NOUVELLES GLANURES
8. Amour et sacrifice.
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Grandeur
d'âme d'une humble femme.
C'est par un dur temps de
chômage, dans une grande ville. Dans la bise glaciale
de décembre une salle hospitalière s'ouvre. On
y offre aux sans-travail une soupe chaude. Une très
vieille femme, qui a longtemps attendu son tour, est enfin
assise et servie. Avant qu'elle ait touche a sa portion,
elle remarque qu'un homme jeune, mais pâle et amaigri,
place a côte d'elle, a déjà mangé
la sienne avec une avidité qui trahit un être
affamé. Aussitôt elle pousse son assiette du
côté de l'ouvrier et lui dit : « je ne me
sens pas d'appétit, voulez-vous manger cela ? »
L'ouvrier accepte.
Mais quelqu'un a tout remarque. A la
sortie, il prend à part la vieille femme et lui dit
:
- Vous n'avez donc pas faim ?
- Oh ! si, répondit-elle en
rougissant, mais je suis vieille et je sais la supporter, et
ce pauvre jeune homme en avait plus besoin que moi.
(CHARLES WAGNER.
L'Evangile et la vie.)
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Le pasteur
Charles Jacottet
Nous nous connaissions
déjà comme Bellettriens à
Neuchâtel, alors qu'il était l'étudiant
le plus brillant de sa volée et que par ses
poésies, par ses remarquables improvisations en vers
et par le charme de sa personne, il nous gagnait tous. Mais
c'est dans la Croix-Bleue qu'il nous impressionna surtout.
je ne crois pas avoir rencontre sur cette terre un homme
plus franchement consacré à son Dieu. Les
trois ans environ qu'il passa à Bienne, de 1882
à 1885, si j'ai bonne mémoire, comme pasteur
intérimaire de l'Eglise nationale, laissèrent
au sein de la population biennoise un souvenir
impérissable dont on parle aujourd'hui encore. Il
n'avait pas trente ans lorsqu'il mourut.
Voici quelques exemples de sa
remarquable activité. Un jour que j'étais
appelé a aller visiter à Delémont un
mourant, je trouvai dans une mansarde de cette ville un
poitrinaire, à toute extrémité, entoure
de sa femme et de ses enfants> chantant d'une voix
éraillée :
« Oh! que ton joug est facile !
»
- Comment, lui dis-je, pouvez-vous
chanter ce cantique avec tant de joie, alors que vous
paraissez si malade ?
- Ah! c'est grâce à
l'ancien pasteur Jacottet, de Bienne.
- Racontez-moi cela!
- J'étais un des plus grands
riboteurs de Bienne, me dit-il. Il m'arrivait de faire la
noce tous les lundis. Un lundi donc, qu'avec quelques
camarades je titubais dans la Grand'Rue, un monsieur que je
ne connaissais pas, passa son bras sous le mien, me
conduisit dans sa chambre et me dit : « Vous
n'êtes pas très bien à ce que je vois,
reposez-vous sur mon canapé. » Il m'y installa
commodément et s'en alla. Quand je me
réveillai, quel ne fut pas mon effroi de constater
que j'étais dans la chambre du ministre ! je me
promis bien de ne plus me laisser reprendre. Hélas !
le lundi suivant déjà, j'étais plus
ivre que de coutume. Comme la première fois, le
pasteur me conduisit dans sa chambre et me coucha sur son
canapé. Et quand je me réveillai, que vis-je ?
M. Jacottet assis près de moi, un bouquet de roses
fraîches à la main, les premières de la
saison, qu'il était allé cueillir dans un des
beaux jardins de Bienne; il me les offrait à moi,
l'indigne qui sentais l'eau-de-vie. Cet acte d'amour me
gagna tout entier. je me dis : si un habitant de cette terre
est capable de t'aimer pareillement, à combien plus
forte raison le Dieu des cieux.
