C. - LE PROTESTANTISME AUX
XVIe ET XVII SIECLES DANS LES PAYS ANGLO-SAXONS.
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A. - LA RÉFORME ZWINGLIENNE DANS
LES LIGUES SUISSES DURANT LE XVIe SIÈCLE.
.
I. Les débuts et le triomphe de la
Réforme à Zurich (1519-1525).
1519.
Ensuite de son activité à Glaris et à
Einsielden. Ulrich Zwingli (1484-1531) est nommé
curé du Grossmünster, où il commence dès
le 1er janvier à prêcher les enseignements de la
Bible. Il fait expulser de Zurich et de la
Confédération Bernhardin Samson, vendeur
d'indulgences. Dévouement de Zwingli durant la peste, dont
il est gravement atteint.
1520-1522.
Zwingli lutte contre le service mercenaire et pour l'autonomie de
la Confédération; il travaille à
réformer les moeurs et à corriger les abus
ecclésiastiques. Succès croissants du
Réformateur: violente hostilité contre lui des chefs
mercenaires, surtout à Schwytz, dés patriciens et de
prêtres zurichois, enfin de l'évêque de
Constance.
1523.
Première dispute de Zurich, le 29 janvier: Zwingli y
établit l'autorité souveraine de la Parole divine,
c'est-à-dire de Christ notre Chef et notre seul souverain
sacrificateur, et le Conseil ordonne à tout prêtre
zurichois de ne prêcher que conformément à
l'Ecriture. Mariage de prêtres, agitation populaire. Pour
satisfaire et dominer les passions populaires, on décide la
Seconde dispute de Zurich (26-28 octobre) où Zwingli, les
Saint-gallois Vadian et Schappeler, le Schaffhousois Hofmeister,
discutent de la Messe, des images et des formes et usages
catholiques. Les décisions prises sont immédiatement
appliquées.
1524. Le
Conseil, secondé par le Réformateur, transforme
radicalement les institutions du passé: les vingt couvents
sont sécularisés et leurs revenus employés
pour les hôpitaux, l'assistance ou les écoles ; les
églises, dépouillées de tout ornement; le
culte, ramené à la prédication ; les
sacrements, réduits au baptême et à la sainte
Cène, simples signes de l'entrée dans l'Eglise ou de
la communion à la mort de Christ. Le « Chapitre »
est transformé en une école de théologie, et
le gouvernement ecclésiastique assuré par le
Kirchenrat, assisté plus tard d'un Synode. Cependant cette
réforme officielle et bourgeoise ne satisfait pas des
éléments populaires qu'excitent contre Zwingli les
chefs « baptistes », partisans d'une révolution
sociale et du règne des seuls élus. Polémique
violente de ces fanatiques, vive agitation en ville et dans la
campagne, entente des Baptistes avec les paysans
révoltés de la Forêt-Noire.
1525.
Répression du Baptisme: Zwingli publie ses écrits
sur le baptême ; le Conseil ordonne de baptiser tous les
enfants ; les récalcitrants sont punis de prison, d'exil,
puis de mort ; les chefs du baptisme suisse dispersés et
chassés. Zwingli demeure maître de Zurich et va se
servir de sa cité pour faire triompher son Evangile. Il
cherche à y gagner le roi humaniste François 1er,
adversaire des Habsbourg, et lui adresse son « Commentaire de
la vraie et de la fausse religion » (mars 1525).
.
Il. Les luttes, les succès et les
revers de la Réforme zwinglienne au sein des Ligues suisses
(1526-1531).
1524-1525.
Conservateurs et partisans du service mercenaire, Lucerne et les
Waldstaetten s'opposent rudement à la Réforme
zwinglienne et à Zurich: ils font décapiter
l'iconoclaste (briseur d'images) Hottinger (9 mars 1524),
concluent entre eux le pacte de Beckenried pour défendre
l'ancienne foi (8 avril), s'efforcent d'exclure Zurich de la
Diète de Baden et d'exciter à la révolte les
paysans zurichois, ce qui provoque à Zoug (11 juillet) la
protestation des cantons-villes, décidés à
laisser chaque Etat confédéré régler
à sa guise les questions de foi. L'intervention des
cantons-villes et les suites du désastre de Pavie (24
février 1525) calment l'ardeur belliqueuse de Schwytz et de
ses alliés et les incitent à faire régler par
une dispute la question religieuse.
