Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
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TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
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L'ÉGLISE DE L'UNITÉ DES FRÈRES


CHAPITRE XIX

LE RETOUR AU BERCEAU DE L'ANCIENNE EGLISE DE:
L'UNITÉ DE BOHÊME ET DE MORAVIE

 

Au-dessus, d'une des principales portes de la ville de Königgrätz (1), en Bohème, on lisait autrefois cette parole, gravée, en lettres d'or, dans la muraille : Le sang de Jésus-Christ nous purifie de tout péché. L'écriteau fut ôté il y a dix ans, et la pierre qui le porte, trouva sa place dans le mur d'une brasserie. Après avoir balayé, un jour, du sol de la Bohème, l'Eglise de l'Unité et tous ceux qui, avec elle, professaient la foi évangélique, le catholicisme romain était jaloux de faire taire jusqu'à la pierre qui criait encore. Vaine colère. L'Evangile, dès longtemps, avait revécu sous les pas du destructeur.

Parmi ceux que Dieu appela à rallumer, dans les ténèbres spirituelles de la Bohème, le flambeau de la foi, se trouva l'Eglise de l'Unité. Il fut permis, par là, aux pauvres exilés d'hier, devenus aujourd'hui une Eglise protestante, de rendre le bien pour le mal, de bénir ceux qui avaient maudit.

Le 6 juillet de l'année 1862, avec l'autorisation du synode, quatre frères rédigèrent à Herrnhut un appel en faveur de l'évangélisation de la Bohême et de la Moravie. Nous en détachons les lignes suivantes: « La porte qui, il y a deux cents ails, a été si violemment fermée à l'Evangile, s'est rouverte, grâce à la liberté religieuse que le gouvernement autrichien a proclamée pour ses Etats .... Notre Eglise resterait-elle en arrière ? Ces pays ne sont-ils pas la patrie de nos ancêtres ? L'ancienne Eglise évangélique de Bohème, si richement bénie, n'est-elle pas, dans une large mesure, l'ancienne Eglise des Frères, du tronc mutilé de laquelle Dieu a fait surgir notre Eglise morave renouvelée ? Et lorsque le vénérable évêque Amos Coménius, répandant son coeur devant le Seigneur, poussa ce cri de détresse et de foi: Ramène-nous, ô Eternel, renouvelle nos jours comme ils étaient autrefois! ne pensait-il pas à ce petit peuple des Frères qu'il chérissait et qu'il voyait misérable et dispersé? A nous donc de contribuer de toutes nos forces, autant que le Seigneur le permettra, à ce que le précieux Evangile de la grâce de Dieu en Jésus-Christ soit restitué dans tout son éclat à la patrie de nos pères. A nous de nous acquitter par là d'une dette contractée dès longtemps. »

La même année, deux évangélistes moraves, Hartwig et Köther, franchirent la frontière bohême, tandis que le pasteur Kleinschmidt se mettait en route pour visiter le clergé protestant et pour lui apporter les encouragements de l'Eglise de l'Unité.

Marchant devant ses serviteurs, le Seigneur leur prépara le chemin. Soit par le moyen de leur ministère, soit indépendamment de leur activité, il fit naître successivement une série de noyaux évangéliques nouveaux.

Sur la frontière de la Saxe se trouve le village de Rosendorf. On y avait conservé, depuis les jours de la bataille de la Montagne Blanche (1620), une vieille Bible (2), soustraite à la fureur de l'ennemi. Sous le souffle de l'Esprit de Dieu (1843), quelques-uns avaient senti le besoin de rouvrir les pages jaunies. Le frère Michaël, membre de la diaspora morave de Giersdorf, en Saxe, était venu leur expliquer ce qu'ils avaient lu, et les réveillés, mis en rapport avec Herrnhut, y avaient fait de fréquentes visites, parcourant avec joie une distance de quatorze lieues pour passer une heure dans les parvis du Seigneur.

Les choses en étaient là, quand éclata, en 1860, une violente persécution contre les chrétiens de Rosendorf, Rompant alors ouvertement avec Rome, soixante-dix-neuf personnes embrassèrent la foi évangélique et furent rattachées à la congrégation luthérienne de Haber. En même temps, désireuses de conserver le lien qui les unissait à l'Eglise de l'Unité, elles élurent à l'unanimité des voix un ministre morave. Ce fut le frère Conrad Beck, qui devint vicaire du pasteur de Haber, à Rosendorf. Le jeune troupeau protestant ne posséda d'abord qu'un petit champ, transformé en cimetière pour recevoir la dépouille d'un enfant. Mais le 28 octobre 1864, il put inaugurer une chapelle, et Dieu, par la parole de l'Evangile, ajouta tous les jours à l'Eglise des gens pour être sauvés.

