LA
CRÉATION ou LA PREMIÈRE PAGE DE LA
BIBLE
CHAPITRE VII
LE SOLEIL, LA LUNE ET LES
ÉTOILES
« Et
Dieu dit : « Qu'il y ait
des luminaires dans l'étendue des
cieux pour séparer le jour d'avec
la nuit, et qu'ils soient pour signes et
pour jours et pour années ; et
qu'ils soient pour luminaires dans
l'étendue des cieux pour donner la
lumière sur la terre. »
Et il fût ainsi. Et Dieu fit
(littér. prépara) les deux
grands luminaires, le grand luminaire pour
dominer sur le jour, et le petit luminaire
pour dominer sur la nuit; et les
étoiles. Et Dieu les plaça
dans l'étendue des cieux pour
donner de la lumière sur la terre,
et pour dominer de jour et de nuit et pour
séparer la lumière d'avec
les ténèbres. Et Dieu vit
que cela était bon. Et il y eut
soir, et il y eut matin :
-
quatrième
jour. »
(Gen. I, 14-19).
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La Bible vient de nous dire que la
première végétation, dont les
restes forment notre charbon, avait pris naissance
avant que le soleil eût éclairé
la terre : donc sous l'action d'une autre
lumière que celle qui nous est connue,
probablement d'une lumière distribuée
uniformément sur le globe entier.
D'où venait cette lumière ? Nous
n'en savons rien. Il y a dans la création
beaucoup de mystères devant lesquels nous
devons nous incliner sans comprendre en
reconnaissant les limites de
notre savoir. Mais nous savons qu'au
quatrième jour de la création deux
grands luminaires apparurent dans les cieux, ayant
pour mission, l'un de gouverner les jours, et
l'autre les nuits. Remarquons la différence
du terme biblique employé pour
décrire leur apparition ; ce n'est plus
« barah » créa, mais
« asah » prépara. En
réalité le soleil existait
déjà, bien que sous une autre forme,
sans doute comme une dense nébuleuse. Pour
se condenser en masse compacte et devenir un foyer
d'intense lumière, capable d'entretenir la
vie de tous les êtres qui allaient peupler le
globe terrestre, il a dû employer
nécessairement, en raison de son immense
volume, une période bien plus longue que ce
qu'il a fallu de temps à notre petit globe
pour se refroidir et se former. Des astronomes
comme Flammarion, Lord Kelvin, Th. Moldenhauer (Das
Weltall) et d'autres le reconnaissent, et
enseignent maintenant que la terre s'est
formée en globe des millions d'années
avant le soleil, et Mars de même longtemps
avant la terre. Donc, ici encore on constate
l'harmonie entre la science humaine et la Parole de
Dieu.
Le soleil, pour régir le
jour, et la lune pour régir la nuit, servent
donc à séparer la lumière
d'avec les ténèbres et à
diviser la durée infinie en périodes
de temps régulières. C'est là
déjà une tâche importante, vu
que nos meilleures horloges ne sauraient à
la longue marquer les heures avec une parfaite
exactitude. Les corps célestes seuls jamais
n'avancent ni ne retardent d'une
fraction de seconde ; ce sont des
chronomètres à toute épreuve.
Sans eux, quelle confusion sur la terre !
Qu'on se figure ce que serait notre vie s'il
n'existait aucune répartition du temps en
jours et en nuits, en mois et en
années : « Pour dominer sur
le jour et la nuit et pour séparer la
lumière d'avec les
ténèbres. » Quelle immense
influence ces astres n'exercent-ils pas sur toute
la création terrestre dont ils
règlent la vie ! Le jour, des millions
d'humains et aussi d'animaux domestiques et autres
travaillent, qui la nuit se reposent ;
d'autres, au contraire, dorment le jour et
cherchent de nuit leur proie. La fleur s'ouvre le
jour, la plante, l'arbre exhalent de
l'oxygène, puis la nuit de l'acide
carbonique. Les végétaux, les
insectes, les oiseaux de passage, les poissons qui,
dans les profondeurs de la mer émigrent
régulièrement en leur temps, tous
connaissent les temps et les saisons que Dieu a
fixés par le soleil et la lune. La
création connaît les temps, ces
grandes choses dont l'origine est dans les
cieux ; et la Parole de Dieu prête aux
« temps et aux saisons » une
importance majeure, à travers l'histoire du
monde depuis la création jusqu'à
l'accomplissement de toutes choses. Rappelons
seulement ces passages-ci :
« Lorsque les temps furent
accomplis », la parole de
Jésus : « Mon heure n'est pas
encore venue, » et bien d'autres dans
Daniel et l'Apocalypse.
