LE
MONDE ET L'HUMANITÉ
DE LA CRÉATION
AU DÉLUGE
APPENDICE
QUE FAUT-IL PENSER DU
TRANSFORMISME ?
Si pareil sujet est abordé à la
fin de ce volume, c'est qu'un lien étroit
unit la théorie de l'évolution et la
théologie. Le transformisme est
nécessairement créateur de
système théologique. Selon qu'on
l'admet ou qu'on le rejette, on se range à
l'un ou à l'autre des deux pôles
opposés de la pensée
chrétienne sur l'origine du monde et de
l'humanité, soit à ce que le vulgaire
appelle Ancienne théologie ou
théologie traditionaliste, et Nouvelle
théologie ou théologie
évolutionniste.
Pour le prouver, il suffit de citer deux
extraits de discours prononcés par des
bouches autorisées ; on se rendra
compte, en les lisant, des conséquences
formidables qu'aurait pour la pensée
chrétienne la théorie de
l'Évolution si elle parvenait à
s'imposer.
Le Dr. Barnes, archevêque de
Birmingham, l'une des plus hautes
personnalités de l'Eglise anglicane, a fait
dans l'église de Westminster
elle-même, sur l'Évolution humaine, un
sermon qui a stupéfié son auditoire.
En voici le passage le plus
significatif :
« L'affirmation de Darwin, que
l'homme est descendu du singe, a subi
l'épreuve de plus de
cinquante années
d'examens critiques. Des connaissances plus grandes
et des enquêtes minutieuses n'ont fait que
confirmer cette vérité. Par suite,
les histoires de la création d'Adam et
d'Eve, de leur innocence originelle et de leur
chute après le péché, sont
devenues pour nous des superstitions populaires.
Mais, pour les hommes qui ont édifié
la théologie catholique, elles ont
été acceptées comme un fait
réel. Le triomphe de Darwin a détruit
l'ensemble du plan théologique. L'homme
n'est pas un être qui est déchu d'un
état d'innocence parfaite ; c'est un
animal qui acquiert lentement une
compréhension spirituelle et, par là,
s'élève bien au-dessus de ses
lointains ancêtres. »
Un protagoniste de la doctrine
évolutionniste, l'illustre professeur Arthur
Thompson, aujourd'hui le continuateur le plus
qualifié de Darwin, a cru pouvoir affirmer
ce qui suit, dans une conférence à
l'Académie royale de Londres, sur l'anatomie
générale de la structure
féminine :
« La femme ressemble
même au singe plus que l'homme, parce que ses
jambes sont ordinairement plus courtes et ses bras
plus longs.
« Ce n'est que par
vanité que l'homme croit qu'il ne descend
pas du singe. Bien que d'innombrables
générations aient apporté
beaucoup de changements dans son anatomie, les
similitudes sont trop grandes
pour qu'il y ait le moindre doute à ce
sujet. Un bébé, jusqu'à ce
qu'il puisse marcher, ressemble, en tous points,
à un singe. »
Il est probablement
exagéré de dire que Darwin
lui-même ait poussé ses
prémisses jusque-là ; il a
été moins excessif, plus prudent,
plus réservé dans ses affirmations.
Mais ces déclarations faites à grand
tapage n'en donnent pas moins une idée
exacte des conséquences impliquées
dans le principe évolutionniste. Et ces
conséquences n'ont pas manqué de
s'affirmer avec une audace grandissante.
Embouchant la même trompette,
nombre de prédicateurs - dont la foi en
Jésus-Christ ne saurait être, du
reste, révoquée en doute - ont
claironné par tout le monde la même
antienne, posant en axiome que l'homme descend du
singe et faisant preuve, au surplus, d'une
légèreté pour le moins
étonnante dans le plus sérieux des
problèmes. On vit des orateurs de renom,
voire des gens de réveil comme Frank Thomas,
faire cette énorme concession aux
découvertes de la science.
