LA
MAISON
Chapitre VII
LA VIE EN CHRIST - L'AMOUR DE DIEU
Pour être sauvé il
faut avoir la sainte vie de Dieu en soi. A.
Gerber.
Ce qui a caractérisé la vie
chrétienne de Charles Moreillon et fait de
lui un homme de Dieu ayant dépassé le
niveau spirituel de beaucoup, c'est son union
intime avec Jésus-Christ.
« J'ai été
crucifié avec Christ ; et si je vis, ce
n'est plus moi qui vis, c'est Christ qui vit en moi
(Gal. 2. 20). »
Cette vie en Christ a été
une des notes dominantes de son
enseignement.
Les quelques passages suivants, pris
dans ses lettres entre beaucoup d'autres, traitent
de ce sujet capital.
- Plus j'avance dans la carrière
chrétienne, plus je vois que tout
dépend de ceci : Avons-nous reçu
Jésus-Christ Lui-même dans notre coeur
comme le Fils de Dieu ? Si oui, aimez-le
simplement, dites-lui, à haute voix si
possible : « Je t'aime, tu sais
toutes choses, tu sais que je t'aime »,
et vous verrez qu'il se révélera
à vous comme votre bien-aimé et vous
montrera que vous êtes vous-même son
bien-aimé
(Cantique des cantiques 2. 16).
Entretenez ces relations d'intimité avec
Lui. Elles seront d'autant plus douces et vivantes
que votre entourage semble moins
vous comprendre. Car le Seigneur ne demande pas
autre chose que d'arriver à une grande
intimité entre ses enfants et Lui.
- Être en Christ, voilà le
but auquel doit tendre toute âme qui cherche
la source de la vie.
- La vie en Christ est une question de
vie ou de mort. Si Christ est en vous, vous avez la
vie, vous êtes une nouvelle créature.
Toutes choses sont faites nouvelles.
- Laissez-le entrer, acceptez
simplement, gratuitement, avec joie, l'offre qu'Il
vous fait de demeurer en vous. Le Malin chasse trop
souvent de notre esprit la certitude que nous
sommes en Christ. Croyez que le Seigneur est
là ; vous n'avez rien à faire
sinon de le laisser entrer, et Lui fera son oeuvre
en vous. Apprenez à tout recevoir de
Lui.
- Dites-Lui : Seigneur,
entre ; fais ton oeuvre, mets de l'ordre dans
mon désordre, mets de la lumière dans
mes ténèbres, mets ton pardon dans
mon repentir, mets ta sainteté dans ma
souillure, mets ton amour dans mon
égoïsme.
- À quoi reconnaîtra-t-on
cette présence de Christ en nous ? Non
nécessairement à des actions
extraordinaires, mais à ce que, sous
l'influence de l'esprit de Christ, tous les talents
se développeront et produiront des fruits.
Tout se réveille, tout grandit ;
l'arbre qui était en train de sécher
pousse des rameaux, des feuilles, des fleurs et des
fruits.
- Si Christ demeure en nous, moment
après moment, nous arriverons à
penser, à parler, à agir comme Lui.
C'est-à-dire comme Il le ferait s'Il
était à notre place. Ce n'est pas que
nous puissions Lui être égaux, mais
nous devons Lui être rendus semblables.
- Comment demeurer effectivement en
Christ, d'heure en heure, de jour en jour, quelles
que soient nos circonstances, faciles ou
difficiles ? Vous pourriez objecter que vous
ne savez pas comment vous y prendre.
Prétendez-vous que ce soit
impossible ? car être en Christ
équivaut à être
parfait.
La perfection est en effet notre
but : « Soyez parfait, dit le
Seigneur, comme votre Père céleste
est parfait (Matth. 5. 48). » Nous
atteindrons cette perfection, non par nos efforts,
mais par la puissance de la vie de Christ qui
triomphe du péché qui est en
nous.
Mais voici peut-être la
véritable difficulté, que trop peu
osent avouer franchement. Nous avons peur que
Christ nous demande des sacrifices trop difficiles
à accepter, jusqu'au sacrifice de
nous-mêmes.
Il s'agit tout d'abord d'abandonner tout
ce qui est péché, caprice, passion,
volonté propre, égoïsme orgueil.
Tout cela n'est certes pas à regretter. Puis
un autre sacrifice s'impose, non plus du mal
seulement, mais de tout ce qui nous appartient,
notre temps, nos forces, nos biens, nos affections,
notre volonté, notre intelligence, notre
corps. Dieu seul doit disposer de tout.
Dites-lui : Seigneur, mes mains,
mes yeux, ma langue, ma voix sont à ton
service, je te les offre en sacrifice vivant, saint
et qui te soit agréable. La sanctification
de l'âme est impossible sans celle de nos
membres qui sont les instruments dont l'âme
se sert pour accomplir la volonté de
Dieu.
