GLANURES
(1)
IV
VIE
CHRÉTIENNE
I. Vie
intérieure.
Un mot de
Luther.
Le
diable, dit Luther,
tint un jour une grande assemblée et y convoqua tous
ses émissaires, afin qu'ils lui rendissent compte de
leurs diverses expéditions. - J'ai suscité,
dit l'un d'eux, les bêtes féroces du
désert et les ai lancées contre une caravane
de chrétiens, et maintenant leurs ossements
desséchés sont dispersés sur les
sables. - La belle affaire ! dit le diable ; leurs
âmes sont sauvées. - Moi, dit un autre, j'ai
fait lever le vent du midi, contre un vaisseau chargé
de chrétiens et ils sont tous noyés. La belle
affaire ! dit le diable ; leurs âmes sont
sauvées. - J'ai essayé pendant dix ans, dit un
autre, d'endormir la vigilance d'un seul chrétien.
enfin j'ai réussi. car il dort. -
Alors,
dit Luther, le
diable jeta un hurlement de joie. et les étoiles
nocturnes de l'enfer entonnèrent un chant de
réjouissance.
|
.
Excepté cela.
Il
y a quelques
siècles régnait en Irlande. ainsi que dans
d'autres contrées. parmi les barbares, l'usage
suivant: Lorsque les guerriers se faisaient baptiser, ils
commençaient par tenir énergiquement le bras
droit élevé au-dessus de l'eau, afin que
celui-ci ne fût pas touché par l'onde
baptismale, Leur but en agissant ainsi ? Ils voulaient
garder pour leur service propre le bras avec lequel ils
avaient l'habitude de combattre, de blesser, de tuer; le
bras qui tenait l'épée. Ils consacraient tous
leurs membres au Christ, à l'exception de
celui-là.
(FUNCKE, Propos sans
fard.)
|
.
Le
chrétien et le monde.
Un
Chinois, traduit
devant le grand comité des Boxeurs, prononça
les paroles suivantes :
«Il
faut qu'un
bateau soit dans l'eau et non pas l'eau dans le bateau.
Ainsi le chrétien est appelé à vivre au
milieu du monde sans que le monde vive dans le
chrétien. » Paroles bien simples, pourtant
singulièrement profondes, dignes d'être
retenues. Je pourrais citer telle longue prédication
qui ne contient pas autant de sagesse que ce court propos.
Celui-ci projette une lumière devant les yeux. Il
adresse à chaque chrétien un solennel
avertissement.
Supposez
le plus beau
des bateaux. le plus solidement construit, n'est-il pas
inutile tant qu'il n'est pas dans l'eau ? L'eau est son
élément., elle l'appelle, il est fait pour
voguer. Mais malheur au bateau qui se remplit d'eau. Si
petite que soit la quantité d'eau qui y
pénètre, elle ralentit sa course. Quand la
voie d'eau est grosse. c'en est fait du navire. Il est
aisé de calculer les heures. les minutes au terme
desquelles il sombrera.
N'y
a-t-il pas
là une image bien exacte des rapports du
chrétien avec le monde ? Le chrétien est
appelé à se mouvoir dans le monde qui est son
élément. Qu'il se garde de se réfugier
dans une cellule, dans un désert. entre les quatre
murs d'un cabinet. Il a à vivre au sein de
l'humanité, à poursuivre avec les hommes tout
ce qui est grand et beau. (FUNCKE, Propos sans fard.)
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.
Disciple de
nom.
Une
pauvre fille
nourrissait sa mère et ses frères et soeurs,
en donnant des leçons de piano. Un jour,
poussée par la misère, elle fit mettre dans
les journaux l'annonce d'un concert, en se donnant comme
élève de Liszt. Or, ce n'était pas
vrai. Le jour du concert. Liszt arrive dans cette
ville.
