Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



LE SERMON SUR LA MONTAGNE
Transposé dans notre langage et pour notre temps



CHAPITRE IV

LA VIE QUOTIDIENNE
(Matthieu VI, 19-34.)

5. Le secret de la vie.

Si telle est la situation, en quoi consiste le secret de la vie? Jésus nous l'indique lorsqu'il conclut ainsi :

« Ne vous mettez donc point en peine du lendemain, car le lendemain aura soin de ce qui le regarde. À chaque jour suffit sa peine. »

Quand Jésus nous assure que toutes choses nous seront données par surcroît, il ne nous promet point une vie exempte de détresse et de peines. Il faudra persévérer dans notre recherche et notre effort, mais chercher sera trouver, et l'effort impliquera le succès. Nous devrons tendre toutes nos forces pour le travail, mais notre travail sera exempt d'angoisse et ne restera plus vain. Nous pourrons supporter les peines de la vie, quand nous n'envisagerons que celles du moment présent. Ce sont les soucis qui ajoutent au fardeau du jour celui du lendemain, et qui causent ainsi la surcharge et l'accablement. Mais quand tout nous est donné par surcroît, à quoi bon nous préoccuper du fardeau de l'avenir? Quand il sera là, nous aurons la force de le porter. C'est pourquoi Jésus joint à sa promesse cette simple prescription : «Ne vous mettez point en peine du lendemain. »

Dans cette parole est enfermé le secret de la réussite vivre exclusivement dans le présent. L'instant fugitif est à nous, le reste n'est pas entre nos mains. Le présent est notre éternité. Plus nous le vivons exclusivement et intensément, moins nous avons conscience de l'espace et du temps. Vivre directement de l'expérience spontanée du moment, c'est s'affranchir de l'espace et du temps. Plus nous puisons dans les profondeurs infinies de l'heure présente ce qu'elle contient d'éternel, moins aussi nous souffrons de l'instabilité de la vie, et plus nous sentons sourdre en nous la vie éternelle, l'éternelle jeunesse.

Seul celui qui vit tout entier dans le présent en extrait les trésors et en remplit les devoirs. Il épuise la vie et l'accomplit. Il a trouvé l'accès de la perfection. Car de même que l'artiste ne saurait créer une oeuvre durable si tout en lui ne s'efface devant elle à l'heure où elle sort du néant, de même que nul ne saurait accomplir un travail productif sans concentrer sur cette tâche toutes les forces de son être, le seul moyen de ne rien négliger de ce qu'il nous est possible de réaliser, c'est de vivre tout entiers dans le moment qui nous appartient. C'est en cela que consiste notre perfection.

Il faut vivre dans le présent pour acquérir le sens de la réalité qui seul nous rend aptes à la vie, parce qu'il nous, place dans la relation convenable avec elle et nous communique la faculté d'en juger. Pour celui qui se reporte obstinément au passé ou qui rêve de l'avenir, les limites qui séparent l'imaginaire du réel s'effacent, la brume que forment ses représentations superposées dérobe à sa vue la terre qui verdoie à ses pieds, et l'empêche de discerner clairement, sobrement et complètement ce qu'il a sous les yeux.

Quand nous vivons exclusivement dans le présent, le passé cesse de peser sur nous et devient la base de notre avenir. Car la vie intense du moment engloutit le passé. Or nous ne possédons véritablement que ce qui s'est enfoncé au profond de nous-mêmes pour devenir partie intégrante de notre moi, si peu que nous en ayons d'ailleurs conscience. Et cela seul qui s'ensevelit en nous peut y germer et y croître. Nous absorber dans le devoir présent, c'est donc faire fructifier le passé, tandis que tout retour en arrière nous mène au pays des ombres et nous dérobe à la vie réelle.

Vivre au jour le jour est encore la seule manière de faire droit à l'avenir. Celui qui vit dans l'avenir ne travaille pas pour l'avenir, car il vit de projets, d'imaginations et de désirs. Bâtir des châteaux en Espagne, rêver des chemins qui nous y conduiront, c'est le plus sûr moyen de n'y point parvenir. Celui qui va le plus loin, c'est celui qui, ne sachant où on le mène, se tient prêt à tout, parce qu'il ne se propose rien de précis. Entièrement occupé à épuiser l'heure qui passe et à résoudre les problèmes du moment, il crée de ce fait son avenir, car il l'actualise d'instant en instant. L'avenir naît du présent, mais comment en sortirait-il comme un fruit mûr, si nous ne portons chacun de nos moments à sa parfaite maturité en le vivant dans sa plénitude?

Si celui qui vit dans le présent voit s'engloutir le passé et le deuil qui l'accablait, il ignore les soucis que cause l'avenir. Plus notre existence est affranchie du temps, plus elle est paisible et assurée, libre et féconde. Solidement établie sur le terrain du devoir présent, notre vie vécue fortement et profondément en devient d'autant plus facile et heureuse. Aux regards de celui qui a perdu ce qu'il a de plus cher, l'avenir n'offre qu'une succession désolée de jours vides et mornes dont la perspective épouvante le coeur. Mais pour celui qui vit dans l'heure présente, chaque jour revêt la couleur et l'éclat que lui communique cette vie intense, et la terre se met à refleurir. En épuisant les richesses de l'instant qui passe, il retrouve le courage et la joie de vivre. Nous pouvons assombrir l'avenir, car il n'existe que dans notre imagination. Mais le présent est une réalité vivante, plus forte que nos rêves et que nos appréhensions, si nous savons nous y consacrer tout entiers.

La conduite nouvelle que ce passage du Sermon sur la montagne vient d'évoquer à nos yeux plonge toutes ses racines dans les profondeurs de notre être originel. Nous ne saurions conquérir de haute lutte ni le centre de gravité qui est en nous-mêmes, ni la lumière qui doit illuminer notre vie, ni le point d'appui intérieur, ni l'élan qui entraîne au but, ni l'intensité du courant de vie qui épuise sans cesse l'instant présent. Tout est le résultat d'un devenir. Mais tout Jaillira directement des sources de notre moi renouvelé, qui s'alimentent aux réservoirs éternels.


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