DES RAYONS
ET DES OMBRES
CHAPITRE VIII
La nouvelle demeure de Nelly
Le cottage tout baigné de soleil,
aux fenêtres largement ouvertes et aux
pièces bien balayées ne ressemblait
en rien à la triste demeure où Mme
Merton et ses petits enfants étaient
arrivés quelques jours auparavant. Ils
commençaient à s'habituer à
leur nouvelle habitation. Tout d'abord il leur
avait paru impossible de vivre dans de si petites
chambres et de renoncer à tant de choses
jugées indispensables jusque-là, mais
Mme Merton s'était mise à l'oeuvre
avec courage et bientôt elle sut donner du
charme à chaque pièce.
- Tu comprends, ma chérie,
dit-elle à Nelly, tandis qu'elles
arrangeaient le simple mobilier de leur minuscule
salle à manger, nous devons chercher
à rendre la maison aussi jolie que possible
pour que ton papa soit content et qu'il ne
s'aperçoive pas trop du changement de nos
circonstances.
Les fenêtres encadrées de
chèvrefeuille et de roses furent garnies de
simples rideaux de mousseline ; de gracieuses
fougères et des plantes vertes
ornèrent le petit vestibule et Nelly
aménagea ce qu'elle appelait le coin de
maman où elle plaça un fauteuil de
jonc et une table à ouvrage sur laquelle
elle eut soin d'arranger un bouquet de fleurs des
champs.
Lorsque le père arriva il vit sa
femme toute souriante, installée devant une
pile de bas à raccommoder ; la sentant
heureuse il en oublia ses propres soucis. Il se
retrouvait à la maison.
Et qu'en était-il de Nelly ?
Essayait-elle de plaire au Seigneur Jésus
dans sa vie nouvelle ? S'efforçait-elle
à être patiente et courageuse, comme
un vrai petit soldat de Christ ? Eh
bien ! pendant quelque temps tout avait bien
marché. La fillette s'était
levée chaque matin de bonne heure pour aider
à habiller et à coiffer ses petites
soeurs ; elle s'était gentiment
occupée du bébé et
s'était toujours trouvée à
portée lorsqu'il s'agissait de rendre un
service à sa mère ou à la
bonne. Au début, tout était nouveau
et par conséquent intéressant:
l'imprévu enchantait l'enfant.
Mais peu à peu elle
s'était lassée. Tant de travail et si
peu de temps pour jouer !
Nelly trouvait cela très dur, lorsque,
jour après jour, il fallait recommencer la
même série d'occupations. Ses
leçons qu'elle devait étudier seule
l'intéressaient infiniment moins que
lorsqu'elle avait à ses côtés
sa chère institutrice. Ah ! comme
Mademoiselle avait su lui expliquer les longues
pages d'histoire et de géographie sur
lesquelles elle peinait maintenant dans ses moments
de loisir, et quelles belles histoires elle lui
racontait ! Mais à présent tout
était aride et
ennuyeux ; maman elle-même était
si occupée pendant toute la journée
que Nelly pouvait tout juste lui montrer ses
devoirs sans autres commentaires et le soir,
lorsqu'elle aurait pu avoir un petit moment de
causerie tranquille, la fillette était si
lasse qu'elle ne songeait qu'à dormir au
plus vite. C'est que Bébé
était un très gros garçon et
Nelly avait souvent bien mal au dos quand elle
avait dû le porter en revenant de la
promenade.
« Quelquefois, pensait la
petite fille, j'ai trop sommeil pour prier et, ce
qui est étrange, c'est que même si je
prie, je ne me sens pas heureuse comme autrefois.
Alors le Seigneur Jésus était tout
près de moi, mon coeur était
tranquille, mais maintenant il est froid et dur, et
quelquefois, quand je suis à genoux, mes
pensées s'en vont loin, très loin et
je ne sais pas ce que je dis. »
Tout d'abord cet état de choses
la tourmenta beaucoup, mais peu à peu elle
s'habitua à cette paresse spirituelle et
devint vraiment indifférente. Maintenant sa
mère était souvent attristée
par la mauvaise humeur de sa fille et par son
manque absolu d'empressement à rendre un
service quand on le lui demandait.
Petits enfants qui aimez le Seigneur, ne
permettez pas à vos coeurs
de devenir froids et négligents
vis-à-vis de votre Sauveur ; cela
finira sûrement par une chute. Votre seule
force se trouve dans la prière. Il n'est pas
nécessaire de prier longuement, une simple
pensée s'élevant vers le Seigneur
Jésus, lui demandant force et secours,
suffit pour vous empêcher de commettre une
action mauvaise. Le Seigneur vous aime, ainsi
adressez-vous à Lui tout simplement.
Précisément parce qu'Il vous aime, Il
permettra que vous passiez quelquefois par des
moments difficiles pour vous faire comprendre que
vous ne pouvez rien faire sans Lui. Il veut parfois
que les petits agneaux qui l'ont oublié pour
un temps apprennent combien il fait sombre et
triste là où Il n'est pas ;
alors ils sont forcés de crier au bon
Berger, de l'appeler à leur secours. Et Lui
est là tout prêt à leur
répondre, à les prendre dans ses bras
et à leur dire une fois de plus : Je
t'aime ! ne veux-tu pas me suivre en restant
tout près de Moi ?
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