Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



LE MONDE ET L'HUMANITÉ
DE LA CRÉATION AU DÉLUGE



CHAPITRE XII
CONCLUSION : OMBRES ET LUMIÈRES

 

« Le péché se rase à la porte. » (Gen. 4:7.) « Je me tiens à la porte. » (Apoc. 3: 20.)

Au cours des onze études qui précèdent, nous avons vu l'antagonisme grandissant des deux puissances qui se disputent la possession de l'homme. En matière de résumé et de conclusion, nous voudrions tracer deux tableaux par lesquels nous terminerons cette série. Ils ont pour motto, le premier la parole par laquelle Dieu avertit et met en garde Caïn, l'autre, celle par laquelle Jésus définit son attitude à l'égard des siens, dans les visions de l'Apocalypse. Le premier est lugubre, traversé d'ombres sinistres et mystérieuses propres à donner le frison ; le second est lumineux, tout rayonnant de clartés infiniment douces, répandant le calme, la sérénité, la paix et la joie.

Premier tableau.

À diverses reprises nous avons dit que certains critiques taxent de puérils les premiers récits bibliques. Telle leur paraît aussi la parole divine : « ... le péché se tient à la porte ; son désir tend vers toi. »
Et pourtant, il est peu de déclarations dont les termes fussent aussi appropriés aux circonstances et faciles à comprendre par celui qui les entendit. C'est une parole frappante de netteté et de sens pratique. Non pour nous, il est vrai, qui la lisons en un langage traduit. Mais, si l'on étudie le texte original, quel trait de lumière en jaillit !

Le verbe se tenir ne rend pas en effet toute l'idée renfermée dans le terme hébreu. Celui-ci désigne l'attitude d'une bête féroce qui se tapit dans l'ombre, prête à bondir sur sa proie. Une version due à un orientaliste de talent emploie ici une expression originale : le péché se rase à la porte, évoquant l'image de l'animal accroupi, replié sur lui-même, dont les yeux brillent de convoitise et qui agite fébrilement ses pattes de devant sous son menton avant de se détendre comme un ressort et de fondre sur sa victime.

Cela, Caïn l'avait vu mainte et mainte fois ; il avait assisté au manège sournois du tigre en quête de proie ; il avait vu l'innocente gazelle s'approcher en gambadant, se baisser pour brouter l'herbe fleurie, et n'avoir pas le temps d'échapper au terrible ennemi qui, prompt comme la flèche, lui tombait sur les reins et l'emportait, pantelante, dans sa gueule.

La nature est trop riche, hélas ! en exemples pareils et aussi suggestifs. Pour tout oeil attentif, elle est un livre ouvert et enseigne la prudence, la circonspection, révélant la fréquence des pièges tendus et la cruauté de celui qui s'y cache. Qui donc n'aurait jamais observé l'araignée tissant sa toile ? Quelle habileté, quelle persévérance, quelle science, quelle ruse et quelle patience ! Malheureuse la mouche qui s'y laisse prendre ; son compte est bientôt réglé : en un rien de temps la voilà liée, ligotée, emballée, et tenue à disposition pour le moment fatal où sa conquérante, ayant faim, lui enfoncera, sans pitié, ses crocs et la videra de sa substance.
Quelle définition du mal dans ces cinq ou six mots de la Genèse ! C'est plus qu'un long traité de philosophie, ou de morale, ou de théologie.

Le péché, disent les moralistes modernes, c'est l'absence de bien imputable à l'ignorance seule ; c'est l'obscurité qu'il faut dissiper en répandant les clartés de la science ; c'est la distance qui nous sépare de l'idéal entrevu.
Cela, le péché ? Ah ! bien oui ! semble dire la Genèse. Le péché, c'est un animal féroce, c'est une bête sauvage qu'il faut redouter et dont il est urgent de se garer ; c'est un ennemi auquel il faut échapper.
Saint Pierre écrira : « Le diable, votre ennemi, tourne autour de vous comme un lion rugissant, cherchant qui il pourra dévorer. »

Il recherche l'obscurité parce qu'il y cache mieux son jeu. Quand le soleil se lève, les bêtes de proie regagnent leur gîte.

