Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

PRÉFACE

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Dieu a rappelé a lui dans la nuit du samedi 22 au dimanche 23 octobre l'auteur des pages qui vont suivre.

Il y a travaillé jusqu'au dernier moment. Le vendredi soir il écrivait encore à son éditeur, lui annonçant l'envoi des dernières pages de son ouvrage.

Sur sa table de travail nous avons trouvé jetés sur une feuille de papier ces mots : « Il faut s'imposer avec énergie le devoir du travail, qu'on y soit, ou non, disposé. » Cette énergie il l'a voulue et il l'a eue jusqu'au bout.

En relisant, avec une émotion que l'on comprendra, pour les livrer à l'impression, les dernières feuilles du manuscrit, ou l'écriture, d'ordinaire si limpide, devenait tourmentée et heurtée, mais d'où la pensée se dégageait toujours parfaitement claire, cette parole que l'auteur venait de commenter lui-même se présentait sans cesse à mon esprit, illustrée d'une façon si frappante par son propre exemple : « Lors même que notre homme extérieur se détruit, notre homme intérieur se renouvelle de jour en jour. »

C'est un bel adieu à ceux qu'il laisse, que ces derniers mots : « La grâce de notre Seigneur Jésus-Christ vous accompagnera de ses rayons immortels. »

Dieu permettra que de cette lecture sortent quelques-uns de ces rayons pour éclairer des aines, pour les accompagner dans la vie, et au delà, jusque dans le séjour de la pleine lumière ou les a devancées, celui qui, en pensant à elles, a écrit ce livre.

Paris, décembre 1904.

P. B.



AVANT-PROPOS

 

Ce volume ne prétend point être un commentaire. Il reproduit simplement vingt-trois études sur la seconde épître aux Corinthiens., prêchées au temple de la Madeleine (Genève), de novembre 1903 à mai 1904

Bien que m'adressant à toutes les classes de mes auditeurs, j'ai souvent visé d'une manière plus spéciale la jeunesse. Aussi ai-je conservé l'habitude de dire souvent « mes amis. » J'ose espérer que mes lecteurs plus âgés ne m'en voudront pas, car c'est en toute vérité que j'étends à eux aussi cette appellation.

Pour ne pas surcharger de notes ces chapitres, j'ai renvoyé à un appendice quelques questions qui relèvent surtout du domaine de l'exégèse. je sais bien que je ne comble point ainsi toutes les lacunes de mon travail; je les sens très vivement au contraire, et je ne livre ces pages à la publicité que dans l'espoir de contribuer quelque peu à faire connaître la Parole de Dieu. Plus que jamais nos troupeaux en ont besoin.

Dieu veuille donner à mes lecteurs de lire en priant. je puis leur certifier que j'ai prié en écrivant. ED. B.

Florissant, septembre 1904.

 

N. B. - En tête de chaque fragment, je donne du texte grec une traduction aussi littérale que possible.

Quant aux sources auxquelles j'ai eu recours, je signale entre autres:

Dr G. HEINRICI, dans la sixième édition de Meyer's Krit. Exeg. Handbuch. Göttingen 1883.

JAMES DAMNER, D. D. seconde édition, dans Expositor's Bible, 20h Serie. London 1900.



 INTRODUCTION

Les études historiques produisent, depuis quelques années, des monographies du plus haut intérêt. Des archives longtemps ignorées ou mal connues se sont ouvertes par les soins de chercheurs toujours plus nombreux et toujours plus avisés. Les personnages d'autrefois revivent, grâce à leurs propres paroles, consignées dans des lettres intimes. Et la librairie met en vente des livres portant pour titre : Un tel d'après sa correspondance.