A quelques lieues de la frontière bohême-morave, dans une partie retirée du royaume, est situé le village de Cenkowitz, peuplé de tisserands de langue allemande. L'édit de tolérance de l'empereur Joseph (1781) y avait fait surgir un troupeau évangélique dont personne n'avait soupçonné l'existence. Il avait été spirituellement nourri par le vieux Sonntag qui, à son tour, allait se fortifier dans l'Eglise morave de Gnadenfrei. Plus tard (1848), l'ennemi, sous la forme d'un émissaire de Ronge, avait essayé d'y semer l'ivraie parmi le froment.

C'est dans ce village qu'une erreur de nom amena en 1863 le frère Hartwig, second Christian David, brûlant d'amour et de foi. Voyant l'effet de la prédication aussi simple que puissante de ce laïque, ancien catholique, tison arraché du feu, le curé de la localité lui proposa de l'adopter à condition qu'il cessât de parler. Hartwig refusa; ses frères de Cenkowitz demandèrent à l'Eglise de l'Unité et obtinrent dans la personne de D. Peter un régent - évangéliste morave. L'école, bientôt, compta soixante-trois élèves; l'école du dimanche quarante-deux. L'oeuvre continua sous cette forme jusqu'en 1873, où seize personnes réclamèrent formellement leur admission dans l'Eglise des Frères.

Abondamment béni dans son activité, allant de village en village, semant à pleines mains la Parole de vie, Wilhelm Hartwig poursuivit sans entraves son travail d'évangélisation. Affamés de l'Evangile, les gens accouraient de cinq ou six localités pour entendre son courageux témoignage et ses pressants appels. Arrêté, en 1866, comme espion, puis relâché, il fut ému de compassion à la vue des nombreux orphelins laissés par les victimes qu'avaient faites les désastres de la guerre. « je pourrais remplir une vaste maison de pauvres petits affamés et déguenillés », s'écria-t-il. L'année suivante, 1867, il en recueillit cinq dans sa demeure de Rothwasser, au milieu des montagnes sud-est de la Bohême. Les secours, miraculeusement donnés d'En-Haut, se multiplièrent. En 1870, Hartwig put acheter une maison; le feu la consuma trois ans plus tard, mais de ses cendres elle renaquit plus grande et plus belle. Le père Hartwig devint le chef d'une famille de pauvres délaissés croissant d'année en année. En 1886, l'orphelinat abritait trente-six garçons.

Pendant que se consolidait cette oeuvre de charité, Wilhelm Hartwig ne négligeait point l'évangélisation des alentours de Rothwasser. Un groupe de gens réveillés se forma parmi la population catholique de l'important village de Pottenstein. Fatigués de porter le joug de Rome, soupirant après la liberté évangélique, ils déclarèrent vouloir sortir de l'Eglise catholique pour se rattacher à l'Eglise de l'Unité que le ministère du frère Hartwig leur avait rendue chère. Le 16 octobre 1870, le pasteur Wunderling, de Gnadenfrei, procéda à la constitution de la. jeune Eglise, composée de vingt adultes et de six enfants. Un culte solennel de Cène termina la belle journée.

Pottenstein fut la première communauté morave de langue bohême. Elle ne tarda pas à devenir le centre des annexes de Rothwasser, Landscron, Reichenau, Wildenschwert, Leitomischl. En 1886, elle vit naître, dans son sein, sous la direction de son pasteur, Eugène Schmidt, un orphelinat pour jeunes filles, jusqu'ici la seule maison protestante de ce genre dans toute la Bohême. La même année, le 29 août, une modeste chapelle morave, signalée par un écriteau aux regards des passants, fut ouverte dans une rue de la ville de Prague. L'Eglise de l'Unité, dès lors, posséda son pied-à-terre jusque dans la capitale de la Bohême.