Sans
rien savoir. il
descend dans l'hôtel où le concert devait avoir
lieu. Epouvantée, la jeune fille se décide
à aller trouver le grand maître pour tout
avouer. «Pauvre enfant, pauvre enfant, dit l'artiste,
je vous pardonne. »
Alors
il lui demanda
de se mettre au piano et de jouer ce qu'elle voulait
présenter le soir. Il écouta, la rendit
attentive à quelques fautes, et ajouta : «
Maintenant vous pouvez dire que vous êtes mon
élève, et je vous prie de mettre au programme
que l'abbé Liszt jouera le dernier morceau.
»
0
toi qui portes le
nom de Christ en t'appelant chrétien, es-tu vraiment
à son école? Va., dis-lui tout : il te
pardonnera et mettra son nom dans le programme de ta
vie.
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.
La
conversion.
Il
y a quelques
années, j'achevais dans mon ancienne Paroisse une
série de prédications sur la conversion de
l'apôtre Paul. Une jeune paysanne, chrétienne
comme on en voit rarement, sincère, active et
expérimentée, vint à moi. Je puis
parler d'elle sans scrupule, car dès longtemps. elle
est dans la patrie céleste. Ce soir-là, beau
soir de printemps, elle était triste, car elle avait
des doutes sur la réalité de ses convictions
religieuses.
«Jamais»
disait-elle «je n'ai fait des expériences
analogues à celles de l'apôtre, et je ne crois
pas avoir passé par la conversion. » Elle
était fort troublée, et tout ce que je lui dis
pour la tranquilliser ne réussit ni à la
convaincre ni même à la consoler.
Enfin,
j'y parvins.
Nous nous étions arrêtés près
d'un des sapins du jardin. Je lui fis remarquer que les
arbres feuillés traversent tous une crise visible;
ils se flétrissent, la tempête les
dépouille, pendant des mois, ils sont là sans
couronne, sans parure. Au printemps, ils renaissent couverts
d'un feuillage nouveau. Il en est tout autrement des sapins
; ils gardent leur verdure tout l'hiver , comme la mort
apparente ne les atteint pas, l'action de la chaleur est peu
visible, et cependant elle ne s'exerce pas moins puissante
en eux que dans les autres arbres. Insensiblement, les
nouvelles aiguilles paraissent au milieu des anciennes, et
lorsque celles-ci tombent, nul ne s'en aperçoit. Ce
changement, visible à tous les yeux dans les autres
plantes, s'opère ici de façon absolument
mystérieuse.
L'intelligente
jeune
fille comprit et fut consolée, et je n'eus pas besoin
de lui parler davantage des oeuvres de Dieu dans la
nature.
(FUNCKE, De la lumière
aux
ténèbres).
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.
Amplius.
Le
fameux peintre
Michel-Ange, ayant visité l'atelier d'un de ses
élèves, écrivit, en l'absence de
celui-ci, sur un tableau en travail dans l'atelier : Amplius
!, c'est-à-dire : « Davantage ! » La
peinture ainsi critiquée était harmonieuse et
proportionnée ou ne pouvait y signaler aucune faute,
positive mais toute la conception était
maigre.
Il
y a là comme
une parabole applicable à la vie morale.
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.
Toutes
choses passeront.
Grand
maman Neumann
nous a raconté, elle-même un trait de son
enfance des plus caractéristiques : elle entendit,un
jour, un monsieur qui disait au cours d'une conversation :
« Eh oui, tout est vanité! »
Là-dessus, la petite Mina, alors âgée de
huit à neuf ans, courut auprès de sa
mère et lui demanda: Que vent dire, maman, «tout
est vanité ? » Cela veut dire, répondit
la mère « que tout passe. » Mina baissa la
tête toute pensive. Au bout d'un moment de silence,
elle se rendit à la cuisine, et, mettant son doigt
sur chaque objet qui s'y trouvait, elle disait :
«Foyer, tu passeras; marmites, vous passerez; balai, tu
passeras, et, continuant ainsi, elle fit le tour de la
maison. Arrivée au galetas. elle toucha les tuiles en
disant : «Vous,
tuiles,
vous passerez
! » Vint ensuite le tour du jardin avec ses arbres et
ses fleurs, et enfin celui du soleil, de la lune et des
étoiles. Retournant ensuite auprès de sa
mère, elle lui dit : « Mère, chère
mère, nous, hommes. passerons-nous aussi, nous tous ?
