de la royauté et l'ancienne grandeur et l'opulence du royaume ; et leur nombre immense est en accord avec la nomenclature que font Moïse et Strabon des rois et des princes de l'Idumée, pendant les quinze siècles qui se sont écoulés entre leurs récits. L'architecture de beaucoup de sépulcres démontre aussi qu'ils sont d'une date plus moderne.
Quelle ne doit pas avoir été, dit Burckhardt, l'opulence d'une ville qui pouvait ériger de semblables monuments à la mémoire de ses princes (29! Mais cette longue race de rois et de grands a été depuis bien des siècles retranchée de l'Idumée ; ils n'ont rien laissé pour les représenter sur la terre, excepté une multitude de tombeaux magnifiques, mais inconnus et presque invisibles.
« Les magistrats crieront qu'il n'y a plus là de royaume, et tous les gouverneurs seront réduits à rien. »

Au milieu de tous ces mausolées, de ces tombeaux, de ces restes de temples et de palais qui forment, pour ainsi dire, un vaste tombeau où l'ancienne splendeur de l'Idumée gît enterrée, on découvre encore des vestiges d'architecture grecque ou romaine qui font voir que ces édifices ont été construits longtemps après le temps des prophètes. « Ils rebâtiront ; mais je détruirai. » Jusqu'à présent les seuls renseignements que nous possédions sur l'état actuel de l'Idumée nous ont été donnés par Volney, qui les avait recueillis des Arabes, et quoique son témoignage ne fût pas suspect, cependant il n'était pas suffisamment détaillé pour nous faire distinguer les traits particuliers et prophétiques. Mais depuis lors, Burckhardt et les capitaines Irby et Mangles nous ont communiqué, d'après leurs observations personnelles, des détails qui jettent une grande lumière sur ce sujet et qui nous font connaître le fait remarquable des ruines d'une ville taillée, pour ainsi dire, dans le roc, et située au milieu d'un désert.

Lorsque dans les rues de Jérusalem le peuple fit entendre le cri : « Hosanna au fils de David ! » et que quelques-uns des Pharisiens dirent a Jésus : « Maître, reprends tes disciples, » il répondit : « Si ceux-ci se taisent, les pierres même crieront » ; de même, de nos jours, où l'incrédulité règne sur tant de villes et parmi tant de peuples qui rejettent l'autorité du Dieu d'Israël, et repoussent sa parole, les anciennes nations et les anciennes villes comparaissent de nouveau sur la scène comme des témoins ressuscites des morts, et qui viennent montrer la puissance que cette même parole a exercée sur leur sort, et elles crient aux nations de la terre de prendre garde de ne pas devenir à leur tour des monuments de la colère qu'elles ont méprisée.
Lorsque les hommes ne voulurent pas entendre des Hosannas au fils de David, et refusèrent de rendre hommage au nom du Christ, les déserts et les rochers élevèrent leur voix, et se joignirent aux prophètes pour rendre témoignage à Jésus ; de même on a de nouveau entendu parler la capitale de l'Idumée, ainsi que d'autres capitales, et les rochers même font entendre un cri qui peut parvenir jusqu'aux extrémités de la terre.

L'auteur de cet ouvrage n'osait pas espérer, quand il entreprit de comparer les prophéties relatives à Edom avec les renseignements que Volney était parvenu à en donner, qu'il se passât si peu de temps avant que l'accomplissement de ces prédictions fût devenu évident à tous les yeux, sans même qu'il fût nécessaire de dire : « Venez et voyez. »
Mais maintenant il peut en appeler à la vue aussi bien qu'à l'intelligence de l'homme ; car, au moment même où ces pages étaient sous presse, il a reçu les six premières livraisons d'un ouvrage intitulé : « Voyage de l'Arabie Pétrée par MM. Léon de Laborde et Linant (30). »
Ces livraisons contiennent de magnifiques gravures, toutes relatives aux ruines de Pétra, et il suffirait de les accompagner d'un passage de l'Écriture Sainte, pour faire des beautés de l'art, de puissants auxiliaires des intérêts de la religion. Ce magnifique ouvrage est maintenant terminé, et M. de Laborde, avec une bienveillance que nous aimons à publier ici, en lui témoignant notre sincère reconnaissance, nous a permis de copier plusieurs de ses planches pour les insérer dans ce volume.
Ainsi donc, au lieu d'en être réduits, comme jusqu'à ce jour, à quelques maigres renseignements, on n'a maintenant qu'à jeter les yeux sur Edom, et l'on peut voir à quel point « le cordeau de confusion et le niveau du désordre » ont été étendus sur lui.
Nous pouvons de la même manière contempler les ruines de la capitale de cet Edom, dont jusqu'à présent nous ignorions même l'existence. Toutes ces gravures font foi de son ancienne magnificence et du travail inconcevable qu'il a fallu, pendant une longue suite de siècles, pour construire cette multitude d'habitations, de tombeaux et de temples creusés dans le roc. La vérité ne parle donc point « par des lèvres trompeuses » ni par la bouche d'un sceptique ; mais ce sont les rochers même qui prennent la parole, ce sont ces habitations pratiquées dans leurs profondeurs, par le travail du ciseau, et par les efforts de l'architecte, qui disent que les habitants de Pétra bâtirent postérieurement à l'ère des prophètes, mais que tous ces édifices, d'architecture grecque ou romaine, et d'autres plus anciens encore couvrent la vallée de leurs ruines, et montrent par leurs débris que l'arrêt prononcé contre eux devait s'accomplir, et que « tout a été détruit. »