Cependant le soleil et la lune
n'existent pas uniquement pour nous éclairer
et pour marquer les divisions du temps. Leur
mission est autrement plus grande, et
nous ne pouvons, faibles
mortels, en estimer l'étendue ou en marquer
les limites. Tout d'abord ils sont là pour
proclamer, aux yeux immortels d'une multitude
innombrable d'anges, le pouvoir et la magnificence
du Créateur, et Lui seul sait pleinement
pourquoi Il les a créés. Ce que nous
pouvons toutefois comprendre, c'est que le soleil
n'éclaire pas seulement notre petit globe
terrestre, mais beaucoup d'autres planètes
encore : les astronomes en comptent plus de
300. L'immense force d'attraction qui se
dégage de notre soleil les contraint de se
mouvoir autour de lui comme dans un cercle
enchanté, et elles se voient
entraînées avec lui dans son vol
à travers l'immensité. Pour exprimer
la force avec laquelle le soleil empêche
notre globe de s'enfuir, Flammarion dit que
celui-ci devrait pour cela rompre un câble en
fils d'acier de plus de 5000 kilomètres de
diamètre ! Et que dire de Saturne on de
Jupiter ?
Pourquoi la Bible cite-t-elle le
soleil et la lune comme les astres principaux de
l'univers, alors que d'après les
observations et les calculs des savants, il en
existe dans l'espace des milliers plus grands que
le soleil et plus encore que la lune ? Parce
que Dieu, comme nous l'avons dit, donne sa parole
à l'humanité tout entière et
se met à son point de vue, à la
portée de son intelligence et de ses
connaissances. Pour elle le soleil et la lune sont
et restent les corps célestes principaux. Un
simple catalogue des 20 millions d'étoiles
de la voie lactée, avec leur ascension et
leur déclinaison, sans
autres explications, remplirait plus de 500 gros
volumes ; quel profit en retireraient des
millions d'êtres humains auxquels la Bible
est adressée ? Ce qu'il nous faut, dans
cette vie si courte et si précaire, si
pleine de travaux et de peines, ce n'est pas une
encyclopédie des sciences naturelles, mais
un guide à travers les
ténèbres et un Sauveur qui ôte
et porte le péché du monde.
Ainsi il est d'usage
d'exagérer la portée des
découvertes de Galilée et de
Copernic, et de répéter qu'elles ont
arraché l'homme à la foi enfantine
des premiers temps. Mais les anciens, par exemple
Pythagore, connaissaient et enseignaient
déjà clairement le système dit
de Copernic, qu'ils avaient eux-mêmes fort
probablement reçu des Chaldéens
(voir : « De Pythagore à
Newton » par M. Poincaré de
l'Institut). Les Égyptiens savaient
déjà que Mercure et Vénus
tournent autour du soleil ; et Aristarque de
Samos, 300 ans avant Jésus-Christ, que
Sirius est un soleil plus gros que le
nôtre ; et ils vivaient comme nous. Ce
n'est point autour du soleil dont ils ne savent que
peu de chose ou rien, que gravite la vie
matérielle et intellectuelle des peuples et
même des milliers de gens civilisés et
instruits, mais bien autour de cette petite terre,
leur demeure. C'est même sur la très
petite partie de cette terre qu'ils connaissent ou
celle plus petite encore qu'ils possèdent,
que se concentrent leurs intérêts et
leur activité, leurs craintes et leurs
espérances. Comme le système de
Copernic n'a rien changé à l'histoire
du monde, ni à son
commerce et à son industrie, ni aux exploits
des conquérants tels que César,
Alexandre, Napoléon, ainsi si l'on prouvait
demain que notre terre ne tourne pas autour du
soleil, mais bien autour de Canope, soleil cinq
milliards ( !) de fois plus grand que le
nôtre, cela n'aurait que fort peu ou point du
tout d'influence sur la vie de l'humanité,
sur les principes ou le caractère, la morale
et la religion de centaines de millions d'humains.
