LA
VIE TRIOMPHANTE
PRÉFACE DE L'AUTEUR
La plupart des gens hésitent à
parler de leurs expériences spirituelles.
Ils sont arrêtés par la crainte de
mettre leur « moi » trop en
proéminence, ou bien ils ont honte de
confesser combien de manque de foi agissante et
combien d'imparfaite soumission à leur
maître existent dans leur vie. L'auteur de ce
livre connaît sa propre incapacité,
mais il est humblement convaincu de connaître
aussi quelque chose du secours efficace d'un
Sauveur tout-puissant. La manière dont il
acquit cette connaissance, par un incident
apparemment banal, est elle-même remarquable.
Le résultat immédiat fut une joie
débordante. Mais chaque fois qu'il
était question de cette « vie
triomphante », on demandait
« quelque chose
d'imprimé ». Après bien des
insistances de différents
côtés, et non sans hésitation
de la part de l'auteur, il osa mettre par
écrit ses réflexions. Elles indiquent
la voie par laquelle une âme de chercheur
trouva le chemin menant de la vie à la
« vie surabondante ». Elles
voudraient révéler les aides et les
obstacles que devrait connaître une âme
à la recherche de la vie
triomphante.
L'auteur est redevable de beaucoup
à la vie de quatre hommes, mais la
« crise » décisive dans
sa vie spirituelle eut lieu non dans l'élan
d'une grande convention, mais dans le calme de son
propre cabinet d'études. Il croit que son
expérience est celle de milliers de
chrétiens qui ont de la vie et sont des
ouvriers dévoués et de bonne foi,
mais qui languissent encore après une
puissance qui vaincrait ce qu'on appelle les
« péchés
insignifiants ». Cette puissance, c'est
le Seigneur Jésus-Christ et Il s'offre
lui-même à nous.
(Jean I, 12.)
Ainsi ce livre va se répandre,
accompagné de beaucoup d'instantes
prières afin que d'autres soient secourus
par ce qui a été une inspiration
indicible pour l'auteur, qui de peur que quelque
ombre de son moi ne tombe sur ces pages, demande
humblement qu'on lui permette de rester un
chrétien inconnu.
Préface à la traduction
française
En matière de sanctification, comme pour
beaucoup d'autres choses, c'est le
témoignage personnel seul, fondé sur
l'expérience pratique, qui peut communiquer
le feu et engendrer la vie. Nous remercions notre
Seigneur Jésus-Christ de ce que, dans Son
Amour inexprimable, Il a suscité à
l'heure présente parmi Son peuple des
témoins courageux qui, comme Hénoc,
marchent avec Dieu
(Genèse, 5, 22). De nombreuses
personnes - et nous sommes heureux et
reconnaissants de pouvoir nous compter parmi elles
- ont puisé dans ce témoignage la
bénédiction que l'auteur a
demandée à Dieu pour ses lecteurs.
Mais ce que Dieu a fait en elles, Il peut et Il
veut le réaliser en tous, en chacun.
Le présent volume est
déjà traduit en langues hollandaise,
danoise, allemande, italienne et arabe.
Nous avons entrepris la traduction
française, parce que nous souhaitons
ardemment que parmi les chrétiens de langue
française il s'en trouve aussi, qui,
conscients de leurs faiblesses et de leurs chutes,
saluent avec joie et reconnaissance le secours
spirituel que leur apporte ce
témoignage.
Les nombreuses redites de l'idée
fondamentale de ce livre, à savoir que
l'Évangile ne nous prescrit ni efforts ni
luttes contre le péché, mais que
Jésus habitant en nos coeurs et y
exerçant la pleine maîtrise, en est
vainqueur et plus que vainqueur, s'expliquent par
le fait que les différents chapitres sont
des articles rédigés pour un journal
religieux - « The Life of
Faith » - et réunis plus tard en
un volume.
C'est d'instantes prières que
nous accompagnons cette traduction dont nous
n'ignorons pas les imperfections, en demandant
à Dieu de s'en servir pour susciter parmi
Ses enfants le désir de vivre la vie
triomphante et pour les conduire à la
victoire complète. Il veut que nous
arrivions tous à dire avec Saint Paul :
« Grâces soient rendues à
Dieu qui nous fait toujours triompher en
Christ » :
(II. Cor. 2, 14.)
Les traducteurs.
CHAPITRE PREMIER
LA VIE TRIOMPHANTE EST-ELLE
POSSIBLE ?