Ruine d'un temple (Pétra)
Malachie I, 4; Jérémie 49: 16

 

La vue topographique de la contrée d'Edom, prise depuis d'El Nakb, montée escarpée au sud du Mont Hor et de Pétra, nous montre que l'Idumée n'est que désolation, « désolée de génération en génération, » et que le pays qui avait été donné à Esaü comme étant « la graisse de la terre, » et dans lequel on construisit une multitude de villes, est maintenant « fouillé, » et que « le cordeau de confusion et le niveau du désordre « ont été partout étendus. »

Sur la gauche du dessin, dit M. de Laborde, en remontant vers le milieu, s'étend l'Ouadi-Araba, longue plaine de sable qui descend de la Mer Morte à la Mer Rouge, dans une direction régulière et continue.
On doit reconnaître, comme je l'ai déjà dit, dans cette disposition le lit d'un fleuve, et celui du Jourdain, avant l'éruption volcanique qui forma le bassin actuel de la Mer Morte.
Sur la rive droite, à l'ouest, s'y joint l'Ouadi Gebb, vallée par laquelle les Fellahs de Pétra se rendent à Gaza. En appuyant à l'est (à la droite du dessin ) on remarque, au milieu d'une petite plaine, le rocher isolé d'El Aase, surmonté d'un tombeau dont j'ai parlé plus haut.

Plus à droite un rocher, formant comme le premier rempart aux environs de Pétra, s'élève en forme de cône : un arbre le domine. En suivant la même direction, on rencontre le mont Hor, le plus haut rocher de la contrée, au sommet duquel est construit le Tombeau d'Aaron. C'est à l'est de ce piton, enclavé au milieu des rochers dont les masses semblent, en s'amoncelant, s'être resserrées davantage, qu'est bâtie la ville de Pétra, capitale des Nabathéens. Ce tableau, espèce de demi-panorama, est terminé par la grande chaîne de montagnes qui sépare l'Arabie Pétrée de l'Arabie déserte.

Le témoignage de M. de Laborde rehausse encore la valeur de ces précieux dessins. De l'élévation d'El Nakb, on peut juger, dit-il, de l'aspect général du pays, dont le triste et lugubre caractère est difficile à reproduire à l'aide du crayon, et il ajoute : Plusieurs prophètes avaient annoncé le malheur de l'Idumée, mais la forte parole d'Ezéchiel peut seule s'élever à la hauteur de cette grande désolation. »

« La parole de l'Éternel me fut encore adressée, et il me dit : Fils de l'homme, dresse ta face contre la montagne de Séhir et prophétise contre elle : il lui dit : Ainsi a dit le Seigneur l'Éternel : Voici, je viens à toi, ô montagne de Séhir ! et j'étendrai ma main contre toi, et te réduirai en désolation et en désert. Je réduirai tes villes en déserts, et tu ne seras que désolation. Et je remplirai tes montagnes de tes gens blessés à mort ; les hommes blessés à mort tomberont dans tes coteaux, et dans tes vallées, et dans tes torrents. Tu seras désolée, ô montagne de Séhir ! et même toute l'Idumée entièrement ; et on connaîtra que je suis l'Éternel (31). »


Colonne isolée dans Ouda Mousa
Jérémie 49: 16

 

Ruine d'un arc de triomphe (Pétra)
Malachie I, 4

 

Une des gravures données par M. de Laborde est surtout remarquable ; on y voit le caractère unique de ce pays, et par lequel Pétra se distingue de tout autre pays dont l'histoire nous fasse connaître l'existence.
L'intention principale de l'artiste était d'y représenter une colonne isolée, mais en même temps on y voit, en partie, l'Ouadi Mousa avec les rochers en perspective. - La longue muraille de rochers qui s'étend sur la droite, restreinte dans ce petit cadre, étonne encore par la prodigieuse quantité de tombes qui ornent ses parois : qu'on se figure l'impression que produit dans la nature ce tableau, quand le silence de la mort en est le seul accompagnement.

Dans la perspective, la distance rapetisse des excavations percées à une si grande hauteur, et cela même fait ressortir la vérité de la description du prophète, quand il dit que les habitants font leur nid haut comme celui de l'aigle.

Dans la note qui accompagne la vue des ruines d'un temple, il est dit que, bien qu'on voie à Pétra, outre de nombreux et gigantesques tombeaux taillés dans le roc, un grand nombre de monuments dont les ruines attestent la beauté et la magnificence, il n'y a que celui-là qui ait résisté aux ravages du temps. Situé à l'ouest de la ville et sur le bord de la rivière il présente, bien qu'en ruines, une masse imposante et riche en détails d'architecture. Il m'a paru intéressant à reproduire, dit M. de Laborde, parce qu'il présente une frise et une corniche de bon goût et qui peuvent en indiquer le style.

Une autre planche représente les ruines d'un arc de triomphe, sous lequel on passait pour arriver à une place, espèce de forum, et au temple qu'on trouve plus loin. On voit à travers l'arcade du milieu le pavé antique ; dans celle de droite, la rivière d'Ouadi Mousa qui s'enfonce entre les rochers. Les ornements des pilastres qui subsistent rappellent l'arc de triomphe qui termine la colonnade de Palmyre à l'est ; tous les débris et quelques fragments en bas-reliefs qu'on retrouve sur le sol permettraient une restauration de ce monument.

