Aux pieds du
Maître
CHAPITRE
V
Le mystère de
la croix et de la souffrance.
PREMIÈRE
PARTIE
Le disciple :
Seigneur, que signifie la
croix ? Pourquoi y a-t-il tant de souffrance et de
maux dans le monde ?
Le Seigneur .
I. La croix est la clef du ciel. Les
cieux s'ouvrirent au moment où, par le
baptême et par amour pour les
pécheurs, je pris sur moi la
malédiction de la croix. Et le ciel,
fermé jusqu'alors à cause du
péché, est resté ouvert pour
les croyants, grâce aux trente-trois ans et
demi durant lesquels j'ai porte ma croix et
grâce à ma mort sur le Calvaire.
Désormais, le croyant, qui prend sa croix et
me suit, entre sans retard dans le ciel, par moi
(Jean 14 : 6). Il reçoit la grâce
d'une joie sans fin, que le monde ne peut
concevoir, car le ciel est fermé pour les
incrédules. Tout ce que peut espérer
un incrédule, c'est de voir la joie
remplacer un jour la souffrance et encore
n'ose-t-il pas espérer une joie parfaite.
Quant à moi, j'accorde à mes enfants
la joie dans la souffrance et, plus tard, une joie
parfaite avec le repos éternel. La croix
porte ceux qui la portent et les conduit au ciel
pour l'éternité.
2. La souffrance provient de
l'état de désordre et de perversion
dans lequel vit l'homme naturel, de même que
la chaleur fait du mal aux habitants des
contrées froides, tandis que le froid ne
convient pas à ceux des pays chauds. Le
froid et le chaud dépendent de la position
respective de la terre et du soleil, et l'homme,
selon l'usage qu'il fait de sa libre
volonté, crée un état
d'harmonie ou de désaccord avec Dieu. Les
commandements de Dieu ont en vue la santé
spirituelle et le vrai bonheur de la
créature. Se rebeller contre eux, c'est
rendre son âme malade, triste et
languissante. Le Seigneur, plutôt que de
supprimer les causes de ce désaccord et de
cette hostilité, a
préféré les transformer en
quelque chose de meilleur. Il se sert des
conditions pénibles de l'existence pour
faire sentir au coeur de l'homme qu'il n'a pas
été créé seulement pour
cette terre, qui n'est qu'un pays étranger,
(II Cor. 5)
mais qui le prépare à habiter la
demeure éternelle. L'homme est ainsi
constamment gardé dans la vigilance par la
pression des afflictions de ce monde, de crainte
que sa négligence et son coeur assoupi ne
lui fassent oublier les réalités
éternelles et qu'il ne soit anéanti
en même temps que sa demeure terrestre. C'est
encore afin que, dans la communion de son
Créateur, délivré des maux et
des souffrances de cette courte vie, l'homme puisse
entrer pour toujours dans la joie et le bonheur
parfaits du ciel.
3. La souffrance et l'affliction
paraissent bien amères, souvent même
empoisonnées ; mais souvent aussi, pour
guérir un malade d'un empoisonnement, il est
nécessaire d'employer du poison. C'est ainsi
que, par la voie de la souffrance et par le moyen
de l'affliction qui semblent bien amères, je
dispense la santé de l'âme et la force
à mes fidèles disciples. Dès
qu'une santé parfaite a été
ainsi obtenue, je mets fin à la souffrance,
car je ne prends pas plaisir à l'affliction.
(Lam. 3 : 31-3) Mon seul but, c'est le bonheur
éternel de mes créatures.
4. L'ébranlement produit par un
tremblement de terre fait parfois jaillir d'un sol
desséché des sources d'eau
bienfaisante qui arrosent et fertilisent des terres
jusqu'alors arides et incultes. De même,
l'ébranlement produit par une grande
souffrance fait jaillir en l'homme des fontaines
d'eau vive. Dès lors, au lieu du murmure,
c'est la joie et la reconnaissance qui jaillissent
de son coeur. (Ps. 119 : 67-79).