A-t-on fait ce travail Pour « le missionnaire des Gentils ? » La littérature de langue française ne renferme pas, à notre connaissance, d'ouvrage intitulé: Saint Paul d'après sa correspondance. Les pages qui vont suivre n'ont pas la prétention de combler en entier cette lacune; elles n'étudient qu'une seule des treize épîtres attribuées à l'apôtre. Mais cette lettre unique renferme un portrait si vivant , si parlant de l'auteur, qu'elle suffirait presque pour nous le faire connaître. Aucune autre ne le révèle plus complètement; aucune ne fait battre son coeur d'homme avec plus de puissance et de grâce tout ensemble; aucune, si nous osons ainsi dire, ne nous le livre mieux tout entier, en nous apprenant à l'aimer autant qu'à l'admirer. « Aucune lettre de Paul, écrit A. Sabatier, n'a, pour l'histoire intime de sa conscience, une valeur égale à celle de cette seconde épître. Dans aucune sa personnalité n'est plus en jeu et ne se révèle plus spontanément ni plus profondément sous l'émotion de plus amères épreuves et de plus cruelles angoisses (1). »

Les circonstances, la date et le lieu de la composition de cet écrit, ne peuvent pas, croyons-nous, être déterminés avec une absolue certitude. Voici pourtant ce que le rapprochement des textes fait envisager comme le plus probable.

Un temps relativement long a dû s'écouler entre la rédaction de la première épître et celle de la seconde, peut-être toute une année. Dans cet intervalle, l'apôtre a passé par des inquiétudes de plus en plus poignantes. Il sentait, il voyait les divisions amenées dans Corinthe par sa première lettre qui entrait si hardiment dans la peinture des plaies de l'Eglise. Il entendait d'Ephèse, où il restait provisoirement, les récriminations des partis. Car Timothée, porteur de la lettre et promptement revenu auprès de l'apôtre, ne pouvait le lui cacher: sa mission n'avait pas réussi. Les Corinthiens, partagés en majorité et minorité, ne parvenaient pas à s'entendre sur la répression d'un abominable scandale. Au contraire, le cas de l'incestueux ouvrait la porte à une hostilité plus amère et plus méchante contre Paul. On s'attaquait à son apostolat, on soupçonnait sa droiture, on doutait de son courage. Le pasteur, tourmenté, avait alors envoyé un autre messager, Tite, également investi de toute sa confiance. Mais Tite ne revenait pas. Et Paul attendait, attendait toujours. Enfin, n'y pouvant plus tenir, il part à la rencontre du jeune ambassadeur. Arrivé à Troas, il s'empresse d'y prêcher l'Evangile. Un succès marqué couronne son travail. Toutefois, impossible de rester en place puisque Tite ne parait point. Le missionnaire alors s'embarque, passe en Macédoine, et enfin y rencontre son disciple, dans une localité que rien ne désigne d'une façon précise. Les nouvelles reçues le remplissent d'une joie débordante, sans effacer entièrement, néanmoins, les douleurs dont elles furent précédées. C'est alors, nous avons tout lieu de le supposer, que l'apôtre a composé sa seconde épître aux Corinthiens, vraisemblablement au printemps de l'an 58. Faut-il placer entre nos deux épîtres une visite de l'apôtre à Corinthe et la rédaction d'une lettre aujourd'hui perdue? Ni le livre des Actes, ni la correspondance paulinienne connue ne nous permettent de l'affirmer. Cela demeure possible, - surtout la seconde des deux suppositions, - cela n'est pas devenu certain.

Le plan et la division de l'écrit ressortent, nous semble-t-il, avec une grande netteté du texte lui-même, et la division proposée par M. Fréd. Godet reste, selon nous, la plus naturelle. Trois parties seulement: le passé, le présent, l'avenir (2). 

Le passé, c'est-à-dire l'apologie du ministère de Paul comparé à celui des judaïsants: 1, 12 à VIL

Le présent, ou la continuation de ce ministère, concentré alors dans la préparation d'une collecte en faveur des chrétiens de Jérusalem, VIII, IX.

L'avenir, ou l'annonce d'une visite prochaine de l'apôtre à Corinthe, et de la façon dont il entend s'y conduire, X à XIII, 10.

Les onze premiers versets de la lettre en forment l'adresse, avec les actions de grâces ordinaires; les trois derniers sont la conclusion épistolaire, avec les salutations d'usage.

 

Edouard BARDE
1836 - 1904


1 A. Sabatier, L'apôtre Paul, esquisse d'une histoire de sa pensée. Seconde édition, p. 143

2 Fr. Godet, Introduction au Nouveau Testament, I, p. 366, 357.
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