Après m'avoir raconté
cela, le poitrinaire tira de dessous son traversin un vieux
papier tout jauni. C'était la dernière lettre
que Ch. Jacottet lui avait écrite et qu'il gardait
comme un parchemin de valeur. Il me la tendit en me disant
:
- Comprenez-vous que je chante :
« Oh que ton joug est facile ! »
Une autre fois que je voyageais, je
rencontrai un homme portant le ruban bleu à sa
boutonnière.
- Vous êtes donc
tempérant ? lui dis-je. Me raconteriez-vous comment
vous êtes entre dans notre société
?
- C'est par l'intermédiaire du
pasteur Jacottet. je demeurais alors à Madretsch
près de Bienne. J'étais de l'Internationale,
ne voulant pas entendre parler de religion et vivais dans la
débauche. Dans l'hiver rigoureux de 1882, je fus
atteint de la fièvre typhoïde et grelottais seul
dans une mansarde, abandonne de tous mes camarades, quand je
vis entrer un beau monsieur, vêtu de noir, qui,
après m'avoir regardé un instant, repartit
sans rien me dire. Une demi-heure plus tard, il revenait
portant un édredon sous le bras. Il le jeta sur mon
corps glacé, le rendoubla avec soin, et, comme la
première fois, s'en alla sans prononcer une parole ;
je n'aurais pu dire s'il était Allemand ou
Français. Trois mois plus tard, j'appris fortuitement
que cet inconnu était le pasteur Jacottet ; ayant
cherche a la cure de Bienne son édredon, il avait
traverse toute la ville le portant sous le bras a mon
intention. Vous comprenez bien, me dit mon interlocuteur,
que je fus gagné à la Croix-Bleue !
Et dernièrement encore un des
membres du comité de la section de Berne nous
racontait que c'est à Ch. Jacottet qu'il rattache ses
premières impressions, religieuses.
- J'étais petit gamin, nous
disait-il, quand je le rencontrai dans une des rues de
Bienne. Il m'arrêta et me dit :
- Tu as bien mauvaise mise, mon petit
ami, es-tu malade ?
- Non, monsieur !
- Alors, nous allons courir jusqu'au
bout de la rue ; nous verrons qui arrivera le
premier.
Et le pasteur et l'enfant
s'élancèrent. « je t'ai examiné,
dit Ch. Jacottet, lorsqu'ils furent arrivés au bout
de la rue, et j'ai vu que tu respirais mal. » Il lui
donna quelques conseils, et c'est à cette
leçon d'hygiène toute pratique que notre ami
de Berne rattache ses premières impressions
religieuses ; la condescendance pleine d'humilité du
pasteur avait gagné l'enfant.
ALEXANDRE MOREL. (Les
temps héroïques de la Croix-Bleue.)
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Une femme
vaillante.
Après les
premiers massacres d'Arménie, trois cents
chrétiens allèrent demander au consul de
France de Diarbékir de les emmener à la
côte. Le consul n'osait quitter son poste, craignant
que son absence ne fût mise à profit pour
renouveler les massacres. Alors sa femme s'offrit pour
conduire la caravane !
Il faut quinze jours
de cheval jusqu'à Alexandrie, le port le plus voisin.
Les villages sur le chemin ont été
pillés. Les Kurdes coupent la route. La femme du
consul a quatre petits enfants, et elle nourrit encore le
plus jeune. Malgré cela, elle part avec trois cents
personnes et plusieurs centaines de chevaux!
Le gouverneur lui
offre une escorte, mais pour elle seule. Elle déclare
que l'escorte protégera tout le monde, ou qu'elle ne
l'acceptera pas. Puis, pour forcer les gendarmes à
veiller sur toute la colonne, elle envoie ses enfants en
tête, et elle reste elle-même en queue ! Elle
voyage à cheval, et ses enfants en litière,
mais, de temps en temps, elle monte en litière pour
allaiter son nourrisson. A chaque étape, il faut
qu'elle s'occupe à assurer le vivre et le coucher de
tous, et bien souvent, la nuit, elle doit se relever et
faire le tour du camp pour calmer les paniques.