5. Pour que l'air, en
pénétrant dans ses poumons les dilate
et le fasse vivre, il est indispensable que
l'enfant nouveau né pleure et crie. S'il ne
le fait pas spontanément, il faut bien le
frapper pour l'y obliger. Dans mon amour immense
pour mes enfants, je suis parfois obligé de
les frapper par la souffrance et le trouble. Si je
les force ainsi à pleurer et à crier,
c'est afin que leur être spirituel se
dilatant, et la prière qui est la
respiration de l'âme devenant plus intense,
ils obtiennent une vie nouvelle qui les fasse vivre
à jamais.
6. La noix est une image de la croix :
son enveloppe extérieure est très
amère, mais, intérieurement, elle est
remplie d'une amande savoureuse et fortifiante. La
croix n'a ni beauté ni douceur apparente,
mais celui qui la porte fidèlement en
découvre le caractère
véritable. Il y trouve un fruit de paix
d'une saveur délicieuse
7. En venant sous la forme d'un homme,
j'endurai la croix pour le salut de
l'humanité, et cela non pas seulement
pendant six heures au jour de ma mort ou pendant
les trois ans et demi de mon ministère, mais
bien durant trente-trois ans et demi, et cela afin
que les hommes puissent être sauvés de
la douleur et de l'amertume de la mort.
8. Pour un homme habitué à
la propreté, il est dur d'être
enfermé, même quelques minutes, dans
un lieu sale et empesté. Pour celui qui vit
en communion intime avec moi, il est difficile de
rester au milieu des pécheurs
impénitents. C'est pour cette raison que
certains hommes de prière,
dégoûtés de leur environnement
de péché, ont quitté le monde
pour aller vivre seuls dans des grottes, au
désert. Prenez la peine de bien
considérer ce fait que, lorsqu'un homme a
obtenu un plein salut, il commence à
ressentir l'amertume du péché d'une
manière si poignante qu'il en arrive
à trouver difficile de vivre au milieu des
autres hommes, même pour peu de temps. Il en
est même qui ne consentent plus jamais
à vivre parmi la foule. Quelles ne doivent
pas avoir été pour moi, Saint et
Source de toute justice, les difficultés et
les amertumes de la croix, durant les trente-trois
années que je passai au milieu des
pécheurs et dans leur intimité
constante !
L'esprit humain est trop
borné pour comprendre et réaliser
exactement ces profondeurs dans lesquelles les
anges mêmes désirent plonger leurs
regards (I Pierre 1 : 12), car ils savent, mieux que toute
autre créature, que Dieu est amour. Une
chose plus étonnante encore et plus belle,
c'est que l'amour de Dieu se soit manifesté
si extraordinaire et si merveilleux que, pour
sauver les pécheurs, Il se soit
incarné lui-même, se chargeant de
toute l'amertume de la Croix pour leur obtenir la
vie éternelle.
8. Maintenant, je porte et je partage la
croix et les souffrances de tous ceux qui sont en
moi et demeurent en moi (Actes 9 : 4), bien qu'ils soient des
créatures et moi le Créateur. Bien
que le corps et l'esprit soient deux entités
très distinctes, ils sont tellement unis
entre eux qu'ils sont inséparables ; aussi,
dès que le plus insignifiant des membres du
corps souffre, l'esprit en a conscience. je suis la
vie et l'âme de mes enfants, qui sont mon
corps et mes membres ; je ressens toutes leurs
peines, toutes leurs souffrances et je leur accorde
secours et délivrance au temps
convenable.
9. Ayant moi-même passé par
le feu (Ex. 3 : 2-6) et porté ma croix, je puis
protéger et sauver ceux qui sont
enveloppés des flammes de la tribulation.
(Dan. 3 : 23-25 et I Pierre 4 : 12-13) Comme la salamandre qui ne meurt
jamais quelle que soit la violence du feu, ceux qui
ont reçu le baptême brûlant du
Saint-Esprit et sont nés de nouveau, sont
pour toujours en sécurité, même
s'ils passent par le feu : ils sont en
Moi.
SECONDE
PARTIE
I. Lorsque le froid a fait tomber leurs
feuilles, les arbres semblent avoir perdu toute
vigueur et toute vie ; mais, dès le retour
du printemps, de nouvelles feuilles apparaissent,
bientôt suivies de fleurs charmantes qui font
ensuite place à des fruits délicieux.
