La
Bénédiction de la Pentecôte
dans sa plénitude
La seule
chose nécessaire
III. - C'EST D'EN HAUT QU'EST VENU LE
DON DU SAINT-ESPRIT
Si
vous m'aimez, gardez mes commandements. Et moi, je
prierai le Père, et il vous donnera un autre
Consolateur, afin qu'il demeure
éternellement avec vous, l'Esprit de
vérité.
(Jean 14: 15, 16.)
La nature d'un arbre ou. de n'importe quel
être vivant correspond nécessairement
à celle de la semence qui l'a produit. Elle
ne saurait changer. Ainsi l'Eglise de Christ doit
toujours en revenir à ce don de l'Esprit
qu'elle a reçu le jour de sa naissance,
comme étant la norme de sa vie et de sa
croissance. Il nous faut considérer les
premiers disciples comme nos précurseurs et
nos modèles.
Or, qu'est-ce qui les rendait
capables de servir comme de récipients de
ces dons célestes ou de temples du Dieu
trois fois saint ? La réponse à
cette question ne nous aidera pas peu à
savoir ce que nous avons à faire
nous-mêmes pour être remplis du
Saint-Esprit.
1. Avant tout, ils étaient
profondément attachés au Seigneur
Jésus.
Le Fils de Dieu est venu dans le
monde établir une synthèse entre la
nature divine et la nature humaine, de façon
à permettre à la vie divine de
pénétrer la vie humaine. Lorsqu'il
eut accompli cette oeuvre dans sa propre personne
par son obéissance, par sa mort et par sa
résurrection, il fut élevé
jusqu'au trône de Dieu, afin de pouvoir de
là communiquer à ses disciples et
à son Église sa puissance
spirituelle, en les faisant jouir de la
présence souveraine de Dieu venant demeurer
en eux. Il est écrit que
« l'Esprit n'était pas encore,
parce que Jésus n'avait pas encore
été glorifié »
(Jean 7 - 39). Ce ne fut
qu'après Sa glorification que le
Saint-Esprit, en tant que l'Esprit divin uni
à l'humanité, put être
donné aux hommes. Ainsi à la
Pentecôte, ce fut l'Esprit de Jésus
glorifié qui de la Tête descendit dans
le corps et dans chacun de ses membres.
Il va sans dire que, puisque c'est
en Jésus qu'habite la plénitude de
l'Esprit, la première condition pour y avoir
part est une communion personnelle avec notre
Sauveur. C'est à cela que tendaient les
étroites relations de Jésus avec ses
disciples pendant tout son ministère
ici-bas. Il voulait les amener à se sentir
un avec lui, à s'identifier autant
allé possible avec lui.
Il se dégage de là une
leçon bien simple, mais importante. On voit
des croyants pleins de zèle, ardemment
désireux d'être saints, se consumer en
vains efforts. Ils semblent n'avoir pas compris la
promesse du Père. Ce qui leur manque, c'est
cette communion intime avec Jésus, l'Ami
suprême, le Maître bien-aimé,
qui était si frappante chez les premiers
disciples. On ne peut espérer la
plénitude de l'Esprit tant que le coeur
n'est pas occupé tout entier du Seigneur
Jésus.
2. Ils avaient tout quitté
pour Jésus.
« Rien pour
rien ». Vérité
profonde : un cadeau qui m'oblige envers celui
qui me l'a donné me coûte
peut-être plus même qu'il ne vaut. Les
paraboles de la perle de grand prix et du
trésor caché nous enseignent que nous
ne pouvons entrer en possession du royaume de Dieu
qu'au prix de tout ce que nous avons. Et
Jésus revient constamment sur cette
nécessité de renoncer à tout
pour le suivre. Les deux mondes entre lesquels nous
nous mouvons sont si opposés l'un à
l'autre, et celui dans lequel
nous devons vivre, du fait de
notre nature, exerce sur nous une telle influence
qu'il est souvent nécessaire de nous en
retirer par un sacrifice total. C'est ainsi que
Jésus apprenait à ses disciples
à désirer de tout leur coeur le don
céleste promis.
Pour nous détacher du monde,
le Seigneur n'a rien précisé, ni
quant à ce à quoi il faut renoncer ni
quant à la façon de procéder.
Il s'est borné à dire et à
redire qu'on ne peut réellement progresser
sans sacrifice, sans séparation et abandon
décidés du monde. Nous sommes
tellement imprégnés de l'esprit de ce
monde que nous ne nous en apercevons même
pas, oubliant ou ignorant que nous ne pouvons
être remplis de l'Esprit tant que nous nous
cherchons nous-mêmes. Apprenons des premiers
disciples qu'on ne peut être rempli de
l'Esprit céleste qu'à la condition de
rompre avec les enfants du monde et avec les
chrétiens mondains. Il nous faut être
disposés à adopter un genre de vie
différent de celui de tout le monde, comme
représentants du ciel, puisque nous avons
reçu l'Esprit du Roi des cieux.
3. Ils en avaient fini avec
toute confiance en eux-mêmes ou en
l'homme.
Nous avons deux grands ennemis par
lesquels le diable nous tente, le monde et notre
MOI ; et ce dernier est le plus dangereux, et
de beaucoup. On peut être bien avancé
dans le détachement du monde alors qu'on vit
encore entièrement de sa vie propre. Ainsi,
au moment où Pierre, par exemple, pouvait
dire : « Nous avons tout
quitté pour te suivre », combien
il était encore plein de
lui-même !
