Il est
écrit: TA PAROLE EST LA VERITE (Jean 17.17) Cela me suffit... |
REGARD
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écrit: TA PAROLE EST LA VERITE (Jean 17.17) Cela me suffit... |
LE
VEILLEUR SUR LA TOUR
|
Après le feu, il y eut un son
doux et subtil. |
Transportons-nous au neuvième
siècle avant notre ère, en Palestine,
dans le désert de Béerséba. Un
homme est couché à l'ombre maigre
d'un genêt. C'est Elie, le prophète de
Yahvé, l'adversaire redouté des
sectateurs de Baal ; celui qui fait trembler
tout Israël. Cet homme terrible et sublime,
aujourd'hui, est un vaincu. Sa force est
brisée. La frivolité d'Israël a
abattu son courage. Il est venu se retremper au
désert, dans la communion des grands
souvenirs de sa race. D'abord, il s'est rendu au
puits de Béerséba, situé
près de ce bois sacré sous les
ombrages duquel s'étaient reposés
Isaac et Jacob. Puis il s'est enfoncé dans
la steppe brûlante. Là, à une
journée de marche, brisé de fatigue,
il s'est affaissé sous un genêt, et il
a souhaité la mort. « C'est assez,
ô Éternel, a-t-il dit. Reprends mon
âme : je ne vaux pas mieux que mes
pères. »
Là où ses pères
avaient échoué, il a
échoué. Ramener Israël au culte
du vrai Dieu, lui semble
désormais une tâche, au-dessus. de ses
forces. Il ne lui reste plus qu'à se laisser
mourir.
Mais Dieu ne permet pas de telles
défaillances à ses serviteurs. Il
enverra à Elie une vision qui
relèvera son courage. Il lui ordonnera
d'aller l'attendre sur l'Horeb. C'est là,
dans ces solitudes rocailleuses et farouches de la
péninsule du Sinaï, que les anciens
Israélites localisaient la présence
de leur Dieu. L'Horeb, c'était la formidable
montagne, toujours ceinte de nuées,
où Dieu naguère, dans le fracas du
tonnerre, à la lueur des éclairs,
avait donné sa loi à son peuple
prosterné. Tandis que, dans les plaines
luxuriantes, on adorait Baal, le Dieu des
pères se révélait sur les
cimes, loin du murmure profane des foules humaines.
Là-haut, Elie devait trouver la
réponse de Dieu à la détresse
de son âme.
Elie marcha quarante jours ; enfin,
il arriva à la montagne sacrée. Il
entra dans une caverne située au flanc de
l'Horeb, et il attendit la venue de
l'Éternel. Le ciel se couvrit de sombres
nuées. L'air brûlait. Un grand vent
passa sur le désert : le vent
précurseur de l'orage. Des tourbillons de
sable s'élevèrent, le vent courba les
arbres maigres, dont les branches craquèrent
sous l'effort de la tempête. Çà
et là, des pierres arrachées aux
cimes bondissaient le long des pentes. Le vent
hurlait dans les gorges de l'Horeb. Elie attendait,
anxieux.
N'était-ce pas Dieu qui venait,
le Dieu redoutable qui parcourt le monde sur les
ailes de la tempête ? Mais non :
l'Éternel n'était pas dans ce vent
d'orage.
La terre, cependant, commença de
s'agiter. De sourds grondements retentissaient. Les
roches entassées vacillaient sur leur base.
On eût dit que le sol allait manquer sous les
pas, C'était le tremblement de terre, avec
son effroyable et soudaine menace, qui glace le
coeur et qui fait hésiter le courage. Il
semblait que tout allait finir, que le monde allait
s'abîmer en quelque irréparable
catastrophe.
N'est-ce point ainsi, se demandait le
prophète, que la terre tremble, quand
l'Éternel passe ? Et, sans doute, il se
rappelait ces paroles du vieux chant de guerre
israélite : « Yahvé
quand tu sortis de Séir, quand tu
t'avanças des champs d'Edom, la terre
trembla, les cieux se fendirent, les nuées
se fondirent en eaux. Les montagnes
s'ébranlèrent devant Yahvé, le
Sinaï s'ébranla devant le Dieu
d'Israël. »
Et pourtant, Dieu n'était pas
dans ce tremblement de terre.