Sans doute, ma petite, Dieu seul ne passe pas; toutefois, si
nous devenons enfants de Dieu, nous ne passerons pas non
plus. 0 papa, ô maman, s'écria-t-elle, en
éclatant en sanglots, aidez-moi à devenir une
enfant de Dieu !
Cet
ardent
désir de devenir une enfant de Dieu, toujours plus
vraie et plus parfaite, resta, depuis, l'aspiration ferme de
son âme au travers de l'inconstance et de
l'instabilité de toutes les choses d'ici-bas.
(FUNCKE, L'empreinte des
pas,
etc.)
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.
Les chiens
de Lycurgue.
Le
législateur
de Sparte, Lycurgue, voulait convaincre le peuple de la
nécessité de donner à la jeunesse cette
éducation mâle et forte qui la rend capable de
grandes choses.
Il
se servit pour cela
du moyen suivant : s'étant procuré deux petits
chiens, il nourrit l'un avec délicatesse et forma
l'autre au rude exercice de la chasse. Quand l'âge eut
fortifié le corps et les habitudes de l'un et de
l'autre, il assembla le peuple et amena ses deux chiens sur
la place publique, puis il lit placer des mets de choix
devant eux, et lâcha un lièvre en même
temps.
Aussitôt,
l'un
des chiens court vers les mets dont il avait coutume
d'être nourri ; l'autre poursuit le lièvre avec
ardeur ; il le serre de près et ne tarde pas à
l'atteindre, Tout le peuple applaudit à son
agilité. Alors Lycurgue s'adressant à
l'assemblée « Ces deux chiens, dit-il, sont de
même race voyez cependant la différence, et
apprenez quel est le pouvoir de l'éducation !
»
La
cause de Lycurgue
fut gagnée, et l'on se soumit à ses lois, qui
firent de Sparte la première cité de
l'ancienne Grèce.
(La
Gerbe.)
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2. Confiance,
foi.
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Au lit de
mort de Mélanchthon.
Mélanchthon
était mourant, on en prévint Luther. Il
arrive, se penche sur le malade et pousse un cri de
détresse. Ce cri réveille Mélanchthon
de sa stupeur. Regardant fixement Luther, il lui dit :
Luther, est-ce bien vous ? Pourquoi ne me laissez-vous pas
partir en paix ? - Philippe, nous ne pouvons pas encore nous
passer de vous, dit Luther.
Et
se jetant à
genoux, il se mit à prier, à lutter avec Dieu
pendant plus d'une heure, pour la guérison de son
ami. Puis il vint auprès du malade, prit sa main:
Cher Luther, dit Mélanchthon, pourquoi ne me
laissez-vous pas aller en paix? - Non, non, répondit
le vaillant réformateur, nous ne pouvons encore nous
passer de vous dans ce champ de travail.
Luther
alla demander
qu'on préparât un potage et pressa le malade de
le prendre ; celui-ci répéta : Cher Luther,
laissez-moi partir pour ma demeure éternelle ! - Non,
Philippe, nous ne pouvons vous laisser aller. Buvez cette
soupe, sinon, je vous excommunie ! - Le malade avait
à peine pris cette nourriture que la vie lui revint ;
il put travailler encore des années. En rentrant chez
lui ce soir-là, Luther dit à sa femme : A ma
prière, Dieu m'a rendu aujourd'hui mon frère
Mélanchthon.
|
.
Assurance
du salut.
Robert
Bruce (roi
d'Ecosse, 1274-1329), le matin de sa mort, déjeuna
comme d'habitude avec un oeuf : Je crois que j'ai encore
faim, dit-il à sa fille, apporte m'en encore
un!