Quand on arrive
à Budredjik, au passage de l'Euphrate, des ordres
sont venus de Constantinople « pour laisser passer la
femme du consul de France ». Les autorités
locales en concluent qu'il faut arrêter les autres !
Alors elle envoie ses enfants sur l'autre rive du fleuve, et
annonce qu'elle ne passera que la dernière,
après toute la colonne, et que, si le préfet
la fait attendre, si son nourrisson vient à mourir de
faim, on verra, une bonne fois, où seront les
responsabilités !
Le préfet
cède, et la caravane repart.
A travers un pays en
révolution, au milieu des bandes de Kurdes et de
Circassiens., on arrive enfin au bord de la mer,
après deux semaines de marche. La femme du consul
embarque tout son monde et ne monte à bord que la
dernière !
Que dire d'une telle
valeur
Elle a certainement
été inspirée par l'amour de Dieu et par
celui du prochain.
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Le rabbin
juif et le mourant chrétien.
(Episode de la
guerre 1914-1918.)
Le Rev. R. J.
Campbell, de Londres, a rapporté en ces termes le
récit d'un soldat :
«J'ai rarement
été plus ému qu'en lisant hier le
récit de la mort du grand-rabbin de Lyon sur le champ
de bataille.
« Ce courageux
serviteur de Dieu, comme beaucoup de membres des divers
clergés le font journellement, s'était
avancé sur la ligne de feu pour apporter les
dernières consolations à ceux de ses
coreligionnaires qui gisaient blessés et
mourants.
» Un pauvre
soldat catholique à l'agonie, le prenant pour un
curé, le supplia de lui tenir le crucifix devant les
yeux jusqu'au dernier moment et lui donner
l'absolution.
» Au lieu
d'expliquer au malheureux son erreur et de passer, le rabbin
juif fit exactement ce qu'on lui demandait ; il prit le
crucifix des mains du soldat et le tint devant ses yeux, lui
murmurant jusqu'à la fin des paroles de consolation
au nom du Seigneur. Mais avant de pouvoir lui-même
quitter le champ de bataille, il fut atteint d'une balle et
tué net. »
(L'Essor.)
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Miss Mary
Davies.
Depuis le commencement
de la guerre de 19 14, l'ambulance de Neuilly avait
reçu quantité de blessés atteints d'un
mal affreux, qui ne pardonne presque jamais, la
gangrène gazeuse. Un des médecins, le docteur
Taylor, cherchait obstinément un vaccin à
l'horrible maladie et, pour cela, il l'avait inoculée
à des cobayes, mais il n'avait obtenu aucun
résultat et avait fini par se persuader que, pour
être efficace, il aurait fallu que l'inoculation
fût faite à un être humain.
Il y avait à
l'hôpital plusieurs cas de gangrène gazeuse en
traitement mais, comme tous ces cas étaient
compliqués par des plaies ou des infections d'un
autre genre, ils ne pouvaient servir. Quelqu'un de
parfaitement sain, ayant la gangrène sans aucune
autre complication, eut été absolument
nécessaire pour fournir le sérum
sauveur.
Miss Mary Davies -
petite infirmière anglaise, modeste entre tant
d'autres - avait vu environ deux cents cas où la
gangrène gazeuse avait amené la mort des
malades dans d'indicibles tourments ; elle avait vu des
cobayes mourir pendant les expériences du
praticien.
Elle ne dit rien elle
ne fit part de ses intentions à personne mais elle
prit une chambre près de l'hôpital, et, un
matin, le docteur Taylor reçut un mot d'elle, le
priant de venir immédiatement « faire ses
dernières expériences ». Il accourut...
et constata qu'elle s'était inoculé le
bouillon de culture employé pour les
expériences faites avec des cobayes.
Deux heures
après, les symptômes de l'effroyable mal
apparurent. Insoucieuse de ses tortures, de la fièvre
qui bouillait dans ses veines, l'héroïque jeune
fille n'avait qu'une pensée : «Docteur, cette
fois, c'est bien la gangrène gazeuse pure, n'est-ce
pas ? Vous pourrez revacciner vos blessés ?...
