AU SERVICE
DU MAÎTRE
Soeur Sophie
de Pury
UNE MÈRE EN ISRAËL.
« La Soeur supérieure,
écrit M. le pasteur Boegner dans son
mémoire à l'occasion du jubilé
de cinquante ans de la Maison des Diaconesses, la
Soeur supérieure est l'âme de la
Maison. » C'est d'elle que, non seulement
les Soeurs qui sont avec elle les soutiens de
l'édifice, mais aussi celles qui occupent
des postes moins en vue, sont en droit d'attendre
toujours de nouveau des
impulsions stimulantes et généreuses
de vie et d'amour, d'un amour sanctifié qui
est en même temps une discipline ; elle
doit être, par la grâce de Dieu, le
centre vital de la communauté des
Soeurs.
Cette grâce, notre Maison l'a
possédée dans une large mesure sous
la direction de Soeur Henriette Keck et ensuite
sous celle de sa soeur cadette, Soeur Louisa Keck.
Elles ont été l'une et l'autre de
vraies servantes du Christ, et leur vie tout
entière a été empreinte de
piété et d'humilité
chrétienne.
Nous rendons grâces à Dieu
encore aujourd'hui de nous avoir donné en
ces deux Soeurs un modèle à suivre et
un exemple de ce que la grâce de
Jésus-Christ est puissante à
accomplir dans la faiblesse humaine pour la gloire
de Dieu. »
Soeur Sophie fut la digne remplaçante
des Soeurs Keck. Elle resta à ce poste
élevé ce qu'elle avait
été auparavant : une humble
servante de Jésus, qui, malgré la
vénération générale
dont elle était l'objet, se glorifiait
uniquement de la grâce de son Sauveur, et
elle y devint de plus en plus un exemple lumineux
de la foi agissante par la charité.
« Tous ceux qui ont eu l'avantage
de connaître votre chère Soeur
directrice, écrivait, le lendemain de sa
mort une chrétienne qui avait
été soignée dans la Maison,
sont avec vous dans le deuil. Qu'on aimait à
la rencontrer au passage ! Sa douce et noble
figure était empreinte de
sérénité et de recueillement
comme d'un reflet de la
présence de Dieu. Qu'il
fait bon contempler une pareille vie et une
pareille mort ! Nous y puisons la conviction
que nous ne pouvons remporter la victoire et
être vraiment heureux que dans une intime
communion avec notre Sauveur. »
Les paroles sont impuissantes à
rendre ce qu'elle fut dès lors pour toutes
nos Soeurs. Chacune trouvait auprès d'elle
un coeur de mère qui, avec une intuition
vraiment maternelle, entrait dans ses
difficultés, en éclairait les
ténèbres, et avec une douce
persuasion, savait la faire consentir au joyeux
sacrifice de sa volonté. Pendant qu'elle
donnait audience à une Soeur, son âme
était prosternée pour elle aux pieds
du trône de grâce, et demandait au
Seigneur la parole qu'Il avait à lui dire.
Son moi ne jouait aucun rôle, il n'avait
point voix au chapitre. « Je n'ai jamais
rencontré le moi de Soeur
Sophie », disait une Soeur, et chacune
témoignait à sa façon que ce
moi s'était absorbé
complètement dans celui de son Sauveur.
Aussi les âmes auxquelles elle s'adressait
entendaient-elles distinctement la voix du
Maître et acceptaient de la part du Seigneur
ses exhortations et ses encouragements.
Sa tâche était souvent
accablante. De toutes les stations, de tous les
hôpitaux, de chaque établissement
où travaillait l'une ou l'autre Soeur, s'il
y surgissait une complication quelconque, morale ou
matérielle, c'était toujours à
elle qu'on avait recours. Les lettres, les
dépêches pleuvaient parfois.
« J'ai là, disait-elle un jour
à sa soeur, j'ai là sur ma table six
lettres, qui toutes contiennent un sujet de
préoccupation ou de souci ! »
Comment faire face à
tout ? comment débrouiller les
situations compliquées ? comment
fournir les forces supplémentaires là
où elles faisaient défaut, lorsque
partout on demandait de l'aide ? Certes les
pasteurs attachés à l'oeuvre et les
dames du comité lui prêtaient un appui
précieux, mais que de questions qui devaient
être tranchées d'emblée !
et alors, dans son angoisse, dans ses combats, elle
n'avait pour lutter que deux seules armes, mais ces
armes étaient toutes-puissantes,
c'était l'amour et la prière.
