AVENEMENT

Septembre 1991

No 30
Henri-Léon Vaucher

 

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Le grand illusionniste: James Baker 1991

James Baker n'en finit pas de préparer la conférence de paix en multipliant les promesses aux uns et aux autres

PRÉVUE POUR LE MOIS D'OCTOBRE, LA CONFÉRENCE DE PAIX SUR LE PROCHE-ORIENT SERA SANS DOUTE REPORTÉE . CE NOUVEAU DÉLAI, DU ESSENTIELLEMENT AUX CHANGEMENTS EN URSS, PERMET AUSSI AU SECRÉTAIRE D'ETAT AMÉRICAIN, JAMES BAKER, D'AFFINER LA PRÉPARATION DE CETTE RÉUNION ENCORE FLOUE.

Il y a quelques mois, dans la rue piétonne de Ben Yehouda, les badauds de Jérusalem s'extasiaient, ébahis, devant les tours de passe-passe d'un prestidigitateur britannique. Il était vraiment impressionnant: des feuilles de papier se transformaient, entre ses mains, en foulards desquels sortait une bougie allumée; des cerceaux se crochaient mystérieusement entre eux. Ebahi devant tant de numéros stupéfiants, je commençai à me demander si je n'avais pas, en face de moi, un authentique sorcier doué de pouvoirs occultes, lorsque le prestidigitateur décida de nous révéler une partie de ses trucs: il enleva sa veste, descendit ses pantalons pour nous montrer tout un système d'anneaux, de lanières, de boucles, de cordons et de pinces qui couvraient son corps des mollets jusqu'aux poignets, à l'aide desquels il faisait ses tours!

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Nouvelles d'Israël

Septembre 1991

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Le Président Chaïm Herzog en Europe orientale

Le Président de l'Etat d'Israël, Chaïm Herzog, a fait parler de lui en juin, lorsqu'il a traversé l'ancien «rideau de fer», en tant que premier Président israélien, dans le cadre de deux visites officielles.

Les visites en Hongrie et en Bulgarie, deux Etats qui ont compté parmi les pires ennemis d'Israël jusqu'à la chute du régime communiste, ont été marquées par des cérémonies extrêmement émouvantes et historiques. Le Président israélien était à un tel point ému qu'il fut par deux fois au moins, au bord des larmes.

Le premier moment fort se produisit en Hongrie, le premier jour de la visite du Président Herzog, lors de l'accueil officiel sur la Grand-place devant le parlement à Budapest. Le Président Herzog déclara, après l'accueil, qu'au moment où l'hymne israélien était joué, il avait essayé de s'imaginer ce qu'auraient dit, en voyant une telle cérémonie, les centaines de milliers de Juifs hongrois, qui s'étaient trouvés une nuit dans cette région il y a seulement quelques décennies pour être emmenés à la mort par les nazis et leurs complices hongrois. Le Président éprouva des sentiments semblables quand ils déposèrent une couronne devant le monument commémorant l'holocauste des Juifs hongrois.

En Bulgarie, son émotion fut grande quand on lui demanda de faire un discours devant la communauté juive de Sofia. Même les personnes qui l'accompagnaient ne purent cacher leurs sentiments lorsque le choeur d'enfants de l'unique école juive chanta «Jérusalem en or» et «Hatikva» (= L'espoir, l'hymne national israélien) en hébreu.

Les manifestations juives ont pris une part importante lors de son voyage, mais certainement pas la principale. Le public des deux Etats, surtout celui de la Bulgarie, n'a pu entendre, jusqu'il y a peu, que de la propagande arabe.

Les gouvernements communistes des deux Etats ont collaboré avec les Arabes. La Bulgarie a même soutenu le terrorisme arabe contre Israël. Le Président Herzog a profité de l'intérêt des médias et du public pour exposer, une fois pour toutes, la position israélienne par rapport au conflit avec les Arabes. Il a pu s'exprimer sur la situation réelle d'Israël lors de nombreux interviews aux journaux, à la radio et à la télévision. En Bulgarie, il a profité de l'occasion pour faire un discours devant le parlement. Herzog a longuement parlé de l'histoire antique et moderne des Juifs. Son discours a été intégralement transmis en direct à la radio et à la télévision; il a été bien perçu si l'on en juge par les réactions. De l'avis de ses hôtes, l'aspect économique a été le point le plus important de sa visite. Les Hongrois comme les Bulgares ne cachent pas qu'ils attendent d'Israël de faire valoir son influence et ses bonnes relations avec les hommes d'affaires juifs du monde, pour les convaincre d'investir dans ces deux pays, afin de sauver leur économie ruinée. Herzog était accompagné de plusieurs millionnaires juifs et a déjà pu donner suite à quelques-unes des espérances. Selon les informations, même Israël participera aux affaires avec la Hongrie et la Bulgarie afin de soutenir l'économie des deux pays.