Cette vie est-elle une
réalité ? Saint Jean dit
clairement que tout enfant de Dieu
« triomphe du monde ». C'est
bien là une victoire, mais il nous dit aussi
comment la victoire est assurée :
« La victoire qui triomphe du monde,
c'est notre foi »
(I. Jean, 5, 4). Pourtant la plupart
d'entre nous désespèrent ! Tout
cela semble trop vague, trop indéfini. Mais
peut-être que notre foi est trop petite ou
trop faible. Après tout,
possédons-nous la foi authentique qui donne
la victoire ?
Beaucoup d'entre nous secrètement
nourrissent l'idée que cet écolier
n'était pas loin de la vérité
qui disait : « La foi consiste
à croire ce que je ne suis pas ».
Mais il est certain que la majorité des
chrétiens considèrent la vie
triomphante comme un beau mirage qui
s'évanouit et s'enfuit lorsque nous essayons
de l'aborder. Il ne nous resterait donc que
l'espoir de la trouver un jour au ciel.
Mais Saint Jean ne parle point de
victoire au ciel, puisque là nos yeux
verront ce que nous avons cru. Il faut donc qu'il y
ait sur la terre une victoire qui soit de quelque
manière le résultat de la foi.
J'aurais donné volontiers tout ce que je
possédais en ce monde, si j'avais pu voir ce
chemin vers la victoire il y a 25 ans. Après
bien des années d'étude biblique,
après des années de lutte contre la
tentation, je vis enfin une issue ou plutôt
une entrée. C'était pour moi un
chemin nouveau, un chemin vivant et je m'y engageai
avec ardeur. Maintenant je vois que la victoire est
une réalité et je me demande comment
j'ai pu faire fausse route auparavant. Dans ma joie
au sujet de cette découverte qui me semble
merveilleuse, je désire vivement partager
avec d'autres cette bénédiction et
n'est-il pas vrai qu'il y a parmi les
chrétiens de nos jours un désir
ardent de saisir non point la vie - car ils la
possèdent déjà -, mais la
« vie
surabondante ».
La vie triomphante ! Une
espérance résonne dans ces mots.
Partout où l'on annonce que ce sujet va
être traité, la foule accourt, hommes
et femmes, pour découvrir le secret d'une
vie pareille. Ils se rendent compte instinctivement
que là où vient la victoire, la
défaite disparaît. Ces tristes
fluctuations, ces expériences changeantes
dans la vie spirituelle qui sont si accablantes,
prendront fin. Ces honteuses trahisons à
l'égard du Maître qui sont si
décourageantes, ne se reproduiront
plus.
Avec la victoire viendra la paix, paix
qui surpasse toute intelligence
(Phil. 4, 7).
Avec la victoire viendra la joie :
allégresse inexprimable et glorieuse
(l. Pierre 1. 8).
Avec la victoire viendra la
puissance, la puissance même de Dieu. La
vie triomphante : vie de paix, de joie et de
puissance, n'est-elle pas faite pour satisfaire
l'âme humaine ?
Pouvons-nous demander mieux ? Et le
Christ nous offre cela. Je nie propose de rendre
évident et clair aux plus simples esprits ce
que la Bible dit de cette vie. Nous poserons les
questions suivantes : Comment l'obtenir ?
Comment la maintenir ? Quels en sont les
dangers et les difficultés ? Peut-on la
perdre ? Nous parlerons de la véritable
victoire et de la fausse, de ses triomphes et de
ses épreuves.
Nous voudrions donner d'abord un
avertissement. Le voici : Satan fera son
possible pour obscurcir votre esprit et susciter
toutes sortes de doutes et de difficultés.
Pourquoi cela ? Parce qu'il veut absolument
vous empêcher de gagner la victoire.
Croyez-moi, le diable ne se soucie pas de ce que
vous soyez religieux, ni de ce que vous fassiez
beaucoup de travail impuissant, tant que vous ne
réalisez pas la vie triomphante. Tant que
vous allez dans le monde pour votre plaisir, tant
que vous commettez les péchés en
usage chez les gens de bon aloi, plus vous
entreprenez pour Christ, plus le diable est
satisfait. II se réjouit de voir des
chrétiens mondains à l'oeuvre avec
acharnement, pour le Christ. Il fera tous les
efforts pour discréditer la
prédication de la vie triomphante et pour
vous empêcher même d'essayer de la
comprendre. Il est très habile à
user, c'est-à-dire abuser de
l'Écriture Sainte. Si donc vous rencontrez
des objections, si quelque passage biblique vous
semble en contradiction avec ces chapitres,
examinez-les soigneusement et vous pouvez
être sûr que cette parole les confirme
et dévoile les ruses du diable,
Je n'ai pas de plus grand désir
que de proclamer uniquement la vérité
« qui est en Christ »
(Eph. 4, 21). Si l'une ou l'autre de
mes affirmations n'est pas conforme à
l'Écriture ou à l'expérience,
personne ne saurait être plus disposé
à en prendre connaissance que l'auteur qui
est possédé du désir ardent
que tout chrétien soit
« comblé de toute la
plénitude divine »
(Eph. 3, 19).