Tandis
qu'on le lui
préparait, l'expression de son visage devint
très sérieuse: Ma fille, s'écria-t-il,
voici le Maître qui m'appelle! - Son regard
s'était voilé. Il demanda sa Bible et pria sa
fille de l'ouvrir au ch. 8 des Romains. Comme il ne pouvait
plus voir, il lui dit: Mets mon doigt sur ces mots : Je suis
assuré que rien ne pourra nous séparer de
l'amour de Dieu en Jésus-Christ. - Quand ce fut fait,
il dit: Mon doigt y est-il bien? - Oui, père. -
Maintenant que Dieu te soit en aide, ma fille. J'ai
déjeuné avec toi sur la terre ; je souperai ce
soir avec notre Seigneur Jésus-Christ. - Après
avoir dit ces mots, il expira.
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.
Pain
quotidien.
Un
vénérable pasteur d'Eisenach, Volkmar Popo.
racontait que, dans son enfance, il demandait à
dîner on à souper à sa pauvre
mère ; souvent elle lui répondait : « Mon
enfant, je n'ai pas encore achevé ma quenouille;
quand j'aurai garni mon fuseau, j'irai essayer de le vendre.
En attendant, mets-toi là à genoux et prie le
bon bien de me faire trouver quelqu'un qui veuille me
l'acheter. » C'est ainsi, ajoutait Volkmar Popo, que
j'ai appris de bonne heure à demander à Dieu
mon pain quotidien, et mon Père céleste ne m'a
jamais laissé avoir faim.
(MONTANDON, Oraison
dominicale.)
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Dieu fera
le reste.
En
1532, un
charpentier, Jens Haven, se rendait auprès du comte
de Zinzendorf. et lui avouait que. depuis six ans, il
portait en soir coeur le désir d'annoncer l'Evangile
aux Esquimaux. «N'a au Groenland», répondit
le comte. «apprends la langue, Dieu fera le
reste.»
En
1764, il montait
sur un vaisseau de guerre qui mettait à la voile pour
ces parages. Arrivé au terme de la course, il demande
à descendre seul sur le rivage inhospitalier. Le
capitaine accueille ce projet avec une plaisante ironie ;
mais sans se laisser déconcerter, Jens Haven
habillé en groenlandais s'avance sur la plage. La
foule surprise l'observe de loin, s'approche curieuse et
l'entoure bientôt. «C'est un ami,
s'écrie-t-elle, venez. écoutons-le ! »
Puis, elle le supplie de se rendre dans quelques huttes du
voisinage.
Haven
n'ignorait pas
le sort des victimes de 1752 et, partagé entre
l'obéissance et l'inquiétude, il se recueillit
un instant. « Seigneur, dit-il en secret, je vais aller
vers eux en ton nom. S'ils me tuent, ma carrière
terrestre sera finie et j'irai vivre avec toi. S'ils
m'épargnent, alors je saurai que c'est toi qui veux
que l'Evangile leur soit annoncé maintenant. » -
« Me voici, » ajoute-t-il en tendant la main aux
Esquimaux; «me voici, je vous suis I » Il est
reçu avec la plus entière bienveillance, mais
on se borne à le questionner. Cependant
l'apôtre avait su exciter une certaine sympathie et on
le lui prouva en exigeant de lui la promesse qu'il
reviendrait l'année suivante. Jens Haven retourna en
Angleterre bénissant Dieu. Au printemps de 1765, il
reparaissait avec le missionnaire Drachard, sur les
côtes du Labrador, mais de nombreuses
difficultés retardèrent jusqu'en 1771 le
véritable commencement de sa mission. C'est alors que
nous le voyons à la tête de quatorze
frères et soeurs moraves, fonder une colonie.
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La foi
triomphante.
