Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



LE SERMON SUR LA MONTAGNE
Transposé dans notre langage et pour notre temps



CHAPITRE IV

LA VIE QUOTIDIENNE
(Matthieu VI, 19-34.)

4. Le but.

« Ce sont les païens qui recherchent toutes ces choses », les païens, c'est-à-dire des hommes fermés à la véritable réalité, ignorants de Dieu et de son action rédemptrice, des âmes rassasiées auxquelles suffit le misérable bien-être que procurent les choses vaines et périssables. Quant à vous, chercheurs, qui sentez frémir en vous un nouveau devenir

« Cherchez premièrement le royaume de Dieu et la justice de Dieu, et toutes ces choses vous seront données par surcroît. »

C'est de notre inquiétude intime, du malaise qui nous étreint parmi le va-et-vient de la vie, que naît notre recherche du royaume de Dieu. L'obscur besoin d'autre chose qui s'éveille en nous se transforme, par la vertu de l'évolution qui commence, en un ferme vouloir. De ce vouloir et de cette évolution résulte un mouvement impulsif conscient : nous nous mettons en marche vers la terre nouvelle que cherchent instinctivement toutes les âmes vivantes. Jésus élève ici ce processus intérieur à la hauteur d'un principe organisateur de notre vie : Cherchez, nous dit-il, ce règne de la vie créatrice émanant de Dieu, tendez à l'organisation harmonieuse de l'être humain et de la vie sur cette base. Prenez fait et cause pour son avènement et frayez-lui la voie. Que ce soit là le ressort de votre vie tout entière.

Chercher, - lorsqu'il s'agit d'une nouvelle création de notre personnalité et du développement intégral de l'humanité, c'est-à-dire de l'affranchissement et de l' épanouissement glorieux de notre être éternel aussi bien que de la solution du problème humain en général, - chercher, c'est nous consacrer sans réserve à ce dessein avec toutes les forces et tous les moyens dont nous disposons, brûler de cette seule ambition, concentrer tous les mouvements de notre âme dans cet unique effort, nous laisser consciemment ou inconsciemment attirer par ce pôle magnétique.

Cette recherche n'a rien de commun avec la manie du «travail pour le règne de Dieu», la sentimentalité langoureuse qui soupire après la « patrie céleste » ou n'importe quel autre pieux état d'âme que puisse évoquer cette exhortation de Jésus. C'est un élan continuel vers la réalisation de l'évolution nouvelle, qui détermine chacun de nos mouvements. C'est l'oeuvre de la vie constamment orientée vers ce but. Il ne suffit pas que cette recherche soit à l'arrière-plan de toutes nos pensées et de toute notre activité; il faut qu'elle passe au premier plan. Non seulement tout, dans notre existence, doit la provoquer et la stimuler, mais elle doit elle-même tout vivifier, tout ordonner, tout modeler. On ne cherche réellement le royaume de Dieu et sa justice que lorsque le développement intégral de l'homme et la rénovation de toutes choses sont devenus l'intérêt suprême, le ferme propos auquel on se conforme sans cesse.

L'avènement de la vérité en nous, comme la renaissance de l'humanité, sont un devenir. Mais ce devenir ne s'inaugure et ne se continue qu'au prix d'une recherche et d'une poursuite sans trêve. C'est ce que fait ressortir le Sermon sur la montagne qui nous en retrace les étapes. Si nos aspirations ouvrent notre âme à la vérité, seule l'action énergique qui actualise dans la vie chacune des impulsions de l'être originel en assure l'exécution. C'est dire que nous ne parviendrons au but que si nous risquons tout pour l'atteindre, et si nous nous en rapprochons d'instant en instant dans la mesure du possible.

L'occasion nous en est constamment offerte. Il n'est pas une des obligations de la vie qui n'éveille en nous l'ambition de l'accomplir parfaitement (Matthieu ch. 5, v. 48), et l'intuition délicate de la manière dont nous avons à le faire. Mettre en oeuvre énergiquement et immédiatement cet instinct profond, réaliser ce qu'il nous dicte à ce moment précis, c'est chercher en vérité le royaume de Dieu et contribuer à sa venue, quelle que soit la distance qui nous sépare encore du but. Dans ce domaine rien n'est trop petit, trop extérieur, trop superficiel. Car du point le plus imperceptible part une ligne qui se dirige droit vers le but, et c'est sur cette ligne qu'il s'agit d'avancer. Celui qui est entré dans le courant de l'humanité nouvelle ressent en toute rencontre l'impulsion de la puissance de vie universelle qui travaille sans relâche à son achèvement. Il perçoit son appel à devenir, en se faisant l'instrument de cette force qui l'entraîne et l'aiguillonne, un élément créateur de la terre nouvelle : celui dont la pensée et la conduite obéissent à cette impulsion, cherche le royaume de Dieu et sa justice.

Cette recherche et cette ambition pénétreront sa vie entière et ne lui laisseront de repos que lorsqu'il l'aura mise en harmonie avec l'ordre nouveau qu'il entrevoit. Désormais, par exemple, il envisagera tout ce qu'il possède, femme, enfants, biens, talents, comme des trésors qui lui sont confiés. Il verra dans tout être qui a spécialement besoin de lui son prochain, au sens propre de ce mot, et lui viendra en aide. Il considérera toute chose dans son rapport avec le bien des hommes, et en usera en vue de leur salut et de leur vie. Il honorera pleinement le Père en cherchant à faire en tout sa volonté. C'est ainsi que l'ordre nouveau s'incarne dans notre existence et que les progrès du nouveau devenir sont accélérés par notre conduite qui lui est conforme et favorable. Quelles conséquences, quels effets accessoires aura-t-elle d'ailleurs? Ce n'est point notre affaire; toutes les préoccupations' de ce genre passent au second rang.