CHAPITRE II
LES PÉCHÉS "INSIGNIFIANTS"
PEUVENT-ILS ÊTRE VAINCUS ?
La vie triomphante est une vie de victoire sur
le péché. Mais, cela est-il
possible ? - Certes, il ne s'agit pas
d'innocence absolue telle que celle du Christ ou
celle d'Adam avant la chute. Ce que Saint Jean a
dit clairement subsistera toujours :
« Si nous disons que nous sommes sans
péché, nous nous séduisons
nous-mêmes ».
La victoire vous est-elle promise ?
La question que nous envisageons est
celle-ci : Pouvons-nous obtenir la victoire
sur nos péchés conscients et
volontaires ? La Bible nous enseigne-t-elle
une pareille espérance ? S'il en est
ainsi, tout croyant en Christ peut triompher de
tout péché conscient - disons pour
une journée - ou bien cette victoire
est-elle seulement à la portée de nos
directeurs spirituels ?
Il est certain que ces questions
préoccupent souvent les âmes. Nous
avons besoin de cette victoire et notre Seigneur
lui-même nous enseigne à prier chaque
jour : « Délivre-nous du mal
ou du malin », c'est-à-dire du
péché et de l'auteur du
péché. Le Christ nous ordonnerait-il
de demander quelque chose d'impossible ?
Certainement pas, donc la vie triomphante est chose
possible. »
Mais voyons la vie de tous les jours.
Pouvons-nous nous figurer qu'il y ait un seul
péché qui n'ait jamais
été vaincu ? Nous avons vu des
buveurs venir à Christ et dans l'espace d'un
moment, remporter une victoire complète sur
la boisson. Ces hommes déclarent souvent que
non seulement ils ne sont jamais retombés,
mais que même ils ont été
délivrés de toute envie de l'alcool.
Cela est merveilleux. Il en est ainsi d'autres
péchés obsédants : Dieu a
donné une victoire instantanée et
complète.
Si donc il est possible de triompher du
péché profondément
enraciné et obsédant, notre Sauveur
ne peut-il pas nous rendre victorieux de nos
péchés que nous considérons
comme « insignifiants » ?
Les chrétiens pratiquants ne sont
généralement ni buveurs, ni vicieux,
ni immoraux. Mais on peut dire la même chose
de bien des gens mondains et irréligieux.
N'est-il pas vrai qu'il n'y a guère de
différence entre le chrétien moyen et
l'homme mondain de bonnes moeurs ? Tant et si
bien que ce dernier se dira : À quoi
bon devenir un chrétien », et que
pouvons-nous lui répondre ? Qu'y
gagnerait l'homme mondain ? Et que servirait
à d'autres ce genre de conversion ?
Sous la tyrannie du péché
Voyons-nous des traces de la vie
triomphante chez la majorité des
chrétiens pratiquants ? Dans n'importe
quelle église prospère, combien de
membres y a-t-il qui témoignent un amour
profond pour les âmes et un zèle
ardent pour Christ ? Nous nous contentons de
poser la question. Chez combien d'entre eux
voyons-nous la victoire sur les
péchés qu'on appelle
« insignifiants », tels
que : mauvaise humeur, susceptibilité,
orgueil, jalousie, médisance, manque de
charité, esprit soucieux ?
Nous demanderons alors en toute
humilité : Existe-t-il un
remède ? Peut-on espérer de
réaliser la vie triomphante,
c'est-à-dire une vie de victoire durable sur
les péchés, petits ou grands, une vie
de constante et consciente communion avec
Dieu ? Ce n'est que dans la Parole de Dieu que
nous trouverons cette espérance. Y
est-elle ? - « Victoire sur le
péché conscient ! Puis-je la
remporter ? Voilà une question de
première importance ! Si nous pouvons
l'obtenir pour une heure ou pour un jour, pourquoi
pas définitivement ? Puis-je demander
au lecteur d'écarter ses propres
idées quant à cette question ?
Voulez-vous l'aborder sans aucun
préjugé ? Pour le moment mettez
de côté toute idée
préconçue concernant cette question.
Oubliez toutes les théories sur la
sainteté. Permettez simplement à la
Parole de Dieu de défendre sa cause. Ce
n'est pas là une exigence injuste.