- Donner toutes nos forces à
Christ, c'est en faire le meilleur usage possible.
On ne s'appartient plus, il est vrai, mais
êtes-vous bien sûre que l'on
s'appartient autrement ? Bien des
gens, pensant pouvoir garder leur
liberté, sont devenus esclaves, esclaves du
péché qui est en eux.
- Si personne autour de vous, ou
à votre connaissance, ne demeure en Christ,
ne regardez à personne qu'à Christ
seul : « Regardez à moi, dit
le Seigneur, et vous serez
sauvés. »
- Relisons, dix fois par jour, le
chapitre 15 de l'Évangile de
Jean, jusqu'à ce que nous le sachions
par coeur ; puis le
chapitre 14, et enfin l'admirable
chapitre 17, jusqu'à ce
qu'une paix complète, par la présence
de Christ, remplisse notre âme.
- Il faut arriver à dire comme
Paul : « Ce n'est plus moi qui vis,
c'est Christ qui vit en moi
(Galates 2. 20) ».
- Affirmons cette présence de
Dieu en nous, le matin, à midi et le soir,
par des actes de foi toujours renouvelés et
qui nous maintiendront dans sa communion.
- La prière est sans contredit le
plus puissant moyen de demeurer en Christ.
- Oui, tout l'Évangile, tout
Jésus-Christ, toute la vie présente
et éternelle sont dans cette parole :
« Demeurez en moi et je demeurerai en
vous
(Jean 15. 3). » Vous verrez
alors ce que le Seigneur fera de vous et par vous.
« Celui qui demeure en moi, et en qui je
demeure, porte beaucoup de fruits
(Jean 15. 5). »
(Voir appendice d.)
L'AMOUR DE DIEU
La foi de Charles Moreillon en l'amour
insondable de Dieu était
inébranlable. Parce qu'il en a vécu,
il a su en parler.
- Si nous avons compris et
goûté l'amour de notre Père
céleste pour nous, nous
avons la clef de tous les secrets de la vie
chrétienne, dit-il.
- J'ai réellement honte d'avoir
si peu répondu à l'immense et
ineffable amour de Dieu. J'aimerais réparer
cette faute si grave, en disant à tous ceux
qui veulent bien l'entendre, qu'il n'y a qu'une
chose à faire, c'est de croire à
l'amour inépuisable du Père et de se
laisser pénétrer, envahir, subjuguer
et sanctifier par Lui.
- Dieu est amour. Amour infini que les
cieux ne peuvent contenir et dont le coeur du
Père déborde comme une source
éternelle, qui envoie ses flots jusqu'aux
extrémités de l'univers.
Cet amour est la gloire du Père
céleste. Sa puissance et son intelligence,
si grandes soient-elles, n'égalent pas en
gloire son amour infini et éternel.
Il aime. S'Il n'aimait pas il n'y aurait
plus de bonheur possible sur la terre. Il aime et
aussitôt l'univers se réchauffe,
s'éclaire, se réveille, se
réjouit ; aussitôt d'innombrables
créatures sentent qu'un bonheur est possible
au milieu de tant de difficultés et de
malheurs.
Cet amour est le plus précieux
des dons dont Dieu puisse honorer ses
créatures. Il le donne à qui le
demande, Il le témoigne même à
ceux qui ne le cherchent pas.
- Dieu aime comme un père. Il
pourrait aimer autrement, à distance, ou
comme un maître aime ses serviteurs, mais Il
sait que rien n'est plus grand que l'amour d'un
père qui aime ses enfants, quelle que soit
leur conduite. Avec un juge il y a la loi, tandis
qu'avec un père il y a non seulement la loi,
mais aussi « la compassion et la
miséricorde
(Psaume 103. 17). »
- Dieu a manifesté son amour
envers nous de tant de manières ! Il
nous a sauvés alors que nous étions
perdus ; Il nous a pardonné tous nos
péchés ; Il nous a
relevés de nos chutes ; Il nous a
consolés dans nos afflictions. Mais nous
sommes restés insensibles à cet
amour. Cependant il nous suffit de l'écouter
pour l'entendre nous dire : « Je
t'aime, mon enfant, crois à mon amour ;
je veux que tu sois heureux, heureux pendant
l'éternité ; rien ne peut mettre
une borne à mon amour pour toi ».
« Quand les montagnes chancelleraient...
mon amour ne s'éloignera point de toi
(Esaïe 54.
10). »
- Le Père vous ouvre ses bras,
comme celui de la parabole qui, lorsqu'il vît
son enfant repentant, courut au-devant de lui et le
baisa. N'avez-vous jamais senti son regard d'amour
se poser sur vous ? Ah ! buvez à
la coupe de l'amour du Père et jetez-vous
dans ses bras.
