En plus des ouvrages que nous avons
analysé, Tertullien avait composé des traités Sur le Destin, Contre
les
partisans d'Apelle (disciple de Marcion), Sur l'origine de L'Âme, etc.
Certains critiques tels que d'Alès (L'auteur de la Passio Perpetuae,
Revue d'Histoire, ecclésiastique, 1907). Labriolle (La Crise
montaniste, p. 345-351), lui ont attribué, pour des raisons
philologiques, le récit intitulé Passion des saintes Perpétue et
Félicité, suppliciées à Carthage en 202, pendant la persécution de
Septime-Sévère. Ajoutons, avec Puech, que le rédacteur a des tendances
montanistes, car il parle des nouvelles effusions de l'Esprit. Ces
Actes nous sont parvenus dans un texte grec et dans un texte latin qui
paraît en avoir été la forme primitive. (Édition Robinson, Texts and
Studies. Cambridge 1891). Ils racontent le martyre de Vibia Perpetua,
âgée de vingt-deux ans et mère d'un petit enfant, de l'esclave
Félicité, et de trois hommes, Saturninus, Saturus et Revocatus. On y
discerne des souvenirs écrits par Perpetua et Saturus dans leur
prison.
Ils sont encadrés dans une introduction, un récit du supplice et de
ferventes exhortations d'un rédacteur qui semble avoir un peu retouché
ces souvenirs. Rien d'émouvant comme cette histoire où vibre l'accent
de la vérité et de l'héroïsme, le rêve de Perpétue qui croit gravir
une
haute échelle d'airain d'où elle entre dans un beau jardin où un
berger
l'accueille, son Indignation quand son père veut la décider à
apostasier, puis son exaltation qui l'empêche de sentir les coups
d'une
vache sauvage, la dignité de ces martyrs qui refusent de revêtir les
costumes de prêtres de Saturne ou de prêtresses de Cérès, enfin cet
admirable élan fraternel qui les pousse à s'embrasser avant de mourir.
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