La terre est et restera toujours le domaine
assigné par Dieu à l'homme, le centre
et l'objet de sa vie.
La terre, notre planète, le
soleil et la lune, voilà les trois types des
principaux corps célestes. Il n'y a pas
seulement un soleil, car les étoiles que
nous appelons fixes, quoiqu'elles volent toutes
avec une rapidité effrayante dans leurs
orbites, sont aussi des soleils. Notre terre n'est
pas la seule qui tourne autour de notre
soleil ; et bien d'autres planètes sont
aussi entourées de lunes ou
satellites.
Quand Moïse ajoute au verset
16, comme en parenthèse, ces trois
mots : « et les
étoiles », il comprend ici tous
les mondes, étoiles ou planètes qui
brillent dans la voûte céleste, ce que
tous les peuples et nous aussi appelons du nom
commun d'étoiles. Elles sont belles, ces
planètes, ces soeurs de notre terre, qu'un
commun destin et une même force
enchaînent à l'énorme corps
central. D'abord Mercure, lourd comme un boulet de
fer, baigné dans les chauds rayons du soleil
autour duquel il court bien plus vite que la
terre ; le soleil y
paraît huit fois plus
grand que de notre globe. Puis Vénus,
l'étoile du soir et du matin, soeur
peut-être jumelle de la terre, qu'elle
égale en poids et en volume. D'après
les pointes inégales de son croissant,
Schröter et d'autres astronomes lui attribuent
des montagnes de 40,000 mètres de
hauteur ! Quels paysages ! Quelles
cataractes se précipitent de ces hauteurs
dans les profondeurs des vallées ! Au
delà de notre planète vient Mars,
avec ses deux toutes petites lunes et ses neiges
polaires, qui, comme les nôtres, augmentent
en hiver et diminuent en été ;
avec ses mers bleues et ses continents
jaunâtres, et l'énigme de ses doubles
canaux larges de 300 kilomètres ! S'ils
sont artificiels, c'est l'ouvrage d'une race de
géants comme la terre n'en a jamais vus.
Plus loin volent des centaines
d'astéroïdes, petits mondes, dont
quelques-uns n'ont que dix kilomètres de
diamètre. Un homme en ferait le tour en une
couple d'heures, vu surtout l'extrême
légèreté des corps à
leur surface. Puis vient le géant Jupiter,
gros comme 1400 terres, accompagné de quatre
grands et de trois petits satellites, couvert
d'immenses bandes nuageuses et toujours
changeantes, sous lesquelles se cache le noyau de
la planète. Une grande tache rougeâtre
de milliers de kilomètres d'étendue
est, peut-être, le reflet sur ces nuages de
champs de lave incandescente, rejetée par la
planète encore partiellement en fusion. Plus
loin Saturne, énorme aussi, léger
comme le liège, autour duquel se balancent
d'immenses anneaux peut-être composés
d'innombrables
météores. Puis,
plus loin, à des centaines de millions de
kilomètres, les pâles mondes d'Uranus
et de Neptune, parcourant lentement leurs grandes
orbites ; et qui sait combien d'autres
planètes non encore découvertes
tournent lentement bien loin de notre
soleil ?