1526.
Dispute de Baden (21 mai - 8 juin), où les thèses
catholiques sont approuvées par la très grande
majorité des assistants: les cinq cantons, comme Soleure,
Fribourg, Glaris, Appenzell, prennent des mesures pour
empêcher toute propagation, sur leurs territoires, de la
Réforme zwinglienne, dont le triomphe en Suisse parait
alors compromis.
Cependant à Zurich, Zwingli,
dominateur de la cité, établit un régime
théocratique, frappe les patriciens, ses adversaires, entre
en relations avec les villes évangéliques de la
Haute-Allemagne et les contrées orientales de la Suisse,
surtout travaille à propager ses idées dans les
cantons encore indécis. L'Evangile zwinglien s'impose de
plus en plus à Schaffhouse, dans certaines paroisses de
Glaris et d'Appenzell, dans les états alliés de
Saint-Gall grâce au bourgmestre Vadian (Joachim de Watt,
1484,1551) et des Grisons (Jean Dorfmann ou Comander), dans le
Toggenbourg, surtout à Berne par la prédication de
Berchtold Haller (1492-1536) et à Bâle où
s'est fixé dès 1522 Oecolampade (Jean Husgen,
1482-1531), le second théologien de la Réforme
suisse.
1527.
Revirement en faveur de la Réforme : Berne, Bâle,
Schaffhouse. Appenzell, Saint-Gall se déclarent pour
Zurich, et le parti évangélique prend à Berne
la direction des affaires.
1528.
Succès de la Réforme dans la
Confédération: Dispute de Berne (6-26 janvier),
à laquelle participent Zwingli et les chefs de la
Réformation en Haute-Allemagne, et dont les
conséquences sont: la réformation des territoires
bernois, malgré la révolte du Hasli, et plus tard la
réforme du pays romand; les progrès des idées
nouvelles partout, sauf dans les cinq cantons.
prépondérance de Zurich et de Berne.
Exécution du bailli catholique Marc Wehrli.
Sécularisation de l'abbaye de Saint-Gall.
1529.
Triomphe de la Réforme à Bâle (8-10
février), Schaffhouse, dans le Toggenbourg, le Rheinthal,
à Melligen et Bremgarten. Zwingli, maître de Zurich,
travaille à abaisser les petits cantons, à dominer
la Confédération avec Berne, à conclure des
« combourgeoisies chrétiennes » avec Constance,
Mulhouse, Strasbourg, à former une vaste ligue
européenne des adversaires des Habsbourg pour faire
triompher politiquement l'Evangile dans le monde. Les cinq cantons
ripostent en concluant à Waldshut « l'alliance
chrétienne » avec l'Autriche, et Schwytz fait
brûler vif le pasteur Léonard Kayser. Première
guerre de Cappel (6-26 juin), où le succès
assuré des Zurichois est compromis par l'intervention de
Berne et des cantons neutres ; paix blanche de Steinhausen.
1530.
Pression de Zurich dans la Suisse orientale. Tentative de Zwingli
pour se rattacher par Strasbourg aux princes luthériens et
échec de cette tentative ensuite du Colloque de Marbourg.
Menace de l'Autriche et de J.-J. Medici contre les Grisons et
« guerre de Musso », qui retient au delà des
Alpes une partie des troupes réformées.
1531.
Revers de la Réforme suisse : irritation croissante et
préparatifs guerriers des cantons catholiques.
L'autorité de Zwingli est compromise dans la
Confédération et à Zurich même. Contre
son avis Berne fait fermer les marchés aux gens des petits
cantons. Seconde guerre de Cappel. désastre des troupes
zurichoises et mort du Réformateur (4 octobre 1531), nouvel
échec des Zurichois au Gubelsberg et paix de Cappel, qui
laisse aux cantons la libre disposition de leurs affaires
ecclésiastiques, mais supprime la foi nouvelle dans les
baillages libres (20, 24 novembre 1531, 31 janvier 1532). Violente
réaction catholique dans la Suisse orientale et à
Soleure.