Un des dessins, celui qui donne une vue d'un tombeau corinthien, sert en même temps de vue générale de Pétra, au nord-est, et reproduit dans un sens inverse la ligne des monuments qu'on remarque dans la vue générale prise du sud-ouest. On distingue dans le fond le théâtre et les rochers qui le dominent, au haut desquels on aperçoit un point en forme d'obélisque, espèce de signal qui se voit de tous les points de la ville.

L'ouvrage de M. de Laborde contient plusieurs tableaux des tombeaux de Pétra, d'une magnificence vraiment étonnante. - Sur un de ces édifices, nous trouvâmes, dit-il, une inscription latine en trois lignes, gravée sur l'entablement. Celte inscription, outre qu'elle est la seule que nous ayons découverte à Pétra, est importante en ce qu'elle nous donne le nom d'un magistrat, Quintus Praetextus Florentinus, qui mourut dans cette ville, étant gouverneur de cette partie de l'Arabie. Elle paraît être du temps d'Adrien ou d'Antonin-le-Pieux, c'est-à-dire plusieurs siècles après les dernières prédictions.

La description qui accompagne les vues du Khasne, l'une prise sous le péristyle et l'autre en face, est terminée par ces paroles : Quel est donc ce peuple qui ouvrait la montagne pour y apposer ainsi le sceau de sa force et de son génie ? Et quel est ce climat qui dore de ses rayons les formes gracieuses de ces sculptures, sans permettre à ses hivers d'en rompre les vives arêtes, d'en amoindrir le haut relief ? Tout se tait ; car dans cette solitude la chouette seule a conservé son cri plaintif, et l'Arabe passe en regardant avec indifférence des travaux si habilement exécutés, en pensant avec mépris à l'inutilité de tant d'efforts, pour un but qu'il ne cherche même pas à comprendre.


Tombeaux corinthiens

 

Tombeau avec inscription latine (Pétra)

 

« On les appellera le pays de méchanceté. »
Strabon fait remarquer le contraste qui existe entre l'humeur tranquille des citoyens de Pétra et le caractère turbulent des habitants étrangers ; la bonne intelligence qui régnait parmi le peuple faisait l'admiration d'Athénodore. L'or pur est changé ; on ne trouve plus maintenant un semblable peuple.
Burckhardt, quoiqu'il voyageât comme les Arabes, vivant dans leur société, se soumettant à toutes leurs privations, parlant parfaitement leur langue et connaissant toutes leurs habitudes, se vit réduit sur la terre d'Idumée à la seule condition qui garantit la vie du voyageur du désert ; il se dépouilla de tout ce qui pouvait attirer l'attention ou exciter la cupidité, et cependant on lui prit jusqu'aux lambeaux d'étoffe dont il s'était enveloppé les chevilles des pieds, blessés par le voyage (32).
Les Arabes de cette contrée ont la réputation, dit-il, d'être des voleurs entreprenants. De même, un Motselim, qui était au service depuis vingt ans, assura les capitaines Irby et Mangles et les voyageurs qui les accompagnaient (en présence du gouverneur de Jérusalem) que les Arabes d'Ouadi Mousa « sont une race cruelle et traîtresse. » Il ajouta qu'ils ne se feraient pas scrupule de se servir du sang des Francs pour en composer un remède.

Ils purent s'assurer que cette réputation de méchanceté et de cruauté n'était pas exagérée, non seulement par les dangers qu'ils eurent eux-mêmes à essuyer, mais encore en apprenant sur les lieux que plus de trente pèlerins venant de la Barbarie avaient été massacrés à Pétra, l'année précédente, par les habitants d'Ouadi Mousa (33). Les Arabes des déserts limitrophes, comme nous l'avons déjà vu, n'osent pas s'approcher d'eux ; et les Arabes des environs d'Akaba, vers les frontières méridionales de l'Idumée, sont, à ce que disent Pococke et Burckhardt, un peuple fort méchant ; c'est une horde d'insignes voleurs faisant continuellement la guerre à toutes les autres tribus (34).
Ces témoignages, rendus sans intention, prouvent assez que l'Idumée est en effet « le pays de méchanceté ».

« Les épines croîtront dans ses palais, les chardons et les buissons dans ses forteresses. »
Sans examiner en détail l'accomplissement littéral de cette prophétie, il suffira de dire que les chameaux des Bédouins se nourrissent des branches épineuses du Talh (gommier arabique) dont ils sont très friands ; que les grandes épines de ces arbres sont extrêmement incommodes pour les Bédouins ainsi que pour leurs troupeaux, et que dans plusieurs parties de l'Idumée elles sont en si grande abondance que chaque Bédouin porte à sa ceinture une paire de petites pinces pour arracher les épines qui peuvent lui entrer dans les pieds (35).

Nous pouvons maintenant puiser dans le récit de M. de Laborde un témoignage plus direct encore : en parlant de l'état actuel de Pétra, il dit que les épines s'élèvent aussi haut que les colonnes, que des plantes épineuses cachent aux yeux les vestiges des travaux de l'homme ; l'épine ou les buissons grimpent au sommet des monuments, croissent sur leurs ruines, et cachent la base des colonnes. « Les épines croîtront dans ses palais, les chardons et les buissons dans ses forteresses. »