Soudain, les nuages noirs se fendirent,
l'éclair brilla, le tonnerre retentit :
le feu du ciel était descendu. La foudre
enflammait les broussailles sèches de
l'Horeb. Des tourbillons de fumée
s'élevèrent des ravins : on
eût dit que la montagne
était toute en feu. N'était-ce pas
Dieu maintenant, le Dieu qui apparaissait
naguère, sur ce même Horeb, au futur
législateur d'Israël, dans la gloire
mystérieuse du buisson ardent ? Et
pourtant, Dieu n'était pas dans ce feu.
Peu à peu, le vent se calme. La
terre a cessé de trembler. L'incendie
allumé par la foudre s'est éteint. Et
voici qu'une brise douce et légère se
lève du côté de l'orient. Elle
chasse les nuages noirs qui couvraient l'Horeb. Le
ciel bleu reparaît, où le soleil
brille avec une splendeur nouvelle. La terre
rafraîchie sourit à la lumière
qui l'enveloppe ; il semble que toute la
nature, délivrée de la mortelle
frayeur qui pesait sur elle, chante un hymne
d'action de grâces au Dieu qui calme les
tempêtes et qui dissipe l'obscurité.
Au fracas des éléments, une harmonie
pénétrante a
succédé : elle emplit l'air
purifié ; elle fait vibrer et chanter
toutes choses. Quand Elie entend ce murmure, il
s'enveloppe le visage de son manteau, et il
sort ; car cette fois, il n'y a plus à
en douter : c'est Dieu qui est là.
Et Dieu parle à son
prophète. Il le console ; il le
rassure. D'autres termineront l'oeuvre
commencée par lui. Le Bien ne sera pas
vaincu. Dieu n'abandonnera pas son peuple ; et
un jour, après bien des épreuves,
châtiment de l'impiété
d'Israël, le salut viendra. Sur ce qui
restera de la nation
infidèle après les catastrophes
prévues de l'avenir, s'élèvera
la lumière de la grâce.
Cette vision de l'Horeb a une importance
historique qu'il nous faut d'abord souligner. Nous
y voyons comment Dieu s'est
révélé dans sa
spiritualité au premier des grands
prophètes. Engagé jusque-là
dans les liens de la nature, le Dieu d'Israël
s'est affranchi de cette solidarité. Il a
révélé à Elie, sous des
symboles transparents, son essence
immatérielle ; et c'est ici la
première des révélations par
lesquelles le Dieu qu'on adorait au Sinaï est
devenu le Dieu de l'humanité tout
entière : le Dieu qui est Esprit, et
qu'on adore en esprit et en
vérité.
Mais ce n'est là qu'un
détail rétrospectif. Et la vision de
l'Horeb a une signification éternelle.
Elle fut pour le prophète une
révélation saisissante, non seulement
de la spiritualité, mais du caractère
moral de son Dieu.
Elie était accoutumé
à croire en un Dieu jaloux, en un Dieu
terrible, qui se révélait dans le
déchaînement de la tempête, et
dont les jugements épouvantaient
l'humanité. Le son doux et subtil qu'il
entendit sur la montagne sainte était
véritablement le prélude de
l'Évangile de l'amour.
Non, Dieu n'est pas dans la
tempête, il n'est pas dans le tremblement de
terre, il n'est pas dans la foudre ; mais
lorsque, dans la tourmente de la
nature ou de l'histoire, il se produit un
apaisement, quand passe sur le désert une
brise rafraîchissante, quand les hommes se
reprennent au bonheur, à la confiance,
à l'espoir, n'en doutez pas : c'est que
Dieu est là.
S'il est là, si c'est sa vraie
place, il ne faut pas se décourager.
Or, parmi les croyants, on trouve deux
catégories d'hommes dont la
réflexion, par des voies différentes,
aboutit au découragement.
