HISTOIRE D’UN PUISSANT
RÉVEIL
VIE DE WILLIAM BRAMWELL
JUSQU'A TOUTE LA PLÉNITUDE DE
DIEU
Le 6 septembre 1815, Bramwell écrit
de Newcastle à son ami M. Turnell de
Londres :
« ... Dès mon premier sermon ici, j'ai
reçu de Dieu une puissance extraordinaire;
au second et au troisième, il en a
été de même et nous en avons vu
les fruits bénis. J'espère que nous
verrons ici de beaux jours; l’œuvre est
entre les mains de Dieu qui m'a secouru
jusqu'ici.
« Dimanche soir, Madame Taft s'est
adressée à une immense
assemblée; Dieu était
véritablement avec elle, sa puissance a
remué tout l'auditoire. Quelle objection
ferions-nous à ce ministère
féminin quand c'est Dieu qui agit par son
moyen?
Vers la fin du mois, Bramwell
écrit :
« Nous avons eu un bon nombre d'âmes
sauvées, dimanche dernier, pendant notre
agape. Nous attendons de grandes choses. Que le
Seigneur répande son Esprit sur tous, qu'il
les purifie et les garde purs !
« Je n'ai jamais eu une vue de
l'éternité comme celle que j'ai
maintenant d'une manière permanente.
Il y a trois semaines, j'ai reçu un
baptême de l’Esprit plus abondant que
tous ceux que j'avais reçus
jusque-là. J'attends le Seigneur de toute
mon âme. Priez, oh! priez! qu'y a-t-il de
plus nécessaire? Quoi de plus profitable
qu'une nuit passée en prière? Priez
par toutes sortes de prières et de
supplications, dans l'Esprit ! »
Peu après, dans une lettre adressée
au Révérend. George Smith, Bramwell
raconte ainsi le réveil qui commença
dès son arrivée à
Newcastle :
« Notre première agape à
Newcastle porta beaucoup de fruits; plusieurs y
trouvèrent le pardon de leurs
péchés Il y eut beaucoup de
prières et d'allocutions, puis nous nous
recueillîmes en prière. jusqu'à
ce que, soudainement, nous vîmes par ses
effets que l'Esprit de Dieu agissait sur toute
l'assemblée. La conviction de
péché se manifesta de toutes parts et
beaucoup de gens se mirent à crier à
Dieu pour obtenir miséricorde; de sorte
qu'en une heure et demi, à peu près
trente personnes reçurent le pardon de leurs
péchés. La gloire de Dieu nous
apparaissait. Je fus moi-même rempli de
l’amour divin. Une foule de personnes
étaient debout pleines de joie, racontant ce
que Dieu avait fait pour leurs âmes. Je crois
que bien peu restèrent dans les
ténèbres.
« Nous louerons Dieu tant que nous aurons un
souffle de vie. J'espère que le
réveil deviendra général.
»
Ce réveil continua de sorte qu'un grand
nombre d'âmes furent sauvées.
En juin 1816, Bramwell écrivait à son
ami Thomas Crowther :
« Je n'ai jamais eu un désir aussi
ardent du salut des églises et du monde; et
jamais je n'ai été plus convaincu que
c'est Dieu « qui opère tout en tous.
»
« Je me suis livré à Dieu pour
recevoir la plénitude du Saint-Esprit plus
abondante et plus puissante que jamais; je sens que
cette plénitude est ma liberté en ce
monde. Je ne puis me contenter du pardon des
péchés, ni même d'être
purifié de tout péché; je vois
que la gloire qui m'appartient dans notre
bien-aimé Sauveur, consiste en ce qu'il
demeure lui-même pleinement dans mon
âme. »
« Le livre de Dieu m'est chaque jour plus
précieux; quand je le lis je me sens comme
perdu dans un océan d'amour, d'admiration et
de louange. Mon frère, je fais
l'expérience qu'être purifié de
tout péché est une chose et
qu'être rempli de Dieu en est une autre, une
beaucoup plus grande. Les pages qu'a écrites
le docteur Clarke sur cette expression : « la
plénitude de Dieu, ne me quittent
jamais...»