« Je te ferai petit entre les nations et méprisable entre les hommes. »
Quoique le pays de la méchanceté, et la retraite de bandits fameux parmi les Arabes par leur rapacité et leur cruauté, cependant, comparée aux autres nations, l'Idumée est véritablement petite, et sans population fixe, puisque tous ceux qui vivent dans ses limites n'ont ni habitations permanentes, ni moyens de subsistance assurés. À ces superbes édifices dont s'enorgueillissait jadis cette contrée, ont succédé quelques huttes rares et misérables ; et toutes petites et basses qu'elles sont, elles ne paraissent exister que dans une très petite partie de l'Idumée ; dans tous les autres endroits où les Arabes vont à la recherche de pâturages pour leurs troupeaux, ils n'ont que des tentes pour abri. Celles qui appartiennent aux tribus les plus florissantes sont quelquefois nombreuses et grandes ; mais elles ne forment que de chétives habitations, et beaucoup d'entre elles sont basses et étroites. »

Près des ruines de Pétra, Burckhardt vit un camp arabe, dont la plupart des tentes étaient les plus petites qu'il eût jamais vues, n'ayant qu'environ quatre pieds de hauteur et dix de longueur ; et vers la limite sud-ouest de l'Idumée il rencontra quelques voyageurs errant sans tentes, et n'ayant d'autre abri contre les rayons brûlants du soleil et la forte rosée de la nuit que les minces branches des Talhiers.

Les moyens de subsistance des Bédouins sont souvent aussi précaires que leurs habitations sont frêles ; leurs seuls biens consistent dans des troupeaux qu'ils nourrissent, ou qu'ils enlèvent dans des régions plus abondantes ; et dans le même pays où, pendant si longtemps, le commerce semblait concentrer ses richesses, et par lequel passaient tous les trésors d'Ophir, il ne reste plus aucune industrie, si ce n'est la misérable occupation des tribus vagabondes, celle de recueillir la gomme parmi les épines. Combien Edom est « petit parmi les nations, et combien il est méprisé ! »
Lorsqu'on entend les autorités de Constantinople prétendre ne pas la connaître et déclarer ne pouvoir indiquer les ruines de cette capitale, jadis rivale de Rome, lorsqu'on raconte que la ville de Pétra est oubliée et inconnue parmi les représentants des paysans de Byzance, le mépris peut-il aller plus loin ?

« Quant à Edom, ainsi a dit l'Éternel des armées : N'est-il pas vrai qu'il n'y a plus de sagesse dans Théman ? Le conseil a manqué à ses habitants. Ne ferai-je pas périr les sages au milieu d'Edom, et la prudence dans la montagne d'Esaü ? »
Malgré sa dégradation actuelle, Edom pourrait se faire reconnaître comme ayant été le premier siège de la science, aussi bien que le centre du commerce.
Isaac Newton, dont le savoir chronologique est reconnu, et qui peut être considéré comme juge compétent, parle de l'Idumée comme du berceau des arts et des sciences, et appuie ces faits sur des preuves tirées de l'histoire sacrée et profane. - Les Égyptiens, dit-il, ayant appris l'art des Édomites, commencèrent à observer la position des astres et la durée de l'année solaire, afin de pouvoir toujours reconnaître la position des étoiles, et se diriger par ce moyen, même en pleine mer. Ce fut là le commencement de l'astronomie et de la navigation (36). Il paraît que l'invention des lettres, de l'astronomie, et de l'architecture nautique, est due aux marchands de la Mer Rouge, et qu'elles se répandirent par l'Arabie Pétrée en Égypte, en Chaldée, en Syrie, dans l'Asie Mineure et en Europe (37).

Tandis que le philosophe rend ainsi hommage au savoir de l'Idumée, l'admirateur du vrai génie et l'homme véritablement pieux ne trouveront dans aucun pays un plus riche trésor de poésie élégiaque, d'éloquence passionnée, ou de profonde piété, que dans ce livre de Job que l'Idumée a présenté au monde.
Là, nous voyons dans un langage pathétique et sublime tout ce que l'homme peut sentir, tout ce qu'il peut éprouver de souffrances physiques ou de douleurs morales ; tout ce que son corps peut endurer de misères ; tout ce qu'il peut perdre de bonheur ; tout ce qu'il est donné à l'esprit mortel de comprendre sur les oeuvres de Dieu, sur la prescience et la toute puissance de l'Éternel, et sur les avis mystérieux de la Providence ; là, pour la première fois, la sagesse humaine parle d'Arcture, d'Orion, et des Pléiades ; là, on trouve ce dévouement de l'âme, cette immortalité de l'espérance, cette patience qui ne s'altéra jamais, même quand le coeur se brisait à force d'angoisses, et qui s'écrie encore : « Voilà, quand il me tuerait, je ne laisserais pas d'espérer en lui. » (Job, XIII, 15.)

« Mais, pourrait-on encore demander, la sagesse a-t-elle disparu du milieu d'Edom ? »
À cela la réponse est courte et précise ; « oui, elle en a disparu. » L'esprit des Bédouins est aussi peu cultivé que les déserts qu'ils traversent. La sagesse pratique est en général ce que l'homme apprend en premier, et ce qu'il retient en dernier ; mais le simple fait que déblayer quelques décombres, pour faciliter l'écoulement des eaux dans quelque ancienne citerne, qui par-là leur deviendrait utile, est une entreprise à la hauteur de laquelle ne sauraient s'élever les vues des Arabes vagabonds, nous montre assez clairement que leur sagesse s'est évanouie. Ils regardent les antiques monuments qui les entourent, non seulement avec étonnement, mais encore avec superstition, comme étant l'ouvrage des génies. Chaque Européen est à leurs yeux un magicien, et ils croient qu'il lui suffit de jeter les yeux sur l'endroit où ils auraient caché leurs trésors pour qu'il puisse ensuite commander au gardien dudit trésor de le lui remettre (38).
Dans Théman, qui conserve encore une existence précaire, les habitants, curieux de s'instruire, n'en trouvent pas le moyen. Le Coran fait leur seule étude, et contient la substance de toute leur sagesse. Ce serait vainement qu'on chercherait aujourd'hui parmi eux un Thémanite qui pût discourir avec la sagesse d'Eliphaz, quoique Job ne le trouvât qu'un faible consolateur. « Il n'y a plus de sagesse dans Théman, ni de prudence dans la montagne d'Esaü. »