Les uns se représentent Dieu
comme l'Être redoutable qui tient en main la
destinée de ses créatures, et qui les
frappe parfois de châtiments
incompréhensibles. Ils renoncent à
déchiffrer les jugements divins, mais ils
s'inclinent, tantôt avec un sombre fatalisme,
tantôt avec une confiance sereine, devant la
sagesse insondable de Dieu. Et cet état
d'esprit aboutit à une parole de
résignation, que les gens simples disent
souvent en face d'un deuil ou d'une épreuve
quelconque, trop forte pour leur entendement :
« Dieu peut bien faire ce qu'il
veut : il est le
Maître. »
D'autres disent : « S'il
y avait un Dieu, ces choses-là
n'arriveraient pas. » Ils ne voient que
désordre sur la terre, et triomphe de
l'injustice ; toutes choses leur semblent
livrées au hasard : ils en viennent
à nier l'intervention de Dieu dans les
affaires humaines et à douter de son amour.
Voir la main de Dieu partout, et ne la
voir nulle part, ce sont deux erreurs qui peuvent
être également préjudiciables
à notre foi. La vision de l'Horeb nous
permet de les écarter.
Elle nous montre qu'il y a une justice
immanente, en vertu de laquelle le crime appelle le
châtiment. Dieu révèle à
son prophète que les crimes de
Jézabel seront expiés dans le sang.
Mais ce n'est là qu'un moment passager de
l'histoire : elle sera couronnée par le
triomphe de Dieu, qui sera le triomphe de l'amour.
Dans ce chaos de crimes et de vengeances, Dieu ne
se révèle pas véritablement.
Ce ne sont même pas les arrêts de sa
justice qui font connaître sa nature
profonde. Elle apparaît dans ce calme
étrange, dans cette mystérieuse
douceur qui enveloppe l'âme après la
tempête. Et ce dont Elie se rend compte sur
l'Horeb, - lui, l'homme de la justice, qui ne voit
d'autre issue au crime des coupables, et c'est sa
grandeur, qu'un châtiment qui soit à
la hauteur de ce crime, - c'est que, par
delà les heures tragiques où le
tonnerre gronde et où la foudre frappe, il y
a l'heure où le son doux et subtil se fait
entendre, et que cette heure-là, c'est
l'heure de Dieu.
Ainsi, quand Elie se prosterne sur
l'Horeb, il a dans l'âme le pressentiment de
cet amour divin qui se révélera dans
sa splendeur sur le Calvaire.
Et nous qui connaissons cet amour, nous
qui savons qu'en donnant son Fils au monde, le
Père a révélé son
être véritable, nous ne devons point
avoir de peine à bien entendre la vision de
l'Horeb.
Parmi les orages qui se
déchaînent autour de nous, il en est
qui répondent à notre sentiment de la
justice. Parfois, quand le feu du ciel descend pour
consumer le criminel, nous saluons l'intervention
d'un Dieu juste. Et il se peut que nous ayons
raison. Parfois aussi, il se produit autour de nous
des catastrophes qui déconcertent notre
esprit, et qui nous semblent contredire à la
notion de justice que nous nous étions
formée. Mais, quelle que soit la nature de
ces catastrophes, Dieu n'est pas là. Il peut
bien, lui qui fait des flammes de feu ses
messagers, se servir de la tempête qui brise
et qui anéantit, pour faire naître
dans l'âme le sentiment de sa détresse
et l'avertir de son néant. Mais ce ne sont
là que des signes précurseurs de sa
venue ; et il ne faut pas s'y tromper :
le but de Dieu est toujours de
révéler son amour à
l'âme humaine.
Vous qui souffrez, en proie à la
tristesse et au doute, vous dont l'espérance
est anéantie, la volonté
brisée, et qui n'avez plus de courage pour
vivre, vous vous demandez si vraiment c'est Dieu
qui se plaît à ruiner tous vos espoirs
et à anéantir toutes vos joies.