C'était
au plus
fort des persécutions contre les
réfugiés pour cause de religion. Un juge entra
une nuit chez un de ses prisonniers, Gilek de Lubny. «
Gilek, lui dit-il, de quelle confession es-tu ? - De la
confession évangélique »
répondit-il, et au même instant, il
reçut à la tête un coup de poing si
violent, qu'il en fut renversé et resta quelque temps
sans connaissance. Rappelé à la vie par des
coups de bâton, il entendit le juge lui poser cette
question : « Veux-tu te faire catholique ? - Je ne
renierai pas mon Sauveur ! » répondit-il. Alors
le juge ordonna qu'il reçut, à l'instant
même, trente coups de verge.
Le
geôlier
allait exécuter cet ordre, lorsqu'il fit observer
qu'il ne pouvait plus se tenir sur ses jambes. « Qu'il
se couche donc ! » cria le juge. Pendant qu'il se
mettait à genoux pour pouvoir s'étendre
à terre, Gilek se recommandait à la
grâce de son Sauveur. « Tu vois, mon Sauveur. lui
disait-il, que je ne pourrai supporter ces coups, je
succomberai ! » Au même instant, le juge ordonna
de remettre l'exécution au lendemain. Durant sept
nuits consécutives, l'implacable juge renouvela ses
visites et ses menaces, sans jamais rencontrer chez sa
victime autre chose que l'imperturbable calme de la foi qui
ne cessait de puiser des forces toujours renouvelées
dans la communion de Jésus.
Peut
de temps
après, il fut appelé auprès du
capitaine du château, dont il avait entendu parler
comme d'un homme excessivement violent. Il s'y rendit non
sans angoisse et tout en demandant au Seigneur de lui venir
en aide. Le capitaine avait le jésuite à ses
côtés. Evidemment, il s'agissait de frapper un
grand coup. « Es-tu Gilek de Lubny ? » lui demanda
le soldat et sur sa réponse affirmative, il le
contempla longtemps d'un air approbateur. « Jean Gilek
poursuivit-il après une pause, veux-tu
persévérer dans ta foi, lors même que tu
serais condamné à la prison
perpétuelle, condamné au gibet,
condamné au bûcher ? » Cette question lui
fut solennellement adressée et
répétée trois fois. Gilek
répondit chaque fois avec fermeté : « Oui
! » Alors le capitaine se tournant vers le
jésuite, lui dit : « Je ne puis rien faire de
cet homme. Il fait bien de dire ce qu'il pense d'autres
disent facilement qu'ils veulent se faire catholiques, et ne
le font pourtant pas. »
Il
fit alors emmener
le prisonnier et lui envoya une aumône.
(Journal de l'Unité des
frères, 1868.)
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.
Le
capitaine Gardiner.
Le
capitaine F. Allen
Gardiner, officier de la marine anglaise, brûlait d'un
ardent désir de porter l'Evangile aux
indigènes de la Terre de Feu., ces hommes aux
instincts grossiers, qui vivaient comme des brutes, à
tel point que Darwin leur refusait le titre d'hommes. Ne
pouvant s'installer à terre, l'héroïque
missionnaire et ses compagnons s'établirent dans un
bateau qu'ils ancrèrent dans une baie.
C'est
là, de sa
demeure flottante, que Gardiner, avec deux
catéchistes et deux marins pieux, entreprit son
oeuvre de défrichement au milieu des
indigènes. De toute la bande, pas un seul ne devait
revoir sa patrie. Ils moururent tous lentement d'inanition.
Seuls, leurs cadavres et leur journal furent
retrouvés et racontèrent l'horrible histoire.
Ils avaient succombé l'un après l'autre,
Gardiner, le dernier de tous, victimes de la faim.
Et
pourtant, il n'y
avait eu chez eux ni gémissements, ni murmures. Quel
témoignage dans ce message d'adieu du dernier
survivant : « Nous sommes bien pauvres et bien faibles.
Cependant notre bateau est pour nous un vrai Béthel.