Ces planètes que nous
connaissons ont chacune leur atmosphère
propre, leurs jours, leurs nuits, leurs saisons, et
paraissent avoir aussi des nuages et des vents, des
continents, des mers et des neiges polaires. La vie
organique y existe-t-elle aussi ? Y a-t-il
là de la végétation, des
organismes semblables à nos animaux, des
êtres inférieurs ou supérieurs
aux hommes ? Cela est plus que probable, et
celui qui répète encore que la terre
doit être seule habitable raisonne comme le
poisson philosophe d'Arago qui est persuadé,
que hors de l'eau toute vie est impossible. Les
objections d'esprits timides et étroits,
fondées sur ce que Mercure serait trop chaud
pour nous, et Neptune trop froid ou trop obscur
pour nous, ont perdu toute valeur depuis que nous
savons que dans des conditions bien autrement
défavorables à la vie que celles de
toutes les planètes, dans une
température toujours au-dessous de
zéro, dans des ténèbres
absolues, sous une pression d'eau
épouvantable, Dieu, nous ignorons dans quel
but, a créé, au fond des
océans, des êtres aux formes les plus
variées, délicats, richement
colorés. Le professeur Pictet a
démontré que par un froid de -
155° les acides n'agissent plus sur les
métaux, mais que les bacilles supportent
fort bien une longue immersion
dans l'air liquide à -
213°. La vie organique est donc plus forte que
la vie inorganique ! « La cellule
vivante », dit de même Flammarion,
« ne peut être tuée par
aucun froid ; les microbes pourraient se
rendre à travers les espaces
interplanétaires d'un monde à
l'autre ».
Nous savons, maintenant, que non
seulement l'étoile Algol mais bien d'autres
aussi sont entourées d'énormes
planètes ayant jusqu'à 900,000
kilomètres de diamètre, et se mouvant
autour de leurs soleils avec une inconcevable
rapidité en deux, trois, quatre jours ou
même en deux heures et quelques
minutes ! Quelles merveilles de vie le Dieu de
la vie n'aura-t-il pas créées sur ces
mondes inondés, bien plus que la terre, de
lumière et de force ! Qui oserait
prétendre qu'Il n'a allumé des
millions de soleils que pour éclairer le
vide, et pour qu'ils répandent inutilement
leurs trésors de chaleur dans l'espace
glacé ? Nous disons donc que, selon la
science actuelle, toutes les planètes du
système solaire sont parfaitement
habitables, c'est-à-dire peuvent être
le siège d'une riche vie organique. Nous
croyons qu'elles le sont, qu'elles l'ont
été ou qu'elles le seront (la terre
pendant un long temps ne le fut pas), et nous
dirons avec Herder : « Qu'en somme
sur chacune des soeurs de notre terre vit ce qui
peut vivre sur elle ». Nous tenons pour
indigne d'un chrétien la conception
d'après laquelle le Dieu qui sur notre terre
a répandu à profusion la vie,
même là où nous ne l'aurions
jamais cherchée et l'avons longtemps
ignorée, n'aurait créé ces
mondes que pour les laisser
rouler sans but et sans fin, énormes boulets
inertes, à travers les siècles et les
espaces. Aurons-nous un jour une preuve directe de
la vie sur ces planètes ?
Peut-être, par des météores qui
pourraient nous apporter des débris
d'organismes, comme quelques savants le croient de
celui tombé à Orgueil. Pourrons-nous
jamais entrer en communication avec des êtres
d'autres mondes ? Cela est fort douteux et
n'entre peut-être pas dans les desseins de
Dieu.
Parmi ces planètes d'une
masse énorme (notre petite terre contient
mille milliards de kilomètres cubes !)
volent en tous sens d'innombrables comètes
dont Képler déjà disait qu'il
y en a plus dans les cieux que de poissons dans la
mer ; flammes éthérées,
des milliers de fois plus légères que
l'air, disait l'astronome Babinet, qui les nommait
« des riens visibles ».
Arrivant peut-être d'étoiles
inconnues, lentement d'abord, puis plus rapides, et
enfin avec une vitesse vertigineuse, elles se
précipitent sur le soleil, en rasent la
surface, et puis, chargées de chaleur et de
force, s'enfuient de nouveau dans de lointains
espaces, où elles se meuvent, comme celle de
1680, si lentement qu'un piéton pourrait les
dépasser. Aucun savant n'a encore osé
émettre une opinion sur leur origine, leurs
effets ou leur but dans l'univers.
La lune, qui éclaire nos
nuits d'une lumière si douce, n'est point
unique dans son genre. D'autres planètes
sont escortées de même, soit d'un
seul, soit de plusieurs satellites. Le nôtre
est éloigné de la terre de
85,000 lieues. La surface en est
semée de hautes montagnes escarpées,
représentant pour la plupart de grandes
enceintes, des cirques, des cratères munis
d'un pic central ; mais ni eaux, ni mers, ni
lacs, ni fleuves, ni forêts n'en rompent la
grande et sévère uniformité.
