LE
RÉVEIL QU'IL NOUS FAUT
CHAPITRE XI
ÂMES AFFAMÉES DE
RÉVEIL
Quand j'ai visité la Russie, j'ai
pu voir Dieu à l'oeuvre d'une façon
remarquable. Les gens n'hésitaient pas
à faire 20 kilomètres à pied,
d'autres venaient en charrette ou à cheval,
parcourant 200 kilomètres pour assister aux
réunions. Les cultes duraient deux ou trois
heures consécutives, et il y avait parfois
jusqu'à trois réunions par jour. Et
encore, ces braves gens trouvaient qu'ils n'en
avaient pas assez et venaient dès le matin
prier ensemble, avant l'arrivée des
prédicateurs ! Pas besoin de
publicité ; chacun le disait à son
voisin et ils arrivaient de tous
côtés, remplissant les salles jusque
dans les moindres recoins, même les plus
grandes étaient combles. Je me souviens
d'avoir prêché, entre autres, dans une
chapelle luthérienne à 3.000
personnes. Oh ! Comme ils buvaient la Parole ! En
plein air, c'était pareil, et la
réunion pouvait se prolonger pendant trois
heures sous la pluie ; tous écoutaient
avidement, hommes, femmes et enfants, tous des
âmes affamées !
Et comme Dieu a opéré
puissamment là bas !
Dès le début de la
campagne c'était l'atmosphère du
Réveil. On priait, on chantait, on rendait
témoignage, et les larme s coulaient sur
bien des visages. Le coeur brisé, ils
écoutaient le message et, quand venait le
moment de l'appel, un grand nombre se levait pour
venir s'agenouiller devant l'estrade et crier
à Dieu avec larmes pour obtenir Son
pardon.
Voici quelques extraits de mon
journal durant la campagne :
~ Impossible de décrire les
scènes qui se déroulèrent au
cours de ces journées, car ce que Dieu a
fait est tout simplement miraculeux. Chaque soir le
grand auditorium était plein à
craquer, les gens se tenant debout dans les
couloirs, sur l'estrade et partout. Le devant de la
chaire se remplissait sans cesse de
pénitents dont beaucoup acceptèrent
le Sauveur pour la première fois. Je ne
saurais en fixer le nombre.
Mais le culte de 10 heures du matin
fut le point culminant de ce festin spirituel. Une
fois la salle remplie on ajouta des chaises dans le
choeur et un peu partout, beaucoup durent rester
debout Alors la puissance d'En Haut descendit sur
cette immense assemblée ; hommes et femmes
tombèrent à genoux de tous
côtés, et quelles prières !
Quelle repentance ! Quelles confessions avec
larmes, mais aussi quelle joie inexprimable dans
les témoignages Et comme ils chantaient, ces
chers Russes ! Vraiment, c'était le ciel sur
la terre.
A la fin du culte, on me demanda si
je ne voudrais pas prêcher une fois de plus
à 4 heures. J'y consentis, et à
l'heure indiquée ils étaient de
nouveau tous là. Une fois de plus, la
puissance de l'Esprit était à
l'oeuvre, et il y eut bien des larmes. Une Joie
ineffable et glorieuse se reflétait sur bien
des visages. Nous nous agenouillâmes tous
dans le silence, et l'Esprit descendit pour faire
Sa demeure dans plusieurs vies. A 6 h 30 je parlai
encore, puis à 8 heures quatre
réunions dans la journée !
Peu après m'être
retiré dans ma chambre, j'entendis frapper
à la porte. Un étudiant entra et me
dit que Dieu lui avait parlé. Il avait le
coeur affamé de la vie d'En Haut et
m'annonça sa décision de rester toute
la nuit en prière jusqu'à ce que
l'Esprit le possédât
entièrement. Nous avons prié ensemble
et il sanglotait éperdument... Quelques
instants après, un autre frappait à
son tour et venait me demander de me joindre
à un groupe dans la chambre voisine. Je
trouvai là plusieurs jeunes
prosternés devant le Seigneur, face contre
terre. Dieu leur avait parlé à eux
aussi. Et la prière recommença,
ardente, précise, passionnée, montant
tout droit vers Dieu. Le péché fut
confessé, des vies furent consacrées
au Seigneur, et le Saint-Esprit, une fois de plus,
eut la voie libre parmi nous. Puis ce fut toute la
troupe des étudiants qui arriva au grand
complet et, tombant à genoux, les coeurs se
répandirent librement devant le Seigneur, en
russe, en allemand, en letton, en anglais. Oh !