.
III. Organisation et affermissement de la
Réforme suisse; rapprochement du Zwinglianisme et du
Calvinisme (1532-1566).
1532-1536.
Réorganisation des institutions ecclésiastiques : A
Zurich, sous la présidence d'Henri Bullinger (1504-1575) et
par le synode du 22 octobre 1532. A Berne par Haller et Capito
(synode de janvier 1532). A Bâle, sous l'influence d'Oswald
Myconius (1488-1552); réorganisation de l'Université
et adoption de la Confession de Bâle (1534), nettement
zwinglienne. Tentatives de rapprochement avec Strasbourg et avec
le Luthéranisme, qui demeure intransigeant. Zurich, Berne,
Bâle, Schaffhouse, Saint-Gall, Mulhouse, Bienne, adoptent
comme expression de là doctrine zwinglienne la
première confession helvétique (27 mars
1536).
1537-1550.
Luttes à Schaffhouse et surtout à Berne entre les
tendances zwinglienne et luthéranisante.
Intérêts communs avec Calvin et Farel et attrait du
calvinisme. Entente plus intime entre Bullinger et Calvin par
l'accord de Zurich (Consensus tigurinus, 1549).
1550-1566.
Menace croissante de la Contre-Réformation en Suisse.
Expulsion des réformés de Locarno (1555),
extirpation des évangéliques valaisans, dès
1565, Bullinger rédige la Seconde confession
helvétique (1562), fusion des idées zwingliennes et
calvinistes et qui, adoptée en 1564, unifie au point de vue
doctrinal le protestantisme suisse.
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B. - LA RÉFORMATION EN ALLEMAGNE
ET DANS LES PAYS SCANDINAVES AUX XVIe ET XVIIe SIECLES.
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I. Les débuts de la Réforme
germanique: Martin Luther (1483-1546) et le réveil
religieux, politique, social en Allemagne (1517-1525).
1517.
Luther, ayant saisi trois ans auparavant l'Evangile du
péché, de la grâce et de la foi, affiche
à Wittemberg, le 31 octobre, sa 95 thèses contre les
indulgences, que prêchait le dominicain Tetzel. Emotion
générale en Allemagne; plaintes à Rome contre
le moine audacieux.
1518. Vive
polémique au sujet des Thèses. Chapitre
général des Augustins et dispute d'Heidelberg,
où Luther se gagne des adhérents dans le sud-ouest
de l'Allemagne. Cité en cour de Rome, Luther s'efforce de
se dérober à ses ennemis, contre lesquels son «
seigneur ». l'Electeur de Saxe, Frédéric 111 le
Sage, le prend sous sa protection. Pour ménager ce prince,
Rome tente de ramener Luther à la soumission par le moyen
du cardinal Cajétan (Thomas de Vio, 1469-1534): entrevue et
fuite d'Augsbourg (octobre): Luther en appelle au pape mieux
informé et du pape au concile (28 novembre).
Frédéric III refuse de livret son théologien
et demande pour lui un tribunal impartial.
La Diète de Francfort élit
empereur Charles-Quint (28 juin). Eck rallume les débats.
Dispute de Leipzig, (27 juin - 16 juillet), où Luther est
amené par Eck à rejeter l'autorité divine des
conciles. Les adversaires de Rome, surtout les humanistes
disciples de Reuchlin et d'Erasme applaudissent Luther, auquel se
rattache alors Mélanchthon (Phil. Schwarzerd
1497-1560).
1520. La
réformation se fait révolution. Première
bulle du pape Léon X condamnant Luther, qui riposte par les
trois grands écrits réformateurs, en août
l'Appel à la noblesse, en octobre la Captivité de
Babylone, en novembre le traité De la liberté
chrétienne. Luther brûle la bulle papale (10
décembre) et en appelle à l'Empereur.
