9. - Parents
et enfants.
Le but de
la vie
Dans une maison vivait
un couple très âgé et original. Le mari
était encore vêtu comme les paysans au
dix-huitième siècle. Aucune innovation
n'était admise.
Il était défendu d'y introduire des allumettes
chimiques. On allumait le feu avec le briquet, la, pierre
à feu et l'amadou, comme l'avaient fait nos
pères.
Le vieux ne
s'inquiétait pas de nous, mais bien la vieille
mère. Nous lui demandâmes un jour si elle
n'avait pas une longue et forte corde à, nous
prêter. « Oui, dit-elle, j'en ai bien une, mais
vous ne l'aurez pas. - Et pourquoi pas ? - Parce que je sais
que vous voudriez faire une escarpolette, et vous pourriez
vous casser le cou. » Nous cherchâmes à la
tranquilliser, l'assurant de notre, prudence. Mais elle nous
répondait toujours : « Enfants, je ne vous la
donne pas. » Enfin nous sortîmes notre dernier et
plus sérieux argument : « Si vous ne nous donnez
pas cette corde, nous n'aurons plus aucun plaisir chez vous.
» - « Cela ne fait rien, nous répondit-elle
froidement, l'homme n'est pas ici-bas pour son plaisir.
»
Là-dessus, elle
nous tourna le dos. nous abandonnant à nos
réflexions. Quelles sottes paroles, nous disions-nous
! Comment, l'homme n'est pas sur la terre pour son plaisir ?
En tout cas, nous, nous étions venus à la
campagne pour nous amuser. Cela n'étant donc pas
possible, notre décision fut bientôt prise,
nous fîmes nos paquets, et partîmes ; non
à vide, car la bonne vieille eut soin de bourrer nos
poches de toutes sortes de bonnes choses pour le chemin.
Quant à sa dernière parole, qui nous avait mis
en colère, je l'emportai aussi avec moi. Nous ne
sommes pas dans ce monde pour notre plaisir, me
répétais-je.
(FUNCKE, L'empreinte des pas,
etc.)
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Le docteur
Samuel Johnson.
C'était eu
novembre 1776, par un temps de froid, de givre et de pluie.
Tout ce que la ville et les environs de Lichtfield, petite
localité du comté de Warwich, en Angleterre,
renfermait de plus noble et de plus distingué
était réuni chez la comtesse de C***. Ce qui
avait surtout attiré les invités,
c'était l'agréable perspective de dîner
avec un. célèbre écrivain, le docteur
Samuel Johnson , qui visitait alors sa ville natale. Mais
Johnson n'arrivait pas ; on attendit une heure ; on
dîna sans lui. On avait pris le thé, la
soirée s'avançait, et la compagnie allait se
retirer quand on annonça le docteur. Il entra, et
]'on fut aussitôt frappé de
l'étrangeté de son aspect. Il était
pâle et abattu ses vêtements étaient en
désordre et couverts de neige. On le regardait en
silence. Il s'avança vers la comtesse.
- Madame, dit-il, je
vous prie de m'excuser. Quand je nie suis engagé., je
ne songeais pas que ce serait aujourd'hui le 21 novembre...
Vous ne comprenez pas? vous ne savez pas ?.. je vais vous le
dire ; ce sera une expiation de plus.
Les sanglots de
Johnson redoublèrent, puis il releva la tête et
dit avec un effrayant sourire :
- Mais à quoi
me sert-il de pleurer ? Il est trop tard ! il est trop tard
!
Personne n'essaya de
consoler Johnson, et les larmes de la compagnie
entière se mêlèrent longtemps aux larmes
du vieillard.
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Ne trompez
pas les enfants.
En sortant de chez
lui, le général Napier (1) rencontra une petite fille
qui sanglotait à fendre le coeur. Il s'arrêta
et la questionna avec bonté. L'enfant raconta qu'elle
venait de casser sa cruche d'eau, qu'elle la rapportait
à la maison, et n'osait avouer ce méfait
à sa mère. Le général chercha
à consoler la fillette et mit la main à sa
poche.