Ainsi nous voyons d'un côté quelle fut l'ancienne sagesse des habitants d'Edom, et de l'autre quelle est sa désolation universelle ; mais aussi nous verrons par la suite qu'elle sert encore de repaire à des créatures que Dieu avait désignées dans sa parole. Et tout insignifiant que cela peut paraître aux esprits incrédules qui veulent toujours soumettre la vérité à la mesure de leurs étroites facultés, et faute d'autres armes, entreprennent de jeter du ridicule sur tout ce qui dépasse les bornes de leur faible entendement, les détails suivants, renfermés dans la parole de Dieu, font encore comprendre à celui qui veut se donner la peine de les examiner, qu'ils ne peuvent provenir que de Celui qui sait toutes choses, et qui assigne à toute créature son occupation et sa demeure.
Peut-être cette nouvelle mortification servira-t-elle à ouvrir l'intelligence de l'incrédule, et à lui faire sentir quelle est la force et la vérité de cette parole qui donne la vie.
« Et le cormoran et le butor la posséderont ( l'Idumée ) ; le hibou et le corbeau y habiteront ; elle sera le repaire des dragons et le parvis des chats-huants. Là, les bêtes sauvages des déserts rencontreront les bêtes sauvages des îles, et la chouette criera à sa compagne ; là même se reposera l'orfraie et elle y trouvera du repos. Là, le martinet fera son nid, il y couvera, il y éclora, et il recueillera ses petits sous son ombre, et là aussi seront assemblés les vautours l'un avec l'autre.
Recherchez au livre de l'Éternel, et lisez ; il ne s'en est pas manqué un seul point ; « celle-là ni sa compagne n'y a point manqué, car c'est ma bouche qui l'a commandé, et son Esprit est celui qui les aura assemblées. Car il leur a jeté le sort, et sa main leur a distribué cette terre au cordeau. Ils la posséderont à toujours ; ils y habiteront d'âge en âge. - J'ai mis les montagnes d'Esaü en désolation, et son héritage pour les dragons du désert (39»
La précision des prophéties est telle, leur langage est si éloigné de toute ambiguïté, et les événements qu'elles annoncent sont si bien détaillés, qu'il est presque inutile de faire observer que ces différents animaux ne devaient pas posséder dans le même degré la terre d'Edom.
Quelques-uns d'entre eux devaient s'y reposer, d'autres s'y assembler.
Le martinet et le vautour devaient y faire leur nid, les dragons devaient en faire leur habitation, tandis que, du cormoran et du butor, il est dit qu'il la posséderont.
N'est-il pas plus que singulier, malgré le peu de renseignements que nous possédons sur l'Idumée, que, lorsque nous fîmes des recherches pour découvrir si véritablement il ne manquait pas quelqu'un de tous ces animaux, la première lumière que nous reçûmes des frontières d'Edom se rapportât précisément à l'animal dont il est fait mention en premier dans la prédiction ?
On admettra sans difficulté que, dans un pays où un animal quelconque est inconnu, on ne puisse pas donner une traduction convenable de son nom, et que, pour le désigner ou le spécifier, il faille se reporter à son nom primitif, et à l'histoire du pays où il a été connu ; et sans qu'il y ait aucune difficulté par rapport au nom, ou au besoin de le traduire, il paraît que le mot même de l'original, avec une très légère variation, en raison de la ressemblance entre l'hébreu et l'arabe, est encore employé par les Arabes pour désigner l'oiseau dont on peut dire littéralement qu'il « possède le pays ».

Lorsque Burckhardt est en Moab, dans le dernier village voisin des limites d'Edom, il énumère les différents animaux qui se trouvent dans ce territoire, et particulièrement dans Shera, un des districts de l'Idumée ; il ajoute qu'on y rencontre une multitude innombrable d'oiseaux appelés katta (40) Ils volent en si grandes troupes, dit-il, que souvent il suffit aux petits Arabes d'y jeter un bâton pour en tuer deux ou trois d'un même coup (41).
Quelqu'un objecterait-il ici que ce n'est pas chose bien étonnante qu'il se trouve dans un pays un oiseau particulier, qu'il y fasse sa demeure depuis nombre de siècles, et qu'un tel fait ne sort pas du tout des limites des probabilités humaines ? Nous répondrons que nous admettons la possibilité de ce fait pour presque toutes les parties du globe ; mais qui vit jamais, dans un autre pays que celui-ci, des oiseaux sauvages se grouper en telle quantité qu'un enfant peut en tuer deux ou trois d'un même coup ? et cette circonstance est notée, non point comme un incident extraordinaire, mais comme un fait habituel dans le pays.
Or, qui entendit jamais parler d'une particularité semblable dans une autre contrée, non pas près de la mer, où les oiseaux s'assemblent communément en grand nombre sur les rochers, mais au milieu d'un vaste pays plat dont ils ont pris possession ? Et quand même les recherches des voyageurs modernes parviendraient à nous faire connaître un autre pays où la même singularité existe, qui donc pourrait découvrir dans les annales de l'antiquité une prédiction par laquelle elle fût annoncée et constatée ? À quelle contrée maintenant peuplée pourrait-on prédire un semblable avenir ? et où est le prophète capable de distinguer un pays d'entre tous, et de désigner, parmi la multitude des oiseaux du ciel, celui qui le possédera le premier et en plus grand nombre ? On n'a point encore de preuves de l'existence du butor (kephud) qui devait aussi posséder la terre d'Edom ; mais la parole de vérité peut en appeler à d'autres faits inconnus à l'histoire, mais écrits dans les prophéties et ainsi depuis longtemps révélés.