»
Oui, c'était
bien enfin le remède tant cherché... Que lui
importait alors le reste ! ...
YVONNE
PITROIS.
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Touchante
sympathie.
Un pasteur de l'Eglise
française de Zurich s'employant à l'oeuvre de
la réception des évacués de la grande
guerre 1914-1918) raconte les faits suivants :
Un jour, une vieille
paysanne, flanquée de deux paniers d'oeufs et de
beurre, demanda à me parler. L'ayant fait entrer, je
lui offris une chaise :
- Eh bien, qu'y
a-t-il, chère madame, je suis à votre service
?
- Dites donc,
monsieur, ces évacués, est-ce que ce sont des
gens vraiment malheureux questionna-t-elle d'un air
soupçonneux.
Je lui citai plusieurs
cas.
- Eh bien ! dit-elle,
je ne suis pas bien riche mais, chaque année, je mets
de côté un petit brin d'argent pour ceux qui
sont bien malheureux. Et voilà, monsieur, j'ai
quelque chose pour vous.
Là-dessus, elle
me mit, a mon grand ébahissement, quarante-huit
francs dans la main.
- Mais bien sûr
qu'ils sont les plus pauvres ?
recommença-t-elle.
- Ecoutez, lui dis-je,
venez les voir le prochain jour de marche ; vous me direz ce
que vous voudrez, si vous ne les trouvez pas dignes de
pitié.
Une semaine se passa.
Un* matin, je conduisais un groupe d'évacués
au vestiaire, quelqu'un m'appela : Monsieur, Monsieur ! Je
me retournai. La paysanne était devant moi deux
grosses larmes sillonnaient ses joues son panier
était vide. Elle me prit la main
- Tenez, monsieur,
prenez ça, c'est le prix de mon beurre. Bien
sûr, ce sont les plus malheureux !
J'avais quatorze
francs en menue monnaie dans la main. Avant que j'aie pu la
remercier, la brave vieille avait disparu dans la
foule.
Une modeste femme
avait apporté au pasteur ses deux mille francs
d'économies. A ses objections, elle répondit
:
- Voyez-vous,
Monsieur, il faut bien aider, c'est notre devoir ; nous
sommes trop privilégiés.
Une marchande de
journaux a cousu cent dix petites chemises d'enfants, dans
son kiosque pendant la durée des passages d'internes,
pour les petits malheureux. Et il n'y faisait pas toujours
chaud.
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Les
souffrances des autres.
Le missionnaire Samuel
Gobat rendait compte dans une réunion à
Strasbourg des peines et des joies de son ministère
en Abyssinie. Un homme savant et pieux lui demanda
timidement: :
- Et que faisiez-vous,
quand vous étiez dans l'inquiétude et dans la
peine ?
- Je me rendais, dit
le missionnaire, dans un endroit écarte ; et
là, je passais en revue toutes les personnes de ma
connaissance, je pensais à leurs besoins et à
leurs afflictions, puis je priais pour elles. Cette
préoccupation dissipait mes inquiétudes, comme
le soleil dissipe les nuages.
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Oeuvre
d'amour.
Un chrétien
était devenu infirme, et, cloué dans son
fauteuil, il déplorait de ne plus pouvoir exercer
d'activité bienfaisante. Quelqu'un lui proposa
d'écrire des lettres aux prisonniers. Il accepta et
mit dans ces lettres toute la bonne humeur, tout l'entrain
et l'amour dont il était capable. Après un
temps assez long, il lui semblait pénible de
s'adresser toujours à des gens qui ne lui
répondaient pas. Son zèle menaçait de
se refroidir. Un jour, toutefois, il reçoit une
lettre portant le timbre d'une des principales prisons. Ce
n'était pas un prisonnier qui lui écrivait,
mais le geôlier. Il le priait de bien vouloir à
l'avenir employer du papier plus fort, parce qu'en passant
de mains en mains, ces lettres tombaient vite en
lambeaux.
