LA
GRÂCE ET LE PÉCHÉ
AVANT-PROPOS
DE LA SECONDE ÉDITION
On a vu des exagérations dans la brochure
qui reparaît ici. Peut-être aurais-je
mieux fait de dire ouvertement que je n'exposais
pas une théorie, mais que je rendais
témoignage d'une expérience ; on peut
pousser trop loin les théories, on peut
forcer même les vérités de la
Bible, mais on ne peut suivre Jésus de trop
près, on ne peut s'attacher à Lui
d'une manière trop absolue, trop constante;
cela ne peut être une hérésie
que d'avoir appris à demeurer en
Jésus.
Quand, au mois de mai 1866,
l'Église libre du canton de Vaud me
conféra l'imposition des mains par l'organe
de son synode, il me fut donné, pour me
diriger dans mon ministère, la parole de
l'apôtre Paul : « Je vous prie
d'être mes imitateurs »
(1 Cor. 4 : 16.) M'en voudra-t-on,
d'avoir pris cette parole au
sérieux, d'avoir cru à la
possibilité d'obéir à ce
commandement ? Ou s'étonnera-t-on qu'il vous
soit fait selon votre foi? De son temps, Paul,
imitateur conscient de Christ
(1 Cor. 11 : 1) avait ses imitateurs
(Phil. 3 : 17) : seraient-ils devenus
aujourd'hui si rares qu'on s'en défie ? Se
défiera-t-on de ceux qui dans la foi ont
retrouvé le secret de plaire à Dieu
et de marcher avec Lui comme Hénoc
?
« Tu as délivré
mon âme de la mort, mes yeux des larmes, mes
pieds de la chute. Je marcherai devant la face de
l'Éternel, sur la terre des vivants. J'ai
cru ; c'est pourquoi j'ai parlé
».
Que le Seigneur daigne accompagner
d'une bénédiction renouvelée
l'humble témoignage que Lui offre son
enfant.
Hauptweil, Thurgovie, février
1882.
0. ST.
.
INTRODUCTION
Les enfants de Dieu ont de plus en plus le
sentiment qu'il se fait tard et que le Seigneur est
proche. Nous assistons à un redoublement du
pouvoir des ténèbres qui semble
indiquer que le diable n'a plus que peu de temps
(Apoc. 12 : 12). L'atmosphère
lourde que nous respirons, le malaise qui tourmente
la société,
l'incrédulité et
l'indifférence religieuse qui, après
avoir envahi le monde, menacent la vie de
l'Église, - tout nous crie :
réveillez-vous ! veillez!
Ceux qui ne se hâteront pas de
se lever et d'en finir avec une marche qui les
condamne, ceux qui continueront à
gémir de leurs misères sans y
renoncer, finiront par prendre leur parti de ne pas
être ce, qu'ils devraient et voudraient
être. Il viendra un, moment où ils ne
croiront plus même à la
possibilité d'une vie dans
laquelle on a le témoignage d'être
agréable à Dieu. Leur sommeil
deviendra un sommeil de mort.
C'est cette vocation à une
vie sainte et agréable à Dieu que
nous voudrions rappeler à nos frères.
Nous désirons relever l'importance d'une
bonne conscience devant Dieu et devant les hommes.
Il s'agit de rompre avec le péché
complètement et définitivement, en
s'appuyant sur la puissance du sang et de l'Esprit
de Christ, selon les déclarations de sa
parole.
Autre chose est avoir du
péché, et autre chose, en commettre.
Si l'apôtre Jean écrit à ses
frères tout un chapitre « afin qu'ils
ne pèchent point »
(1 épître 2 : 1), et si,
dans ce but, il leur dit, entre autres choses :
« si nous disons que nous n'avons pas du
péché, nous nous séduisons
nous-mêmes... », peut-on contester que
« pécher » (ou « commettre un
péché », « commettre des
péchés » -
v. 9), et, « avoir du
péché », doivent être deux
choses différentes? Et s'il n'est pas
possible de les délimiter nettement, sera-ce
une raison pour ne pas reconnaître la
différence? Au chap.
1, v. 7, nous lisons: « Si nous
marchons dans la lumière, comme Il est
Lui-même dans la lumière... le sang de
Jésus-Christ, son Fils, nous purifie de tout
péché ». Cela
ne prouve-t-il pas que
lors-même que nous marchons pleinement dans
la lumière, nous avons constamment besoin de
l'action purifiante du sang de Jésus-Christ
?
Quand les choses de Dieu ne peuvent
pas être définies, elles n'en sont pas
moins réelles; elles sont faites pour
être vécues, non pas pour être
formulées et discutées. Que chacun
commence par apprendre à demeurer en
Jésus et à vivre en communion avec
Dieu, et il verra, - ce que cette brochure
relève, - qu'avec cela tout
péché n'a pas disparu de la vie et
que la quatrième demande de l'oraison
dominicale n'en devient que plus
précieuse.
Ce que l'Écriture demande,
c'est que la vie et la volonté d'un enfant
de Dieu soient constamment soumises à la
discipline de l'Esprit de Dieu, que sa vie et son
coeur demeurent purifiés de tout fruit ou
oeuvre de la chair
(Gal. 5 : 16-26). Le
péché que nous combattons dans ces
pages, c'est le péché pour autant
qu'il est incompatible avec une marche dans la
lumière et qu'il interromprait, ne
fût-ce que momentanément, notre
communion avec Dieu. Dans ce sens particulier et
précis, il faut, que le péché
disparaisse du coeur et de la vie de l'enfant de
Dieu; dans ce sens, il faut que le chrétien
cesse de pécher.
Note. Cette seconde édition devant
être plus simplement un, témoignage,
nous y supprimons bien des pages qui avaient
figuré dans la première. Nous avons,
en outre, incorporé à nôtre
traité «la Vie de Prière »,
les développements sur la vigilance et la
sobriété, la prière, la Parole
de Dieu et la Sainte-Cène, qui se trouvaient
dans la troisième partie de la brochure.
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