- Voici de l'argent
pour acheter une cruche neuve, dit-il.
Mais la poche
était vide ; la bourse ne s'y trouvait pas.
- Je te donnerai
l'argent demain, reprit le général si tu veux
venir ici à cette même heure. Tiendras-tu ta
promesse ?
L'enfant fit un signe
d'assentiment.
- C'est bien, je
tiendrai aussi la mienne.
En rentrant chez lui,
le général trouva une invitation pressante
pour le lendemain, juste à la même heure ; elle
venait d'un personnage très haut placé. Il
réfléchit un instant, puis il écrivit
un billet d'excuse, ajoutant qu'il devait se trouver au
même moment à un endroit
éloigné.
- Je n'aurais jamais
eu le courage de tromper la confiance de cette petite fille,
dit-il plus tard, car elle était certaine que je
tiendrais ma parole.
Une promesse faite
à un enfant doit être considérée
comme chose sacrée. La mémoire des enfants est
fidèle ; après bien des années, ils se
souviendront s'ils ont été
trompés.
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1 Sir Charles
James-Napier, général anglais,
1782-1853.
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Pour son
père.
Abraham Lincoln, par
son travail personnel et ses lectures, avait acquis une
culture qui lui permit, très jeune encore, de publier
dans un journal quelques essais en vers et en prose. l'un de
ces travaux fut remarqué par un avocat qui offrit au
jeune homme une place dans ses bureaux. Chance
inespérée pour le développement du
jeune homme! Mais il n'y avait pas de gain immédiat,
et Lincoln refusa, pour ne pas perdre la modeste somme de 1
fr. 50 qu'il gagnait alors chaque jour comme ouvrier de
campagne, et par laquelle il aidait son père
chargé de famille.
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Lincoln et
les enfants.
En février
1860, Lincoln accepta l'invitation d'une puissante
société anti-esclavagiste de New-York à
venir prononcer un discours sous ses auspices. Ce ne
fût pas' cependant sans quelques hésitations,
que, toujours intimidé par sa pauvre personne, il
envisageait l'idée de parler dans cette grande ville,
dans ce milieu si nouveau, si supérieur...
Arrivé à
New-York le matin de la conférence, il se promenait
sans but par les rues, lorsqu'il entendit une suave musique
venir jusqu'à lui. Il s'arrêta, prêta
l'oreille... C'étaient les élèves d'une
école du dimanche, qui chantaient un de ces simples
cantiques qui vous prennent l'âme, - peut-être
un (le ceux-là dont sa mère l'avait
bercé dans la forêt natale. L'hymne
terminé, ait lieu de reprendre sa route, ce grand ami
des petits entra, s'assit à l'écart,
écouta la leçon et se mêla aux
prières avec autant de simplicité que les
enfants qui l'entouraient. Un moniteur remarqua cet
étranger un peu bizarre, mais à l'air si
triste et si bon, vint à lui et lui demanda s'il
voudrait dire quelque chose aux élèves.
Lincoln se leva avec son délicieux sourire, se
plaça devant les bambins et commença à
leur raconter des histoires... Il aurait fallu voir toutes
ces petites figures radieuses tournées vers lui, tous
ces yeux brillants, toutes ces lèvres roses qui,
dès qu'il faisait mine de s'arrêter,
suppliaient avec ardeur: «Encore, Monsieur! Encore!
» Ce fut un des triomphes oratoires qui dut lui causer
le, plus de joie! Comme enfin, il allait s'esquiver, le
moniteur reconnaissant l'arrêta, et le pria de bien
vouloir lui dire son nom : « Abraham Lincoln, de
l'Illinois », répondit-il modestement. Quelques
heures plus tard, le président de la
Société abolitionniste l'introduisait en ces
termes devant les hommes distingués qui se pressaient
dans l'immense salle de conférences :
«Messieurs de
New-York, c'est pour moi un très grand honneur de
vous présenter le futur président des
Etats-Unis, M. Abraham Lincoln. »
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Véracité.