Quelle réponse
! quelle récompense ! oh! si nous pouvions
aimer!
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Pour une
enfant malade
En 1910, lors des
inondations qui désolèrent le canton des
Grisons, des troupes du génie avaient
été envoyées dans le Prättigau,
où la Landquart transformée en torrent furieux
avait emporté un pont.
On travaillait
à le rétablir, quand un homme se
présenta portant enveloppée dans une
couverture une fillette dangereusement malade et qui devait
à tout prix être transportée à
l'hôpital de Coire. Seule une opération pouvait
la sauver.
- Soyez tranquille,
brave homme, dit un des sapeurs, demain, à la
première heure, vous passerez !
Avec fièvre on
se remet au travail. On entre dans l'eau glacée
jusqu'à la ceinture. Le lendemain, à l'heure
dite, le pont était achevé et l'homme passait
avec son précieux fardeau. Mais le sapeur, emporte
par un paquet d'eau tourbillonnante, manquait à
l'appel. On ne retrouva que son cadavre.
. . . . . . .
. . . . . . . . . . . . . .
Trois jours plus tard,
un cortège pénétrait dans un petit
cimetière du canton de Thurgovie. En tête, des
camarades portant des couronnes, puis venait le cercueil
entoure du drapeau fédéral. Derrière,
un vieillard brise de douleur, car celui qu'il menait
à la tombe était son fils unique.
Bientôt on fait cercle autour de la fosse pour
écouter en silence des paroles d'adieu. La douleur du
vieillard redouble.
Le commandant des
troupes s'approche alors, met doucement la main sur
l'épaule du désespéré et lui dit
:
- Ne pleurez pas,
soyez fier plutôt d'avoir un fils mort au poste du
devoir ! Votre enfant est enveloppe dans le drapeau de la
patrie.
Le vieillard se
redressa et un sourire éclaira son visage. Au milieu
de l'émotion générale, l'officier
conclut:
- Soyons nous aussi
des hommes d'honneur ! Travaillons à faire une patrie
digne de la croix que porte son drapeau, une patrie
où l'on respecte les faibles, où l'on entoure
de sympathie les malheureux, où l'on s'incline devant
la valeur morale et non devant l'argent, une patrie
où la force soit basée sur la justice.
(Cité par M. BENJ.
VALLOTTON.)
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Un
sauvetage.
Un jour, dans un
débordement de l'Adige, le pont de Vérone fut
emporté à l'exception d'une arche sur laquelle
était bâtie une maison. Les habitants de cette
dernière, penchés aux fenêtres,
imploraient l'aide des riverains :
- Cent louis, cria le
comte Spolverini, à qui s'exposera pour sauver ces
malheureux.
Un jeune paysan sortit
de la foule, sauta dans un bateau et gagna le large. Ayant
réussi, non sans peine, à aborder au lieu
expose, il recueillit toute la famille et la conduisit
à terre saine et sauve.
- Voici votre argent,
mon brave, lui dit le comte.
- je n'expose pas ma
vie pour de l'argent, répondit le jeune homme,
donnez-le à cette pauvre famille qui en a grand
besoin.
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Pour les
autres.
Dans un jardin public,
il y avait un chemin et, au bord de ce chemin, un buisson
d'épines. Un enfant mauvais qui passait cassa une
branche d'épines et la mit au milieu du chemin, parce
qu'il trouvait du plaisir à faire le mal. Or,
plusieurs personnes vinrent en ce même endroit. La
première ne vit point l'épine et s'embarrassa
dans ses piquants. Puis, s'étant tirée
d'affaire, elle continua sa route. La seconde aperçut
l'objet à temps et, l'ayant évité,
passa. Une troisième vint ensuite et se piqua
jusqu'au sang. Mais après s'être
dégagée à grand'peine, elle saisit
l'épine, au risque de se blesser encore, et la jeta
hors du chemin.
Laquelle te semble
avoir le mieux agi La dernière, répond ton
coeur.
Va et fais de
même !
F.
DUPERRUT.
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Servir.