Cet amour était une puissance qui lui
soumettait tous les coeurs et lui permettait de
leur être d'un secours efficace, de ramener
les brebis égarées, de relever les
courages abattus, de consoler les âmes
affligées. Une jeune fille entrait dans
l'oeuvre sans se rendre compte du sérieux de
la tâche entreprise et y apportait un esprit
de légèreté et de
mondanité ; Soeur Sophie la faisait
venir auprès d'elle, lui montrait la
sainteté du Dieu qu'elle faisait profession
de vouloir servir et la gravité de son
engagement. Une autre, au contraire,
effrayée, succombant sous une charge
au-dessus de ses forces, aurait voulu rejeter ce
fardeau et abandonner le travail commencé,
la Soeur expérimentée, qui avait
souffert elle-même, savait l'encourager, lui
montrer l'honneur, le privilège
accordé par le Seigneur à ceux qu'Il
appelle à son service et lui parlait de la
force donnée par le Maître à
ses fidèles ouvriers. Rencontrait-elle sur
son chemin quelque Soeur âgée, malade,
pleurant son activité perdue, elle
s'asseyait auprès de la pauvre solitaire,
lui disait quelques paroles
d'affection, lui glissait dans la main une fleur,
une carte enrichie d'un beau verset, et ne la
laissait qu'après avoir déposé
dans son coeur une semence de paix.
Lorsqu'elle traversait les jardins de son
pas léger, on la voyait jeter à
droite et à gauche des regards rapides, pour
adresser à celles qu'elle rencontrait un
signe de tête encourageant, un sourire
aimable ; et partout où elle avait
passé, se répandait un parfum
bienfaisant. « Il me suffit, disait une
fois une Soeur de Mulhouse, de savoir que Soeur
Sophie est à Mulhouse, pour que toute la
ville m'apparaisse sous un jour plus
sympathique. »
Chaque misère humaine, chaque
souffrance physique ou mentale était
assurée de sa vive et sincère
compassion. Son amie la trouva un jour en larmes
parce qu'elle avait dû, pour une raison
majeure, refuser à un jeune ouvrier
l'admission de son enfant malade. Là
où l'argent pouvait être de quelque
secours, elle ouvrait sa bourse largement, si
largement qu'en moins de rien elle était
à sec. Lors de la construction de la
nouvelle Maison-Mère, elle y trouva, un
samedi soir, en y faisant une tournée
d'inspection, un pauvre ouvrier qui se
démenait comme un forcené, parce
qu'on lui avait dérobé sa paye de la
semaine. Il demeurait hors de ville et ne rentrait
que pour apporter aux siens l'argent de la semaine
et pour passer avec eux le dimanche. L'idée
de revenir les mains vides le rendait comme fou de
désespoir. Il soupçonnait ses
camarades qui avaient disparu de la scène,
et parlait de se suicider. Soeur Sophie
était toute bouleversée à la
vue de cette explosion de douleur,
elle vida sa bourse et, avec le
concours plus modeste de quelques Soeurs, on
parvint à réunir la somme disparue.
Le pauvre homme croyait rêver, en recevant
pour la seconde fois sa paye enveloppée dans
quelques petits traités, que les Soeurs
avaient ajoutés dans l'espoir que
l'émotion par laquelle il venait de passer
aurait préparé le terrain à la
bonne semence.
Quand elle faisait part aux siens de
l'état précaire de ses finances et
qu'on lui répondait par de sages
admonestations, elle promettait de s'amender et
protestait, non sans un grain de malice, de ses
vertueuses intentions de réformes
budgétaires, quitte à recommencer
à la prochaine occasion. Dans ces moments de
pénurie elle trouvait parfois, pour se tirer
d'affaire, des expédients très
amusants. Un jour elle envoyait à son amie,
à l'occasion de sa fête, quelques
pâquerettes qu'elle avait fixées sur
une carte avec un petit ruban. C'était tout
ce qu'elle avait à lui offrir, et elle y
avait mis cette inscription :
« Quand on est si pauvre qu'on n'a rien
à donner, on va dans les prairies cueillir
des pâquerettes. » Une autre fois,
n'ayant pas réussi à terminer un
petit cadeau qu'elle lui destinait, elle l'envoya
incomplet avec la dédicace que
voici :
« Celui qui est si paresseux qu'il
n'a pas pu finir à temps son ouvrage, en
prend la moitié et l'offre en attendant le
reste avec passablement de honte et beaucoup de
baisers. »
Mais quand elle avait de quoi, Soeur Sophie
était heureuse de faire luire sur ses
chères Soeurs le soleil de sa
générosité. Au Nouvel-An
chacune recevait une petite provision de chocolat
Suchard, et elle organisait une tombola où
tous les numéros étaient gagnants.
Elle avait une façon si gracieuse de
présider ces réunions. Pour
être comprise de toutes, elle
s'évertuait à parler l'allemand,
qu'elle possédait assez pour pouvoir
exprimer sa pensée, avec des tours de phrase
exotiques, auxquels son accent français
donnait encore un charme de plus. Elle ne laissait
passer aucun jour de naissance sans écrire
au moins une carte aux Soeurs du dehors et sans
préparer aux unes et aux autres quelque
bonne et utile surprise. Que de longues veilles
elle a passées à écrire, ce
qui ne l'empêchait pas d'être la
première au culte du matin.
