ARGUMENS ET
RÉFLEXIONS SUR LES LIVRES ET LES CHAPITRES
DU NOUVEAU TESTAMENT
AVIS DE L'ÉDITEUR.
LA Société Biblique de Paris
distribuant la Bible sans notes ni commentaires,
nous avons pensé qu'il serait utile d'offrir
aux Protestans les Réflexions sages et
pieuses de M. OSTERVALD, qui sont si
généralement
estimées.
Sur la demande de plusieurs
Pasteurs, nous publions d'abord les
Réflexions qui ont rapport au Nouveau
Testament, parce que cet ouvrage se trouve dans un
plus grand nombre de mains. Si, comme nous
l'espérons, notre édition obtient du
succès, nous nous, occuperons de la
réimpression des Réflexions sur
l'Ancien Testament.
ÉVANGILE
SELON SAINT MATTHIEU.
Nous avons dans L'Évangile l'histoire
de la naissance de Notre-Seigneur, de sa vie, de sa
mort, de sa résurrection, et de son
ascension au ciel. Le devoir des chrétiens
est d'apporter une grande attention et un grand
respect à la lecture de ces livres divins,
de les méditer continuellement, et de
profiter des instructions qui y sont
contenues.
Le premier des quatre
Évangiles a été écrit
par l'apôtre saint Matthieu, environ huit
ans, comme l'on croit, après que
Jésus-Christ eut quitté le monde.
CHAPITRE
PREMIER.
-
Ce chapitre contient,
- 1. La généalogie de
Jésus-Christ, depuis Abraham
jusqu'à Joseph, l'époux de la
Sainte Vierge.
- 2. Un récit abrégé de
la naissance de Notre-Seigneur.
I. I-17; II. 18-25.
RÉFLEXIONS.
LA généalogie de
Jésus-Christ, qui est rapportée dans
ce 1er chap. de saint Matthieu, sert à
montrer qu'il est descendu du patriarche Abraham et
du roi David, selon que les prophètes
l'avaient prédit; et l'histoire de sa
conception et de sa naissance nous apprend qu'il
est né de la Vierge Marie d'une
manière miraculeuse, par l'opération
du Saint-Esprit,
conformément à ce qui avait
été dit autrefois par le
prophète Isaïe. L'une et l'autre de ces
choses prouvent que Jésus est le Messie que
Dieu avait promis d'envoyer, et que c'est en lui
que les promesses de Dieu et les oracles du vieux
Testament ont eu leur accomplissement; ce qui nous
engage à le recevoir comme notre Sauveur,
à nous soumettre à sa doctrine, et
à rendre grâces à Dieu de ce
qu'il nous a donné pour Rédempteur
son Fils unique, qui est né de la
postérité de David selon la chair, et
qui est Dieu, sur toutes choses béni
éternellement. Amen. Rom. I. 3. et IX.
5).
CHAPITRE
Il.
-
Saint Matthieu rapporte quatre
choses.
I. L'arrivée des Mages qui
vinrent adorer Jésus-Christ après
qu'il fut né. Ces Mages étaient des
personnes éclairées et d'un rang
distingué; et ils venaient de l'Arabie ou de
quelque autre pays situé à l'orient
de la Judée.
2. La retraite de Joseph et de Marie
qui s'enfuirent en Égypte pour éviter
la fureur d'Hérode.
3. Le massacre des enfans de
Bethléhem qu'Hérode fit tuer pensant
faire périr Notre-Seigneur.
4. Le retour de Joseph et de Marie
en Judée après la mort
d'Hérode.
I. I-12; II. 13-15; III. 16-18; IV. 19-23.
RÉFLEXIONS.
LA première réflexion
qu'il faut faire sur ce chapitre, est que les Mages
vinrent adorer Jésus après sa
naissance, étant conduits vers lui par une
étoile miraculeuse que Dieu fit
paraître, et sans doute aussi par un
avertissement qu'ils reçurent du ciel. Dieu
voulut par là rendre cette naissance
illustre, montrer la dignité de la personne
de Jésus, et apprendre aux Juifs que le
Messie qu'ils attendaient allait paraître.
Cela marquait aussi que les payens seraient
bientôt reçus dans l'alliance divine.
2. La démarche
d'Hérode qui consulta les sacrificateurs et
les docteurs juifs, et la réponse qu'ils lui
firent, prouvent que l'on était alors dans
l'attente du Messie, et que l'on croyait que
Bethléhem serait le lieu de sa naissance.