Ainsi ce qu'on appelle improprement le
darwinisme, parvient à jeter un profond
désarroi dans le monde des
théologiens dont beaucoup portèrent
de rudes coups de bélier à la
doctrine traditionaliste de l'autorité de
l'Écriture et de la Révélation
en général. Des manuels
d'enseignement religieux mis
entre les mains de la jeunesse
intitulent pompeusement leurs premiers
chapitres : « Les grandes traditions
de l'Orient », rejetant les récits
génésiaques dans la brume de la
légende et du mythe. De même que
certains éducateurs ont la prétention
de ne faire commencer l'histoire de France
qu'à la Révolution, ces docteurs
modernes ne veulent rien trouver d'historique dans
la Bible avant le roi David. Et l'on
considère comme un fait acquis que l'homme
primitif vivait dans la sauvagerie, voisine de
l'animalité.
L'ébranlement produit ainsi dans
le respect avec lequel étaient
considérés les récits
bibliques ne saurait se borner naturellement aux
faits antiques ; c'est une fissure qui gagne
de proche en proche et qui finira par vider de son
contenu le vase précieux de la
Révélation. Si cela continue, on
pourra redire bientôt le vers fameux de Sully
Prudhomme :
N'y touchez pas, il est
brisé...
Et quel aliment merveilleux offert
à toutes les doctrines étranges qui
séduisent les multitudes :
l'évolution progressive de l'être
humain, de l'âme humaine ; ses
métempsycoses passées, son passage
graduel de l'état minéral à
l'état végétal, puis à
l'état animal, ses réincarnations
infinies, jusqu'à ce qu'il parvienne
à la perfection et s'absorbe dans le Grand
Tout !
Jamais, évidemment, la Bible
n'avait rencontré adversaire aussi
intelligent, aussi subtil, aussi puissant, aussi
redoutable. Ce système scientifique, par son
monisme qui ramène tout à la cellule
primitive d'où le monde entier serait issu,
constitue la plus attrayante et la plus
séductrice des philosophies, si bien que,
par millions, les esprits avides de savoir ont
foncé tête baissée dans ses
filets.
Il n'est pas hors de propos, à la
fin d'un volume qui tout entier repose sur la
réalité des récits bibliques,
de faire le point et d'exposer brièvement
à quoi en est cette question
capitale.
Deux mots sur son point de
départ.
Il est intéressant de noter en
passant qu'Aristote déjà avait, dans
son Histoire des animaux, posé le principe
de la lutte pour la vie comme ayant
présidé à l'évolution
de ceux-ci. Son traité De la
génération relève aussi
l'influence de l'ambiance sur la variation des
formes végétales et animales.
Les savants naturalistes Lamarck et
Geoffroy Saint-Hilaire (dans la première
moitié du XIXe siècle)
développèrent ces idées et en
étendirent énormément le
champ; l'influence du milieu peut déterminer
des changements radicaux des organes des plantes et
des animaux, qui tous proviendraient en
définitive d'une matière
gélatineuse initiale.
Dans le même temps, Cuvier et son
école professaient au contraire que la
matière est incapable de s'organiser
elle-même ; les forces
extérieures n'y sauraient suffire. Nous
voyons les êtres vivants se
développer ; jamais on ne les a vus se
former.
Jusque là, la doctrine
traditionaliste, postulant la création,
avait gain de cause.
En 1859, Darwin publia son Origine des
espèces, qui devait agir à la
façon d'un coup de tonnerre sur le monde
scientifique. C'était une explication
très simple de l'évolution des
êtres vivants par le principe de la
sélection naturelle consécutive
à la lutte pour la vie, lutte qui se livre
à tout instant sur toute la surface du globe
et aboutit à la survivance des plus aptes,
d'où leur variation incessante et leur
progrès constant.
Le public fut ému et
secoué par les révélations
curieuses, la bonne foi et le génie
incontestables de Darwin, ce fut un fol engouement
pour une hypothèse scientifique qui
paraissait être le dernier mot de la
philosophie.
Tout en donnant, en effet, la clef de
multiples variations, elle était pourtant
incapable d'expliquer jusqu'à la
transformation universelle des espèces et,
surtout, le passage de l'animal à l'homme.
Aussi la contradiction ne se fit-elle pas attendre,
menée par des chefs de file comme De
Quatrefages, Claude Bernard,
Pasteur, Milne-Edwards. Ce fut une mémorable
levée de boucliers.