Pour la première fois qu'il est fait mention du péché, il est donc représenté comme un être vivant, personnel, qui agit avec ruse, qui se cache, et qui est d'une féroce méchanceté : il lui faut la vie de ses victimes.
La définition va plus loin :
« Son désir tend vers toi. »

Il y a dans cette puissance quelque chose qui la pousse irrésistiblement vers l'homme. Il semble qu'elle ne trouve à se satisfaire qu'en l'entraînant au mal ; elle a soif du sang de l'homme, elle s'acharne après lui. Le coeur de l'homme est un aimant qui attire cette énergie infernale ; c'est son champ d'action préféré, c'est là qu'elle accumule ses ravages.

L'animal n'est pas tourmenté par elle ; la bête n'est pas sollicitée par le péché ; elle est livré à son seul instinct, qui s'affine parfois grâce à l'éducation que l'homme peut lui donner.
Pourquoi donc cet ardent désir, cette attirance vers l'homme ?

Ah ! si l'homme n'était pas le porteur d'un trésor, il n'allumerait pas la convoitise du grand larron. Ce sont ceux qui portent de l'or dans leur poche qui sont exposés à être dévalisés. Ceux qui n'ont rien jouissent de plus de sécurité. Quoique, à vrai dire, de nos jours la puissance du mal soit si déchaînée que partout et à chaque instant on élève une main meurtrière sans qu'elle puisse même, après cela, se remplir de quelque argent.
« Le péché se rase à la porte. Ses désirs tendent vers toi. »

Pouvait-on donner, en Eden, une meilleure définition du péché ? Les paroles de Dieu sont toujours merveilleusement adaptées aux circonstances. Peut-être, au moment où il ouït cet avertissement, Caïn était-il ému encore et tout tremblant d'une scène pareille à laquelle il venait d'assister.
« Voilà le péché, qui te guette, toi aussi, qui s'acharne après toi et qui veut ta perte. »
Toi, domine sur lui !

C'est une question de vie ou de mort : to be or not to be. » Et cette parole retentit à travers les siècles : « 0 homme, domine sur le péché, si tu ne veux pas être écrasé par lui. »

Hélas ! l'histoire humaine est tissée de ces ruses, de ces manoeuvres fourbes, de ces sauvages agressions, et des faiblesses, des chutes, des infortunes de l'homme.
En Eden, c'est le serpent qui se glisse, qui s'insinue, qui guette. Son désir tend vers la femme ; ses yeux étincellent d'envie quand il la considère ; avec une habileté consommée, il allume en elle convoitise des yeux, convoitise de la chair, orgueil de la vie !
La pauvre Eve en sort découronnée et vouée à la mort.
Caïn est victime de sa jalousie et de sa haine. Haine et jalousie, voilà le fourré dans l'obscurité duquel le serpent ancien rampe avec prédilection, sûr de ne pas manquer sa proie.
Et le déluge vint parce que toute chair avait corrompu sa voie et que la terre était pleine d'impureté et de violence.
« Le péché se rase à la porte ; ses désirs tendent vers toi. »

Je voudrais être artiste pour concevoir et exécuter un tableau assez sombre et assez saisissant pour inspirer à notre génération une salutaire frayeur.
Dans un musée allemand, l'on peut voir un tableau devant lequel tout visiteur ne manque pas de s'arrêter. Il est intitulé : Die Sünde, le péché. D'un fond très sombre, presque noir, se détache le corps d'une superbe femme nue. Ses cheveux abondants flottent sur ses épaules, sa poitrine opulente fait saillie et reçoit quelques rayons de lumière. Les yeux, noirs et brillants ont un éclat provocateur. Dans la partie gauche du tableau, à hauteur du cou, il y a comme des paillettes dorées dont la présence ne s'explique pas tout de suite. À y regarder mieux, l'on découvre que ce sont les écailles de la tête d'un serpent que l'on n'avait pas aperçu d'abord. Enroulé autour du corps de la séductrice, il avance la tête par-dessus son épaule et regarde fixement, lui aussi, le spectateur qui s'en va bientôt en tremblant.
« Quand la convoitise a conçu, elle enfante le péché, et le péché, étant consommé, engendre la mort. »

Pauvre humanité, si elle était livrée sans défense à cette puissance infernale !