« Le hibou et le corbeau y habiteront. »
Le hibou et le corbeau en ont fait leurs demeures. Le capitaine Mangles raconte que pendant qu'il visitait avec ses compagnons les ruines de Pétra, le cri des aigles, des corbeaux et des hiboux qui planaient au-dessus de leurs têtes en innombrables légions, et qui semblaient se plaindre de ce qu'un être humain osât approcher de leur domaine, ajoutait à la singularité et à la tristesse de la scène. Les champs de Tafilé, situés dans le voisinage immédiat d'Edom, sont, à ce que dit Burckhardt, fréquentés par d'innombrables légions de corbeaux (42). J'espérais, dit Seetzen, en parlant de son voyage projeté dans l'Idumée et d'après les renseignements que lui avaient donnés les Arabes, faire plusieurs découvertes en minéralogie, aussi bien que sur les animaux et les plantes du pays, sur la manne du désert, les corbeaux (43) etc.

« L'Idumée sera le repaire des dragons ; j'ai mis en désolation son héritage pour les dragons du désert. »
Les témoignages de deux voyageurs aussi opposés de vues et de principes que le sont Shaw et Volney sont cependant si complètement les mêmes, que, bien que ces auteurs ne parlent pas d'après leurs observations personnelles, on peut admettre leur rapport, faute de preuves plus directes. Le premier représente tout le pays d'Edom et le désert qui en fait partie comme remplis de lézards et de vipères d'une espèce très dangereuse (44), et le rapport de Volney, déjà cité, est concluant à cet égard. Les Arabes en général évitent les ruines des villes de l'Idumée « à cause des énormes scorpions qui y abondent. » Ainsi abandonnée par l'homme et habitée sans contrainte par ses possesseurs héréditaires, l'Idumée peut être justement appelée « l'héritage des dragons du désert. »

« Là les bêtes sauvages des déserts rencontreront les bêtes sauvages des îles » (ou des bords de la mer).
Au lieu de ces paroles, Parkhurst avait rendu cette phrase : « Les oiseaux de proie du désert.... » Mais cette interprétation fut donnée longtemps avant que le fait fût reconnu ; et maintenant l'on a pu s'assurer (45) (sans aucune allusion à la prédiction) que des aigles, des vautours, des faucons, tous oiseaux de proie, se trouvent par milliers dans l'Idumée ; ainsi l'accomplissement de cette prédiction est littéral et complet.
Mais s'il est dit que des animaux de différentes régions s'y rencontrent, cela signifie sans doute qu'il s'y en trouve qui n'appartiennent pas naturellement au sol, et une explication semblerait nécessaire.
Parmi beaucoup d'autres choses remarquables dans l'histoire de l'Idumée, il est un fait singulier qui mérite que nous le fassions connaître ici. Une ancienne chronique nous dit que l'empereur Dèce fit transporter d'Afrique, sur les frontières de l'Arabie ou de la Palestine, des lions et des lionnes, afin que ces animaux féroces, en se multipliant, inquiétassent les Sarrasins et servissent de barrières contre eux.
Entre la Palestine et l'Arabie se trouve la terre maudite de l'Idumée. Ne peut-on pas présumer que cette cause si peu naturelle et si peu prévue a contribué à hâter la destruction des troupeaux et la désolation de tout le territoire voisin, et ne peut-on pas dire littéralement que « là les bêtes sauvages des déserts ont rencontré les bêtes sauvages des bords de la mer ? »

« Elle sera le parvis des chats-huants ; là même se reposera l'orfraie, et y trouvera du repos ; là le martinet fera son nid, et y couvera, il y éclora, et il recueillera ses petits sous son ventre, et là seront assemblés les vautours l'un avec l'autre. Celle-là ni sa compagne n'y ont point manqué. »
Nous avons déjà dit que les aigles, les faucons et les chats-huants, qui s'assemblaient en troupes au-dessus de leurs têtes, fatiguaient, même en plein jour, quelques-uns de nos voyageurs. M. Laborde, qui a visité ce pays plus récemment encore et qui y a séjourné plus longtemps, dit en passant que pendant la nuit on entendait principalement le cri du chat-huant. « Il se repose là et y trouve son repos ; » et comme le cri de l'oiseau de proie, le hurlement des bêtes féroces, sont maintenant le seul son qui se fasse entendre dans toute l'ancienne capitale de l'Idumée, véritablement « ils sont assemblés l'un avec l'antre. »

Toutefois on n'est pas encore parvenu à découvrir l'existence de tous les animaux que la prophétie désigne comme devant être les possesseurs de l'Idumée, et il est réservé peut-être à quelque autre d'aplanir cette difficulté, d'interroger le livre de l'Éternel, et de s'assurer « qu'il n'en a pas manqué un seul au rendez-vous. »
Cependant les preuves que nous sommes déjà parvenus à recueillir, et que nous offrons maintenant à l'examen des esprits impartiaux, doivent être suffisantes pour prouver combien il aurait été impossible à l'homme de préciser de tels faits et d'en prévoir l'accomplissement. Certes, on ne peut manquer de reconnaître encore ici l'oeuvre de Celui devant qui les siècles à venir ne sont que comme le jour d'aujourd'hui et à la puissance duquel toute la nature est soumise.