3. Les hommages que ces
étrangers rendirent à Jésus,
petit enfant, en se prosternant devant lui, et en
lui présentant leurs dons, doivent nous
engager, nous qui savons qu'il est notre Sauveur et
notre Dieu, à lui offrir
nos adorations, nos louanges et
notre amour ; et il lui consacrer tout ce qui est
en notre puissance.
4. L'on voit dans la conduite
d'Hérode envers les Mages, et dans le
massacre qu'il fit faire des enfans de
Bethléhem, que ce prince artificieux et
cruel employa tous les moyens possibles pour
ôter la vie à l'enfant Jésus;
et qu'ainsi Notre-Seigneur fut expose dès sa
naissance à de grands dangers; ce qui
montrait dès-lors que son règne ne
serait pas de ce monde, et qu'il était
né pour souffrir. Enfin l'on remarque dans
cette histoire que Dieu, par les avertissemens
qu'il fit donner aux Mages, et ensuite à
Joseph, rendit les efforts d'Hérode
inutiles; en sorte que les mesures que ce roi
injuste et barbare avait prises pour faire
périr Jésus, quelques sûres
qu'elles parussent être,
n'empêchèrent pas que Notre-Seigneur
ne fût conservé en vie, qu'il ne
revint dans la Judée, et qu'il n'y
exerça dans la suite son ministère.
Tous ces événemens font voir que la
providence dirigeait d'une façon
particulière tout ce qui arrivait à
Jésus-Christ. On peut aussi recueillir de
là que tous les efforts que les hommes
peuvent faire ne sauraient empêcher
l'exécution des desseins de Dieu, ni nuire
à ceux qu'il favorise.
CHAPITRE
III.
-
Ce chapitre a deux parties:
Dans la première, il est
parlé de la prédication et du
ministère de Jean-Baptiste;
et dans la seconde, Saint Matthieu
rapporte le baptême de Notre-Seigneur.
I. 1-12; II. 13-17.
RÉFLEXIONS.
IL faut faire d'abord cette
considération générale sur la
première partie de ce chapitre, qu'avant que
Jésus-Christ parût, Jean-Baptiste fut
envoyé de Dieu, selon les oracles des
prophètes, pour annoncer aux Juifs la venue
du Messie, et pour les exhorter à la
repentance. Par là, Dieu voulait leur
apprendre que le temps de la manifestation du
règne du Messie était arrivé;
mais que ce serait un règne spirituel et
céleste, et non un règne temporel et
mondain, comme ils le croyaient. C'était
dans les mêmes vues que Jean-Baptiste
déclarait aux Juifs que le privilège
qu'ils avaient de descendre du
patriarche Abraham ne les garantirait point de la
vengeance divine qui était prête
à tomber sur leur nation à cause de
son incrédulité, et que Dieu
appellerait d'autres peuples à leur place
qui deviendraient les enfans d'Abraham par la foi.
Enfin, il leur donnait à entendre que
Jésus allait paraître, et que ce
serait lui qui exécuterait les jugemens de
Dieu sur les incrédules et sur les
impénitens, et qui donnerait de glorieuses
récompenses aux gens de bien. Ce fut ainsi
que Dieu, par sa sagesse, voulut disposer les Juifs
à recevoir Jésus-Christ, et les faire
revenir des préjugés où ils
étaient sur le règne du Messie, et
qui les auraient empêchés de croire en
lui. Ce que nous devons recueillir de la
prédication de Jean-Baptiste, c'est que sans
l'amendement et la sainteté de la vie, on ne
peut être disciple de Jésus-Christ, ni
entrer dans le royaume de Dieu. Elle nous apprend
que comme les Juifs incrédules se vantaient
en vain d'être les enfans d'Abraham, il ne
sert de rien aux hypocrites d'être
extérieurement dans l'alliance divine; que
Jésus-Christ les discerne qu'il les
séparera d'avec les justes; et qu'il
nettoyera son Église en envoyant les
méchans au feu éternel et en recevant
les vrais fidèles dans son royaume. Pour ce
qui est du baptême de Notre-Seigneur, il faut
considérer que dans le temps qu'il allait
commencer les fonctions de sa charge, Dieu voulut
qu'il fût baptisé par saint Jean, son
précurseur; que même il fit descendre
le Saint-Esprit sur lui d'une manière
visible; et qu'il déclara, par une voix
venue du ciel, que Jésus était son
Fils bien-aimé.