Voici, abrégées, ces pages du docteur
Clarke qui feront mieux comprendre en quoi consiste
cette grâce qui fut la grande
préoccupation de la vie de Bramwell et qui
ne manqueront pas d'être précieuses
à maint lecteur :
« L'apôtre termine sa prière par
ces paroles : « que vous soyez
remplis de toute la plénitude de Dieu.
(1)
»
Parmi les grandes choses qu'exprime cette
prière, celle-ci est la plus grande.
Être rempli de Dieu, c'est beaucoup;
être rempli de la plénitude de Dieu,
c'est encore plus; mais être rempli de toute
la plénitude de Dieu, c'est la plus grande
de toutes les choses. Cette expression confond
notre intelligence. Cependant elle doit avoir un
sens qui était compris de l'apôtre et
qui peut être compris de nous. »
« La plupart, en citant cette parole : «
remplis de toute la plénitude de Dieu,
» s'efforcent de la corriger; ainsi on y
ajoute assez ordinairement le mot communicable.
Mais c'est aussi inutile qu'impertinent. Nous
comprenons assez que saint Paul ne prierait pas
pour qu'on fût; rempli de ce qui ne peut
être communiqué. L’apôtre
pense certainement ce qu'il dit et veut être
compris dans son sens à lui.
« La plénitude de Dieu est tout
d'abord l’ensemble des grâces que Dieu a
promises pour l’accomplissement de notre plein
salut ici bas, de notre entière
préparation à la gloire
éternelle. Être rempli de toute la
plénitude de Dieu, c'est avoir le cœur
vidé et purifié de tout
péché et de toute souillure; et
rempli d'humilité, de douceur, de patience,
de bonté, de sainteté, de justice, de
miséricorde, de vérité,
d'amour pour Dieu et pour les hommes.
« La possession de toutes ces vertus dans leur
plénitude implique, évidemment,
l’enlèvement complet de tout ce qui
n'est pas de Dieu et ne conduit pas à Lui;
car ce que Dieu remplit, ni le péché,
ni Satan ne peuvent le remplir, ni l’occuper
à aucun degré. Quand un vase est
rempli d'un liquide, pas une goutte d'un autre
liquide ne peut y entrer sans en déplacer
une quantité équivalente. Et l'on ne
peut dire que Dieu remplisse notre âme quand
une partie quelconque de notre être est
remplie, ou plus ou moins occupée par le
péché ou par Satan. Ni le
péché, ni Satan ne peuvent être
à aucun degré où Dieu remplit
le tout. L'exaucement de la prière de Paul
comporte donc que Satan soit entièrement
expulsé de notre être et n'ait plus
aucune prise sur nous.
« La plénitude de l'humilité
exclut tout orgueil; la plénitude de la
douceur exclut toute colère; la
plénitude de la patience exclut toute
impatience; la plénitude de
l'amabilité exclut toute dureté,
toute brusquerie, toute rudesse, toute
cruauté; la plénitude de la
bonté exclut toute méchanceté;
la plénitude de la charité exclut
toute aigreur, toute amertume, toute irritation,
toute mauvaise humeur; la plénitude de la
justice exclut toute injustice; la plénitude
de la sainteté exclut tout
péché; la plénitude de la
miséricorde exclut tout ressentiment, toute
vengeance; la plénitude de la
vérité exclut toute dissimulation,
toute fausseté. Chez celui qui aime Dieu de
tout son cœur, de toute son âme, de
toute sa pensée et de toute sa force, il n'y
a plus aucune place pour l'inimitié à
l'égard de Dieu, ou à l'égard
de ce qui est de Lui, aucune place pour l'avarice,
l'amour du monde et des choses qui sont au monde.
Celui qui aime son prochain comme lui-même,
ne lui fera jamais aucun mal; au contraire, il lui
fera tout le bien qu'il pourra.
« Être rempli de toute la
plénitude de Dieu produira donc une
obéissance à Dieu constante, remplie
de joie, d'amour et d'adoration, ainsi qu'une
bonté inaltérable envers le prochain,
quel qu'il soit.