Ainsi en est-il de ma mort sur la croix suivie de
ma résurrection, et de ce qui se passe
dès lors pour tous ceux qui,
fidèlement, portent la croix (2 Cor. 4 : 8-11 ; 6 : 4-10).
Ployés sous la croix, ils semblent morts et
pourtant ils produisent une magnifique floraison au
pénétrant parfum puis, pour la vie
éternelle, un fruit glorieux qui durera
à jamais.
En élaguant et
greffant un arbre sauvage, on fait souffrir
à la fois le bon arbre et le sauvageon, pour
que celui-ci arrive à donner un fruit
agréable et nourrissant. Ainsi, pour qu'une
vie inutile et malfaisante puisse être
greffée de telle sorte qu'elle devienne une
vie purifiée par l'Esprit de Dieu, il est
nécessaire que mes disciples commencent par
endurer, à mon exemple, la souffrance de la
croix, afin de devenir ensuite capables de produire
un fruit béni, démonstration de
l'amour et de la gloire de Dieu.
3. Si le monde vous raille et vous
persécute, n'en soyez ni surpris ni
troublés ; ce n'est pas ici, pour vous, un
lieu de repos mais bien un champ de bataille. je
dirai plutôt : « Malheur à vous
lorsque le monde dira du bien de vous » ; ce
sera la preuve que vous avez adopté ses
habitudes mauvaises et perverties. Il est, en
effet, parfaitement contraire à sa nature de
louer et d'aider mes enfants ; il ne peut y avoir
d'union entre la lumière et les
ténèbres. Et si même parfois
les gens du monde vous louent, contrairement
à leurs sentiments véritables, dans
l'unique but d'en imposer, il y aura là un
grave danger pour vous. Votre croissance pourra
être arrêtée et votre service
amoindri.
S'appuyer sur le monde et
sur les gens du monde, c'est bâtir son
fondement sur le sable car, si aujourd'hui ils vous
élèvent et vous portent en triomphe,
demain ils vous écraseront sur le sol,
tellement qu'il ne reste aucune trace de vous. Ce
qui est du monde est toujours incertain et
fugitif... Lors de mon entrée à
Jérusalem pendant la fête, tous
criaient d'un seul accord : « Hosanna, Hosanna
» (Mat. 21 : 9) et, trois jours plus tard,
lorsqu'ils se furent aperçus que toutes mes
paroles protestaient contre leur vie
égoïste et coupable, ils se
tournèrent contre moi et commencèrent
à crier : « Crucifie, crucifie ! »
(Luc 23 :21).
4. Si même des frères en la
foi se mettent contre vous, faute de vous
comprendre, et vous causent ainsi de la peine, vous
devez en être reconnaissants. Rappelez-vous
que Dieu lui-même, que tous les Esprits
célestes, les anges et les Saints sont avec
vous, vous aidant à accomplir votre
tâche dans la justice et la
fidélité, en suivant l'inspiration du
Saint-Esprit.
Ne perdez pas courage !
Le temps est proche où toutes vos bonnes
résolutions et vos desseins d'amour pur et
désintéressé seront rendus
manifestes aux yeux de la création tout
entière, comme aussi la gloire
éternelle que vous aurez
méritée par votre labeur et votre
service d'amour. Moi aussi, pour sauver
l'humanité, j'ai dû renoncer à
tout, être abandonné de tous, avant de
remporter une complète victoire finale.
Pourquoi vous étonner si le monde vous
abandonne ? N'a-t-il pas abandonné Dieu
lui-même ? C'est par de telles tribulations
que vous deviendrez les vrais enfants de votre
Père qui est dans les cieux.
5. N'allez pas vous imaginer que les gens
qui vivent dans le luxe et réussissent, en
apparence, dans toutes les choses de cette vie
soient de vrais adorateurs de Dieu. En
réalité, il en est souvent tout le
contraire. Il est très possible que ces
brebis qui, pendant de longues années
trouvent de gras pâturages dans les lieux
écartés, loin du bercail et du
berger, soient continuellement en danger
d'être déchirées par des
bêtes sauvages, qui finiront un jour par les
dévorer. Celles qui se tiennent près
du bercail et tout près du berger,
même si elles sont d'apparence frêle et
chancelante, sont à l'abri du danger,
tranquilles sous la garde du berger. Il en est
souvent ainsi dans ce monde, quant aux incroyants
et aux fidèles.
