GLANURES (1)
3. - Le culte.
Sage propos
d'un maçon.
Il s'agit d'un brave
maçon qui était admis dans une Eglise.
«Autrefois, dit-il, je pensais n'avoir nul besoin de
faire partie de l'Eglise, me croyant; tout aussi
honnête et moral que ceux qui s'y rattachaient. Mais,
un jour, je remarquai une brique neuve au milieu du chemin;
elle était bien lisse, mais couverte de boue,
heurtée par le pied des passants, abandonnée
et inutile. Te voilà, me dis-je, comme cette brique :
tu te figurais être tout aussi utile hors de l'Eglise
que dedans, mais tu ne comptes pas, et personne ne
s'inquiète de toi. Si tu entrais dans la construction
du mur, comme tu le devrais, ce serait différent; tu
aurais ta place et tu serais utile. Aussi me suis-je
décidé à ne pas rester plus longtemps
comme cette brique foulée aux pieds. Voilà
pourquoi je me suis joint au peuple de Dieu, afin
d'être enchâssé dans le mur et d'avoir ma
place dans l'édifice du Seigneur! »
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Hommage
inconscient.
Un moqueur faisait
l'autre jour cette remarque. « Les deux tiers des
membres des églises sont des femmes. » Quelqu'un
lui répondit: «Nous ne voyous rien en cela qui
fasse honte à nôtre pays, et remarquez d'autre
part que, des, 45000 prisonniers que compte notre Etat,
43000 sont des hommes. L'écrivain aurait pu ajouter
que la grande majorité des détenus, dans nos
prisons de l'Etat, ne sont pas des personnes
fréquentant les églises.
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Le chant
dans le culte.
En 1903,
l'épouse de Th. Clemens, missionnaire à Tabago
(Antilles), fut obligée de se rendre aux Etats-Unis
pour y suivre un traitement médical.
Un jour que, dans une
chambre d'un hôpital de New-York, 'elle pensait
à ses bien-aimés, des sons très connus,
parvinrent à ses oreilles. Après avoir
écouté avec attention, elle découvrit
que quelqu'un, dans une salle voisine, sifflait le choral
159 du recueil morave. Mme Clemens appela la garde et pria
celle-ci de prendre des informations. Lorsqu'elle revint, on
lui apprit que l'artiste était un jeune Esquimau.
« Il faut alors que ce soit un Esquimau chrétien
du Labrador ! » s'écria joyeusement; la malade.
Elle avait bien deviné. Lorsque le jeune
garçon, âgé de 16 ans, qui avait eu la
jambe cassée, put se mouvoir avec des
béquilles, il se rendit auprès de Mme Clemens.
Né à Naïn, au Labrador; il voyageait
depuis un certain temps déjà avec d'autres
membres de sa nation, engagés par un impresario.
L'Esquimau connaissait les missionnaires Asboe et Martin et
racontait que ce dernier avait écrit une lettre
à ses compagnons de route. Quand, on lui demandait
son nom, il montrait son bras sur lequel était
tatoué le mot « Appeli», mais il ajoutait
que les gens au service desquels il se trouvait l'avaient
surnommé « Happy » le joyeux, parce qu'il
sifflait du matin au soir. Pour prouver à Mme Clemens
que les mélodies moraves lui étaient
familières, il se mit à en siffler
plusieurs.
Combien n'est pas
touchante cette rencontre de deux membres de l'Eglise des
Frères? L'une habitant les tropiques, l'autre enfant
des régions arctiques. Tous deux malades et
isolés, ils se trouvent par le moyen d'un choral
morave!
(Moravian.)
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Les habits
du dimanche.
L'excellent Almanach
des Missions de Bâle pour 1885 cite quelques
prières des insulaires de l'Océanie,
prières très édifiantes par leur
touchante naïveté et leur originale
simplicité. En voici une qui fut prononcée
à la fin d'un culte du dimanche : «Permets,
Seigneur, que les bonnes paroles que nous venons d'entendre
n'aient pas le même sort que ne nos habits de
fête que nous allons déposer dans leur coffre
jusqu'à dimanche prochain. Mais permets que cette
vérité nous pénètre et reste
ineffaçable jusqu'à notre dernier jour, comme
les tatouages de nos corps. »
(FUNCKE, Abraham.)
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Un souvenir
de confirmation.
Le pasteur F. Fliedner
fût confirmé par son père à
Kaiserswerth en 1861. Comme parole biblique, destinée
à résumer ses conseils, ce dernier choisit la
prière du psaume 51e : 0 Dieu, crée en moi un
coeur pur et renouvelle en mai un esprit bien
disposé! Le jeune homme la prit tellement au
sérieux, qu'il l'écrivit au-dessus de son lit,
afin de se rappeler chaque jour la bénédiction
et la prière de son père.