1521.
Seconde bulle d'excommunication. Diète de Worms, où
Luther comparait les 17 et 18 avril; à son retour, il est
enlevé par les cavaliers de l'Electeur de Saxe (4 mi). Edit
de Worms qui met au ban de l'Empire le Réformateur et ses
partisans (26-28 mai). Séjour de Luther à la
Wartbourg (mai 1521 - mars 1522). La « Septemberbibel»
et les « Postilles » 1522-1524. Mouvement populaire de
réforme radicale et de révolution sociale.
Réformes et troubles à Wittemberg, effervescence
croissante en Allemagne. Luther rentre à Wittemberg et y
rétablit l'ordre (mars 1522). Première diète
de Nuremberg qui rejette les demandes du pape Adrien VI. Guerre et
défaite des chevaliers rhénans sous Sickingen et
Hutten (août 1522 - mai 1523). Luttes de
Luther contre les « Illuminés
» (Munzer) et contre les « Sacramentaires »
(Carlstadt), parmi lesquels il implique les réformateurs
suisses. Seconde diète de Nuremberg (janvier 1524) et
celle-ci se montrant impuissante contre la Réforme, les
princes autrichiens et bavarois concluent le 6 juin la Ligue
catholique de Ratisbonne.
1523.
Début de la Réforme aux Pays-Bas.
1525. La
crise de la Réforme allemande. le soulèvement
agraire dit la Guerre des paysans, écrasement des
révoltés et de la Réforme radicale (Munzer)
par les princes catholiques et évangéliques (juin
1524 - juin 1525). Mariage de Luther avec Catherine de Bora (13
juin). Polémique d'Erasme et de Luther sur la question du
libre ou du serf arbitre et rupture entre les humanistes qui
demeurent catholiques, et les évangéliques
(décembre 1525). Ligue de Dessau (15 juillet), qui unit les
princes catholiques de l'Allemagne du nord.
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Il. La Réforme des Princes et de
Mélanchthon: son essor, ses triomphes, sa chute et son
succès définitif. Seconde tentative et ruine de la
Réforme populaire et baptiste. Progrès et
persécution de l'Evangile aux Pays-Bas
(1526-1555).
1526-1532.
L'essor de la Réforme des princes: « l'Alliance de
Torgau », entre les princes évangéliques (27
février 1526) ; en juillet et août, Première
Diète de Spire, qui maintient le statu quo religieux. Les
princes évangéliques réforment les
institutions ecclésiastiques, le culte, l'instruction
publique selon les conseils de Luther et Mélanchton.
Seconde Diète de Spire (mars 1529), Recès,
arrêtant les progrès de la Réforme, et
Protestation de Spire (19 avril), d'où le nom de «
protestants ». Essai du landgrave Philippe de Hesse pour unir
tous les évangéliques d'Allemagne et de Suisse.
Colloque de Marbourg (1-3 octobre) entre Luther,
Mélanchthon, Bucer, Zwingli et Oecolampade: opposition
irréductible sur le point de la Cène et rupture
entre « protestants » et « réformés
». Diète d'Augsbourg (juin à novembre 1530)
présidée par l'Empereur ; lecture de la Confession
d'Augsbourg, rédigée par Mélanchthon et
expression de la foi luthérienne (25 juin) ; vaines
négociations avec les catholiques et Recès
menaçant pour l'Evangile. Ligue de Schmalkalde (27
février 1531) constituant une puissance politique par
l'alliance des princes et des cités
évangéliques. Diète de Ratisbonne et
Trêve de Nuremberg (23 juillet 1532), par laquelle
Charles-Quint admet la tolérance confessionnelle en
Allemagne.
En Danemark, Frédéric 1er de
Holstein, favorise le luthéranisme et ses
évangélistes. En Suède, le héros
national, Gustave Wasa (1496-1560), combattant le
haut-clergé et la domination danoise, s'appuie sur les
luthériens; il obtient, de la diète de Westeroes
(1527), les biens d'Eglise et la prédication de l'Evangile,
et il réforme l'Eglise suédoise dans un sens
conservateur et épiscopal (1529).