Une promesse et un commandement
De quoi le Nouveau Testament parle-t-il
principalement ? La plus grande partie a pour
objet de montrer aux chrétiens comment ils
doivent vivre, après avoir trouvé en
Christ leur Sauveur, plutôt que celui de nous
assurer le salut. Avant la naissance de notre
Seigneur, l'ange de l'Éternel dit de
Lui : « Tu lui donneras le nom de
Jésus, car c'est lui qui sauvera son peuple
de ses péchés »
(Matth. 1, 21). Au début de
son ministère, Jésus lui-même
dit à ses disciples « Soyez donc
parfaits, comme votre père céleste
est parfait »
(Matth. 5, 48). Cela doit signifier
quelque chose. Le Sauveur n'ordonnerait jamais
quelque chose d'impossible.
Il nous dit clairement que nous devons
posséder une certaine perfection, une
perfection semblable en quelque sorte à
celle du Père. Cela est merveilleux et,
à première vue, semble impossible,
incompréhensible. Mais quoi qu'il en soit le
commandement est là.
Saint Pierre, inspiré par le
Saint-Esprit, nous donne une exhortation
analogue : « Puisque celui qui vous
a appelé est saint, vous aussi soyez saints
dans toute votre conduite, selon qu'il est
écrit : vous serez saints, car je suis
saint »
(I Pierre 1, 15). Nous sommes
expressément appelés à
posséder une sainteté pareille
à celle de Jésus-Christ. L'auteur de
l'Épître aux Hébreux en montre
toute l'importance. « Recherchez la paix
avec tous, dit-il, et la sanctification, sans
laquelle personne ne verra le Seigneur ».
Saint Jean nous dit également qu'il
écrit sa première
Épître, afin que ses lecteurs
« ne pèchent point »
(I Jean, 2, 1). Pouvons-nous demander
humblement s'il y a présomption de notre
part de vouloir pénétrer dans le sens
de ces paroles ?
Où y a-t-il
présomption ?
Il y aurait certainement
présomption à douter de la
possibilité de nous conformer à un
commandement de Jésus-Christ ou du
Saint-Esprit.
Chaque disciple sincère du Christ
ne devrait-il pas tâcher de se rendre compte
de la signification de ces passages ? -
Attendez-vous le retour de Jésus
Christ ? Est-ce là votre
espérance ? Eh bien, il y a plus de
1.800 ans que Saint Jean disait :
« Quiconque a cette espérance en
Lui, se purifie, comme lui-même est
pur »
(I Jean 3, 3). Saint Jean s'attend
par conséquent à trouver dans les
chrétiens une pureté qui correspond
à celle de Jésus.
« Quiconque est né de Dieu ne
pratique pas le péché... il ne peut
pécher. »
(I Jean 3, 9).
Nous n'avons pas encore mentionné
les affirmations de Saint Paul quant à ce
même sujet : « Regardez-vous
comme morts au péché... le
péché n'aura aucun pouvoir sur
vous »
(Rom. 6, 11 et
14). Il nous dit aussi comment cela
s'accomplit : « Prenez le bouclier
de la foi, avec lequel vous pouvez éteindre
tous les traits enflammés du
malin »
(Eph. 6, 16). Nos coeurs ne
brûlent-ils pas au dedans de nous à la
seule pensée d'une vie telle qu'elle est
représentée ici ? - Quelle que
soit notre opinion au sujet de ces paroles de
l'Écriture, quels que soient nos
préjugés et nos manquements
passés, quelque impossible que cela
paraisse, nous ne pouvons nier les faits
suivants :
Dans la Bible - la Parole de Dieu.
- 1° Il nous est ordonné une
perfection pareille en quelque sorte à
celle de Dieu.
- 2° Il nous est enjoint une
sainteté pareille à celle de Dieu
lui-même.
- 3° Il nous est offert une pureté
correspondant à celle de
Jésus-Christ.
- 4° Il nous est indiqué une
possibilité de résister à
toute attaque du malin.
Une vie révélant une perfection,
une sainteté, une pureté, une
puissance pareilles serait certainement une vie
triomphante. Sommes-nous disposés à
continuer l'étude de cette question ?
Une chose est certaine: Dieu ne nous prescrit pas
un but impossible à atteindre; il ne nous
offre pas quelque chose qu'il Lui est impossible de
nous donner. La question n'est pas: Puis-je mener
une vie triomphante? (Nous savons tous la
réponse à cette question.) Non !
Ce qui me préoccupe, c'est ceci :
Jésus Christ peut-il me sanctifier, me
maintenir dans la sainteté et me donner la
victoire ? Et s'Il le peut, ne
l'obtiendrons-nous pas ? Et alors ne nous
écrierons-nous pas avec Saint Paul dans un
transport de joie et pourtant en toute
humilité, avec un coeur rempli
d'adoration : « Grâces soient
rendues à Dieu, qui nous donne la victoire
par notre Seigneur Jésus-Christ »
(I Cor. 15, 57).
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