Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

Chapitre 14

----------

1 Or, il arriva qu'à Iconium ils entrèrent ensemble dans la synagogue des Juifs, et qu'ils prêchèrent de manière qu'un grand nombre de Juifs et de Grecs devinrent croyants. Mais les Juifs qui restèrent incrédules excitèrent et indisposèrent les esprits des païens contre les frères. Cependant ceux-ci firent un assez long séjour, parlant avec assurance et se confiant au Seigneur qui rendait témoignage à la prédication de sa grâce, en permettant qu'il se fît par leurs mains des miracles et des prodiges.

4 Et la population de la ville se divisa, les uns étant pour les Juifs, les autres pour les apôtres. Mais quand les païens et les Juifs, avec leurs chefs, firent mine de vouloir les maltraiter et les lapider, eux, en ayant eu connaissance, se réfugièrent dans les villes de la Lycaonie, à Lystre et à Derbé et aux environs, et là ils prêchaient l'évangile.

XIV, 1-7. Bien que les villes nommées dans toute cette relation du premier voyage des missionnaires n'existent plus actuellement, nous connaissons assez la géographie ancienne pour tracer leur route sur nos cartes. La province de Pamphylie est formée par le littoral du continent opposé à l'île de Chypre. De là, les apôtres se dirigèrent au nord, dans l'intérieur du pays. La Pisidie est la contrée contiguë de ce côté-là à la Pamphylie. D'Antioche, en se dirigeant vers l'ouest, ils seraient entrés en Phrygie, du côté de Colosses, d'Hiérapolis et de Laodicée; dans la direction du nord, ils se seraient trouvés dans la Galatie proprement dite. Ces différentes contrées n'ont pas été visitées par Paul dans le présent voyage. Pour le moment, en quittant Antioche, il se tourna de nouveau vers l'orient, se rapprochant ainsi de son pays natal, la Cilicie. Iconium, Lystres, Derbé, étaient également dans l'intérieur des terres. On verra tout à l'heure que nos voyageurs, pour cette fois, ne poussèrent pas plus loin, mais qu'ils prirent le plus droit chemin pour revenir sur leurs pas et pour regagner la côte.

8 Or, il y avait à Lystres un homme impotent de ses jambes, paralysé depuis sa naissance et qui n'avait jamais marché. Cet homme était assis là et écoutait Paul qui prêchait. Celui-ci l'ayant regardé en face et voyant qu'il avait la foi pour être sauvé, lui dit à haute voix: «Lève-toi droit sur tes pieds!» Et il se leva en sursaut et marcha.

11 La foule, voyant ce que Paul avait fait, se mit à pousser des cris et à dire en langue lycaonienne: «Les dieux sont descendus vers nous sous forme humaine!» Et ils appelaient Barnabas Zeus et Paul Hermès, parce que c'était lui qui portait la parole. Et le prêtre de Zeus, qui avait un temple hors de la ville, amena devant la porte des taureaux avec des couronnes et allait offrir un sacrifice, conjointement avec la foule. Mais les apôtres Barnabas et Paul, ayant appris cela, déchirèrent leurs habits et se précipitèrent au milieu de la foule, en s'écriant:

XIV, 8-14. Ce récit, assez clair du reste, a besoin de quelques explications de détail. Il faut d'abord admettre que les missionnaires se trouvent ici, pour la première fois, à ce qu'il paraît, devant un public exclusivement païen. La scène est une place publique. Le peuple lycaonien sait assez de grec pour suivre la prédication, et entre autres, il y avait en face de l'orateur un homme paralytique qui écoutait avec beaucoup d'attention. Paul le remarque, se rend compte de son état physique et le juge digne d'être guéri miraculeusement. On a cependant tort de traduire: il avait la foi pour être guéri, ce qui doit signifier: il espérait Vôtre. Car cet homme ne pouvait pas concevoir une pareille espérance, Paul n'ayant pas encore fait de miracle dans cette localité. Il s'agit de la foi qui conduit au salut de l'âme. Le miracle causa naturellement une grande agitation parmi les spectateurs, qui l'interprétèrent aussitôt à leur point de vue habituel et se pénétrèrent si bien de l'idée d'avoir affaire à des dieux, que (pendant que les apôtres s'étaient retirés dans la maison où ils demeuraient) on fit les préparatifs d'un sacrifice solennel. Paul et Barnabas, apprenant ce qui se passait, sortirent de nouveau, et tâchèrent de faire comprendre à cette population superstitieuse qu'elle se trompait étrangement à leur égard. Tout s'explique ainsi; seulement on se demande ce que Paul peut avoir prêché à un auditoire de cette force-là.

On ne peut rien dire de certain sur l'idiome national des Lycaoniens, les langues de l'Asie mineure nous étant à peu près inconnues. En tout cas, Luc veut insinuer que les apôtres n'y comprenaient rien (et par conséquent n'avaient pas le prétendu don des langues), autrement ils n'auraient pas attendu l'arrivée des taureaux pour s'opposer à ces démonstrations païennes.

Quant à la distribution des rôles de Jupiter et de Mercure, le texte en donne une raison très plausible. Les anciens y ont vu une indication relative à la taille moins apparente de Paul. (Comp. 2 Cor. X. 10.)