Ses lettres avaient souvent un tour vif et
enjoué, soit qu'elle écrivît
longuement aux siens ou qu'elle dût se
contenter d'envoyer un tout petit message.
Témoin celui qu'elle adressa un jour
à son amie avec des fleurs cueillies sur une
tombe aimée « Notre
Eugénie, disait-elle, t'envoie ces fleurs de
son petit jardin et te fait dire qu'elle en voit de
bien plus belles encore dans le jardin de
Dieu. »
Elle avait parfois, sous le coup d'une
surprise ou d'une émotion, de si jolis mots,
qu'on se plaisait à se rappeler ! Un
jour une dame du comité, qui l'avait fait
venir à Bade pour conférer avec elle
de choses importantes, voulut offrir à son
hôte, pendant cette entrevue, le plaisir
d'une promenade en voiture. Le ciel s'étant
couvert de nuages menaçants, Soeur Sophie
proposa de demander ensemble à Dieu un peu
de soleil. Lorsqu'on lui fit
observer que les paysans soupiraient après
la pluie, elle répondit gaiement :
« Eh bien ! le Seigneur est
tout-puissant, Il peut donner de la pluie aux uns
et du soleil aux autres ! » Et voici
qu'en effet, pendant que ces dames jouissaient, sur
la hauteur d'Yburg, d'un soleil radieux, une pluie
abondante arrosa la plaine au-dessous d'elles.
« Que le Seigneur est
aimable ! » s'écria Soeur
Sophie avec reconnaissance.
Ces heures passées dans la nature
étaient pour elle comme un avant-goût
du ciel et la restauraient de corps et d'âme.
Lorsqu'elle avait réussi à
découvrir un joli endroit sous bois,
près d'un ruisseau murmurant ou bien sur une
hauteur d'où l'oeil plongeait dans le
lointain, elle tirait de sa poche son cher recueil
de cantiques et chantait à son Père
céleste une strophe après l'autre,
d'un coeur débordant d'amour et de
reconnaissance, et elle aimait être à
deux en ces occasions, pour en jouir
doublement.
Elle avait de touchantes prévenances
surtout pour les humbles, pour les parias de la
société. Elle éprouva une
vraie douleur un jour qu'elle découvrit
qu'une denrée de qualité douteuse
avait été employée pour des
malades pauvres. Une autre fois, une Soeur ayant
pris un voleur d'argenterie en flagrant
délit, on fit prévenir la police.
Soeur Sophie, ayant trouvé le
délinquant debout, tout penaud dans un coin
de la cuisine, lui avança une chaise en lui
disant avec sa courtoisie habituelle :
Veuillez vous asseoir, monsieur, en attendant la
police. " Ce qu'il fit, au grand amusement de la
Soeur de service.
Lorsque la nouvelle maison fut
terminée, Soeur Sophie invita tout le monde,
architectes et ouvriers, à une fête de
Noël. Le fournisseur de l'installation
électrique sollicita comme une faveur de
pouvoir illuminer le sapin à la
lumière électrique. Chaque
invité reçut un petit cadeau, et les
rudes ouvriers écoutèrent avec
recueillement et quelques-uns non sans
émotion les bonnes paroles qui leur furent
adressées.
Quand Soeur Sophie, aux premières
lueurs de l'aube, jetait un regard dans la rue,
elle éprouvait une profonde sympathie pour
la compagnie volante des balayeuses de rue, et peu
à peu elle fit la connaissance personnelle
de celles qui desservaient le quartier. Son coeur
aimant trouva moyen d'ensoleiller le sentier
poudreux de ces humbles femmes. Elle les invitait
chaque année à un arbre de Noël,
les restaurait de corps et d'âme et les
comblait de dons utiles. Les cadeaux les plus
appréciés par elle étaient
ceux dont on pouvait disposer de nouveau en faveur
d'un tiers ; mais ses amies eurent
bientôt découvert que c'étaient
ceux qui pouvaient convenir à ses
chères balayeuses, qui trouvaient le plus
chaleureux accueil. Elle-même travaillait
assidûment tout le long de l'année
pour compléter son petit stock, et
lorsqu'une visite se prolongeait, on la voyait
prendre dans un tiroir un immense tricot, dont la
destination était facile à
deviner.
