Préface de l'Auteur
Bien qu'elle renferme la plus sombre
tragédie, il y a une histoire, appelée du consentement
commun, «La Bonne Nouvelle», ou du nom quelle s'est
appropriée: l'évangile.
Ses quatre historiens sont unanimement
désignés comme les quatre évangélistes,
parce qu'ils proclament la Bonne Nouvelle.
Cette histoire raconte comment - par une
naissance miraculeuse - Dieu est entré en relation avec
l'homme, ce que là création elle-même n'avait pu
établir. Mais par une mort expiatoire et une puissante
résurrection - victorieuse de la mort dont le
péché était la cause - le Créateur ajouta
à sa gloire celle de Rédempteur.
Les fondements de cette histoire, sa
préparation, ses prédictions et les évidences de
sa véracité, la précèdent dans les
écrits de l'Ancien Testament. Tissée sur cette trame,
l'histoire d'Israël est elle-même d'une valeur universelle
- elle en est inséparable.
L'histoire de l'Église - ou de
l'ensemble de ceux qui, par la foi, ont reçu Christ et sont
devenus ses disciples - est encore incomplète, elle se
poursuit. Pour cette raison, et parce que le champ des investigations
est immense, on n'en peut écrire - malgré sa
suprême importance - que des fragments de temps en temps. Les
uns puis les autres relatent ce qu'ils ont vu ou appris par des
récits dignes de foi, classent et ajoutent la description des
étapes du long pèlerinage accompli.
Les pages qui suivent sont une contribution au
développement de cette histoire. Dans leur rédaction,
il a été fait usage de ce que beaucoup d'autres
chercheurs ont trouvé et enregistré. Ce livre est donc
une compilation de renseignements, accompagnés des
observations de l'auteur dans son exposé des faits. Il est
à espérer que les abondantes citations d'ouvrages
consultés, ou les références données,
conduiront quelques lecteurs de ce volume à se documenter plus
complètement en lisant les auteurs cités, dont les
patientes recherches et les travaux intelligents sont dignes de tout
intérêt.
Mais ceux qui, par manque de temps, ne peuvent
s'adonner à la lecture d'ouvrages volumineux trouveront dans
ce livre un fil conducteur, essayant de les introduire dans les
expériences de certaines églises de Dieu, qui, en
divers temps et lieux, se sont efforcées de faire des
Écritures leur guide. Comptant sur la pleine suffisance de la
Parole de Dieu pour tous leurs besoins et dans toutes les
circonstances, elles ont voulu s'y conformer dans leurs
réunions, leur organisation et leur témoignage.
Il y a toujours eu de telles églises.
Les annales de la plupart d'entre elles ont disparu. Toutefois ce
qu'il en reste est si considérable qu'il a fallu
nécessairement faire un choix.
L'histoire générale n'entre pas
en ligne de compte, sauf en ce qui concerne les points de contact
avec ces églises, et à titre de
référence. Il n'est pas non plus tenu compte de ce que
l'on entend habituellement par l'«Histoire de
l'Église», sinon en rapport avec les congrégations
de croyants dont la mise en pratique des enseignements de
l'Écriture est l'objet même de cette narration.
Quelques-uns des mouvements spirituels
étudiés - quoique n'appliquant que partiellement le
principe de se conformer pour toutes choses aux directives des
Écritures - sont cependant mentionnés parce que, dans
leur mesure, ils ont aussi jeté une lumière
précieuse sur la possibilité de suivre ce
chemin.
La glorieuse tragédie de
«L'Église en pèlerinage» (titre anglais de
cet ouvrage - trad.) ne peut être que faiblement
évoquée ici-bas. Elle ne sera pleinement connue que
dans la journée où s'accomplira la parole du Seigneur:
«Il n'y a rien de caché qui ne doive être
découvert, ni de secret qui ne doive être connu»
(Matth. 10. 26). Présentement, au travers des brouillards de
notre ignorance et de notre incompréhension, nous la voyons
guerroyant contre la puissance des ténèbres,
témoignant pour son Seigneur et souffrant en suivant ses
traces. Ceux qui la composent sont toujours des pèlerins,
n'établissant aucune institution terrestre, parce qu'ils ont
en vue la cité céleste. Dans leur ressemblance avec le
Maître, ils pourraient être appelés «les
pierres que ceux qui bâtissaient ont rejetées» (Luc
20. 17). Mais ils sont soutenus par l'espérance confiante que
- lorsque son royaume sera révélé - Ils
régneront avec LUI.