Fameux comme l'était Edom par « sa force et sa puissance », et possédant une capitale hors de laquelle il eût été difficile de chasser même un peuple faible, sans doute il n'a jamais dû être question, même parmi les anciens, de savoir à quelle nation il appartiendrait un jour ; et certes il était impossible qu'un prophète d'une nation étrangère imaginât de lui-même qu'un peuple qui existait depuis si longtemps, et dont la richesse et la grandeur étaient connues depuis tant de siècles, dût jamais être totalement détruit, que toutes ces villes seraient réduites en des monceaux de ruines, que ces habitations deviendraient désertes, et que telles ou telles bêtes féroces en feraient leur repaire et leur domaine, de génération en génération.

« Il n'y aura rien de reste dans la maison d'Esaü. J'étendrai ma main sur Edom, et j'en retrancherai les hommes. »
Les exilés de Juda tournent constamment un oeil de désir vers la terre de leurs pères ; mais où trouver maintenant un Edomite qui cherchât à disputer aux animaux sauvages la possession de la terre de ses aïeux, ou à chasser de ses temples et de ses palais ruinés le chat-huant qui en fait sa demeure ?
Cependant la maison d'Esaü existait encore à une époque postérieure au commencement de l'ère chrétienne, et à une période trop éloignée de celle où fut prononcée la prédiction, pour que son histoire future pût alors être connue. Peu après ce temps les Édomites se fondirent dans les Nabathéens ; au troisième siècle on cessa de parler leur langue, et leur nom, comme désignant un peuple, disparut d'entre les nations (46) ; enfin leur pays, rejeté par la Syrie dont il faisait partie depuis longtemps, fut uni à l'Arabie-Pétrée. Ainsi les descendants des deux frères, Esaü et Jacob, ont eu à subir un sort totalement différent, de même que les prédictions relatives à cet avenir différaient essentiellement entre elles.
Tandis que les enfants de Jacob « ont été dispersés dans toutes les contrées sous la face du ciel, et parmi toutes les nations de la terre », tandis qu'ils ont conservé leurs traits distinctifs, et qu'il a été dit qu'ils ne seront jamais entièrement détruits, les Édomites au contraire, après avoir existé comme nation pendant plus de dix-sept siècles, ont cependant été « retranchés à toujours » ; et tandis que dans tous les pays on retrouve des Juifs, « il n'y a rien sur la terre de reste de la « maison d'Esaü. »

Pour secourir un état voisin, l'Idumée envoya au premier signal une armée de vingt mille hommes ; elle possédait dix-huit villes plusieurs siècles encore après l'ère chrétienne ; une longue succession de princes et de rois régnèrent à Pétra ; le voyageur est étonné à chaque pas de rencontrer des palais magnifiques, des temples immenses, des habitations dont l'architecture merveilleuse date d'une tout autre époque que celle où furent prononcées par les prophètes juifs les prédictions qui la regardent ; ces prédictions qui disaient que, malgré toute cette force et toute cette richesse, « la maison d'Esaü serait retranchée pour toujours, qu'il n'y aurait là plus de royaume, et que les bêtes sauvages la posséderaient en héritage. »
Et L'Idumée est tellement « méprisée » qu'il n'existe plus dans les annales de l'antiquité rien qui puisse nous faire connaître ce qu'elle était dans les jours de sa grandeur, aussi clairement que les prophéties nous font voir sa désolation.

Là où jadis s'assemblaient les princes et les grands du royaume, là où ils célébraient leurs fêtes, là où se réunissent mille preuves de leur ancienne opulence, on ne retrouve plus que des restes de richesse et de magnificence ; « aucun homme n'y habite ; » les oiseaux, les bêtes et les reptiles en ont fait leurs demeures ; c'est le parvis du chat-huant ; « aucun fils d'homme n'y séjourne, » et l'éternelle tranquillité de ses habitations désertes n'est interrompue que par le bruit des pas du voyageur solitaire.

Quelque cachée qu'ait été depuis bien des siècles l'histoire d'Edom, cependant chaque nouvelle découverte que l'on est parvenu à faire sur son état actuel devient une preuve que la parole de l'Éternel ne retourne jamais à lui sans effet, mais qu'elle se vérifie dans toutes les choses pour lesquelles il l'a envoyée (47).
Toute son oeuvre n'est pas encore accomplie en Edom, et de même que l'évidence des prophéties n'est pas encore complète, de même toutes les malédictions prédites ne sont pas encore venues sur ce pays. Il a été prédit que la Judée, Ammon et Moab reviendraient de leur désolation, et les bêtes sauvages, qui ont aidé les hommes barbares à désoler ces contrées, trouveront finalement un refuge assuré dans la possession d'Edom, lorsque, l'année de rétribution étant passée pour Sion, « cette terre leur sera distribuée au cordeau, et ils la posséderont à toujours, et ils y habiteront d'âge en âge. »
Mais au lieu de regarder plus avant dans l'avenir, nous pouvons maintenant jeter un coup d'oeil sur le passé, et eu tirer une dernière conséquence.