Depuis qu'elle était devenue Soeur
supérieure, elle tenait à ne partir
que la dernière pour ses vacances, et c'est
ainsi qu'elle se trouva à plus d'une reprise
n'être libre qu'en automne ou
même au commencement de
l'hiver. Il n'était plus question dès
lors d'aller à sa chère montagne,
à son bien-aimé Monlézi, mais
Dieu y avait pourvu autrement ! Un de ses
frères, avec lequel elle avait plus d'une
analogie de caractère et qui la comprenait
tout particulièrement, était pasteur
dans une des vallées les plus
élevées du Jura, et c'est là
que, loin de l'agitation de la ville, elle avait
encore la joie de retrouver, dans le paisible
presbytère des Ponts, la vie de famille, le
repos et les courses de montagne qui la
délassaient si bien ! À quelque
saison qu'elle arrivât, elle partait pour de
longues promenades dans la forêt, et les
habitants du village disent l'avoir toujours vue
revenir les mains pleines, si ce n'est de fleurs,
au moins de rameaux de sapin.
Une fois qu'elle venait chez son
frère à l'improviste, la
dépêche annonçant son
arrivée causa un certain émoi. Mal
adressé par une petite station
intermédiaire, le télégramme
contenait ces seuls mots : Philémon 22,
Sophie. " On se creusait la tête pour savoir
à quel Philémon faire parvenir cet
avis, lorsqu'un rayon de lumière se fit, et
le pasteur, ouvrant sa Bible à
l'épître de Paul à
Philémon, y lut ceci : » Je
te prie de me préparer un
logement. » Le soir même Soeur
Sophie arrivait radieuse.
Mais il vint un temps où l'air natal
fut impuissant à rendre à notre
Mère bien-aimée les forces qu'elle
consumait sans compter au service du Maître.
Déjà en 1893 elle n'avait pu
qu'à grand'peine se remettre d'une
pleuro-pneumonie, qui l'avait amenée aux
portes du tombeau. C'est alors
qu'après sa guérison elle avait dit
à ses Soeurs une parole bien
sérieuse : « Je me suis
aperçue, dit-elle, qu'il faut chercher le
Seigneur pendant qu'on est bien portant, car il est
impossible de le trouver pendant qu'on est
gravement malade. » Les
responsabilités devinrent de plus en plus
écrasantes, et peu à peu le besoin se
fit sentir de lui adjoindre une aide. Dans cet
état de lassitude physique, qui lui
était devenu habituel, le passage de sa
chère vieille Maison de Santé
à la nouvelle Maison-Mère qui
s'opéra le 7 mars 1898 fut pour elle une
vraie épreuve. « J'éprouve
le besoin, écrivait-elle à cette
date, de dire à toutes nos Soeurs qu'il ne
nous a pas été facile de nous
séparer de la chère maison, qui a
été pendant tant d'années
à la fois notre Maison-Mère et notre
Maison de Santé. Mais nous voulons marcher
par la foi et glorifier Dieu par notre confiance.
Puissions-nous vivre pour plaire à Celui qui
est tout en tous. »
Il ne lui resta hélas ! que deux
ans à vivre dans cette nouvelle demeure, qui
est à présent le centre de notre
oeuvre. Ici, dans le calme bienfaisant d'une maison
dont toute l'organisation tend à tenir les
jeunes Soeurs à l'écart de ce qui
pourrait entraver leur développement
spirituel et pratique, son influence
éducatrice pouvait plus librement se
déployer. Aidée des pasteurs et des
Soeurs des différents services, elle a pu
encore mettre en vigueur des principes
d'éducation dont l'excellence était
dès longtemps reconnue, mais qui
étaient incompatibles avec l'ancien ordre de
choses, et en même temps elle avait la joie
de préparer à ses
compagnes de labeurs vieillies à la
tâche un home paisible où,
entourées de soins affectueux, elles
pouvaient se reposer de leurs longs travaux en
attendant l'appel du Maître. Cependant ses
forces déclinaient, et le fardeau qu'elle
avait si allégrement porté pendant
des années lui pesait lourdement ; le
sommeil réparateur ne venait plus
régulièrement la refaire pour la
tâche du lendemain. Elle mettait à la
disposition du Maître cette faiblesse
même, comme elle lui avait donné
toutes ses forces et s'attendait à Lui en
toutes choses. Elle avait devant elle sur son
bureau une simple petite carte avec cette parole
douce à son coeur : « Le
Seigneur a plus besoin de notre faiblesse que de
notre force. »
Mais laissons ici encore une fois parler
notre Mère elle-même. Voici quelques
lettres circulaires, vraies épîtres
pastorales adressées aux Soeurs
disséminées au près au loin,
et qui avaient pour but de maintenir des rapports
de communion spirituelle entre elles et la
Maison-Mère et de leur faire parvenir des
renseignements et des avis répondant aux
besoins du moment.
Strasbourg, le 26
janvier 1890,
Mes bien-aimées Soeurs,
Depuis un mois la maladie et la mort frappent
à beaucoup de portes, et je ne saurais vous
dire combien souvent je voudrais me trouver au
milieu de vous toutes, mes chères Soeurs, et
vous crier : « Écoutons la
voix du Seigneur ! ses jugements
se promènent par toute la
terre ; disons comme un des prophètes
de l'ancienne alliance : « Silence
devant le Seigneur
l'Éternel ! » Qu'Il parle
à nos consciences ; laissons-nous juger
par Celui qui sonde les reins et les coeurs.