Le Président Herzog a été étroitement gardé par de nombreux agents de la Sûreté durant sa visite de neuf jours. Ces mesures de sécurité ont été encore renforcées en Hongrie, lorsque l'on fut informé qu'un groupe de terroristes, sous la direction d'un terroriste libyen connu, projetait un attentat contre le Président. Lorsqu'ils naviguèrent pendant deux heures sur le Danube, le Président était escorté par quatre bateaux de la police, une vedette lance-missile, un hélicoptère ainsi que des hommes-grenouilles qui vérifièrent qu'aucune bombe n'avait été placée dans l'eau. Cette croisière ainsi que tous les déplacements se sont passés en paix et tous les participants ont qualifié cette visite de grand succès. (ZL) 

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Nouvelles d'Israël

Septembre 1991
Texte intégral

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Le Roi des Zoulous en Israël

Israël a été honoré, à la fin juin, d'une visite royale hors du commun: Le Roi Goodwill Zulitini Kakazulu, qui règne sur la tribu des Zoulous en Afrique australe, est venu à Jérusalem pour demander le soutien pour son agriculture, le développement de ses usines hydrauliques, sa science et sa technologie. Il a rencontré le Premier ministre Yitzhak Shamir et le ministre des Affaires étrangères, David Levi. Les deux lui ont promis d'aider la tribu des Zoulous dans la mesure du possible. (ZL)

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Nouvelles d'Israël

Octobre 1991

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L'Albanie veut engager des relations diplomatiques avec Israël

Jusqu'il y a six mois, l'Albanie était le pays le plus isolé du monde. Ils aimeraient bientôt entamer des relations diplomatiques avec Israël. L'établissement de ces relations devrait avoir lieu durant la visite du ministre des Affaires étrangères albanais à Jérusalem.

Israël et l'Albanie n'ont jamais entretenu de relations diplomatiques, bien que ce dernier ait déjà reconnu Israël en tant qu'Etat en 1949. La politique albanaise est, par la suite, devenue de plus en plus hostile envers Israël. Suite au processus de démocratisation qui s'est aussi ouvert dans ce pays, le besoin d'une collaboration économique et agronomique avec Israël s'y est fait sentir. L'association d'amitié israélo-albanaise a été dernièrement fondée dans la capitale Tirana. Les membres souhaitent continuer les relations entre les deux pays, qui auraient débuté il y 2'000 ans, alors que des esclaves hébreux avaient été envoyés sur un bateau en Albanie suite à la répression de la révolte de Bar-Kochba. Aujourd'hui il n'y a plus de résidents juifs en Albanie. Les derniers membres de cette communauté ont immigré, par bateau, cette année en Israël. (ZL)

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Nouvelles d'Israël

Octobre 1991
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L'armée de l'air israélienne va avoir un nouveau commandant

Le nouveau commandant de l'armée de l'air israélienne, le général Herzl Bodinger, entrera en fonction le 1er janvier 1992. Bodinger sert déjà depuis 28 ans dans l'armée de l'air. Ses succès: quatre avions de combat MIG abattus, deux pendant la guerre du Kippour et deux MIG 23 syriens en novembre 1985 au Liban. Il a aussi participé à plusieurs bombardements; parmi ceux-là: le bombardement d'un aéroport irakien durant la guerre des Six-Jours, suite auquel l'engagement irakien dans cette guerre a radicalement diminué pour atteindre le point zéro peu de temps après.