Mais les idées darwiniennes
rebondirent soudainement grâce à la
publication de l'Histoire de la Création
(1867) du grand vulgarisateur Haeckel, qui les mit
habilement à la portée du
public.
Ce fut dès lors une lutte
à outrance entre les deux partis en
présence. L'évolution universelle,
après s'être incarnée dans le
darwinisme, a, peu à peu, divorcé
d'avec lui en poussant à l'extrême ses
postulats et a fini par essayer de vivre sans
lui.
Fort en théorie, séduisant
par sa simplicité, par son monisme qui donne
au monde une unité imposante, le
transformisme ne se fût imposé en
réalité qu'en se donnant une base
vraiment scientifique, c'est-à-dire en
appuyant ses allégations sur l'observation,
seule pierre de touche de la science
authentique.
Qu'en est-il, au fond ?
Ici il n'est pas hors de propos de
signaler un fait assez singulier : en France,
la majorité des esprits chercheurs a cru de
bonne foi que l'évolutionnisme avait gain de
cause. L'on y a parlé et écrit
abondamment comme si le litige était
irrévocablement tranché. À la
vérité, le monde savant se
réservait. Mais il se trouva que, depuis la
fin du siècle dernier, en Sorbonne, à
l'Université et aux Écoles
normales on n'admit que des
professeurs acquis aux idées transformistes.
La raison ? Qui la dira ? Serait-ce
peut-être la politique, qui a la manie
d'aller se nicher précisément
où elle n'a rien à faire ?
Toujours est-il que l'on parvint à
créer en France et à entretenir, de
façon assez superficielle, l'opinion que le
darwinisme triomphait.
Mais les yeux commencent à
s'ouvrir et l'on s'aperçoit aujourd'hui que
cette belle assurance était pour le moins
prématurée et qu'il eût
été convenable d'agir avec un peu
plus de circonspection. On avait tenu le grand
public dans l'ignorance à peu près
complète de l'antagonisme qui mettait aux
prises depuis un siècle les sectateurs des
deux doctrines adverses. Et pourtant l'opinion
actuellement la plus accréditée chez
les hommes compétents, c'est que
l'édifice élevé à grand
fracas par Lamarck, Darwin et Haeckel tombe en
ruines, aucune preuve réelle n'ayant
glissé sous sa façade imposante le
fondement qui lui était absolument
indispensable pour assurer sa
solidité.
Un résumé très
intéressant de la situation présente,
paru dans Foi et Vie (15 avril 1930) sous la plume
du professeur Jean Berton, de la Faculté
protestante de théologie de Montpellier,
porte un titre fort impressionnant :
« Le glas du transformisme ».
Il débute par ces mots : « Il
y a cent ans que mourait
à Paris l'un des plus célèbres
naturalistes que le monde ait connus, Lamarck.
Après quelques précurseurs comme
Oken, Goethe et Buffon, Lamarck établissait
les fondements de la théorie transformiste
qu'allaient développer ou rajeunir Geoffroy
Saint-Hilaire et Darwin. Il semble qu'aujourd'hui,
au moment même où l'on aurait pu
commémorer ce centenaire, nous entendions
sonner le glas de cette théorie. Les
découvertes scientifiques ont peu à
peu ruiné l'ancienne
hypothèse. »
Les idoles du transformisme se sont
effondrées l'une après l'autre.
Après avoir, dans ce camp, entonné
des hymnes délirants, on s'y voit
contraint... à déchanter, à
déchanter amèrement, tandis que les
adversaires proclament avec un soulagement infini
que la complète banqueroute du darwinisme,
en tant que théorie générale
de la descendance, est définitivement
avérée.
Le lecteur s'imagine peut-être
que, cette conclusion est exagérée
à son tour. Quelques faits et quelques
citations appropriées le convaincront qu'il
n'en est rien.
Un fait entre beaucoup s'inscrit en faux
contre la théorie évolutionniste. La
biologie enseigne la loi du retour des hybrides ou
des races domestiques à leur type primitif.