1533-1541.
La Réforme populaire et baptiste et la seconde tentative de
révolution sociale: -Le baptisme allemand et le
foisonnement des sectes baptistes, durement
persécutées. Effervescence dans la plèbe des
villes. Ecrasement et persécution des sectaires. Il en
reste: les baptistes suisses en Allemagne ; les baptistes de Huter
en Autriche ; les anabaptistes révolutionnaires (David
Joris) et les anabaptistes pacifiques (Menno Simons, 1492-1559)
aux Pays-Bas. Triomphe politique de la Réforme des princes
: grâce à la Trêve de Nuremberg,
prolongée par celle de Francfort (1539) et par le
Recès de Ratisbonne, le protestantisme conquiert les quatre
cinquièmes de l'Allemagne; Martin Bucer (1491-1551) cherche
à unir, même sur le point de la Cène, tous les
évangéliques (Concorde de Wittemberg, 1536).
Rapprochement, désiré par l'Empereur, entre
protestants et catholiques, grâce aux Colloques de religion
de Haguenau, de Worms (1540) et de Ratisbonne (1541).
En Danemark, Christian III organise une
Eglise d'Etat épiscopale (1536). Il impose également
le luthéranisme à la Norvège (1539) et
à l'Islande (1540).
1541-1551.
Décadence et effondrement du protestantisme allemand.
Fautes des princes bigamie de Philippe de Hesse ; rivalités
au sujet des évêchés saxons abandon par la
Ligue de Schmalkalde du prince Guillaume de Clèves, qui est
battu par CharIes-Quint (1543). L'Empereur ayant conclu la paix
avec la France et le Turc, se gagne secrètement les princes
luthériens, Joachim Il de Brandebourg et le duc Maurice de
Saxe, puis sous prétexte de rébellion, il
déclare aux protestants la Guerre de Schmalkalde
(1546-1547) ; mort de Luther le 18 février 1546 ; inaction
et fuite des troupes protestantes et conquête du sud de
l'Allemagne: défaite à Muhlberg de l'Electeur
Jean-Frédéric de Saxe (24 avril 1547). Fait
prisonnier, Jean-Frédéric abandonne son Electorat
avec Wittemberg, qui récompense la trahison de Maurice de
Saxe. L'Empereur maître de l'Allemagne, y impose par
l'intérim d'Augsbourg (mai 1548), un catholicisme
impérial. aussi détesté du pape que des
protestants : en Saxe, Intérim de Leipzig,
rédigé par Mélanchthon (décembre
1548). Destitution et expulsion des pasteurs les plus
zélés et des adversaires de l'Intérim ;
mécontentement croissant contre l'Empereur.
1551-1555.
Relèvement et victoire du protestantisme. Complot des
princes luthériens, auxquels se rallie Maurice de Saxe, et
entente avec la France. Maurice marche à l'improviste
contre Charles-Quint qui s'enfuit d'Innsbruck et vaincu presque
sans coup férir, accepte le traité et trêve de
Passau (2 août 1552). Après divers troubles et luttes
politiques, la situation confessionnelle de l'Allemagne est
réglée par la Paix de religion d'Augsbourg,
discutée dans une diète que préside Ferdinand
d'Autriche, frère et successeur de Charles-Quint sur le
trône impérial. L'Allemagne est divisée en
deux confédérations de princes et de villes : le
« corps des catholiques » et le « corps des
évangéliques », c'est-à-dire des seuls
luthériens: paix entre ces deux confessions reconnues ;
droit du prince à décider de la religion du pays et
à en diriger l'Eglise ; obligation pour tous les sujets de
suivre la religion de l'Etat ou de s'exiler; défense de
séculariser des principautés ecclésiastiques
(25 septembre 1555).
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III. Le protestantisme luthérien
durant la Contre-Réformation, de la paix d'Augsbourg
à la paix dé Westphalie. La
pénétration du calvinisme et les guerres
d'indépendance aux Pays-Bas (155.5-1648).