Abdood Ranger, Persan,
s'était décidé dans sa jeunesse
à embrasser la vie de derviche ou moine. Au moment
où il allait se séparer de sa mère,
elle prit quatre-vingts sequins, lui en donna quarante, qui
devaient composer toute sa fortune, et réserva le
reste pour son frère. « Lorsque ma mère
m'eût remis cet argent, raconte Fauteur persan, elle
me fit jurer de ne jamais dire un mensonge, et
s'écria: - Va. mon fils, je te donne à Dieu,
nous ne nous reverrons plus qu'au jour du jugement !
Il ne nous arriva rien
de remarquable jusqu'à Hamadan, où notre
caravane fut pillée par soixante cavaliers. L'un
d'eux me demanda ce que j'avais sur moi ? - Quarante
sequins,- répondis-je, ifs sont sous mon
vêtement. - Cet homme se mit à pire, croyant
sans doute que je voulais plaisanter. - Combien as-tu
d'argent ? me dit un autre cavalier : je lui répondis
comme au premier.
Lorsqu'ils se mirent
à partager le butin, je fus appelé sur une
éminence où se tenait le chef. - .Que
possèdes-tu, mon petit camarade ? me dit-il. - J'ai
déjà dit à vos gens que j'avais
quarante sequins soigneusement cousus dans mes habits.Il
ordonna qu'on les visitât et trouvât mon argent.
Alors il s'écria d'un air surpris : - Pourquoi as-tu
déclaré si ouvertement un trésor bien
caché ? - Parce que je ne veux pas
désobéir à ma mère, à qui
j'ai promis de ne jamais cacher la vérité. -
Enfant, dit le voleur, est-il possible que tu sentes si
bien, à un âge si tendre, ce que tu dois
à ta mère, et que moi, qui suis parvenu
à un âge avancé, je sente si peu ce que
je dois à mon Dieu ? Donne-moi ta main,
continua-t-il, afin que je jure sur cette main de me
repentir.
Il prononça -
un serment solennel, et ses cavaliers qui paraissaient aussi
émus que lui, lui dirent : Vous avez
été notre guide dans le crime, soyez aussi
notre guide dans le sentier de la vertu. - Il leur ordonna
à l'instant de nous rendre tout ce qu'ils nous
avaient pris, et tous jurèrent sur ma tête de
se repentir et de changer de conduite. »
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Un
épisode de la Terreur.
Au temps de la
Révolution française, le jeune Loizerolles
comparut devant le tribunal et fut condamné à
mort.
Son père,
vieillard à cheveux blancs, ne voulut pas se
séparer de lui et le suivit dans sa prison. Le jour
de l'exécution, le jeune homme, accablé,
dormait dans son cachot, et le père veillait
près de lui.
Bientôt le
geôlier, accompagné de soldats, se
présente, une liste à la main, et appelle les
malheureux dont le dernier jour est venu.
« Loizerolles !
» personne ne répond.
Une pensée
soudaine surgit dans l'esprit du vieillard. C'est lui qui
répondra !
Il se présente
au second appel, et se met à la file des
condamnés qui vont partir pour
l'échafaud.
Il n'ose embrasser son
fils, de peur de le réveiller ou d'exciter les
soupçons des gardes ; mais, s'adressant à voix
basse à l'un de ses compagnons de captivité,
qui le considère, les yeux pleins de larmes, il lui
dit : « Quand il s'éveillera, oh ! je vous en
conjure, calmez-le ; empêchez que son désespoir
imprudent ne rende mon sacrifice inutile. J'ai le droit
d'être obéi. Dites-lui que je lui
défends de compromettre cette vie qu'il me doit pour
la seconde fois.»
Il sort avec la foule
des condamnés, et, en courbant sa tête sur
l'échafaud, il murmure ces derniers mots : «
Seigneur, veille sur mon fils !
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Partant
pour la Maison Blanche.