Dieu est ici, nous le savons, nous le sentons. Soit que je
veille, soit que je dorme, continuait Gardiner, je suis
heureux, heureux plus que je ne saurais l'exprimer ! »
Puis quelques lignes dans lesquelles, au lieu de se livrer
à de vaines récriminations, il suppliait qu'on
n'abandonnât pas cette oeuvre, et esquissait
brièvement un plan pour la suite des
opérations.
Quel
amour ardent pour
Dieu! A l'heure de la mort, les merveilles de la
bonté divine sont la seule chose dont il trouve
à parler. Après cinq jours de jeûne, il
déclare qu'il ne sent ni la faim, ni la soif. Sur un
rocher qui dominait le lieu de son agonie, il avait
gravé comme devise cette précieuse parole des
psaumes :
Mon
âme, attends-toi à l'Eternel,
Car
mon espoir est en
lui.
Il
mourut sans
contempler aucun résultat de son travail. Il avait
semé avec larmes, mais il ne vit pas même
paraître un brin d'herbe. Cependant il n'avait pas
échoué : aujourd'hui, en effet, parmi ces
tribus païennes, une abondante moisson se lève.
L'Evangile triomphe et transforme ces hommes corrompus en
des hommes honnêtes et bons.
(D'après : Les Nouveaux
Actes des
apôtres.)
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.
Alexandre
et le médecin Philippe.
Alexandre
le Grand
était malade. Aucun de ses médecins n'osait
examiner son cas. Un seul, Philippe, ne crut pas que tout
fût perdu, et le décida à prendre une
potion.
Pendant
qu'il la
préparait, un messager apporta à l'empereur
une lettre qui l'avertissait que Philippe voulait
l'empoisonner. Alexandre plaça la lettre sous son
oreiller. Au moment voulu, le médecin entre, portant
le breuvage dans une coupe. Alexandre lui donne la lettre,
et d'un trait, bravement et sans soupçon, vide la
coupe. Sur sa figure sereine et satisfaite se lisait sa
confiance en son ami. Elle ne fut pas trompée. Si
Philippe avait été un traître, c'en
était fait d'Alexandre.
C'est
comme cela que
Dieu veut que nous nous confions en lui.
Se
confier en
quelqu'un, c'est se fier à lui, croire à sa
parole, compter sur ses promesses, ne jamais douter de sa
fidélité.
(Cité par D. Moody.)
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.
La parole
de l'empereur.
César
Malan
racontait l'anecdote suivante:
L'empereur
Napoléon 1er passait en revue ses troupes sur la
place du Carrousel, à Paris. En donnant un ordre, il
laissa par distraction flotter les rênes sur le cou de
son cheval, qui immédiatement partit au galop,
L'empereur fut obligé de se cramponner à la
selle. Alors un simple soldat s'élança
à la tête du cheval, saisit la bride et la
tendit respectueusement à l'empereur qui lui dit :
« Je vous suis très obligé, capitaine !
» Cet homme crut à la parole de l'empereur et en
le saluant, lui dit : Dans quel régiment, Sire
?
Charmé
de sa
confiance, Napoléon répondit: A mes gardes !
et il s'éloigna au galop.
Aussitôt
le
soldat déposa son fusil et s'approcha du groupe des
officiers d'état-major.
En
le voyant, un des
généraux dit d'un ton méprisant : Que
vient faire ici cet individu ?
-
Cet individu,
répliqua fièrement le soldat, est un capitaine
de la garde !
-
Vous ? mon pauvre
ami, vous êtes fou de parler ainsi !
-
C'est lui qui l'a
dit ! répondit le soldat en montrant du doigt
l'empereur.
-
Je vous demande
pardon, capitaine, dit le général avec
respect. Je ne le savais pas.
|
.
Ne perdons
pas courage.