Ces choses arrivèrent pour
montrer premièrement à Jean-Baptiste,
et ensuite à tout le peuple, que
Jésus était le Messie promis. Ainsi
l'histoire du baptême de Jésus-Christ
nous oblige à le regarder comme le Fils de
Dieu, et à lui rendre une obéissance
inviolable. Elle nous engage aussi à
respecter le baptême par lequel nous avons
été consacrés à Dieu
pour être ses enfans et les héritiers
de son royaume.
mença à exercer son
ministère dans la Galilée, en
annonçant la venue du règne de Dieu,
en choisissant des apôtres, et en faisant des
miracles.
I. 1-11; II. 12-25.
RÉFLEXIONS.
Il faut remarquer en
général sur l'histoire de la
tentation, que le diable, en tentant
Notre-Seigneur, voulait éprouver s'il
était le Fils de Dieu, et que Dieu permit
cette tentation afin que le diable, convaincu de
cette vérité,
révérât la puissance de
Jésus-Christ, et afin qu'il parût que
Notre-Seigneur était venu au monde pour
détruire le règne du diable. Il faut
considérer après cela sur cette
histoire, que puisque Jésus-Christ a
été tenté, il ne faut pas
être surpris si nous le sommes en diverses
manières; mais que nous devons, à
l'exemple de Notre-Seigneur, résister aux
tentations, et particulièrement à
celles qui pourraient nous porter à la
défiance, à la présomption,
à l'amour de la gloire et des biens du
monde, ou qui tendraient à nous
détourner du vrai service de Dieu et de la
fidélité que nous lui
devons.
La manière dont
Jésus-Christ repoussa les tentations de
Satan, en se servant de l'Écriture sainte,
nous montre que c'est par la parole de Dieu que
nous pouvons rendre les tentations inutiles et
éteindre tous les traits enflammés du
malin. Il y a trois choses à remarquer sur
la 2.e partie de ce chapitre.
La première, que
Jésus-Christ commença à
exercer son ministère dans la
Galilée, en prêchant l'amendement,
comme Jean-Baptiste avait fait. Cela doit nous
convaincre de plus en plus que la sainteté
de la vie était le but de l'Évangile
que Jésus-Christ venait annoncer, et que
c'est aussi ce qu'il exige principalement de ses
disciples.
2. Le choix que Notre-Seigneur fit
en appelant des pêcheurs pour en faire ses
apôtres, est remarquable; il prouve que le
succès que leur prédication eut dans
la suite ne venait pas d'eux-mêmes, et qu'on
ne peut l'attribuer qu'à Dieu qui les
revêtit de ses dons.
Enfin, les guérisons
miraculeuses par lesquelles Jésus se fit
d'abord connaître, tendaient à faire
voir qu'il était
envoyé de Dieu, que sa doctrine venait du
ciel, et qu'il n'était venu au monde que
pour le bien et le Salut des hommes.
CHAPITRE V.
I-20.
-
Ce chapitre contient, avec les
deux suivans, le sermon que Jésus-Christ fit
sur la montagne. Dans la première partie de
ce chapitre, Notre-Seigneur fait deux choses:
I. Il enseigne dans quelles
dispositions il faut être pour parvenir au
vrai bonheur.
2. Il parle de l'obligation
où sont ses disciples de vivre dans une
grande sainteté.
I. I-12; Il. 13-20.
RÉFLEXIONS.
LE but de Jésus-Christ dans
ce discours, qui est contenu dans les chapitres V,
VI et VII de Saint Matthieu, est, en
général, d'instruire ses disciples
des principaux devoirs de la vie chrétienne;
c'est pourquoi nous devons le lire avec une grande
application et régler notre conduite par les
divins préceptes qu'il contient. Il y a deux
considérations à faire sur la
première partie de ce chapitre.
1. Les béatitudes nous
enseignent en quoi consiste le vrai bonheur de
l'homme, et à quoi l'on reconnaît les
vrais disciples de Jésus-Christ.
Leur caractère est de n'avoir
point le cœur attaché aux richesses, ni aux
plaisirs, ni à la gloire du monde; de vivre
dans le détachement pour les biens de la
terre, dans la douceur, dans l'humilité,
dans la pureté et dans la paix; de
désirer ardemment et par-dessus toutes
choses d'être justes et de plaire à
Dieu, et enfin de souffrir avec joie la
persécution pour l'Évangile.
2. Jésus-Christ nous apprend
que les disciples sont le sel de la terre et la
lumière du monde; ce qui veut dire
qu'ils doivent se distinguer des autres hommes par
la sainteté de leur vie, et travailler
à les éclairer et à les
édifier par leurs instructions et par leurs
bons exemples.