Dégageons-nous des liens du
péché ! il est temps de se
donner à Celui qui est mort pour nous ;
il est grandement temps de sortir de
nous-mêmes, de nos susceptibilités, de
notre amour-propre, de notre orgueil, de nos
mauvaises pensées, de nos manques de
charité, de pardon, de support. Il est temps
de devenir humble et de se préparer, de tout
notre coeur et de toute notre âme à la
rencontre de notre Dieu.
Mes Soeurs si le Seigneur venait aujourd'hui
nous appeler, serions-nous prêtes ? tout
serait-il en règle avec Lui et avec notre
prochain ? - Oh ! ne nous distrayons pas,
ne passons pas légèrement
là-dessous : c'est le moment de se
jeter aux pieds du Sauveur, de faire notre paix
avec Lui et avec nos compagnes de route et de
service ; c'est le moment de laisser
Jésus prendre la place en nous !
Faisons-le toutes, je vous en supplie, afin qu'Il
nous bénisse !
Je vous quitte pour aujourd'hui, mes bien
chères Soeurs, en vous recommandant toutes
à la grâce et à la protection
de notre Dieu fidèle : Veillons,
prions, attendons Son retour !
Votre bien affectionnée
Soeur Sophie.
Strasbourg, 4-6 avril
1890.
Semaine sainte.
- Sur la croix, quel amour ! ô
divines pensées !
- La justice et la paix se sont
entrebaisées !
- La justice outragée et qui devait
punir,
- Et cette paix du ciel, la soif du
repentir.
-
- Oui toujours je t'offense et toujours Tu
pardonnes.
- Ni le mal que je fais, ni les biens que
Tu donnes
- Ne se pourraient compter, et Tu changes,
Seigneur,
- Ma suprême misère en
suprême bonheur.
Mes bien-aimées Soeurs, que nous
dit-elle, cette croix de Golgotha ? que nous
dit ce beau jour de Pâques ? que Dieu
nous a aimés jusqu'à donner son Fils
en oblation pour nous ; que Christ nous a
aimés jusqu'à devenir
malédiction pour nous ..... le croyons-nous,
mes chères Soeurs ? et d'où
vient que nous ne brûlons pas d'amour pour ce
Dieu-Sauveur ? d'où vient cette
insouciance, cette mollesse, cette
indifférence dans le service du
Seigneur ? Ah ! c'est que nous n'avons
pas encore compris, ou plutôt pas encore
senti de quel abîme Christ nous a
tirées ! nos péchés, nous
ne les détestons pas assez.
Quand enfin nous comprendrons que sans ce
Sauveur adorable nous serions perdues à
toujours, alors nous aimerons ce Libérateur
- alors aucun sacrifice ne nous coûtera pour
Celui qui nous a aimées et qu'aime notre
âme - alors nous saurons nous donner à
Lui et à son service sans calculs, sans
regrets, sans retenir quelque chose pour
nous-mêmes :
« Il faut aimer ce Dieu qui nous
délivre. Dès qu'on L'invoque on Le
voit accourir, C'est pour Jésus, c'est pour
Lui qu'il faut vivre, Et c'est en Lui surtout qu'il
faut mourir. »
Strasbourg, 4 mai 1890.
Mes bien chères Soeurs,
Le Seigneur a exaucé nos prières
en nous donnant deux hommes de Dieu. Comprenons
notre responsabilité : à qui il
a été beaucoup donné, il sera
beaucoup redemandé ; et maintenant il
s'agit qu'il y ait une vie nouvelle parmi nous, un
véritable don de soi-même à
Dieu, une consécration complète
à son service ; ne clochons plus des
deux côtés :
"Rein ab und Christo an !"
..... Dans notre chronique d'avril il y a
beaucoup de sujets d'actions de grâce et de
prières d'intercession ; ne perdons pas
courage, mes chères Soeurs, il me semble que
le Seigneur nous prouve par la manière dont
Il nous conduit actuellement, qu'Il s'occupe de
nous avec un tendre soin, mais aussi avec un soin
jaloux, Il veut tout notre coeur !
Votre bien affectionnée
S. SOPHIE.
Strasbourg-Koenigshofen, mai-juin
1890.
Mes très chères Soeurs,
La vie court si vite, les
événements se succèdent si
rapidement que les journées n'y suffisent
plus. Au milieu de la chasse habituelle je me
demande si nous serons trouvées prêtes
quand le Seigneur nous dira : À ton
tour de quitter cette terre et ses agitations, tu
n'y reviendras plus ; à ton tour de
rendre compte de ton
administration, car tu t'en vas
mourir, et pour toi le temps de grâce est
écoulé.