Fragment d'une lettre sur l'amour de
Dieu :
- Le Père lui-même vous
aime, a dit Jésus à ses disciples
(Jean 16. 27). C'est là la
plus grande, la plus sainte et la plus consolante
de toutes les vérités qui sont dans
l'univers. Cette vérité est absolue
et éternelle, quelle que puisse être
l'attitude de l'homme. Même si toute
l'humanité pouvait se dresser contre le
Père en signe de révolte et de
blasphème, jamais rien ne pourrait changer
cette vérité : le Père
vous aime.
Si les vagues les plus rugissantes ne
changeaient en rien l'attitude sereine et paisible
du ciel, de même rien ne saurait
altérer l'amour infini et parfait de notre
Père.
En face de cette sublime
vérité - dont on peut se nourrir et
se désaltérer sans jamais
l'épuiser - quelle est notre attitude ?
Croyons-nous à cet amour ?
Si nous y croyons, nous ne pouvons plus aller
chercher ailleurs la satisfaction de ce
suprême besoin de l'homme qui est
d'être aimé.
Celui qui ne croit pas à l'amour
de Dieu pour lui, demande aux hommes, et au monde,
la gloire, l'admiration, la flatterie, la
satisfaction de ses passions, la justification des
torts des autres à son égard.
Quand l'amour du Père est en
nous, nous n'avons peur d'aucune difficulté,
d'aucune humiliation, d'aucune souffrance, d'aucune
privation, d'aucun mal. Puisque le Père
m'aime, rien ne saurait me nuire. Puisqu'Il a
compté tous les cheveux de ma tête,
aucune circonstance de ma vie ne Lui
échappe, et Il peut transformer le mal en
bien pour celui qui demeure dans son amour.
« Rien ne pourra nous
séparer de l'amour de Dieu manifesté
en Jésus-Christ
(Rom. 8. 37-49). »
Nous glorifions le Père en
mettant toute notre vie à son service non
par l'obéissance de la crainte, mais par
celle de la reconnaissance pour son immense
amour.
Ailleurs nous lisons :
- Je me sens libre de rendre un joyeux
témoignage à mes convictions et
à mon expérience. Ce que je crois
c'est que nous sommes très tendrement
aimés par notre Père céleste.
Cet amour revêt les caractères d'une
personne ; c'est son propre Fils, c'est
Jésus-Christ notre Sauveur.
Je crois à sa présence
continuelle au milieu de nous. Il est là
avec son corps glorifié par le
Saint-Esprit.
Je suis convaincu que l'amour du
Père céleste a pour but de nous
sauver parfaitement pour le jour de la
résurrection et de nous
amener à une communion aussi parfaite que
possible avec son Fils.
Toutes les grâces cachées
par Dieu en Jésus, ne peuvent nous
être communiquées d'une manière
efficace que par un contact, une communion
réelle et personnelle avec
Jésus-Christ glorifié.
La lumière de la sagesse, la paix
du pardon, la joie ineffable de la sanctification,
ne nous sont communiquées que dans la mesure
où nous sommes un avec le Christ
glorifié.
Dans une lettre parlant de l'adoration,
nous lisons les lignes suivantes :
- L'adoration ne se commande pas...
Pourquoi une fleur s'épanouit-elle ?
Parce que le bouton, sous les chauds rayons du
soleil, éclate, doit éclater.
L'adoration est l'éclosion du
bouton de fleur. Il faut, pour faire éclore
une fleur, une certaine dose de chaleur. À
l'homme, pour adorer, il faut les chauds rayons de
l'amour de Dieu.
Lorsque vous aurez cru à cet
amour, et que vous en serez
pénétrés, l'adoration jaillira
tout naturellement de vos coeurs comme
l'éclosion de la fleur suit sa
croissance.
Nous avons été faits pour
adorer, comme la fleur pour s'ouvrir et
répandre son parfum.
Une fleur qui ne s'ouvre pas est en
état de souffrance, de même qu'une
âme qui n'adore pas n'a pas encore
reçu - par manque de foi - la mesure de
l'amour de Dieu dont elle a besoin. Nos jardins
sont comme en hiver et nous trouvons tout naturel
que le divin jardinier nous supporte sans que nous
Lui apportions jamais le parfum d'une âme qui
adore en esprit et en vérité.
La période où le croyant
peut adorer continuellement, est la
période triomphante de la
vie de la foi ; mais il faut pour cela avoir
beaucoup souffert. Christ n'associe à son
triomphe que ceux qui ont souffert comme Lui et
avec Lui. Ainsi le Père sera pleinement
glorifié.
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