On a pu évaluer la hauteur de ces montagnes
d'après l'ombre qu'elles projettent, et on a
trouvé que plusieurs d'entre elles
dépassent considérablement en
altitude le Mont-Blanc, la plus haute montagne de
l'Europe. La lune paraît n'avoir pas
d'atmosphère, ou a tout au plus une
atmosphère 800 fois moins dense que la
nôtre ; c'est-à-dire que pour
nous elle n'en serait pas une, et nous y
péririons asphyxiés (et pourtant, dit
Flammarion, même un air si léger
pèserait encore sur la lune quatre cents
millions de kilos par mille carré). Aussi le
ciel vu de là, au lieu d'être bleu,
est-il d'un noir profond, et le soleil y
apparaît, non 12 heures mais quinze jours de
suite, répandant sur ce paysage
désert une lumière si vive, une
chaleur si intense que certains métaux y
fondraient facilement.
Autour du soleil les étoiles
brillent en plein midi d'une lumière
étincelante, parce qu'aucune vapeur n'en
tempère l'éclat. Quand, sa quinzaine
accomplie, le soleil se couche soudain, sans
crépuscule préalable, une nuit morne
envahit les profondes vallées, tandis que
les hautes cimes restent vivement
éclairées quelque temps encore. Mais
alors resplendit au zénith, pour un
spectateur placé au centre du disque lunaire
tourné vers nous - car nous ne voyons jamais
l'autre côté de la
lune - un magnifique globe à demi
éclairé, 15 fois plus grand que nous
ne voyons la lune. À mesure que la nuit
avance, ce globe, immobile au centre du ciel,
s'éclaire de plus en plus, et à
minuit précis brille comme
« pleine terre » et verse une
lumière 15 fois plus forte que notre pleine
lune sur les grandioses paysages lunaires. Quel
magnifique sujet d'étude pour les yeux des
Sélénites - et qui est absolument
sûr qu'il n'en existe pas ? - que ce
grand globe argenté, tournant rapidement, 15
fois en une nuit sur lui-même, jamais
obscurci par aucune vapeur ou aucun nuage !
Les calottes de glace aux deux
pôles sont d'une blancheur
éblouissante, et croissent et diminuent
alternativement. Ses mers, plus ou moins
bleuâtres selon leur profondeur, se
distinguent facilement des continents avec leurs
déserts jaunâtres, leurs sombres
forêts, leurs plaines cultivées,
où, selon les saisons, des teintes vert
tendre alternent avec le jaune des épis.
L'oeil humain ne verrait de la lune aucun des
monuments ou des travaux dont l'homme
s'enorgueillit, mais bien les
phénomènes de la nature, la floraison
des petits iris ou des tulipes qui couvrent les
plaines du Don ou de la Tartarie d'azur et
d'écarlate ; et surtout les chutes de
neige qui teignent en blanc dans l'espace d'une
nuit des pays entiers. Tout cela et surtout nos
nuages, ces taches grises toujours changeantes,
ramassées en groupes, ou étendues en
longues traînées qui voilent de temps
à autre toutes les formes de ce monde
céleste, seraient pour nous, si nous
habitions la lune, des
énigmes aussi insondables que les doubles
canaux de Mars.
Nous avons parlé de la
surface de la lune dépourvue d'air, d'eau,
de vie. Cela paraît être vrai des
grandes montagnes rocheuses, des plateaux
circulaires qui couvrent une grande partie de notre
satellite. Mais de nouvelles observations, faites
avec de meilleurs instruments, semblent prouver que
le cratère Linnée, par exemple,
émet quelquefois des vapeurs ou
fumées blanchâtres qui en voilent les
contours ; donc il y aurait encore
là-haut des gaz. Dans les plaines ou
bas-fonds on observe aussi des taches qui, claires
le matin, deviennent obscures à midi et
redeviennent claires le soir ; peut-être
des mousses et des lichens, restes d'une ancienne
végétation ? Ainsi la lune ne
serait pas encore tout à fait morte, et
quelques restes d'une vie, peut-être
autrefois riche et variée, existeraient
encore parmi ces énormes obélisques
et ces pyramides de lave refroidie.