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Le pouvoir
du chant.
Pendant une guerre
entre les Anglais et les Indiens au Canada, ces derniers
enlevèrent un jour un certain nombre, d'enfants.
Quelques années plus tard, le parti anglais fondit
sur les habitations indiennes et délivra les petits
prisonniers. Les colons venus à la suite de
l'armée s'empressèrent de choisir chacun son
enfant parmi les retrouvés; mais une mère
wurtembergeoise ne pouvait découvrir sa fille.
Désespérée, elle s'adresse au colonel
qui lui suggère un ingénieux moyen.
Ne pouvez-vous pas,
lui dit-il, réveiller quelques souvenirs d'enfance
dans la mémoire de votre fille ?
- Oui, dit la
mère, je lui chantais souvent une hymne. qu'elle n'a
peut-être pas oubliée.
- Chantez-la, dit
l'officier, devant le groupe de ces enfants, et si le
vôtre s'y trouve, peut-être donnera-t-il quelque
signe de son souvenir.
- La mère
chanta, A peine avait-elle commencé, qu'une jeune
fille se dressa dans la foule. Un instant après, elle
s'élançait vers la chanteuse, et achevait dans
ses bras la strophe que la Wurtembergeoise avait
commencée.
Voilà, bien la
mère ; le temps, l'absence, rien n'affaiblit son
amour, elle aime encore l'enfant qu'elle a cru mort!
(NAPOLÉON ROUSSEL, L'Evangile
expliqué aux petits;)
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Vaines
redites. (Matth; VI, 7-8.)
Le village de
Niederwiese (Lusace) se trouvait, dans la première
moitié du XIlle siècle, sous l'excellente
direction du pasteur Swedler. Un jour où les
fidèles de cette localité; réunis dans
leur temple avaient entonné ce cantique:
Monde, ce
qui t'enchante,
Biens, honneurs,
volupté,
N'est plus ce qui me
tente,
Tout n'est que
vanité...
Le ministre,
interrompant le chant, s'écria, d'une voix de
tonnerre, du. haut de là chaire : « Pour l'amour
de Dieu, que dites-vous là ! » Puis,
après avoir supplié l'assemblée de
réfléchir à ce qu'elle faisait, il
ordonna de reprendre le cantique et d'en achever le chant.
Salutairement ébranlée, elle obéit
à son conducteur au milieu des sanglots et des
larmes.
En racontant ces
choses: C'est grand, » dit Zinzendorf, « mais cela
ne s'imite pas. »
L'amiral Coligny.
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L'amiral
Coligny.
Voici comment le culte
de famille se célébrait dans la famille de
l'amiral Coligny, d'après ses Mémoires
:
« Aussitôt
après son lever, l'amiral ayant pris sa robe de
chambre et s'étant mis à genoux, comme aussi
tous., les autres assistants, il faisait lui-même la
prière en la forme accoutumée aux Eglises de
France..
» A dîner,
étant debout près de la table dressée,
et sa femme à son côté, on chantait un
psaume, et puis on. disait la bénédiction
ordinaire : ce qu'une infinité, non seulement de
Français, mais de capitaines et Colonels allemands
peuvent témoigner qu'il a fait observer, sans
intermission d'un seul jour, non seulement en sa maison,
mais aussi dans l'armée. La nappe ôtée,
se tenant debout avec les assistants, il rendait
grâces lui-même ou la faisait rendre par son
ministre.
» Le même
se pratiquait au souper ; et voyant que tous ceux de sa
maison se trouvaient malaisément à la
prière du soir, au temps qu'il fallait reposer, il
ordonna que chacun vînt à l'issue du souper, et
qu'après le chant des psaumes la prière se
fit. Et ne se peut dire le nombre de ceux d'entre la
noblesse française qui ont commencé
d'établir, dans leur famille, cette religieuse
règle de l'amiral ».
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Le culte
domestique.
Un jour de
l'année 1854 arriva à Laforce une enfant
complètement idiote. Elle avait un aspect si
repoussant que M. Bost ne crut pas devoir la laisser avec
les autres enfants ; et comme il ne voulait pas la renvoyer,
il se décida à la prendre chez lui. Les
médecins lui déclarèrent cependant
qu'il n'y avait rien à espérer; quand il leur
parla d'un projet d'ouvrir un asile à de pauvres
créatures semblables à, celle-ci, ils
cherchèrent à l'en détourner,
considérant l'entreprise comme
téméraire en même temps qu'inutile.