La recherche prépondérante du royaume de Dieu introduit dans notre vie le grand courant qui tend à la vie humaine intégrale; il en actionne dès lors tous les mouvements, même les plus imperceptibles, et la dirige invariablement vers le but. Désormais elle revêt en quelque mesure le caractère effectif et créateur de la puissance de vie qui est à l'oeuvre dans l'univers. Elle trouve son harmonie et son unité, car tout y est mis involontairement en rapport avec le but poursuivi. Elle acquiert de ce fait une signification nouvelle et un caractère particulier, elle entre dans la sphère du nouveau devenir. Ainsi la recherche du royaume de Dieu et de sa vérité organise notre vie, et la façonne du dedans au dehors. Elle crée en nous la constitution nouvelle qui résoud le problème de notre être, elle fait de notre existence une vie proprement humaine en lui donnant le sens qui seul la justifie et qui accomplit notre véritable destinée.

En outre, elle nous rend invulnérables en face des contrariétés et des revers. Car désormais la raison d'être et le prix de notre vie ne résident plus dans notre situation extérieure et ne sauraient par conséquent être compromis par les coups de la destinée. Nous aurons sans doute à combattre jusqu'au bout contre l'adversité et la détresse, nous devrons compter toujours avec les dangers et les aventures, mais notre vie personnelle, dont la force agissante résulte de la tension de tout notre être vers le but, nous assure la suprématie sur les vicissitudes et les hasards de l'existence. Or cette vie n'a pas sa source en dehors de nous, mais au dedans. C'est de l'élan de notre devenir qu'elle découle; c'est son accomplissement, non sa réussite, qui fait notre bonheur. Cette marche en avant est notre raison de vivre, et dussions-nous aller nous briser contre d'infranchissables obstacles, nous n'aurions point manqué notre but. Car ce qui fait la valeur de notre existence, c'est le développement de notre être en conformité avec sa véritable fin, et le déploiement dans notre vie d'une force consciente de cette fin. Que leurs effets transparaissent au dehors et soient reconnus des autres ou que, semences d'avenir, ils restent ensevelis dans l'obscurité, cela est indifférent au point de vue de l'évolution véritable et de son progrès dans le monde. Soit que nous parvenions à notre épanouissement complet, soit qu'il se trouve entravé par des circonstances défavorables, tant que l'être originel palpite en nous, nous sommes des cellules vivantes au moyen desquelles se poursuit la création nouvelle de l'humanité, et qui sont, par conséquent, indispensables. La recherche du royaume de Dieu devient donc le principe d'une vie héroïque.

L'élan continu vers le but nous délivre enfin de tout ce qui fait obstacle à notre vie. Les soucis, la crainte et la douleur n'ont plus de prise sur celui qui est entré dans le courant vital. Il est affranchi de toute dépendance comme de toute prévention, car il avance imperturbablement et parvient au delà des brouillards qui obscurcissaient son horizon. Le courant de vie objective qui l'entraîne, l'arrache à son atmosphère subjective et le conduit de clarté en clarté. Le pouvoir de la vieille nature est brisé par la force évolutive de l'être nouveau qui s'insurge contre elle. L'incertitude enfin disparaît, car de la poursuite incessante du royaume de Dieu procède une nécessité intérieure qui s'impose à la vie.

C'est sur cette influence illimitée, exercée sur notre vie par la recherche du royaume de Dieu, que se fonde la déclaration de Jésus, la lettre de crédit qu'il délivre aux siens : «Et toutes les autres choses vous seront données par surcroît. » Tout, en effet, leur échoit de soi-même. Car ils sont dans le courant de la vie. Ils peuvent vivre impulsivement, comme en se jouant, avec l'ingénuité de l'enfant, car le Père pourvoit à tout ce dont ils ont besoin pour cela. Tout doit concourir à leur bien et leur réussir en les rapprochant du but. Il semble qu'une vie pareille attire à elle par l'effet d'un pouvoir magnétique tout ce qui lui est nécessaire. En jetant un regard en arrière, on aperçoit le tissu merveilleux et subtil des événements qui tous surgirent au moment opportun, et l'oeil averti découvre en toutes choses l'action paternelle qui les a disposées de telle sorte que la vie entière devienne une révélation ininterrompue de la grâce et de la gloire divines.

Cette lettre de crédit est un privilège que Dieu octroie à ses enfants, à ceux en qui palpite la vie que nous révèlent les trois premières demandes de l'oraison dominicale. Elle n'entre point en vigueur pour ceux chez lesquels la recherche du royaume de Dieu ne constitue pas le courant profond de la vie et ne procède pas directement « de la foi », c'est-à-dire de l'expérience immédiate du Dieu qui nous entraîne vers le but. Mais ceux qui sont les enfants de Dieu par la foi, éprouvent chaque jour la réalité de cette promesse, qui dépasse tout ce qu'ils peuvent demander et concevoir.


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