Restauration du catholicisme et mouvement de
contre-réformation dans toute l'Europe, suscités par
les papes réformateurs (de Paul III à Sixte V,
1534-1590), par la fondation de la Société de
Jésus en 1540 (Ignace de Loyola, 1491-1556) et par les
réformes monastiques, par l'oeuvre du Concile de Trente
(1547-1563) et par la renaissance du mysticisme en Espagne et en
Italie, puis en. France.
1555-1575.
Accroissement de puissance du protestantisme qui domine en 1570
dans les sept dixièmes de l'Allemagne.
Pénétration du calvinisme. Efforts de rapprochement
doctrinal entre princes luthériens ; conciliation et
formation d'une doctrine orthodoxe s'exprimant par la Formule
(1577) et le Livre de Concorde (1580).
Aux Pays-Bas, pénétration des
calvinistes wallons, à qui se rallient peu à peu les
autres évangéliques, sauf les anabaptistes, au
milieu de rudes persécutions. Opposition politique de la
noblesse à Philippe 11, puis à Marguerite de Parme
et à son ministre Granvelle (1559-1564). Ligue des nobles
(« les Gueux») et des marchands. Organisation des
églises réformées et prédication en
plein air: émeute iconoclaste dans la plupart des villes
(1566). Réaction catholique, fuite de nombreux
évangéliques en Angleterre et en Allemagne,
où se forment des églises de réfugiés.
Envoi du duc d'Albe et répression sanglante aux Pays-Bas,
où le Conseil des troubles exécute plus de dix-huit
mille personnes (1567-1573), Guillaume Le Taciturne, prince
d'Orange. Nassau (1533-1584) et les réfugiés
commencent les Guerres de religion et d'indépendance contre
les gouverneurs espagnols, Albe, puis Requesens;
soulèvement de la Hollande et de la Zélande
calvinistes, puis des provinces catholiques: pacification de Gand
(1576), projet de Paix de religion, instituant la tolérance
religieuse (1578).
1576-1612.
Tension croissante entre les deux confessions en Allemagne.
Formation de l'Union évangélique (1608), puis de la
Sainte-Ligue allemande (1609).
Aux Pays-Bas, les provinces catholiques
(Union d'Arras) s'opposent aux provinces réformées
(Union d'Utrecht): défaites et recul des Provinces-Unies,
meurtre du Taciturne, prolongation de la guerre, aboutissant
grâce à la ténacité d'Olden Barnevelt
et de Maurice de Nassau, à la Trêve de douze ans (9
avril 1609).
1618-1648.
La Guerre de trente ans, conflit de la Réformation et de la
Contre-Réformation:
a) Période bohême et palatine,
1618-1625. Révolte religieuse et nationale de la
Bohême, qui choisit comme roi un protestant, l'Electeur
palatin Frédéric V: après quelques
succès, désastre de la Montagne-Blanche (8 novembre
1620): pillages, mas. sacres, écrasement du protestantisme
et des libertés tchèques.
b) Période danoise, 1625-1629.
Intervention en faveur du protestantisme, de Christian IV de
Danemark, qui est battu par Tilly Wallenstein défend
l'Autriche. Paix de Lubeck.
c) Période suédoise,
1630-1635. Sac de Magdebourg (20 mai 1631) par Tilly et Pappenheim
: plus de vingt mille protestants massacrés.
Intervention du héros protestant,
Gustave-Adolphe (1594-1632). roi' de Suède qui,
entraînant le Brandebourg, bat Tilly à Breitenfeld,
le vainc à nouveau sur le Lech et s'empare de la
Bavière. Echec du roi en face de Wallenstein, puis bataille
décisive à Lutzen (16 novembre 1632) où
Gustave-Adolphe, vainqueur, est tué. Lutte indécise,
assassinat de Wallenstein, défaite des Suédois
à Nordlingen, paix de Prague, par laquelle la Saxe et les
princes protestants se rallient à l'Empereur.
d) Période franco-suédoise,
1635-1648. La guerre perd son caractère confessionnel pour
devenir un duel politique entre la France et les Habsbourg. La
paix de Westphalie confirme les stipulations religieuses de celle
d'Augsbourg.