Deuxième tableau.

Mais nous avons vu qu'à l'occasion même du déluge s'ouvre une ère nouvelle. À l'heure où périt l'humanité, qui a épuisé et lassé la patience divine, s'ouvre une porte réservée par les dispensations de la Providence. Le péché avait régné et accumulé ses ruines depuis la chute, jusqu'à l'anéantissement de la race humaine. Une étoile brille au Ciel, un astre nouveau se lève.

Noé trouva grâce devant Dieu.
Grâce, c'est la première fois qu'apparaît ce mot dans l'histoire. La grâce, c'est la miséricorde qui appelle, qui pardonne et qui sauve.
« J'établirai mon alliance avec toi. »

Désormais, chaque année sera un temps de grâce. la grâce divine plane sur les annales de l'humanité, jusqu'à ce qu'elle se manifeste en Jésus-Christ. Son dernier accomplissement sera le rétablissement du Paradis, Dieu dressant son tabernacle au milieu des hommes.
Cette alliance peut se résumer en un tableau qui est le pendant du précédent, mais fait avec lui le contraste le plus aigu. Il s'inspire de la parole de Jésus à l'Eglise de Laodicée : « Voici, je me tiens à la porte et je frappe, si quelqu'un entend ma voix et m'ouvre la porte, J'entrerai chez lui et je souperai avec lui, et lui avec moi. »

Voici ! que ce simple mot, à lui seul, est riche de sens. Voici, c'est-à-dire en grec : Voyez, regardez ! Nous voilà aux antipodes des procédés du prince des ténèbres.
« Je me tiens à la porte. » L'homme est chez lui, dans sa maison ; il n'a pas été attiré dans un traquenard, ni ébloui, ni aveuglé, ni trompé par de fausses et basses manoeuvres.

L'homme est là tout entier, loin du monde, dans le calme, dans le silence propice à la réflexion et aux saines et saintes résolutions.
« Je... » Pas de camouflage, point de déguisement. Il vient à visage découvert. Il se donne pour ce qu'il est, nul n'en peut ignorer. C'est Celui qui a dit : « Je suis la lumière du monde ; je suis le chemin, la vérité et la vie. »

C'est moi, c'est moi, ton Sauveur,
Je veux entrer dans ton coeur :
Pourquoi me laisser attendre ?
Ouvre, c'est un bienfaiteur
Qui, chez toi, s'offre à répandre
Tous les trésors du bonheur.

Et le sollicité de s'écrier :

Vraiment, vraiment, c'est sa voix !
C'est lui, c'est lui, je le vois !

En pleine lumière, debout, à la porte, il frappe !
Le chat qui poursuit sa proie pose ses pieds sans bruit, le lion fait patte de velours ; le Tentateur se garde bien de déceler sa présence par quelque bruit.

Il frappe... en répandant et multipliant ses bienfaits. Quand l'homme est intelligent, il ouvre son coeur à Celui qui est l'auteur de tous les biens. Le Psalmiste s'écrie : « Que rendrai-je à l'Éternel ? tous ses bienfaits sont sur moi ! Mon âme, bénis l'Éternel et n'oublie pas un de ses bienfaits ! C'est lui qui pardonne toutes tes iniquités, qui guérit toutes tes infirmités !... » Les bienfaits sont les cordeaux d'amour par lesquels le Seigneur cherche à saisir le coeur de l'homme et à l'attirer à Lui.

Il frappe... aussi en permettant l'épreuve, la souffrance, la tribulation. Voilà en effet le sillon profond et douloureux dans lequel la bonne semence germe et se développe le mieux. « Il m'est bon d'avoir été affligé », dit encore le Psalmiste, « car auparavant je m'égarais ; maintenant je garde tes commandements. »

Il permet parfois aussi une faute grave, une chute lourde pour que l'homme comprenne à quel point il a besoin d'être guidé et secouru ; tel péché, en humiliant le coupable, peut servir à lui ouvrir les yeux, tandis que le diable cherche à l'aveugler.
« Je frappe !... » Ah ! certes, il n'est jamais en défaut. Qui donc pourrait se plaindre et accuser Jésus de ne l'avoir pas suffisamment appelé, sollicité, supplié ?