'Le chapelain de
Cromwell, John Howe, compatissant à toutes les
souffrances, s'ingéniait chaque jour à ravir
au Protecteur l'aumône d'une faveur pour les
malheureux. Il plaidait auprès de lui les causes les
plus désespérées.
Un jour, comme Howe
venait de demander la grâce d'un prisonnier, Cromwell
lui dit :
-
Révérend chapelain, vous excellez a m'arracher
des bienfaits pour les uns et pour les autres ; aujourd'hui
le pardon de quelque royaliste impénitent ; demain,
un poste pour je ne sais quel mérite ignore ; demain,
de l'or pour les pauvres de Whitechapel, mais quand
songerez-vous à vous-même ? Votre tour ne
viendra-t-il jamais ?
- Monseigneur, c'est
constamment mon tour, répondit le chapelain,
puisqu'il m'est permis de servir les autres par mes
intercessions.
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Les plus
beaux diamants.
La princesse
Eugénie de Suède, soeur du roi, fut
frappée, pendant un séjour qu'elle faisait
dans une île italienne, d'y rencontrer un nombre
inusité d'infirmes. Touchée de
compassion,
elle résolut de
soulager leur misère, mais, sa fortune personnelle
n'y suffisant pas, elle voulut vendre ses bijoux et ses
diamants. Il lui fallait l'autorisation du roi qui refusa
d'abord, puis céda, quand elle lui renouvela sa
demande au nom de Jésus.
Avec le produit de
cette vente, la princesse fit construire un vaste
édifice et, tout en leur assurant tous les soins
nécessaires, elle venait en personne,
régulièrement, consoler ses
protégés, leur parler du Sauveur et de la vie
éternelle.
Un jour, une
agonisante l'ayant remerciée avec larmes de l'avoir
sauvée de la misère et de lui avoir fait
trouver le Sauveur de son âme, la princesse
s'écria :
- Béni sois-tu,
ô mon Dieu ! J'avais donne pour toi mes diamants : tu
m'en as rendu d'infiniment plus beaux !
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Cherchez et
vous trouverez.
Je me souviens,
raconte Moody, d'avoir entendu parler d'un homme, qui,
après avoir longtemps séjourné aux
Indes, retourna dans sa patrie, en Angleterre.
Invite un jour
à dîner chez l'un de ses amis, on lui demanda
son opinion sur la mission chrétienne aux Indes. Il
répondit que, durant tout le temps qu'il avait habite
ce pays, il n'y avait jamais vu un seul indigène
converti au christianisme.
Un missionnaire se
trouvait précisément parmi les convives. Il ne
répondit pas directement à cette assertion,
mais demanda à celui qui l'avait émise, s'il
n'avait jamais vu de tigres, dans la colonie dont il venait
de parler.
- Des tigres !
répondit son interlocuteur, non seulement j'en ai vu
de mes propres yeux, mais j'en ai même tue en nombre
respectable.
- Vraiment ! dit le
missionnaire, j'ai pourtant aussi habité aux Indes et
je n'y ai jamais vu un seul tigre.
La différence
d'appréciation provenait tout entière de ce
que l'un de ces hommes avait cherché des âmes
aux Indes et l'autre des tigres. Tous deux avaient trouve ce
qu'ils cherchaient.
(L.
PESTALOZZI, La Vie chrétienne.)
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Combats de
gladiateurs
On raconte que la
cessation définitive des combats de gladiateurs dans
l'empire romain, au cinquième siècle, est due
à un seul homme. Cet homme ne fut pas l'empereur qui
avait en vain promulgué des édits contre ce
jeu cruel,
Ce fut un moine
obscur, qui, devant le peuple de Rome rassemblé dans
le Colisée, se jeta entre les deux rangs de ceux qui
combattaient pour le divertissement de la populace, en les
conjurant au nom de Christ, de s'arrêter. Il fut
tué, mais les combats de gladiateurs avaient
reçu le coup de mort.
(Tiré de HENRI APPIA, Sa jeunesse,
son activité.)
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