« Celui qui est rempli de toute la
plénitude de Dieu est sauvé de tout
péché, la loi est accomplie en lui;
il possède l'amour divin; il n'agit que par
cet amour, amour pour Dieu .et pour l'homme, amour
qui est l'accomplissement de la loi. »
On le voit, la grâce qui a été
la grande préoccupation de Bramwell n'a rien
de mystérieux, rien
d'incompréhensible, rien de
chimérique. Vérité, justice,
bonté, oubli de soi-même, amour pour
Dieu et pour les hommes: ce sont là choses
connues de tout le monde, choses pratiques si
jamais il en fut.
Cette « sanctification
entière » qu'il avait si ardemment
cherchée et qu'il voulait si ardemment pour
les autres, ce n'est pas une doctrine
particulière et secondaire, comme la plupart
l’imaginent; ce n'est pas une doctrine
méthodiste; ce n'est pas une utopie, un
dada, pure conception de l'intelligence ou de
l'imagination; c'est simplement l'accomplissement
de la loi morale, non pas seulement à
l'extérieur, en apparence; mais au dedans et
complètement : accomplissement aux yeux de
Dieu, seule chose nécessaire.
Comment est-il possible qu'on ait pu regarder cette
sanctification avec défaveur? Elle seule est
la sanctification; et la conscience, comme
l'Écriture, l'exige
impérieusement.
Quant aux questions de mots et de pure
théorie, chacun comprend qu'elles sont
absolument étrangères à la vie
de Bramwell. Cet homme de Dieu n'a jamais
quitté le terrain de la pratique et de
l'expérience; son devoir était pour
lui si clair sur ce point qu'il n'a même
jamais voulu discuter avec les contradicteurs.
« J'ai reçu la sanctification -
délivrance du péché
intérieur, amour parfait, plein salut, de
quelque nom qu'on veuille l’appeler,
tel jour, à telle heure, étant assis
de telle façon dans le cabinet de M. N.,
alors que j'élevais mon cœur à
Dieu. » Voilà qui ne ressemble
guère à une théorie, non plus
qu'à cette perfection
étrangère à la foi et qu'on
n'acquiert qu'à force d'habileté.
« Et j'eus d'emblée la vue parfaitement
claire que c'était la
bénédiction que je cherchais depuis
quelque temps, je veux dire la purification de tout
penchant au mal, de tout reste de ma vieille
nature; et depuis lors j'ai eu constamment la
preuve que c'était, en effet, cette
bénédiction-là que Dieu
m'avait accordée. » La double preuve,
peut-on dire, car depuis ce moment non seulement il
n'a plus retrouvé en lui le vieil homme,
mais il y a continuellement trouvé le
contraire : une plénitude d'amour, de paix
et de joie dont il a rendu témoignage en
toute occasion.
Après avoir énuméré les
vertus qui, toutes ensemble et dans leur
plénitude, constituent l'entière
sanctification, Clarke ajoute :
« Il est impossible d'entendre les
paroles de l'apôtre dans un sens
inférieur à celui-là. Mais il
est certain qu'elles renferment plus. Combien plus?
Je ne saurais le dire; car il n'y a point de fin
aux mérites de Jésus-Christ, point de
bornes à l'amour de Dieu, et par
conséquent aucune limite à
l'avancement dont l'âme est capable.
»
Aussi Bramwell n'avait-il jamais eu la
pensée que, la sanctification entière
obtenue, il fût parvenu au but suprême
et qu'il n'eût plus rien à faire. Au
contraire. « Quand nous sommes
sanctifiés, répète-t-il
souvent, nous ne faisons que commencer à
vivre. Être purifié de tout reste de
notre vieille nature, c'est beaucoup; mais ce n'est
encore que peu de chose, comparé à
tout ce que nous devons recevoir.» Et tout
ceci, encore une fois, c'était son
expérience constante : ce n'était
qu'à partir de son premier baptême de
l'Esprit, que le progrès normal, continuel
rapide, avait commencé.