Deux ans après l'organisation de l'Eglise de Pottenstein, se forma, dans le village bohême-allemand de Dauba, au milieu d'un cercle d'agriculteurs, une seconde communauté morave. Vingt-trois membres de l'Eglise réformée nationale, six de l'Eglise luthérienne, demandèrent et obtinrent leur admission dans l'Eglise de l'Unité. Toutes ces personnes, nées dans l'Eglise romaine, avaient été réveillées Par le ministère de l'Eglise morave. Dieu s'était servi pour cela d'un ancien catholique, Wenzel Mauder, qu'en 1838 Ou 1839, par des voies étranges, il avait conduit à Herrnhut et qui y avait été amené à la connaissance de la vérité évangélique. L'influence spirituelle de cet homme, de fréquents séjours des réveillés à Herrnhut, l'activité du colporteur morave Ohmann, quelques visites de l'évangéliste Köther, avaient entretenu le feu sacré jusqu'à ce que, après un stage dans les dénominations évangéliques mentionnées plus haut, les circonstances se prêtant à la réalisation de leur plus cher désir, les vingt-trois purent se rattacher à l'Eglise de leur coeur. Ce fut le 20 mai 1872.

Dieu veillait sur tous ces petits commencements. « je considère comme un témoignage signalé de la bonté de Dieu », écrivit, en 1879, le pasteur Bernhard de Dauba, « que nous n'ayons pas eu à souffrir du temps de persécutions qu'ont eu à traverser, au mois de mars, toutes les dénominations non reconnues par l'Etat. Nous en bénissons le Seigneur qui nous a permis de croître et de nous édifier dans le silence. » Le 20 avril de l'année suivante, un décret impérial proclama la reconnaissance par l'Etat, de l'Eglise de l'Unité des Frères en Autriche. Fait d'autant plus remarquable que l'édit de tolérance publié par l'empereur Joseph, tout en accordant la liberté de conscience aux chrétiens des confessions d'Augsbourg et helvétique, avait interdit, en même temps, le rétablissement sur le sol de la Bohême de l'ancienne Eglise de l'Unité des Frères. (3)

Qui n'admirerait, en tout cela, la bonté et la sagesse du Seigneur? L'enchaînement des événements, l'infiniment petit jouant son rôle marqué dans l'accomplissement du plan divin, l'ouverture de portes fermées pendant des siècles, la fidélité de Dieu à exaucer les derniers soupirs des exilés d'il y avait plus de deux cents ans ?

Toute l'Eglise de l'Unité, ses branches anglaise et américaine tout aussi bien que sa branche allemande, s'est engagée à poursuivre, avec persévérance et prière, l'oeuvre à laquelle Dieu l'a appelée, si merveilleusement, dans ces pays remplis pour elle de grands et impérissables souvenirs. Et pendant que ses pasteurs et évangélistes annoncent le Christ, la liberté aux captifs, la grâce aux pécheurs, elle fait fouiller, par un jeune savant, les archives des anciennes cités, afin de répandre sur l'histoire de la première Eglise de l'Unité en Bohême et en Moravie, les lumières qui font défaut jusqu'ici. Il lui a semblé qu'il y avait là pour elle, à côté de l'oeuvre d'évangélisation et d'édification, un devoir filial auquel elle ne devait point se soustraire.



Table des matières

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(1) Le pasteur Szalatnay de l'Eglise réformée de Czernilow, en Bohême, nous apprend, dans un article publié dans le Herrnhut du 13 août 1887, que ce fut à cinq lieues à l'est de la ville de Königgrätz, non loin des bourgades de Senftenberg et de Solnitz, que se groupèrent les premiers membres de l'ancienne Eglise de l'Unité. Ils ne tardèrent pas à se répandre, si bien que toute la contrée fut bientôt gagnée pour l'Evangile. La ville de Königgrätz eut sa chapelle et sa cure moraves. Ces édifices qui existent encore à l'heure qu'il est, ont été acquis dernièrement par l'évêque catholique de la ville.
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(2) Le jésuite Conias à Königgrätz se vantait, après la bataille de la Montagne Blanche, d'avoir brûlé de ses mains non moins de 30,000 livres hérétiques. Néanmoins, beaucoup de Bibles et d'autres écrits, mis à l'index, échappèrent à la vigilance romaine. On les tenait cachés, tant que durait le danger, dans des pains, dans des cheminées, dans des puits, dans des chaudières, pour s'en servir ensuite dans les assemblées, organisées de nuit, dans les caves, les forêts et les ravins.
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(3) L'histoire, à ce sujet, a conservé un détail intéressant. Questionnés, après la proclamation de l'édit de tolérance, vers laquelle des deux confessions, reconnues par l'Etat, ils désiraient se tourner, quelques hommes des environs de Königgrätz, déclarèrent vouloir retourner « à la foi à l'Agneau ». Les jésuites donnèrent à ces gens, dans lesquels il est aisé de reconnaître des descendants de l'Eglise de l'Unité. le sobriquet d'agneaux et. de boucs (bohême : berani).

 

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