15 «Hommes! pourquoi faites-vous cela? Nous aussi nous sommes des mortels, de la même nature que vous, et nous vous prêchons de vous détourner de ces vaines idoles, vers le Dieu vivant qui a fait le ciel, et la terre, et la mer et tout qui s'y trouve; lequel, dans les générations passées, a laissé toutes les nations suivre leurs propres voies, bien qu'il se soit fait connaître par ses bienfaits, en vous envoyant les pluies du ciel et les saisons avec leurs fruits, pour vous rassasier et pour remplir vos cœurs de joie!» Et en parlant ainsi, ils purent à peine empêcher la foule de faire un sacrifice en leur honneur.

XIV, 15-18. Quoi que les apôtres aient pu prêcher auparavant, ici ils en viennent à ce qu'il y avait de plus important pour commencer; à l'instruction tout élémentaire dans les principes du monothéisme. L'esquisse du discours prononcé à cette occasion, toute succincte qu'elle est, nous rappelle l'argumentation de Paul dans le 1er chapitre de l'épître aux Romains, v. 20 ss. (comp. aussi Actes XVII, 24 ss.). Il est vrai, dit-il, que Dieu n'a pas donné à tous les peuples une révélation positive et verbale, comme il l'a fait pour Israël. Tout de même il n'a pas manqué de donner à tous, sur sa personne et sur sa volonté, des témoignages suffisants. De ces témoignages, parlant l'un dans la conscience, l'autre dans la nature, c'est le second qui est plus particulièrement relevé ici; il aurait dû conduire les hommes à reconnaître la divinité et à la concevoir autrement qu'ils ne le font en ce moment. Aujourd'hui cependant, après ces siècles d'ignorance (XVII, 30) pendant lesquels Dieu a, pour ainsi dire, abandonné les peuples à eux-mêmes, il veut se révéler à tous d'une manière plus directe et plus explicite. Nous venons vous prêcher, dit-il, vous parler en son nom, vous inviter à tourner vos regards vers le Créateur, que vous avez négligé jusqu'ici en vous attachant aux vanités de votre religion superstitieuse.

19 Cependant il survint des Juifs d'Antioche et d'Iconium qui, ayant gagné la populace, firent lapider Paul et le traînèrent hors de la ville, croyant qu'il était mort. Mais quand les disciples furent venus l'entourer, il se releva et rentra dans la ville, et le lendemain il partit avec Barnabas pour Derbé.

XIV, 19-20. L'esprit du peuple est vacillant et inconstant. Si ces étrangers n'étaient pas des dieux, il était évident qu'ils devaient être des adversaires des dieux. Les Juifs n'auront pas manqué de faire comprendre cela aux gens de Lystres. Nous voyons cependant que la prédication n'avait pas été stérile; il est question ici de disciples, et la suite de l'histoire nous en dira davantage (chap. XVI, 1 ss.). La manière dont il est parlé du sort de Paul, fait voir que Fauteur regarde sa conservation comme l'effet d'un miracle.

21 Après avoir évangélisé cette ville et gagné beaucoup d'adhérents, ils retournèrent à Lystres et à Iconium et à Antioche, pour affermir l'esprit des disciples, en les exhortant à persévérer dans la foi, parce que, disaient-ils, c'est à travers beaucoup de tribulations qu'il nous faut entrer dans le royaume de Dieu. Et après leur avoir fait élire des anciens dans chaque communauté, ils les recommandèrent, par des prières accompagnées de jeûnes, au Seigneur en qui ils avaient cru.

24 Puis ils traversèrent la Pisidie et arrivèrent en Pamphylie, prêchèrent l'évangile à Pergé et gagnèrent la côte à Attalie; là, ils s'embarquèrent pour Antioche d'où ils étaient partis, recommandés à la grâce de Dieu, pour l'œuvre qu'ils venaient d'accomplir. À leur arrivée, ils assemblèrent la communauté, et racontèrent tout ce que Dieu avait fait par eux et comment il avait ouvert aux païens la porte de la foi. Ensuite ils demeurèrent assez longtemps avec les disciples.

XIV, 21-28. Le retour des apôtres se fait donc, à peu de chose près, par la même route que celle par laquelle ils avaient passé d'abord. C'est que leur but, cette fois-ci, était de consolider l'oeuvre commencée, par une visite faite aux églises à peine formées, et probablement sans qu'il y eût de nouvelles prédications publiques. L'île de Chypre seule n'est pas visitée de nouveau, et à Pergé, où l'on ne s'était pas arrêté la première fois, à ce qu'il paraît (XIII, 13), l'évangile fut prêché maintenant.

En même temps, les églises s'organisent d'une manière régulière et indépendante. Les apôtres tracent le cadre ou la règle de cette organisation; le choix des personnes à investir des fonctions administratives ou d'enseignement, est abandonné aux membres résidants, qui devaient mieux se connaître les uns les autres. Du moins, le verbe grec employé pour marquer l'élection, emporte par son étymologie même, et par l'analogie des institutions politiques de l'époque, la notion d'un suffrage populaire.

La chronologie de cette histoire reste toujours très vague, comme on peut le voir encore par la phrase qui termine ce morceau. La mort d'Agrippa était arrivée en 44; les conférences de Jérusalem, dont il va être question, doivent se placer entre les années 50 et 52. Il reste donc six ou sept ans pour l'intervalle, dans lequel doit avoir été fait le voyage dont nous venons de lire le résumé. Mais nous n'avons pas même de moyen pour en apprécier la durée.

***


Chapitre précédent Table des matières Chapitre suivant