Il prie sans cesse, non seulement pour conserver
les grâces reçues, mais pour qu'elles
lui soient augmentées et surtout pour que
ses frères les reçoivent à
leur tour. Aussi le voyons-nous recevoir sans
cesse. « J'ai plus de lumière, plus de
puissance, plus d'amour, plus de joie, plus de
félicité que jamais. »
voilà un refrain qui revient si souvent dans
ses lettres, qu'il a fallu le supprimer neuf fois
sur dix : le lecteur n'aurait pu supporter tant de
répétitions.
Le péché seul fait séparation
entre Dieu et l’homme; est-il
complètement enlevé, Dieu se
révèle et se communique comme il
n'était pas possible de le concevoir
auparavant. Or la vie de Bramwell abonde en faits
extraordinaires qui confirment son
témoignage avec une puissance... que nous
laissons apprécier au lecteur. La multitude
des chrétiens de profession regardent ces
faits avec étonnement. On les appelle des
faits surnaturels, des miracles; il faut bien
plutôt les considérer comme des faits
qui découlent naturellement de
l’état moral et spirituel dans lequel
il se trouvait. Ce qui serait étonnant et
vraiment incompréhensible, c'est que de tels
faits fussent absents d'une telle vie.
Si un chrétien rendait le même
témoignage de sanctification que Bramwell et
que sa vie fût complètement
étrangère à ce qu'on appelle
ici le miracle, ne faudrait-il pas en conclure que
son témoignage a quelque peu
dépassé la vérité?
Abraham « crut contre toute espérance;
» il crut ce que l'expérience avait
constamment montré impossible. Sur l'ordre
de l’Éternel il sacrifia son fils, le
fils de la promesse, sans demander pourquoi ni
comment. Aussi fut-il «l'ami de Dieu,» en
quelque sorte son intime. «Cacherai-je
à Abraham ce que je vais faire? »
disait l'Éternel, et l'Éternel voyait
qu'il ne pouvait le lui cacher. Abraham
était donc informé. Fait surnaturel!
Or de tels faits se retrouvent dans la vie de tous
les saints hommes dont parle la Bible. La
même foi n'aurait-elle pas toujours les
mêmes conséquences? Ou Dieu aurait-il
changé?
Au reste, jésus n'a-t-il pas dit en faisant
allusion au baptême du Saint-Esprit :
« Celui qui croit en moi, fera les
oeuvres que je fais, il en fera même de plus
grandes, parce que je m'en vais au
Père, » et l'Évangile
n'est-il pas trop explicite sur ce point pour que
nous ayons à insister?
Bramwell écrit à M. Turnell,
conducteur de classe à Londres :
« Mon cher frère, Newcastle, 23
décembre 1816
« J'ai reçu de vos nouvelles avec
gratitude, avec une vraie joie. Je vois que Dieu
est avec vous et que vous continuez à vivre
dans l’amour, dans l'amour parfait, Oh ! si
toute l'Église recevait une pareille
bénédiction !
« Pourquoi ne la reçoit-elle pas
? A cause de son incrédulité.
Verrons-nous jamais ce grand salut devenir
général?...
« J'ai été heureux
d'apprendre que les âmes se réveillent
dans votre école de charité; si les
frères agissent avec sagesse, ce
réveil ne peut manquer de grandir. Que le
Seigneur leur donne toute la puissance,
l’amour, le zèle et la prudence qui
sont nécessaires à cette grande
œuvre. Amen!
« Je dois vous dire que je suis plus
adonné à la prière que jamais.
Je me sens tout à fait sur le bord de
l’éternité; et je suis tellement
persuadé que lorsque j'y serai entré,
je ne pourrai plus rien changer aux choses que
j'aurai laissées derrière moi, que je
travaille de toutes mes forces. L’œuvre
de Dieu se fait en plusieurs localités de
notre circuit, un bon nombre d'âmes y ont
été sauvées; mais dans la
ville de Newcastle, il n'y en pas eu un grand
nombre ces derniers temps; oh ! quelle
détresse! heureusement qu'avec Dieu on peut
tout endurer...