Par des sélections habiles, on est parvenu
à diversifier prodigieusement certaines
races domestiques, les chiens
par exemple, et les poules aussi. Qu'on abandonne
ces variétés à
elles-mêmes, c'est-à-dire à la
lutte pour la vie et à la sélection
naturelle, on assistera invariablement au retour au
type primitif. De même pour les croisements
naturels si fréquents ; l'hybride
disparaît, le type original reparaît.
C'est du transformisme à rebours.
La paléontologie montre un grand
nombre de types de rayonnés, de mollusques,
d'articulés et même de
vertébrés coexistant à la fois
dans les plus anciens terrains fossilifères,
et constate la permanence à peu près
invariable de ces types à travers les
âges et les révolutions du globe. On a
le droit d'en conclure que l'évolution
universelle et sans limites n'est donc pas la loi
de la nature. Darwin lui-même, du reste,
admettait à l'origine un certain nombre de
types déjà
différenciés.
Le grand savant Agassiz, qui a
étudié les terrains des
États-Unis, estime qu'il a fallu plus de
soixante-dix mille ans pour former les coraux qui
constituent la base de la Floride. Toujours ces
coraux ont présenté des
caractères identiques.
Il dit en outre : « Plus
de quinze cents espèces de poissons fossiles
que j'ai observées m'ont prouvé que
les espèces ne passent pas insensiblement
des unes aux autres ; elles apparaissent d'une
manière soudaine, sans
rapports avec celles qui les
précèdent. Dans la série tout
entière des temps géologiques, il
n'apparaît pas le plus petit indice du
passage d'une espèce à
l'autre. »
Le 17 décembre 1900, M. Berthelot
lut à l'Académie des Sciences une
notice disant : « Une multitude
d'observations et d'essais ont été
faits dans des directions analogues par les
botanistes et les zoologistes. Toutes les
expériences tentées depuis un
demi-siècle pour réaliser la
transformation des types sont demeurées sans
résultats concluants. »
Huxley, transformiste
célèbre, avouait que, durant toute la
période soumise aux investigations des
géologues, on ne trouve pas la moindre
preuve d'une forme transitoire entre deux types
spécifiques. De plus, ce n'est pas toujours
par leurs représentants les plus
dégradés que commencent les classes
et les familles ; la classe des Crinoïdes
débute par ses types les plus
perfectionnés ; les premiers poissons
l'emportent à presque tous égards sur
ceux qui peuplent les mers.
Il en est de même des
végétaux fossiles des terrains
houillers, « ce qui frappe le plus, c'est
la perfection des premiers ». En 1903, le
célèbre Hartmann écrivait,
dans les Annales de philosophie naturelle :
« La sélection imaginée par
Darwin ne donne que des résultats
négatifs, l'origine des
espèces, par une suite de
variations légères, n'est point
démontrée, et la prétention
d'expliquer tout par des causes purement
mécaniques est dénuée de
fondement. »
Fleischmann, professeur de
l'Université allemande d'Erlangen, terminait
une série de conférences sur le
darwinisme par ces mots : « La
théorie darwinienne sur la descendance des
espèces n'est prouvée par aucun
fait ; elle est le produit d'une pure
imagination, non de recherches
scientifiques. »
Thomas Huxley, déjà
cité, fut pendant trente ans l'apôtre
passionné des idées de Darwin. En
1894, la Société Royale d'Angleterre
pour l'avancement des sciences lui décerna
le prix Darwin, comme au plus illustre
représentant de cette cause. Ce fut
précisément en cette circonstance
solennelle que le lauréat fit cette
singulière déclaration :
« La théorie de Darwin sera-t-elle
confirmée par l'expérience des temps
qui viendront après nous ? C'est ce que
je ne sais pas, c'est ce que personne ne peut
savoir en aucune façon. » (Revue
des Deux Mondes, t. VI, p. 928.)
Autant de déclarations
formulées par les bouches les plus
autorisées et qui concordent à donner
un relief saisissant à une autre
déclaration plus autorisée
encore :
« Dieu vit tout ce qu'il avait
fait ; et voilà, tout était
très bien. »
La preuve indispensable serait la
découverte des types de transition entre les
espèces, et surtout... oh ! oui,
surtout, le chaînon intermédiaire
entre l'homme et l'animal. Or, - et ceci est un
fait capital, de l'avis unanime de tous les adeptes
du transformisme, - il n'en existe aucun
aujourd'hui. Tandis que les ancêtres des
singes les plus parfaits n'ont pas tous disparu,
pourquoi les ancêtres de l'homme auraient-ils
eu moins de chance de survivre ?