Mes bien-aimées Soeurs, profitons
avec sérieux des occasions que Dieu nous
donne de nous recueillir près de Lui ;
autant que cela nous est possible, cherchons des
moments de tête-à-tête avec Lui.
Il me semble impossible qu'ici et là, dans
le cours de nos Journées si remplies, nous
ne trouvions pas cependant un quart d'heure de
solitude et de prière pour retrouver
Jésus. Si nous le voulons bien, nous le
pouvons ; mais hélas, je le sais par
expérience, il semble toujours qu'il y a
quelque chose de plus pressant à faire. J'ai
peur, mes Soeurs, que si nous nous lançons
ainsi chaque jour, du matin au soir, dans les
affaires et les complications de cette vie sans
nous donner le temps de chercher Dieu, j'ai peur
que nous n'arrivions toutes haletantes à la
porte du ciel, sans provision d'huile dans notre
lampe. « Éternel ! dès
le matin je me tournerai vers Toi, dès le
matin Tu entendras ma voix ! »
C'est pour avoir ces quelques moments de
solitude et de silence que je me suis
réfugiée dans notre retraite du
Schlössel, et c'est du haut de la tour que je
vous écris.
Mes chères Soeurs, aidons toutes de nos
prières ceux qui ont la lourde charge de
nous diriger, car il y a des difficultés
nombreuses et souvent insurmontables dans les
changements à faire.
..... Pour finir, que je vous dise encore
que le Schlössel fait nos plaisirs, et les
Soeurs fatiguées, ayant besoin de silence et
de repos, en profitent avec joie.
L'on y trouve à toute heure. comme dit le
bon La Fontaine : « Bon souper, bon
gîte et le reste. »
Notre paisible cimetière, à
quelque cent pas de la maison, est en ordre, et sa
grande croix de grès rose
s'élève dans le fond devant un massif
de verdure ; sur son piédestal une
plaque en bronze porte la devise de notre
maison : Christ est ma vie, et la mort m'est
un gain. Sur les tombes seront gravées les
devises des Soeurs sur une pierre également
en grès rose.
Je vous quitte, mes chères Soeurs, en
vous embrassant toutes bien affectueusement.
Votre S. SOPHIE.
Strasbourg, 7 octobre 1890.
(jour de naissance de notre bien
chère mère.)
Mes bien chères Soeurs,
Ma circulaire aujourd'hui ne sera pas longue,
non pas qu'il n'y ait pas matière à
raconter, mais je désire que vous ayez ces
lignes le plus tôt possible afin que vous
sachiez quelles Soeurs seront consacrées et
que vous leur aidiez de vos prières pendant
leur temps si sérieux de préparation.
Elles viendront ici pour le 16 octobre, et le
lendemain notre pasteur commencera son instruction
jusqu'au 31 octobre. Priez aussi pour lui, ainsi
que pour votre Soeur Sophie qui aura le
privilège et la tâche de s'occuper
aussi de vos chères
Soeurs.
Je vous quitte, mes bien-aimées Soeurs,
en vous recommandant à la grâce du
Seigneur. « Veillons, demeurons fermes
dans la foi ; agissons courageusement,
fortifions-nous ! »
1 Corinth. 16, 13.
Votre S. SOPHIE.
Strasbourg-Keenigshofen, 26
février 1891.
Mes bien chères Soeurs,
Voilà longtemps que je ne me suis
entretenue avec vous en
général ; ce n'est pas l'envie
qui m'a manqué, car de semaine en semaine
j'espérais le faire, sans en trouver le
loisir. Maintenant cela m'est possible, ayant
reçu la gracieuse permission de passer
quelques jours au Schlössel pour y faire une
petite retraite et avoir le temps de m'entretenir
avec nos chères Soeurs des stations. Je
devrais et voudrais vous faire partager tout
d'abord le résultat de mes
méditations solitaires, mais je vous avoue
que je n'en ai guère pu faire encore, et de
crainte de ne pas arriver à vous
écrire en renvoyant jusqu'au dernier jour,
je veux m'y mettre dès ce moment,
Plusieurs de vous savent que nous avons eu
la joie de posséder pendant quelques
semaines, M. Dieterlen, pasteur à
Valentigney. Il a bien voulu nous tenir plusieurs
cultes du soir, qui ont fait du bien à nos
âmes. Si j'avais eu la sagesse de prendre des
notes, vous en auriez eu votre bonne part ; ma
pauvre mémoire est en
défaut, mais l'impression
est restée, et je veux vous dire une ou deux
pensées qui ont pénétré
mon coeur.