« Je m'attends à recevoir de Dieu
ma couronne avant la Conférence de cette
année; mais que la volonté du
Seigneur soit faite !...
Un des points sur lesquels Bramwell insistait le
plus, quant au devoir de se réveiller, de se
repentir et de se consacrer à Dieu, c'est
qu'il n'y a pas à attendre « les
temps et les moments du Seigneur, » vu que le
temps de Dieu est toujours maintenant. Si l'on veut
bien juger l'arbre à ses fruits, on verra
combien il avait raison.
A son ami M. B. Wilkinson, il
écrit :
Newcastle, 19 juillet 1817
« Mon cher frère,
« J'ai toujours les regards fixés en
Haut, veillant pour connaître la
volonté de Dieu et ne cessant jamais de
crier à Lui. Je pense souvent que je me
développe bien lentement. La parfaite union
avec Dieu, être « transformé en
la même image, »
(2)
c'est
là ma préoccupation continuelle.
« Le temps est toujours plus court, ce n'est
plus qu'un moment. Mon Dieu! pourquoi nous
laisses-tu sur cette terre? Sûrement, c'est
pour que nous ayons le temps de conquérir
une plus glorieuse couronne.
« La foi en Dieu, c'est le plus noble des
principes; il honore Dieu, réjouit les
anges, renverse les démons, anéantit
le monde. Je désire que ce principe soit
beaucoup plus puissant en moi.
« Le sang de, Jésus purifie, l'Esprit
remplit l'âme et la nature divine devient
notre gloire
c'est le ciel. O mon frère Wilkinson, vivez
! vivez pour l'éternité! Votre corps
dépérit, vous tremblez, votre tente
va tomber, oh ! que votre âme soit
entièrement prête à prendre son
vol vers la gloire! Des myriades nous souhaiteront
la bienvenue; ils nous attendent. Combien il me
tarde d'être parmi eux!...
« Je gémis, je souffre, je suis dans la
douleur et les larmes, au sujet de tant de milliers
qui restent en arrière dans les
ténèbres. Oh! si je pouvais les
persuader! Comme Jésus doit pleurer sur
Jérusalem ! A la vue de leur ruine finale,
que ne doit-il pas ressentir! »
Après avoir lu de telles lettres, personne
ne s'étonnera en entendant les biographes
contemporains de Bramwell affirmer son influence
extraordinaire sur les chrétiens de
Newcastle et de tout le Nord de l'Angleterre; on
voyait en lui un vrai apôtre, un homme de
Dieu accompli, « sanctifié, propre
à toute bonne oeuvre. »
.
DÉPART POUR LE CIEL
Les sociétés du Circuit de Salford
(Manchester), convaincues que Bramwell était
«comme Abraham, l'ami de Dieu, fort dans la
foi puissant dans la prière et jouissant
d'une communion profonde et continuelle avec son
Père éternel, » avaient
demandé dix-sept fois à la
Conférence de bien vouloir le leur envoyer
comme surintendant. Enfin, après une attente
d'une vingtaine d'années, elles
l'obtenaient; c'était en 1817. Leur joie fut
grande.
Un des membres de la Société de
Salford nous raconte ainsi son arrivée
à Manchester :
« M. Bramwell me pria de l'accompagner
à la maison préparée à
le recevoir. Nous y entrâmes ensemble, et je
n'oublierai jamais ses invocations ardentes
adressées à Celui qui seul peut
bénir et sanctifier notre habitation. Ses
malles furent apportées; et, comme il
était sans occupation, craignant de perdre
un instant, il s'en alla, dans la rue voisine,
visiter de pauvres familles et leurs parler de
leurs intérêts éternels; une
personne fut alors convaincue de
péché et se donna
véritablement à Dieu. Je ne doute pas
que cette personne ne soit pour lui une couronne de
gloire dans l'éternité. »
Dans son premier discours à Salford : «
J'irai vous voir, dit Bramwell à ses
auditeurs, non pour manger, boire, ou passer le
temps à causer avec vous sur des sujets
indifférents, mais pour vous demander quel
est l'état de votre âme. »
Peu après, il tenait une réunion
à Oldfield. « Jamais je n'oublierai les
choses que j'entendis de sa bouche, dit un des
frères qui assistaient à cette
réunion. L'Esprit du Seigneur accompagnait
la parole de son serviteur et chacun se sentait
sous l'influence divine.