Sans doute, chacun sait ce qu'il lui en coûterait d'obéir. Cela non plus n'est pas caché. « Si quelqu'un veut venir après moi, qu'il renonce à soi-même, qu'il se charge chaque jour de sa croix, et qu'il me suive. » Chemin difficile, certes, qui exige le sacrifice, mais chemin montant qui conduit à la vie, tandis que la voie large descend et mène à la perdition.

Ce chemin, il est urgent de le prendre, c'est une question de vie ou de mort. Il faudrait ici une injonction impérative, comme celle qu'entendit Caïn :
« Toi, domine sur lui ! »
« Si quelqu'un... »

Non, nul n'est contraint. Dieu s'incline devant la liberté, qui est le joyau le plus précieux de la couronne de l'homme. Quelle dignité glorieuse que d'être libre ! Mais aussi quelle effroyable responsabilité : en vertu de cela, l'homme est l'artisan de son bonheur ou de son malheur éternel. Aux réprouvés il sera dit comme à l'impie Jérusalem : « Que de fois j'ai voulu rassembler tes enfants... mais vous ne l'avez pas voulu ! »
« Vous ne l'avez pas voulu ! » C'est la raison pour laquelle ils grinceront des dents, quand ils entendront la sentence inexorable qui les frappera pour toujours.
Oui, enfermé dans sa maison, l'homme est souverain pour l'heure, comme charbonnier est maître chez soi. Il peut écouter... ou faire la sourde oreille, ouvrir... ou caler la porte.
« Si quelqu'un entend ma voix et m'ouvre la porte, j'entrerai chez lui, et je souperai avec lui et lui avec moi. »
« J 'entrerai chez lui... »

Par cette entrée, la vie de l'homme sera transformée. Le coeur humain est fait pour Jésus, et Jésus pour le coeur. C'est quand il reçoit Jésus que l'homme retrouve sa vraie destinée et parvient à sa majorité spirituelle. À cette heure, il connaît la vie véritable.

Saint Jean dans sa première épître, résume en ces mots lapidaires ce qu'il sait de Jésus : « La vie a été manifestée. » Ce dont les apôtres furent témoins pendant trois ans et demi, c'est la manifestation de la vie, telle que Dieu la voulait, telle que l'homme avait à la vivre. L'image divine qui est en lui a été souillée, altérée profondément par le péché. Dans la communion avec Jésus, cette image retrouve son éclat primitif et le coeur humain reflète à nouveau la pure lumière du ciel.
Et quelles prérogatives attachées à cette communion : « Je souperai avec lui. » Le divin visiteur prend place au foyer, s'assied à l'humble table, prend sa part des joies modestes de son hôte, sa part surtout de ses fardeaux, qu'il assume tout entiers.
« Et lui soupera avec moi... »

À son tour, Il dressera la table ; à son tour Il y conviera son hôte ; et Il fera les frais du festin ; il mettra les richesses du ciel à portée de son ami.
Ici, nous touchons à l'indescriptible. Jésus-Christ nous a été fait, de la part de Dieu, sagesse, justice, sanctification et rédemption. Sondez ces termes, si vous le pouvez ; énumérez ces trésors.
Il faudrait introduire ici les accents d'allégresse entonnés par les rachetés qui ont eu en partage les richesses incompréhensibles de Christ, et auxquels Il a dit, comme à saint Paul : « Ma grâce te suffit ; ma force s'accomplit dans la faiblesse. » C'est pourquoi cet apôtre pouvait dire avec une conviction vécue : « Soyez toujours joyeux ; réjouissez-vous toujours en notre Seigneur. »