À propos du vase de parfum que Marie
a répandu sur la tête du Sauveur, il
nous a fait remarquer qu'elle a brisé sa
fiole et qu'ainsi elle n'a pas conservé une
seule goutte pour elle-même, pour sa propre
sépulture. Elle a tout donné, et cela
doit nous servir d'exemple. N'est-ce pas avec
confusion de face que nous comparons sa conduite
à la nôtre ! comme nous donnons
difficilement tout, et que de prétextes nous
savons inventer pour nous persuader qu'il y a telle
ou telle chose que nous pouvons garder, qu'il n'est
pas nécessaire de donner pour le service du
Seigneur ! nous marchandons, et
pourquoi ? parce que nous n'aimons pas comme
Marie. Son Sauveur possédait tout son
coeur ; Il était ce qu'elle avait de
plus précieux ; rien ne lui
coûtait, rien n'était de trop pour ce
bien-aimé Maître.
M. D. nous a parlé un soir de l'homme
de douleur qui s'est chargé
véritablement de nos langueurs. Après
nous avoir dépeint son amour immense, M. D.
nous a dit que celui qui a accepté ce
Sauveur et qui s'est donné à Lui,
doit vivre de cette même vie de
charité pour ses frères.
« Celui qui demeure dans l'amour demeure
en Dieu, et Dieu demeure en lui. » Il
faut savoir porter non seulement les misères
et les souffrances de nos frères, mais aussi
leurs péchés. Il faut aimer assez
pour devenir solidaire des fautes des autres ;
il faut les apporter à Jésus comme si
c'étaient nos propres
péchés ; il faut aimer assez
ceux qui nous entourent pour avoir soif de leur
pardon, le demander instamment,
comme s'il s'agissait de nos propres
péchés ..... O mes Soeurs, le
faisons-nous ? n'y a-t-il pas de quoi nous
humilier jusque dans la poussière ?
notre coeur, notre méchant coeur,
s'afflige-t-il des péchés des
autres ? notre premier mouvement n'est-il pas
un sentiment de satisfaction en nous comparant
à ceux qui tombent en faute ?
savons-nous souffrir des péchés
d'autrui et supplier le Seigneur de
pardonner ? « Christ a
été fait malédiction pour
nous ! »
Je vous embrasse toutes de tout coeur, mes
chères Soeurs. Dieu vous
bénisse !
Votre SOEUR SOPHIE.
Strasbourg, le 5 octobre 1891.
Mes bien chères Soeurs,
Depuis que nous avons notre aimable Tabéa
qui vole si régulièrement à
vous chaque mois, une lacune est comblée, et
vous êtes beaucoup plus au courant de ce qui
se passe à la Maison-Mère. Toutefois
tout ne peut pas être livré à
l'impression, et aujourd'hui j'ai besoin de vous
faire de nouveau une petite visite, en disant
à chacune de mes chères Soeurs au
près et au loin et du plus profond de mon
coeur : « Que la grâce de
notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ soit
avec ton esprit ! »
Je viens surtout pour recommander à
vos prières celles de nos Soeurs qui vont se
préparer à leur consécration.
Nous les attendons samedi le 17,
et M. le pasteur commencera son instruction le
lundi matin 19.
Prenons l'engagement de prier
sérieusement pour chacune d'elles, non
seulement dans nos cultes en commun, mais aussi
dans nos prières particulières ;
nous sommes solidaires les unes des autres, ne
l'oublions pas, et si c'est avec
sincérité et amour que nous les
recommandons au Seigneur, nous pouvons être
certaines d'être exaucées ; mais
prions avec foi, car celui qui doute ne doit pas
s'attendre à recevoir quelque chose du
Seigneur, dit Saint-Jacques. Prions aussi pour
notre pasteur, afin que l'onction d'En-haut le
guide dans ce qu'il dira, et priez également
pour votre S. Sophie, qui a le privilège en
même temps que le devoir sérieux de
s'occuper aussi de nos chères Soeurs pendant
ce temps important.
Je voudrais bien vous prier aussi, mes
Soeurs, de vous abstenir de critiques et de
jugements sur celles qui sont appelées
à la consécration. Vous vous rappelez
que nous avons demandé instamment de n'avoir
plus à voter pour décider cette
question délicate ; il a donc fallu que
le comité s'en charge et il ne le fera pas
sans réflexion et sans prières, ayant
ses raisons pour accepter ou ajourner telle ou
telle Soeur. À nous, encore une fois,
d'aider à nos Soeurs devant le
Seigneur.
Mes chères Soeurs, je vous le
demande, priez-vous pour les futures Soeurs ?
sentez-vous l'importance, la
nécessité de le faire ? ne
sont-elles pas la pépinière de
l'oeuvre ? Ici aussi je vous rappelle que nous
sommes solidaires les unes des autres. Vous qui
n'habitez pas la
Maison-Mère, qui, par
conséquent, ne pouvez nous aider à
élever les jeunes Soeurs, aidez-nous par vos
prières, ce sera un puissant secours pour
nous et un gain pour vos stations où elles
seront appelées à travailler plus
tard ; je vous le mets sur le coeur, n'est-ce
pas, vous le ferez !