« M. Bramwell pria les membres de la
Société de rester après la
réunion, afin; qu'il pût les
interroger sur leur état spirituel.
Après avoir questionné plusieurs
personnes, il s'adresse à une femme qui
avait joui de la faveur de Dieu pendant plusieurs
années. Il la regarde fixement! et lui
demande quel est l'état de son âme. La
femme ne peut répondre, tant elle est
affligée. M. Bramwell lui dit alors
« Vous avez perdu le témoignage de
votre adoption. » La femme fond en larmes et
dit que c'est vrai. « Et vous l'avez perdu
cette semaine, dans un moment de
colère, » continue M. Bramwell. La
femme avoue encore qu'il en est ainsi. Le
fidèle pasteur répand alors dans son
âme les consolations de l'Évangile,
puis se met à genoux et crie de toute sa
force à l'Eternel en faveur de l'âme
coupable, qui reçoit de nouveau le pardon de
ses péchés et la joie de son salut.
»
Quelques semaines après, Bramwell
écrivait à son vieil ami, M. Roger
Crane :
Manchester, 3 septembre 1817
« Mon cher frère,
« ... Vous vous joindrez à moi pour
louer Dieu qui m'a gardé dans la
justification, la sanctification et l'amour; dans
l'union avec Lui, vivant en sa présence et
attendant mon appel à entrer dans la
gloire.
« J'ai eu affaire avec toutes sortes de gens
et avec les démons; mais tout pour moi est
amour, amour qui supporte tout, croit tout,
espère tout, endure tout, et ne périt
jamais.
« J'ai faim et soif de Dieu, je prie et je
crois; je n'ai jamais été si faible
et cependant jamais si fort. Oh! quelle grâce
merveilleuse que le plein salut ! Jésus nous
l'a acquis, il le promet et le donne. Gloire,
gloire éternellement à l'Agneau de
Dieu !
« Pardonnez-moi si je vous
répète que ma vie est prière;
je sens continuellement le besoin de la
prière; je ne puis vivre qu'en accomplissant
le devoir de prier... »
Le 6 novembre 1817, il écrit, entre autres,
à son ami Reay :
« Dieu a béni ma
prédication dans chaque localité du
circuit. J'ai toujours de grandes foules
d'auditeurs particulièrement à
Salford.
« Dans une agape à la campagne, il y a
eu huit jours dimanche, pendant environ deux
heures, l’œuvre de Dieu a
été générale et au
moins vingt personnes ont été
véritablement sauvées. La gloire de
Dieu était sur nous tous.
« Le plein salut prêché avec une
parfaite clarté, tel est notre ordre du
jour. »
A l'époque où nous sommes; parvenus
Bramwell avait l'impression continuelle que son
oeuvre sur la terre allait être
terminée. Il avait même la certitude,
comme il le dit dans une lettre, que son rappel
auprès de Dieu serait subit, et qu'ainsi
serait exaucée la prière qu'il avait
souvent faite d'être retiré de ce
monde dès qu'il n'y pourrait plus
travailler.
Le Révérend John Morris
écrivait à ce moment
là :
« Me trouvant à Manchester, j'allai
dîner chez M. Bramwell. Et je dois dire que
je n'ai jamais connu un homme de Dieu pareil.
Après le dîner, je vins dans son
cabinet et aussitôt il s'enquit de
l'état de mon âme. Je lui dis alors
quelle était mon expérience. Et quand
j'eus fini: « Nous prierons un peu », me
dit-il. Nous nous agenouillâmes et nous
restâmes en prières environ deux
heures. Oh ! je ne puis dire de quelle puissance de
vie je me sentis alors
pénétré. Le Seigneur
s'approcha tellement de nous que j'étais sur
le point de me croire moi-même dans le ciel.