Et que dire de ceux qui se seront bouché les oreilles et se seront obstinés à ne pas ouvrir ?
Hélas ! par un juste retour des choses, au jour du grand festin des noces de l'Agneau, quand, poussés par la soif du bonheur et de la vie, ils viendront aussi, ils trouveront la porte fermée ; ils y frapperont et entendront, venant de l'intérieur, la voix bien connue leur crier : « je ne vous connais pas ! »
Et ils auront la bouche fermée, car c'est précisément là ce qu'ils avaient répondu, au temps favorable, à l'heure de la grâce, à l'ami qui les pressait de lui ouvrir.
« Celui qui me confessera devant les hommes, je le confesserai devant les anges de mon Père ; mais celui qui aura eu honte de moi devant les hommes, j'aurai aussi honte de lui devant les anges de mon Père. »

Les deux tableaux que j'ai cherché à tracer sont marqués du sceau de la vérité éternelle, et tous deux concourent au même but, l'un en nous inspirant l'horreur des ténèbres, l'autre en nous pressant de devenir des enfants de lumière.

Il est facile de faire une application de l'un et de l'autre aux temps actuels. La guerre mondiale les a copieusement illustrés, En dehors de la question irritante des responsabilités encourues, qui ne voit qu'elle est une suggestion du diable qui a déployé à cette occasion des ruses infernales inouïes ? Que l'on se rappelle les auspices favorables sous lesquels s'ouvrait notre siècle. Le progrès du sentiment de la solidarité internationale, les efforts pour assurer la paix, les Congrès de La Haye, tout semblait rendre la guerre impossible, au moins entre peuples civilisés. Et l'Évangile marchait à pas de géant à la conquête des pays païens. Nous avons rappelé déjà la devise généreuse, hardie, héroïque de l'armée des « Volontaires du Christ » : « faire Christ roi du monde pendant cette génération ».

L'empire du diable était sérieusement menacé. Quoi ? Plus de mêlées fratricides ! et l'Évangile porté partout, c'est-à-dire bientôt plus de païens, la lumière éclairant toute la terre !
La porte allait-elle s'ouvrir toute grande à Celui qui frappe et convie les individus et les nations à l'affranchissement, au salut, à la liberté ?
Mais Satan veillait. Avec quelle habileté il réussit à détourner à son profit les énergies qui semblaient avoir juré sa perte ! Tandis que les chrétiens tressaient déjà des couronnes pour le Roi des rois, lui gonflait ses suppôts de l'orgueil qui va devant l'écrasement, de la fierté d'esprit qui court au-devant de la ruine. Quels dithyrambes dans la littérature mondaine pour célébrer les conquêtes de l'intelligence ! C'est à l'homme qu'on dressait un piédestal. Retombant dans l'erreur antique, on le divinisait déjà, on l'appelait le Surhomme !

Et avec quelle ruse ce loup enragé sut se vêtir d'une peau de brebis ! Il était là, à La Haye, ricanant et retenant de ses doigts crochus ceux que le vulgaire considérait comme les colonnes du Temple de la paix, mais qui, en réalité, se livraient sournoisement depuis de longues années aux préparatifs de la plus formidable guerre qui ait jamais éclaté. Le moment venu, tandis que toute la jeunesse, universitaire et autre, se laissait entraîner par un souffle d'enthousiasme pacifique vers la fraternité des nations, un crime politique, un assassinat ténébreux et mystérieux mit le feu aux poudres. C'était à Séraïévo. Changement de décor foudroyant, branle-bas de bataille. Coup sur coup, vingt-deux déclarations de guerre... et le monde est mis à feu et à sang.

Le monde chrétien ! Ce que l'ennemi eût voulu, c'était anéantir les nations chrétiennes et traîner dans la boue le nom du Christ.
En va-t-il autrement aujourd'hui ?

Jamais les efforts pour assurer la paix n'ont été aussi grands ni aussi sincères de la part des âmes généreuses et loyales. Depuis la constitution de la Société des Nations, que de rencontres, que de conférences, que de traités ! Le pacte Kellogg met désormais la guerre hors la loi. Il la bannit, avec un légitime mépris, du programme de la politique. Des plans s'élaborent pour fonder les États-Unis d'Europe, en attendant qu'on parle des États-Unis universels.
Sublime ambition ; nobles esprits que ceux qui travaillent à son triomphe. Paix sur la terre !

