Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

APPENDICE page 41

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Il faut raconter à part d'histoire des parties les plus éloignées de la chrétienté occidentale, au IXe siècle. Les îles Britanniques furent très éprouvées par les incursions que nous avons déjà signalées. Sous cette poussée, l'Église celtique du pays de Galles se rapprocha de l'Église anglo-saxone, et il en résulta pour son clergé une culture meilleure. C'est de là que sortit Asser, ami et biographe d'Alfred le Grand, roi de Wessex. Ce souverain, qui régna de 871 à 901, après avoir conclu une paix honorable avec, le chef viking Guthrum, qui s'établit dans le Daneland (Mercie, Northumberland et Anglia orientale) et reçut le baptême, restaura l'administration civile et les institutions ecclésiastiques de son royaume. Épris de civilisation romaine, il encouragea l'étude de la langue et de la littérature latines, favorisa les traductions et adapta lui-même librement la Consolation de Boèce, les Histoires de Paul Orose et le Pastoral de Grégoire le Grand. Toutefois, il resta fidèle à la civilisation de son pays, et il affaiblit l'emprise papale si puissante en Angleterre au VIIIe siècle. L'Église de son royaume dépendit étroitement de lui. Il mit la main sur ses biens, nomma ses évêques et accepta le mariage de ses prêtres.

Dans le nord de la Grande-Bretagne s'était formé en 844 le royaume d'Albanie, né de l'union entre l'État irlandais de la côte occidentale et celui des Pictes. Il devait constituer, au Xe siècle, l'Écosse actuelle. Dunkeld, où furent déposées en 850 les cendres de Colomba, le célèbre fondateur du monastère d'lona, devint le siège d'un évêché qui finit par être transféré à Saint-Andrews (908). L'administration ecclésiastique à la façon romaine fut fort mitigée dans ce pays par l'esprit des Culdéens, chrétiens simples et indépendants dont nous avons déjà raconté l'histoire. En Irlande, que Patrick avait évangélisée, le niveau spirituel s'affaissa lourdement à cette époque, sous l'action antichrétienne des princes et l'évangélisation de ce pays dut être reprise au milieu du Xe siècle (cf. Fernand Cabrol, L'Angleterre chrétienne avant les Normands, Paris 1909 ; dom Gougaud, Chrétientés celtiques, Paris 1911, et notre T. II, p. 286-288).

En Espagne, les Églises n'eurent pas trop à souffrir de la domination arabe. Elles avaient la liberté religieuse. des juridictions particulières, la jouissance partielle de leurs biens, mais elles étaient astreintes à la capitation. Les évêques étaient nommés ou confirmés par les maîtres du pays. La supériorité de la civilisation musulmane se traduisit par de nombreuses conversions à l'Islam. Mais, sous l'émir Abderrhaman Il (832-852), le christianisme espagnol s'agita, et il y eut des martyrs. En 850, le prêtre Perfectus, qui avait parlé du Prophète avec mépris, fut mis à mort. A la tête du parti qui jugeait méritoire la recherche des supplices était le prêtre Euloge, de Cordoue, qui a raconté ces dramatiques événements dans son Memoriale sanctorum Martyrum et son Apologeticus sanctorum Martyrum (856 et 857). Son ami Alvarus, dans son Indiculus luminosus, préconisait avec plus de fanatisme encore le martyre volontaire. Un synode d'évêques espagnols, convoqué par l'émir à Cordoue en 852 s'efforça de calmer cette effervescence et l'interdit, d'ailleurs sans succès. Euloge fut élu archevêque de Tolède, mais l'émir refusa de ratifier ce choix. En 859, il bafoua Mahomet, et cette témérité lui valut le martyre, qu'Alvarus glorifia dans sa Vita et passio divi Eulogii A sa mort, ce fanatisme s'éteignit (cf. Baudissin, Eulogius und Alvar, Leipzig 1872).

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