Quant à M. Bramwell, il disait sans cesse :
« Seigneur, je suis dans le ciel.
Seigneur que veux-tu faire de moi? Oh! quelle
multitude d'anges dans cette chambre! Seigneur, je
suis exactement là où je
désire être; je ne changerais pas ma
situation pour le monde entier. Je suis
véritablement dans le ciel. »
« Je lui parlai des tentations. «
Tenté ! s'écria-t-il, certainement !
mais nous sommes en sûreté. Satan peut
frapper à la porte, mais il ne peut entrer,
ni avoir aucune prise sur nous : « Dieu
est en nous.»
Dans une lettre de 16 juillet 1818, Bramwell
écrit à Madame Reay
« J'espère que votre délivrance
du péché intérieur est
maintenant complète, que vous avez le
témoignage de l'Esprit vous assurant que
vous êtes purifiée de tout
péché par le sang de
Jésus-Christ, et que vous êtes
parfaite dans l'amour, Dieu demeurant en vous et
vous en Dieu. Avec ces grâces, il n'y a plus
aucune crainte, ni de la mort, ni du jugement, ni
de l'éternité, l'on est toujours
calme rempli de la consolation divine; on a le ciel
en soi, toujours le ciel, Oh! heureux, heureux
esprit! le péché est enlevé,
l'âme est remplie de Dieu, et quoi qu'il
arrive, au dedans, au dehors, autour de nous, en
haut, en bas, tout contribue à
accroître le sourire de Dieu. Tout est Dieu,
et Dieu est tout... Je vis maintenant dans cette
gloire plus que jamais, et j'attends de recevoir le
corps glorieux par lequel nous pourrons voir face
à face ce que maintenant nous ne pouvons
voir que par la foi... »
A la même époque Bramwell écrit
à sa fille Anne :
« Nous sommes dans la
prospérité spirituelle; nous n'avons
jamais, ta mère et moi, vécu si
près de Dieu. »
Et la prospérité spirituelle
était le fait de toute la famille, car Anne
et ses frères s'étaient donnés
à Dieu de bonne heure et
persévéraient dans la foi. Le
père et la mère de Bramwell aussi
s'étaient donnés au Seigneur; il
s'était appliqué à leur faire
comprendre la nécessité du chargement
du cœur, et Dieu avait béni son
ministère auprès d'eux.
Dans sa conversation, comme dans ses
prédications et ses lettres, Bramwell
s'efforçait toujours de faire sentir la
nécessité d'une entière
sanctification. Être mort au monde, mort
à soi-même, toujours
préparé à quitter ce monde
pour entrer dans le « Lieu très
saint, » c'était le sujet constant
de ses discours. « Si la mort vient à
minuit, disait-il, êtes-vous prêt
à partir avec joie? si c'est à midi,
l'êtes-vous de même? Vos affaires
sont-elles toutes en bon ordre? Partirez-vous aussi
gaiement que vous allez au devant d'un ami
bien-aimé qui vous appelle? Ou vous
reste-t-il quelque chose à mettre en ordre
avant que vous puissiez répondre joyeusement
à l'appel de Dieu ? »
La santé de Bramwell avait
considérablement décliné
lorsque, le 28 juillet 1818, il quitta Manchester
pour se rendre à la Conférence de
Leeds. Il n'avait plus que quelques jours à
passer sur cette terre et ses amis étaient
frappés de voir la vie divine qui rayonnait
dans toute sa personne; sa joie, son amour, sa
douceur, sa conversation étaient absolument
célestes, nous disent-ils. Un jour, pendant
la Conférence, pensant à Blagborne
qu'il avait visité à Londres, il
joignit les mains et leva les yeux au ciel en
s'écriant : « Oh ! béni,
infiniment béni! cet homme de Dieu. Je l'ai
vu peu avant son départ pour la gloire, il
s'écriait: « Gloire, gloire soit
à Dieu qui m'a pleinement
préparé pour ce départ! »
Puis BramweIl racontait à ses amis
l'expérience qu'il faisait lui-même de
cette entière préparation et des
délices de la vie continuelle en Dieu.