Rassurez-vous : il vous
aime ; et jamais la tendresse n'a
inspiré aux hommes des accents aussi
pénétrants que ceux qu'il vous fait
entendre dans sa Parole. Écoutez sa voix qui
vous dit : « C'est moi, c'est moi
qui vous console. je vous consolerai comme une
mère console ses enfants. »
Écoutez cette autre voix qui est encore la
sienne, la voix du Fils, apportant l'écho de
la voix du Père : « Venez
à moi, vous tous qui êtes
travaillés et chargés, et je vous
soulagerai.... je vous laisse la paix, je vous
donne ma paix : que votre coeur ne se trouble
pas et ne s'effraie pas. »
Quand vous entendez ces accents, sortez
de votre abattement, arrachez-vous à
l'impression accablante qui vous étreint, et
écoutez : cette fois, c'est Dieu qui
est là, avec tout son coeur, avec son amour
que rien ne lasse, et ces paroles, c'est à
vous qu'il les adresse, à vous qui avez
besoin de les entendre. Oh ! ne vous
révoltez pas contre la vie. Comprenez que le
Père vous attend : Il ouvre ses bras
à son enfant brisé par
l'épreuve, pour qu'il vienne s'y jeter, et
pour qu'il se confie à cet amour qui
effacera en lui jusqu'au dernier souvenir des
angoisses endurées, des tourments
soufferts.
Mais la vision de l'Horeb, ne l'oublions
pas, nous apporte aussi une espérance, pour
l'humanité.
Dieu donne à son prophète
une leçon de patience. Il lui dit :
« Je suis le Dieu fort; ainsi,
je pourrais tout
détruire : Achab et Jézabel, le
culte de Baal, le monde entier. Pourtant, je
patiente, je supporte. Car je suis aussi le Dieu
plein de pitié, lent à la
colère, abondant en grâce. Je ne me
lasse pas d'espérer, je ne me lasse pas de
pardonner. »
Oui, mes frères, le mal pourrait,
si Dieu le voulait, disparaître de la terre.
Mais Dieu est patient. Il a pitié des
hommes, et c'est par l'amour qu'il veut
conquérir leur coeur. À tous les
orages déchaînés par leurs
crimes, il fait succéder le son doux et
subtil, l'harmonie apaisante qui murmure à
la conscience révoltée de ses enfants
qu'il y a un amour que rien ne lasse, un amour
toujours prêt à leur pardonner. Et il
les aime tant, qu'ils finiront par croire, en
lui.
Cette leçon de patience, nous
avons besoin de l'entendre. Nous sentons que nos
efforts sont impuissants à triompher de
l'opposition grandissante que les hommes font au
christianisme. Et nous nous demandons comment il se
fait que Dieu n'intervienne pas. Nous en venons
à sympathiser en quelque mesure avec
l'état d'âme des disciples, quand ils
demandaient que le feu du ciel descendit sur cette
bourgade samaritaine qui n'avait pas voulu recevoir
leur Maître. Volontiers, nous appellerions
sur un monde révolté les
châtiments de Dieu. Mais notre Dieu ignore
les irritations et les impatiences de ceux qui font
profession de servir sa cause. Il
est patient, parce qu'il est éternel. Il est
le Dieu d'amour. Il ne désespère
pas ; et nous, qui croyons en lui, nous ne
devons pas désespérer de notre temps
ni de notre race. Un jour viendra où l'amour
de Dieu sera plus fort que les cris de haine, et
où le fracas des tempêtes humaines
s'éteindra dans l'universelle harmonie.
Après la tempête, le son doux et
subtil viendra.
C'est ainsi que la vision de l'Horeb
vient confirmer ce que nous savons sur la nature
profonde de Dieu, et qu'elle nous apporte un
réconfort dont nous avons
singulièrement besoin. Nous avons beaucoup
de peine à comprendre la vie. Nous sommes en
marche à travers des solitudes d'âme
où, parfois, nous nous demandons :
à quoi bon vivre ? à quoi bon
lutter ? Dans un monde où l'injustice
triomphe, quel est le sens de l'effort ? Mais
Dieu nous ménage aussi parfois, comme
à son prophète, des heures
sacrées où il se révèle
à nous, non pas tel que nous l'entrevoyons
au travers des ténèbres de l'histoire
ou des clartés trompeuses de notre
pensée, mais tel qu'il est
véritablement. Il nous ouvre alors sur ses
desseins d'amour des échappées qui
consolent nos âmes. Il y a, dans notre marche
à travers le désert, des moments
où nos coeurs perçoivent le son
subtil et doux, et c'est assez pour leur donner le
courage de continuer.
Ce ne sont que des éclaircies. Et
ces heures divines, ces heures bénies
où nous nous sentons dans la communion de
l'Ineffable, elles ne peuvent nous être
accordées qu'à titre
exceptionnel.