Aux Pays-Bas, les Provinces-Unies, foyer
théologique du Calvinisme, sont troublées par la
dispute de l'Arminianisme (1604-1619), qui rejette la
prédestination: synode général de Dordrecht
(1618-1619), qui formule l'orthodoxie
réformée.
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C. - LE PROTESTANTISME AUX XVIe ET XVII
SIECLES DANS LES PAYS ANGLO-SAXONS.
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I. La Réformation en Angleterre:
la formation de l'Anglicanisme et le développement du pur
calvinisme (1529-1559).
1509-1547.
Règne de Henri VIII Tudor et la formation d'une Eglise
schismatique. Ayant épousé par dispense la veuve de
son frère, Catherine d'Aragon, et ayant suivi jusqu'en 1527
une politique catholique et favorable à l'Espagne, le roi
veut obtenir de Rome l'annulation de son mariage pour
épouser Anne Boleyn. Devant le refus de Clément VII,
il change de politique ; il destitue et fait condamner son premier
ministre, Thomas Wolsey, légat pontifical et chef de
l'Eglise anglaise (1529) ; il oblige le clergé à le
reconnaître comme son seul chef (1531) et met à la
tête de l'épiscopat Thomas Cranmer (1489,1556),
archevêque de Cantorbéry, qui déclare
illégitime le mariage royal, après qu'Henri eut
secrètement épouse Anne Boleyn (1533). Le Parlement
reconnaît le roi « suprême chef de l'Eglise
d'Angleterre » (1534). Suppression des couvents et
confiscation de leurs biens, partagés entre le roi et la
noblesse. Rejet de toute autorité du pape - organisation
d'une Eglise nationale catholique avec maintien de
l'épiscopat, de la transsubstantiation, confession, messe
pour les morts, etc., mais enseignement de la Bible. Politique
tantôt favorable, tantôt hostile à l'Evangile,
qui pénètre néanmoins en Angleterre, surtout
par les Anglais réfugiés sur le continent (W.
Tindale, traducteur du Nouveau Testament). Lourde tyrannie,
nombreuses exécutions de catholiques comme
d'évangéliques.
En Ecosse, sous la régence de Marie
de Guise et du comte d'Arran, premières tentatives de
prêcher les idées nouvelles et premiers
martyrs.
1547-1553.
Règne d'Edouard VI et progrès importants de la
Réformation. Influence de Calvin et de ses disciples.
Réforme du culte (Book of common prayer, 1552 qui fixe la
liturgie anglicane) et de la doctrine (XLII Articles, affirmant la
justification protestante et la sainte Cène comme Calvin).
Nombre d'évangéliques, inspirés par John
Knox, vont plus loin et tendent à rejeter toutes les formes
traditionnelles et à adopter le pur calvinisme.
1553-1558.
Réaction catholique de Marie la Sanguinaire, épouse
de Philippe Il : le romanisme est imposé à
l'Angleterre : foule d'exilés et trois cents victimes parmi
les évangéliques.
En Ecosse progrès du calvinisme:
activité de John Knox (1505-1572). Les nobles
réformés concluent un Covenant pour le maintien de
la Parole et de l'Eglise de Dieu (1557).
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Il. Le protestantisme anglo-saxon entre
la Réformation et la Révolution. Organisation et
domination de l'Eglise anglicane : luttes entre l'anglicanisme
absolutiste et le puritanisme parlementaire
(1559-1648).
1558-1603.
Elisabeth, elle-même sans convictions chrétiennes,
organise l'Eglise anglicane à sa dévotion: Acte de
suprématie qui la fait « Supreme Governor » de
l'Eglise ; Acte d'uniformité qui impose la liturgie
d'Edouard VI plus les images, croix, musique d'Eglise et
vêtements sacerdotaux (1559) ; les XXXIX Articles
d'Elisabeth, demeurés la confession de foi de
l'Anglicanisme (1563). Lutte d'une part contre le catholicisme
romain, d'autre part contre le puritanisme ou calvinisme strict,
qui cherche à s'imposer dans l'Eglise officielle, puis,
persécuté, devient noir conformiste (1567).