Bodinger commence sa fonction de commandant de l'armée de l'air israélienne en des temps difficiles; d'une part, on se prépare pour le nouveau millénaire; d'autre part, le budget réduit handicapera son développement. Ses supérieurs l'estiment un bon commandant qui a du sang-froid et est franc. De plus, ils sont d'avis qu'il est l'homme le plus à même de mener cette tâche difficile. (ZL)

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Nouvelles d'Israël

Octobre 1991
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Le but de Sharon: pour chaque nouvel immigrant, un toit au-dessus de sa tête

Plus de 115'000 nouveaux immigrants sont déjà arrivés cette année en Israël

Israël a pu résoudre, grâce à d'énormes efforts, le problème du logement pour les nouveaux résidents. Grâce au travail intensif du ministre des Constructions, Ariel Sharon, et de ses collaborateurs, des dizaines de milliers d'appartements, certains provisoires, d'autres définitifs ont été créés l'année dernière. Bientôt, presque tous les nouveaux arrivés qui se sont installés l'an passé auront un toit au-dessus de leur tête. Le résultat de ce travail est un trou, non prévu, de deux milliards de dollars dans le budget du ministère des Constructions. Le gouvernement recherche maintenant le moyen de combler ce déficit.

Mais le plus grand problème, toujours pas résolu, est le chômage. Les experts économiques craignent le pire dans ce domaine. Selon les estimations, il y aura 175'000 chômeurs en Israël d'ici la fin de 1991, un chiffre inquiétant. Déjà en juin il y avait 135'700 sans-travail, ce qui correspond à une augmentation de presque huit pour cent par rapport au mois précédent.

Parmi les chômeurs se trouvent beaucoup de nouveaux immigrants. Une expertise de l'administration centrale des statistiques démontre qu'environ vingt-neuf pour cent des personnes, arrivées durant le premier semestre 1990, sont sans travail. Le quota des chômeurs entre les scientifiques et académiciens de l'Union soviétique, qui ont émigré dans le même laps de temps, est encore plus important et s'élève à trente-sept pour cent. Il a été démontré, que plus haute est la formation d'un nouveau résident, plus grave est sa situation pour l'obtention d'un travail.

Ces facteurs sont la raison pour laquelle le nombre des personnes venant de l'URSS a diminué. Une enquête parmi les immigrants montre que plus d'un tiers parmi eux conseillent à leurs parents et amis restés en URSS de reporter leur départ pour Israël. Ces conseils ainsi que la nouvelle loi sur l'émigration ont considérablement diminué le flot des arrivants. Durant le mois de juin, seulement 120 nouveaux immigrants arrivèrent chaque jour en Israël, contrairement aux prévisions qui disaient qu'environ 1'000 personnes arriveraient quotidiennement. La situation s'était sensiblement améliorée en juillet et la moyenne journalière s'élevait à environ 220 personnes. Depuis le début de l'année, plus de 115'000 immigrants russes sont arrivés en Israël. Malgré le ralentissement, les experts sont convaincus que cette vague augmentera à nouveau considérablement d'ici quelques mois. (ZL)

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Nouvelles d'Israël

Octobre 1991

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Israël ne craint pas seulement pour le vin du Golan primé

Le Golan, plateau montagneux entre l'Israël d'aujourd'hui et la Syrie, pour lequel l'on s'est déjà battu aux temps bibliques et romains, sera une partie de la «masse des négociations» de la conférence du Proche-Orient. Une visite chez les colons juifs et la population druze laisse supposer que l'on se battra durement pour ce territoire, stratégiquement tellement important.

Si l'on traverse la Cisjordanie dans la direction nord-ouest et qu'on franchit le cours chétif du Jourdain sur les lattes craquelantes du «Pont des filles de Jacob», on se trouve alors devant le Golan - une forteresse en basalte, créée par la nature, 70 kilomètres de large et une profondeur stratégique de 25 kilomètres. Ce haut plateau est stérile et laissé dans son état primitif sur de grandes parties. Les marchands druzes, les agriculteurs juifs, les touristes couverts de poussière et les soldats faisant leur service de réserve dégagent une impression de paresse. Mais le conflit territorial sur le Golan presque oublié est devenu une actualité aiguë par ce qui semblait impossible: la perspective concrète des négociations entre Israël et son ennemi juré, la Syrie.

De 1948 à 1967, le Golan n'était qu'un avant-poste militaire pour les Syriens. Ils ont bombardé, avec de l'artillerie lourde, les colonies agronomiques israéliennes, situées en Galilée dans la fertile vallée Huleh, au bord du lac de Génézareth, comme depuis un affût perché.