« Retourne par le chemin du
désert », dit la voix divine
à Elie. Il faut donc le reprendre, ce chemin
douloureux, ce chemin solitaire ! Après
cette heure de ravissement, il va falloir repasser
par des sites désolés qui
évoqueront des souvenirs d'anciennes
détresses, en cheminant sous un ciel
uniformément gris et bas, au travers duquel
ne filtrera aucun rayon d'espérance.
Après avoir compris le sens de la vie, il
faudra recommencer à vivre. Dieu nous montre
parfois, au delà des orages de la vie
présente, son ciel pur et bleu ; mais
ensuite, il veut que nous revenions seuls à
travers le désert. Car vous avez un message
pour vos frères, vous qui avez compris
l'amour de Dieu, qu'ils ne connaissent pas. Vous
avez entrevu la fin de la douleur humaine ;
vous avez été rafraîchi par les
souffles de l'éternité. Vous savez
qu'au bout de toutes les misères, au terme
de toutes les catastrophes, il y a le triomphe de
l'amour éternel. Vous savez que le mot qui
se prononce au sommet des choses, le mot qui nous
donne la clé de la vie et du monde, c'est
précisément ce mot d'amour dont le
sens divin nous a été
révélé sur la Croix. Il
vous semble que vous ayez
à cheminer indéfiniment par le
désert, sans que rien vienne reposer votre
vue et réjouir votre coeur ; et vous
vous dites : En quoi bon ?
- Ne suffit-il donc pas, pour que votre
vie soit utile, que vous puissiez vous dire :
« J'ai une mission à remplir
auprès de ceux qui ne savent rien de l'amour
de Dieu. » Retournez à la vie,
sans faiblesse, sans découragement :
vous n'avez plus le droit d'être
découragé. Quand l'amour de Dieu
s'est révélé à une
âme, il y à là une
expérience dont aucune épreuve,
ensuite, ne pourra effacer la trace. Ce son doux et
subtil, si même son murmure vient à
s'atténuer et à disparaître, il
en restera toujours quelque chose. Et ce souvenir
est une espérance. Il avive en nous cette
soif d'harmonie qui est au fond de notre être
spirituel. Dans l'Apocalypse, et dans ces beaux
chants d'Eglise qu'inspire la pensée du
ciel, il est parlé des harpes d'or des
bienheureux. « La voix que j'entendis,
raconte le voyant de l'Apocalypse, était
comme une mélodie que font des joueurs de
harpe, et ils chantaient devant le trône un
cantique nouveau. »
Le son doux et subtil qu'Elie entendait,
et que vous entendez, parfois, en vos heures
découragées n'est que le
prélude de ces harmonies puissantes qui
berceront votre âme pendant toute
l'éternité. Alors, ce ne sera plus
une simple accalmie. ce sera la possession
définitive de cette
communion de Dieu dont, ici-bas, vous ne pouvez que
rarement connaître la douceur. Ne vous
suffit-il pas de cette espérance, mes
frères, pour qu'après avoir entrevu
ce que Dieu vous destine, vous retourniez à
la vie, par un sentier pierreux et désert,
souvent, avec les pieds saignants et l'âme
meurtrie, mais en emportant, au fond de votre
coeur, la radieuse vision de paix, d'amour et
d'harmonie qui a enchanté vos regards ?
N'est-ce pas assez pour faire votre devoir jusqu'au
bout, sans défaillir, sachant bien que vous
ne verrez pas le résultat de vos efforts,
mais sachant aussi que l'amour divin finira par
l'emporter ?
La tâche accomplie, l'oeuvre
faite, vous l'entendrez de nouveau, le son doux et
subtil. Et ce sera en vous le prélude de
l'éternelle harmonie.
Vous sentirez le sol trembler, l'ouragan
se déchaîner autour de vous :
tout semblera perdu. Mais à ce moment,
dominant la tempête, la mélodie
céleste s'élèvera dans votre
âme. Pour vous à qui Dieu a fait la
grâce de croire à son amour, la
certitude de cet amour sera, à l'heure
suprême, votre consolation, votre paix, votre
joie, et cette joie sera éternelle.
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