6. Au premier abord, il peut
paraître n'y avoir aucune différence
sensible entre la vie du croyant et celle de
l'incrédule et cependant, il arrive un
moment où une profonde différence, un
grand changement se font voir comme, par exemple,
pour le serpent et le ver à soie. Le serpent
a beau changer de peau à mainte reprise, il
reste toujours un serpent et sa nature ne se
modifie pas. Le ver à soie, au contraire,
dès qu'il se dépouille de son informe
cocon, devient un élégant papillon
qui s'élance dans les airs. Ainsi le
croyant, dès qu'il se dépouille de
son corps mortel, s'envole vers le ciel pour y
demeurer à toujours avec un corps glorieux,
tandis que le pécheur, après sa mort,
reste et demeure un pécheur. (Ap. 22 : 1 1).
Voyez encore le ver
à soie : enfermé dans son cocon, il
doit lutter, faire de grands efforts et, en quelque
sorte, l'expérience de la croix ; mais ces
luttes et ces souffrances ont pour but de rendre
ses ailes plus fortes et de le préparer
à sa vie future, en augmentant sa vigueur.
Ainsi, mes enfants, dans leur lutte contre les
convoitises de leur corps mortel, dans leurs
combats spirituels, soupirent après la
rédemption (Rom. 8 :23), mais c'est par cette discipline de
la croix que je les rends forts et leur donne une
complète préparation à leur
vie future.
7. Bien souvent, au milieu de ces
expériences qui les crucifient et de ces
luttes spirituelles, j'accorde à ceux qui
m'aiment une paix réelle et merveilleuse,
afin qu'ils ne se lassent pas, l'âme
découragée. Par exemple, un
fidèle martyr après m'avoir rendu
témoignage tant par sa vie que par ses
paroles, fut un jour saisi par ses ennemis et
suspendu par les pieds à un arbre
élevé. Eh bien, son coeur
était tellement rempli de joie et de paix,
qu'au lieu d'avoir conscience de ce qu'il souffrait
ou de se sentir humilié d'être dans
une pareille position, il dit à ceux qui
l'entouraient : « je ne suis absolument pas
ébranlé ni surpris que vous me
traitiez ainsi. Qu'y a-t-il à espérer
de mieux du monde et de ceux qui lui appartiennent
? Ce monde est à l'envers et toutes ses
oeuvres le sont aussi. Il ne peut pas supporter la
vue des choses normales ; c'est pourquoi, me voyant
debout, vous m'avez, pour être d'accord avec
vous-mêmes, placé la tête en
bas. Rappelez-vous bien, cependant, qu'en
réalité je ne suis pas
renversé, tel que vous vous imaginez m'avoir
placé. Aux yeux de Dieu, je suis debout.
Lorsque, dans une lanterne magique, le
cliché est placé à l'envers,
il se reflète sur l'écran
redressé et du bon côté. Ainsi
moi qui, aux yeux du monde suis suspendu la
tête en bas, je suis debout pour toujours
devant Dieu et devant les habitants du ciel.
Grâce soit à Dieu pour cette croix
bénie »
8. Pour certains croyants, il est tout
simple d'être persécuté, de
passer par le martyr et de mourir pour l'amour de
mon nom. Mais j'ai besoin aussi de témoins
qui sachent vivre en mourant chaque jour et en
sauvant leurs frères, grâce à
leur esprit de sacrifice et de renoncement à
eux-mêmes. (I Cor. 15 : 31).
Dans un sens, il est
facile de mourir pour moi. Vivre pour moi est plus
difficile, car il s'agit alors non pas de mourir
une fois pour toutes, mais de mourir chaque jour de
nouveau. Ceux qui sont prêts à mourir
pour moi maintenant, vivront dans ma gloire
à jamais et leur joie sera
parfaite.
9. Lorsque la douleur, la souffrance et
la peine s'élèvent comme un
brouillard dont les nuages cachent à vos
yeux, pour un temps, les rayons du Soleil de
justice, n'en soyez pas épouvantés.
Ces nuées de souffrance finiront par
répandre sur vous une abondante pluie de
joie infinie et de bénédiction. Alors
le Soleil de justice brillera sur vous à
jamais. (Jean 16 : 20-22).
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