LE BONHEUR DE VIVRE
Un amateur de statistique a calculé le nombre de jours absolument sereins qu’il peut y avoir dans le cours d'une existence de soixante années.
Le tiers est consacré au sommeil.
Reste: quarante ans.
Les dix premières années de la vie ne peuvent être, quoi qu'on en dise, considérées comme parfaitement heureuses puisque l'enfant n'a pas conscience de son bonheur. Reste: trente ans.
Les infirmités viennent généralement vers cinquante ans. À partir de ce moment donc, la vie est attristée. Retranchant encore dix ans pour la maladie et les indispositions:
il ne restera que vingt années.
Sur ces vingt années, notre statisticien en prend encore quinze pour le travail quotidien.
Il reste donc à peu près cinq années pendant lesquelles l'homme pourrait vivre agréablement, mais encore faut-il tenir compte des souffrances morales auxquelles il ne peut guère se soustraire.
En résumé, on arrive à conclure que l'homme compte généralement sept cent vingt heures, ou trente jours de félicité parfaite pendant une vie de soixante années.
Un roi maure alla plus loin: il disait n’avoir eu pendant une vie de quatre-vingts ans que quatorze jours de vrai bonheur.
Moïse écrivait il y a plus de 3000 ans:
Les jours de nos années reviennent à soixante et dix ans,
et s’il y en a de vigoureux, à quatre-vingts ans;
même le plus beau de ces jours n’est que travail et tourment;
et il s’en va bientôt, et nous nous envolons.
(Bible Martin)
* * *
Quel est l’homme qui aime la vie,
Qui désire la prolonger pour jouir du bonheur?
Préserve ta langue du mal, Et tes lèvres des paroles trompeuses;
Eloigne-toi du mal, et fais le bien; Recherche et poursuis la paix.
Les yeux de l’Eternel sont sur les justes, Et ses oreilles sont attentives à leurs cris.
La pioche et la truelle N° 6 (1890)
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