J'ai vu la Paix descendre sur la terre
Semant de l'or, des fleurs, des épis.

C'est donc la fin prochaine du cauchemar dans lequel s'agitent les individus et les peuples depuis le meurtre d'Abel !
« Je me tiens à la porte, et je frappe !... »

Il est la lumière, qui non seulement éclaire le présent, mais projette aussi ses rayons dans le futur. Un jour ses disciples, fiers sans doute d'un sentiment nationaliste, lui montrent les assises du temple : « Maître, regarde quelles pierres et quels bâtiments ! » À quoi Il répondit : « Je vous dis en vérité qu'il n'en restera pierre sur pierre qui ne soit dévastée. » Puis, sondant l'avenir d'un regard prophétique, Il annonce les tribulations qui attendent les Juifs et tous les peuples jusqu'à la fin du monde. Voici, dit-Il en concluant, je vous ai tout prédit, les cieux et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront point. »

De 1914 à 1918, arraché à ses utopies pacifistes, le monde a assisté à la réalisation littérale d'une partie de ces prédictions.
Elles ne sont pas encore épuisées.
« Quand ils diront paix et sûreté, une ruine subite les surprendra, comme les douleurs surprennent une femme enceinte. »

Que d'ombres sinistres planent déjà sur l'Europe, et sur l'Asie, et ailleurs ! Non, certes, le diable n'a point désarmé. Des rumeurs sourdes alarment les peuples ; à plus d'une reprise le ciel politique s'est voilé. Ceux qui rêvent des États-Unis d'Europe et du Monde agissent avec une hâte fébrile, pour prévenir si possible un retour des hostilités et ne pas se laisser devancer par ceux qui les ourdissent. Qui arrivera premier ?

La plupart des hommes d'État, les esprits réfléchis ne se font guère d'illusion. Aussi, tout en organisant la paix, se prépare-t-on à la guerre éventuelle, probable même. Et quelle guerre ! À peine ose-t-on y penser ! Plus terrible sûrement que la dernière, plus meurtrière et plus lâche aussi, car conformément aux méthodes nouvelles, on frappera surtout à l'arrière, les villes ouvertes dont on asphyxiera les occupants, afin de démoraliser ceux qui seront engagés au front et combattront aux avant-postes.

Si Satan pouvait être démasqué, si ses préparatifs infâmes apparaissaient au jour, si ceux qui lui servent d'instruments, si tous ses agents étaient dénoncés, quelle révélation !
« Malheur à vous, habitants de la terre, car le diable est descendu vers vous avec une grande fureur, sachant qu'il ne lui reste que peu de temps ! »

Oui, peu de temps. Car le dernier mot ne lui appartient pas. Le monde ne finira pas dans les ténèbres, la lumière se lèvera. Il ne s'écroulera pas dans la mort, car le Fils de Dieu a mis en évidence la vie et l'immortalité par l'Évangile. Il ne sombrera pas dans l'Enfer, car Jésus a dit : « Venez, vous les bénis de mon Père, et possédez en héritage le royaume qui a été préparé pour vous dès la fondation du monde. »

Jésus se tient encore à la porte, et Il frappe. Il frappe à coups redoublés par les événements mêmes que nous traversons et qui sont autant d'appels adressés à ceux qui ont des oreilles pour entendre autre chose que les bruits de la terre.
L'heure s'apprête à sonner où la porte s'ouvrira, non seulement la porte du coeur, mais la porte du ciel; où la rencontre avec le Seigneur deviendra réalité, la grande, la glorieuse réalité ; où nous prendrons place à Sa table, pour être à jamais avec Lui.
« Quand vous verrez que ces choses commenceront d'arriver, levez les yeux, levez la tête, car votre délivrance approche. » « Voici, je viens bientôt. »

Et la prière, de l'Eglise, aujourd'hui comme aux premiers siècles, est encore :
« Amen, oui, Seigneur Jésus, viens ! »


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