Il faut que l'incrédule soit d'une crédulité bien singulière, si, après avoir examiné toutes les prédictions contenues dans la Bible sur l'Idumée, et dont les faits démontrent l'accomplissement, il les rejette comme les effets d'un pur hasard, ou le résultat de conjectures fortuites ; certes, l'homme qui peut ainsi « couler le moucheron et avaler le chameau, » et qui peut mettre une semblable opinion parmi ses articles de foi, mérite la pitié de ceux qui « savent en qui ils ont cru ; » et s'il ne perd pas tout droit au titre de philosophe, du moins s'ôte-t-il le droit de blâmer dans autrui telle ou telle erreur, quelque grossière qu'elle soit. S'il persiste dans cette opinion prétendue philosophique, qu'est-ce qui l'empêche de croire également que d'autres mots, effets du hasard, comme ceux qui prédisent le sort d'Edom, et qui se trouvent encore dans le livre de l'Éternel, n'annoncent pas aussi le sort qui attend les hypocrites et les incrédules ?
Cette opinion ne peut-elle pas être appuyée par l'expérience que plusieurs des prédictions de l'Écriture ont été accomplies ? et ne peut-il pas trouver quelque analogie sur laquelle il puisse baser cette conviction, tandis que celle qu'il soutient dans le premier cas est entièrement dépourvue de tout ce qui en peut garantir la vérité ? Ou bien toute sa grande sagesse se borne-t-elle à soutenir la fausseté de toute prédiction, jusqu'à ce que son « expérience personnelle » le force à en reconnaître la vérité par le passé, et qu'il ne lui reste plus que le mérite d'une foi forcée et arrachée par le désespoir ? - Ou si des preuves moins fortes à ses yeux peuvent le contenter, qu'il lise, qu'il examine, qu'il réfute toutes les déclarations de la révélation, avant d'oser traiter le croyant de crédule, ou l'incrédule de sage ; ou bien il sera forcé de reconnaître un jour, malgré toute la perversité, l'incrédulité, et l'orgueil du coeur de l'homme, que l'Idumée ne sera pas le seul monument terrible de la colère et des jugements de Dieu.

Nous pouvons ici en passant dire un mot aux sages eux-mêmes. Que ces sages selon le monde, qui ne sont pas instruits dans cette « crainte du Seigneur qui est le commencement de la véritable sagesse, » à qui manque la connaissance de sa parole qui rend sage à salut, et qui sont étrangers aux préceptes et aux vérités de l'Évangile, apprennent aussi par le sort d'Edom que sans tout cela il en serait de toutes les sciences, dont ils sont si fiers, comme de la prudence des sages d'Edom.
Quand ils parviendraient à perfectionner l'astronomie, la navigation, la mécanique, ces sciences dont, suivant Newton, les Édomites furent les premiers inventeurs, à quoi les avancerait, comme êtres moraux et responsables, d'arranger la matière à leur volonté, s'ils n'ont pas conformé leurs coeurs à la volonté divine ?
Et quel serait en définitive le résultat de leurs grands travaux ? car lors même qu'ils parviendraient à élever colonne sur colonne, à tailler une autre ville dans l'épaisseur des rochers, il suffirait d'une autre parole de ce Dieu qu'ils ne cherchent point à connaître, d'une seule parole prononcée contre leur ouvrage ; et tous leurs travaux, tout leur génie n'aboutiraient qu'à ce que Pétra est devenue et ce que Rome elle-même est destinée à devenir, « le repaire de tout oiseau immonde et exécrable. »

L'expérience en a déjà été faite, on peut bien s'en rapporter à cette leçon qui est devant nos yeux, afin qu'au lieu d'attirer sur nous des jugements plus terribles encore, nous puissions être avertis par « l'esprit de prophétie, qui est le témoignage de Jésus, » d'entendre et d'observer les paroles de Celui « qui nous délivre de la colère à venir. » Car combien sera terrible pour une âme la malédiction prononcée contre elle par l'Éternel, lorsque au lieu d'être renouvelée à l'image de Dieu, et d'avoir été rendue digne de le contempler dans sa gloire, elle se verra passer d'un état de ténèbres à cet état de vie spirituelle, où toute la connaissance des choses terrestres ne sera plus que néant et vanité, où l'absence de foi et d'amour laissera l'âme aussi vide que les habitations désertes des rochers, où les pensées de grandeur et de puissance mondaines viendront occuper l'âme immortelle d'une manière bien plus affreuse que les bêtes féroces n'occupent maintenant les palais de l'Idumée, et où toutes les passions et tous les péchés de la vie passée viendront prendre possession de cette âme, comme les scorpions et les reptiles s'attachent aux ruines d'Edom et aux autels des faux dieux, sans que rien puisse leur arracher l'héritage éternel qui leur aura été assigné.


(28) Irby et Mangles, p. 439.

(29) Burckhardt, p. 425.

(30) Notre ouvrage était alors à sa treizième édition.

(31) Ezéchiel. XXXV.

(32) Burckhardt, p. 438.

(33) Irby et Mangles, p. 417. - Macmichael, p. 202, 234.

(34) Détails sur l'Orient, par Pococke, vol. I, p. 136.

(35) Burckhardt, p. 446.

(36) Chronologie des anciennes nations, par sir Isaac Newton.

(37) Ibid.

(39) Esaïe, XXXIV, 11, 13-17. - Mal., I, 3.

(40kath, espèce de perdrix. Quelquefois dans l'original ! on écrit katha. Onkel vide Simonis Lexicon, p. 1393.

(41) Burckhardt, p. 406.

(42) Burckhardt, p. 405. 

(43) Seetzen, p. 46.

(44) Voyages de Shaw, Vol. II, p. 105, 338.

(45) Burckhardt, p, 405.

(46) Origène, I. III, in Job.

(47) Esaïe, LV, 11.
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