« Je ne pense pas, dit-il ensuite, que la
Conférence puisse me donner un nouveau
poste, car je me hâte, autant qu'il est
possible, d'arriver au ciel. »
Il prêcha plusieurs fois pendant la
Conférence; la dernière fois,
c'était à Holbec, le 10 août,
il avait pris pour texte Esaïe 43/1-3. Et
« quand il aurait su, dit Sigston, qu'il
prêchait pour la dernière fois de sa
vie, il n'eût pu le faire avec plus de
sérieux et d'affection. »
La Conférence le nomma président du
District de Manchester, mais il n'y fit pas grande
attention. Ayant rencontré un ami dans la
cour, c'était à Old Chapel, cet ami
le félicita sur sa nomination, ajoutant avec
un air de plaisanterie « J'espère que
cette nomination ne vous tournera pas la
tête. » Bramwell se borna â le
regarder avec sérieux en lui disant :
« O mon frère, vivez pour Dieu !
»
Le 12 août, après la dernière
séance de la Conférence, il fit ses
préparatifs pour s'en retourner. chez lui
à Manchester; et il dit à plusieurs
amis qu'il s'attendait à ce qu'une attaque
d'apoplexie le rappelât bientôt
auprès de Dieu. Il devait partir le
lendemain à trois heures du matin. Il pria
le soir avec ses hôtes et les recommanda
à Dieu avec une chaleur toute
particulière. Puis on l’entendit
immédiatement après priant avec une
grande ferveur dans sa chambre à coucher; il
fit plusieurs fois cette demande qu'on entendit
très distinctement : «Seigneur,
prépare-moi pour ton royaume, et
reçois-moi dans ta gloire ! » A deux
heures du matin on l’entendit encore priant
toujours, il répéta plusieurs fois :
«Seigneur, bénit mon âme, et
rends-moi prêt. » A deux heures et demie
il descendit sans être appelé et
trouva une servante qui ne s'était pas
couchée et qui lui servit son
déjeuner. Pendant qu'il le prenait, il leva
plusieurs fois les mains et les yeux au ciel en
disant avec la plus grande solennité :
«Que Dieu soit loué! Gloire soit
à Dieu ! » II pria ensuite avec la
servante et lui donna sa bénédiction.
Puis il partit mais il n'avait fait que quelques
pas dans la rue qu'il tomba d'une attaque
d'apoplexie. Deux agents de police le
relevèrent et donnèrent l’alarme
chez l’hôte qu'il venait de quitter (M.
Sigston, dans le Queen Square). En revoyant ses
amis, « Réjouissez-vous leur
dit-il, je ne suis plus sur la terre pour
longtemps. » Ce furent ses dernières
paroles. On le transporta dans la maison; et
quelques minutes après, son âme
retournait à Dieu.
Cette fin soudaine fit grande sensation à
Leeds. Chacun parlait avec émotion de
l’homme de Dieu qui venait de partir pour un
monde meilleur; et quand le Révérend
Dawson fit la prédication funèbre,
près la place où il était
tombé, plus de dix mille auditeurs se
rassemblèrent et écoutèrent
avec la plus profonde attention.
La multitude qui prit part aux funérailles
à Westgate Hill (Circuit de Birstal) fut
plus grande encore.
Les restes mortels de Bramwell reposent dans le
cimetière attenant à la grande
chapelle wesleyenne de cette localité. On
lit sur le monument funéraire qui y fut
élevé :
Ici reposent les restes mortels du
VÉNÉRABLE WILLIAM BRAMWELL
MINISTRE DE JÉSUS-CHRIST
excellent et vaillant entre tous marqué du
sceau de l'approbation divine
« Étranger ! quand tu approcheras de ce
monument élevé à sa
mémoire, souviens-toi de l'avertissement que
sa vie entière nous a donné :
PRÉPARE-TOI A LA RENCONTRE DE TON DIEU
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