Il dit expressément, que tant
s'en faut qu'il fût venu au monde pour
dispenser les hommes d'observer la loi de Dieu; il
était venu au contraire pour les obliger
encore plus fortement à l'accomplir, et
cela, de la manière la plus parfaite. Enfin,
il. déclare qu'il ne recevra pas dans son
royaume ceux qui n'auront pas une justice et une
sainteté plus accomplie que celle qui
était enseignée par les docteurs
de la loi et par les pharisiens,
qui passaient parmi les Juifs pour les plus
éclairés et les plus saints. Toutes
ces instructions de Notre-Seigneur doivent nous
faire sentir l'obligation indispensable où
nous sommes de nous étudier à une vie
sainte, et même à aspirer de toutes
nos forces à une grande perfection.
CHAPITRE V. 21-48.
-
Jésus-Christ voulant montrer
que ses disciples sont appelés à une
grande sainteté, enseigne qu'il ne suffit
pas de s'abstenir des grands crimes qui sont
condamnés expressément dans la loi de
Dieu, mais qu'il faut encore éviter les
péchés qui paraissent moins
considérables, et régler surtout les
mouvemens du cœur. Dans cette vue, il rapporte les
commandemens qui regardent le meurtre,
l'adultère, les sermens, la vengeance et
l'amour du prochain. Il corrige les fausses
interprétations que les Juifs donnaient
à ces commandemens-là, et il en
marque le véritable sens.
I. 21-26; II. 27-32; III. 33-37; IV.
38-42; V. 43-48.
RÉFLEXIONS.
L'EXPLICATION que Notre-Seigneur
donne aux principaux commandemens de la loi, nous
enseigne que Dieu ne défend et ne punit pas
seulement les crimes et les péchés
crians qui sont exprimés dans le
Décalogue, mais qu'il condamne et qu'il
punit aussi les mauvaises pensées et les
mauvais désirs, que les docteurs juifs ne
regardaient que comme des fautes
légères. Outre cette leçon
générale et qui est fort importante,
Jésus-Christ nous instruit sur ces quatre
devoirs particuliers.
Le premier, que la colère et
les termes méprisans et injurieux qui
procèdent de la haine dont on est
animé contre le prochain, assujettissent
aussi bien à la condamnation que le meurtre;
que bien loin de haïr personne, il faut
travailler à avoir la paix avec tous les
hommes; et qu'il ne nous est pas permis de nous
présenter devant Dieu et de lui offrir nos
prières, à moins que nous n'ayons
fait tout ce qui est en notre pouvoir pour nous
réconcilier avec ceux qui ont quelque chose
contre nous.
Le second devoir regarde la
pureté et la chasteté. Notre-Seigneur
nous enseigne que les désirs impurs rendent
coupables devant Dieu tout de même que
l'adultère et les crimes de
l'impureté; que pour
être chaste, il faut veiller sur
soi-même, mortifier ses sens, arracher son
œil, couper sa main, c'est-à-dire, se priver
de ce qui nous serait le plus cher et le plus
agréable; se mortifier et renoncer à
tout ce qui pourrait nous être une occasion
de chûte. Il nous apprend aussi à
cette occasion, que les liens du mariage ne peuvent
être rompus que par l'adultère; ce qui
montre combien les chrétiens doivent
être chastes.
La troisième instruction
concerne le serment. La doctrine du Fils de Dieu
sur cet article est, qu'il ne suffit pas
d'éviter le parjure, qui est l'un des plus
grands crimes; mais qu'il faut même se faire
un scrupule de violer les sermens qui ne sont pas
faits par le nom de Dieu, et s'abstenir
entièrement des sermens vains et
téméraires, en quelques termes qu'ils
soient conçus, puisqu'ils sont
défendus par la loi de Jésus-Christ,
et d'ailleurs contraires au respect qui est
dû à la divinité.
Le quatrième devoir est celui
de la charité et de l'amour du prochain. Ce
que Jésus-Christ nous ordonne à cet
égard, c'est de nous abstenir de la
vengeance, de souffrir les injures plutôt que
de rendre mal pour mal, de nous relâcher de
notre droit pour avoir la paix et pour
éviter les disputes, d'aimer tous les
hommes, même ceux qui nous haïssent, et
d'imiter en cela Dieu notre père qui fait du
bien à tous, et même aux
méchans et aux ingrats. C'est là la
loi de l'Évangile et de la vraie
charité; et ce sera dans la pratique de tous
ces devoirs que nous trouverons notre perfection et
notre gloire.
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