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Nouvelles d'Israël Octobre 1991
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Israël reste inflexible en ce qui concerne les Palestiniens

Le ministre des Affaires étrangères américain James Baker exultait à Jérusalem: «C'est le Oui, que nous avons espéré de la part des Israéliens.» Mais l'assentiment que le Premier ministre Yitzhak Shamir s'était fait arracher sur le tapis rouge était tout à fait restrictif. Par la suite, Shamir a précisé nettement à la télévision que le problème de la délégation palestinienne était tellement important qu'une proposition inacceptable à ce sujet changerait immédiatement la situation. Un des plus difficiles obstacles avant la conférence de paix n'a donc toujours pas pu être éliminé. Et les conditions sous lesquelles Israël est prêt à donner son assentiment tiennent toujours.

Ces derniers jours, il ressort clairement que George Bush et James Baker ont mis énergiquement la vitesse supérieure. La fixation de la date - en octobre - de la conférence de paix par le Président américain, le vol direct de Moscou à Jérusalem de son ministre des Affaires étrangères et son bref entretien avec Yitzhak Shamir: tout cela a amené Shamir, qui d'habitude se montre très prudent, à s'engager fort loin. Les Américains peuvent espérer que Shamir ne puisse plus faire marche arrière. Son assentiment sémantique devrait aussi en être un dans le contenu. Shamir lui-même estime qu'après tous les efforts des USA, avec le soutien des Soviétiques, il y aura probablement des négociations. Il peut avancer quelques points sur lesquels il s'est assoupli. Il a donné son consentement à une conférence au Proche-Orient; théoriquement, elle peut avoir lieu plusieurs fois, les Européens peuvent y participer et l'ONU y reçoit «un rôle».

Yitzhak Shamir peut démontrer, devant le camp national, qu'il s'est tenu aux principes essentiels. La conférence n'est qu'une cérémonie d'introduction, de «maximum un jour et demi», aux négociations directes avec ses voisins qu'Israël exige depuis des décennies. La reconvocation de la conférence peut être annulée par un veto. L'Europe n'est même pas «co-sponsor». Et le délégué de l'ONU doit rester un simple spectateur.

Le succès le plus important pour Shamir est, par contre, que l'OLP reste à l'écart et que les Palestiniens de Jérusalem, du moins selon la dernière position, ne peuvent pas participer aux négociations. Israël se repose, dans ce domaine, sur les garanties données par les USA. De plus, le Premier ministre a apaisé la droite qui devenait inquiète: Il n'a certainement pas l'intention de renoncer à quelque territoire que ce soit.

L'un ou l'autre des petits partis nationaux pourrait perdre confiance en Shamir. Mais le gouvernement n'est pas en danger puisque l'opposition de gauche a félicité Shamir pour son «Oui» et veut le soutenir tant qu'il continuera à aller dans le sens du processus de paix. A l'instar de l'OLP à Tunis, le porte-parole local des Palestiniens, Feisal Husseini, qui a rencontré Baker dernièrement, persévère dans l'exigence de la présence d'un délégué de Jérusalem. Mais les Palestiniens sont au pied du mur depuis que les Etats arabes voisins acceptent de négocier avec Israël. Un journal de Jérusalem-Est a soupçonné la Syrie de laisser tomber les Palestiniens et de ne vouloir négocier que pour le Golan et le sud du Liban. Le chef de l'OLP, Yasser Arafat, a exprimé des craintes semblables. Le Premier ministre jordanien, Taher el Masri, a expliqué que, à la rigueur, l'OLP ne pourra jouer un rôle que dans une phase ultérieure. Les négociations entre Israël et la délégation jordano-palestinienne doivent se concentrer, en premier lieu, sur une autonomie intérimaire de la Cisjordanie et de la bande de Gaza. De ce fait, une issue possible consiste en une promesse aux Palestiniens qu'un Arabe de Jérusalem sera autorisé à participer aux négociations sur le statut définitif des «territoires» dans trois ans. Une autre alternative serait d'y inclure un Jordanien de Jérusalem.

Malgré la faiblesse de l'OLP, il est probable qu'aucun Palestinien ne participera à la conférence sans sa bénédiction. La question la plus intéressante en ce moment concerne ce qui se passera si aucun accord pour une participation palestinienne ne peut être trouvé ou obtenu de force. (BS)

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