Passer de la lune au soleil, c'est
passer d'un monde de silence et de mort à
une fournaise embrasée, à un
océan toujours agité d'une
lumière, d'une chaleur.. d'une force et
d'une vie telles que nous ne pouvons nous en faire
une idée. Ce globe colossal est 1,1200,000
fois plus grand que la terre ;
c'est-à-dire que si nous nous le
représentons comme une sphère creuse,
et la terre à son centre, la lune pourrait
tourner autour d'elle à sa distance
actuelle, et il resterait encore autour des deux
astres un espace de 50,000 lieues de largeur !
C'est un océan incandescent
d'oxygène, de métaux, de fer, de
magnésium et d'autres matières en
fusion.
L'astronome peut voir d'ici sur le
soleil des explosions vraiment gigantesques,
auprès desquelles celles de nos volcans ne
sont que des pétards d'enfants, et qui
doivent être accompagnées de
détonations des milliers de fois plus fortes
que nos tonnerres. Des colonnes d'hydrogène
enflammé sont lancées de
l'intérieur par des forces effroyables, en
quelques minutes, à des centaines de
milliers de kilomètres de hauteur. Là
elles s'épanouissent en magnifiques gerbes
de feu rose, semblables quelquefois à des
épis ou à des palmes ;
bientôt, déchirées par les
cyclones solaires, elles retombent en pluie de feu
sur le globe incandescent, où souvent des
gouffres tourbillonnants les engloutissent. Ces
abîmes, quelquefois d'un diamètre dix
fois plus grand que la terre, sont les taches
solaires, qui nous paraissent noires à
travers le verre protecteur du télescope,
mais qui sont en réalité bien plus
lumineuses que la flamme du magnésium. Notre
lumière n'est qu'une obscurité, notre
chaleur que du froid, et nos cyclones les plus
terribles sont de légers zéphirs
comparés aux ouragans qui bouleversent sans
trêve ces mers de feu, et les
soulèvent en vagues plus hautes que les
Alpes ou l'Himalaya. La terre tombant sur le
soleil, ne serait qu'une petite boule de cire dans
un haut fourneau ; une flammèche !
une petite explosion ! et elle aurait disparu.
De ce foyer rayonnent sans cesse des masses
incalculables de lumière, de chaleur,
d'électricité et
d'autres forces dans tout le système
solaire, et bien au delà, jusqu'à ce
qu'elles se mêlent à celles qui
émanent du double soleil le plus proche de
nous, alpha de la constellation du Cygne.
Car les étoiles aussi, dont
nous admirons la douce et tranquille
lumière, sont des mondes incandescents,
parmi lesquels il s'en trouve de bien plus grands
que notre soleil, d'une lumière et d'une
chaleur bien plus intenses. Sirius, par exemple, la
plus belle étoile de notre ciel,
égale, d'après les observations les
plus récentes, 5000 soleils comme le
nôtre. Mais qu'est-il lui-même en
comparaison du rouge Arcturus que l'astronome Elwin
évalue à 550,000 fois notre
soleil ? Et celui-ci est encore bien
dépassé par Canope, que des
observations récentes portent à cinq
mille millions de fois notre astre central !
(Bulletin de la Soc. astron. de Paris, 1907.) Puis
il y a nombre d'étoiles variables qui, par
périodes régulières, diminuent
d'éclat et ensuite vont en augmentant de
nouveau. Parfois aussi deux, trois ou quatre
soleils de couleurs différentes
réunis forment un groupe, une famille, et,
sur les planètes qu'ils régissent,
des jours dorés et des jours bleus alternent
avec des jours verts ou pourpres, et les nuits,
à leur tour, y sont éclairées
par des lunes multicolores. Ainsi nous voyons, dans
la constellation d'Andromède, un soleil vert
et un bleu, qui se meuvent autour d'un soleil
orangé. Quelquefois un grand soleil blanc
central semble être le chef et le berger d'un
groupe nombreux d'étoiles colorées,
Dieu demande à Job
Peux-tu nouer les liens des Pléïades
oui délier les chaînes de l'Orion, ou
conduis-tu la grande Ourse avec ses petits ?