Lorsque Washington eut
été nommé président des
Etats-Unis, il vint voir sa mère.
- Le peuple, lui
dit-il, m'a choisi pour premier magistrat des Etats-Unis, et
je viens vous faire mes adieux; dès que le temps de
mes fonctions sera achevé, vous me reverrez dans la
Virginie.
- Tu ne m'y trouveras
plus répondit sa mère ; mais va, mon cher
George, accomplis ta destinée, et que la grâce
de Dieu ne t'abandonne pas ! A ces mots, elle ouvrit ses
bras ; le président demeura longtemps la tète
appuyée sur l'épaule de la vieille malade,
dont les mains affaiblies caressaient ses cheveux. Il
versait d'abondantes larmes, et ne pouvait s'arracher
à ce suprême embrassement ; ce fut
l'héroïque mère qui reprit la
première son calme, et qui le congédia
doucement.
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Mes
parents.
C'était la joie
de mon père, le soir, après son dîner,
de prendre longuement sa tasse de café.
Un jour, revenant du
lycée, aux fêtes de Pâques, je vis qu'on
ne servait pas de café comme à l'ordinaire. Je
fus intrigué et je m'informai.
J'appris alors que mon
père avait supprimé cette dépense
quotidienne afin de payer mieux ma pension ; et ma
mère s'était associée à ce
dévouement en renonçant à son
café au lait du matin, la seule chose qu'elle
aimât.
Non, les enfants ont
beau faire, il y a des choses qu'ils ne peuvent pas
payer.
FRANCISQUE SARCZY.
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Les
cantiques de ma mère.
Le soir, quand nous
étions réunis autour de nos parents, on se
mettait souvent à chanter. Notre père nous
faisait entonner d'habitude des chants qui furent pour nous
une vraie école de patriotisme. A la fin, notre
mère disait: «Chantons maintenant quelques
cantiques, » et l'on chantait des cantiques pour
terminer la soirée.
Ces chants
sacrés, notre mère nous les apprenait soit
à la maison en faisant son travail, soit en
promenade. Jamais manière d'enseigner ne m'a paru
plus intéressante et plus efficace. Nous
apprîmes ainsi avec elle une foule de cantiques, qui
sont demeurés gravés dans ma mémoire,
et dont je pourrais former un volume. Combien ces cantiques
m'ont été salutaires au cours de mon
pèlerinage! Ils m'ont suivi comme un ange
tutélaire, m'exhortant, m'illuminant, me
consolant.
Dans les sombres
vallées que j'ai eu à traverser, dans la
tristesse et la maladie, et durant mes insomnies, ils ont
été pour moi l'échelle de Jacob, qui
m'a élevé jusqu'au ciel. Stimulé par
l'exemple de ma mère, je me suis mis à
apprendre aussi des cantiques à mes enfants, quand je
suis avec eux dans la belle nature, loin du bruit des
humains.
(FUNCKE, L'empreinte des pas,
etc.)
|
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Le pain de
la maison.
On sait que
l'armée de l'Est, commandée par le
général Bourbaki, dut passer la
frontière suisse, pour éviter la destruction
ou la capitulation. On vit arriver, par l'hiver le plus
rigoureux, dans toutes les villes et dans tous les villages
de la Suisse française, des milliers et des milliers
de pauvres jeunes gens malades, affamés et
transis.
Parmi ceux qui furent
recueillis à Genève, se trouvait un jeune
Breton, affaibli déjà par les privations et
les souffrances de la guerre; le jeune homme tomba malade
d'une sorte de langueur que rien ne pouvait guérir. A
l'hôpital, où on l'avait placé, les
soeurs étaient pleines d'attention pour lui. On lui
préparait des mets spéciaux pour tenter son
appétit; rien n'y faisait, ni aliments, ni
remèdes : les docteurs y perdaient leur science, et
le pauvre garçon sien. allait tout doucement. Il
restait de longues heures immobile et silencieux, les yeux
perdus dans le vague comme s'il entendait au loin les
rumeurs de la mer bretonne ou respirait les parfums de la
lande natale.