Je suppose que dans les stations, comme
à la Maison-Mère, les vacances tirent
à leur fin, cela a été, comme
toujours, un temps difficile, mais le Seigneur a
aidé fidèlement. À cette
occasion, je dois appuyer sur ce que M. le pasteur
a déjà indiqué dans la
circulaire de juillet : notre comité
demande que nos chères Soeurs se souviennent
que ce temps de vacances doit être un temps
de repos et de recueillement, de préparation
pour reprendre sa tâche : nous avons
à raccommoder nos filets. Ne cherchons pas
trop d'amusements et ne pensons pas que nous devons
aller de tous côtés visiter nos
parents et amis au près et au loin ;
cela n'est pas possible. On court le risque de
rentrer des vacances fatiguée et distraite,
ayant bien de la peine à se remettre au
sérieux des occupations de la vie de
diaconesse.
Tout en vous recommandant de ne pas tant
courir, il faut que je vous dise que j'ai fait la
voyageuse ces derniers temps - mais ce
n'était pas comme vacances, mais comme
partie de ma tâche que je suis allée
à Paris, puis à Kaiserswerth. J'ai
accompagné à Versailles une dame
malade, et j'en ai profité pour faire la
connaissance des deux maisons de diaconesses de
Paris. J'ai logé à la rue de Reuilly,
et j'ai vu ainsi de près cette institution
qui célébrera comme
nous, l'an prochain, son
jubilé. J'ai eu le plus grand plaisir
à visiter leur belle maison de santé
à quelques pas de la
Maison-Mère ; le disciplinaire, la
retenue m'ont frappée par la
propreté, l'ordre, la saine
atmosphère qu'on y respire. Il n'y a pas de
luxe, mais rien n'y manque. Le dimanche soir les
jeunes filles de la retenue ont chanté avec
beaucoup d'entrain plusieurs cantiques dans le
jardin. Le lendemain je les vis réunies,
à quinze ou vingt, autour d'un immense
lavoir au centre de la buanderie où l'on a
l'eau froide et chaude à souhait ;
elles lavaient tout le linge des
établissements avec beaucoup de zèle,
et je vous assure que cela me faisait envie de me
joindre à elles.
La visite à Kaiserswerth pour les
conférences trisannuelles, et l'oeuvre de
Bielefeld nous laissent de bien bons et bien beaux
souvenirs. Comme Tabea se charge de vous en parler,
je n'en dirai rien. Je vous embrasse toutes de tout
mon coeur et je demeure
Votre bien affectionnée
SOEUR SOPHIE.
Strasbourg, le 9 mai 1895.
Aux Soeurs directrices des stations
du dehors.
Mes bien chères Soeurs,
Permettez-moi de vous faire part d'une de mes
expériences : nous craignons trop de
faire des reproches à nos Soeurs, nous
aimons mieux nous taire, ou bien nous en parlons
à d'autres.
C'est un grand tort ; nous nous taisons
vis-à-vis de celle à laquelle il
faudrait parler, tantôt parce que nous nous
sentons mal disposées pour le faire,
tantôt parce que notre conscience nous fait
à nous-mêmes les mêmes
reproches, tantôt parce que nous n'aimons pas
assez celle à laquelle il faut parler, enfin
parce que nous avons peur que l'autre ne se
fâche, ne nous fasse une scène, et par
lâcheté nous nous taisons.
Il faut demander au Seigneur le courage de
dire ouvertement, franchement ce qui est mal, et
pour pouvoir le faire de la bonne manière,
commençons par nous humilier devant Dieu,
demandons-Lui de nous apprendre à nous
connaître, à nous juger avant de juger
les autres, ensuite prions pour celle à qui
nous devons parler, demandons à Dieu de la
préparer à nous entendre, enfin
implorons l'Esprit de sagesse, de
vérité, de charité, et ainsi
armées, parlons courageusement, sans crainte
de nommer les choses par leur nom. Quand on a trop
peur de faire mal aux autres, on adoucit tellement
ce qu'il faut dire que cela manque son but, on ne
nous comprend pas et cela ne fait pas d'impression.
Les Soeurs directrices ont le sérieux devoir
d'aider à la Soeur Supérieure dans la
tâche difficile de l'éducation des
Soeurs.
Que de fois l'une ou l'autre Soeur quitte
une station sans que la Soeur directrice ait eu le
courage de lui dire ce qui va mal, ce qu'on a
à lui reprocher, et quand c'est à la
Maison-Mère qu'elle doit entendre la
vérité, que d'amertume cela lui met
dans le coeur !
Croyez-le, mes chères Soeurs, les
rapports entre Soeurs seraient
bien plus faciles et plus heureux, si l'esprit de
vérité, de franchise et de
charité régnait entre toutes, c'est
à nous à donner l'exemple.
Votre bien affectionnée S. SOPHIE qui
vous aime de tout son coeur.
|