Un
ancien
d'église s'approcha mi dimanche matin de son pasteur
et lui dit avec tristesse, mais avec fermeté : Il y a
sûrement quelque chose qui ne va pas dans votre
prédication ou dans votre oeuvre pastorale, car nous
n'avons gagné à l'église qu'un membre
cette année, et ce n'est qu'un jeune garçon
!
Le
vieux pasteur
prêcha ce jour, le coeur serré. Il finit son
discours avec des larmes dans les yeux. il aurait
souhaité d'être au bout de sa carrière
et de se coucher pour le dernier sommeil, sous les
cyprès du vieux cimetière. Il s'attarda dans
sa chère église, cherchant la solitude,
lorsqu'un jeune garçon s'approcha, le visage
ému. - Tu étais là, Robert, dit le
pasteur . - Oui, répondit l'enfant; croyez-vous qu'en
travaillant beaucoup, je pourrais arriver à
prêcher l'Evangile ? - A prêcher l'Evangile ? -
Oui, peut-être à devenir missionnaire? - Long
silence; des larmes baignaient les joues du pasteur, et la
blessure de son coeur était guérie. - Robert,
dit-il, Je vois là la main de Dieu. Que le Seigneur
te bénisse, mon garçon. Oui, je pense que tu
prêcheras l'Evangile.
Ce
jeune garçon
était Robert Moffat, qui, plus tard, ajouta à
l'Eglise une province nouvelle, traduisit la Bible dans la
langue des sauvages et enrichit le monde de
découvertes géographiques
Ce
n'était
pourtant qu'un jeune garçon!
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Ce que peut
la confiance.
Un
jour, la baronne
Mathilde Wrede, l'amie des prisonniers en Finlande, eut
à, traverser en voiture une assez longue et sombre
forêt, ayant pour conducteur un prisonnier
libéré, dont la physionomie n'était
guère rassurante. ..On n'entendait d'autre bruit que
les pas du cheval et le grincement des essieux de la
carriole.
Tout
à coup, la
voix du cocher interrompit le silence : « Mademoiselle
la baronne a sur elle l'argent qui doit être remis
à la poste ? » demanda-t-il. « Mais oui
», fut-il répondu. « Et pourtant
Mademoiselle a le courage de traverser seule avec moi la
forêt, sachant que j'ai commis un meurtre pour voler
quelques francs! Vous n'avez donc pas eu peur de moi ?
»
«
Non, Ajalmar,
car lorsque tu as commis toutes ces mauvaises actions, tu
étais mauvais toi-même, aujourd'hui tu ne l'es
plus ; je me fie à toi. »
Mathilde
Wrede avait
prononcé ces mots d'un ton bienveillant et
Parfaitement calme. Un silence suivit ; puis soudain, de
violents sanglots soulevèrent la poitrine de l'ancien
malfaiteur, et l'on entendit ce cri d'un coeur
profondément remué : « 0 mon Dieu, je te
remercie, elle me croit bon; elle croit en moi !
»
|
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Père, tu es avec moi.
Un
soir. raconte Otto
Funcke, je dus monter au grenier chercher quelque chose. Ma
fille cadette. enfant de deux ans, me supplia de la prendre
avec moi. - «Petite, la chambre est noire, » lui
dis-je. Mais elle insista. Je la pris dans mes bras et nous
arrivâmes « dans le sombre réduit. Le vent
hurlait et les ardoises du toit faisaient un bruit
déplaisant. C'était une. expérience
toute nouvelle pour la fillette, et je sentais frémir
son petit corps. Sa voix tremblait aussi : - «
Père, tu es avec moi, » disait-elle. Elle disait
cela et le sentait. Elle ne pleura pas, bien qu'a dessein je
tardai à allumer la bougie. Elle entoura avec plus de
force mou cou de ses bras et répéta :
«Père, tu es avec moi. » - 0 sainte
simplicité ! pensai-je. Croire que le Père
céleste est avec nous, n'est-ce pas la suprême
théologie et la suprême morale?
Les
routes sombres
s'éclairent pour qui croit cela.
(FUNCKE, Joseph.)
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