Après un siècle de
recherches opiniâtres et de fouilles dans
toutes les parties du monde, la déception
est générale en face de ce qui est un
véritable désastre pour
l'hypothèse transformiste.
Aussi, déjà en 1889,
à Vienne, au Congrès des
anthropologistes allemands, Virchow, le
célèbre recteur de
l'Université de Berlin,
disait :
« Il y a vingt ans, le
darwinisme venait de faire son entrée
triomphale dans le monde. On comptait que la
théorie de la descendance allait s'imposer
à la science. C'est justement ce que le
darwinisme n'a pas réussi à faire. En
vain ses adhérents ont cherché
partout les anneaux qui devaient relier l'homme au
singe. jusqu'ici, le soi-disant proanthropos n'a
pas daigné se montrer. L'espoir même
de la découverte future de ce personnage est
souverainement
hypothétique, car nous ne vivons ni dans un
rêve, ni dans un monde idéal, mais
dans un monde réel. »
Le même savant accentuait encore
ses réserves en 1892 au Congrès
international de Moscou :
« Dans la question de l'homme,
nous sommes repoussés sur toute la ligne.
Toutes les recherches entreprises dans le but de
trouver la continuité dans le
développement progressif ont
été sans résultat. Il n'existe
pas de proanthropos ; il n'existe pas de
pitécanthrope (homme-singe) ; le
chaînon intermédiaire demeure un
fantôme. »
Le 16 août 1901, au
cinquième Congrès international des
zoologistes, le directeur de l'Institut
paléontologique de Berlin
déclarait : « L'homme
apparaît sur la terre comme une espèce
nouvelle, non comme un rejeton d'espèces
antérieures. Tandis que la plupart des
mammifères ont une longue suite
d'ancêtres fossiles, l'homme apparaît
tout à coup sans ascendance. Il
apparaît déjà comme un parfait
homo sapiens (doué d'intelligence) ; la
plupart possédaient un crâne dont
chacun de nous pourrait être fier. Quel est
donc l'ancêtre de l'homme ? Voici la
réponse : « La
paléontologie ne connaît pas
d'ancêtre à
l'homme. »
Battus sur ce terrain, les
transformistes se sont réfugiés sur
un autre, celui de la prétendue
bestialité, soit
anatomique, soit psychique, des types humains les
plus anciens. Mais ce fait même, loin
d'être prouvé, est absolument
contredit par les plus indiscutables
découvertes de la
préhistoire.
À aucune époque, en effet,
on ne rencontre des restes d'organisme humain sans
relever en même temps des traces d'industrie.
Les débris des squelettes et les restes de
leur industrie sont partout inséparables.
Beaucoup de squelettes quaternaires
présentent des vestiges indubitables de
sépulture intentionnelle et de croyance en
une autre vie. On a pu écrire :
« Les premiers hommes ont
été des inventeurs de génie,
ils ont inventé la taille de la pierre et du
bois ; ils ont fabriqué des
outils ; ils se sont confectionné des
armes à l'aide desquelles ils ont asservi
les animaux ; ils se sont construit des abris
et tissé des vêtements ; ils ont
allumé le feu ; ils ont cultivé
l'art du dessin et de la peinture ; ils se
sont fait, dans des grottes à peine
abordables, des retraites qui devaient être
des temples ; ils ont entouré leurs
morts de respect et leur ont donné la
sépulture, professant ainsi la croyance
à l'immortalité. » (J.
GUIBERT : Les croyances religieuses et les
sciences de la nature.)