Dès 1571, mesures sévères contre tout non
conformiste : formation d'un protestantisme indépendant de
l'Etat et persécuté, et dont plusieurs
adhérents se réfugient en Hollande.
En Ecosse, soulèvement de la noblesse
et organisation par le Parlement de l'Eglise
réformée selon le pur calvinisme (1560).
Règne de Marie Stuart, hostilité de Knox, lutte de
la reine contre la noblesse, défaite et fuite de Marie en
Angleterre (1560-1568). Triomphé du protestantisme sous la
régence de Murray.
En Irlande, un clergé anglican est
imposé à un peuple qui veut conserver ses
prêtres et sa foi catholiques.
1603-1625.
Jacques VI d'Ecosse, devenu Jacques 1er d'Angleterre, combat, avec
l'appui de l'épiscopat anglican, les droits du Parlement et
le presbytérianisme des puritains anglais et de l'Eglise
écossaise.
1625-1648.
Renforcement de la politique absolutiste par Charles 1er.
Révolte des Ecossais pour maintenir. le
presbytérianisme (Covenant de 1638) ; pétition
contre l'épiscopat, auquel Charles renonce comme
institution d'Etat (1642) ; le parti puritain cherche à
organiser l'Eglise nationale anglaise selon les principes
presbytériens. Mais en face des presbytériens, les
« Congrégationalistes » s'organisent en un parti
indépendant, affirmant l'entière liberté
religieuse, l'autonomie de chaque Eglise, la séparation des
domaines civil et religieux. Guerre entre le roi et le Parlement ;
conflit entre le Parlement presbytérien et l'Armée
indépendante et que commande Cromwell: le roi prisonnier de
l'armée; épuration du Parlement par l'armée ;
jugement et exécution de Charles 1er (30 janvier 1649). En
Irlande, massacre de douze mille protestants par les catholiques
soulevés (1641). Fondation des colonies anglaises de
l'Amérique du Nord:
1607, la
Virginie, fondée par la Compagnie commerciale de Londres,
anglicane.
1620,
Voyage des « Pères pèlerins » sur la May
Flower de Leyde à New Plymouth.
1630,
création de la république puritaine du
Massachusetts.
1632, le
catholique lord Baltimore colonise le Maryland et l'ouvre à
toutes les sectes chrétiennes.
1635, le
baptiste Roger Williams fait de Rhode-Island un asile de
tolérance.
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III. La Révolution anglaise et le
triomphe de l'individualisme et du séparatisme
anglo-saxons. La Restauration des Stuarts et la victoire de il
Anglicanisme (1649-1689).
1649-1660.
La « République » (Commonwealth) et le
protestantisme anglais sous Olivier Cromwell (1599-1688).
Politique de défense du protestantisme en Europe
(protestation contre le massacre des Vaudois du Piémont,
1655) et d'union des puissances protestantes contre le papisme. A
l'intérieur, suppression du « Parlement-croupion
» et essai du « Parlement des saints » qui entend
établir selon la Bible le « royaume des saints »
Guillet à décembre 1643) ; puis gouvernement
personnel de Cromwell. Liberté religieuse pour tous (sauf
pour les catholiques, les anglicans et les antitrinitaires) et
foisonnement des sectes, en particulier les Baptistes et les
Quakers (Georges Fox, 1624-1691).
1660-1688.
Restauration des Stuarts, Charles Il et Jacques Il.
rétablissement de l'Anglicanisme, même catholicisant,
persécution des presbytériens et des sectaires. Le
quaker W. Penn fonde en 1682 la Pennsylvanie, asile de
liberté pour tous.
1688. Le
catholique Jacques II est remplacé par les protestants Mary
et Guillaume, l'absolutisme par la royauté
parlementaire.
1689.
L'Acte de tolérance religieuse est voté par le
Parlement.
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