(Job. XXXVIII, 31-32.) Or nous savons
maintenant que les Pléïades forment un
tout complexe et que les belles étoiles de
la grande Ourse, quoique séparées par
des espaces incommensurables, offrent le même
type de spectre lumineux, et voguent de conserve
comme une flotte de vaisseaux vers le même
point de l'univers ; de même les
étoiles d'Orion, et quelques autres familles
de soleils. (Proctor, « Other Worlds than
ours », p. 268.) Quels sont les liens,
les forces, qui les relient entre elles ?
Quels sont les buts vers lesquels elles
volent ? Arriveront-elles jamais dans leur
course aux confins de l'univers ? Qu'y a-t-il
là où cet univers finit ? - Les
cieux des cieux de Jéhova.
La création du
quatrième jour continue ; des
étoiles scintillent actuellement au ciel,
qui manquent dans les anciens catalogues ;
d'autres se sont éteintes après des
embrasements qui ont rempli des milliards et des
milliards de kilomètres de leurs flammes.
Mondes naissants ! mondes
disparus !
Au mois de février de
l'année passée des ondes lumineuses,
qui nous arrivaient après une course rapide
comme l'éclair de la constellation de
Persée, nous ont appris que là-bas,
il y a 63 ans, deux soleils s'étaient
heurtés et transformés, par ce
terrible choc, en une immense nébuleuse ou
masse de gaz enflammé. Ces soleils
étaient-ils entourés de
planètes ? Est-ce que sur
ces terres des êtres
pensants ont observé, d'abord avec
indifférence, puis avec un
intérêt scientifique, bientôt
avec inquiétude, puis avec effroi, avec
terreur, un soleil ennemi fondre sur eux, devenir
toujours plus colossal, remplir la moitié du
ciel, les aveugler de sa lumière, les
dessécher, les brûler de sa
chaleur ? - puis, avec un fracas de dix mille
tonnerres, catastrophe !
anéantissement ! Plus rien que des gaz
brûlants ! - « Les cieux
passeront avec le fracas d'une effroyable
tempête. Les éléments
embrasés seront dissous, et la terre sera
entièrement brûlée avec tout ce
qu'elle contient. »
(Il Pierre III, 10.)
Oui, ils passeront ces cieux avec
tous leurs mondes. « Tu as jadis
fondé la terre et les cieux sont les oeuvres
de tes mains ; eux, ils vieilliront tous comme
un habit et tu les changeras comme un
vêtement ; mais Toi, tu es le
même ».
(Ps. 102, 25-26.) « Toute
l'armée des cieux se fondra, et les cieux
seront roulés comme un livre, et toute leur
armée tombera comme une feuille tombe de la
vigne et comme ce qui tombe du figuier »
(Es. 34, 4). Il est aussi
écrit : En ce jour l'Éternel
punira l'armée d'en haut, en haut, et les
rois de la terre sur la terre ».
(Es. XXIV, 21.) Mais nous croyons
à Celui « qui a
réconcilié toutes choses avec lui,
soit les choses qui sont sur la terre, soit celles
qui sont dans les cieux, ayant fait la paix par le
sang de sa croix »
(Col. I, 20).
Si notre terre périt un jour
par le feu, nous attendons « une nouvelle
terre où la justice habite ».
« Tu n'auras plus le
soleil pour la lumière du jour, et la lueur
de la lune ne t'éclairera plus ; mais
l'Éternel sera pour toi une lumière
éternelle, et ton Dieu sera ta
gloire »
(Esaïe, LX, 19).
Quelles raisons n'avons-nous pas de
nous écrier avec David :
« Quand je contemple tes cieux, l'ouvrage
de tes doigts, la lune et les étoiles que tu
as préparées : qu'est-ce que
l'homme que tu te souviennes de lui, et le fils de
l'homme que tu le visites ? »
(Ps. VIII, 3-4.)
Les cieux racontent la gloire du
Dieu fort, et l'étendue donne à
connaître les oeuvres de ses mains.
(Ps. XIX, 1 - 2)
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