Quelle heure bénie où ces coeurs
brisés pleuraient ensemble aux pieds de
Jésus ! Quelle joie de se trouver dans une
pareille atmosphère de réveil et de
voir le Saint-Esprit à l'oeuvre. Quand
finalement ils se retirèrent pour continuer
à prier dans leurs chambres. A quelle heure,
je ne sais. Je pus, moi aussi, rentrer dans la
mienne, vers minuit, et prendre du repos,
bénissant Dieu pour cette journée. Le
lendemain, même expérience. Au cours
des quatre réunions de la journée de
longues files d'hommes et de femmes en larmes
vinrent se prosterner dans la contrition et
accepter le salut pour s'en retourner ensuite
débordants de joie.
Au retour de cette quatrième
réunion (que je croyais la dernière),
je trouvai à la maison de la mission une
chambre pleine de Russes agenouillés et
priant tout bas, comme seuls les Russes savent le
faire, avec des accents d'intense
sincérité. Je me joignis à eux
pendant quelques instants, puis, vers minuit, je me
retirai dans ma chambre. Quelle journée
merveilleuse encore ! Quelles conversions ! Quelle
joie ! Quelle puissance ! Jamais de ma vie je
n'avais prêché à de telles
congrégations, ni au Canada, ni dans toute
l'Amérique. Le jour de Pâques fut une
journée inoubliable ! Le premier culte du
matin commençait à 6 heures et ce ne
fut pas facile pour moi de prêcher à
une heure aussi matinale, m'étant
couché fort tard la veille. Il y avait
cependant environ 1.200 personnes à ce
culte, et beaucoup répondirent à la
demande d'accepter Christ comme leur
Sauveur.
A 10 heures, seconde réunion
avec salle archicomble, et qui dura quatre
heures.
Après le dîner je me
jetai sur mon lit pour me reposer un peu et je ne
me réveillai que juste à temps pour
la réunion de 4 heures. Il y avait là
environ 1.400 personnes, et de nouveau plusieurs
s'approchèrent pour répondre à
l'appel de Dieu, tandis que l'Esprit se mouvait
d'une façon solennelle sur toute
l'assemblée. Le salut était
entré dans bien des vies et très
chaudes furent leurs poignées de mains
tandis que je saluais cette longue file de nouveaux
convertis. Il y avait là beaucoup de jeunes
gens et de jeunes filles, des personnes
âgées aussi, et même de
très jeunes enfants. Tous avaient
trouvé en jésus leur Sauveur, et
comme leur joie était grande !
Le lundi je me trouvais dans une
église russe où j'avais
déjà prêché cinq ans
auparavant. Là encore c'était la
foule compacte, se pressant pour écouter la
Parole, tandis que je parlais de la victoire sur le
péché. Beaucoup s'avancèrent
et se mirent à genoux tandis que le
Saint-Esprit pénétrait dans leur vie
et rendait réelle cette transaction avec
Dieu. Certains de ces visages semblaient
déjà glorifiés tant leur joie
était radieuse !
Puis vint la réunion du lundi
soir, et je me demandais si ce serait comme en
Amérique, le jour de relâche. Mais mes
doutes furent bien vite dissipés en voyant
une fois de plus les foules s'entasser dans la
chapelle, dans les galeries jusqu'au plafond,
beaucoup devaient rester debout. Quelle vision, mes
amis que celle de tous ces regards intenses
fixés sur nous. J'étais ému
jusqu'au fond de l'âme. Et comme ils
écoutaient ! A la fin je proposai un «
after meeting ». Environ 500 personnes s'en
allèrent et tous les autres voulurent
rester. Les premiers bancs furent vite remplis de
pénitents anxieux d'être
éclairés. Je leur expliquai
clairement le message du salut et, tandis que je
parlais, les larmes coulaient sur leurs visages.
Des péchés furent confessés et
pardonnés, Christ était reçu
dans les coeurs, et la note de louange se fit
entendre, montant vers Dieu de tous
côtés. Oh ! La joie céleste sur
ces visages ! Deux d'entre les auditeurs
étaient encore troublés et
hésitants ; mais, après que je leur
eus montré le chemin, l'un d'eux fondit en
larmes et, dans la joie du salut, se mit à
louer Dieu.