M. Edmond Perrier, directeur du
Muséum, écrivait dans Le Temps du 23
mai 1913 :
« Des longs débats
engagés à leur sujet, il
résulte clairement, et c'est un fait
désormais accepté, que le
Néanderthal, le Cromagnon et le
brachycéphale de Grenelle ne
caractérisent spécialement aucune
époque, puisqu'on les retrouve
simultanément à toutes les
périodes de la préhistoire. Ils sont
coexistants et partant ne descendent pas les uns
des autres par un progrès continu, comme
s'en étaient trop vantés les
évolutionnistes. Ils ne sont pas liés
entre eux par un lien de filiation, mais par un
lien de fraternité. La légende de
Cham, Sem et Japhet pourrait être la
vérité. »
« Il faut donc se
représenter la première souche
humaine comme douée d'une plasticité
très grande que
l'hérédité n'a pas encore
étroitement limitée, et engendrant,
dès l'origine, une ébauche de ces
trois types qui évolueront dans la suite des
âges, tantôt en s'exagérant,
tantôt en s'atténuant pour se
dégrader ou, au contraire, pour se
perfectionner de plus en plus.
« La loi physiologique qui
proclame la déchéance
fréquente des types est prouvée par
les faits. Ainsi la forme dégradée du
Néanderthal ; celle de la chapelle aux
saints, bien loin d'être primitive ou
chelléenne, n'apparaît que longtemps
après, à la partie supérieure
du paléolithique ancien. Ce type n'est donc
pas un précurseur, mais plutôt un
dégénéré. »
Et l'hypothèse de la
bestialité physique du premier homme est
démontrée fausse, ou démentie
par les faits.
On avait fait grand état aussi de
l'instinct des animaux ; on affectait de le
mettre sur le même pied que l'intelligence
dont seule une différence de degré
l'aurait séparé.
Le grand naturaliste J.-H. Fabre, mort
à Sérignan, le 11 octobre 1915, a
asséné à cette théorie
des coups de massue dont elle ne s'est pas
relevée. Il a posé des jalons
étayés sur de nombreuses
années de patiente et géniale
observation que personne n'a pu contredire
jusqu'ici.
Pour Fabre, il n'y a pas la moindre
lueur de raison dans l'instinct, sorte d'impulsion
innée à accomplir certains actes,
comme une habitude qui se manifesterait dès
le premier jour. L'entomologiste le prouve, par des
exemples surabondants de coléoptères
ou d'hyménoptères qui, alors qu'on a
vidé le garde-manger qu'ils avaient
soigneusement rempli pour servir à la
nourriture de leur progéniture, pondent
néanmoins consciencieusement leurs oeufs
dans ce buffet vide, qu'ils referment
méticuleusement au moyen du couvercle
confectionné avec sollicitude à cet
effet, vouant ainsi leurs petits à la mort
par la famine.
Fabre établit également
que les actes instinctifs ne peuvent s'être
perfectionnés par tâtonnement ;
dès l'origine, ils ont été ce
qu'ils sont ; que la lutte pour la vie
n'instruit pas les insectes ; que les
modifications des circonstances n'amènent
pas de changements profonds dans la vie des
insectes.
Les assertions émises par Fabre
opérant dans le Midi de la France ont
été corroborées pleinement par
des naturalistes explorant les pampas de
l'Amérique du Sud, qui reconnurent ses
descriptions parfaitement exactes.
La lutte pour la vie n'est même
pour rien dans le mimétisme, cette
ressemblance extraordinaire de certains animaux
avec le milieu dans lequel ils vivent ou avec les
espèces dont ils font leur proie.
Les anomalies ne sont pas une preuve de
modifications fixées par
l'hérédité.
Les découvertes de Fabre ont
élaboré un arsenal formidable contre
les théories chères aux
transformistes.
Un enterrement de première
classe, quoi !
Le marquis de Salisbury, qui fut premier
ministre d'Angleterre, semble en avoir
prononcé l'oraison funèbre, quand il
disait :
« Le mot si commode
d'évolution universelle pourrait bien
être un de ces mots mal définis qui,
de temps en temps, surgissent dans la langue des
savants pour soulager leur
perplexité et masquer leur
ignorance. »
il y a longtemps qu'on l'a
observé : un peu de science
éloigne de Dieu ; beaucoup de science
ramène à Dieu.
Sa Parole, qui n'a pas cessé
d'être une lampe à nos pieds, une
lumière à nos sentiers (Ps. 119),
sort encore une fois victorieuse de
l'épreuve.
Nul n'effacera du Saint Livre ces
mots lapidaires :
Dieu créa l'homme
à son image.
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