Frappés de la
gravité de son mal, des amis qui le soignaient
pensèrent qu'il était temps d'avertir sa
famille. On obtint de lui l'adresse, à laquelle il
fallait écrire, et quelques jours plus tard, on vit
arriver le père du jeune Breton.
Le bonhomme portait le
costume si pittoresque de son pays : la culotte courte, le
gilet rouge, la petite veste aux multiples boutons, et le
chapeau noir à larges bords. Il avait en sautoir une
musette dans laquelle étaient contenues, ses
provisions de route. Malgré son ignorance de la
langue, le vieux Breton trouva le chemin de l'hôpital,
et fut mis en présence de son fils, qui ne
s'attendait guère à cette visite.
Le jeune homme souleva
faiblement la tête pour répondre à
l'étreinte passionnée de son père. Mais
il se laissa bientôt retomber sur son lit comme si cet
effort l'avait épuisé.
- Mon pauvre gas ! te
voilà donc malade ? Mais ce ne sera rien, va; je suis
venu te chercher, et quand tu seras guéri, nous
partirons ensemble pour la maison.
Le petit soldat eut un
pâle sourire.
Ah ! la maison, je ne
la reverrai plus ; je vas mourir, mon père...
- Non, tu ne mourras
pas... je suis là maintenant... Et là-bas, ta
mère prie pour toi.»
Les assistants
écoutaient, émus, ce dialogue auquel ils ne
comprenaient rien, mais dont ils saisissaient le sens par
les gestes du père et du fils. La première
visite ayant assez duré au gré du
médecin, on fit signe au père qu'il
était temps de partir.
- Je reviendrai
demain, mon gas. Tiens, je vas te laisser ma musette; il y
reste du pain que j'ai emporté tout chaud de chez
nous, voilà quatre jours. C'est ta mère qui
l'a fait cuire...
Les yeux du jeune
homme brillèrent soudain d'un éclat
extraordinaire. Il se souleva avec énergie.
- Du pain que ma
mère a fait cuire ! du pain de la maison ! Donne-m'en
un morceau, père, je veux en manger tout de
suite!
~ Mais il est sec, mon
fieu ; tu ne pourras jamais le manger!
Déjà,
cependant, le petit Breton s'était emparé de
la miche entamée dans laquelle il mordait à
belles dents, avec une avidité dont les soeurs, qui
lui avaient préparé inutilement tant de mets
délicats, ne l'auraient jamais cru capable. Et tandis
qu'il mangeait, on l'entendait redire, la bouche
pleine:
« Le pain de la
maison! Le pain de la maison! »
Quelques jours
après, le jeune homme était guéri, et
assez fort déjà pour entreprendre avec son
père le long voyage du retour.
Cet incident touchant
et authentique montre quelle est la puissance des
affections, et combien dans ce monde, le coeur gouverne
toutes choses.
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Bonjour
à tous !
C'était un
samedi après-midi. Mon frère Bernard et moi
allions chercher du beurre à Kocherscheid. En route,
nous rencontrâmes un homme qui chassait devant lui une
dizaine d'ânes. Nous crûmes faire une bonne
plaisanterie en le saluant par ces mots: «Bonjour
à tous ! »
L'ânier qui
était plus susceptible que nous le pensions, prit
notre salut en mauvaise part, et nous administra avec son
gros fouet une vigoureuse correction. Comme nous
étions en habits d'été, ses coups nous
blessèrent peut-être plus fortement qu'il ne
l'aurait voulu. Quoi qu'il en soit, le soir, comme nous
étions dans la baignoire pour nous laver, mon
père entra, et, surpris de nous voir la peau
zébrée, nous demanda d'où cela
provenait. Quand nous lui eûmes raconté
l'aventure, il se mit à rire en se moquant de nous,
et nous donna deux groschen à porter à
l'ânier, comme témoignage de notre
reconnaissance.
(FUNCKE, L'empreinte des pas,
etc.)
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