Dès leur vocation, le
Seigneur avait demandé à ses
disciples d'abandonner leurs biens terrestres pour
le suivre. Mais il ne tarda pas à leur
apprendre aussi qu'ils ne seront dignes de recevoir
Sa vie que s'Ils perdent la leur et se
renient eux-mêmes ;
qu'ils doivent même agir comme s'ils
haïssaient père et mère, et
jusqu'à leur propre vie, si c'est
nécessaire. L'amour du MOI était un
obstacle plus difficile à vaincre que
l'amour du monde ou que les affections de la
famille. La vie propre est la vie naturelle du
pécheur. Il n'y échappe que par la
mort, la mort à soi-même,
première condition de la vie nouvelle qui
émane de Dieu.
Tandis que le renoncement au monde
commença pour les disciples dès leur
vocation, ce n'est qu'à la croix qu'eut lieu
leur mort à eux-mêmes, lorsqu'ils
virent s'effondrer toutes leurs espérances
terrestres, avec toute leur confiance en
eux-mêmes. Cet effondrement même, en
brisant leur coeur, allait être le point de
départ de leur mort à
eux-mêmes, nécessaire pour qu'ils
pussent recevoir une chose toute nouvelle, une vie
divine implantée dans le tréfonds de
leur âme par l'Esprit de Jésus
glorifié.
Ah ! si nous comprenions mieux
que rien ne nous entrave comme de chercher en nous
ou autour de nous quelque point d'appui
secourable ! Tandis que, pour nous amener
à une entière consécration et
pour nous mettre en possession du don
céleste, il n'y a pas de chemin plus
sûr que celui qui passe par l'absolue
désespérance de nous-mêmes et
de tout appui humain.
4. Ils reçurent et
serrèrent dans leurs coeurs la promesse que
le Seigneur Jésus leur donnerait
l'Esprit.
On se rappelle cette promesse
solennelle de la dernière soirée dans
la chambre haute : le Consolateur qu'Il leur
enverrait du ciel leur vaudrait mieux encore que la
présence corporelle de leur Maître. Ce
serait le plein accomplissement de la
rédemption qu'Il voulait opérer,
puisque ainsi la Vie divine demeurerait en eux,
Lui-même avec le Père. Le miracle
inouï, le mystère des siècles
deviendrait leur partage, Ils sauraient de
façon certaine qu'ils
seraient en Lui et Lui en eux. Et
cette promesse fut encore le sujet de ses
dernières paroles au moment de Son
Ascension.
Sans doute, les disciples n'avaient
qu'une idée bien vague de ce qu'elle
signifiait. Mais ils ne s'y cramponnaient pas
moins ; ou plutôt la promesse les
étreignait, et ils ne pouvaient s'en
défaire. Ils n'avaient plus qu'une
pensée : quelque chose nous a
été promis par le Seigneur, quelque
chose qui nous rendra participants de Sa puissance
céleste et de Sa gloire ; et nous
sommes sûrs de n'être pas
déçus. Ce que ce serait et ce qu'ils
éprouveraient, ils n'auraient su le dire. Il
leur suffisait d'avoir la parole du
Maître : à Lui d'en faire une
réalité bénie en
eux.
Voilà
précisément les dispositions qu'il
nous faut avoir. La promesse est pour nous comme
pour eux : « Celui qui croit en Moi,
des fleuves d'eau vive jailliront de son
sein. » Nous n'avons comme eux
qu'à nous en emparer, prêts à
tout, pour en obtenir l'accomplissement.
5. Ils attendirent, en
comptant sur le Père, que la promesse
s'accomplît, jusqu'à ce qu'ils fussent
remplis du Saint-Esprit.
Les dix jours d'attente se
passèrent « continuellement dans
le temple », où ils
« louaient et bénissaient
Dieu »,
« persévérant d'un commun
accord dans la prière ». Ce n'est
point assez d'essayer de renforcer notre
désir et de ne pas laisser faiblir notre
confiance. L'important est de nous maintenir en
étroite communion avec Dieu, puisque c'est
de Lui que doit nous venir le don attendu, produit
merveilleux de Sa toute-puissance et de Son amour.
Ce que nous attendons, ce n'est pas moins que la
présence personnelle et constante en nous de
Dieu le Saint-Esprit. C'est à Dieu
Lui-même de nous l'accorder. Quand un homme
donne à quelqu'un un morceau de pain ou une
pièce de monnaie, il n'a
plus à s'en occuper après. Il n'en
est pas de même du don de l'Esprit :
Dieu est dans l'Esprit, comme il était en
Christ. La communication de l'Esprit est l'acte le
plus personnel de la Divinité : c'est
Dieu se donnant Lui-même à nous. C'est
dans la communion la plus intime avec Dieu que nous
pouvons le recevoir.
Plus nous nous
pénétrerons de cette
vérité, plus nous sentirons vivement
le néant de nos propres efforts pour obtenir
cette bénédiction. Ils ne peuvent
aboutir qu'à l'aveu le plus confus de notre
impuissance absolue. Il ne nous restera que la pure
grâce de Dieu et Sa toute-puissance pour nous
conférer cette faveur suprême. Gardons
seulement la paisible assurance que le Père
est désireux de nous l'accorder, qu'il ne
nous fera pas attendre un instant de plus que ce ne
sera nécessaire, et que jamais une âme
qui persévère à attendre dans
l'attitude d'humble dépendance et de
renoncement à soi ne sera
déçue dans son espoir d'être
remplie de la gloire de Dieu.
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