Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

EN AVANT

ET

CRI DE GUERRE

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JACOB LE PÉLERIN

(suite)

(Partie 1)

1. À la campagne.

«Dieu fit la campagne et l’homme fit la ville» est un sage dicton, propre à faire réfléchir. On a raison de déplorer le fait que la bonne vieille vie de campagne disparaît peu à peu. Le temps n’est plus où les gens des villages n’avaient pas de relations avec les cités et leur brillante civilisation.

Le bon marché des voyages et l’étendue rapide des idées mondaines ont tout changé. C’est la campagne qui produit les grands hommes.

Recherchez où sont nés les gens les plus distingués de notre siècle et vous trouverez que la campagne a produit les neuf dixièmes d’entre eux. C’est à la campagne que notre patrie doit la plus grande dette de gratitude.

Il est encore de nombreuses localités où n’a pas encore pénétré la méchanceté raffinée des grandes villes et c’était dans l’une d’elles qu’est né Jacob le pèlerin.


Ses parents appartenaient à cette classe de gens qui ne gagnent leur pain qu'à la sueur de leur front. Son père avait loué une ferme à quelque distance d’un village. Par suite de difficultés de toutes sortes, sa vie n’était qu’un continuel combat. Quoique les villageois fussent pauvres, il y avait entre eux une certaine communauté de biens. On n’y connaissait pas cette ambition qui jalouse le prochain. Ils étaient tous le gardien de leur frère, dans ce sens qu’ils s’intéressaient tous l’un à l’autre.


Il n’y avait pas chez eux seulement un jour par semaine pour servir Dieu: LE DIMANCHE SE RENOUVELAIT CHAQUE JOUR.

Les manifestations grossières du péché ne s’y rencontraient pas. Durant les cinquante dernières années, on n’avait connu qu’un athée et on l’avait toujours considéré comme un lépreux spirituel.

Mais, sur son lit de mort, le pauvre homme demanda à grands cris à voir un chrétien qui prierait pour lui: «Quel fou j’étais! quel fou!», gémissait le mourant dans sa détresse. «Quel fou!»..., ce furent ses dernières paroles.

On en a conservé l’histoire et personne, loin à la ronde, n’oserait attaquer l’Évangile.

Salut par la repentance,

foi au sang de Jésus,

obéissance à l’Esprit de Dieu,

c’était toute la religion de ces gens des champs.

Jacob naquit et grandit dans cette atmosphère de moralité. Durant toute sa vie, il conservait un côté poétique qu’il tenait de sa mère. Elle savait toujours voir le beau côté des choses.

Pendant sa vie, Jacob eut bien des moments sombres et tristes, mais cet esprit heureux brûla toujours dans son âme. La souffrance et la privation de durs maîtres, lui apprirent à s’amasser des trésors dans les cieux, et à COMPTER LES PERTES DANS CE MONDE COMME DES GAINS POUR LES PARVIS CÉLESTES.

Il avait 14 ans quand sa mère mourut. Quand il pensait à elle, à sa vie chrétienne et au témoignage qu’elle rendit sur son lit de mort, l’âme de Jacob se réveillait et soupirait en secret après une semblable expérience. Ce fut le commencement d’une foi que rien ne put écraser. Heureux ceux qui naissent et sont élevés sous une influence si divine!

Avec les années, Jacob commença à se lasser de lui-même et de son entourage. Il voyait son père devenir plus vieux et plus pauvre chaque année. Il en avait enrichi d’autres et n’avait rien gagné pour lui-même.

Jacob voyait que s’il ne choisissait pas une autre vocation que celle de son père, le même sort lui était réservé. Il prit la détermination de quitter sa province et de chercher fortune ailleurs. Mais que faire de son père âgé et de sa sœur? et le travail de la ferme? Il chercha pendant deux ans une réponse à ces questions et ne travaillait aux champs que d’assez mauvais gré.

Les voisins avaient remarqué ce changement. Il en parlait même quelquefois à son père, mais le vieillard ne lui donnait jamais de réponse satisfaisante. Et plus les jours s’écoulaient, plus sa vie lui devenait lourde et ennuyeuse. Enfin, le vieillard tomba malade et ne put plus s’occuper de la ferme. Il était trop pauvre pour employer des ouvriers et après des mois de réflexion, il se décida à suivre l’avis de son fils, à abandonner la ferme, à prendre le train et à se retirer dans la ville voisine pour y passer le reste de ses jours dans le repos, Jacob et sa sœur veilleraient à ce qu'il ne fût pas dans le besoin.

Le jour de la vente arriva. Tout fut vendu excepté les meubles. Le cœur du vieux père se brisa de voir ses quelques vaches et moutons vendus à des étrangers. Il dût dire adieu au vieux cheval après l’avoir longtemps caressé. Le lendemain un petit char emportait les meubles; une dernière fois il embrassa tout d’un regard et se mit en route pour la ville, distante de quelques lieues.

La route était trop longue pour le pauvre vieux; à plusieurs reprises il s’assit pour se reposer, quelquefois pour pleurer. Le cœur de sa fille était aussi brisé, mais elle comprima bravement son émotion et essaya de consoler le vieillard en lui parlant des heures de repos dont il allait jouir.

Peu de jours après, ils étaient installés dans leur nouvelle demeure. Jacob avait 22 ans et paraissait un homme fait. Il eut un peu de peine à trouver de l’ouvrage; il essaya de se fixer à son chez soi, mais son esprit changeant le dominait toujours.

(à suivre).

En avant 1899 06 03


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