Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

APPENDICE page 24

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Les Fausses Décrétales ou Pseudo-Isidore sont une collection attribuée à Isidore de Séville, évêque du VIIe siècle, et à Marius Mercator, polémiste du VIe siècle (voir notre Tome II, p. 246 et 314). Voici les principaux documents de ce faux. Dans la première partie, lettre de l'évêque Aurélius, de Carthage, au pape Damase (IVe siècle), demandant communication des décrétales pontifical depuis le temps de saint Pierre ; réponse du pape ; soixante décrétales des trente évêques de Rome compris entre Clément et Miltiade (310-314). La deuxième partie est un recueil de décisions, la plupart authentiques, de cinquante conciles depuis celui de Nicée (325) jusqu'en 683; il est précédé d'une introduction formée de cinq pièces, dont la seconde est la fausse Donation de Constantin (Constitutum Constantini). La troisième partie comprend les décrétales de trente-trois papes depuis Silvestre (314-355) Jusqu'en 731. Un certain nombre en sont authentiques, mais semées d'interpolations ; trente-huit ont été fabriquées.
Cette vaste et audacieuse falsification est sortie des milieux cléricaux qui, dans l'ouest de l'Empire franc, s'efforcèrent de protéger les évêques contre les excès du pouvoir civil et la domination des métropolitains. Elle cherche à les soustraire à la juridiction de ces derniers, en les rangeant sous celle de la papauté, présentée comme la souveraine maîtresse des Églises d'Occident et même d'Orient, indépendante de l'État. Ce fut au sein de l'archevêché de Reims que les Fausses Décrétales firent leur première apparition, dans les Capitula presbyteris d'Hincmar (1er novembre 852). Elles ont dû être apportées à Rome sous Léon IV ou Benoît III (entre 852 et 858), plutôt que, selon l'opinion courante, en 864 par Rothade, de Soissons. Nicolas 1er s'y réfère dans son discours de Noël 864 et son message aux évêques français (janvier 865). Elles jouirent d'une grande autorité au Moyen-Age, surtout au XIe siècle où elles étayèrent fortement les incroyables prétentions papales, mais elles furent démasquées au XVIe siècle dans la grande collection historique intitulée les Centuries de Magdebourg (voir notre T. 1er, p. 19), Le jésuite Frances de Torrès (Turrianus) prit leur défense (1572), mais la fraude fut définitivement établie par le théologien réformé David Blondel, dans son Pseudo-Isidorus et Turrianus vapulantes (vaincus), Genève 1628. (,Cf. édition des F. Décrétales par Hinschius, 1863 ; Paul Fournier, Études sur les F. Décrétales, Revue d'Hist. ecclés. 1906 et 1907 ; F. Lot, La question des F. Décrétales, Revue historique 1907, p. 290-299 ; G. Hartmann, Der Primat des römischen Bischofs bei Pseudo-Isidor, Stuttgart 1930).

On vit aussi paraître, au IXe siècle, trois autres collections suspectes, émanées du même parti, issues, d'après certains indices, du Mans, ou, d'après d'autres plus nets, de Reims ou de sa circonscription : un recueil de canons espagnols en usage en Gaule, découvert dans un ms provenant d'Autun (Hispana Gallica Augustodunensis, codex Vatic. 1341, ms du Xe siècle), travail préparatoire pour le Pseudo-Isidore qui en a fait usage ; les Capitula Angilbramni, oeuvre soi-disant du pape Hadrien 1er (fin du VIIIe siècle), adressée à Angilbram, évêque de Metz, utilisée par les Fausses Décrétales ; les Capitulaires de Benoît « Lévita » (diacre), qui se présentent comme un complément des quatre livres de Capitulaires, collection de lois d'empire publiée par l'abbé Ansegis au début du IXe siècle. Un quart de cette compilation se compose de documents authentiques - parfois interpolés - de Pépin le Bref, Charlemagne et Louis le Pieux ; le reste a puisé à des sources défectueuses, comme Savigny l'a prouvé, au XIXe siècle, dans son Histoire du Droit romain au Moyen Age (T. II, & 45). Le faussaire, qui acheva son travail après le 21 avril 847, dit en avoir recueilli les matériaux surtout dans la cathédrale de Mayence. Mais ce prétendu « diacre Benoît de Mayence » n'a pas existé, et l'écrivain qui s'est donné ce nom vivait dans les milieux du Pseudo-Isidore. On trouve ce document utilisé dès 877 dans le Capitulaire de Quiercy.

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