E.-H. BROADBENT.
.
Avant-propos de l'édition
française
Si le livre de M. Broadbent n'est pas, dans le
sens habituel du mot, une histoire de l'Église, il en est
cependant un complément de grande valeur. L'accueil chaleureux
qu'il a reçu du public anglais chrétien le prouve. En
fort peu de temps, la première édition a
été enlevée et un second tirage rendu
nécessaire.
Nous l'avons lu et relu avec le plus grand
intérêt. Nous croyions volontiers - sur la foi
d'ouvrages étudiés antérieurement -
connaître avec une certaine exactitude la course de
l'Église à travers les âges, ses débuts,
ses luttes, ses souffrances et ses triomphes. Mais à
côté des pages historiques connues, relatant le
développement des grandes confessions chrétiennes, que
les chapitres ignorés, décrivant les efforts, les
travaux, les douleurs et les supplices de milliers de
chrétiens méprisés, persécutés,
dont l'histoire officielle n'a pas tenu compte!
Ce sont précisément ces chapitres
que l'auteur a eu à coeur de tirer d'un oubli injuste, afin
d'en faire un livre particulièrement émotionnant. Ne se
contentant pas de narrer des faits, M. Broadbent en fait jaillir les
lumineuses leçons dont nous avons plus besoin que jamais dans
les temps actuels.
Un tel ouvrage, dont la sincérité
est évidente, et qui a coûté une somme
considérable de patientes recherches, méritait
d'être mis à la portée des lecteurs de langue
française. Nous osons espérer qu'il sera largement
répandu et lu dans tous nos milieux religieux, en particulier
dans les facultés de théologie et les instituts
bibliques.
A une époque. où, par la
grâce de Dieu, une heureuse tendance se manifeste - le retour
aux Écritures comme seul solide fondement de la foi - le
volume que nous présentons à notre public
chrétien vient à son heure.
Pour les Éditions «Je
Sème» :
F. B.
.
Aux lecteurs français
par M. le pasteur Saillens
Le caractère le plus douloureux de
l'histoire du christianisme, depuis ses origines jusqu'à nos
jours, c'est la tendance de la majorité des chrétiens
professants à s'unir aux puissances temporelles pour
persécuter les minorités qui voulaient, ou veulent
encore, demeurer fidèles à l'esprit comme à la
lettre de l'Evangile.
Ces minorités ne furent certes pas sans
faiblesses, ni même, trop souvent, sans professer de graves
erreurs. Mais c'est de leur côté, cependant, qu'il faut
chercher les témoins du Christ, qui voulaient maintenir le
principe fondamental de la doctrine évangélique: la
nécessité, pour être vraiment chrétien,
d'une foi personnelle en Christ, «mort pour nos offenses et
ressuscité pour notre justification».
Dès que le christianisme devint une
religion héréditaire, dès que l'Église
devint partie intégrante de l'État, dès que la
naissance et la nouvelle naissance furent confondues. le
christianisme devint un nouveau paganisme, et, par la force des
choses, il fut persécuteur. Cette tendance, hélas!
s'est retrouvée jusque dans les Églises de la
Réforme, tant il est vrai que l'intolérance est
naturelle au coeur humain!
Nous remercions de grand coeur les
frères qui nous ont donné une traduction du
présent livre, dans lequel nous est racontée la longue
et tragique épopée de l'Église sous la croix.
Nous souhaitons vivement que cet ouvrage soit largement
répandu dans nos milieux de langue française, et
surtout parmi notre jeunesse, dont la devise 'doit être. croire
tout ce que Dieu a dit; faire tout ce qu'Il ordonne; recevoir tout ce
qu'Il donne; aimer tous ceux qu'Il aime; souffrir patiemment tout ce
qu'Il permet; attendre enfin le triomphe du Christ, par son retour
certain et glorieux !
R. SAILLENS.