Néanmoins, M. Bost ne renonça pas. Avec la
décision qui était un des traits saillants de
son caractère, il se mit aussitôt à
l'oeuvre auprès de l'idiote pour faire jaillir de,
cette nature brute quelques étincelles
d'intelligence, mais cette fois le succès ne
répondit pas à ses efforts,
Pendant trois mois, il
eut beau s'y prendre de toutes les manières, il
n'obtint rien, absolument rien qui pût l'encourager et
lui donner le moindre espoir pour l'avenir. Il
persévérait néanmoins, mais avec
tristesse, lorsqu'un soir, en faisant le culte, pendant
qu'on chantait un cantique, il entendit sortir de cette
bouche un son inarticulé, mais harmonieux: l'enfant
essayait de mettre sa voix d'accord avec celle des autres.
Ce fut un trait de lumière. M. Bost fit de la musique
son premier instrument, de culture: il eut la joie de voir
cette âme engourdie se développer
péniblement, mais enfin se réveiller peu
à peu. L'idiote parvint successivement à
articuler, à assembler quelques syllabes, puis
quelques mots semblable à un jeune nourrisson. En
même temps, sa santé faisait des
progrès, les chairs devenaient plus fermes, le
système nerveux moins irritable, la physionomie plus
expressive; les sentiments affectueux se manifestaient avec
vivacité. Enfin, au bout de deux ans, l'idiote avait
disparu pour faire place à une enfant dont le
développement aurait été
retardé, mais pourtant semblable à beaucoup
d'autres.
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Un
lord-maire de Londres.
Sir Thomas Abney avait
coutume de célébrer chaque jour le culte avec
sa famille; il n'admettait aucune exception à cet
usage. Le soir même où il fut nommé aux
fonctions élevées de lord-maire de la
cité de Londres, il s'esquiva. un moment de la grande
fête qui était donnée en son honneur au
palais de Guildhall, se rendit chez lui, fit le culte avec
sa famille, puis retourne prendre sa place au banquet
officiel.
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En plein
pays sauvage.
Au cours d'un des
premiers voyages que je fis dans l'intérieur avec
quelques compagnons, nous arrivâmes à un
village païen situé sur les bords du fleuve
Orange, entre le pays des Namaquois et celui des Griquois.
Nous avions marché longtemps et nous souffrions tout
ensemble de la de la soif et de faim, la fatigue.
Craignant de
rencontrer des lions si nous poursuivions notre voyage
pendant la nuit, nous résolûmes de la passer au
village., Les habitants nous firent signe, d'une
manière, impérieuse et malveillante, de nous
arrêter, à une certaine distance. Nous
demandâmes de l'eau : ils nous la refusèrent.
J'offris alors les trois ou quatre boutons qui restaient
à ma veste en échange d'un peu de lait ; cela
aussi nous fut refusé. Menacés de passer
encore une nuit sans manger, et sans pouvoir même
puiser de l'eau à la rivière que nous
apercevions à quelque distance, nous avions de la
peine à prendre parti de notre sort, d'autant plus
qu'indépendamment de leurs refus
réitérés, les allures des habitants du
village avaient excité nos soupçons.
A l'heure du
crépuscule, nous vîmes une femme descendre de
la hauteur qui nous cachait le village. Elle portait sur la
tête un fagot de bois, et à la main un vase de
lait. Sans dire une parole, elle nous offrit ce lait, posa
sa charge de bois et retourna au village. Elle ne tarda pas
à revenir, portant cette fois une marmite sur sa
tête, et de ses deux mains libres un gigot de mouton
et de l'eau. Elle s'assit, toujours sans ouvrir la bouche,
alluma du feu et mit cuire la viande.
Nous lui
demandâmes à plusieurs reprises qui elle
était; et comme elle continuait à garder le
silence, nous la pressâmes de la manière la
plus affectueuse de nous expliquer le motif d'une
bienveillance aussi extraordinaire envers des
étrangers. Enfin une larme coula lentement sur sa
joue noire, et elle répondit:
J'aime Celui dont vous
êtes les serviteurs, et je ne fais que mon devoir en
vous donnant un verre d'eau froide en son nom. Mon coeur est
si plein que je ne puis pas dire la joie que
j'éprouve à vous rencontrer dans cet
endroit.
Je me fis raconter son
histoire. Elle avait appris à connaître son
Sauveur en fréquentant quelques années
auparavant l'école du missionnaire, Helm, avant que
sa famille vint habiter ce lieu retiré.
(ROBERT
MOFFAT, Vingt-trois ans de séjour au Sud de
l'Afrique.)
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