Ainsi se termina l'une des plus
merveilleuses campagnes de réveil que je
n'aie jamais vécues. Jamais en
Amérique je n'ai eu d'expérience
équivalente et je n'oublierai jamais les
scènes émouvantes dont j'ai
été témoin. Quelle faim et
quelle soif de Dieu chez ces gens ! Où
trouverions-nous un esprit pareil dans notre pays ?
Oh ! Combien je Le bénis ! Gloire à
Son glorieux Nom ! Oui, mes amis, le Dieu de
Finney, de Moody et d'Evan Roberts est toujours le
même. Il est NOTRE DIEU pour toujours. Il est
toujours le Dieu du Réveil. Son bras n'est
pas raccourci, ni son oreille devenue pesante. Il
entend, Il exauce la prière de la foi.
Alléluia !
Quant à moi, je dois dire que
j'ai été profondément
humilié. Dieu m'a richement béni dans
mon âme. Cela a exigé une nouvelle
crucifixion, une expérience plus profonde
encore, une marche plus étroite avec Lui.
Mon coeur a été brisé devant
Lui et le mot d'ordre doit être
désormais : « DIEU LE PREMIER ! »
Je mets de côté joyeusement tous mes
plans, mes ambitions, pour adopter les Siens. Je ne
sais ce que l'avenir me réserve; mais si
seulement Il veut bien condescendre à se
servir de moi pour un travail de réveil
spirituel et profond, je serai plus que satisfait.
Peu importe où ce sera, dans ma patrie ou au
loin. « Où Tu voudras, je veux te
suivre. » Mon désir est d'être
entièrement livré à mon Dieu
et de vivre moment par moment tellement
séparé du monde et de la chair que je
puisse jouir d'une communion ininterrompue avec mon
précieux Seigneur. »
Amis lecteurs, j'ai voyagé
à travers l'Europe, le Proche et
l'Extrême Orient, le Canada et les
Etats-Unis. Je suis allé de l'Atlantique au
Pacifique, j'ai assisté aux plus grandes
conventions évangéliques, entendu les
meilleurs prédicateurs; mais jamais je n'ai
vu nulle part rien de semblable à ce que je
viens de décrire plus haut.
Pourquoi cela ? Dieu aurait-Il abandonné
l'Amérique, le Canada, l'Angleterre ?
Pourquoi n'y a-t-il pas dans nos pays de
véritable Réveil spirituel ? Parce
que la condition essentielle fait défaut :
c'est la SOIF. Oui, ce qui nous manque ici, c'est
cette réelle et profonde soif spirituelle,
cette recherche ardente du coeur qui a soif de
Dieu. Tant d'autres choses remplissent notre vie !
Nous avons tellement de confort, de luxe et
d'abondance que nous ne sentons pas notre besoin de
DIEU. Si nous devions être
dépouillés de toutes nos possessions
terrestres, ce serait peut-être notre
salut.
Ici les gens ne se soucient pas
d'assister à des réunions, et il faut
dépenser des sommes énormes en
publicité pour parvenir à les
intéresser un peu, tandis que les
cinémas et les lieux de plaisir sont pleins.
Les foules se pressent dans les parcs et sur les
plages, alors que nos temples sont presque vides.
Plus la journée est belle, plus grande est
la tentation de partir en voiture, et nul ne
songerait à faire à pied dix
kilomètres ou plus, pour assister à
une réunion ! D'où mon diagnostic
qu'il n'y a pas de SOIF spirituelle. Le peuple
russe, par contraste, ne possède que peu de
biens de ce monde, d'où sa faim et sa soif
des biens permanents, des richesses
divines.
Nous qui connaissons cette soif
spirituelle, Dieu soit béni, il y en a quand
même ici et là ne voulons nous pas
mener deuil sur nos pays soi disant «
chrétiens » et invoquer le Seigneur
afin qu'Il crée Lui-même dans les
coeurs ce désir ardent de Réveil,
même si cela devait être par le moyen
de la tribulation, de l'adversité, des
pertes matérielles. Qu'importe
l'épreuve, pourvu que naisse enfin dans les
coeurs, cette soif sans laquelle il ne saurait y
avoir de vrai Réveil.
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